ON VEUT PLUS DE PAPIER DU TOUT !

Pour relier les luttes entre elles et les étendre...

ON VEUT PLUS DE PAPIER DU TOUT !

Messagepar clown » Dimanche 13 Jan 2008 2:14

texte ayant provoqué une vive polémique sur indy paname:


ON VEUT PLUS DE PAPIER DU TOUT !


Bien sûr j'ai fait partie de collectifs de soutien aux sans pap et gueulé en manif "Des papiers pour qui ? Pour tous !"... Bien sûr j'ai approché RESF et y ai encore pas mal d'amis, sincères, hônnetes et humains... mais faibles et pacifistes si ce n'est passifistes !

Bien sûr mes nouvelles méthodes et modes d'actions ne sont pas plus efficaces tant le cri est peu partagé, tant la répression face à l'hebergement de camarades sans pap est féroce, tant la peur de l'expulsion est chez nous la plus forte... Mais au moins ces initiatives m'épargnent-elles l'humiliation et n'entretiennent rien de ce qui me révolte : la course aux papiers en particulier…

« Français, immigrés, on s'en fout ! On veut plus de papier du tout ! » a été un slogan à un moment donné de la lutte… Le moment où les collectifs de soit disant soutien ont envoyés les immigrés clandestins se faire ficher au bureau du recensement... pour mieux finir en camps de rétention !

C'est un slogan provocateur évidemment, très mal accepté par les collectifs et RESF, et qui demande quelques explications. C'était une manière de dénoncer le manque de considération que l'on a pour ces personnes et la manière dont on les maintient (ou participe plus ou moins malgré nous à les maintenir) dans une posture d'attente et de dépendance face au pouvoir de l'Etat à délivrer des papiers… ou pas ! La manière dont on accepte donc cette dépendance et ce pouvoir de l'Etat à délivrer des papiers... ou pas ! La manière dont on crée un manque pour mieux faire ramper les gens, "mériter" leur place sur un territoire. La manière dont la carte d'identité ou le permis de séjour sont devenus des sésames sans lesquels on n'existe pas. La manière dont même les collectifs de soutien, en jouant le jeu de la quête aux papiers, aliènent des gens à ce bout de plastique ou de carton ; les aliènent au droit et à la nationalité, en oubliant de les faire exister humainement, individuellement et collectivement et en oubliant de parler de ça, de leur droit à l'existence individuelle et collective, là où ils l'ont choisit, là où ils ont pu fuir souvent aussi, là où nous les avons nous même à la fois attirés et poussés en entretenant largement les inégalités Nord/Sud depuis des siècles… En oubliant de parler de ça aussi, des inégalités Nord/Sud, de géopolitique, de migrations, d'histoire des migrations, de colonisation... bref en séparant les luttes et les réfléxions, là où tout ça est lié, intrinséquement lié !

Ce slogan était une manière de dire "STOP ! On peut se battre éternellement pour untel, puis pour untel, puis untel encore, pour quémander des papiers et implorer la pitié du gouvernement et de l'opinion public ! On peut se mentir éternellement à soi même en faisant semblant de se satisfaire d'un dossier qui finit bien... et qui finit bien d'ailleurs justement pour qu'on se satisfasse finalement de la faiblesse de notre lutte... Parce que parfois, suffisamment régulièrement pour calmer nos colères, c'est vrai, ça marche ! Mais pour tous ceux pour qui ça ne marche pas, pour tous ceux qui ont été ou vont être renvoyés, pour tous ceux qui ont été ou vont être assassinés à la descente de l'avion, pour toutes les familles enfermées, écartelées, divisées, humiliées, bafouées... pour toutes les vies qu'on réoriente dans des directions beaucoup moins favorables, qu'on renvoie sans ménagement à leur misère, à leur desespoir, à leur camps de réfugiés, à leurs dangers, à leur nouvel exil... nous disons STOP, on ne le fera plus ! On ne rampera plus ! On se fout de votre pouvoir à disposer de l'avenir et de la vie de gens ! Il nous révolte ! Il est inacceptable ! Il est gerbant ! Il est abusif ! Nous refusons d'y participer et donc de l'entretenir ! On ne veut plus que vous ayez ce pouvoir là de décider où l'on doit vivre, où l'on peut ou ne peut pas vivre... qui l'on doit quitter, où ne devons retourner. On n'accepte plus que vous ayez ce pouvoir de nous reprendre la liberté de nous déplacer et de nous voler la douleur d'avoir dû fuir en la transformant en honte ou en culpabilité ! On ne demandera plus ! On n'attendra plus ! On prendra ! Ou bien mieux, nous nierons ce que vous jugez être une nécessité ou une priorité là où nous nous battons pour bien plus que des papiers... pour la vie ! Et nous lutterons pour ça ! Nous lutterons vraiment à présent... sans négociation ou concession ! Et nous nous organiserons pour ça avec une vraie ferveur populaire et une vraie rage ! Nous avons compris ce que nous sommes pour vous en termes de quotas nécessaires à la bonne marche d'un pays qui ne sera jamais tout à fait le notre à vos yeux ; en termes d'économie, de force de travail exploitable et pas cher, d'ennemis désignés au sein de votre pays, et de pacification aussi au niveau international... Et nous refusons d'être cela ! Nous rejoindrons les rangs de tous ceux qui déjà chez vous ont refusé la place, les coordonnées, l'abscisse et l'ordonnée, que vous leur aviez attribuées, que vous aviez tenté de leur imposer chaque jour, sur vos sièges de bureau ou d'écoliers, sur vos machines ou vos chaînes d'usine, dans vos métros, au travers vos journaux, devant vos télés, vos JT à vous mater... et nous entrerons en guerre contre vos méthodes, vos injustices, votre autorité, votre mépris de nos droits et de notre liberté !"

