Bonjour,
Hugues, je penses que tu devrais arrêter de lire Révolution internationale et mettre le nez dans des bouquins d'économie. Si tu ne veux pas te coletiner des ouvrages réformistes, il y a forcément
Le Capital de Marx, qui explique très bien le phénomène des crises. Pour des textes plus récents, il y a (datant des années 70)
Marx et Keynes de Paul Mattick. Encore plus récent, il y a l'
Economie marxiste du capitalisme de Gérard Duménil et de Dominique Lévy. A mes yeux, ce sont les meilleures références marxistes sur le plan économique. Sinon, il existe un excellent bouquin pour ceux qui veulent apprendre à décrypter l'économie (que je te conseille vivement, puisque tu me semble ignorer ce domaine), c'est le bouquin de Denis Clerc,
Déchiffrer l'économie. Son aspect réformiste-régulationniste est contestable, mais il est aisé d'en faire abstraction.
Si tu ne souhaites pas lire ces ouvrages, en tout cas, je te déconseille d'écrire à nouveau des lignes comme celles-là, je ne pense pas que tu sois le mieux placé pour parler d'économie... A moins que tu aimes jouer les joyeux drilles.
Je m'explique:
Comment pouvait-il en être autrement vu la profondeur de la crise mondiale.
La crise mondiale. De quoi parles-tu ? De crise économique ? Au cas où tu n'aurais pas tout suivi, l'économie se porte bien. Au contraire, la crise a permis, comme le disait Slaine, que le capital se restructure. A l'heure actuelle, nous sommes dans une situation où le capital, sorti renforcé de la crise, est en train de s'attaquer aux forces productives les plus coûteuses (notamment en France) pour réduire le coût du travail le plus drastiquement possible. La crise actuelle n'est pas économique, elle est sociale. C'est aux exploités de faire les meilleurs choix pour sortir renforcés de cette crise sociale.
Le problème de PSA n’est pas qu’un problème français, de même il est faux de dire, comme le font les trotskistes, que le problème est uniquement une question de profit de la famille Peugeot, ne cibler que PSA ou la famille Peugeot c'est trop restrictif et risque de fausser le combat. L’automobile ne se porte pas mieux en France qu’ailleurs, FIAT va fermer plusieurs usine en Italie.
C'est un peu le charabia ici... Si tu étais attentif aux informations, tu verrais bien que le secteur automobile se porte relativement bien. Peugeot fait des bénéfices, ça c'est clair. C'est la raison pour laquelle les trotskystes jouent les vierges effarouchées. Les fermetures de sites ne signifient pas que l'industrie se porte mal, c'est parce qu'elle trouve un meilleur moyen d'augmenter son profit: se restructurer et notamment aller s'implanter dans des régions du globe où la main-d'œuvre est meilleur marché.
Il faut être conscient que le problème c’est la crise mondiale, la faillite du capitalisme.
Cette blague m'a déjà été faite... Donc, si le capitalisme se portait bien, il n'y aurait pas de problème ?
J'espère que tu plaisantes. Le problème, c'est le mode de production et d'exploitation capitaliste. Ça, c'est la base. La crise mondiale n'en est qu'une des manifestations. Et la faillite du capitalisme n'aura lieu que lorsque les exploités renverseront le capitalisme.
En France comme ailleurs, c'est contre PSA et l'Etat que les ouvriers devront se défendre, car l'Etat socialiste acceptera les licenciements même s'il dit le contraire, il faut se rappeler les licenciements dans la sidérurgie et dans l'automobile dans les années 80 avec un Etat socialiste.
Où as-tu vu un Etat socialiste ? Sur le plan lexical, j'aime que les choses soient claires. Le socialisme n'a rien à voir avec ce que nous vivons en France aujourd'hui. Je dirais plutôt que l'Etat est et demeure capitaliste, que ce soit sous un François ou un autre. En revanche, il n'est pas gouverné par des socialistes (attention aux faux-amis, comme disaient mes profs de langue vivante!), mais par des sociaux-démocrates, qui n'ont rien à voir avec le socialisme.
