Camus au Panthéon?

Faut-il vraiment en préciser le contenu ?

Camus au Panthéon?

Messagepar anarced » Samedi 28 Nov 2009 13:25

Salut à tout le monde,

Camus au panthéon, vous en pensez quoi?

J'ai lu une lettre ouverte de Onfray sur le sujet adressée au président, une lettre pompeuse voire lèche-cul "Monsieur le Président, vous me lirez peut-être si vous avez le temps,..." Blablabla, blablabla,...

Le professeur de philosophie oublie qu'il s'adresse à un élève médiocre, bien incapable de parvenir à des résultats acceptables dans sa matière. D'ailleurs, à l'école, il rêvait de devenir C.R.S mais malheureusement, sa petite taille et ses bourrelets l'empêchèrent de réaliser son rêve, ce dont il ne se remis jamais, même en s'emplissant les narines de cocaïne...

Suite à cette annonce de panthéonisation d'un anarchiste notoire (un cahier de l'AIT lui est d'ailleurs consacré) je lance ici l'idée d'une pétition pour réclamer la panthéonisation de Pierre-Joseph Proudhon, Michaël Bakounine, Pierre Kropotkine, Elisée Reclus et d'autres (je ne voudrais pas en restreindre la liste!)

Tout ceci est bien entendu d'aucune utilité, si ce n'est rigoler un peu! Il paraît que l'humour est une qualité indispensable aux révolutionnaires, le sarcasme peut donc être un petit plaisir salutaire...

Voilà, c'est tout!
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Re: Camus au Panthéon?

Messagepar goldfax » Samedi 28 Nov 2009 13:30

Ce que j'en pense, c'est qu'il voulait être enterré dans le sud de la France. Qu'on le laisse reposer en paix et qu'on respecte l'opinion de son fils. Je ne pense pas qu'Albert Camus aurait aimé avoir les honneurs de la République... Enfin, maintenant qu'il est mort, c'est facile à dire.

Pis, le Panthéon... Qu'est-ce que ça va lui donner ?...
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Re: Camus au Panthéon?

Messagepar NOSOTROS » Samedi 28 Nov 2009 17:50

Je te trouve dur avec le texte d'Onfray

D'une part parce que il n'est pas si leche cul que tu le dis. Le "monsieur le président" d'introduction est pour le moins ironique, puisqu'il s'agit de la premièwre phrase du déserteur de Vian. Onfray nous indique en filigrane qu'il se réfère à cette chanson, qu'il se place dans son sillage. Or tout le monde - en tout cas Onfray j'en suis sur - connait la fameuse dernière phrase de la Chanson, pas celle chantée par Moouloudji et modifiée pour la censure, mais celle écrite par Vian : "et prevenez vos gendarmes [viennent pour m'arrêter] que j'ai une arme et que je sais viser".

Au contraire il lui envoie bien en direct toutes différences politiques irréconciliables entre Camus et la politique que mène Sarkozy. Le nom de Caligula est aussi rappelé, ce qui n'est pas vraiement flatteur ...

D'autre part parce que si on entends Onfray ce qui me frappe surtout c'est le silence de tous les autres, tous les pseudo "nouveaux philosophes", les Gluksman, Henri Levy et autres Finkielkraut, qui eux ont toujours été dans le camp de l'erreur magistrale, et ce d`s le débt en choississant Sartre contre Camus justement... Leur silence piteux en dit long : ils essayent de se faire tout petit en espérant qu'on ne remarquera rien, juste le temps que la "polémique' passe. Mais ce que leur silence dit, c'est qu'au fond ils n'ont pas changé, ils ne renient rien, ils restent toujours les mêmes. Ce sont des merdes.

Quant à Camus, la meilleure façon d'enterrer définitivement sa pensée c'est de la faire entrer au Panthéon. On voudrait la tuer qu'on ne s'y prendrait pas autrement !

