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L'Enfer réformard est pavé de bonnes intentions...

MessagePosté: Mardi 21 Sep 2010 13:08
par zebulon
avrol a écrit:Le code de confirmation ! C'est un test pour éliminer les ... ceux qui ne voient pas les couleurs, c'est quoi, déjà ?
excuse, c'est l'âge. On dirait les tests de l'incorporation en 1960...

Je voulais parler de ce qui arrive un jour alors qu'on en a parlé pendant longtemps et qu'on ne le reconnaît pas... On dit des chrétiens et des juifs qu'ils ne reconnaîtraient pas le messie s'il revenait. Moin je connais des gens qui n'ont pas reconnu la révolution parce qu'elle ne s'est pas produite comme dans leurs livres saints ou dans leurs dicussions de 3h du matin.
Les combattants de la Commune ne défendaient pas seulement Paris contre la capitulation. "Que vienne enfin la république, de la justice et du travail !" Ils se battaient pour la Liberté, c'est à dire :
Pour que les enfants qui crevaient dans les mines ou les usines et traités comme esclaves dans les fermes aillent à l'école au lieu d'être exploités,
pour que tout le monde soit soigné à égalité,
pour que chaque village, chaque quartier comporte sa Mairie, son conseil municipal élu au suffrage universel pour que chacun puisse décider de ses propres affaires,
pour que le suffrage universel remplace le suffrage censitaire.
Dix ans après le parti "Opportuniste" prenait des mesures dans ce sens-là. Une révolution ? Pas pour certains parce que le massacre d'était produit dix ans avant et que les mesures prises n'allaient pas assez loin. C'est vrai ! Mais pour moi, il s'agissait bien de la même révolution. On rêve d'une oeuvre d'art spontanée jaillie d'un seul jet. Alors qu'il s'agit d'une élaboration lente, travaillée par paliers et qui peut s'effondrer à tous moments. On le voit aujourd'hui.
Même aujourd'hui, alors qu'on nous arrache tout ça, si un communard revenait parmi nous, il serait émerveillé de voir qu'on a ce qu'ils réclamaient et surpris du fait qu'on ne défende pas davantage tout ce qu'on a.
Et que pensez-vous de celle qui s'est produite entre 1936 et 1945 ? Personne ne dit qu'il s'agissait d'une révolution, et pourtant !
On a l'habitude de découper l'histoire de façon médiatique en ignorant les relations de causes à effet. Dans le patronat de 36 et à l'Etat-Major, certains ont clamé "Plutôt Hitler que le Front Populaire !". Pendant un an, l'armée Française, l'arme au pied, a attendu que la WehrMacht veuille bien attaquer. Le temps qu'Hitler ait des garanties sur la sécurité de ses troupes et le sabotage du dispositif militaire franco-anglais, et qu'il s'assure de la non intervention de Staline. On le sait aujourd'hui, le général Weygand avait mobilisé ses troupes autour de Paris, non pour défendre la capitale, mais pour empêcher une nouvelle Commune. Les ordres de départ "en exode" ont été données à partir de la Préfecture de la Seine...
Bref ! Le programme du CNR n'était pas révolutionnaire mais il imposait aux entreprises privées une contribution pour chaque salarié sans leur consentir un droit de regard sur l'usage de ces fonds immédiatement répartis sur ceux qui en avaient besoin. Alors que le principe de répartition avait été institué par Pétain ! Quelle horreur !
La Sécurité sociale était un état dans l'Etat selon la formule : de chacun selon ses moyens à chacun selon ses besoins.

C'est lent et laborieux, tout cela. Comme tout ce qui est vraiment démocratique : le temps que toute la population s'en empare.
Pour que personne ne reste sur le quai...
"La démocratie dans les relations sociales, c'est comme l'amour dans les rapports sexuels !"


Ce qui a suscité une réponse très argumentée du compagnon Nosotros :

NOSOTROS a écrit:Allons allons ...

