L'économie

Pour relier les luttes entre elles et les étendre...

Messagepar miguelito » Vendredi 03 Nov 2006 16:20

Deamnde à Clément, il devrait pouvoir te fournir ça.
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Messagepar clement h. » Vendredi 03 Nov 2006 18:15

Je ne connaissais pas les liens sur l'Obsertaoire téléologique que je vais lire petit à petit (leur critique de " l'infini ", et leur approche de la finitude rejoint d'ailleurs très bien la décroissance. Mais bon je m'avance pas encore, faut que je lises plus).

- Perso je conseille l'ouvrage d'Anselm Jappe, Les Aventures de la marchandise. Pour une nouvelle critique de la valeur, Denoel, 2003, qui est magnifique et passionant. Il revient sur tous les penseurs qui comptent Polanyi, Salhins, Mauss, Marx bien sûr, etc.

- S. Latouche, L'invention de l'économie, Albin Michel, 2005. Passionant aussi, fin et intelligent. Une approche vraiment originale et radicale qui nous décrasse pas mal les idées. De très bonne thématiques de chapitre.

- Latouche, La déraison de la raison économique, Albin Michel. Excellent avec un dernier chapitre où il aborde la critique de Polanyi à partir de Polanyi : il fait tourner les contradictions de Polanyi sur elles mêmes et mets ainsi en lumières à la fois les magnifiques analyses de Polanyi mais aussi ces limites qu'avait bien observé Louis Dumont.

- Et puis, car c'est mon grand dada, les 2 tomes du Marx de Michel Henry (Gallimard, Tel) qui sont renversants. La découverte de cet auteur a été pour moi un véritable bouleversement. J'ai jamais vu une lecture aussi radicale de Marx. Très érudit, passionnant, on est toujous dérangé et happé par la moindre de ses phrases. Ca vous change vraiment.

Henry n'utilise pas le terme d'invention de l'économie, mais de " genèse transcendantale de l'économie ", c'est pareil. Jean-Marie Brohm (le contempteur du sport ; et il a participé à l'ouvrage Contre Althusser. Pour Marx en 1974) est à fond pour le marx henryen, chose rare chez ceux qui sont passés par le marxisme et la pensée marxienne. Car c'est encore un auteur très peu lu dans la gauche radicale, de part son vocabulaire propre à la phénoménologie qui pourrait au premier abord rebuter.

Pour Henry « les marxismes sont l’ensemble des contre-sens qui ont été faits sur Marx ». On peut retrouver une analyse des deux tomes de son Marx, ici http://www.michelhenry.com/marx.htm

Guy Debord répondait ceci à la question qu’est-ce que le situationisme ? : « Notre temps va remplacer la frontière fixe des situations limites que la phénoménologie s’est complue à décrire, par la création pratique des situations ; va déplacer en permanence cette frontière avec le mouvement de l’histoire de notre réalisation. Nous voulons une phénoménopraxis. Nous ne doutons pas que ceci sera la banalité première du mouvement de libération possible de notre temps », in « Questionnaire », G. Debord, Œuvres complètes, Gallimard, Quarto, 2006, p. 1057-1058. Il me semble depuis maintenant un bon moment, que le projet situationniste exprimé ici s’illustre parfaitement dans la proposition faite par la « phénoménologie matérielle » de Michel Henry, qui place la vie de la praxis au centre de toute sa réflexion. Les deux volumineux tomes de son Marx, sont la réflexion même sur cette phénoménopraxis qu’Henry appellera plutôt « phénoménologie matérielle » (voir Phénoménologie matérielle, Puf, 1991). Il faut reconnaître qu’à part les éditions Sulliver (qui ont un gros catalogue situationniste/libertaire) qui ont véritablement saisi l’enjeu fondamental de l’œuvre de Michel Henry pour la critique radicale - en publiant en 2005 un recueil d’entretiens de ce philosophe pour le présenter enfin ( !) aux milieux libertaires -, son accueil au sein de l’ultra-gauche brille encore par son absence total ou alors il est réduit à des cercles très restreints. Et pourtant Anne Henry a bien raison de souligner ce que Jean-Marie Brohm et Magalie Uhl ont décrit comme une façon de « philosopher en un sens radical » : « Quant à de jeunes insurgés qui défilaient un jour sur un boulevard, ils avaient brisé la vitrine d’une librairie pour n’y piller que les exemplaires de son Marx. Michel Henry avait raison de faire confiance à l’avenir ! », in Auto-donation, Entretiens, Beauchesne, 2006, p. 202. Ne vous laissez plus bâillonner, pillez Michel Henry ! :D Je vous l'ai dit, c'est vraiment mon dada :mrgreen: Faut pas trop me chatouiller avec cet auteur car je vais vite vous gonfler :wink:
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Messagepar Laguigne » Samedi 04 Nov 2006 15:08

