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Re: Caen : mouvement de lutte éducation ?

MessagePosté: Vendredi 24 Avr 2009 13:40
par zebulon
...


La démarche des compagnons de l'AIT de Caen est payante !


Autre action populaire, les opérations énergie gratuite dans les hôpitaux, comme à Caen, où des agents * ont coupé le compteur du CHU.


* il s'agit d'agents EDF http://www.cgt.fr/spip.php?article36010


En outre lundi 20 avril, juste après l'action d'occupation du Conseil d'Administration de la fac du Mirail, où la présidence de l'université s'est faite congédiée par 400 personnes, il s'est tenue une AG d'occupation.
Un cénétiste de l'AIT, présent lors de cette AG, est alors intervenu à plusieurs reprises et a signalé sous la forme de proposition que si l'on voulait renforcer le rapport de force, il était nécessaire que les étudiants en lutte rencontrent les autres travailleurs en lutte à l'extèrieur de l'université.
Cette proposition a été votée par l'AG d'occupation et hier jeudi 23 avril les étudiants de la fac du Mirail se sont solidarisés et ont rejoint en nombre les électriciens en grève d'EDF...
Je n'ai pas plus d'infos pour l'instant mais dés qu'on les aura on les répercutera sur ce forum.

Le cénétiste de l'AIT a illustré ses propos d'une part en citant le fructueux barrage filtrant réalisé aux portes d'Airbus il y a deux semaines par les étudiants de la fac du Mirail, au cours duquel le flux de la circulation a été ralenti sur plus de 10 kms et qui a permis aux étudiant et aux travailleurs d'Airbus de se rencontrer. Ils ont ensuite distribué ensemble les tracts amenés par les étudiants où il était question notamment de l'auto-organisation de la lutte. Trois jours plus tard Airbus a subi un débrayage spontané de plusieurs heures auto-organisé par les travailleurs, c'est à dire sans les syndicats !

D'autres part , suite au compte rendu des compagnons de l'AIT de Caen sur leur lutte locale, le cénétiste de l'AIT a également cité en exemple l'action collective des étudiants de Caen qui sont allés en dehors de leur université rencontrer à de multiples reprises les travailleurs en lutte dans d'autres entreprises et d'autres secteurs...

On notera que cet exemple prouve à nouveau l'efficacité de la lutte fédérée par le réseau, autant qu'il prouve aussi l'efficacité de ses outils...

Solidairement,
La Lutte continue...


_________________________________
La liberté des uns se conjugue AVEC celle des autres

Re: Caen : mouvement de lutte éducation ?

MessagePosté: Vendredi 24 Avr 2009 14:30
par lucien
zebulon a écrit:On notera que cet exemple prouve à nouveau l'efficacité de la lutte fédérée par le réseau, autant qu'il prouve aussi l'efficacité de ses outils...
Rien que ça ?! :lol:

Re: Caen : mouvement de lutte éducation ?

MessagePosté: Vendredi 24 Avr 2009 14:40
par lucien
Automobile : les salariés amplifient leurs actions

Valeo, Renault Trucks, PSA Peugeot Citroën... Ils étaient près de 200 hier au rond-point de la route de Paris, qu'ils ont filtré jusqu'en début d'après-midi.
Reportage

« Ce n'est pas quand on recevra nos lettres de licenciement qu'il faudra se mobiliser. C'est dès maintenant. » Délégué CGT chez Valeo Mondeville, où 116 suppressions de postes sont prévues, Denis Bréant résume le sentiment des salariés de l'automobile, hier matin. À l'appel de la CGT Métallurgie, ils étaient environ 200 à manifester sur un rond-point, route de Paris, en filtrant les accès ainsi qu'une sortie de périphérique.

« Si on ne fait rien, c'est sûr on va perdre nos jobs. Et avec des indemnités de misère, explique un agent de production employé chez Valeo. Tant qu'on bouge, on n'est pas morts. » Près de 4 000 tracts ont été distribués aux automobilistes. Objectif : « Sensibiliser le public. Dans la région, la filière automobile représente 40 000 emplois. Si elle disparaît, tout le monde en pâtira, décrit Denis Bréant. On aimerait que ce soir, les familles discutent. Et que jeudi prochain, elles viennent nous rejoindre. »

« Leur action est justifiée »

Sur la pelouse du rond-point, des pneus brûlent, libérant une épaisse fumée noire. Sur la route, les véhicules avancent au pas. Plutôt calmement. « Leur action est justifiée », estime Ourida, 62 ans, automobiliste. Des entreprises prennent l'occasion de la crise pour restructurer. »

Au volant d'un autre véhicule, un étudiant constate « qu'ils sont peut-être obligés de faire ce genre d'action ». Même s'il doute de leur effet. Un troisième automobiliste semble plus excédé : « Je suis avec vous, mais là je travaille : laissez-moi passer. Je me suis à mon compte. Et pour moi aussi, c'est la crise, la galère totale. »

Bosch, Renault Trucks, PSA Peugeot Citroën... Parmi les manifestants, outre Valeo, des salariés de la plupart des entreprises automobiles de l'agglomération. « Il faut que toutes les suppressions d'emploi soient arrêtées », plaide Jean-Luc Lemarois, délégué CGT à l'usine PSA Peugeot-Citroën de Cormelles, où un plan de départs volontaires est en cours. « Des licenciements déguisés », estime le syndicaliste.

Qui embraie : « Les trois milliards par exemple donnés à PSA par l'État, les salariés n'en voient pas la couleur. En revanche, eux, ils continuent à dégraisser les effectifs. Et les actionnaires s'en mettent plein les poches. Nous, on a du mal à acheter un beafsteak. » Employée chez Bosch, où huit jours de chômage partiel sont programmés ce mois, Josiane pense aussi que « la crise a bon dos ».

« Sauvegarder nos emplois »

Jacques et Marc viennent eux de chez Renault Trucks. « La filière est en pleine crise. On est là pour sauvegarder nos emplois. » Le constructeur de camions envisageait initialement 90 jours de chômage partiel sur l'année. « Cela pourrait finalement devenir 120 », s'inquiètent-ils. La production du camion Magmum devrait même s'arrêter « en mai, pour une reprise possible en septembre ». En outre, les congés d'été pourraient passer de quatre semaines à six, voire plus.