Enfin pour ceux qui sont intéressés par creuser la proximité de Camus avec les libertaires et les anarchosyndicalistes, je rappelle la brochure qu'on a édité depusi les années 70 et qui est régulièrement réeditée depuis : http://cnt-ait.info/article.php3?id_article=1232

Sinon pour ta proosition je suis parfaitement d'accord mais en te proposant de commencer la liste par Ravachol ! :-)

===============
Monsieur le Président, devenez camusien !, par Michel Onfray

Monsieur le Président, je vous fais une lettre, que vous lirez peut-être, si vous avez le temps. Vous venez de manifester votre désir d'accueillir les cendres d'Albert Camus au Panthéon, ce temple de la République au fronton duquel, chacun le sait, se trouvent inscrites ces paroles : "Aux grands hommes, la patrie reconnaissante". Comment vous donner tort puisque, de fait, Camus fut un grand homme dans sa vie et dans son oeuvre et qu'une reconnaissance venue de la patrie honorerait la mémoire de ce boursier de l'éducation nationale susceptible de devenir modèle dans un monde désormais sans modèles.

NOUVEAU ! Un sujet vous passionne ? Publiez votre chronique sur Le Monde.fr
Abonnez-vous au Monde.fr : 6€ par mois + 30 jours offertsDe fait, pendant sa trop courte vie, il a traversé l'histoire sans jamais commettre d'erreurs : il n'a jamais, bien sûr, commis celle d'une proximité intellectuelle avec Vichy. Mieux : désireux de s'engager pour combattre l'occupant, mais refusé deux fois pour raisons de santé, il s'est tout de même illustré dans la Résistance, ce qui ne fut pas le cas de tous ses compagnons philosophes. De même, il ne fut pas non plus de ceux qui critiquaient la liberté à l'Ouest pour l'estimer totale à l'Est : il ne se commit jamais avec les régimes soviétiques ou avec le maoïsme.

Camus fut l'opposant de toutes les terreurs, de toutes les peines de mort, de tous les assassinats politiques, de tous les totalitarismes, et ne fit pas exception pour justifier les guillotines, les meurtres, ou les camps qui auraient servi ses idées. Pour cela, il fut bien un grand homme quand tant d'autres se révélèrent si petits.

Mais, Monsieur le Président, comment justifierez-vous alors votre passion pour cet homme qui, le jour du discours de Suède, a tenu à le dédier à Louis Germain, l'instituteur qui lui permit de sortir de la pauvreté et de la misère de son milieu d'origine en devenant, par la culture, les livres, l'école, le savoir, celui que l'Académie suédoise honorait ce jour du prix Nobel ? Car, je vous le rappelle, vous avez dit le 20 décembre 2007, au palais du Latran : "Dans la transmission des valeurs et dans l'apprentissage de la différence entre le bien et le mal, l'instituteur ne pourra jamais remplacer le curé." Dès lors, c'est à La Princesse de Clèves que Camus doit d'être devenu Camus, et non à la Bible.

De même, comment justifierez-vous, Monsieur le Président, vous qui incarnez la nation, que vous puissiez ostensiblement afficher tous les signes de l'américanophilie la plus ostensible ? Une fois votre tee-shirt de jogger affirmait que vous aimiez la police de New York, une autre fois, torse nu dans la baie d'une station balnéaire présentée comme très prisée par les milliardaires américains, vous preniez vos premières vacances de président aux Etats-Unis sous les objectifs des journalistes, ou d'autres fois encore, notamment celles au cours desquelles vous avez fait savoir à George Bush combien vous aimiez son Amérique.

Savez-vous qu'Albert Camus, souvent présenté par des hémiplégiques seulement comme un antimarxiste, était aussi, et c'est ce qui donnait son sens à tout son engagement, un antiaméricain forcené, non pas qu'il n'ait pas aimé le peuple américain, mais il a souvent dit sa détestation du capitalisme dans sa forme libérale, du triomphe de l'argent roi, de la religion consumériste, du marché faisant la loi partout, de l'impérialisme libéral imposé à la planète qui caractérise presque toujours les gouvernements américains. Est-ce le Camus que vous aimez ? Ou celui qui, dans Actuelles, demande "une vraie démocratie populaire et ouvrière", la "destruction impitoyable des trusts", le "bonheur des plus humbles d'entre nous" (Œuvres complètes d'Albert Camus, Gallimard, "La Pléiade", tome II, p. 517) ?