Merci, je passe commande!
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Messagepar Paul Anton » Dimanche 05 Nov 2006 0:45

Il est à noter que les décroissants et les altermondialistes restent dans la lignée de Saint thomas d’Aquin qui inspira l’école de Salamanque, inventant la loi de l’offre et de la demande.
"Salut Carmela, je suis chez FIAT ! Je vais bien... Si, si, nous pouvons parler tranquillement, c'est Agnelli qui paye !"
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Messagepar clement h. » Dimanche 05 Nov 2006 13:15

? Les décroissants défendent la supposée " loi " de la supposée " offre " et de la supposée " demande "... ah bon ?

Au contraire. Dans la critique de l'économisme, tout passe au crible de la critique. Pas seulement l'inégalité de la distribution de la valeur d'échange entre " riches économiquement parlant " et " pauvres économiquement parlant ".

Pour Marx, l'opposition au système de la valeur d'échange en elle-même et pour elle-même (cette valeur d'échange qui comme dit Debord, est passée du statut de condottière de la valeur d'usage, à l'acteur de sa propre guerre), c'est-à-dire le capitalisme (le plus-value-isme ou profitisme) n'est possible qu'en se battant à l'extérieur du terrain de la plus-value en elle-même. Le capitalisme n'est à combattre que sur le terrain de ce qui rend possible la plus-value (une valeur d'échange folle, qui tourne sur elle-même dans le cycle de croissance illimitée A-M-A') : la valeur d'échange en soi, c'est-à-dire plus fondamentalement et dans un sens radical (dans ce sens où on va à la racine, aux choses mêmes, aux conditions de possibilité des phénomènes) : les conditions économicistes de l'échange (l'échange marchand).

Le problème n'est pas seulement celui du capitalisme, mais plus fondamentalement ce qui le rend possible : l'échange marchand.

Ainsi les fameuses " lois " n'en sont pas, mais les supports de ces " lois ", l'argent (la mesure de la mise en équivalence qu'est l'échange marchand de produits concrets et travaux particuliers, pourtant inéquivalents), les prix, les salaires (il ne faut pas seulement s'opposer au salariat comme condition juridique de subordination comme le pensent les amis auto-gestionnaires), les revenus, les allocations, sont des abstractions devenues la réalité de notre monde qui ne reconnait que l'existence de la réalité économique comme réalité première.
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Messagepar miguelito » Lundi 06 Nov 2006 11:42

C'est exactement ça ! Il faut à tout prix que Federica lise ces ouvrages consacrés au mensonge économique !
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Messagepar lucien » Lundi 06 Nov 2006 20:40

clement h. a écrit:Pour Henry « les marxismes sont l’ensemble des contre-sens qui ont été faits sur Marx ». On peut retrouver une analyse des deux tomes de son Marx, ici http://www.michelhenry.com/marx.htm
J'ai consulté le site ainsi que la fiche wikipédia de Henry et je trouve les propos très intéressants. Je vais essayer de dégoter son Marx mais mon attention a également été retenue par Du communisme au capitalisme et La Barbarie.
Clément est fan. Qui connaissait sinon ? miguelito ?
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Messagepar miguelito » Mardi 07 Nov 2006 11:57

Non, je ne connais pas Henry. A voir, donc. Sinon, est-ce que Clément - qui a l'air de bien connaître les écrits de Debord - s'est intéressé aux écrits de Voyer ?
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Messagepar lucien » Mardi 07 Nov 2006 20:38

