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Faut-il vraiment en préciser le contenu ?

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Messagepar apar » Jeudi 16 Déc 2010 12:04

critique intéressante à propos d'un film minable de jordan susman sorti en 2002 et nommé "The Anarchist Cookbook" :

Par Jean-François Vandeuren sur http://www.panorama-cinema.com/html/cri ... okbook.htm

Imaginez un homme (ou une femme) ayant consacré sa jeunesse à la cause humanitaire en participant à diverses manifestations réclamant l’équité mondiale, la prise de mesures pour freiner la détérioration de l’environnement, une justice égale pour tous, etc. Une personne éveillée voulant tout simplement changer le monde pour le mieux, quoi. Imaginez maintenant que cette même personne, confuse à l’arrivée de la trentaine, finit par se retrouver errante dans la peau d’un chef d’entreprise, d’un avocat, d’un politicien ou de n’importe quelle autre figure issue d’un capitalisme si ardemment combattu autrefois. Si l’on pense ironiquement à ce que sont devenus bien des actants de la génération hippie, il se dresse un parallèle tout aussi similaire avec les intentions véhiculées par The Anarchist Cookbook. Non pas que cette image soit formellement collée aux auteurs de ce pamphlet de droite voulant guider à tout prix une jeunesse dite sans horizon, mais n’empêche que ce brouillon tend beaucoup plus vers la glorification de cette transition devant donner à la société un nouvel élément productif et numéroté que vers une sérieuse mise en garde aux avertis.

Cette histoire révélant le parcours d’un jeune homme appartenant à une commune «anarchiste» ayant élu domicile dans une maison délabrée loin des tentations matérielles et dont l’expérience tournera inévitablement au cauchemar lorsque les objectifs du groupe seront radicalement redéfinis, on nous l’a déjà racontée d’une manière à la fois plus extrémiste et pertinente. Le film de Jordan Susman laisse en fait l’impression d’une vulgaire copie carbone du Fight Club de David Fincher, mais dont le sens profond n’a soit pas été cerné correctement par les artisans du présent effort dû à certaines pages manquantes dans la retranscription, ou ces derniers ont volontairement tourné le tout au ridicule au profit d’un enchaînement d’idées corporatives ruinant complètement le semblant d’intentions nobles que pouvait avoir l’entreprise au départ. De plus, cette impression de déjà vu ne se limite pas seulement qu’au niveau du discours et fait sentir sa présence dans pratiquement tous les recoins du film de Susman, que l’on pense à la maison en ruine, au profil psychologique du personnage principal et de la narration de ce dernier accompagnant un récit aux événements tout aussi similaires, sans oublier l’assemblement d’une armée par un « Tyler Durden » traité ici comme le vulgaire méchant de service.

Mais malgré ces ressemblances plus que frappantes, The Anarchist Cookbook présente en premier lieu certains concepts porteurs d’un message assez éloquent sur le sort des prisonniers des grandes villes et des banlieues. Cependant, le tout ne mène malheureusement pas à la dénonciation d’un état charognard à laquelle nous pouvions nous attendre et le film de Jordan Susman se transforme plutôt en appel d’urgence à ce système qui, selon le cinéaste, se doit d’encadrer et de réformer ces parasites sinon quoi le pire serait vraisemblablement à prévoir. Cela explique d’ailleurs pourquoi ces personnages caricaturant l’anarchie mis à l’avant-scène ici se dévoilent tous tôt ou tard comme ineptes et incohérents, voire carrément stupides, Il faut dire que le film de Susman est aussi fortement alimenté de ce climat d’effroi et d’incertitudes face à tout ce qui est marginal flottant dans l’air chez nos voisins du Sud depuis les événements d’un certain 11 Septembre 2001. Le titre du film fait d’ailleurs référence au livre du même nom qui se veut une véritable bible pour tous ceux ressentant le désir de fabriquer diverses formes d’explosifs et de substances illicites. Le bouquin en question était d’ailleurs mentionné dans le documentaire Bowling for Columbine de Michael Moore.

S’il y a un élément que Jordan Susman n’a pas subtilisé au film de David Fincher, c’est bien le raffinement de son emballage esthétique. De cette façon, Susman offre un traitement visuel assez faible qui croit pourtant être original et provocateur, mais la réalisation de ce dernier ne réussit jamais à voler plus haut que la dose minimale d’imagination le sortant de justesse d’un répertoire de films voués à être catapulter sans escales sur les tablettes des clubs vidéos. La direction photo est assurément l’élément qui retient le plus l’attention ici vues les transitions fréquentes, quoique fort malhabiles, s’opérant au niveau de la qualité de l’image, laquelle passe de respectable à celle d’un vidéo amateur pour terminer sa course sur une vaine imitation des technologies numériques.

Pour un film débutant sur une citation remettant une fois de plus en question le niveau d’intellect du Président américain George W. Bush, The Anarchist Cookbook ne se gène pas par la suite pour présenter la droite et le parti républicain comme une figure de guide dans un monde courant de plus en plus à sa perte. Si l’essai est construit d’une manière trop confuse dans ses actions les plus concrètes pour que celles-ci soient prises en considération, The Anarchist Cookbook arbore ensuite une étiquette capitaliste trop prononcée pour que ceux qui auraient pu avoir un intérêt envers le film, lesquels sont de toute façon confondus et catalogués ici parmi une racaille terroriste, fasciste et raciste, puissent avoir le moindre respect pour le film de Jordan Susman. Le cinéaste a ainsi transformé idéologies humanistes et mouvements activistes en une vulgaire parodie de leur propre silhouette. Nul doute que le public cible de cette machination grotesque a été habilement visé. Il serait cependant étonnant d’en voir un grand nombre tomber aussi facilement dans le panneau.
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