Tendance Ni CPE ! Ni CDI !

Pour relier les luttes entre elles et les étendre...

Tendance Ni CPE ! Ni CDI !

Messagepar Léa » Vendredi 17 Mar 2006 21:30

NI CPE NI CDI ! Le roman-photo !

Tract distribué à Avignon lors de la manifestation du 16 mars.


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Dernière édition par Léa le Mercredi 17 Mai 2006 23:59, édité 1 fois.
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Messagepar goldfax » Vendredi 17 Mar 2006 21:50

sympa ! hé hé hé !... :wink:
goldfax
 

Messagepar Léa » Jeudi 18 Mai 2006 0:07

Appel a rencontre nationale, tendance ni cpe, ni cdi

Appel à coordination nationale des collectifs ni cpe ni cdi

Le dernier mouvement qui a été amorcé par le refus du CPE à mis en lumière une crise bien plus profonde. Comme pour la révolte de novembre 2005, les médias ont bien évidement caché l’essentiel : une partie de la population s’oppose à ce système et lutte en dehors du carcan politico-syndical habituel.

Pendant le mouvement les syndicats ont une fois de plus joué leur rôle de sabotage social en appelant pas à la grève générale. Depuis 1968 la place de ces syndicats au côté du pouvoir est évident, mais cette fois-ci, ils se sont complètement fait déborder par la spontanéité de la lutte. Des nouvelles méthodes ont été inventé : blocage économique comme en Argentine, appel direct à la grève général auprès des travailleurs, déménagement des ANPE et agences d’intérims... On a vu aussi beaucoup de textes circuler dans toute la France refusant le salariat, la valeur travail et le rapport marchand.

On pourrait dire qu’une tendance « Ni CPE-Ni CDI » a vu le jour spontanément. Pour toutes ses raisons l’ancien collectif Chômeur-Précaire-Etudiant de Toulouse fait un appel à une rencontre nationale auprès de toutes les personnes ayant lutté dans ce sens. Ce sera l’occasion d’échanger ensemble, de débattre et peut être de s’organiser en vue luttes futures.

Cette rencontre aura lieu le Samedi 17 et Dimanche 18 Juin au parc de la Mounéde à Toulouse à partir de 10H à l’occasion du festival L’ATIPIK. Des hébergements seront proposés.

contacter: petitsruisseaux [@] lists.nokods.org

source : Collectif RTO

Faites tourner l'info :wink:


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Messagepar marv » Lundi 29 Mai 2006 12:56

La CNT-AIT de Toulouse participe à l'organisation de ces rencontres donc les copains qui seraient intéressés par celles-ci peuvent prendre contact avec nous pour l'hébergement ...
marv
 
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Messagepar Paul Anton » Lundi 05 Juin 2006 20:19

Des nouvelles de cette réunion :?: :wink:
"Salut Carmela, je suis chez FIAT ! Je vais bien... Si, si, nous pouvons parler tranquillement, c'est Agnelli qui paye !"
Paul Anton
 
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Messagepar marv » Mardi 13 Juin 2006 21:25

Programme des rencontres ni cpe ni cdi

Les rencontres se feront lors des rencontres atipik du 16 au 18 juin (http://nokods.org/cmitlse/atipik.html). Ces rencontres sont là pour amorcer des espaces de rencontres entre des collectifs qui ont amorcé une critique/force de proposition du travail salariat et des relations sociales en découlant. Un autre aspect de ces collectifs est le rejet des structures contestaires classiques à l'image des syndicats qui ont travaillé en partenariat avec l'état policier pour contenir les luttes spontanées des derniers mouvements.

Un espace sera aménagé pour pouvoir accueillir les différents collectifs. Le programme du week-end y sera affiché ainsi que les infos nécessaires à la bonne compréhension du fonctionnement du lieu durant ces trois jours. Un autre point info est prévu pour le fonctionnement général des rencontres atipik.

Le lieu des rencontres atipik est le parc de la Mounède à Toulouse. Le camping y est possible durant ces rencontres.

Pour se rendre à la Mounède, prendre le métro jusqu'au terminus Basso Cambo. De là, prendre le bus n°21 ou 47 jusqu'à l'arrêt Mounède. Un parcours fléché vous aménera jusqu'au lieu des rencontres.

Le programme doit être discuté avec les collectifs présents à Toulouse le week-end du 16 au 18 juin. Nous proposons une première rencontre le samedi matin pour établir un ordre du jour de ce week-end de rencontres et effectuer des présentations des différents groupes en présence. La réunion pourrait être fixée à 11 heures pour permettre un temps de discussion assez large avant les débats officiels prévus. Il estconseillé d'arriver dès vendredi pour commencer les rencontres dès le samedi matin.

Les temps pour les autres réunions sont le dimanche matin et en début d'après-midi. Il est possible aussi suivant le nombre de participants de prendre des temps sur le programme officiel de l'atipik. Les lieux de discussion pour la coordination nationale ni cpe ni cdi se situent en dehors des emplacements officiels des débats.