Comme deux représentants de Filtrauto, à Vire, cette caissière de Carrefour Mondeville est venue « par solidarité ». Ainsi qu'une bonne trentaine d'étudiants et enseignants-chercheurs. « C'est très bien de mener des actions communes. De montrer que les gens peuvent s'associer pour obtenir des choses », décrit Romain, étudiant en histoire. Son père travaille lui-même chez Wagon automotive, à Orbec, où 70 licenciements ont été annoncés.

À midi, l'action s'est terminée par un pique-nique géant sur le rond-point. Pique-nique auquel se sont joints environ 200 électriciens et gaziers.

Virginie JAMIN.
Ouest-France

Image
Les salariés ont filtré les accès au rond-point, de 10 h 30 au début d'après-midi.

Re: Caen : mouvement de lutte éducation ?

MessagePosté: Vendredi 24 Avr 2009 17:00
par zebulon
...

De la théorie à la pratique... BRAVO !

Re: Caen : mouvement de lutte éducation ?

MessagePosté: Samedi 25 Avr 2009 21:23
par diogène
AG du 21 avril 2009

Environ mille personnes et c’est toujours les mêmes intervenants. Si certaines prises de parole sont pertinentes en posant de nouvelles problématiques, les autres ne font que reprendre des lieux communs. Le locuteur devient laudateur, le monologue vise l’applaudimètre. Si quelques centaines de personnes continuent de prendre part aux manifestations et cinq cents personnes, sur le millier présent à cette AG, ont voté le blocage, ce n’est pas le cas pour le reste : comité de lutte, commissions et blocage sont désertés. Il n’y a guère que quelques dizaines de personnes (issues en grande partie du milieu militant) qui s’y investissent. Pourquoi ? Comment expliquer cette situation ? Dès lors, la question du blocage ne présente plus aucun intérêt en terme de massification (certes, le contraire aurait pu être le cas).

La question qui se pose est : pourquoi, convaincus que le blocage introduit plus de problème qu’il n’en résout, profs et militants de diverses obédiences laissent-ils faire ? Diogène polycéphaloscribe doit unifier ces éléments pour comprendre. Son impression, du moins hypothèse, c’est que personne n’ignore la faiblesse de la mobilisation, ce qui implique tactiquement d’élever l’illusion en art absolu. Aux adeptes de cela, Diogène rétorque « illusion de l’illusion », car l’adversaire, formé par la même histoire et institutions connaît fort bien la réalité et la tactique de l’illusion. Mieux, il va chercher à dresser les étudiants voulant valider leur année par les examens contre les blocages des bâtiments qui impliquent les blocages des épreuves.

La CNT-AIT, dubitative sur le blocage, s’est joint à celles-ceux qui demandent la validation automatique des cursus affectés par les mouvements de lutte. L’AG a voté la validation automatique ; reste le poids d’une décision de 500 étudiants sur les 22 000 que compte l’université.

La CNT-AIT a insisté et demandé de réfléchir à la manière de maintenir la mobilisation pendant les vacances scolaires et a appelé à agir sur la ville et participer aux actions des divers secteurs salariés.

Jeudi 23 avril 2009

A 10 h 30, nous sommes avec ceux de Valéo pour les soutenir sur leur barrage filtrant. Les Valéo semblent « tendance », ça devient la mode : tout le gratin militant caennais s’y presse sur le coup de midi pour taper la merguez ! Curieux… Même ce gus de la CGT spécialiste en Service d’Ordre et qui venait nous faire chier pendant les manifs anti-CPE/CNE, nous observe en coin avec l’air de « qui ne comprend pas »…

14 heures : départ de l’université vers France 3 pour demander un direct, puis Ouest-France. Que les temps changent ! Hier, c’était radical de critiquer et virer la presse. Aujourd’hui, les mêmes se taisent et négocient des directs. Des salariés d’EDF qui opéraient un barrage filtrant près de France 3 nous rejoignent et réclament eux aussi un direct. Se joignant à notre rassemblement, ils sont interpellés et invités à la réunion interpro prévue le mercredi 29 à 17 heures à l’université. Le slogan « grève générale » est repris par tous. Dire qu’il y a à peine trois ans, on se faisait critiquer ou moquer pour ce slogan, trop anarchosyndicaliste au goût de certains.

A bientôt !

:arrow:

Appel à Assemblée Générale interprofessionnelle .

Depuis plus de deux mois, le secteur de l’enseignement supérieur et de la recherche est en lutte contre toute une série de réformes et décrets touchant la totalité des personnels et usagers de ce service public. Deux mois durant lesquels le gouvernement n’a répondu qu’avec mépris et violence.

Et, dans une même logique, c’est l’ensemble des secteurs assurant des missions de services publics (Santé, Education, Transports, Electricité etc.) qui est gravement menacé. Quant aux salariés du privé, ils paient le prix fort d’une crise (chômage partiel, licenciements, etc.) qu’ils n’ont pas choisi (parachutes dorés, explosion des bénéfices pour les grandes firmes etc.).

La résistance doit s’organiser, mais elle doit réussir à dépasser les corporatismes. C’est pourquoi des étudiants, des enseignants-chercheurs, des salariés du CHU, des salariés en piquets de Valéo, Bosch etc. se sont rencontrés dans le but d’organiser une première réunion commune.

Réunis en réunion le vendredi 17 avril, et partant tous d’un même constat sur la nécessité de mobilisations unitaires public-privé à REPETITION, il a été décidé d’appeler à une Assemblée Générale interprofessionnelle, regroupant des syndiqués et non-syndiqués, salariés ou non, le mercredi 29 avril 2009 à 17h à l’Université de Caen (Campus 1) rendez-vous au Phénix (arrêt de tram université). L’enjeu sera d’y prendre un certain nombre de décisions communes en termes de revendications et de possibilités d’action.

Des axes revendicatifs ont déjà été établis : l’accès gratuit aux besoins fondamentaux (qui passe par le refus des réformes allant à l’encontre de ce principe), et le refus des licenciements et des suppressions de postes. Un constat : les mobilisations tous les un mois et demi ne suffisent pas.

La situation appelle à une résistance massive, déterminée, et généralisée à tous les secteurs !

Collectif interpro.

Re: Caen : mouvement de lutte éducation ?

MessagePosté: Mercredi 06 Mai 2009 8:11
par leodubas

Re: Caen : mouvement de lutte éducation ?

MessagePosté: Samedi 09 Mai 2009 20:22
par diogène
AG du personnel de l’université du 28 avril 2009

Celle-ci n’est pas l’AG centrale du mardi qui est ouverte à tous et qui constitue pour l’instant le cœur du mouvement. Environ 150 personnes font le constat que rien ne bouge et que le gouvernement n’a cure de la mobilisation. Cette dernière patine au campus 2 : quinze personnes en AG.