Ce slogan était aussi une manière de raccrocher ça à d'autres luttes qui font partie de la même logique de surveillance, d'identification et de contrôle des individus (passeports biométriques, multiplication des cartes électroniques et puces nonotech. et RFID à venir détenant des informations sur l'identité de la personne détentrice, cartes de fidélité (sic), de bus, cartes de crédit, de retrait, passes de parking…) et qui sont tout autant en rapport avec cette question du territoire… Toutes ces cartes, comme autant de papiers d'identité, sont capables à présent de dire où, quand et à quelle fréquence chaque individu s'inscrit dans un lieu et la manière dont il le traverse, comment il s'y déplace, où il se trouve… si aussi, il a le droit d'y être ou si sa place est ailleurs, dans un centre de rétention, une prison, un pays en guerre, dans une autre ville, à son RDV ANPE, à son travail… Et c'est notre rapport aux autres et à l'espace qui va s'en trouver bouleversé. Notre liberté d'y circuler aussi.

Il ne faut plus accepter ! Il ne faut plus plier ! Plus ramper ! Car toute cette logique est révoltante et inquiétante aussi, tant les idées fascistes du gouvernement sont en train d'ancrer le racisme, le délire sécuritaire et l'évidence du contrôle social dans la tête des gens !

Alors, français, immigrés, avant d'être complétement réifiés, momifiés, de ne plus pouvoir bouger : "On s'en fout ! On veut plus de papier du tout !"
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Messagepar anarced » Dimanche 13 Jan 2008 9:47

Tant qu'il y aura des papiers, il n'y en aura pas pour tout le monde.
Les jeux d'enfants finissent jamais.
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Messagepar Paul Anton » Dimanche 06 Avr 2008 22:28

Il n'y a pas d'autres réactions vis-à-vis de ce texte ...
"Salut Carmela, je suis chez FIAT ! Je vais bien... Si, si, nous pouvons parler tranquillement, c'est Agnelli qui paye !"
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Messagepar tomatok » Lundi 07 Avr 2008 15:13

Paul Anton a écrit:Il n'y a pas d'autres réactions vis-à-vis de ce texte ...

et toi :?: :roll:
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Messagepar Paul Anton » Lundi 07 Avr 2008 20:57

Bah, les frontières se sont dématérialisées en quelque sorte par l'avènement du micro-pouvoir.

Quand tu n’as pas de papiers (carte d’identité, carte vitale …). Tu ne peux avoir accès aux soins, par exemple.

Ça mérite de creuser le débat … Et ce texte est une bonne entrée en matière.

Le parallèle avec la biométrie me semble intéressant.
"Salut Carmela, je suis chez FIAT ! Je vais bien... Si, si, nous pouvons parler tranquillement, c'est Agnelli qui paye !"
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Messagepar wiecha » Lundi 07 Avr 2008 22:20

Complexe.

