A P P E L

Pour relier les luttes entre elles et les étendre...

Messagepar miguelito » Mardi 18 Juil 2006 9:41

Je suis heureux de lire que la forme syndicale n'est qu'une forme parmi d'autres. Je crois néanmoins que tous les militants CNT ne partagent ce point de vue (témoin la volonté de prouver une certaine activité en entreprise sur certains débats) mais ça c'est une autre histoire.
Quant à l'anarchosyndicalisme, je pense que tu lui donne un sens très large. Pour ma part, même si nos positions peuvent effectivement converger parfois, je ne suis pas anarchosyndicaliste, loin s'en faut...
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Messagepar Léa » Mardi 18 Juil 2006 13:19

reveuse a écrit:alors pourquoi ces lieux n'existent pas encore ou sont ephemere ... parce qu'il est tres dure de creer une communauté qui vit s'autossuffit et qui a encore la force de lutter !

Avec un brin d'humour consulte ceci :
:arrow: Indy Nantes > Article 9530 - Les squats sont une chose... Les utopies ont-elles définitivement quitté Nantes ?

1/ Vous vous faites virer de votre travail après 23 mois de mise à l'essai.
    O Vous hurlez de joie en sortant du goulag : " enfin libre ! " et allez fêter ça avec les copains.
    O Malgré ce coup dur, vous vous résolvez à vous lancer dans la recherche dynamique d'un emploi dès le lendemain.
    O Vous gobez les derniers Xanax de votre pharmacie et bousez devant Sans aucun doute.

2/ Vous recevez votre première convocation ANPE.
    O Et merde ! Les ennuis commencent, pas moyen d'être tranquille dans ce pays.
    O Génial, je vais enfin pouvoir confronter mes projets professionnels aux réalités d'un marché du travail en perpétuelle mutation.
    O Je vais me faire plaquer.

3/ Vous arrivez à l'ANPE, la conseillère ne pourra vous recevoir que dans une heure.
    O Vous en profitez pour faire une distribution des derniers numéros de l'ADP et décorer les murs d'autocollants.
    O Vous patientez en compulsant le bottin des entreprises.
    O Heureusement, vous avez choppé le Métro, y'a moyen de se faire un sudoku.

4/ Qui a dit "le travail rend libre" ?
    O La Schutzstaffel à Dachau.
    O Bernard Thibault dans un colloque d'ATTAC.
    O La déclaration des droits de l'homme et du citoyen.

5/ La conseillère vous reçoit. Elle consulte les offres d'emploi adaptées à votre profil et en sort un CDD / 10 h hebdo. Vous commencez lundi prochain.
    O Tout sourire, vous répondez : "pas de chance, je pars demain voir un festival de black-metal en République tchèque".
    O Résigné, vous acceptez d'envoyer votre CV à l'employeur.
    O Vous refusez de quitter les lieux tant que le conseiller ne vous a pas trouvé un nouveau CNE.

6/ De retour de vacances, vous calculez vos droits ASSEDIC. Vous êtes admis à bénéficier des allocs pour six mois.
    O Un peu d'oisiveté me fera pas de mal, ça me donnera le temps d'aller me promener et lire les oeuvres complètes de Bakounine.
    O Pas possible, je devais bientôt acheter une machine à laver.
    O J'ai honte.

7/ Six mois plus tard, il ne vous reste plus qu'à demander le RMI.
    O Qu'ils crèvent ! Plutôt bouffer des pâtes que retourner au chagrin.
    O Faut que j'aille faire les boîtes d'intérim demain matin.
    O J'ai envie de mourir.

8/ Qui a dit : « Nous ne voulons pas une société d'assistance, mais une société fondée sur le travail et l'activité productrice » ?
    O Lionel Jospin.
    O Fidel Castro.
    O Jacques Mesrine.

9/ Vous avez affaire à l'assistante sociale pour définir votre contrat d'insertion.
    O Vous soulevez la question des violences conjugales et vous engagez à devenir boxeur professionnel.
    O Manpower va m'appeler, je devrais être bientôt tiré d'affaire.
    O Au secours !