- l’AG nomme ses mandatés pour la prochaine coordination
- sur la question des examens, on retrouve les mêmes débats et contradictions. L’option de validation automatique votée par l’AG centrale n’est pas rappelée dans cette AG. La tendance de cette AG est certes de discuter la modalité des examens mais de conserver leur existence comme valeur du diplôme. Une idée qui fait son chemin est celle d’empêcher les examens tant que l’adversaire ne cède pas. Certains, dont des « unefs », soulignent le piège du blocage des examens qui déclencheraient une hostilité massive des étudiants. L’AG ne se positionne pas là-dessus.

Diogène… Mon ami Diogène…

Ce problème des examens est révélateur des contradictions de la situation. D’un côté, on dénonce la sélection, la fac marchandise, la logique des mieux lotis, la financiarisation de l’éducation, l’idéologie de la réussite et du pognon, le manque d’intérêt envers les moins favorisés... Bref le capitalisme. De l’autre, on veut conserver une valeur marchande ou sociale aux diplômes. On feint d’ignorer qu’une grande partie des universités ne sont plus le lieu de l’élite mais des couches en voie de paupérisation et prolétarisation. Voyons à quel salaire « un master » est embauché… en dessous, n’en parlons même pas. Néanmoins, l’obtention du diplôme est vitale pour ceux qui ne peuvent pour des raisons économiques différer leur entrée dans le salariat, sans oublier ceux qui sont déjà précaires ou astreints aux jobs d’été et qui ne peuvent réviser sérieusement. Pourquoi leur infliger une double peine par le report des examens ?

L’AG décide également la mise en place d’un comité de lutte et d’action du personnel.

Diogène : c’est plutôt une bonne chose, mais comment cela va-t-il s’articuler avec l’AG centrale ?

Une proposition est faite de cours sur les voies du tram. Selon un intervenant, membre de la CNT-AIT, cette proposition est inadéquate. S’agit-il d’une incohérence, voire d’une lâcheté ? En effet, l’AG centrale a voté le principe de ne pas nuire aux usagers mais aux décideurs. Exemple : laisser circuler les usagers des transports mais faire dysfonctionner la billetterie. Car il faut nuire aux profiteurs, pas aux victimes. Dans cette logique, c’est le gouvernement et ses alliés qui agencent les diverses attaques : c’est à eux qu’il faut s’en prendre.

Sans décider des cibles, l’AG ira dans le sens de cette intervention.

L'après-midi

200 personnes occupent la voie de circulation devant l'université. Quelques pneus et palettes sont enflammés sur le coup de 17 heures. Les gardes mobiles interviennent et gazent à plusieurs reprises. La pluie s'annonce. Tout le monde se disperse.

AG de l'université du jeudi 30 avril 2009.

Prévisible... L'AG est accaparée par l'histoire du blocage. La présidente et le vice-président de l'université interviennent pour faire cesser le blocage et annoncent que 75% des épreuves sont effectuées, le reste est le plus affectée par le blocage. Ils signalent aussi que la validation automatique des diplômes n'est pas de leur ressort. Celle-ci, d'après-eux, serait un désastre sur la qualité des diplômes et le label universitaire. La droite, quant à elle, critique le blocage en faisant l'apologie des réformes et prétend défendre les plus fragiles. Pure démagogie. Malgré le courage de certains qui défendent le blocage jusqu'au bout, celui-ci ne l'emporte pas (900 pour - 1400 contre). Fin de l'illusion...
Autre problème : un intervenant fait une critique vis-à-vis du comité de lutte qui s'est substitué à l'AG et à son rôle décisionnaire.

Vendredi 1er mai

A peine 100 personnes dans le cortège partant de l'université pour rejoindre la manifestation du centre vile (beaucoup peut être ont rejoint directement leurs organisations respectives).

14 heures, la CGT organise une fête pour son centenaire qui n'est pas un franc succès. Une AG interpro se tient en même temps. Là aussi, le constat est identique (seulement 80 personnes).

La CNT-AIT a fait son défilé et festoyé l'après-midi.

Tract diffé sur le lieu du rassemblement (place Saint-Pierre) :

COMBIEN DE TEMPS ALLONS-NOUS ENDURER ÇA ?

Le pire est à venir et nous le savons tous avec la crise…
Pour maintenir leur marge d’exploitation et les dividendes des actionnaires, le patronat met en place une nouvelle course au taux de profit, comme toujours au détriment de la condition salariale : licenciements massifs, fermetures de sites jugés peu productifs et augmentation de la productivité. Ayant l’obligation de réduire sa dette, aggravée par la crise, et conformément au traité de Maastricht (maintenir les équilibres budgétaires), l’Etat accentue son attaque de l’ensemble de la protection sociale.
Les conditions de vie de toute une frange de la population vont se détériorer davantage, tandis qu’une minorité continuera à bien profiter des bénéfices que le système capitaliste lui procure.
Face à cela, soit nous plions, soit nous choisissons la révolte
Les dernières manifestations massives signent peut être la fin d’une atonie généralisée. Les réactions offensives (séquestrations, destructions de matériels, occupations, etc.) de plusieurs luttes salariales en sont la preuve et renouent avec ce syndicalisme d’action directe (agir soi-même sans aucun intermédiaire). Mieux encore, l’usage d’assemblées générales et de comités de lutte (de salariés syndiqués ou non) réintroduit les principes de la démocratie directe, comme à l’usine Caterpillar à Grenoble… Ce vieux fond anarchosyndicaliste refait surface, n’en déplaise aux adeptes du dialogue social.
Néanmoins, nous ne gagnerons pas en luttant boîte par boîte. Le pouvoir sait donner à l’un pour reprendre à l’autre et user ainsi de la division. Ce que le pouvoir concède en hausse de salaires est repris au consommateur par l’inflation ; ce qu’il octroie au travailleur, il le récupère sur l’usager. De plus, dans l’économie de marché, toute ratification d’une convention collective avantageuse aboutit à une faiblesse concurrentielle. Le résultat est que l’entreprise restructure en dénonçant la dite convention collective (les 35 heures, par exemple). La seule manière d’empêcher la mise en concurrence de la force de travail est d’imposer un statut unique. Pour obtenir cela, il faut avancer un cadre revendicatif unifiant qui permette une réelle convergence et massification des luttes actuelles et futures.
Une ébauche de cette démarche est en cours à l’université de Caen. En effet, depuis le mois de novembre, un mouvement dénonce des réformes attaquant notamment le statut des enseignants chercheurs… A ces revendications catégorielles, la CNT-AIT et d’autres ont proposé à l’assemblée générale un cadre revendicatif plus large (accès aux besoins fondamentaux) et d’agir, en vue d’une convergence et d’une massification de la lutte, en direction des autres secteurs salariés et plus largement de la population. Approuvée par l’assemblée générale, la première traduction significative est le soutien apporté aux salariés de Valéo (présence au piquet de grève et action commune lors du barrage filtrant au rond-point de Mondeville). D’autre part, des réunions visant à des actions communes sur la ville se mettent en place à l’université1. Nous invitons tous ceux qui partagent ce constat à participer à cette initiative en prenant contact auprès de l’assemblée générale (tous les mardis à 10 heures, au campus 1 de l’université de Caen).