Bon bienvenue Avrol, sur ce forum où tu verras on n'a pas l'habitude de prendre des pincettes pour dire le fond de notre pensée. Mais après tout, marre de ces débats plan plans où tout le monde au fond à les mêmes idées. Ici, tu verras le débat est vigoureux.

Certes, les conditions d'inscriptions sont dignes des années 60 ... Mais parès tout, c'est moins ancien encore que le programme du CNR qui est lui de 44 :-)

Trève de plaisanterie : en effet, comme tu le dis, pourquoi luttait la Commune ? Certes pour de beaux idéaux mais aussi pour des réalisations concrètes comme l'abolition du travail des enfants et j'en passe.

Tu avances que la réalisation pratique de ce programme, aujourd'hui effective sous nos latitude, a passé non pas par l'élan révolutionnaire mais par la pratique lente et patiente du réformisme et du parlementarisme. Et - de ce que je comprends - tu appelles de tes voeux à retrouver ce chemin du réformisme qui a permis d'obtenir les acquis sociaux dont nous bénéficions aujourd'hui.

Cette argumentation serait en effet tentante, si malheureusement ell ene souffrait pas de quelques vices de formes originels.

Tu dis "imaginons qu'un communard revienne aujourd'hui ... il serait émerveillé". Même s'il est toujours difficile de faire partager les morts, je ne suis pas sur qu'il partagerait ton enthousiasme. Pourquoi se battaient les communards ? Pas pour que les enfants aillent à l'école plutôt qu'à la ferme. Ils se battaient pour que chacun soit libre (d'être fermier ou pas). Et cette liberté passait avant tout par un profond et radical changement des structures sociales, à commencer par le socle de tout la propriété.

Or avant la Commune comme aujoud'hui, force est de constater que la propriété est toujours là, que ce sont toujours les mêmes qui sont propriétaires. Et tant que ce sera le cas, on ne pourra pas parler de révolution. C'est bien pour cela que pas plus 36 que 68 ni même 45 n'ont été des révolutions : le système a continué dans le cadre qui préexistait, notamment en terme de propriété.

Au contraire même, ces épisodes ont été des moments de suprême trahison où la gauche réformiste - au lieu de pousser à fond l'avantage dont disposaient les exploités - a fait marche arrière permettant aux propriétaires de conserver leur pouvoir et donc leurs privilèges.

Toi même d'ailleurs le reconnait : tu parles d'une oeuvre "travaillée par paliers et qui peut s'effondrer à tous moments." et tu ajoutes "On le voit aujourd'hui." Oui on voit aujourd'hui que la classe possédante, n'ayant pas été désaissie de son instrument de pouvoir (la propriété), maintenant que le rapport de force est en sa faveur elle l'utilise contre nous.

Qu'est ce qui a fait que la classe possédante a été contrainte, durant ces dernières décénies, de lâcher un peu de lest au profit des exploités ? Les bons sentiments et l'envie de partager avec son prochain pour le soulager de sa misère ? Ou bien plutôt la peur d'une révolution qui lui faisait sentir qu'il valait mieux l6acher un peu que tout perdre ? (pour illustrer, ce week end c'était les journées du patrimoine. On pouvait visiter la banque de France. AU passage on y apprends que la réserve d'or est planquée dans un bunker étanche enfouis à 20 mètre sous le sol, avec un système d'entrée anti intrusion sophistiqué et surtout des réserves pour tenir en autarcie pendant au moins 80 jours. Ce délai a été calculé pour faire face à une insurrection ... )