10/ Vous êtes convoqué par la commission d'insertion locale pour y exposer un projet sérieux et motivé. Sinon, on vous sucre votre RMI.
    O Vous expliquer que vous souhaitez écrire un bouquin sur les cons qui fliquent les chômeurs et que vous auriez besoin d'un PC et de Word 2002.
    O Vous leur promettez de partir en Angleterre et qu'on n'entendra plus parler de vous.
    O Faut que mon médecin me mette en dépression.

Allez, cherchez pas, à tous les coups c'est la première réponse qui est la bonne. Si vous avez dix sur dix, l'avenir est à vous Si vous avez répondu aux autres, c'est que vous êtes un peu couillon.
Elu par cette crapule
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Messagepar lucien » Dimanche 23 Juil 2006 15:22

miguelito a écrit:Quant à l'anarchosyndicalisme, je pense que tu lui donne un sens très large. Pour ma part, même si nos positions peuvent effectivement converger parfois, je ne suis pas anarchosyndicaliste, loin s'en faut...
Je donne peut-être à l'anarchosyndicalisme un sens trop large... mais peut-être pas ! :lol:
L'anarchosyndicalisme a d'original sa capacité à s'élaborer continuellement ("expérimental et vivant", comme le dit la FAQ ! - et je trouve ces deux adjectifs parfaitement adaptés) donc le sens que tu lui donnes était peut-être pertinent en d'autres temps, en d'autres lieux.
Et si je me trompe en pensant que tout ce que nous (militants caennais) faisons relève de l'anarchosyndicalisme, cela ne nous empêche pas de nous retrouver et de travailler sur des projets d'essence et d'éthique libertaires.
Et peu importe les étiquettes.
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Messagepar miguelito » Mardi 25 Juil 2006 13:17

Non, je pense que beaucoup de militants anarcho-syndicalistes entendent par "anarcho-syndicalisme" quelque chose qui va plus loin que le simple militantisme syndical. Sauf qu'il y a cette part de militantisme syndical. C'est donc plus une question de cohérence.
Pour prendre d'autres exemples, je lis ici des militants qui affirment d'une part ne pas s eborner à l'économie et, d'autre part, qui plaident pour un revenu garanti ou qui portent des revendications quantitatives devant les patrons et l'Etat. Il y a quelque chose qui coince, c'est évident. Est-ce un trop grand attachement à des formes anciennes ? Voire même un fétichisme de l'organisation, du sigle, de l'Histoire ? Ou bien y a-t-il une volonté d'être entendu par le plus grand nombre et qui se traduirait par le fait de revendiquer des choses qui pourraient séduire bon nombre de personnes ? (ce serait une grossière erreur stratégique, qui fait croire qu'il faut faire du nombre et que, pour faire du nombre, il faut tenir un discours qui s'incrit dans l'époque, qui plaît, ou même qui serait facilement compréhensible par tout le monde. Comme si l'action révolutionnaire n'était pas compréhensible par tous !)
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Messagepar lucien » Mardi 25 Juil 2006 19:06

Je vois à peu près ce que tu veux dire mais j'ai du mal à saisir pourquoi notre résistance serait réservée à certaines attaques du système.

T'as signé un contrat de travail qui te semblait convenable. Avec ta logique, je suppose que si demain ton patron t'écrase, te paie deux fois moins ou te fais bosser deux fois plus, tu ne résistes pas : tu désertes ?! Le MEDEF reconnaissant...


Il faut à mon avis jouer sur les deux tableaux :

- résister aux attaques (si, par exemple, demain la durée hebdo du travail passe à 80 heures obligatoires - finis les temps partiels ! -, tu seras sans doute obligé de t'y plier, pour les mêmes raisons qui te poussent à travailler aujourd'hui). Tu l'as dit toi-même : la question est de savoir ce que nous faisons de notre argent ; mais quand les gens sont dans un stade de survie quotidienne, la question leur paraît peu pertinente.

- créer, un peu dans le sens de la désertion employée ailleurs... A propos de "désertion", j'ai d'ailleurs relu hier soir "TAZ" (de Hakim Bey) et j'ai l'impression que l'on retrouve certains des thèmes du TAZ dans nos discussions !