Au niveau thématiques/sujets, le collectif toulousain avait pensé à plusieurs points :

le ressenti au niveau du mouvement, la confrontation avec les structures classiques de lutte la relation aux médias outils de communication et logistique pour prévoir ces actions stratégie de lutte les événements de novembre et les rencontres de fond avec les banlieues

Nous proposons à tous les collectifs et individus de venir avec les textes et tracts diffusés pendant le mouvement pour une éventuelle mise en commun.
marv
 
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Demande d'explications

Messagepar Nico37 » Mardi 22 Aoû 2006 23:13

Hum pourquoi ne pas l'avoir appelé "Abolition du salariat" direct :?: C'est pour prendre à contre pied les manifs qui étaient il est vrai souvent au raz des pâquerettes en terme de slogans :?:

Nicolas
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Re: Demande d'explications

Messagepar Léa » Mercredi 23 Aoû 2006 0:02

Nico37 a écrit:Hum pourquoi ne pas l'avoir appelé "Abolition du salariat" direct :?: C'est pour prendre à contre pied les manifs qui étaient il est vrai souvent au raz des pâquerettes en terme de slogans :?:

Nicolas
Sur le parcours de certaines grandes manifs parisiennes certains murs étaient justement tagger (bombe de peinture aérosol noir) : "Abolition du Salariat" entre autre. Ces grafitis semblent avoir été fait en marge des cortèges et avant le passage des brebis, n'en déplaise aux bergers syndiqués, et de façon à ce que le troupeau bêlant passant devant puisse aussi les lire. :wink:
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Messagepar miguelito » Mercredi 13 Sep 2006 11:31