A mon avis, un début de réponse sur le terrain, ce serait déjà "Plus de papiers du tout " dans nos luttes. Parce que si on ne brise pas la frontière à ce niveau là, elle ne sera traversée nulle part.

Paradoxalement, l'évolution récente de la CGT vers l'intégration massive de sans papiers dans ses structures va dans ce sens là. ET en même temps dans le sens inverse , parce qu'évidemment, le but de l'opération est aussi de dissoudre les formes d'auto-organisation des sans papiers en collectifs, et d'intégrer les nouveaux concepts d'immigration choisie à l'intérieur même du mouvement. Mais à mon avis, rien n'est joué au sens ou les sans papiers sont des militants comme les autres à un moment donné et que certains vont possiblement saisir l'opportunité de créer des fronts avec ou sans/ papiers sur des revendications autres que l'obtention d'un titre de séjour.

Il faudrait réactiver la mémoire des luttes, de toutes celles sur le logement ou autres ou l'unité entre mal logés avec ou sans papiers a permis à tous de gagner. Les bureaucraties tentent à tout prix de les faire oublier parce qu'elles prouvent que l'obtention d'un titre de séjour n'est pas le préalable obligé à la participation efficace à d'autres luttes.

Mais ça nécessite aussi une réflexion sur l'organisation: choisir par exemple d'être à égalité dans le combat sur quoi que ce soit avec des gens qui n'ont pas de papiers, c'est un choix lourd de conséquences; ou n'importe quelle action est beaucoup plus risquée, nécessite une réflexion et une préparation autres.

D'un côté briser le discours "on ne peut pas emmener les sans papiers c'est trop dangereux " qui réduit les camarades à rester cantonnés à certaines actions sur certains sujets, et qui ampute leur liberté de choix. De l'autre, être plus sérieux et savoir aussi parfois renoncer à tel ou tel moment, à tel ou tel mode d'action.

Bon j'espère que je m'éloigne pas du sujet, mais il me semble important de ne pas seulement s'en tenir à une approche purement théorique des revendications à adopter.
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ON VEUT PLUS DE PAPIER DU TOUT !

Messagepar clown » Lundi 07 Avr 2008 22:59

bien sûr que c'est un sujet complexe...

comme les personnes qui hurlent lorsque des callaisses volent sur les lignes de flics devant le CRA, alors que derrière les murs, les personnes enfermées se battent avec courage...enfin, c'est un autre exemple bien sur

on a tous conscience que les personnes privées de papiers sont condamnées à la clandestinité, et subissent donc une oppression bien plus forte. on a essayé dans le tract contre les CRA de faire ce lien vers toutes d'autres formes d'oppression que l'Etat utilise pour isoler les gens. Il faut de toute façon de la solidarité dans ces luttes
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Messagepar wiecha » Mardi 08 Avr 2008 15:21

En fait je ne parlais pas du tout des luttes autour des CRA, mais du reste justement.

De comment on fait quotidien pour faire vivre ce slogan "Plus de papiers du tout ", qui à mon avis n'est inscrit dans la réalité qu'à partir du moment ou tu décides de l'intégrer dans d'autres luttes revendicatives ou autres. Ou tu vas décider que dans ton collectif, dans ton syndicat, dans le cadre d'une grève, d'une occupation de logements, d'auto réductions, tu vas pas fermer ta porte aux camarades sans papiers sous prétexte que c'est trop dangereux pour eux, que tu vas éviter au maximum de leur demander de se barrer à tel ou tel moment de l'action parce que c'est trop speed pour eux.

Pas évident, crois moi surtout quand tu n'as pas envie d'obliger les camarades à être contraints à chaque fois de rappeler les risques qu'ils prennent, à les mettre dans la position humiliante de toujours "freiner " les autres.
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A tous...

Messagepar Gorter » Mardi 08 Avr 2008 16:34

Salut,

En effet, plus de papiers, plus d'Etats, plus de frontières, d'hymnes patrotiques, de drapeaux, de nationalités imposées, de capitalisme sous toutes ses formes, etc.

Mais sinon, une question de ma part : pourriez-vous me conseiller un, deux ou trois livres "référents" et assez "récents" sur l'anarchosyndicalisme afin de mieux l'analyser et le comprendre avec un prisme anarchiste ? Je vous en remercie d'avance et à bientôt ! :wink:
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Messagepar p'tit écolier » Mardi 08 Avr 2008 16:39

"le monde nouveau" de P. besnard
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In bis...