Contre l’Etat et le patronat,
Résistance populaire autonome !
Construisons la grève générale !

CNT/AIT
Association Internationale des Travailleurs
BP 2010
14089 Caen
http://cnt.ait.caen.free.fr
cnt.ait.caen@free.fr

Re: Caen : mouvement de lutte éducation ?

MessagePosté: Dimanche 10 Mai 2009 5:09
par diogène
Mardi 5 mai 2009 – AG centrale à l’université de Caen

L’AG centrale est accaparée par un débat vif et tendu sur le blocage. Les anti-bloqueurs : « Vous prenez en otage les examens. Ceux sont les boursiers qui sont pénalisés ». UNEF : « le blocage est négatif ; n’ayant pas produit de massification, il vide l’université, les étudiants ne participent pas au blocage, qui n’implique que quelques dizaines de personnes. De plus, l’occupation est critiquable (alcool, dégradation, casse, etc.)… Cette occupation, qui empêche les examens, risque de pousser une majorité d’étudiants pénalisés, qui pourtant sont contre la LRU, à se retourner contre la lutte. Le blocage fait le jeu du gouvernement ».

Certains pro-blocages affirment que la non tenue des examens, au contraire, fragilise le pouvoir. Les votes sur le blocage : 1000 pour, 750 contre, 456 pour l’arrêt du blocage et faire du mardi et du jeudi des journées banalisées pour maintenir la mobilisation. Vif débat sur le sens du vote ; l’université est quand même réoccupée.

Diogène : l’AG est centrée sur le blocage ; il n’y a plus de débat, d’analyse, de contrôle. Plus personne ne sait qui fait quoi. La lutte est confuse mais plusieurs centaines de personnes restent mobilisées.

L’après-midi, deux barrages sont construits devant l’université, entravant la chaussée et la voie du tram. Rapidement, les mobiles gazent, chargent et détruisent le barrage. Lors de cette charge, les manifestants fuient sur le campus. Une jeune fille, paraît-il du PS ou sympathisante, est violemment heurtée par un policier ; très secouée, elle tombe à terre et reste inerte. Un de la CNT-AIT, pressentant un mauvais quart d’heure pour la jeune fille, hèle des manifestants et réussit à constituer une chaîne de personnes qui s’avance pour s’interposer. Cela permettra à la jeune fille, tout en boitant, de rejoindre le campus.

Des œufs sont envoyés sur la police, qui recule. Des manifestants rejoignent les voies. Recharge : une pluie de lacrymos et de détonantes tombe sur le campus. Une nouvelle interpellation, qui énerve les manifestants : des canettes fusent ; regazage… mais des pierres commencent à être utilisées comme projectiles. Une centaine de personnes, avec ou sans cagoule, s’oppose aux forces de l’ordre, tandis que plusieurs centaines d’autres, postées sur le campus, observent et semblent plutôt favorables aux manifestants. Des militants de tout bord politique et syndical sont présents et observent ; ils circulent parmi les manifestants, dans l’optique d’éviter de graves problèmes. Chez les deux cents personnes faisant face aux policiers, avec ou sans cagoule (on voit même quelques donneurs de leçons de radicalité bien planqués à l’arrière) et où se retrouvent toutes les sensibilités idéologiques présentes dans la mobilisation, un point commun caractérise ceux qui lançaient des projectiles et ceux qui n’en lançaient pas : la sanctuarisation du campus.

Les affrontements prennent fin. Une manifestation part vers le commissariat pour demander la libération de l’interpellée. Celle-ci sera relâchée rapidement mais inculpée d’outrage et rébellion. Jugement prévu en juillet.


Mercredi 6 mai 2009 – AG interpro

Sont décidées :
- la création d’un collectif de luttes inter catégorielles de Caen (CLIC), qui se réunira tous les mardis à 18 h à l’université
- la diffusion d’un tract sous ce sigle (à télécharger ici), avec les Valéo,

Diogène : cette AG est plus productive que la précédente mais cette structure est fragile : peu de secteurs représentés ; il s’agit principalement d’individualités. Il faut donc rester modestes et prudents, même si cela est plutôt encourageant. Ceux qui lisent les posts de Diogène savent que la CNT-AIT défend depuis fort longtemps cette démarche de convergence des luttes.


Jeudi 7, 14 heures – Manif’ de popularisation

300-400 personnes quittent l’université. Sur certaines vitrines, sont collés des A5 critiquant les établissements visés. Pas mal d’encagoulé(e)s pour protester contre le projet anti-cagoule du ministre de l’intérieur. Réapparition de quelques rejets anti-journalistes, pourtant l’AG a voté le principe de présence des médias. La manif’ va au siège du PS, c’est la deuxième fois, où quelques uns décrient le PS. La manifestation fond de moitié. Retour à la fac pour une soirée slam dans les lieux.

:arrow: Tract de l’AG diffusé durant la manif’ : recto/verso

Diogène : beaucoup de personnes dans la mobilisation, électeurs ou pas du PS, ne comprennent pas cette fixation, car, parallèlement, le patronat et l’UMP ne sont pas visés. Faut-il y voir, au-delà d’une légitime critique de la social-démocratie, de petits jeux politiciens du genre « taper sur le PS pour déplacer une partie de l’électorat sur sa gauche » ? Ceux de la CNT-AIT ne mangent pas de ce pain et ne se sont pas gênés dans les AG pour désigner à la vindicte le patronat et l’UMP.


