par miguelito » Lundi 13 Nov 2006 14:16
En gros tu me demandes maintenant de te donner la solution à ton problème tout en respectant tes désirs ? Mais je ne suis pas consultant en révolution mon p'tit gars.
Cela dit, je suis aussi citadin (pas par choix) et je cultive un potager avec mes camarades (tous citadins aussi) Comme je le disais, quand on prétend vouloir vivre libres et autonomes il faut en assumer toutes les conséquences. Donc il faut savoir se salir les mains. La question de la subsistance passe par la prise en compte de nos moyens. Si ceux-ci sont trop faibles, il faut y remédier. Tu vas me dire : mais tout le monde ne peut pas cultiver un lopin de terre en ville ! Et oui, les villes - tout du moins ce qu'elles sont devenus sous les coups du progrès scientifico-économique - ne permettent plus à l'ensemble de leur population d'être autonomes ! C'est pour ça qu'il faut les casser. Et si demain, après le grand soir, la domination n'est plus qu'un amas de poussière, comment ferons-nous ? Eh bien la relation entre la ville et la campagne environnante devra être réglée par les protagonistes eux-mêmes.
Que signifie pour toi habiter un lieu ? Que signifie pour toi vivre le communisme et l'anarchie ? De mon côté, je regarde l'état de nos réseaux, de nos petites bandes de camarades. Je constate que chacun y fais ce qu'il peut. Que nous avons la possibilité d'apprendre beaucoup de choses des autres. Que certains préfèrent donner des coups de bêche pour faire pousser des carottes tandis que d'autres préfèrent apprendre des techniques médicales. Un économiste borné y verrait une spécialisation, et même pourquoi pas une hiérarchie. Nous pas. Pourquoi ? Parce que pour nous habiter un lieu, vivre le communisme, c'est faire en sorte que quelque chose d'intense puisse se produire entre tous les êtres concernés, avec leurs choix, leurs savoirs, leurs capacités. Il y a des conflits, des désaccord qui surgissent. Il y a des choses qui merdent. Il y a des timides et des grandes gueules. Il y a des gens qui espèrent se reposer sur les autres et profiter de leur travail (et oui, hélas, nul ne peut abolir le travail, cette activité destinée à supprimer le besoin) C'est à chaque groupe - quelque soit sa taille - de répondre à toutes les questions que cela pose. Encore une fois, iln'y a pas de plan préétablit, pas de recette miracle. Ceux qui veulent instituer LA société, qui rêvent d'une démocratie et d'une paix éternelle et planétaire, perdent leur temps.
Toi qui me presses de questions, tu oublies de parler de cette question fondamentale : celle de la satisfaction et de l'insatisfaction. Tu sembles te satisfaire de cette petite utopie confortable : imaginer un monde parfait dans lequel production et consommation roulent comme sur des roulettes. Quel horizon passionant !
Mais tout cela nous éloigne du débat initial (qui est d'ailleurs lui-même éparpiller en divers sujets) : est-ce que l'économie est un mensonge ou pas ?
Tu fais en revanche très bien de parler des désirs. Si tu ne désires pas la même chose que moi, comment veux-tu que nous vivions ensemble le communisme ? Tu vois bien que le politique n'est pas seulement question de débat rationnel. Aussi, je prends acte que les désirs - ou pour mieux dire les formes de vies - de certains nous sont hostiles. C'est comme ça ! Qu'y puis-je ? Rien, si ce n'est avancé à ma guise, avec mes alliés et mettre à l'épreuve du jugement d'autrui ma propre forme de vie. Tant mieux si celle si rencontre un écho favorable et accroît notre puissance. Tant pis si nous récoltons la haine.