Et puis, d'un point de vue hédoniste, créer ou résister face à un patron (quitte à devoir déserter après !) : c'est 50/50. Non ?
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Messagepar lucien » Mardi 25 Juil 2006 19:30

miguelito a écrit:Est-ce un trop grand attachement à des formes anciennes ? Voire même un fétichisme de l'organisation, du sigle, de l'Histoire ? Ou bien y a-t-il une volonté d'être entendu par le plus grand nombre et qui se traduirait par le fait de revendiquer des choses qui pourraient séduire bon nombre de personnes ?
Là aussi : tu caricatures un peu, bien que ta description me fasse penser aux vignoles ! :wink:

Je crois qu'à partir du moment où nos "idéaux" sont exposés dès le début, nous ne sommes pas dans une tactique de séduction du plus grand nombre. Concernant le revenu social, que je serai certainement le premier à utiliser pour ne plus bosser (pas toi ?), je n'en suis pas un âpre défenseur et il s'agit effectivement d'une piste bancale.

Quoi qu'il en soit, s'il s'agissait de séduire un grand nombre, on changerait de tactique !
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Messagepar Paul Anton » Mardi 25 Juil 2006 20:09

La recherche effrénée d’une séduction des masses ne peut conduire qu’au spectaculaire encadré.

Il ne peut y avoir de victoire sur le plan politico-économique sans une victoire idéologique (vice-versa).

Peu importe de déterminer l’ordre causal : il s’agit de transformer la totalité.

Le revenu social garanti n’est pas la solution miracle.

J’en conviens…

D’ailleurs la « casa integrazione » fut un mirage pour les exploités en Italie lors de la restructuration des années 70.

Mais ce qui vaut à une époque ne vaut pas forcement à une autre…

C’est une affaire de contextualisation et d’imbrication des phénomènes sociaux-historiques qui s’interagissent, s’interpénètrent dialectiquement par le jeu des contradictions.

L’autonomie ne peut exister d’autre part sans un agencement.

Elle n’est pas une finalité en soi mais une étape vers le communisme dont l’aboutissement est l’anarchie.
"Salut Carmela, je suis chez FIAT ! Je vais bien... Si, si, nous pouvons parler tranquillement, c'est Agnelli qui paye !"
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Messagepar lucien » Mardi 25 Juil 2006 20:15

Ca fait un peu récité mais c'est pas mal ! :wink:
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Messagepar Paul Anton » Mardi 25 Juil 2006 20:22

lucien a écrit:Ca fait un peu récité mais c'est pas mal ! :wink:


Le fait de se plonger dans la lecture et l'écriture... :wink:
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Messagepar lucien » Mardi 25 Juil 2006 20:25

Paul Anton a écrit:
lucien a écrit:Ca fait un peu récité mais c'est pas mal ! :wink:


Le fait de se plonger dans la lecture et l'écriture... :wink:
Dis tout d'suite que j'suis analphabète !!
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Messagepar Paul Anton » Mardi 25 Juil 2006 21:19

lucien a écrit:
Paul Anton a écrit:
lucien a écrit:Ca fait un peu récité mais c'est pas mal ! :wink:


Le fait de se plonger dans la lecture et l'écriture... :wink:
Dis tout d'suite que j'suis analphabète !!


Pas du tout. 8) :wink:
"Salut Carmela, je suis chez FIAT ! Je vais bien... Si, si, nous pouvons parler tranquillement, c'est Agnelli qui paye !"
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Déserter ...

Messagepar Federica_M » Mercredi 26 Juil 2006 0:30

Miguelito, si tu entends le mot déserter au sens de Lawrence d'Arabie dans Guerilla dans le désert, alors nous sommes d'accord.

(as tu lu ce texte ? très interesant pour les concepts tactiques qu'il expose. Il est sorti aux editions milles et une nuit il y a qq années. Sinon il faudrait le ressortir en brochure ...)
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Messagepar miguelito » Mercredi 26 Juil 2006 8:25

Non, je n'ai pas lu ce texte.
Je n'ai jamais dit qu'il ne fallait pas résister. J'ai dit qu'il ne fallait pas revendiquer, c'est une nuance de taille. Je n'attends d'ailleurs pas que mon patron me fasse bosser plus ou me paye moins pour l'attaquer. Chaque jour, on peut mettre des grains de sables dans la machine, saboter de manière subtile le système et profiter au maximum de tout ce qu'on peut prendre.
Les revendications ne sont pour nous que des prétextes pour tout casser de manière plus ostentatoire.
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Messagepar goldfax » Mercredi 26 Juil 2006 8:45

lucien a écrit:Ca fait un peu récité mais c'est pas mal ! :wink:


Je me sui fait la même réflexion... mais en moins gentil ! :wink: :lol: :lol:
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Messagepar lucien » Mercredi 26 Juil 2006 18:42

miguelito a écrit:Non, je n'ai pas lu ce texte.
Je n'ai jamais dit qu'il ne fallait pas résister. J'ai dit qu'il ne fallait pas revendiquer, c'est une nuance de taille. Je n'attends d'ailleurs pas que mon patron me fasse bosser plus ou me paye moins pour l'attaquer. Chaque jour, on peut mettre des grains de sables dans la machine, saboter de manière subtile le système et profiter au maximum de tout ce qu'on peut prendre.
Les revendications ne sont pour nous que des prétextes pour tout casser de manière plus ostentatoire.
Des personnes qui profitent au maximum de leur boite et en en foutant le moins possible, y'en a beaucoup et ce sont rarement les plus révolutionnaires... Tiens, à propos de grains de sable, certains budgets d'entreprise les prévoient (genre : X jours de grève par an à la RATP).
Mais revendiquer le maintien de ton salaire ou de tes 35 heures, ça n'est pas possible pour toi ? Cette dichotomie entre ce que l'on peut faire - "saboter" l'entreprise (entre guillemets parce que faut voir ce qui est mis derrière !) - et ne pas faire - maintenir son taux d'exploitation - me paraît stupéfiante.
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des revendications

Messagepar Federica_M » Jeudi 27 Juil 2006 0:09

miguelito a écrit:Je n'ai jamais dit qu'il ne fallait pas résister. J'ai dit qu'il ne fallait pas revendiquer, c'est une nuance de taille. Je n'attends d'ailleurs pas que mon patron me fasse bosser plus ou me paye moins pour l'attaquer. Chaque jour, on peut mettre des grains de sables dans la machine, saboter de manière subtile le système et profiter au maximum de tout ce qu'on peut prendre.
Les revendications ne sont pour nous que des prétextes pour tout casser de manière plus ostentatoire.


mais ma parole tu es un véritable anarcosyndicaliste !

http://cnt-ait.info/article.php3?id_article=831

Quelle plate-forme de revendications pour la CNT-AIT ?


mardi 13 janvier 2004



Quelles revendications la CNT-AIT peut-elle avoir dans une société capitaliste où tout, absolument tout est à changer pour aller vers le communisme libertaire ? Nous sommes contre l’exploitation sous toutes ses formes, contre toute prise de pouvoir sur qui que ce soit, pour la fraternité entre les êtres humains et pour le partage des ressources ("De chacun selon ses moyens, à chacun selon ses besoins"). Tout ça est en gros tout, le contraire d’une société capitaliste, et ne pourra être mis en place qu’au moyen d’une révolution. L’histoire montre en effet que les changements radicaux de systèmes ne se font jamais par des réformes et c’est bien compréhensible :


Ceux qui détiennent le pouvoir ne sont jamais pressés de l’abandonner, et comme ils détiennent véritablement tous les pouvoirs (ils font les lois, disposent des médias de masse, de la police, des juges, de l’armée...), on ne peut pas attendre d’eux qu’ils acceptent de partager, même petit à petit, leurs privilèges. Revendiquer, c’est réclamer. Peut-on réclamer la révolution ou le communisme libertaire auprès d’un pouvoir capitaliste ? On ne revendique pas la révolution, on la prône et on la fait dès qu’on peut. Prôner autre chose que le communisme libertaire reviendrait à renier notre raison d’être, qui est d’œuvrer pour atteindre cet objectif. Car une plate-forme revendicative de la CNT-AIT serait bien ce que la CNT-AIT revendique, ce qu’elle voudrait obtenir et ce pour quoi elle se battrait.