Je ne connais pas non plus Voyer mais, ce que je viens d'en lire (ici et ) me fait penser vite fait à Hors-d'Øeuvre. Tu conseilles quoi de Voyer ?
    Le petit Nicolas Ier en Amérique
    Après l’attaque du Pentagone, voici un nouveau mystère à éclaircir
    Image
    :arrow: Trouvé sur le site de Voyer (y'a plus sérieux) !
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Messagepar miguelito » Mercredi 08 Nov 2006 9:14

En effet... Je conseille Une enquête sur la nature et les causes de la misère des gens et Rapport sur l'état des illusions dans notre parti. Le premier date de 1976 et le second de 1979.
Ce qu'écrit Voyer sur son site est beaucoup moins intéressant. Il tente de démontrer l'inexistence de l'économie, ce qui est ridicule comme l'on brillement démontré les gens de l'observatoire de téléologie. Ces derniers ont repris les idées de Voyer et en ont fait une excellente critique.
Voyer s'était illustré en faisant aussi une critique pertinente du "milieu situ" avant de sombrer lui aussi dans des manipulations destinées à ce sortir des critiques dont il était la cible.
Bref, la lecture des deux ouvrages cités plus haut me semble une excellente critique de l'économie qui mériterait d'être mise en relation avec les critiques dont nous a parlé Clément.
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Messagepar clement h. » Mercredi 08 Nov 2006 15:54

Non je ne connaissais pas Voyer (à part par sa participation à l'anthologie des noms insultés par l'IS). Mais je vais me commander le deuxième ouvrage que tu cites sur l'état des illusions pour commencer la dessus. Je me suis aussi imprimer quelques textes de l'obversatoire de téléologie pour lire à tête reposée.

Sur le Marx de henry, je peux faire passer par courrier postal, des photocopies d'un article récent de jean-marie Brohm (dont j'ai parlé plus haut) " Michel henry, une lecture radicale de Marx ", qui introduit bien à cette interprétation très originale.

Rien à voir : Quelqu'un a lu le dernier bouquin de C. Bourseiller, Extrêmes-gauche : la tentation de la réforme ? C'est bien ?
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Messagepar miguelito » Mercredi 08 Nov 2006 16:40

Je n'ai pas lu ce bouquin de Bourseiller, pauvre bouffon médiatique. Ces précédents ouvrages sont assez minables bien qu'on y trouve toujours des choses exactes. Ce triste sir avait organisé une conférence/colloque lors de la sortie des oeuvres cinématographiques de Debord en DVD. Quelques camarades se sont invités à la fête, ont réussi a détourner le pseudo-débat que Bourseiller tentait d'instaurer. La salle entière a fini par lui tourner le dos, mettant ce pauvre Christophe dans une fureur hors du commun. Bilan de la soirée : une multitude de coffretS DVD dérobés...
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Messagepar Bug-in » Mercredi 08 Nov 2006 22:20

Voler de la marchandise? A quoi bon ;)

Mieux vaut la bruler comme l'on fait l'émeutes de Watts qu'avait commenté Debord.

Enfin, pour Voyer et Consort Téologie, je t'en avais déjà parlé CLément dans un lien, mais ça a du t'échapper... enfin, parfois il faut répéter :p
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Messagepar miguelito » Jeudi 09 Nov 2006 9:26

Mais comme tout dans ce monde est marchandise, même le nécessaire, on ne peut voler que de la marchandise.
En l'occurence, ici il s'agissait de pourrir un évènement qui reposait essentiellement sur la vente des dites marchandises. Les voler plutôt que les acheter cassait totalement l'opération.
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Messagepar miguelito » Jeudi 09 Nov 2006 9:26

AH ! Au fait, il s'agit de téléologie et non pas de téologie ou théologie....
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Messagepar Laguigne » Vendredi 10 Nov 2006 10:23

La nuance orthographique est impérative!

