Sur la manifestation du 15 mai à Caen

Manifestations, assemblées générales, actions en cours... les luttes en normandie !

Sur la manifestation du 15 mai à Caen

Messagepar diogène » Lundi 19 Mai 2008 17:43

Ce jeudi 15 mai, environ trois mille personnes ont manifesté en défense des services publics. Sur la nature, la fonction et la finalité de ceux-ci, nous avons remarqué que toute critique était inexistante. Jadis, certains avaient cru que la transformation de la propriété économique privée en propriété d’Etat accoucherait du communisme. Dans la réalité, le patronat a été remplacé par la bureaucratie et la nomenklatura (nouvelle bourgeoisie). Dans cette même veine, le mythe républicain-progressiste pense encore que le statut du service public nourrit la démocratie, la justice, la solidarité, voir même l’anti-libéralisme et le soi-disant neutralisme institutionnel. Ainsi, il s’exempte de la critique sur le rôle de l’Etat.

De facto, la manifestation l’a parfaitement reflété ; tant les conversations se réduisaient au statut salarial de la fonction publique. D’ailleurs, les slogans syndicaux n’élevaient pas la problématique au-delà de ce constat.

La vérité est lourde de ses conséquences ; c’est pour ça qu’on la cache. La réalité salariale en générale et l’existence d’un service public issues de la résistance et des trente glorieuses (croissance économique de 1945 à 1975) c’est du passé. Car le fordisme à la française ne correspond plus au besoin d’un libéralisme mondialisé, ni aux intérêts des nantis. La phase actuelle est à la suspension de la redistribution d’un capitalisme de gauche.

Sous l’emprise de l’idéologie de la bourgeoisie, ces manifestants et ce peuple de gauche acceptent donc les inégalités de revenus, les hiérarchies, les classes sociales, le capitalisme (la propriété privée des entités économiques du libre-échange), le parlementarisme et l’Etat ; ils entendent conserver l’essentiel du cadre du système et limiter ses aspects trop inégalitaires, sauvant ainsi le statu quo. Le score de Bayrou à la présidentielle de 2007 a illustré en partie cette intention. Par corporatisme, ils ne se sont pas mobilisés, quand les grandes vagues de restructuration ont touché le secteur privé. Ils appliquent comme fonctionnaires les directives et les plans de l’Etat visant à une dégradation de la condition salariale. Cette question se pose : peut-on défendre ses intérêts de travailleur avec les méthodes et l’idéologie actuelles ? Pour nous, anarchosyndicalistes, c’est clairement non. Nous invitons les lecteurs à connaître nos positions.

Dans ce mortifère défilé, je tendis l’oreille. Une trentaine de personnes d’où émergeaient quelques drapeaux noirs, noirs et rouges donnait de la voie. Ce groupe d’identités diverses (altermondialistes, syndicalistes étudiants, réformistes de la néo-gauche, anarchistes et autonomes) scandait que la meilleure façon de marcher était de lancer des pavés. Nous pourrions constater avec malice que la critique de la société du spectacle n’a pas abouti. En effet, sous le pavé il n’y a pas la plage et l’éclat de voie sème autant d’illusions que l’éclat de granit. Aujourd’hui, la posture n’est plus pour la plupart des révolutionnaires à la dénonciation des structures d’exploitation et du système d’oppression mais à la radicalité verbale pour les rendre plus supportables.

Comme naguère ces révolutionnaires surenchérissant les revendications de la gauche partidaire-syndicale, ce qui impliquait non la suppression de l’exploitation et de ses causes mais la négociation d’un meilleur taux d’exploitation. L’invite à lancer du pavés tout aussi illusoire qu’elle soit pour de meilleurs services publics aboutit par absence de critique globale du système à légitimer la machinerie institutionnelle faîte pour maintenir la domination.

Pour rappel :arrow:

A PROPOS DE LA LOI DITE D’AUTONOMIE DES UNIVERSITES

La bourgeoisie UMPiste méprise le petit peuple et l’appauvrit. Elle le lui fait savoir en s’octroyant plus de privilèges, notamment la loi sur les cadeaux fiscaux.

La loi d’autonomie des universités a été votée peu de temps avant et elle pose de nombreuses questions dont celles-ci :

- le service public est-il la propriété de l’Etat, de groupes constitués ou de ses employés ?

- le service public défend-il l’intérêt de minorités privilégiées ou corporatistes ?

- le service public et son statut induisent-il une politique de service public ?

Il ne sert à rien d’incanter la défense du service public sans répondre à ces questions. Selon nous, un service public doit être une propriété sociale et collective, qui de fait appartient à tous. Il se doit d’être réellement démocratique, c’est-à-dire sous le contrôle de la population. Il acte une politique d’intérêt général qui garantit l’accès à tous aux besoins fondamentaux (logement, santé, transport, éducation, etc.) et pratique l’égalité de traitement. Hélas, les dits services publics sont utilisés par l’Etat comme l’instrument d’une ségrégation sociale : radiation ANPE, exclusion et non attribution au logement, difficulté de prise en charge de la santé, sélection (restriction des bourses par exemple) et formatage scolaire, ainsi que la recherche publique orientée par les besoins des firmes capitalistes (OGM, nucléaire, armement, biométrie et traçabilité ...).