Mais nous vivons dans une société capitaliste. Et nos conditions de vie, qu’elles soient plus ou moins dures ou confortables selon qu’on arrive à obtenir un bon ou un mauvais salaire, le RMI ou la manche, sont toujours celles d’exploités du système. C’est-à-dire que nous sommes ceux qui ne décident pas, ni des lois auxquelles il faut se soumettre, ni des soins auxquels on aura droit si on est malade, ni même de l’heure à laquelle on doit se lever le matin. Nous sommes ceux qui vont bosser pour un patron qui s’en met le plus possible dans les poches (même si dans certains cas, c’est plutôt minable), ou pour un Etat qui engraisse tous ces parasites qui nous traient chaque jour comme des vaches à lait.

Il y a cependant une différence entre nos compagnons de galère et nous : nous avons conscience d’appartenir à la classe des exploités, et nous avons réfléchi sur la façon dont fonctionne le système capitaliste. Que ce soit par expérience ou en fouillant dans les livres, en discutant avec d’autres militants..., nous savons aussi qu’on n’obtiendra pas la chute du capitalisme à force de petites victoires. Nous savons que l’Etat ou les patrons, quand ils cèdent d’un côté, le font par force, en calculant comment ils vont nous le reprendre de l’autre.

Et pourtant, nous participons à certaines luttes, portant sur des revendications immédiates. Est-ce de l’incohérence, voire de la malhonnêteté ? C’est pourtant simple à comprendre. Même si nous ne nous faisons pas d’illusion sur ce qu’on a véritablement gagné quand "on a gagné !", les luttes sont des lieux et des moments privilégiés pour que nos "collègues" sans conscience de classe prennent conscience de leur exploitation, se rendent compte à quel point ils sont mépri-sés par le pouvoir, et fassent l’expérience que la lutte et la solidarité sont les seuls moyens qui font reculer un peu leurs exploiteurs. Participer à des luttes sur des revendications immédiates, c’est être solidaire, mais c’est aussi et surtout faire de la propagande, par les discussions avec des gens plus à l’écoute que d’habitude et par la mise en pratique de nos principes. C’est ce long travail de sape qui permettra un jour d’abattre le capitalisme. Dire cela n’est pas mépriser les revendications immédiates ni ceux qui les portent, c’est seulement être lucide sur nos moyens d’action contre ce système.

Participer à des luttes sur des revendications immédiates n’a donc rien à voir avec le fait de rédiger une plate-forme de revendications au nom de la CNT-AIT. On peut s’imaginer que rédiger une telle plate-forme nous rapprocherait des préoccupations de nos "collègues" de classe, tout en les incitant à pousser un peu plus loin leurs revendications. L’expérience montre pourtant qu’à vouloir "coller" aux préoccupations immédiates, on en oublie souvent l’analyse politique et la lucidité sur les moyens d’abattre le système ; à moins que ce ne soit le contraire : ce sont peut-être ceux qui manquent d’analyse politique et de lucidité qui s’imaginent avancer en prenant à leur compte des revendications que peuvent porter les syndicats réformistes quand ils sont en forme. C’est ce que fait par exemple SUD depuis pas mal de temps, et apparemment, ça ne convainc pas tellement plus de monde que nos idées soi-disant trop radicales et surtout, ça ne nous rapproche pas beaucoup de la révolution sans laquelle on ne changera pas de système.

# Nikita
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Messagepar miguelito » Jeudi 27 Juil 2006 8:34

Pour répondre à Lucien, la question n'est pas de savoir ce que l'on peut faire ou pas, mais comment et quand on le fait. Je n'ai pas besoin d'être membre d'un quelconque syndicat pour agir. Si j'étais syndiqué, je défendrais ipso facto une certaine stratégie, une visibilité et donc devrais aussi assumer des contraintes. Les revendications sont portées par d'autres que nous. Encore une fois, il nous arrive d'en profiter parce que c'est alors un prétexte pour agir plus librement. La lutte contre le CPE/CNE en livre un exemple parfait.

Donc, il y a bien une différence entre être syndicqué dans une organisation qui avance des revendications et le fait d'être organisé de manière autonome et plus "discrète" dirons-nous. Je veux cependant bien admettre qu'il est des cas où nous pouvons être amenés à user de moyens officiels et légaux. Le cas de quelqu'un qui est pris pour cible individuellement dans une bpîte par exemple. Dans ce cas, un syndicat, voire même le recours aux tribunaux, peuvent être utilisés.