Bien, à la lecture de leurs textes et de quelques autres proposés ici il me vient quelques questions:
- Quelle portée peuvent avoir les (où plutôt peut on donner aux) expériences de séccession à l'économie? Quelles sont les différences concrètes avec les "alternatives" cherchant à sortir de la société spectaculaire marchande?
- Cette expérience n'est-ce pas ce que nous vivons déjà tout un chacun dans nos affinités, dans nos amitiés? N'est ce pas ce qui constitue le décalage révoltant avec l'organisation social existante et ce qui constitue l'idéal que nous chechons à vivre?
- Le refus du concept d'économie, puisqu'inventé, n'est il pas une composante parmis d'autres (démocratie, politique...) du refus du concept de société, inventé lui aussi? (il est à parier qu'un tel lien couperait l'herbe sous le pied à toute faute d'ortographe et à toute alusion à la transcandance)
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Messagepar miguelito » Vendredi 10 Nov 2006 11:07

Je pense que tu mets effectivement le doigt sur la vraie question, celle de la société et de son institution. Il est clair que de notre côté, nous ne souhaitons pas instituer LA société mais construire des mondes qui communiquent, ou qui s'ignorent, ou même qui se font la guerre si besoin est, (surtout les pacifistes de service, ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit, je ne fais pas l'apologie de la guerre, je prend seulement acte que parfois les humains sont amenés à se battre), bref, des mpondes qui font jouer leurs irréductibilités, tout comme les idividus qui participent à ces mondes y font jouer leurs irréductibilités en leur sein.

La question de la sécession et de l'alternative : la première se dote de moyens pour acquérir de l'autonomie dans le but d'attaquer la domination. La nécessité de l'autonomie est une questio stratégique. La seconde s'accomode bien du monde dans lequel elle s'inscrit, elle favorise souvent le repli sur soi et l'autosatisfaction.

L'expérience est parfois ce que nous vivons déjà avec nos amis. Encore faut-il s'entendre sur le sens de nos amitiés. Nous en avons trop vu de ces pseudo amitiés érigées sur de la nostalgie et de l'indulgence (l'ami d'enfance devenu banquier, un peu con mais quand même, on a grandit ensemble) Quand nous disons qu'il n'y a d'amitié pour nous que politique, cela signifie que nos amitiés ont un sens et qu'elles impliquent un engagement, et un partage de cet engagement.
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Messagepar adrien » Samedi 11 Nov 2006 0:37

La lutte des classes serait une lutte économiste?....Mais comment renverser le capitalisme sans combattre la classe capitaliste? Alors oui, il ne faut pas simplement être anti-capitaliste, il faut être anti-économiste. Mais qu'est-ce que c'est "être anti-economiste" concrètement? Ce n'est rien d'autre qu'un anticapitalisme qui se donne plus de consistance théorique. L'anti-économisme ce n'est qu'une pose. Car on l'a bien vu, comment lutter en niant l'economie? La réalité est économique même si l'inverse n'est pas vrai. Il y est impossible de lutter pour l'emancipation de chacun sans tenir compte de la situation d'ensembles d'individus qui forment des classes sociales par leur place dans le procès de production. Je veux bien concevoir la lutte autrement, je suis même pour à 200% mais là je suis perdu. Les revendications immédiates encore et toujours tant qu'il n'y aura pas de conscience de classe. Les discours anti-capitaliste au second plan en période de lutte, quant au discours anti-economiste c'est à peine si on ose les aborder. Les luttes ne permettent pas la révolution, n'offre aucune perspective et pire en confortant le capitalisme (dans son cadre) deviennent un obstacle. Mais quel paradoxe. Alors oui, peut-être faut-il être plus radical. Sans doute. Mais renoncer à defendre des chomeurs parce que pour des anti-economistes il n'y a pas de chomeurs, renoncer à defendre les travailleurs parce que pour les anti-economistes il n'y a pas de travailleurs, ect......est-ce qu'une organisation est capable de l'assumer? Et surtout est-ce que c'est ainsi en renonçant à la lutte immédiates que l'anarchisme parviendra à devenir alternative crédible, parviendra à depasser ses préjugés, parviendra à attirer nombres de sympathisants ? Non bien sur que non. Alors pour le moment, la deprime et le pessimisme me gagne. La politique me gave et me fait gerber. J'en ai marre de toutes ces reflexions qui ne menent à rien. Finalement à quoi bon...... :!: :arrow:
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Messagepar Invité » Samedi 11 Nov 2006 10:13

Adrien je suis touché par ce que tu viens d'écrire. La prise en compte de la critique de la marchandise-valeur chez Marx entraine en effet une vaste reconfiguration de la praxis révolutionnaire, et on y perd nombreux de ses repères.