Messagepar Gorter » Mardi 08 Avr 2008 16:41

Par rapport à mon commentaire précédent, nous sommes loin de ce cas de figure et les questions posées autour de ce débat sont vraiment intéressantes ! Que faire, comment s'organiser, où aller, etc. afin de lutter contre l'ordre capitaliste et omniprésent qui est en place ? J'ai mon idée comme vous sur le sujet mais il y a un amont et quel "lourd" amont face au système !
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A P'tit écolier

Messagepar Gorter » Mardi 08 Avr 2008 16:42

Merci !

Fraternellement à toi. :wink:
Gorter
 
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Messagepar NOSOTROS » Mardi 08 Avr 2008 17:05

Euh ... Le monde nouveau c'est un style ... Je pense qu'en tant que marxiste tu apprécieras ... C'est très mécaniste ... C'est assez peu récent d'ailleuirs (ça date des années 30) et c'est même plutôt dé^passé justement du fait de cette pensée mécaniste qui date ... Mais bon, c'est bien pour comprendre d'où on part- et à quel point il y a eu du boulot pour en arriver où nous en sommes ajourd'hui ...

Je te conseillerai plutôt les brochures sur l'autonomie populaire. Demande aux copains de Caen ils pourront te l'envoyer je pense.

Ceci étant dit, je crois que Wiecha pose en effet la question centrale : comment transformer en pratique nos aspirations ?

Ca croise ce qu'elle disait à propos de la LCR sur le sujet du 5 avril : il semble en effet que les rangs de la Ligue se renforcent de jeunes, pas nécessairement des bobos étudiants venus passer leur crise d'adolescence, mais plutôt des jeunes connaissant des difficultés sociales et économiques (quil's soient étufiants ou travailleurs), et qui justement ne souhaitenent pas se contenter de slogans. Bien sur il doit y avoir dedans le lot d'opportunistes, magouilleurs, frimeurs, réformistes et tutti quanti. Mais pas seulement.

Enfin le problème que soulève Wiecha n'est pas que pour les sans papiers : il s'applique aussi aux copains en froid avec la justice, ou ceux dont on sait qu'ils ne tiennent pas 5 secondes au 100 mètre départ arrêté (un copain qui serait asmathique par exemple). A mon avis c'est aussi un des rôles du collectif de permettre à l'individu de prendre conscience de ses limites (de chacun selon ses capacités ...). Et par ailleurs cf les textes de Toulouse relatif au piège de l'enfermement dans un tactique unique : si un compagnon ne peut - pour X raisons - participer d'une action, il ya tant de choses à faire, tant de moyens de se rendre utile au collectif !


En tout cas merci à Wiecha de toujours ramener au terrain, seule "vérité" qui tienne !
Dernière édition par NOSOTROS le Mardi 08 Avr 2008 17:07, édité 1 fois.
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Messagepar tomatok » Mardi 08 Avr 2008 17:06

p'tit écolier a écrit:"le monde nouveau" de P. besnard

c'est de la provocation ? :D
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Messagepar p'tit écolier » Mardi 08 Avr 2008 17:28

oh si peu...
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A NOSOTROS

Messagepar Gorter » Mardi 08 Avr 2008 18:39

Il est vrai que sur la question de certaines organisations à l'image de la LCR on peut se poser des questions, tout en sachant que la base sympathisante, voire militante est sincère et n'a pas connaissance des alternatives antiautoritaires réelles... De ce fait, il y a un vrai travail de fond à mener afin de faire comprendre que le "Parti" comme un tout-Etat quel qu'il soit, que le "dogmatisme" à l'idem et leurs dérives de ce fait pancapitalistes ne pourront aucunement changer la société et la renverser (destruction totale de toute forme de capitalisme !)... Il faut repenser le système sur la base : l'homme n'étant pas un tout sans les autres et le partage en commun... dans la diversité.
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Messagepar Privas » Dimanche 20 Avr 2008 17:26

allez faire un tour sur : http://www.lavienestpasun.com
Vous verrez comment une revendication réformiste à l'origine peut déboucher sur une critique radicale de la société...
On peut causer pas de blème j'ai un bon souvenir de ces événements...
Privas.
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Messagepar Souvafix » Dimanche 20 Avr 2008 23:59

suicide toi
Faire éclater le pavé sous les pas des gavés.
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