Et puis, Monsieur le Président, comment expliquerez-vous que vous puissiez déclarer souriant devant les caméras de télévision en juillet 2008 que, "désormais, quand il y a une grève en France, plus personne ne s'en aperçoit", et, en même temps, vouloir honorer un penseur qui n'a cessé de célébrer le pouvoir syndical, la force du génie colérique ouvrier, la puissance de la revendication populaire ? Car, dans L'Homme révolté, dans lequel on a privilégié la critique du totalitarisme et du marxisme-léninisme en oubliant la partie positive - une perversion sartrienne bien ancrée dans l'inconscient collectif français... -, il y avait aussi un éloge des pensées anarchistes françaises, italiennes, espagnoles, une célébration de la Commune, et, surtout, un vibrant plaidoyer pour le "syndicalisme révolutionnaire" présenté comme une "pensée solaire" (t. III, p. 317).

Est-ce cet Albert Camus qui appelle à "une nouvelle révolte" libertaire (t. III, p. 322) que vous souhaitez faire entrer au Panthéon ? Celui qui souhaite remettre en cause la "forme de la propriété" dans Actuelles II (t. III, p. 393) ? Car ce Camus libertaire de 1952 n'est pas une exception, c'est le même Camus qui, en 1959, huit mois avant sa mort, répondant à une revue anarchiste brésilienne, Reconstruir, affirmait : "Le pouvoir rend fou celui qui le détient" (t. IV, p. 660). Voulez-vous donc honorer l'anarchiste, le libertaire, l'ami des syndicalistes révolutionnaires, le penseur politique affirmant que le pouvoir transforme en Caligula quiconque le détient ?

De même, Monsieur le Président, vous qui, depuis deux ans, avez reçu, parfois en grande pompe, des chefs d'Etat qui s'illustrent dans le meurtre, la dictature de masse, l'emprisonnement des opposants, le soutien au terrorisme international, la destruction physique de peuples minoritaires, vous qui aviez, lors de vos discours de candidat, annoncé la fin de la politique sans foi ni loi, en citant Camus d'ailleurs, comment pourrez-vous concilier votre pragmatisme insoucieux de morale avec le souci camusien de ne jamais séparer politique et morale ? En l'occurrence une morale soucieuse de principes, de vertus, de grandeur, de générosité, de fraternité, de solidarité.

Camus parlait en effet dans L'Homme révolté de la nécessité de promouvoir un "individualisme altruiste" soucieux de liberté autant que de justice. J'écris bien : "autant que". Car, pour Camus, la liberté sans la justice, c'est la sauvagerie du plus fort, le triomphe du libéralisme, la loi des bandes, des tribus et des mafias ; la justice sans la liberté, c'est le règne des camps, des barbelés et des miradors. Disons-le autrement : la liberté sans la justice, c'est l'Amérique imposant à toute la planète le capitalisme libéral sans états d'âme ; la justice sans la liberté, c'était l'URSS faisant du camp la vérité du socialisme. Camus voulait une économie libre dans une société juste. Notre société, Monsieur le Président, celle dont vous êtes l'incarnation souveraine, n'est libre que pour les forts, elle est injuste pour les plus faibles qui incarnent aussi les plus dépourvus de liberté.

Les plus humbles, pour lesquels Camus voulait que la politique fût faite, ont nom aujourd'hui ouvriers et chômeurs, sans-papiers et précaires, immigrés et réfugiés, sans-logis et stagiaires sans contrats, femmes dominées et minorités invisibles. Pour eux, il n'est guère question de liberté ou de justice... Ces filles et fils, frères et soeurs, descendants aujourd'hui des syndicalistes espagnols, des ouvriers venus d'Afrique du Nord, des miséreux de Kabylie, des travailleurs émigrés maghrébins jadis honorés, défendus et soutenus par Camus, ne sont guère à la fête sous votre règne. Vous êtes-vous demandé ce qu'aurait pensé Albert Camus de cette politique si peu altruiste et tellement individualiste ?

