par Paul Anton » Jeudi 26 Avr 2007 11:58
(je n'ai pas eu le temps de peaufiner ce texte.)
Premier acte.
Ce dimanche 22 avril, le 1er tour des élections présidentielles, le rideau est tombé comme un couperet malgré une journée radieuse et chaude, présageant le réchauffement climatique. Mais cela ne semblait guère éclairer le citoyen. Les Lumières seraient-elles éteintes au regard de la cartographie électorale ?
Petit rappel du 21 avril 2002 .
Huit candidats de gauche se sont présentés en ordre dispersé. Chacun pensait manger ou soumettre l’autre à ses fins. Le candidat socialiste était désavoué. Il ne réalisait que 16,18%. Les radicaux de gauche, les verts et le mouvement des citoyens totalisaient 12,91%. La gauche de la gauche obtenait 10,44%, soit un total avec le PC de 42,89%.
A l’extrême droite et à droite, Le Pen faisait un score de 16,86%. Il ôtait la vedette à Jospin d’un second tour. L’arriviste Mégret se traînait à 2,34%. Honni et injurié de tous, Chirac se hissait péniblement à 19,88%.
La gauche s’était elle-même sabordée par le refus d’une tactique fondée sur l’unité et le rassemblement de toutes ses troupes. Erreur fatale d’appréciation de la situation, du contexte et des circonstances, elle ne devait que s’en prendre à elle-même et à sa politique ayant normalisé la précarité comme mode d’existence.
Atteinte d’idiotie congénitale, elle a cédé à l’hystérie collective fustigeant les abstentionnistes. Elle a voulu barrer la route au Front National par tous les moyens. C’est-à-dire en se rangeant sans broncher à Chirac. Ce dernier en rêvait. La gauche l’a fait comme une fille de joie qui croyant se vendre au plus offrant ne reçu aucune gratification. Quasi destitué et justiciable, Chirac devenait la providence pour transcender le peuple et sauver la France « une et indivisible ». Quant à la gauche de la gauche, reniant la lutte des classes, elle n’a pas appelé à la résistance, à la lutte sociale et à la grève générale. Elle lâchait le drapeau rouge pour brandir le tricolore en s’en remettant à la machinerie institutionnelle et à la bourgeoisie. Histoire de barrer la route au fascisme, affirmait-elle. Chirac était élu à 82,21%. Le Munich social était consommé. Bonne fille, la bourgeoisie quêtait pour renflouer le PC.
La nouvelle donne du 22 avril 2007.
La gauche a su changer de tactique : le marchandage pour éviter la multiplication des listes au sein de son propre camp. La gauche de la gauche divisée et embourbée dans ces jeux d’appareils n’a atteint que 9%. La LCR est devenue la force dominante de la gauche de la gauche avec 4,08%. Retranchée dans son domaine, Dame Royal est parue impassible. Elle a déversé sa prose humaniste à la sauce bourgeoise. Cela a entraîné un brouillement de joie et d’allégresse dans sa troupe électorale.
Mais les chiffres parlent d’eux-mêmes. A ce jour, la gauche et la gauche de la gauche sont à 34,87%. Lors du 1er tour de 2002, elles cumulaient à 42,89%. La gauche et la gauche de la gauche ont donc perdu 8,02%.
Ne nous laissons pas illusionné par le score du Rastignac de Neuilly, du Galleux, du Sarcopte. Ce dernier a joué sur les tensions et le passionnel. Son plan de guerre consistait à vampiriser le Front National par un hold-up idéologique. En fait, la droite de sarcopte a opéré un glissement idéologique sans complexe. C’est donc une droite dure prête à l’offensive. Les stratèges de sarcopte savent qu’une bataille nécessite la hargne et la témérité. Celles-ci ont fait défaut à un Le Pen vieilli et réduit à un score de 10,44%. Mais le danger n’a pas disparu. Ce serait complètement oublier que le sarcopte (du haut de ses 31,8%) se prépare à donner tous les moyens à la bourgeoisie pour plus d’exploitation et d’oppression.
Cependant lorsque l’on regarde d’un peu plus près les résultats du premier tour de 2002. La droite et l’extrême droite rassemblaient réciproquement 26,86% et 19,20%. Ce qui fait 46,06%. Au 1er tour de 2007, la droite n’a obtenu que les 31,8% de sarcopte et l’extrême droite a perdu pied à 12,67% pour culminer à 44,47%. Elles ont reculé de 1,59%. Ceux du 1er tour de 1995 sont plus encore parlants. Puisque les deux anciens chefs de guerre de l’ancien RPR récoltaient 39,5%, sans compter le borgne à 15% et le chouan de Vendée à 4,75%. A lui seul, le sarcopte n’a pas réussi à remonter le niveau du 1er tour de 1995. Même si dame Royal a fait mieux que l’ex taupe de l’OCI , elle n’a dépassé que légèrement le résultat de Mitterrand du 1er tour de 1981.
