sur le texte d'AL :
Pour envisager la perspective d’une unification du syndicalisme de luttes et de transformation sociale, encore faut-il opérer un renversement de nos précédentes grilles de lecture et revenir sur la catégorisation que nous avons opéré à notre précédent congrès entre un syndicalisme de luttes porteur d’alternatives et autogestionnaire (Solidaires et la CNT) et un syndicalisme bureaucratique antilibéral (la CGT, la FSU et FO) car elle est beaucoup trop schématique et simplificatrice.
je serai eux je ne ferai surtout rien avant le prochain congrès, dès fois qu'ils se rendent compte encore une fois que leur analyse était inversée
Plus sérieusement c'est intéressant ce qu'ils disent de ce renversement de situation. En gros l'analyse qu'ils faisaient (et avec eux aussi bien les trotskystres de SUD que les syndicalistes révolutionnaires sauces Vignoles) c'est les gros syndicats évoluant vers des structures de services et non plus de lutte, tous les militants "combattifs", "lutte de classe" allaient quitter les organisations - et peut être leurs structures avec eux. Il y avait donc le champ pour une recomposition syndicale "de base"/"'de gauche"' (appelez cela comme vous voulez). il était donc important d'être bien placé pour accueillir toutes ces brebis égarés qui allaient chercher une structure pour les héberger. Les trotskards avaient choisis de crér SUD à cet effet. Les (ex) maos/syndicalistes révolutionnaires avaient réussi à prendre en main la CNT (d'où la scission), les Vignoles devenant la coquille qui ne demandait qu'à se remplir. D'où l'importance de gomer la référence anarchiste de la CNT (1)
AL, toujours prudente, avait mis des oeufs dans les deux paniers - SUD et Vignoles - mais en privilégiant tout de même le plus gros et le plus sérieux (vignoles).
Ce que nous apprends donc ce texte de congrès c'est que toute la stratégie syndicale "de base" depuis la sortie des moutons noirs de la CFDT (1988) a fait chou blanc :
"[notre] perspective d’une unification du syndicalisme de luttes et de transformation sociale [induisait] comme perspective syndicale, celle d’une intégration progressive et donc d’une sortie des équipes syndicales du pôle antilibéral et bureaucratique vers Solidaires, actant implicitement que cette dernière porte un tel projet de recomposition en alternative totale avec le premier pôle.'
Or patatra :
"Cela ne correspond pas à la réalité. D’une part parce qu’au sein de Solidaires, plusieurs tendances cohabitent sans pour autant développer ni s’entendre sur un projet commun. D’autre part parce que les équipes syndicales de lutte dans la CGT et la FSU ne sont pour la plupart PAS dans une perspective de départ [ je souligne ], a fortiori quand elles sont majoritaires dans leur territoire ou leur secteur professionnel.
Enfin, cette option ne correspond pas à l’activité déployée sur le terrain par les équipes syndicales CGT, FSU et suivant les secteurs, FO."
La conclusion s'impose alors d'elle même :
Il s’agit donc de nuancer cette catégorisation et de l’affiner pour rendre crédible à la fois notre critique d’un syndicalisme intégré à la bonne marche du capitalisme et de sa gestion des travailleurs et à la fois la perspective dès à présent de reconstruire un syndicalisme de lutte de classe.
Il va falloir pour les militants d'AL retourner au charbon CGTiste et mettre un peu en sourdine les critiques contre les grands syndicats, parce qu'il n'y a plus vraiment d'alternative en dehors.
(au passage, l'air de rien ils donnent le coup de pied de l'ane aux Vignoles, dont la startégie sembvle définitivement condamnée à l'ultra marginalisation : "a question de la pertinence et de la possibilité d’occuper un espace syndical déterminant dans les luttes des travailleurs n’est que peu posée. Pour le dire autrement, existe-t-il en France une place autre que le témoignage pour une centrale anarcho-syndicaliste qui se vit et se voit comme l’alternative des travailleurs à tout le mouvement syndical ? Ici, les questions de fond, sans sectarisme ni anathèmes doivent pouvoir être débattues sans langue de bois")
C'est très bien, ils font un mouvement à rebours de l'histoire et de ce que font les travailleurs !
(même s'ils affirment que "La très grande majorité des travailleurs combatifs se retrouvent dans les syndicats.")
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(1)http://1libertaire.free.fr/CntChatNoirPolitis.html
Article de Politis de 2002 (?)
Le réveil des chats noirs
Bénédicte Rallu
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Pourtant, la CNT pourrait attirer de plus en plus de militants, divorcés des centrales syndicales classiques. « Dans les dix ans à venir, il va y avoir une recomposition du syndicalisme de lutte dans laquelle la CNT pourrait jouer un rôle », prédit Emmanuel Coral, 46ans, ancien de la CFDT. Ils sont beaucoup, comme Emmanuel, à critiquer « ces conglomérats de notables corrompus ». Les appareils ont professionnalisé des syndicalistes qui prêchent plus pour leur condition que pour celle de leurs adhérents. Lorsque Emmanuel a été licencié, il s’est senti abandonné par son syndicat, la CFDT. « Je ne les intéressais plus car je n’étais plus dans une entreprise, j’étais un chômeur. Or, la CFDT est peu impliquée dans le combat des chômeurs. »
Le secrétaire confédéral de la CNT, Jean-François Grez, a ressenti la même chose en 1988 lors des grèves des PTT. Edmond Maire, secrétaire général de la CFDT, avait traité les membres de la CNT de « moutons noirs ».
Éric Derennes est à la CNT depuis janvier 2002. Militant politique depuis longtemps, il s’est rapproché un temps de la CFTC. Mais, au moment d’adhérer, il a ressenti un milieu hostile, peu ouvert aux nouveaux venus : « J’avais l’impression de déranger. »
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La Fédération anarchiste tente bien de les récupérer de temps à autre, mais la CNT ne se définit pas comme anarchiste. Seulement révolutionnaire, accueillant des libertaires. « Ceux-ci ne constituent pas une majorité », précise Jean-François Grez, pour contrer ce cliché de syndicat anarchiste qui colle à la CNT depuis des années.