Comment allez-vous faire, Monsieur le Président, pour ne pas dire dans votre discours de réception au Panthéon, vous qui êtes allé à Gandrange dire aux ouvriers que leur usine serait sauvée, avant qu'elle ne ferme, que Camus écrivait le 13 décembre 1955 dans un article intitulé "La condition ouvrière" qu'il fallait faire "participer directement le travailleur à la gestion et à la réparation du revenu national" (t. III, p. 1059) ? Il faut la paresse des journalistes reprenant les deux plus célèbres biographes de Camus pour faire du philosophe un social-démocrate...

Car, si Camus a pu participer au jeu démocratique parlementaire de façon ponctuelle (Mendès France en 1955 pour donner en Algérie sa chance à l'intelligence contre les partisans du sang de l'armée continentale ou du sang du terrorisme nationaliste), c'était par défaut : Albert Camus n'a jamais joué la réforme contre la révolution, mais la réforme en attendant la révolution à laquelle, ces choses sont rarement dites, évidemment, il a toujours cru - pourvu qu'elle soit morale.

Comment comprendre, sinon, qu'il écrive dans L'Express, le 4 juin 1955, que l'idée de révolution, à laquelle il ne renonce pas en soi, retrouvera son sens quand elle aura cessé de soutenir le cynisme et l'opportunisme des totalitarismes du moment et qu'elle "réformera son matériel idéologique et abâtardi par un demi-siècle de compromissions et (que), pour finir, elle mettra au centre de son élan la passion irréductible de la liberté" (t. III, p. 1020) - ce qui dans L'Homme révolté prend la forme d'une opposition entre socialisme césarien, celui de Sartre, et socialisme libertaire, le sien... Or, doit-on le souligner, la critique camusienne du socialisme césarien, Monsieur le Président, n'est pas la critique de tout le socialisme, loin s'en faut ! Ce socialisme libertaire a été passé sous silence par la droite, on la comprend, mais aussi par la gauche, déjà à cette époque toute à son aspiration à l'hégémonie d'un seul.

Dès lors, Monsieur le Président de la République, vous avez raison, Albert Camus mérite le Panthéon, même si le Panthéon est loin, très loin de Tipaza - la seule tombe qu'il aurait probablement échangée contre celle de Lourmarin... Mais si vous voulez que nous puissions croire à la sincérité de votre conversion à la grandeur de Camus, à l'efficacité de son exemplarité (n'est-ce pas la fonction républicaine du Panthéon ?), il vous faudra commencer par vous.

Donnez-nous en effet l'exemple en nous montrant que, comme le Camus qui mérite le Panthéon, vous préférez les instituteurs aux prêtres pour enseigner les valeurs ; que, comme Camus, vous ne croyez pas aux valeurs du marché faisant la loi ; que, comme Camus, vous ne méprisez ni les syndicalistes, ni le syndicalisme, ni les grèves, mais qu'au contraire vous comptez sur le syndicalisme pour incarner la vérité du politique ; que, comme Camus, vous n'entendez pas mener une politique d'ordre insoucieuse de justice et de liberté ; que, comme Camus, vous destinez l'action politique à l'amélioration des conditions de vie des plus petits, des humbles, des pauvres, des démunis, des oubliés, des sans-grade, des sans-voix ; que, comme Camus, vous inscrivez votre combat dans la logique du socialisme libertaire...

A défaut, excusez-moi, Monsieur le Président de la République, mais je ne croirai, avec cette annonce d'un Camus au Panthéon, qu'à un nouveau plan de communication de vos conseillers en image. Camus ne mérite pas ça. Montrez-nous donc que votre lecture du philosophe n'aura pas été opportuniste, autrement dit, qu'elle aura produit des effets dans votre vie, donc dans la nôtre. Si vous aimez autant Camus que ça, devenez camusien. Je vous certifie, Monsieur le Président, qu'en agissant de la sorte vous vous trouveriez à l'origine d'une authentique révolution qui nous dispenserait d'en souhaiter une autre.