ULTIME COMMUNIQUÉ*
Les étudiants ont repris leurs études. Les facultés ont rouvert leurs portes et les professeurs leur claque-merde. Le
cycle planétaire de la vie micro-dosée se terminera, comme prévu — comme toujours — en juin : les examens auront lieu
puis on ira mériter ses vacances au soleil. Tout indiquerait un parfait retour à la normale s'il n'y avait de la part de tous un
si notable empressement à le simuler. A faire comme si rien ne s'était passé, comme si une tout autre normalité ne s'était
imposée pendant deux mois d'occupation. Une normalité où les amphis sont des dortoirs, où les voisins sont des
camarades ou des ennemis, où la lutte rend les êtres désirables, et non plus seulement séduisants ainsi que le veut la
séparation coutumière. A vrai dire, tout ce petit monde universitaire en fait un peu trop. Il y a une fébrilité, une
exagération dans les expressions, une maladresse qui trahit le travail en cours : refouler l'évidence qu'il pourrait en être
autrement, que la vie ne ressemble pas nécessairement à cette course de hamster en cage.
Et en effet, il n'y a pas de retour à la normale. Ce qu'il y a, c'est un processus de normalisation : une guerre à outrance
contre la persistance de l'événement. Nous ne parlons pas de simples prises de conscience, de faits aussi communément admis,
sur la fin du mouvement, que la fonction policière des syndicats, le nécessaire recours à la casse, la joie d'une vie passée à
bloquer l'économie plutôt qu'à se laisser formater pour un jour la servir ou le retour du feu comme pratique politique
élémentaire. Nous parlons d'amitiés. Toute amitié conserve une trace des conditions de sa naissance, du moment de la
rencontre. Celles qui se sont nouées là garderont toujours une odeur de lacrymo, un petit éclat de voiture qui flambe, de
vitrine qui tombe, une lointaine rumeur d'émeute ; qu'elles ramèneront.
Les syndicalistes, les gauchistes, les militants ont vécu un mouvement social. Un de plus. Les « mouvements
sociaux », dans leur rituel cent fois répété et toujours défaits, sont une tolérance locale. Ils appartiennent au folklore de ce
pays. « Pour notre honte », disent les uns, « pour notre gloire », pensent les autres. Dans tous les cas, ils font partie de la
gestion démocratique à la française, dont ils sont le moment carnavalesque, après quoi tout rentre dans l'ordre. Les
gouvernants peuvent bien jouer les monarques tant qu'ils laissent à la population le droit de mimer 1789. Nous, nous
avons vécu un événement. Un événement se reconnaît aux intensités qu'il produit — dépaver ensemble, à coups de grilles
d'arbres, une place à touristes, coordonner une attaque au cocktail Molotov, discuter d'un texte jusqu'au petit matin —,
non moins qu'aux failles qu'il dessine, aux possibles qu'il dévoile. Ce que nous voulons consigner ici, c'est ce qui a été
acquis là d'irréversible, ce sur quoi aucune « fin de mouvement » ne peut revenir, ce qui fait des derniers mois non une
parenthèse dans le cours régulé de la vie sociale, mais une seconde vague, après l'incendie de novembre, dans la douce
montée d'une onde insurrectionnelle.
1.Un slogan entendu à Rennes : « Nous ne sommes pas des pacifistes. Nous livrons la guerre au capitalisme ». Tout le
cortège le reprend. Plus tard, des pacifistes défendent un rang de flics à coups de poings paradoxaux. Finalement, ils sont
chassés de la manifestation. Une banderole : « Nous sommes tous des casseurs », votée par l'assemblée de Rennes 2, qui
devient à Paris l'antienne d'une manif sauvage où locaux du PS, de Charlie Hebdo, banques et agences d'intérim sont
équitablement fracassés.
2.
Il n'y a pas de question de la « violence », il n'y a qu'un parti pris dans une guerre déjà en cours, et la question, alors, des
moyens adéquats à la victoire.
3.Durant toute la durée du mouvement, on aura assisté à cette constante opération policière de distinguer entre bons
manifestants et méchants casseurs. Au fil des semaines, à Paris, « casseur » aura d'abord voulu dire « anarcho-autonome
s’affrontant avec la police devant la Sorbonne », puis « incontrôlé venu en découdre avec les forces de l’ordre place de la
Nation » et finalement « jeune des cités, cogneur de manifestant, dépouilleur de portable place des Invalides ». Au terme
de sa dérive sémantique, le « casseur » ne cassait plus rien, il lynchait des manifestants. Le terme apparaît alors pour ce qu'il
est : un signifiant vide à l'usage exclusif de la police. La police a ce monopole : forger le profil de la menace. En désignant
comme un sujet étranger au mouvement ses éléments les plus décidés, il coupe le mouvement de lui-même et de sa propre
puissance, il le rend étranger à sa propre potentialité offensive, à son sérieux. Le profil de la menace, de nos jours, c'est
l'immigré-criminel, le « barbare des cités ». En alléguant ainsi que tout « étranger » est un subversif en puissance, ON veut
d'abord insinuer qu'un bon Français n'a aucune raison de le devenir ; quand jamais, en réalité, n'ont été si nombreux ceux qui
ne se sentent plus chez eux dans le funèbre décor de la métropole capitaliste.
4.
Bien entendu, scander « nous sommes tous des casseurs», ce n'est pas s'affirmer en tant que sujet « casseur», mais
seulement déjouer l'opération policière en cours. Admettre la casse comme pratique politique, c'est manifester l'existence
quotidienne des banques, des vitrines ou des magasins branchés comme moment d'une guerre silencieuse. C'est détruire
en même temps qu'une chose, l'évidence attachée à son existence. C'est rompre, enfin, avec la gestion démocratique du
conflit, qui s'accommode si bien de manifestations contre ceci ou contre cela, tant qu'aucune prise de position n'est suivie
d'effets.
5.
Nous parlons d'opération policière. Distinguer, dans cette police, entre gendarmes, syndicalistes, journalistes, bureaucrates et
politiciens est superflu tant leur collusion fut ici patente. Les clichés des journalistes ont servi les enquêtes de la police
tandis que le service d'ordre de la CGT matraquait nos camarades et les livrait aux CRS, s'en flattant au passage dans les
journaux du lendemain. Tous auront collaboré à cette oeuvre : faire consister la scission entre « casseurs » et
« manifestants». Et ils n'y seront vraiment parvenu qu'une fois, à Paris, le 23 mars. Partout ailleurs l'indistinction tant
redoutée par le ministre de l'Intérieur — « s’il y avait connexion entre les étudiants et les banlieues, tout serait possible. Y
compris une explosion généralisée et une fin de quinquennat épouvantable » — a fait des merveilles. Strasbourg, Nantes,
Grenoble, Toulouse, Rennes, Lille, Drancy, Caen, Rouen, jamais, dans l'histoire récente de la France, les centre-ville
n'auront connu de si régulières soirées d'émeutes.
6.
Le 21 mars, une manifestation étudiants-lycéens qui se termine au Luxembourg. A l'avant un groupe de 200 gars des cités,
et tout au long du parcours un service d'ordre qui se resserre en cordon sanitaire dès que s'approche une bande.
