Force est de lui donner raison.
Par exemple, cet article publié ci-dessous dans les Echos, un des principaux organe d'expression des terroristes financiers qui dirigent ce monde (le gang des banksters). (au passage meilleur preuve qu'il n'y a pas de "complot secret" ourdi je ne sais où c'est que ils ne se cachent pas pour faire leur sale business. Le complot implique le secret, or de secret il n'y en a pas : tout est sur la palce publique, tout se fait au vu et au su de tout un chacun !)
(j'ai souligné dans le texte les parties qui me semblaient significatives)
GABRIEL GRÉSILLON
Un autre regard sur la Grèce
26/01/10
GABRIEL GRÉSILLON EST JOURNALISTE AU SERVICE INTERNATIONAL DES « ECHOS »
La chose est entendue : les marchés financiers, qui avaient accordé un certain crédit à la Grèce au cours des dernières années, dans la foulée de son adhésion à la zone euro, ont changé d'avis. Finies les années où l'on prêtait à Athènes dans de bonnes conditions malgré un endettement structurel élevé : haro sur la Grèce !
Ce nouveau cri de ralliement n'est pas incompréhensible, car le vent a bel et bien tourné depuis que le pouvoir politique a changé de mains en Grèce. A peine arrivés aux manettes en octobre dernier, les socialistes ont annoncé que le déficit public, qu'on croyait autour de 6 % du produit intérieur brut (PIB), allait en réalité s'établir à plus de 12 % en 2009 ! Adieu, critères de Maastricht… Quelques semaines plus tard, les agences de notation lançaient les hostilités en dégradant la note du pays. Le résultat est connu : le taux auquel l'Etat grec emprunte s'est envolé, dépassant actuellement les 6 % pour des emprunts à dix ans. Le coût de la dette se renchérit au moment même où la Grèce a un besoin impérieux de le voir se réduire.
Certes, on peut remarquer que la Grèce est miraculeusement protégée par l'euro. Sans lui, la tempête qui s'abat sur elle serait plus violente. Ce n'est pas à 6 % qu'elle emprunterait, mais à beaucoup plus. Et sa devise serait violemment chahutée. Le défaut de paiement ne serait pas loin. En ce sens, le Premier ministre grec, Georges Papandréou, a de la chance.
Mais il y a tout de même quelque chose d'injuste dans le scénario noir qui s'abat, aujourd'hui, sur lui. Et quelque chose de touchant dans les trésors d'énergie qu'il déploie pour tenter de retrouver la confiance des milieux financiers. Jusqu'à un certain point, on pouvait comprendre le scepticisme de ces derniers : Georges Papandréou affichait sa détermination à s'attaquer au problème, promettait, n'avait pas de mots assez durs contre la dérive financière inacceptable qu'avait connue son pays. Echaudés, les marchés voulaient autre chose : du concret.
Cette phase est terminée. Désormais, Georges Papandréou a affiché les détails de son programme de redressement financier, qui vise à ramener le déficit sous la fameuse barre des 3 % du PIB dès l'année 2012. De l'avis de tous les spécialistes du pays, il est ambitieux. Il s'attaque aux causes structurelles du problème que sont une évasion fiscale endémique et une économie informelle hypertrophiée. Mais, compte tenu du temps que prendra ce chantier herculéen, Georges Papandréou a aussi inclus dans son programme de sauvetage financier des mesures beaucoup plus immédiates : privatisations, nette limitation des revenus des fonctionnaires, hausse de certains prélèvements. Rares sont ceux qui considèrent ces mesures comme insuffisantes. Car la conjoncture s'annonce assez mauvaise : pour l'instant, le gouvernement prévoit une contraction de l'économie de 0,3 % en 2010. Augmenter les impôts de manière plus drastique, de même que couper encore plus nettement dans les dépenses de l'Etat, aurait forcément des conséquences à l'opposé de l'objectif de Georges Papandréou. Cela menacerait de précipiter le pays dans une crise violente, ce qui, in fine, asphyxierait les finances de l'Etat via un effondrement des recettes fiscales et une envolée des prestations sociales.
En vérité, Georges Papandréou a pratiquement fait, jusqu'à présent, un sans-faute. Et notamment dans un registre auquel les investisseurs internationaux ne s'intéressent guère : la politique. On ne peut pas nier qu'il soit allé doucement, privilégiant la modération, ce qui peut sembler timoré par rapport aux dirigeants d'un pays comme l'Irlande. Face à un déficit également abyssal, Dublin a d'ores et déjà taillé durement dans les dépenses, et la population irlandaise a globalement courbé l'échine. Les marchés ont adoré. Pourtant, la prudence d'Athènes relève plutôt de l'intelligence tactique. La Grèce n'est pas l'Irlande, pays où l'intégration à la mondialisation et le libéralisme économique ont largement emporté l'adhésion de la population. Les dernières années en Grèce ont été lourdes de menaces politiques. Qu'on se souvienne des émeutes à Athènes, déclenchées par une bavure policière : elles étaient le révélateur d'un pays en proie au doute et du poids idéologique et politique de l'extrême gauche.
Contrairement à ce que semblent penser les investisseurs, Georges Papandréou est probablement l'homme de la situation. Car il sait mieux que quiconque qu'il doit marcher sur des oeufs. Largement formé à l'étranger, il est intimement convaincu de l'ardente nécessité de rétablir les finances de l'Etat. Plus qu'une provocation, le doublement du déficit qu'il a annoncé en arrivant au pouvoir peut d'ailleurs apparaître comme une opération vérité. Autre signe de sa volonté de rompre avec les dissimulations du passé : son gouvernement a récemment proposé de nommer un membre européen au comité de direction du nouvel organe de statistiques afin de garantir l'indépendance et la qualité des données publiées, à l'avenir, par Athènes. Et le fait qu'il soit issu du Parti socialiste est probablement une chance pour la Grèce. Car la droite, dans la même situation, se heurterait à un mur d'opposition politique, tandis que le Parti socialiste peut ménager ses alliés, obtenir leur adhésion et ainsi marginaliser les partis marxistes les plus radicaux. On peut comprendre que la Grèce inspire de la défiance aux investisseurs, compte tenu de ses extravagances comptables au cours des dernières années et des difficultés qu'elle va devoir affronter pour sortir de l'ornière. Rétablir les finances de la Grèce prendra forcément du temps. Mais la méthode Papandréou est probablement la moins mauvaise pour y parvenir. Les marchés, qui retrouvaient de l'appétit hier pour la dette grecque, commenceraient-ils enfin à le comprendre ?