La loi d’autonomie des universités n’est pas conforme à la vocation d’un service public : elle doit être combattue. Mais ne limiter la bataille qu’à cet aspect est une impasse qui nous conduira à défendre une université déjà dégradée par les mesures gouvernementales antérieures (rappelez-vous de la loi Jospin en 1989 en autres). C’est une illusion en outre qui ne résoudra en rien les problèmes de l’existence quotidienne de la plupart des étudiants et des personnels, dans toutes ses composantes. Ce serait s’enfermer dans le piège du corporatisme qui feint d’ignorer que le pouvoir oppose les étudiants, les étudiants salariés, les salariés du public et du privé, les intérimaires, les chômeurs et les bénéficiaires des minimas sociaux, etc. Ce qui lui permet de récupérer ce qu’il a momentanément concédé à certains.

D’après nous, les attaques que nous subissons sont le fait d’une logique globale qui est produite par le système capitaliste. Il ne sera défait que par une critique idéologique de fond, cernant les tenants et les aboutissants des problématiques sociales par le refus du corporatisme et de son piège de la pensée slogan génératrice de revendications de surface. Pour ces raisons, la mobilisation ne peut se limiter qu’à la loi d’autonomie des universités. Il est nécessaire de poser des revendications unifiantes qui permettront une véritable convergence des luttes. Nous devons éviter également d’être pris dans les querelles des organisations. Ces dernières ont libre droit de s’exprimer. Cependant, elles n’ont pas à s’approprier la lutte, surtout que l’immense majorité des personnes concernées sont en dehors de celles-ci. Le gage d’efficacité, d’unité, de démocratie et de massification passe par la mise en place d’un comité ouvert à tous (lycéens, étudiants, travailleurs, intérimaires, chômeurs ...), comme ce fut le cas et avec succès lors du mouvement contre le CPE/CNE. Ce qui se déroule à l’université, à l’hôpital, à l’ANPE ... (c’est-à-dire chacun des services publics) nous concerne tous. Aucun syndicat et parti n’ont à décider à notre place. C’est tous ensemble que nous construirons la lutte et créerons un véritable rapport de force contre la politique du gouvernement.
Nous n’aurons que ce que nous prendrons ! Seule, la lutte paye !





POUR DES LUTTES PLUS LARGES !

Que dire de la dernière manifestation des fonctionnaires du jeudi 24 janvier 2008,
convoquée par les syndicats réformistes en défense du pouvoir d’achat, sinon qu’elle nous laisse
dubitatifs, d’ailleurs comme toutes les précédentes portant sur le même thème ?
En effet, nous l’expliquons très simplement par ce mécanisme : l’augmentation du
pouvoir d’achat par une hausse du salaire ou une hypothétique baisse des impôts s’annule en
règle générale par une nouvelle taxe ou une montée des prix. D’autre part, n’oubliez pas que le
patron compense cette hausse de salaire en vous demandant d’être encore plus productif :
rythme accentué des cadences sur les chaînes de montage, surcharge de dossiers dans les
bureaux… Esquiver l’idée de cette contrepartie n’est que pure bouffonnerie.
Bien sûr, nous ne pouvons pas ignorer qu’une large fraction de la population peine à
satisfaire ses besoins fondamentaux (santé, alimentation, logement, éducation des enfants) : la
question du pouvoir d’achat est actuellement cruciale pour celle-ci. Pour autant, notre existence
ne saurait être réduite à cet élément économique de gestion et à passer le plus clair de notre
temps à trimer pour cette finalité ! Tant qu’à se battre, autant la dépasser.
C’est pour cela que nous, anarcho-syndicalistes, remettons en cause le système
capitaliste, basé sur l’exploitation de l’homme par l’homme : le salariat, dont le patron tire sa
plus-value. Nier cette réalité sociale c’est se berner ! Nous, anarcho-syndicalistes, avançons
l’idée du communisme libertaire, c’est-à-dire la propriété sociale des moyens de production et de
l’échange dans un cadre anti-étatique.
A droite, on mord ! A gauche, on pleurniche ! Alors, montrons les dents en formant des
groupes autonomes d’ouvriers, de travailleurs, d’étudiants précaires … qui rompent avec les
méthodes et les techniques de lutte(s) sclérosantes des syndicats réformistes :
1. un petit tour et puis s’en va dans le centre ville (où nichent les bourgeois et les parvenus)
pour juguler le mécontentement grandissant ;
2. incitation à des arrêts de grève afin de négocier, soi-disant au mieux, et ainsi être
respectueux du dialogue social qui légitime le paritarisme et la cogestion ;
3. empilement des revendications corporatives rendant toute lutte infructueuse au lieu de
poser une authentique convergence par des droits généraux (service public libre, gratuit
et accessible, par exemple) ;
4. absence de lien et de coordination entre les foyers de la lutte : a contrario, nous devons
mettre en place des assemblées populaires, comme cet automne à Toulouse et Dijon ;
5. enfermement de la lutte dans l’usine, l’entreprise ou l’établissement alors qu’elle doit
s’étendre à l’ensemble de la cité ;
6. opposition artificielle entre légalisme (préavis, grève du zèle …) et illégalisme (grèves
spontanées et sauvages, sabotages sous différentes formes …).
Le spectre rouge (et noir) de "Mai 68" doit continuer à hanter le
sarcopte (Sarkozy) et sa bande de rats !
RANGE-TOI DU COTE DE
LA RESISTANCE POPULAIRE AUTONOME
ET DE LA GREVE GENERALE !