Finalement, les bureaucrates décident de détourner le cortège avant l'arrivée, laissant le groupe de tête entre les CRS et les
équipes de civils. Deux jours plus tard, Invalides. Une manifestation plus blindée que jamais est prise pour cible de
dépouille et de lynchage par ceux qui en avaient été si aimablement tenus à l'écart. Va comprendre !
7.Deux façons de se mouvoir dans la rue, dans la rue devenue espace hostile, propriété des flics, des automobiles et des
caméras: le cortège et la bande. Le cortège : on arrive individuellement, on se joint pour quelques heures à ses
« camarades», on braille quelques slogans auxquels on ne parvient plus à croire, les jours d'enthousiasme on chante des
chansons qui feraient froid dans le dos si elles voulaient encore dire quelque chose, comme L'Internationale. Une sono vient
avantageusement couvrir le mutisme de l'assemblée, et le vide des relations. Manu Chao, Zebda, La Brigada, etc. Puis
chacun regagne, individuellement, son chez-soi où il a tout loisir de n'en penser pas moins. Promenade digestive pour
bétail syndiqué, défilé de solitudes garanties par un service d'ordre. La bande : on débarque ensemble. On a pris un peu de
matos. On a une petite idée de ce que l'on est venu faire là. Se taper avec les flics, brûler Paris, libérer la Sorbonne,
dépouiller des magasins, des portables, se faire des journalistes ou des manifestants. On se meut comme un seul homme, à
cinquante. Si l'un court tout le monde court, si l'un tape tout le monde tape, si l'un se fait taper, pareil. Réflexes de horde.
Jargon commun. Disposition à la bêtise, au suivisme, au lynchage. Extrême mobilité. Hostilité à l'inconnu, à l'immobile.
Plusieurs fois, dans les dernières années, ces deux façons de se mouvoir se sont rencontrées à Paris. Le 8 mars 2005,
notamment, puis aux Invalides. Chaque fois, la confrontation a tourné à l'avantage des bandes. Chaque fois, l'individu
séparé des cortèges, avec sa liberté d'expression, son droit à être lui-même, à avoir son portable, son compte en banque et
ses dreadlocks, s'en est tiré meurtri, traumatisé. Traumatisé par des gamins de quinze ans. Traumatisé par une cruelle
alternative : s'organiser à son tour en bande ou bien finir sur le carreau. A moins de prendre son parti de cette vérité :
l'individu libéral a la police pour condition. C'est cette évidence que l'ON a voulu dénier, après chacune de ces confrontations,
par un brutal accès de mauvaise foi.
8.
La communauté ne s'éprouve jamais comme identité, mais comme pratique, comme pratique commune. L'identité revient au
galop chaque fois que la pratique se retire. Là où l'on occupait, là où l'on cassait, là où l'on tagguait, là où l'on retournait les
voitures, il n'a jamais été question de provenance sociologique, de lycéen de banlieues ou d'étudiant petit-bourgeois.
9.
Le CPE fut d'abord un prétexte. Prétexte à mobilisation pour les organisations syndicales, prétexte à blocage pour les
étudiants, prétexte à rébellion pour beaucoup. Puis, devant la hogra gouvernementale, le CPE devint un point d’honneur. Si
bien que son retrait n'a nulle part été vécu comme une victoire, mais comme le simple effacement d’une offense. L'affect
dominant du mouvement, ce fut le sentiment qu'on se fout de votre gueule, le sentiment d'être floué. Affect réactif, modéré
mais puissant. Et c'est en vertu de cette modération que le mouvement en est venu à des pratiques radicales, à des
pratiques à hauteur de la guerre de l'époque : l'attaque de la police et le blocage de l'économie. Par là, il a rejoint les
piqueteros argentins, les insurgés d'Algérie et les émeutiers de novembre.
10.
Le contenu d'une lutte réside dans les pratiques qu'elle adopte, non dans les finalités qu'elle proclame. Nous parlons ici de
« prétexte » parce que lorsque nous chargions les CRS au cri de « retrait du CPE », nous aurions pu pousser n'importe quel
autre cri de guerre pour nous donner du courage ; et que nous n'étions pas seuls à scander « CPE, on s’en fout, on veut
pas bosser du tout » en envahissant les voies ferrées. Le contenu effectif du mouvement fut donc le blocage total de
l'économie et l'attaque des forces de l'ordre, l'interruption de la circulation marchande et l'affranchissement du territoire de
son occupation policière. Vouloir en tant que tels les moyens que l'on se donnait alors, c'était entrer dans le processus
insurrectionnel. A quoi la forme « mouvement » ne convient pas. A quoi une certaine inconsistance étudiante ne
prédispose guère. Qui suppose, surtout, l'âpre détermination à s'organiser matériellement.
11.
La lutte contre le CPE aurait été une lutte contre « la précarité ». C’est ce qu’en disent les syndicats : « la précarité »,
vocable confus et opportun, leur évoque on ne sait quelle déchéance biblique frappant le salariat, et dessine ainsi en creux
leur propre attachement à l’ancien ordre du travail. C’est ce que disent les journaux, qui ne comprennent rien. Et c’est ce
qu’en disent les récupérateurs négristes, qui y voient un nouveau pas vers l’inéluctable « revenu garanti », comique synthèse
du socialisme et de la cybernétique. Les slogans du mouvement n’auront certes pas ajouté à la clarté du débat. Au réflexe
débile qui consistait à déduire du « CPE, non, non, non » un « CDI, oui, oui, oui », c’est-à-dire à défendre le statu quo de
l’exploitation au motif que celle-ci s’aggrave, le réflexe radical aura été d’opposer un « ni CPE, ni CDI ». D’avancer, contre
le simple « refus de la précarité », le « refus du salariat ». Et l’on a bien vu flotter sur le Collège de France occupé une
banderole disant « CPE ou CDI, c’est toujours le STO ». En réalité, ce qui se joue sous le terme-écran de « précarité », ce
n’est pas une simple dégradation du salariat classique, mais la redéfinition même de ce qu’est le travail. Si travailler a
longtemps voulu dire « faire ce que l’on vous dit de faire », travailler signifie désormais « être qui l’on vous dit d’être ».
N’importe quel stagiaire sait les sourires qu’il doit feindre, le sabir managérial qu’il faut avaler, l’enthousiaste soumission
qu’il doit afficher, c’est-à-dire le masque qu’il doit revêtir, pour se faire accepter du monde de l’entreprise. Il sait combien
s’intégrer à la société veut seulement dire s’intégrer la société, et s’intégrer à l’entreprise, s’intégrer l’entreprise. Or la période
d’essai de deux ans que prévoyait le CPE, c’est exactement le temps qu’il faut pour devenir le masque que l’on porte, pour
s’incorporer, à force de mimer, la figure attendue. Si le salariat classique a été si peu critiqué, finalement, dans le
mouvement anti-CPE, c’est que cette critique a déjà été largement faite, et en pratique, par le capitalisme. Tout ce
management participatif, toutes ces « tâches enrichies », toute cette individualisation des horaires et des conditions de
travail, toute cette rhétorique de la motivation sont déjà une réponse à la crise du salariat classique dans les années 70,
quand tout une génération refusait massivement de travailler. Ce qui a été rejeté dans le CPE, ce n’est donc ni le salariat ni
