par Paul Anton » Dimanche 03 Juil 2005 22:41
Lorsque tu évoques la tournure de ces manifestations, n’étant qu’au final l’expression du « spectaculaire encadré », c’est à dire la mise en scène de la contestation ; je suis entièrement d’accord avec toi. Cela pose, me semble-t-il, la nécessité à court terme d’étendre le front de la lutte vers d’autres aspects de notre vie courante : le logement, la nourriture, le travaille… Globalisons l’analyse et la contestation ! Mais ceci ne peut se réaliser, qu’en ayant développé au préalable des structures de lutte, promouvant l’idée de la résistance populaire autonome (ex : syndicats anars, collectif de salariés, d’usagers auto-organisés…) sur ces mêmes lieux, afin de se prémunir des agissements de la sociale-démocratie et de ses courroies de transmission (en l’occurrence l’UNL et la FIDL pour le mouvement lycéen). Il me parait également judicieux de rappeler que le concept d’autonomie n’est pas le rejet de toute forme d’organisation. Bien au contraire ! Je t’invite donc à lire le texte ci-dessous, ainsi que la plateforme interpro, la charte de l’UL, Anarcho-syndicalisme et autonomie populaire (voir liste des cahiers)…
AUTONOMIE, LA STRUCTURE QUI CONNECTE
L'AUTONOMIE effectue une inversion radicale des perspectives stratégiques. Elle refuse l'aplatissement idéologique des différences opéré par la politique traditionnelle, reflet d'un mode de production parvenu à une totale hégémonie. Elle n'est pas le but à atteindre mais le mouvement réel des identités différentes exprimant une pluralité de besoins antagoniques à l'état des choses présent. Elle est recomposition de ces identités en un réseau de contre-pouvoirs.
Cela n'implique pas pour autant la réduction ou l'annulation de la question de l'organisation. Celle-ci doit se poser dans un contexte social et politique profondément modifié. Cela est d'ailleurs arrivé chaque fois que le mouvement radical s'est trouvé face à la nécessité d'actualiser sa forme organisationnelle par rapport à une nouvelle réalité historique. Il est aujourd'hui nécessaire d'en finir avec la notion "d'avant-garde" s'incarnant dans un parti; seule l'organisation du mouvement peut permettre le maintien de la fonction d'indication politique.
Communauté en mouvement, l'autonomie est le plus petit dénominateur commun de conditions et de situations subjectives différentes qui tendent à la réappropriation de la coopération sociale productive, qui s'affirment et se développent dans la pratique du contre-pouvoir. En ce sens, l'autonomie est immédiatement auto-organisation.
Aujourd'hui, l'auto-organisation devient la structure qui connecte le réseau des contre-pouvoirs, le dispositif de communication des composantes singulières de l'antagonisme. Elle devient une machine politique qui a substitué à la vieille chaîne de transmission de l'homogénéisation forcée un réseau de terminaux sociaux qui échangent des langages divers à travers le code d'identification de l'antagonisme.
A travers cette nouvelle catégorie, l'autonomie comme structure qui connecte, il est possible de lire les tendances à la "pratique de l'action directe" comme émergence possible d'un nouveau besoin d'auto-gouvernement par le bas. Il est possible de recomposer la partialité des luttes dans la physionomie d'un sujet collectif en mouvement qui se pose lui-même au quotidien comme projet social autonome, incompatible avec le système actuel et porteur d'aucune médiation possible.
Contrairement au communisme traditionnel, l'autonomie n'est pas un objectif atteint à l'issue d'une période de transition mais subjectivité active, mouvement de la transformation. Elle fait vivre au quotidien des luttes le sens de la société à venir.
Stan Laurel
Extrait du numéro 2 de Quilombo (avril mai 1992)
"Salut Carmela, je suis chez FIAT ! Je vais bien... Si, si, nous pouvons parler tranquillement, c'est Agnelli qui paye !"