C'est contre l'Etat que les ouvriers devront se défendre et pour le faire reculer et pour cela il faudra aller chercher la solidarité auprès des autres secteurs. Et enfin pour se faire aucune illusion sur cet Etat et se défendre vraiment c'est aussi en sachant que les Etats espagnol, grec, portugais font la même chose, (PSA va fermer une usine à Madrid également).
Toi, tu n'aimes pas l'Etat, ça se voit ! Enfin, sans vouloir faire l'avocat du diable, il me semble que ce n'est pas l'Etat qui ferme des usines; ce sont plutôt les patrons, les capitalistes... Non ? L'Etat, lui, joue plutôt à mettre son service d'ordre au profit de ces patrons, de ces capitalistes.
Les ouvriers seront d'autant plus forts et plus déterminés qu'ils seront conscients que ce n'est pas que la faute de PSA, que de l'Etat socialiste mais aussi celle du capitalisme qui est en faillite et dont il va falloir penser à se débarrasser.
Non, le capitalisme n'est pas en faillite. Qui t'a donné des cours d'économie ? Groucho Marx ?
Par ailleurs, je ne suis pas d'accord lorsque tu dis qu' "il va falloir penser à se débarrasser" du capitalisme. De mon point de vue, j'ai eu cette pensée lorsque j'avais 14/15 ans. Maintenant que j'ai pris de la bouteille, tu vois, cette pensée est définitivement acquise. Mon but, aujourd'hui, est de voir un jour l'humanité se débarrasser du capitalisme, non "penser à [s'en] débarrasser".
C'est la même constatation que l'on entendait aussi dans les mouvements des indignés en Espagne, en Grèce, aux Etats-Unis, en Israël et au Québec dernièrement.
A mon avis, tu as dû côtoyer la mauvaise branche de la famille Marx. Tu me sembles plus proche de Groucho que de Karl. A priori, les mouvements des Indignados et Occupy n'ont jamais formulé le renversement du capitalisme. Ils sont plus proches des altermondialistes, par exemple, que des anarchistes grecs qui se battent contre le capital et le néo-stalinisme.
Hugues lecteur de Révolution Internationale
Comme je le disais, plus haut, tu devrais changer de lectures...
A Slaine, maintenant, que je trouve moins drôle, mais plus pertinent:
Je le répète, la crise économique est un outil du capital pour renforcer ses positions, elle est d'autant plus "acceptée" qu'elle est mondiale et conjoncturelle et non le fruit d'un gouvernement ou d'une action simple.
Il y a juste un mot qui m'embarrasse: "conjoncturelle". A travers ce mot, tu te contredis, car si la crise est conjoncturelle, elle ne serait pas "un outil du capital" pour se restructurer, parce que la crise serait alors un fruit du hasard; or, ce n'est pas le cas. Le capitalisme est un système qui ne peut pas se passer des crises et le capital les perpétue de diverses façons (en 2008, c'étaient les boursicotages intempestifs des traders et les subprimes). Gardons la "conjoncture" pour les causes, les moyens employés pour qu'elle se déclenche, ses diverses manifestations; la crise est liée au système capitaliste, elle est systémique, elle est une de ses parties intégrantes.
Hugues n'est pas anarchosyndicaliste, c'est encore les fossiles léninistes du CCI...
Moi non plus, je ne suis pas anarchosyndicaliste. Même si j'aime bien les Marx Brothers, je ne suis pas pour autant un disciple de Groucho, à l'instar de Hugues... à qui j'ai trouvé, peut-être, un nom de scène rappelant le nom d'un souverain du Moyen-Âge: Hugues Caput ! (Prononcer "kapoute")
A bien y réfléchir, je suis peut-être un disciple de Groucho, tendance comique (et non pathétique...).
Carpe Diem
Post-scriptum: Je ne suis sans doute pas le mieux placé (n'étant pas de la CNT-AIT) pour répondre à ce genre de gugusse, mais la perche m'était si bien tendue que je l'ai saisie au bond. En tout cas, j'espère que mon trollage aura été aussi drôle qu'instructif...