sa crise, mais la redéfinition du travail qui résulte de cette crise, c’est l’élément d’assujettissement du travail contemporain, ce par
quoi il nous mobilise subjectivement, en vient à nous constituer un Moi socialement calibré. Le licenciement sans motif ne
faisait que sanctionner ce nouveau régime où l’on vous vire pour ce que vous êtes et non pour ce que vous faites, pour
l’écart par rapport à une norme de conduite et non pour l’infraction à une clause de contrat. Si bien que le slogan « CPE,
non, non, non /CDI, oui, oui, oui » exprimait moins le désir servile d’être exploité huit heures par jour comme tout le
monde que le refus de laisser le travail nous former, de le laisser pénétrer de nouvelles épaisseurs de l’être. Si le travail n’est
plus centralement l’échange contractuel d’une somme d’argent contre une portion de temps, mais cet usinage maniaque de
subjectivités conformes en vertu de quoi un mannequin qui ne fait jamais rien ne cesse jamais de travailler, alors
l’instrument de la grève générale peut être laissé au musée. Vient le temps de la grève humaine, où l’on commence par
cesser d’être qui l’on doit être, où l’on se lie par-delà les identités et les codes existants, où l’on fait sauter tout l’univers du
prévisible. Vient le temps où ce sont, pour comble, ceux qui ne travaillent pas qui inventent les nouvelles formes de la grève.
12.
Le blocage des universités n'a pas été seulement un moyen de perturbation, une prise de possession. Il a été un préalable,
le moyen pour les bloqueurs de s'organiser, d'ouvrir la porte à de nouvelles situations. Bloquer la fac pour aller bloquer
ailleurs. Rapidement, libérés des tracasseries universitaires, étudiants et lycéens ont propagé leur désir que tout s'arrête. Au
lieu de supplier les centrales syndicales de déclarer la grève générale, ils ont propagé sur les rails, les routes, dans les bureaux
et les centres commerciaux la grève humaine. Ce qui est vrai pour les facs est aussi vrai ailleurs : sur une rocade, quand des
milliers de conducteurs s'arrêtent, éteignent leur moteur, osent enfin sortir de leurs véhicules, pour discuter autour d’un
feu de palettes; dans un centre de tri quand le blocage des camions permet l'émergence d'une parole commune, vite
muselée par l'intervention du GIPN. Toute cette société fait songer au Surmâle de Jarry : c'est un cadavre dont on ne
pourra constater la mort que lorsque l'on aura arrêté la machine. C'est pourquoi monte de chacun de ses rouages le désir
que tout s'arrête, et c'est pourquoi ses gestionnaires ne reculeront devant rien pour la faire tourner toujours.
13.
Tant qu'existaient des organisations et un programme révolutionnaires, seule importait la finalité. Pour la révolution, tous
les moyens étaient bons. Puis sont venus, avec la perte de toute perspective révolutionnaire, les mouvements sociaux ; où
l'on s'agite et se congratule d'être « tous ensemble», sans plus savoir exactement à quelle fin. Et comme la fin fait défaut,
les moyens eux-mêmes se mettent à flotter. On ne sait plus trop comment faire, on fait des expériences. On se tape un peu
avec les flics, on manifeste un peu sauvagement, on s'amuse bien pendant l'occupation et puis quand tout retombe on
retourne à ses études, à son destin individualisé et l'on s'est fait quelques potes. Les mouvements offrent ce confort de ne
pas trop engager : ils ont un début, un apogée et un dénouement. Et quand le pouvoir sonne la fin de la récré, on n'a pas
trop de scrupule à retourner dans le rang : on n'en était pas trop sorti. Nous, nous disons que là où nous éprouvons de la
joie, là est notre destin ; que les fins sont immanentes aux moyens ; qu'il faut s'attacher aux pratiques qui nous comblent de
joie comme à nous-mêmes. « Et l’instant où j’ai été moi-même est effectivement la vie, la vie elle-même, la vie complète. »
Nous avons entrevu dans le blocage de l'économie et l'anéantissement de la police l'étincelle d'une vie historique à quoi
rien ne nous fera renoncer, quoi qu'il advienne.
14.
Hannah Arendt notait en 1970, au sujet des agitations étudiantes de l'époque : « La stérilité théorique de ce mouvement et
la pesante monotonie de ses analyses sont d’autant plus frappantes et regrettables que sa joie dans l’action fait plaisir à voir
(…) Ce qui peut le plus fortement faire douter de ce mouvement, en Amérique et en Europe occidentale, c'est une sorte
de curieux désespoir qui en paraît inséparable, comme si tous les participants étaient d'avance convaincus que leur
mouvement sera écrasé. » Une revue — L'Antenne — commentait en 1987 le mouvement étudiant de 1986 dans ces
termes : « Tout semble se passer comme si l’état de la société était devenu extrêmement favorable au surgissement de
mouvements de rue qui sont exclusivement des mouvements “d’expression”, comme on dit : soudains, spectaculaires,
énormes et, surtout, sans lendemain. » Plus que d’autres, les mouvements étudiants semblent grevés de cette néfaste idée
de mobilisation, qui contient comme son envers dépressif le nécessaire retour à la normale. En se mobilisant, c’est-à-dire en
négligeant, dans la lutte, de nous organiser sur la base de nos besoins, qui ne sont pas seulement besoin de dormir et de
manger, mais besoin de penser, d’aimer, de bâtir, d’étudier et de se reposer, d’être seul ou de faire bloc, en se mobilisant,
c’est-à-dire en mettant entre parenthèses tout cela, en mettant entre parenthèses tout ce qui nous attache à la vie, en
négligeant de s’en saisir collectivement, nous nous assurons que viendra le moment d’épuisement où chacun verra dans la
fin de la mobilisation une heureuse retrouvaille avec les habitudes délaissées, avec les passions cruciales, le tout sous
l’infect signe du privé. C’est au contraire par le souci de s’organiser sur la base de nos besoins que se construit, de crise en
mouvement, le parti de l’insurrection.
15.
Dans un monde de flux, le parti de l'insurrection ne peut être que parti du blocage, du blocage physique de toute la
circulation marchande, mais parce que ce monde de flux est lui-même le monde de l'absolue séparation, le parti de
l'insurrection doit aussi être parti de la communisation, parti de la mise en commun. Tôt ou tard, il nous faudra bien
bloquer Rungis, mais nous ne pourrons bloquer Rungis qu'à condition d'avoir dans le même temps résolu à l'échelle locale
la question du ravitaillement, d'avoir établi les solidarités nécessaires. S'il ne s'était agi que de contester le CPE, l'assemblée
souveraine aurait pu passer pour une forme d'organisation convenable. Mais si c'est un monde à l'agonie qu'il s'agit
d'abattre, la forme élémentaire de l'auto-organisation est la commune. La commune en tant que niveau où l'organisation du
blocage et celle de la vie partagée se rejoignent. Où l'on peut tout bloquer parce que l'on ne dépend plus de la circulation
générale, où l'on ne dépend plus de la circulation générale parce que l'on s'est organisé pour tout bloquer. Il pourrait