Veuillez croire, Monsieur le Président de la République, à mes sentiments respectueux et néanmoins libertaires.
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Re: Camus au Panthéon?

Messagepar anarced » Samedi 28 Nov 2009 22:04

Je suis d'accord avec ce que tu dis Nosotros, je voulais surtout lancer le sujet. Et d'ailleurs pour continuer dans le style d'Onfray, avec des insinuations en filigrane, il faudrait peut-être faire précéder le nom de Ravachol par celui de Sante Caserio :D

En plus, un italien, c'est vraiment parfait, c'est l'ironie de l'histoire!
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Re: Camus au Panthéon?

Messagepar NOSOTROS » Dimanche 29 Nov 2009 0:07

Chiche ! :-)
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Re: Camus au Panthéon?

Messagepar anarced » Dimanche 29 Nov 2009 20:53

Temps de merde ce dimanche, je me suis amusé au même exercice qu'Onfray.
Voilà ce que ça donne:

Monsieur le Président, je vous fais une lettre, que vous lirez peut-être, si vous avez le temps (mais je n'en ai de toute façon rien à foutre). Vous avez décidé d'honorer les restes du cadavre de Monsieur Albert Camus, mort voilà déjà presque un demi siècle, en les déplaçant dans un temple que les Grecs et les Romains consacraient à certains de leurs dieux, le Panthéon. Loin de moi est l'idée de vous donner tort, même si je ne partage pas vos croyances en la résurrection des cadavres et que je m'étonne que vous vous adonniez à cette cérémonie mystique aux rites antiques, vous qui dîtes pourtant avoir le soucis de vivre au 21ème siècle et non au 20ème.

Encore plus loin de moi est l'idée de me livrer à un discours, que vous jugeriez pompeux, sur l'œuvre d'un auteur que vous n'avez jamais lu car je sais votre aversion pour la philosophie et la littérature, ainsi que pour les professeurs qui les enseignent, auxquels vous préférerez toujours les curés et leur Bible qui fonde selon vous l'identité nationale. Loin de la philosophie camusienne, votre despotisme autocratique se caractérise par le rejet de toute expression démocratique et le recours systématique au terrorisme de masse, avec des cars de C.R.S, des matraques et des gaz lacrymogènes, avec des B.A.C., des arrestations arbitraires et des gardes à vue prolongées, avec une justice expéditive, des comparutions immédiates, des condamnations préventives et des procédures exceptionnelles vous autorisant à faire n'importe quoi et à répéter sans (ré)fléchir: tolérance zéro et encore zéro!
Tous les lycéens s'en souviennent...

Je me garderai donc bien, Monsieur le Président, de débattre avec vous, comme je vous l'ai déjà signifié plus explicitement en guise d'introduction. Je crois qu'Albert Camus est avant tout pour vous un cocorico au palmarès des prix Nobel et que votre décision, que beaucoup jugeront maladroite, part d'une bonne intention, celle d'honorer un écrivain comme on honore un militaire: avec des drapeaux et des trompettes.

Je tiens cependant à vous signaler que la poussière cadavérique que vous souhaitez faire entrer en grande pompe dans votre temple sacré est tout ce qu'il reste du corps d'un homme qui, lorsqu'il était animé, voyait dans le christianisme « le dogme de l'injustice » (*) et n'a cessé de combattre tous les dogmes, religieux, politiques ou économiques. Même s'il refusa d'étiqueter la philosophie de ses romans pour ne pas nuire à l'authenticité de leur intrigue ni à leur vie, Monsieur le Président, il faut bien qu'on vous le dise, c'est le nom d'un anarchiste et non des moindres que vous vous proposez d'ajouter à la liste du Panthéon!