Vendredi 8, matin - université de Caen

La vingtaine de personnes occupant les lieux est expulsée et l’évènement fait l’objet d’une médiatisation à l’échelle nationale. Déclaration du commissaire : « il n’y a pas eu de problèmes pour interpeller ces personnes car elles étaient hébétées par l’alcool… Il y avait un sdf et une personne simplement venue danser. » La présidente montre les bouteilles vides, les murs couverts de graffitis, le matériel endommagé : une plainte est déposée par celle-ci.

Diogène : quels que soient les arguments propagandistes des uns et des autres sur les blocages, la CNT-AIT s’est toujours exprimée sur le vécu des blocages et sur certains comportements et actions, car les aspects positifs ou négatifs d’une occupation ont des répercussions sur la massification d’une mobilisation. La CNT-AIT ayant dit publiquement ce qu’elle pensait, on comprendra, vu le contexte, que Diogène ne développe pas davantage sur ce problème mais rappelle chacun à ses silences. Les abus de quelques uns, habilement et excessivement médiatisés par l’adversaire, ne peuvent occulter les centaines de personnes mobilisées, luttant bravement, avec générosité et abnégation, pour les intérêts d’une grande majorité de la population.

Re: Caen : mouvement de lutte

MessagePosté: Dimanche 10 Mai 2009 10:49
par Vivien
Si le nombre relativement important d'étudiants présents aux AG "inter-pro" révèle, pour certains des participants, une volonté sincère d'échapper au corporatisme en élargissant la lutte vers les autres catégories, ces réunions me paraissent être un piège, nous détournant de la véritable solidarité. Évidement, la réponse la plus appropriée aux attaques d'un système pourrissant est notre capacité à nous unir dans les luttes, en brisant les divisions de secteurs, de générations et les frontières nationales. En ce sens, la simple existence de telles structures montrent que le prolétariat est en train d'essayer de se rapproprier ses armes. Néanmoins, les catégories représentées dans ces AG inter-pro, en dehors des étudiants, sont constituées, quasi-uniquement, de membres de syndicats qui, finalement, s'interposent entre les ouvriers, les chômeurs, les étudiants, etc. Alors, oui, les syndiqués sont eux-mêmes exploités et peuvent, à l'occasion, être emportés par la "vague" mais ils restent les instruments, sans doute aveugles, d'organes d'Etat, à la solde de la bourgeoisie. Et pour cause : les ouvriers des usines "représentées" dans ces AG savent-ils seulement que de telles réunions existent ? Les étudiants désireux d'élargir la lutte sont ainsi piégés ; on leur tapote l'épaule en les félicitant, on débat autour de la question d'une banderole commune, etc. mais ce n'est qu'un simulacre d'unité.

Pour sortir réellement des murs de leur université, les étudiants doivent, armés de revendications extra-catégorielles, aller à la rencontre des travailleurs, en organisant des assemblées générales ouvertes à tous dans les quartiers populaires, en envoyant des délégations massives sur les lieux de travail afin de discuter collectivement du contexte d'attaque généralisée dans lequel s'inscrivent de telles démarches, etc.

Ne nous laissons pas enfermer dans les pièges que nous tendent les syndicats, dans de fausses discussions simulant la convergence des luttes.

V.

Re: Caen : mouvement de lutte éducation ?

MessagePosté: Dimanche 10 Mai 2009 11:04
par NOSOTROS
signé : yapluka et son pote faukon'

Re: Caen : mouvement de lutte éducation ?

MessagePosté: Dimanche 10 Mai 2009 11:18
par Vivien
NOSOTROS a écrit:signé : yapluka et son pote faukon'

Pour ce qui me concerne, ce sont des choses auxquelles j'œuvre avec, certes, mes maigres moyens. Néanmoins, il a été plusieurs fois, par mes soins, proposé en AG de voter de telles délégations massives et, c'est grâce à l'intervention des révolutionnaires, notamment l'AIT de Caen, que j'ai soutenu, que l'AG de l'université est ouverte à tous. De même, avec un copain de l'AIT, nous avons largement contribué à constituer un cercle de discussion particulièrement intéressant, pour lequel nous t'invitons, toi qui semble si bien connaitre l'engagement de chacun, à participer afin de nous faire profiter de ton expertise (et surtout de ton étonnant sens de l'argumentation... et de la synthèse).

V.

EDIT : Je réponds quoique j'ai le profond sentiment que ce qui te fais intervenir, comme précédemment, c'est surtout que voir les sympathisants ou militants du CCI agir concrètement, comme ils le font, en fait, chaque jour, invalide ta théorie hystérique d'une CCI monolithique et bavard.

Re: Caen : mouvement de lutte éducation ?

MessagePosté: Lundi 11 Mai 2009 17:04
par goldfax
Peut-on revenir au sujet initial, s'il vous plaît ? :evil:

Re: Caen : mouvement de lutte éducation ?

MessagePosté: Mardi 12 Mai 2009 22:16
par NOSOTROS
Pour scinder la discussion, je propose de continuer sur ce dernier sujet ici :

viewtopic.php?f=19&t=4777

Re: Caen : mouvement de lutte éducation ?

MessagePosté: Samedi 16 Mai 2009 21:53
par diogène
Lundi 11 mai 2009

Un groupe de salariés, chômeurs, précaires et étudiants a diffusé le tract du CLIC aux entrées de Valéo, Bosch et sur plusieurs sites de l’immense zone industrielle de Mondeville. L’accueil fût plutôt bon et c’est près de 2000 tracts fournis par la CNT-AIT et par ceux de Valéo qui furent diffusés.

Diogène : il reste encore beaucoup à faire pour consolider le CLIC et par là même une structuration horizontale pour la convergence. Sur celle-ci, nous resterons prudents. Rien n’est encore très significatif mais la persévérance est la nécessité du moment.


Mardi 12 mai 2009 – AG centrale, université de Caen

Les esprits s’échauffent. Les divergences d’organisation commencent à apparaître, surtout que le sous-jacent de l’occupation de jeudi soir crée un malaise. L’AG durera 6 heures. On débat pour voter si on vote et les divers propositions de vote. Au final, le blocage est reconduit mais non acté vu la fermeture administrative de l’université (avec en prime, plus de locaux pour se réunir).

Vers 17 heures, départ en manifestation de plusieurs centaines de personnes.

18 heures : la réunion du CLIC est annulée vue la durée de l’AG. Quelques personnes demandent des explications et sont surprises de l’unilatéralité de cette annulation. Décision est prise de discuter de cela et des dates de réunion à la prochaine AG du CLIC.

20 heures : une quarantaine de personnes tentent de pénétrer dans les locaux universitaires pour y tenir un comité de lutte. Les forces de l’ordre interpelleront et contrôleront ces personnes.