apparaître, dans le cours de cette reprise du territoire, que la métropole contemporaine, entièrement structurée par les flux,
n'est compatible avec aucune forme d'auto-organisation, et qu'elle doit donc être détruite de part en part. L'expérience du
processus insurrectionnel argentin de 2001, borné par l'extrême dépendance, notamment alimentaire, de Buenos-Aires, en
porte témoignage.
16.
Partout en France, dans le sillage du mouvement, des bandes se sont formées, des maisons ont été squattées, des noyaux
se sont constitués. Ils ne sont pas le fait d'anciens combattants, mais de ceux pour qui la lutte n'a pas été moyen d'une fin
— le retrait du CPE, mais moyen pur, forme désirable de la vie. De ceux qui ont éprouvé la seule communauté accessible,
peut-être, dans la métropole : celle que fonde la lutte pour sa destruction. D'année en année, de mouvement lycéen en
vagues d'incendies nocturnes, nous voyons imploser ce qu'il reste de cette société et, dans le même mouvement, s'agréger
un substrat toujours plus vaste, toujours plus dense de déserteurs. La question est : comment la désertion devient
conspiration ? Comment des bandes deviennent une force ? Quel type de force peut opérer le passage d'une situation de
crise, de mouvement, à une situation insurrectionnelle ? Ceux qui douteraient de notre capacité à intervenir d'une façon
historiquement décisive feraient bien de se rappeler comment dans les villes les plus remuantes — Rennes, Rouen, Caen,
Grenoble, Nantes, Strasbourg — un nombre infime de subversifs organisés a suffi à changer du tout au tout la texture
locale du mouvement.
17.
L'évanouissement éclair du mouvement s'explique aisément. Refusant d'identifier les syndicats, les médias, l'administration,
les anti-bloqueurs comme des ennemis, et refusant de les traiter comme tels, le mouvement les a laissés en devenir une
composante. Il a fait des AG avec eux, il les a parfois hués, mais il n'a jamais lutté contre eux, se figurant comme consensus
de la société civile contre le gouvernement. C'était une question de démocratie. Si bien que lorsque tout ce beau monde a
déclaré d’une seule voix la victoire et l’enterrement du mouvement, le vide s'est fait autour de nous : nous n'étions plus
qu'une poignée d'irréductibles à découvert.
18.
A l'évanouissement du mouvement, après l'annonce du retrait du CPE, ont répondu deux réflexes caractéristiques : le
réflexe militant et le réflexe activiste. D'un côté les croque-morts du mouvement appelaient à se remobiliser, sans trop y
croire eux-mêmes, et tentaient, au travers d'un quelconque «collectif de convergence des luttes» ou de « lutte contre la
répression » de recruter un peu de la chair fraîchement politisée. C'est le même réflexe qui préside maintenant aux divers
rassemblements de dépressifs d'obédience trotskyste, anarchiste ou autonome qui essaient de donner un avenir à un
mouvement qui se sera bien passé d'eux tant qu'il était vivant. De l'autre on voit gigoter tout un ensemble de groupes
d'actions qui rêvent de reproduire ce qu'ils ont vu ailleurs et qu'il faudrait déjà dépasser, qui mettront quelques semaines ou
quelques mois encore à épuiser, à force de volontarisme, ce qu'ils conservent de l'esprit du mouvement. Les uns bavardent,
mais les autres travaillent.
19.
Le mouvement n'a cessé de trébucher sur deux questions qui, pour finir, lui donnèrent le coup de grâce : la démocratie et
l'assemblée générale. Alors qu'il n'avait fallu que quelques dizaines d'énervés, au début du mouvement, pour bloquer un
amphi, un bâtiment, une fac, ce furent lors des votes de déblocage 500, 1000, 2000 personnes qui durent s'effacer devant
la « souveraineté » de l'assemblée générale. Bien souvent, c'est là, face à toute l'absurdité du jeu démocratique, que se sera
dévoilée la nature de l'affrontement recouvert par la question du blocage. Entre bloqueurs et anti-bloqueurs, après le vote,
on en sera enfin venu aux mains.
20.
L'assemblée, comme pratique, nous remonte d'époques où la vie, et donc la parole, étaient chargées de communauté.
Communauté ouvrière ou paysanne, guerrière ou populaire, guayaki ou hassidique. Il y a toujours eu une théâtralité, une
grégarité, un panoptisme, des enjeux de mainmise, de contrôle, d'hégémonie, dans les assemblées. Il n'y a plus maintenant
que cela. C'est pourquoi elles sont fuies. C'est pourquoi, là où n'a pu naître une assez large communauté de lutte, les AG se
tenaient sans rapport avec ce qui se passait dans la rue. Inadéquate à la pensée libre comme à l'organisation de l'action,
ignorante de l’amitié, l'assemblée est une forme vide, un simulacre bon à tout, et à rien. Devant cette évidence, des
camarades ont appelé, dans le cours du mouvement, à les déserter pour former des bandes. Ils ont opposé assemblée et
communauté. C'est une erreur. On n'appelle pas à la communauté ; elle survient, comme une bande se forme, sans
décision préalable. Si la parole tourne à vide dans les assemblées générales, ce n'est pas à cause des tours de parole, des
tribunes, des bureaucrates, c'est à cause de ce qui rend les tours de paroles, les tribunes et les bureaucrates possibles :
l'absence de toute communauté entre les êtres.
21.
Nous avions dit que nous reviendrions. Nous sommes revenus. Sur la Sorbonne brièvement réoccupée, une banderole
claquait au vent. On y lisait, dans ce soir d'orage : « Les mouvements sont faits pour mourir. Vive l’insurrection ! ».
22.
Vendredi 31 mars. Allocution sénile de Chirac. Des rassemblements spontanés en plusieurs points de Paris. Qui se
cherchent, se trouvent, convergent sur l'Elysée, refluent, obliquent, pour éviter la gendarmerie mobile. 3000 personnes de
8 heures du soir à 4 heures du matin. Une errance sauvage de 25 kilomètres. Foule de tous âges, de toutes tendances,
idéalement désarmée, désemparée par sa propre puissance sans emploi. Qui passe le pont de la Concorde, arrive sur
l'Assemblée Nationale avant les flics, qui y serait entrée si elle avait eu ne fût-ce qu'un pied-de-biche. Qui faillit forcer les
portes du Sénat. Passe devant le Palais de Justice. Qui remonte vers Barbès et ravage tout ce que les boulevards de
Sébastopol et du Magenta — le fameux « espace civilisé » du Magenta — recèlent de banques, d'agences d'intérim, de
brasseries branchées, au cri impérieux de « Paris, debout, réveille-toi ! ». Puis qui salue les prostituées de Pigalle, monte vers
le Sacré-Coeur — « Vive la Commune ! », entend-on dans les bouches avant de le lire, taggué sur l'ignoble édifice —,
échoue, là aussi, à y entrer pour l'incendier. Feu de joie, donc, devant le Sacré-Coeur. Un dernier Mac Do vole en éclat. Et
sur le chemin de la permanence de Pierre Lellouche, qui partira bientôt en miettes, cette dame d'une cinquantaine d'année
accoudée en nuisette à son balcon, qui passe à tue-tête « Les mauvais jours finiront » — il est trois heures du matin. Nous
avons parcouru ce soir-là, dans une récapitulation mélancolique, tout ce qu'il nous faudra, pour commencer, brûler.
Paris, juin 2006