Comme tu le dis, le CNR est loin d'être révolutionnaire. Justement : en 1945-1946, la France était dans une situation quasi révolutionnaire. Toute la classe possédante, patrons et bourgeois, était mouillée jusqu'au cou avec la collaboration. Il y avait bien quelques résistants bourgeois - sauce De Gaulle ou Giraud - mais ilsne représentaient pas les forces vives. Le peuple avait des armes. Il aurait très bien pu les utiliser pour faire valoir réellement ses droits, c'est à dire reprendre à son compte les usines abandonnnées par les patrons collabos (comme l'expérience Berliet à Lyon). On aurait pu assister à l'érgence de quelque chose de nouveau, une vraie révolution. Le CNR a été au contraire l'outil pour étouffer toute velléité révolutionnaire et un gage aux possédants pour que ceux ci conservent leur pouvoir de domination, même s'il devaient en conceder une petite partie à un concurent en terme de domination des masses , à savoir le Parti Communiste. Le CNR c'est la fin du peuple en arme, c'est les maquisards qui sont démobilisés, c'est la fin des expériences d'autogestion, c'est l'entrée du PC au gouvernement et les tirades de Thorez sur la bataille de la production et "la gr`ve est l'arme des trusts".

Accessoirement, le gouvernement issu du CNR ce sont aussiles massacres de Sétifs ... Certes, tu parles d'acquis sociaux issus du CNR ... mais pour qui ces acquis sociaux ? Quelle place dans le CNR, dans ses instances, pour les colonisés ?


Ensuitem une autre erreur que tu commets c'est qunad tu opposes révolution et palier, révolution et durée dans le temps. Une révolution aussi se fait avec des paliers, ceux liés aux moyens dont disposent les révolutionnaires, à leur envie, à leur état de conscience d'un moment donné. Personne n'ajamais dit que la Révolution allait tout arranger dujour au lendemain d'un coup de baguette magique. Au contraire, les problèmes risauent d'êtres encore plus aigus dans la phase immédiatementpost révolutionnaire. Les révolutionnaires qui ont rédigé la Chartes de paris - et qui avaient accumulés une longue expérience dans le mouvement l'ouvrier - l'ont fort bien exprimé : "[le Congres décalre] que le terme des conquêtes révolutionnaires ne peut être marqué que par les facultés de compréhension des travailleurs et les possibilités de réalisation de leurs organismes économiques, dont l’effort devra être porté au maximum."

Les efforts portés au maximum dans le sens des conquêtes révolutionnaires, c'est cela la vraie signification du "chacun selon ses moyens", c'est à dire au maximum de ses moyens pour le bien collectif, et pas quelques misérables pourcentage de cotisation qui de toute façon sont repris par le patron tout simplement en augmentant ses prix (car il ne sreait être question qu'il rogne sur sa marge ...).

La Révolution n'a pas non plus à voir avec la rapidité et l'instantanéité. C'est une fausse représentation que tu as. Ce qui est révolutionnaire c'est surtout la rupture, c'est à dire uen décision qui modifie de façon brutale la structure idéologique de la société de telle sorte qu'elle rende impossible tout retour en arrière. Autrement dit, c'est un changement dans les esprits, pas une nuit des barricades. Si tu prends l'exemple de la révolution française et des moments aussi forts que la prise de la Bastille, la nuit du 4 aout ou encore la décapitation de Louis XVI, on ne peut pas dire que ce soit des évènements rapides. il a fallu des années pour que l'esporit des lumières imprègene une
partie non négligeable de la population, il s'est passé quasi 4 ans entre la prise de la bastille et la mort de Louis XVI. Autant de temps qui a été nécessaire pour que murissent les esprits et les idées, qu'elles se frayent leur chemin et qu'elles se répandent. Après ces temps forts paraissent peut être spontannés, mais ils ont été préparés de longue date ... La Révolution c'est avant tout un processus.