Mercredi 13 mai

Une cinquantaine de personnes débattent sur l’initiative de certaines personnes qui ont rencontré la présidente de l’université pour obtenir le retrait des plaintes (refus du retrait par la présidente).

Diogène : personne ne semble en mesure d’expliquer une croissance du vote en faveur du blocage : volonté de durcissement ? Obtention de la validation automatique des examens ? Dépit (j’ai pas mes examens – tu ne les auras pas non plus) ? Star Ac’ (spectateur) ? Jouer le tout pour le tout ?

Pour quelles raisons ne retrouve-t-on, quand 1500 personnes votent le blocage, que le tiers dans les manifestations et actions et que quelques dizaines pour animer le mouvement ? De tout cela, il n’y a aucune discussion.

Reste que le blocage produit un mécontentement croissant et une réprobation générale quant à son déroulement.

La situation actuelle est confuse. Elle donne l’impression qu’il n’y a plus de pilote dans l’avion. Les organisations semblent déboussolées et ne savent plus à quel saint se vouer. Leurs propos sont des plus alambiqués et il y a des non-dits. Contrairement aux luttes précédentes, il n’y a pas de commission débat.


Jeudi 14 mai

400-500 personnes quittent le campus et se rendent au CHU pour soutenir les hospitaliers et réclamer l’accès à la santé gratuit pour tous, en dénonçant la loi Bachelot.

Re: Caen : mouvement de lutte éducation ?

MessagePosté: Samedi 23 Mai 2009 19:19
par diogène
Mardi 19 mai

Nouvelle AG de l’université à 10h. Le bilan négatif de la dernière AG a peut être produit ses effets ; cette AG est bien cadrée et les recherches théâtrales sont pratiquement absentes.

Un point sur les facs en lutte, elles seraient une quinzaine.

Egalement un point sur le CLIC. Un membre de la CNT-AIT fait une intervention sur la nécessité de renforcer la démarche du CLIC.

Puis vient le point blocage…

On passe au vote… Approximativement : pour 800, contre 500, abstention 200.

Vers 14h30, entre 500 et 600 étudiants quittent le campus pour rejoindre les 700 travailleurs du secteur social et de la santé qui occupent la DRASS. A deux cents mètres environ, les CRS ont pris position et bloquent le carrefour ; ils veulent empêcher la manifestation de l’université de rejoindre celle des travailleurs. Informés de cela, des manifestants du secteur social et santé convergent spontanément vers la manifestation de l’université. Les CRS sont pris à revers et se replient. La jonction s’opère sous le regard médusé des CRS. Les slogans fusent : « à bas la répression », « convergence des luttes », « grève générale ». Mais au moment où tout le monde veut repartir vers la DRASS, les CRS réoccupent la position et rebloquent le carrefour. Face au cordon de CRS, la tension monte. En effet, des étudiants, des travailleurs, des FSE, des CNT-AIT, des Sud et CGT entendent bien forcer et déborder le cordon ; ils vont être copieusement gazés et matraqués. Le cortège recule. Le commissaire se pare de son écharpe tricolore. Visiblement, les CRS veulent cogner. Quelques détonations, les CRS se mettent à charger plusieurs fois. Le gros de la manif se replie sur le quartier de la Grâce de Dieu. Quelques jeunes de la cité hèlent: « on va se les faire ! ». Le cortège repart sur l’université. On dénombre deux arrestations.

18h00 : AG du CLIC. Des étudiants, des salariés (Valéo, Renault Trucks, Education Nationale…) et des chômeurs, dont un certain nombre est à la CGT, SUD, FSE et CNT-AIT. La réunion va se diviser en trois temps : tour d’infos des secteurs, discussion sur l’activité de la semaine à venir (voir programme ci-dessous) et, pour finir, une discussion sur la nature et les objectifs du CLIC. Il est affirmé non pas le principe d’une intersyndicale mais celui d’individus librement associés. Cela évite les clivages liés aux intersyndicales, permet l’établissement de revendications générales et trans-catégorielles et facilite l’intégration des personnes non organisées ou méfiantes vis-à-vis de la récupération. Par ailleurs, la décision de s’organiser par secteurs pour mieux activer le CLIC n’est pas retenue. Cela est prématuré en l’absence de secteurs en lutte, mais surtout n’autorise pas les individus non organisés à intégrer le CLIC.

Décision est prise de :

-retirer 3000 tracts du CLIC qui seront diffusés mardi 26 mai aux travailleurs assurant les barrages filtrants

- le CLIC sera présent avec une banderole au rond-point Côte de Nacre à 10h au moment de la jonction pour ensuite tenir une AG

Point de vue de Diogène :

Côté blocage de l’université, il y a une quasi-impossibilité de passer à l’acte. Le vote du blocage donne l’impression d’être plus symbolique, marquant et cristallisant les rapports de force. C’est très curieux, voire inédit, un conflit de plus de six mois, que 800 personnes votent un blocage impossible et que parallèlement des centaines de personnes continuent à être mobilisées.

Sur la manifestation de l’après-midi, il est clair que le pouvoir craint une convergence des luttes et par là un conflit social d’ampleur.

ça s’organise du côté du CLIC et les revendications de celui-ci semblent satisfaire, y compris les diverses sensibilités syndicales présentes de part les individus. L’AG du CLIC a été positive. Si la CNT-AIT voit un certain nombre de ses positions habituelles reprises, on sent les SUD assez ouverts. Grosso modo, tout le monde partage une analyse sur la période actuelle et les expériences à mener. Tout cela évidemment n’empêche personne de produire au-delà du CLIC ses réflexions propres. Le bilan étant fait à posteriori, il donnera lieu à publicité de notre part.

Bref, les anarchosyndicalistes de Caen ont du taf et des baskets de rechange. La lutte continue…

Re: Caen : mouvement de lutte éducation ?

MessagePosté: Lundi 01 Juin 2009 19:40
par diogène
AG centrale de l’université de Caen du 25/05/09

Environ 400 personnes présentes à cette AG.

Point info : des mouvements similaires ont lieu au niveau international et une quinzaine d’universités seraient encore perturbées en France.
Répression : depuis le début du mouvement, on dénombre vingt-deux interpellations, cinq convocations. Deux procès vont avoir lieu dont un en juillet et l’autre en septembre.

L’occupation est reconduite par 300 personnes.

Un appel est lancé pour le CLIC et à la diffusion de son tract sur les barrages filtrants pour le lendemain. RDV est fixé à 6h45 sur le campus 1.

