Quand El Empecinado ouvre un dictionnaire, il ne lit que la première définition ou bien celle qui l’arrange le plus. Dans je ne sais plus quel sujet, j’avais indiqué en référence l’ouvrage de Deleuze sur Spinoza. On y trouve exposé le sens accordé à l’éthique par Spinoza, notamment vis-à-vis de la morale. Ce que j’écris un peu plus haut en réponse à Tomatok me semble pourtant d’une grande limpidité. Maintenant, si pour El Empecinado morale et éthique sont des synonymes, ou si tout du moins l’une contient l’autre, il aurait fallu le dire plus tôt ! Et si maintenant le distinguo que je fais entre l’éthique et la morale n’est pas bon, j’aimerais que l’on me dise pourquoi.
L’embrouille continue de plus belle avec El Empecinado qui nous assomme d’affirmations qu’il ne prend même pas la peine d’agrémenter d’une argumentation même minime. Je confonds les nécessités du moment avec la permanence universelle des principes et des finalités ! Rien que ça. Et il me fait dire – à moi mais aussi à l’Appel – que les nécessités du moment sont de former une bande ! C’est vraiment grossier. Je me demande maintenant quel sens donné à l’utilisation récurrente de ce genre de procédé : connerie ou malveillance ? (l’une n’empêche pas l’autre)
Mais on ne noie pas le poisson aussi facilement avec moi. Il me semble que quiconque sait lire aura bien du mal à trouver dans l’Appel ou sous ma plume la proposition : la nécessité du moment est de former une bande. S’il faut parler de nécessités qui sont formulées dans l’Appel et que je fais miennes sans problèmes, elles sont résumées en trois points à la fin de l’ouvrage.
Maintenant, c’est à El Empecinado de nous en dire davantage sur la permanence universelle des principes et des finalités. Tout ça sent bon son dogmatisme. Permanence universelle ?! Mon cul oui !
Sur le chapitre de la confusion des effets et des causes, là encore, tu es un peu léger, mon pote. Léger mais obstiné (t’as pas volé ton nom toi !) car il nous renvoie au débat sur l’Appel (d’ailleurs, à en lire certains, Léa doit être complètement abruti pour avoir mis ce sujet sur le tapis…) Note cependant qu’il est bien difficile aujourd’hui de distinguer un effet d’une cause en matière d’implication politique, par exemple : la soumission est-elle engendrée par la domination ou bien à l’inverse est-ce la soumission qui permet à la domination de régner ?
Quant aux moyens et aux buts, je renvoie les lecteurs les plus patients à ce que j’écrivais plus haut ou dans le sujet dans l’Appel, je ne sais plus.
Visiblement, ni El Empecinado, ni Tomatok ne lisent A trop courber l’échine. On pourrait pourtant penser que le dernier n° a été écrit pour eux ! Donc, pour comprendre ce que je dis sur l’économie (et économisme est ici employé dans le sens de partisan de l’économie, ou croyant en l’économie), c’est ici :
http://cnt.ait.caen.free.fr/forum/viewtopic.php?t=1281
On peut aussi aller voir du côté des n° plus anciens dans lesquels je débattais de lutte de classes, de société industrielle et autres joyeusetés avec des militants de la CNT-AIT. Ceux-là semblaient moins obstinés que El Empecinado, bien que je trouve quelque ressemblances avec l’un d’entre-eux…
Il n’en reste pas moins que me prêter des propos que je n’ai jamais tenus est là encore un procédé d’enfoiré. Quand je dis qu’il n’est pas nécessaire de se doter de moyens industriels ni d’être animé par une vision économique pour se vêtir, El Empecinado comprend qu’il faut rester à poil.
Tiens, juste en passant puisque tu emploie ce terme : qu’est-ce que « l’économisme pur » ? (mais je m’attends a ce que tu ne répondes pas à cette question vu que tu en as pris l’habitude. Si tu ne vois pas ce que je veux dire, cf. les précédents messages, quand par exemple je te demande quelle est ta propre position et stratégie, si tu es rationaliste, etc.)