* Quelques débiles de l’UNEF et d’ailleurs se sont permis de protester contre notre signature : qui représentons-nous ? et d'abord,
avons-nous été élus à la régulière ? par une assemblée souveraine ? Faut-il expliquer à ces tarés qu'un comité d'occupation est l'instance
logistique d'une occupation - ceux qui se chargent du ravitaillement, des tours de garde, de l'entretien des chiottes, etc. - et qu'un tel
comité « en exil», la Sorbonne étant militairement quadrillée, était un trait d'Umour, une contradiction dans les termes, un peu comme
un marxiste de bonne foi.
miguelito
 
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Invitation pour la rencontre des 14-15 octobre à Paris

Messagepar Léa » Lundi 25 Sep 2006 14:42

Invitation pour la rencontre des 14-15 octobre à Paris

Au mois de juin, quelques personnes ou groupes plus ou moins constitués de différentes villes de France se sont réunis à l'appel de l'ex-collectif « chômeurs, précaires, étudiants » à Toulouse (voir texte 1). Ceux qui ont répondu à cet appel se sont reconnus dans une tendance « ni CPE, ni CDI » qui a émergé durant le « mouvement anti-CPE », même si certains ont pu trouver ce mot d'ordre insatisfaisant et réducteur (voir texte 2).

Les discussions ont dépassé le bilan du mouvement, il a été question notamment des « émeutes de novembre 2005 ». Lors de cette rencontre, sont apparues la volonté de sortir des limitations catégorielles et celle de trouver comment se coordonner et s'organiser, sans retomber dans le réseau d'individus, ni dans une structure rigide et bureaucratique.

Une prochaine réunion a été décidée : elle se tiendra !

Cette rencontre qui était prévue autour du 30 septembre aura lieu finalement le week-end des 14 et 15 octobre 2006 à Paris (le lieu sera précisé plus tard sur la liste).

Les débats seront ce que nous en ferons mais, pour que les textes soient discutés, il est préférable qu'ils soient envoyés à l'avance sur la liste.

Pour notre part nous nous chargerons de la logistique : merci de préciser sur cette liste le nombre de personnes qui souhaitent venir pour les questions d'hébergement

Nous comptons sur votre participation, notamment en faisant circuler l'invitation à bon escient.

A bientôt.
Contact : petiteriviere [ @ ] lists.nokods.org

Annexes :

Texte 1 - Appel de Toulouse a écrit:Appel à coordination nationale des collectifs ni cpe ni cdi

Le dernier mouvement qui a été amorcé par le refus du CPE à mis en lumière une crise bien plus profonde. Comme pour la révolte de novembre 2005, les médias ont bien évidement caché l'essentiel : une partie de la population s'oppose à ce système et lutte en dehors du carcan politico-syndical habituel.

Pendant le mouvement les syndicats ont une fois de plus joué leur rôle de sabotage social en appelant pas à la grève générale. Depuis 1968 la place de ces syndicats au côté du pouvoir est évident, mais cette fois-ci, ils se sont complètement fait déborder par la spontanéité de la lutte. Des nouvelles méthodes ont été inventé : blocage économique comme en Argentine, appel direct à la grève général auprès des travailleurs, déménagement des ANPE et agences d'intérims... On a vu aussi beaucoup de textes circuler dans toute la France refusant le salariat, la valeur travail et le rapport marchand.