Diogène : on perçoit la décrue mais la situation demeure délicate. En effet, de nombreux étudiants bloqueurs ou pas mais favorables aux revendications de l’AG ne peuvent sacrifier une année. Ils sont en révision accélérée dans des salles externes à l’université. Les locaux de cette dernière sont gardés par des vigiles, ce qui rend impossible le blocage. Il reste donc plusieurs centaines de personnes mobilisables.

Mardi 26/05/09

Université de Caen : il y a une bonne centaine de lève-tôt devant le phœnix à 6h45. Elle quitte le lieu pour le barrage du rond-point Clemenceau pour diffuser l’appel du CLIC. 9h30, ils vont être entre 200 et 250 à faire mouvement vers le point de ralliement central Côte de Nacre. A ce point central, « les autres barrages » qui n’ont pas obtenu une présence massive (70 à 80 personnes en moyenne) convergent également. Sur le coup de 11h, 2000 personnes arrivent devant les locaux du MEDEF. La police nationale est là. Des manifestants veulent occuper les locaux du MEDEF. Un peloton de garde mobile arrive et gaz, face à face tendu, puis les manifestants finissent par reculer. La présence policière oblige à déplacer l’AG du CLIC à l’université.

Diogène : la pluie incessante et dense ainsi que l’endroit excentré et mal desservie en transport ont dissuadé beaucoup de personnes de manifester. Ajoutons que voulue ou pas une mauvaise communication syndicale sur cette journée et un certain désarroi chez les salariés ont fait le reste.

14h, AG du CLIC à l’université, une centaine de personnes sont réunies et décident :
-suite au débat de la précédente AG, d’affirmer que le CLIC n’est pas une intersyndicale mais un collectif d’individus syndiqués ou pas.
-de pérenniser le CLIC en continuant de diffuser son appel et assurer sa présence à un maximum de mobilisations, de renforcer la présence de salariés, d’agir par des actions sur des sites emblématiques, de préparer la rentrée de septembre
-pour l’instant, de ne pas doter le CLIC d’une base théorique forte, ce sont ses revendications qui fédèrent les bonnes volontés et constituent l’explicite d’un sous-jacent idéologique, certes assez large, mais néanmoins marqué.
-de mettre en place une trésorerie pour assurer l’autonomie du CLIC, le coût des tracts a été pris en charge pour le moment par Valéo, FSE, CNT-AIT.
-d’un appel à la présence du CLIC au prochain piquet de la CGT Valéo, et AG du CLIC sur place.

Diogène : l’idée d’élaborer une base théorique pour le CLIC qui lui permettrait de marquer sa différence et d’être attrayant a soulevé bien des questions.

Prenons en compte :

-que personne n’entend faire du CLIC une nouvelle organisation syndicale ou partidaire.
-que la volonté de convergence ne peut s’affranchir des idéologies particulières de ses diverses composantes.
-que les revendications et l’existence du CLIC sont déjà un marquage idéologique exprimant le possible de la période.

Un de la CNT-AIT dira qu’il ne faut pas mettre la charrue avant les bœufs.

-que si le CLIC perdure, de son expérience et de son existence naîtront des significations.
-que la période n’est pas partout vide de sens, et que chacun en outre peut puiser dans la production des organisations.
-qu’il serait judicieux de reproduire les débats libres. C’est-à-dire qu’à partir d’un thème où chacun puisse exprimer son point de vue, sans vote, ni prise de décisions. Cette manière de procéder ne soumet à quelques discours et permet un creuset collectif dû au jeu discursif. Cette approche antiautoritaire est certes plus longue à produire de la cohésion, mais rompt l’illusion du discours ex-cathedra ou « leaderiste » qui ne produisent que formatage ou verni idéologique.

Re: Caen : mouvement de lutte éducation ?

MessagePosté: Mardi 02 Juin 2009 22:25
par lucien
La manif' du 26 mai, vue par O-F.

Salariés et étudiants ensemble sur le périphérique
Image
Pour se rendre au siège régional du Medef, situé à la Folie-Couvrechef, les manifestants ont emprunté le périphérique entre le CHU et la sortie Chemin-Vert. : Stéphane Geufroi


Pour la 4e journée d'action depuis le début de l'année, les syndicats ont opté pour des actions ciblées. Environ 1 500 personnes, dont 200 étudiants, ont défilé, hier, en direction du Medef.
7 h à 9 h. Rond-point bleu, à Ifs, salariés de PSA Peugeot-Citroën, de l'équipementier Arvin Meritor, de Natixis, cheminots, retraités et étudiants se mêlent. En tout, une cinquantaine de militants, qui distribuent 2 000 tracts aux automobilistes. Comme à Colombelles (Lazzaro), à Mondeville (route de Paris), à Caen (Zénith), et à Hérouville (près de Castorama). L'opération engendre des ralentissements.

De fait, hier, pas de défilé en centre-ville au programme. « Pour se faire voir et entendre du gouvernement, on a choisi d'autres moyens, souligne Gilles Prunier, secrétaire de la CGT Calvados. Car on attend toujours les réponses : sur les salaires, l'emploi, l'avenir industriel... »

10 h. Sous une pluie battante, les manifestants se rassemblent, au rond-point Côte-de-Nacre. Parmi eux, Claude Porchel et Didier Cadiou (CFDT), représentants du personnel chez ST Ericsson, à Colombelles. Anciens de NXP, les 110 salariés normands de cette société créée en février redoutent des suppressions de postes, voire une fermeture de leur site. « Les cadeaux aux entreprises qui licencient, les cadeaux aux banquiers, ça suffit, scande Paulo Lemonnier (FSU), installé à la sono, à l'arrière d'une camionnette. Il faut réorienter l'argent vers les salaires et les retraites. »

10 h 30. Le cortège s'élance, direction le siège régional du Medef, à la Folie-Couvrechef. Il s'étoffe peu à peu : au plus fort, les manifestants seront environ 1 500. Rien à voir avec les mobilisations précédentes, mais ce n'était pas l'idée, assurent les syndicats. « C'est une étape avant la journée du 13 juin », pointe Sylvian Mary (FSU).

11 h. « Le périph'est à nous ! » lance la sono. Les manifestants viennent d'y descendre, près du CHU, encadrés par la police. Pour la plupart des militants syndicaux, il s'agit d'une première. « Pour que nos actions soient repérées du gouvernement, il faut qu'on bloque », acquiesce Gérald Leboucher, secrétaire adjoint de FO Calvados. La circulation est arrêtée dans un sens. Puis dans les deux quand environ 200 étudiants investissent les autres voies.