En tout cas, ce que tu dis à propos des fous montre encore une fois combine tu te présentes sous les traits du gestionnaire (ce qu’est en somme tout militant). A chaque problème tu es là pour gérer les choses. Tu les poses même comme allant de soi. Que faire avec un fou ? Deux solutions et point barre. Même pas la peine que la communauté se pose la question, El Empecinado à dit !
Tu termine en apothéose avec ta dernière question : le travail avec ou sans outil ? A ton avis, crétin ?
Federica M persiste à me dire que j’expose la même méthode que les anarcho-syndicalistes. J’en déduis qu’entre FedericaM et El Empecinado/Tomatok, c’est une histoire de tendance ou de « canal » comme disent les corses….
Je comprends en revanche ton objection quant à la distinction entre nommer un ennemi et l’attaquer de front. Sauf qu’en l’occurrence, parler de lutte de classes – donc mettre en opposition deux classes – c’est d’emblée se situer sur un terrain de bataille spécifique. Les buts et les moyens sont conditionnés par le fait de rester sur ce terrain. Ce terrain, c’est la gestion et l’économie. Alors oui, on peut attaquer un patron par derrière ou de biais plutôt qu’en face, c’est indéniable ! Sauf que si c’est dans l’optique de gérer les choses à sa place, trop peu pour moi…
En matière de pratiques, je pense que la plupart ne sont effectivement pas exclusives. Pour d’autres, c’est plus problématique. Je pense au syndicalisme par exemple. Sinon, la discussion permet non seulement de voir les rapprochements possibles, mais elle laisse aussi surgir les désaccords profonds. Ici, ce que disent El Empecinado et Tomatok est bien inquiétant. Ils ont une vision purement militante, parlent d’économie comme de quelque chose d’évident, d’universalisme, de morale, etc. Et tout cela n’est pas anodin. Qui plus est, ils déforment mes propos comme ils déforment l’Appel. Ils affirment des choses sans vérifier et emploient un ton dogmatique. Enfin, ils me disent qu’ils ne sont pas d’accord avec moi sauf que j’attends toujours qu’ils me disent concrètement : voilà ce que nous faisons ici et maintenant, afin de voir en quoi cela est compatible ou complémentaire avec ce que nous faisons de notre côté.
Sinon, j’insiste, faire pousser des légumes ça n’est pas de l’économie pour moi. Ca l’est pour tous les obsédés de la gestion, pour tous ceux qui veulent instituer la société, la mettre en règlements et contrats, etc.
Pour répondre à Paul Anton : ta définition de l’éthique mérite d’être commentée. Recherche d’une bonne manière d’être ? Sagesse de l’action ? Partie de la philosophie ? Tout ça est assez scolaire. J’ai pour ma part tenté d’indiquer ce qu’était l’éthique pour nous : l’ensemble des motivations et des irréductibilités qui nous poussent à agir et nous permettent de distinguer nos amis et nos ennemis. Aussi, quand tu dis que l’éthique va avec l’idéologie, tu adoptes un point de vue éthique qui t’es propre. Tu indiques par là que tu es partisan de l’idéologie, que tu en a besoin pour ta propre action mais aussi pour te lier avec d’autres. Tu dis non seulement qu’il y a forcément de l’idéologie et tu choisis parmi toutes les variantes disponibles, ton choix se portant sur l’anarcho-syndicalisme. C’est un point de vue parmi d’autres… Un moraliste qui pense que ton idéologie est mauvaise te dirait que tu agis mal.
Moi je te dis qu’à force de parler de colmatage des petites brèches idéologiques tu manques tout ce qui a fait la force de dernier mouvement contre le CPE…
La question n’est pas de savoir ce que nous comptons faire parce qu’il y une élection présidentielle, mais ce que nous comptons faire parce que nous sommes des ennemis de ce monde. Essayons de ne pas nous laisser imprimer la temporalité dictée par l’ennemi.