Je me garderai bien, Monsieur le Président, de vous en faire le reproche. Si l'idée m'étonne de votre part, elle m'amuse beaucoup aussi et si je vous écris, c'est pour vous encourager à persévérer dans cette même voie car dans le sillage de notre défunt compagnon Albert Camus, beaucoup de monde mériterait de le rejoindre. Aussi, j'ai l'honneur de solliciter de votre haute bienveillance l'examen d'une liste non exhaustive de personnalités anarchistes qui, je l'espère, retiendra votre attention:

C'est Sante Geronimo Caserio né à Motta Visconti en Lombardie le 8 septembre 1873 et mort guillotiné à Lyon le 16 août 1894 que j'ai choisi pour introduire cette liste car je sais combien l'Italie est chère à votre cœur. Sachez, Monsieur le Président, que votre cœur, celui du Président de la République, lui était tout aussi cher.

C'est ensuite François Claudius Koënigstein dit Ravachol, le « Rocambole de l'anarchisme », né le 14 octobre 1859 à Saint-Chamond dans la Loire et mort guillotiné le 11 juillet 1892 à Montbrison que je vous soumet pour l'ensemble de son œuvre et en particulier pour le travail acharné auquel il se livra, corps et âme, pour améliorer les institutions judiciaires.

C'est enfin le nom de quelques écrivains qui certes n'eurent pas la chance de recevoir les honneurs du prix Nobel mais qui initièrent Albert Camus dans ce combat sans compromis contre tous les dogmes: Pierre-Joseph Proudhon, Michel Bakounine, Pierre Kropotkine, Élisée Reclus et bien d'autres, je ne voudrais pas en restreindre la liste.

Avec ma reconnaissance anticipée, je vous prie d'agréer, Monsieur le Président, l'expression de mes salutations très respectueuses et néanmoins anarchistes.



(*) « Le christianisme (et c'est sa paradoxale grandeur) est le dogme de l'injustice. C'est le sacrifice de l'innocent et l'acceptation de ce sacrifice »

Albert Camus
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Re: Camus au Panthéon?

Messagepar NOSOTROS » Lundi 30 Nov 2009 9:23

exclentissime !

On peut diffuser ? en indiquant quelle source ?
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Re: Camus au Panthéon?

Messagepar anarced » Lundi 30 Nov 2009 12:46

Il me semble que la source est le forum rouge et noir!
Pour la citation de Camus, je n'en ai pris qu'une seule, je ne sais plus exactement la source. De mémoire, c'est dans un recueil d'articles de journaux que je n'ai pas sous la main car je l'ai emprunté dans une bibliothèque, la Plume Noire, 19 rue Pierre Blanc à Lyon. Ce doit être un article paru dans Combat. A vérifier.
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Re: Camus au Panthéon?

Messagepar trotsky le clown » Mardi 01 Déc 2009 1:03

Quant à Camus, la meilleure façon d'enterrer définitivement sa pensée c'est de la faire entrer au Panthéon. On voudrait la tuer qu'on ne s'y prendrait pas autrement !

oui, surtout que c'etait pas je genre a reclamet ce type d'honneur, lui c'etait un prix nobel ou il faisait pas le déplacement, stature internationale oblige, un vraie VIP !
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Re: Camus au Panthéon?

Messagepar lucien » Vendredi 18 Déc 2009 15:40

Bonne nouvelle : temps pourri ce dimanche (anarced, à ta plume).
Le monde ne se compose pas d'anges révolutionnaires, de travailleurs généreux d'une part, de diables réactionnaires et de capitalistes cupides de l'autre.
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Re: Camus au Panthéon?

Messagepar goldfax » Samedi 19 Déc 2009 13:32

Perso, je capte pas. Une "private joke" ?
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Re: Camus au Panthéon?

Messagepar lucien » Samedi 19 Déc 2009 13:33

anarced a écrit:Temps de merde ce dimanche, je me suis amusé au même exercice qu'Onfray.
Le monde ne se compose pas d'anges révolutionnaires, de travailleurs généreux d'une part, de diables réactionnaires et de capitalistes cupides de l'autre.
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Re: Camus au Panthéon?

Messagepar goldfax » Samedi 19 Déc 2009 14:06

Ouais... Je me rappelais plus de l'introduction... :mrgreen:
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