Déguisés en clowns, plusieurs étudiants en arts du spectacle ouvrent le défilé, devant la banderole unitaire des syndicats. Cette action commune avec des salariés ? « Elle montre qu'on est, à Caen, sur la voie de la convergence », estime Coraline.

12 h. Arrivée près du Medef. Une trentaine d'étudiants s'introduisent dans le hall du bâtiment qui abrite l'organisation patronale. Ressortent d'eux-mêmes cinq minutes plus tard, rejoignent les 500 personnes réunies à cet endroit.

Une trentaine de policiers en tenue arrivent et se placent devant l'entrée. Un face-à-face débute. Une des jeunes filles habillées en clown vient balayer à leurs pieds. Les policiers esquissent un mouvement. Un oeuf s'écrase sur un bouclier. Une grenade lacrymogène lui répond. Des gendarmes, également casqués, se postent à quelques mètres.

13 h. Le cortège se disperse, après différentes prises de paroles. Bilan : « Le Medef, c'était une très bonne idée. On sent bien qu'on dérange plus que quand on va en ville, remarque Nadine Tillaut, secrétaire régionale de la CFDT Services et déléguée à Carrefour Mondeville. Il est temps qu'on bouge. »

Virginie JAMIN.
Ouest-France

Re: Caen : mouvement de lutte éducation ?

MessagePosté: Jeudi 04 Juin 2009 19:16
par diogène
AG de l’université du 2 juin 2009

Une centaine de personnes sont présentes. Le constat s’impose que nous vivons la fin du mouvement sur l’université. Chaque UFR rattrape comme il peut les cours, les examens se préparent et se tiennent. A partir de là, les discussions portent sur la suite à donner :

-comment maintenir un embryon de mobilisation ?
-quelles sont les perspectives à venir pour les semaines et la rentrée ?

On distingue plus ou moins deux positions :

-maintenir des AG et manifestations spécifiquement universitaires ;
-suspendre la mobilisation universitaire jusqu’en septembre parce qu’il est plus opportun et pertinent de favoriser l’activité du CLIC, en invitant les étudiants encore mobilisés à le rejoindre ; car Le CLIC incorpore par ses revendications la problématique universitaire. Ceci permettrait une relance rapide d’actions sur l’université dès le mois de septembre.

Beaucoup d’interventions font l’éloge du CLIC. Mais il apparaît une curieuse proposition d’un rassemblement où l’on s’habillerait en gens de droite pour le jeudi à 14 heures. Ce qui revient de fait à démobiliser pour l’AG du CLIC, prévue ce jeudi à la même heure, après le piquet d’action de valéo. Cette proposition va provoquer des crispations et un vif débat. Certains « pro déguisement » afin de justifier leur action diront que c’est très judicieux : « il ne faut pas trop d’étudiants à l’AG du CLIC » (paraîtrait-il que ça fait peur aux salariés »). Au final, la décision est prise de décaler ce carnaval à 17 heures.

14 heures :

La manifestation ne rassemble que cinquante personnes ; ne sachant quoi faire, elles actent une vente aux enchères de l’université. Certains peu enthousiastes quittent le campus.

Diogène :

Le constat de fin de mouvement devient patent. Ceux, qui comme Diogène, avaient déjà compris, ne seront ni déstabilisés, ni surpris. Ceux de la CNT-AIT partagent cette idée et ont soutenu que l’énergie et l’effort doivent s’investir sur le CLIC : seule structure permettant une continuité de la résistance grâce à un noyau d’actifs ; d’où l’incompréhension de disperser et d’affaiblir les forces restantes. A propos de ce petit carnaval soulevant de vives critiques, puisqu’il fragilisait l’action du CLIC, soyons sérieux : faire d’un carnaval l’équivalent, voire le nec plus ultra de l’action politique, est désopilant ou désespérant.
Comment peut-on mettre en balance le soutien à valéo, la lutte directe contre le patronat et l’organisation de la convergence des luttes avec un petit défilé dans lequel on s’accoutre de vêtements supposés de droite ?
Comment peut-on cultiver le corporatisme le plus plat et démagogique en entretenant la vieille ficelle des spécificités étudiantes, salariés… ?
Bref, ces séparations n’existent que dans la tête des zélotes de pareilles sornettes. Un de la CNT-AIT a bien raison de rappeler le sort commun de l’étudiant, du salarié, du chômeur...

Re: Caen : mouvement de lutte éducation ?

MessagePosté: Dimanche 19 Juil 2009 18:20
par Paul Anton
Mercredi 22 juillet 2009 :
Procès d'une manifestante étudiante (interpellée le 5 mai sur le campus) à 16h au tribunal de grande instance

Re: Caen : mouvement de lutte éducation ?

MessagePosté: Samedi 25 Juil 2009 11:14
par Paul Anton
Environ une bonne trentaine de personnes se retrouve vers 16 heures au tribunal pour soutenir la jeune-fille interpellée pendant l'échauffourée contre la poullaile à l'université du 5 mai 2009. On a droit à une fouille en règle et on doit passer sous un portique électronique aux lumières stroboscopiques. Celui-ci est-il spécialement affrété pour l'occasion ? Les policiers en faction à l'entrée de la salle d'audience ne laisse passer qu'au compte goute sous prétexte qu'il y a beaucoup d'affaires. Des consignes ont du être donnée. Nous parvenons quand même à entrer. Il s'ensuit quelques minutes interminables d'attente avant que le bâtonnier fasse son cinéma. Des rendus de jugement sont prononcés et une affaire est traitée. La jeune-fille est ensuite appelée à la barre et le juge lui notifie le chef d'inculpation puis il débute sa petite leçon de morale. Elle est impressionnée et ne sait pas trop quoi répondre en le réfutant. C'est plié d'avance. Nous nous éclipsons pour aller fumer une cigarette et boire un café. Nous revenons vingt minutes après pour savoir la suite. La procureure de la république demande six mois de prison avec sursis. L'ordre républicain doit être rétabli selon elle face aux troubles qui menacent. Il ne faut pas perturber la tranquillité du bon citoyen atone. Deux poids deux mesures ! Quand on sait que les banquiers et autres rapines de la pire espèce continue d'oeuvrer à leur besogne qui provoque la famine et la guerre. Comme le disait Michel Bakounine, "le droit n'est que le fait illustré par la force".