On pourrait dire qu'une tendance « Ni CPE-Ni CDI » a vu le jour spontanément. Pour toutes ses raisons l'ancien collectif Chômeur-Précaire-Etudiant de Toulouse fait un appel à une rencontre nationale auprès de toutes les personnes ayant lutté dans ce sens. Ce sera l'occasion d'échanger ensemble, de débattre et peut être de s'organiser en vue luttes futures.

Cette rencontre aura lieu le Samedi 17 et Dimanche 18 Juin au parc de la Mounéde à Toulouse à partir de 10H à l'occasion du festival L'ATIPIK. Des hébergements seront proposés.



Texte 2 - Contribution de Paris pour Toulouse a écrit:« Ni CPE, Ni CDI » Oui, mais non ...

Dès le début du mouvement, une tendance « ni CPE ni CDI » a vu le jour.

Cet énoncé a eu sa force et son efficacité en cela qu'il posait un dépassement de la seule question du CPE.

En effet, le refus du CPE pouvait s'entendre, et d'ailleurs certains l'exprimaient ainsi, comme l'aspiration à un emploi stable, assuré et sécurisé, incarné par l'idéal d'un « CDI pour tous ». « Ni CPE ni CDI » est une formulation qui présente, à notre sens, l'avantage de ne pas réduire la question de la précarité à une forme contractuelle : ce n'est pas la forme juridique que revêt le travail qui importe mais bel et bien les conditions matérielles imposées par sa restructuration. Non seulement certains CDI sont précaires (caissières, temps partiels, équipiers de fast-food, par exemple : autant d'emplois, souvent en CDI, où les horaires et les tâches sont ajustés au gré des patrons, le salaire minable et la démission prévue dès le début), mais encore, tendanciellement, la précarité touche toutes les formes d'emploi. Ainsi, l'invocation d'un CDI comme forme idéale du travail procède d'une illusion. Cependant, si la précarité est en effet le mouvement général de la restructuration du salariat, il ne s'agit pas pour nous de la poser comme le mal absolu qui contamine l'organisation du travail.

Le mouvement de précarisation constitue le modèle actualisé (dans la présente phase de restructuration du capital) de gestion de la main-d'oeuvre et de vente de la force de travail. Ce constat fait, pas question pour autant de revenir à un autre modèle qui, en son temps, révolu, et de manière différente, permettait l'organisation de cette même vente : plein-emploi et compromis fordiste, salariat stabilisé dans l'espace d'une même usine ou dans une même branche le temps de toute une vie, encadrement des loisirs et du temps hors travail pour assurer la reproduction de la main-d'oeuvre, possibilité d'augmentation salariale et de promotion, représentativité syndicale et défense du travailleur... Le problème est bien moins l'organisation de l'exploitation que l'exploitation elle-même.

Il ne s'agit pas pour nous de retomber dans le partage entre bon et mauvais travail. Ni de poser un refus aristocratique, individuel et toujours sans effet du travail. « Faut vraiment être con pour bosser ». Mais si les gens travaillent ce n'est sûrement pas par plaisir mais bien pour de l'argent. Du potager autogéré à la communauté Emmaüs, personne n'a encore trouvé - et pour cause - de solution alternative, massive et offensive au problème de la subsistance dans un monde capitaliste ...

Nous voulons poser au contraire la question du travail et de ses formes actuelles comme quelque chose qui nous tient tous, avec ou sans emploi, et contre quoi nous voulons nous organiser et lutter.

Or, à notre connaissance, le slogan « ni CPE ni CDI » n'a jamais vraiment pu la poser, ni même pu déboucher sur des formes d'actions. Ne pas poser cette question, y compris jusque dans la rigidification purement étudiante du mouvement (comme si les étudiants ne travaillaient pas...) a été pour nous une des impasses de ce mouvement.

Pour notre part, dès l'occupation de l'EHESS, nous avons essayé de constituer un lieu d'organisation pour ceux qui ne trouvaient pas leur place dans les AGs étudiantes. Nous ne pouvons pas dire pour autant que cela a permis de dépasser en actes la question du corporatisme, ni de trouver des modes d'organisation efficaces, ni de poser la question du travail de manière satisfaisante.

Cette expérience a quand même permis de produire collectivement quelques textes que, nous qui avons continué à nous réunir après l'AG en lutte, nous apportons à cette rencontre en plus de cette contribution rétrospective au débat.

Paris, Juin 2006
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Messagepar Paul Anton » Dimanche 22 Oct 2006 17:50

Des nouvelles de cette réunion :?: :wink:
"Salut Carmela, je suis chez FIAT ! Je vais bien... Si, si, nous pouvons parler tranquillement, c'est Agnelli qui paye !"
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Messagepar Léa » Lundi 23 Oct 2006 1:51

Je n'ai pas pu m'y rendre :cry: Je tacherais de me renseigner :wink:
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Messagepar Federica_M » Lundi 23 Oct 2006 16:51

Et ben nous on y était, na na nèreuh !

:-)
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Messagepar miguelito » Jeudi 02 Nov 2006 16:16

Et alors, ça a dit quoi ?
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Le problème

Messagepar Federica_M » Jeudi 02 Nov 2006 17:18

C'est bien le problème : il s'est dit bcp ... mais au final ...

De mon pointd e vue, l'aspect positif c'est plutôt finalement les rencontres et le process de dialogue lui même que ce qu'il en ressort.
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