qui cree l'argent ?
Posté: Jeudi 21 Aoû 2014 14:44
Contre l'Etat et le Capital, la lutte s'organise...
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Tant qu'il y aura de l'argent, il n'y en aura pas pour tout le monde.
Quel est, dans l'ordre des faits économiques, tous plus ou moins imprégnés d'appropriation, celui qui exerce à l'égard des autres la dictature ? Quel est le despote de la circulation, le tyran du commerce, le chef de la féodalité mercantile, le pivot du privilège, le symbole matériel de la propriété ?
C'est le numéraire, c'est l'argent.
Parmi les marchandises, l'argent et l'or occupent la première place ; ils exercent le commandement, ils trônent. L'argent donne aux autres produits leur valeur, comme le monarque distribue les emplois et assigne les traitements ; - il sert d'intermédiaire à l'échange, comme le prince intervient dans les transactions, par la justice, les offices ministériels, l'enregistrement, le timbre ; il représente la richesse, comme le prince représente la société et l'ordre.
L'argent est le signe non seulement, comme on le dit, de la valeur, mais de tous les abus de la propriété, de toutes les servitudes qu'elle impose à la production, à la circulation et à la consommation ; de toutes les misères et de tous les crimes que provoque le système de ses extorsions.
C'est donc l'argent que nous allons ruiner ; c'est dans la négation de l'argent que nous attaquerons le système des négations économiques. Il s'agit d abolir la royauté de l'argent, comme nous avons aboli celle de l'homme ; de créer l'égalité entre les produits, comme nous l'avons faite entre les citoyens ; de donner à chaque marchandise la faculté représentative, comme nous avons donné à tous le droit de suffrage ; d'organiser la permutabilité des valeurs, sans l'intermédiaire de l'argent, comme nous aurons à organiser le gouvernement de la société par tous les citoyens, sans l'intermédiaire de royauté, présidence ou directoire. En un mot, il s'agit de faire pour l'ordre économique, ce que nous voulons pour l'ordre politique ; sans cela la révolution serait tronquée et boiteuse.
P-J. Proudhon