Et bien ça peut vous paraitre étonnant au premier abord que je mette à la suite de cette échange le lien suivant :
http://juralibertaire.over-blog.com/art ... 53357.html

Pourquoi l'ais-je fait ?
Et bien c'est pour aller dans le sens de Nosotros, qui démontre très bien en quoi le fait de progresser ponctuellement dans certains domaines sociaux (ceux cités par Avrol notamment) ne constitue en rien un progrès révolutionnaire, parce qu'elles n'annulent en rien le cadre bourgeois de cette société, parce qu'elles ne touchent pas à ses valeurs dominantes et fondamentales.
Une de ces valeurs mortifères et inhérentes à la société bourgeoise, dénoncée ici à nouveau par Nosotros, est donc la propriété. Et effectivement, non seulement les "réformes" en question n'ont pas aboli la propriété, mais on peut même affirmer qu'en satisfaisant certaines revendications, et donc en intégrant les nouveaux acquis sociaux à la société bourgeoise et à son fonctionnement, ces réformes renforcent et consolident, par ces replâtrages, la société bourgeoise sur ces fondations, sur son socle de valeurs.
Ici deux tendances à priori devraient s'opposer :

1) Dans le cadre de la société bourgeoise, les acquis sociaux améliorant les conditions d'existence permettront à l'exploité émancipé de mieux appréhender sa condition d'exploité, avec plus de moyens et de lucidité, et donc lui permettront de mieux continuer son combat pour son émancipation...
2) Dans le cadre de la société bourgeoise, les acquis sociaux fragilisent la lutte des classes car en satisfaisant une partie des exploités, ils créent entre eux des inégalités qui les divisent (ex : exploités des pays du nord/vs/exploités des pays du sud), effritant et décomposant ainsi le rapport de force quantitatif du camp des exploités...

Vaste dilemme ! car ces deux théories contradictoires sont vraies toutes les deux !

Et au bout de tout ce processus réformard qu'est-ce qu'y nous reste donc ? ...le monde d'aujourd'hui, soit une grosse merde !

Alors scientifiquement, quand, dans un cadre donnée, deux théories vraies s'opposent, que cela prouve-t-il ?
La réponse est simple : que le cadre est faux !

Que faut-il faire alors ?
La réponse est simple : Classer définitivement ce cadre dans la catégorie des "erreurs justifiées", l'abandonner et le détruire, en construire d'autres...

Or ici dans le problème cité plus haut quel est le cadre en question ?
La réponse est simple : La société bourgeoise !

La solution du problème est donc l'abandon, la destruction, de la société bourgeoise et de toutes ses valeurs réactionnaires, soit : La Révolution !

CQFD !


Bon, tout ça pour dire qu'il n'y a pas que la propriété comme valeur fondamentale de la société bourgeoise, il y a aussi plus globalement la morale bourgeoise issue entre autres d'un autre système de domination, et donc mortifère : la religion, sa morale, son éthique, sa morgue.
Ici dans ce film (lien plus haut) on verra comment de belles phrases, de belles voies, de belles images, de belles intentions, des gens organisés et sincères, participent à la folie du monde. Comment elles (les gens) canalisent, intègrent au système, par leurs réformes, les vicissitudes et les perversions de la morale dominante bourgeoise, très imprégnée par la morale religieuse.
Oui ! L'enfer réformard est pavé de bonnes intentions !

Ce qu'à démontré Nosotros, vis à vis de la propriété, est aussi valable pour les autres composantes de la morale de tous les systèmes de Dominantion avec un "D" majuscule !
On ne pourra parler de Révolution avec un grand "R" que lorsqu'on s'attaquera de façon lucide et déterminée à la Domination dans sa globalité, c'est à dire à toute les formes de dominations, à toutes leurs morales spécifiques, dans un même élan, c'est à dire dans un même processus révolutionnaire...
Ce processus révolutionnaire est global et protéiforme. Il ne se limite pas non plus dans le temps, en d'autres termes il ne se limite pas à un "grand soir", évènement qui toutefois peut faire partie de ses composantes...

Pour La Sociale, c'est lucide et déterminé, qu'on doit libérer son imaginaire !


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La liberté des uns se conjugue AVEC celle des autres...