Anselm Jappe (dont j'ai cité son bouquin) souligne je pense à juste titre, que chez Marx cette critique n'est pas morale mais analytique, logique et non historique. L'idée serait alors d'essayer de porter cette critique sans avoir l'impression de donner des leçons morales. On ne juge personne. Qui dans sa vie de militant pourrait se targuer de ne pas être passé par les luttes de l'économisme révolutionnaire (j'entends celui qui veut un partage équitable du gateau, et pas changer carrèment de recette) ? Personne je pense. Ma transformation, est venu de la lecture d'autres sons de cloches (Henry, Jappe, Latouche, Partant...) et c'est alors que j'ai essayé et essaye toujours encore de me mettre en cause dans mes propres pratiques : comment repenser la praxis révolutionnaire quand Marx dit finalement à l'encontre de la vulgate marxiste, que c'est la valeur qui détermine la naissance des classes sociales et non l'inverse.

Les classes (en elle-mêmes) et donc la lutte des classes comme condition inhérente à la création du système de la valeur. Et aussi cette phrase qui ne peut que nous amener à rester en permanence étonner : " Le capitaliste fonctionne uniquement comme personnification du capital, capital-personne, de la même manière que l'ouvrier n'est que le travail personnifié. La domination du capitaliste sur l'ouvrier est, en conséquence, domination de la chose sur l'homme, du travail mort sur le travail vivant, du produit sur le producteur ", un procès " qui sous un autre angle certes, nous montrer, à un pôle, le capitaliste comme tout autant asservi au capital qu l'ouvrier au capital que l'ouvrier, au pôle opposé ".

L'analytique de Marx n'est jamais le moralisme marxiste et gauchiste, qui affirme que le capitaliste est " méchant " (les vilains patrons, les méchants spéculateurs..). Pour Marx kes participants au procès de production sont décrits comme " masques " et comme " personnification de catégories économiques ". Le capitaliste n'est qu'un " fanatique de la valorisation " [de la valeur], il n'est lui aussi qu'un " rouage ", ils sont des " officiers ", des " sous-officiers " qui " exercent le commandement au nom du capital ". Par conséquent comme le fait remarquer Jappe, le capitaliste n'agit pas comme il agit parce qu'il est " méchant ". La marchandise traverse aussi le corps-subjectif du capitaliste, du patron comme de Laurence Parisot. Personne n'échappe à l'abstraction de sa subjectivité radicale en une valeur objective. Le salaire dégueulase d'un grand patron est aussi, au regard de la théorie de la valeur, de l'aliénation économique.

Tout cela pour dire, que Marx nous appelle non pas à donner plus de valeur d'échange aux pauvres qu'aux riches, mais carrément de sortir de notre croyance en la valeur d'échange. Cette critique de Marx n'est pas ainsi seulement la critique des dominants, elle est plus largemment une critique civilisationnelle : la manière et les conditions dont les humains échangent nient l'humain. Il faut sortir des conditions actuelles (qui transforment tout le particulier, l'individualité, l'autonome, l'effervescent, en formes générales universelles, équivalentes, interchangeables, réifiantes) de l'échange qui transforme nos vies (notre travail) en marchandise. Comme disait déjà Lafargue, il ne sert à rien de réclamer des Droits à un travail qui nous fait toujours mourir dans ses représentations économiques mortifères. La critique du travail, n'est alors pas seulement la critique de la subordination juridique (le salariat critiqué par l'auto-gestion), mais aussi e surtout la critique sans concessions du travail abstrait dans les représentations économiques, c'est-à-dire toujours représentations générales, universelles, équivalentes, interchangeables.
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Messagepar Paul Anton » Samedi 11 Nov 2006 23:41

En gros, comment sortir de l’ancien en sachant que le nouveau contient l’ancien :?:
"Salut Carmela, je suis chez FIAT ! Je vais bien... Si, si, nous pouvons parler tranquillement, c'est Agnelli qui paye !"
Paul Anton
 
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