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Ou c'est toi qui ne l'est pas ?
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Messagepar lucien » Jeudi 27 Juil 2006 21:18

Suis vraiment surpris par tes réponses, qui pourraient être celles de quelqu'un qui ne connait pas la CNT-AIT (si c'est bien d'elle dont tu parles).

miguelito a écrit:Je n'ai pas besoin d'être membre d'un quelconque syndicat pour agir.
C'est limite du foutage de gueule ! On ne cesse de te le répéter (personne n'attend pour agir) mais tu n'entends rien.

miguelito a écrit:Si j'étais syndiqué, je défendrais ipso facto une certaine stratégie, une visibilité et donc devrais aussi assumer des contraintes.
Tu sais parfaitement que bon nombre de compagnons font le choix de l'invisibilité pour agir au sein de leur boite... Tu conviendras d'ailleurs que certaines bonnes idées de la brochure Techniques de lutte que nous diffusons sont à utiliser de cette manière là. :roll:
miguelito a écrit:Donc, il y a bien une différence entre être syndicqué dans une organisation qui avance des revendications et le fait d'être organisé de manière autonome et plus "discrète" dirons-nous.
Tu caricatures encore... Etre adhérent à la CNT-AIT ne signifie pas obligatoirement porter des revendications sur son lieu de travail ni ne pas pouvoir agir de manière autonome et discrète : c'est un raccourci ridicule ! On dirait que t'as le monopole de l'autonomie et de la discrétion ! :lol:

Mais j'aimerai surtout que tu me répondes : est-ce que revendiquer le maintien de ton salaire ou de tes 35 heures t'est inconcevable ? Pour les mêmes raisons qui te font travailler aujourd'hui, te laisseras-tu écraser encore un peu plus par ton patron sans rien dire (et peu importe ce que tu fais "discrètement") ?

En plus, t'es bien catégorique mais j'aimerai qu'on me démontre qu'une méthode a plus porté ces fruits qu'une autre ou que les deux sont contradictoires...
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Messagepar miguelito » Vendredi 28 Juil 2006 8:27

Donc, pas la peine d'être syndiqué pour agir, OK, nous sommes d'accord. Sauf que tu es syndiqué et moi pas.
Le choix de l'invisibilité est le plus souvent une nécessité pratique qu'un choix.
Question monopole, c'est toi qui interprètes de travers. Et puis ce serait une incohérence que de revendiquer le monopole de quelque chose qui est invisible, discret, utilisable par n'importe qui.
Revendiquer le maintien de mon salaire et de mes 37h00 par semaine m'est inconcevable. Si le patron m'attaque en me disant : maintenant ton salaire est divisé en deux et ton temps de travail multiplié par quatre, alors je me défenderais. C'est une chose de lutter parce qu'une situation particulière nous y pousse (une réforme, une attaque quelconque), s'en est une autre que de dire : je suis pour la semaine de 30 heures, je suis pour le SMIC à 1500 euros, je suis pour le revenu minimum garanti, etc. Je crois que c'est toit qui ne saisi pas bien cete nuance qui pourtant est de taille.

Au sujet de l'efficacité des méthodes, je note que quand nous descendons dans la rue, que nous employons des méthodes qui font peur et aux états et aux organisations officielles (partis, syndicats, églises, etc.), les choses avancent vraiment. Ca n'est pas seulement en terme de "conquêtes sociales" mais en terme de détermination, de courage, de plaisir. Une grève générale et sauvage avec des manifs qui virent systématiquement à l'émeute, une situation insurrectionnelle, voilà qui renforce le parti des révoltés. Des grévettes, des manifs folklo, des distributions de tracts ennuyeux, voilà qui renforce le militantisme...
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Messagepar lucien » Vendredi 28 Juil 2006 8:45

Etre prêt à se défendre contre son patron s'il nous attaque nécessite bien de l'ouvrir pour qu'il comprenne ce que tu veux... Se défendre contre une attaque ou se battre pour de meilleures conditions de vie, dans les deux cas c'est revendiquer (définition ?).

Quant à ta réponse : je suis syndiqué mais pas toi, je ne vois pas ce qu'elle apporte. En quoi cela signifie que nous travaillions différemment dans nos boites respectives et que tu en ferais plus que moi ?!

En plus cette étiquette ne me convient pas (rappelle-toi ce que j'ai dit / fétichisme du syndicat)...
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