L’impératrice du PC n’est même pas arrivée à dissimiler son émoi. Les traits brimés par le choc de l’épilogue de ce premier acte, elle s’est aperçue qu’elle n’était plus rien, mise à part qu’elle devenait « la laitière et le pot au lait ». Il ne lui reste plus qu’à méditer sur les monceaux de cadavres laissés, par les dictatures des pays soi-disant communistes qu’elle et son parti ont soutenu jusqu’à la fin. Qu’elle aille relire Marx, Gramsci et les autres pour comprendre ce qu’est réellement un positionnement de classe et ce qu’est la finalité du communisme, certainement pas de défendre le petit capital contre le gros capital. A ce sujet et au passage qui nous a rétorqué que nous devions produire français ? Le PC tiens donc et non pas comme on aime à le penser l’extrême droite. Par ces deux simples exemples, on oublie trop facilement que les frontières politiques entre tous ces camps sont poreuses et que les frontières idéologiques sont perméables.
De toute façon, la gauche et la gauche de la gauche c’est 34,87%.
Reste le béarnais : franc, tireur et partisan d’une révolution orange ? Il s’est présenté comme celui qui entendait dépasser le fameux clivage « gauche et droite ». Il a compris qu’il fallait couper l’herbe sous le pied au Front National, en se la jouant anti-système mais avec ton professoral apaisant. Cela a bien marché. Le béarnais a placé son appareil en troisième position avec 18,57%. C’est quasiment en égalité que Balladur pendant le 1er tour de 1995 (mais sans une droite dissidente). Son problème est qu’il ne peut pas trop tirer sur sa droite ou sur sa gauche, sinon il perd une partie de sa base électorale dans les deux cas. Ces députés risqueraient de l’assassiner. Que c’est compliqué l’exercice du pouvoir !
Cette élection présidentielle du 1er tour a annoncé une recomposition (que nous présentions) et une remise sur pied de l’incertain avec son jeu des probabilités. Ainsi, plusieurs lieutenants de Dame Royal n’ont pas perdu de temps pour lancer des offres au Béarnais sur le plateau de France 2 dimanche soir. Les tractations ont déjà commencé. Elles ne vont pas s’arrêter en si bon chemin vu le casse tête des triangulaires. L’obtention d’une députation pour les appareils est à ce prix. Néanmoins, Dame Royal est tiraillée et prise en tenaille entre le centre et ce qui reste de la gauche de la gauche. Ce constat s’applique également au sarcopte. Ce dernier doit compter avec le centre, le Front National et le chouan. Ce qui laisse dire pour les deux qu’il y a des victoires à la Pyrrhus.
La nasse du 21 avril se referme : TSS (tout sauf sarcopte).
Royal et ses stratèges utilisent la peur objective véhiculée par le sarcopte. Nous aurons donc le « tout sauf sarcopte » variante du « tout sauf Le Pen ». De nouveau l’usage des élections sera une impasse. Parce que les exploités et les opprimés, ce que certains appellent les ouvriers ou les prolétaires, ne représentent qu’environ 40% du corps électoral, ils ne peuvent constituer une majorité . Il leurs faut l’appui du centre. Or, celui-ci est composé de la couche (ou classe moyenne) qui, apeurée par l’évolution du capitalisme, croit préserver son statut en limitant les dérives libérales. Elle ne veut pas d’une rupture de fond. L’électeur de gauche devra abandonner ses illusions électorales pour sceller une alliance au centre. La gauche de la gauche voulait incarner un autre monde et la critique du social-libéralisme du PS. Elle a renoncé et s’est ralliée à Dame Royal , transformée en égérie républicano-socialiste. La gauche de la gauche ne fait pas que se dédire, elle capitule.
Entrevoir un champ du possible et capter un devenir.
Les anarcho-syndicalistes, conscients qu’il n’existe pas de victoire politique sans une victoire idéologique, doivent continuer à divulguer l’idée du communisme libertaire. Et ainsi dirent clairement que l’enjeu véritable est la confrontation directe contre le capitalisme et l’Etat. Il ne peut y avoir de compromission et d’intégration à la machinerie institutionnelle. Car la logique du capitalisme ne va pas s’arrêter : licenciements, conflits armés, catastrophes écologiques, etc. Cela sera encore le lot quotidien. A travers leur implication dans les luttes, les anarcho-syndicalistes se doivent de participer à l’émergence d’autres valeurs telles que : capacité d’agir soi-même sans attendre le consentement d’une hypothétique majorité d’opinion, développement d’un projet collectif, etc. C’est-à-dire ce que nous appelons l’autonomie et la résistance populaire. A défaut de victoire électorale, les exploités et les opprimés ont des armes très efficaces : les luttes directes sous toutes ses formes et surtout la grève générale. D’après les anarcho-syndicalistes, les moyens et les fins sont insécables. Le plus sûr moyen d’abattre ce monde marchand et spectaculaire, c’est ici et maintenant sans dieu ni maître.
Paul Anton
Voir l’article : « La crise qui débute démontre que la société a besoin d’un changement profond ».
Visant à être hégémonique dans la création d’un éventuel « bloc néo-gauche ».
Sans les voies de CPNT.
Soit – 6,53%.
Chirac et Balladur.
23,30%.
25,85%.
18,58%.
Se rapporter au cahier 42 : « Lectures subversives ».
Ça ne l’empêche pas d’aller chercher Delors et de venter le mérite de Blair.
"Salut Carmela, je suis chez FIAT ! Je vais bien... Si, si, nous pouvons parler tranquillement, c'est Agnelli qui paye !"