MUGUET D’HUMEUR DU "PREMIER MAI"

Le "premier mai" trouve son origine dans la manifestation d’un puissant mouvement de grève générale pour l’amélioration de la condition ouvrière, qui a été durement réprimé aux Etats-Unis. En effet, on y avait relevé de nombreux blessés ; quatre anarchistes pensant que le monde allait changer de base avaient été également pendus, par la suite, pour l’exemple.

Que reste-t-il aujourd’hui du "premier mai" dans la mémoire collective ? Sûrement plus grand-chose me diriez-vous ! Changement de temps et de mœurs ! Le "premier mai" apparaît simplement comme une journée chaumée parmi d’autres où l'on se repose des méfaits du salariat, cet esclavage moderne. On en profite donc pour s’adonner à la futilité du loisir généré par la société de consommation avec toute sa misère existentielle : "se regarder dans le miroir télévisuel", par exemple.

La liberté serait-elle enfermée dans ce sombre spectacle déréalisant l’individu ?

L’histoire possède-t-elle encore son fameux sens ? N’est-elle plus dorénavant que cette religion civile du vainqueur ? Nos gouvernants et leurs laquais sont très éloquents sur ces questions en répondant par l’idéologie de la modernisation.

En France, le sarcopte a triomphé grâce à la peur et à la lâcheté quotidiennes de tous ceux préférant subir plutôt que d’œuvrer à leur liberté, tâche éminemment complexe et provoquant paradoxalement une autre peur parce que la liberté est une affaire de volonté et de rupture individuelles et collectives.

Les termes "ouvrier", "salarié" ou exploité" désignent une condition de l’existence que les nantis et les gestionnaires veulent éradiquer de notre conscience et de notre imaginaire afin de les remplacer par d'autres euphémismes : "collaborateur", "agent", "employé", voire "citoyen"... Ce qui permet notamment à l’exploité de se distinguer fictivement, comme si ses exploiteurs devaient chasser une vérité élémentaire dictant notre position dans ce monde : nous sommes les exploités et les opprimés du capitalisme et, plus largement, de la domination !

Tous ces séides ont en fait un but commun : l’Avoir, soit par une fructification maximale de leur capital - peu importe les moyens, pour eux, la fin justifie les moyens (telle est leur éthique) -, soit dans l’augmentation de leur pouvoir d’achat. Bien sûr, ils savent jouer sur le plan de la communication avec leur novlangue. Néanmoins, c’est toujours à notre corps défendant (stress, angoisse, déprime, suicide...) dans cette inversion vicieuse du "bien" et du "mal".

Le capital est ce problème à quoi nous sommes confrontés dans notre existence quotidienne. Que permet-il ? De s’accaparer toutes les richesses produites pour ceux qui possèdent les ressources nécessaires : titres de la propriété juridique et l’actionnariat... Les lois de la concurrence font qu’à chaque perte on nous ressert du serrage de la ceinture : stagnation des salaires, inflation, etc.

Si, dans l’immédiat, on peut se contenter de quelques miettes de la redistribution pour améliorer notre ordinaire, nous, anarchosyndicalistes, ne souhaitons pas comme certains établir définitivement un meilleur partage du gâteau, mais aspirons à une existence épanouissante dans laquelle le travail ne serait plus central, scellant ainsi la fin du productivisme à outrance, par exemple. Nous réaffirmons le projet communiste libertaire, débarrassé de ses scories du passé : son économicisme et sa syndicalisation des moyens de production et de l’échange entre autres...

Nous, anarchosyndicalistes, sommes la continuation du "premier mai" en cette autre période : "intervallaire", soutiendrait le philosophe de la rue d’Ulm. C’est pour cela que nous descendons dans la rue à chaque "premier mai". Alors, il n’est jamais trop tard. Le "non-choix" n’existe pas et ne sert que les nigauds et les lâches. Maintenant, il faut lutter ! Car aucun en-dehors n’est désormais plus possible à l’image de Robinson : ni esthète, ni anachorète. Ce système post-totalitaire a réussi à occuper le moindre espace social afin de le régenter.

Membres CNT-AIT Caen

Publié dans le n°106 mai-juin d’Anarchosyndicalisme/journal de la CNT-AIT et sur le blog de Goldfax : http://vouspermettezquejcause.blogspot. ... r-mai.html

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