Les Idôles du crépuscule

Faut-il vraiment en préciser le contenu ?

Les Idôles du crépuscule

Messagepar Léa » Dimanche 14 Aoû 2005 23:09

LES IDOLES DU CREPUSCULE
Commentaires sur la religion et sa mission historique de formatage du cerveau humain en réceptacle de l’Apocapitalisme

" La structure émotionnelle de l’homme authentiquement religieux obéit pour l’essentiel à la description suivante : sur le plan biologique, il est soumis aux mêmes tensions sexuelles que tous les autres hommes et êtres vivants. Mais l’assimilation des représentations religieuses anti-sexuelles et la peur acquise de la punition lui ont enlevé toute possibilité de tension et de satisfaction sexuelles naturelles. Il souffre donc d’un état de surexcitation physique chronique qu’il est obligé de tenir sans arrêt en échec. Le bonheur sur terre n’est pas seulement hors de son atteinte, il ne lui paraît même pas désirable. Comme il attend la récompense dans l’au-delà, il souffre, dans toutes les affaires terrestres, du sentiment de son inaptitude au bonheur. Comme il est un être vivant biologique qui ne saurait se passer de bonheur, de détente et de satisfaction, il se met en quête d’un bonheur imaginaire capable de lui procurer les tensions religieuses correspondant au prélude du plaisir, autrement dit, les courants et excitations végétatifs du corps […] En réalité, l’homme religieux est absolument incapable de se tirer d’affaire, puisqu’avec la répression de son énergie sexuelle il a perdu l’aptitude au bonheur et l’agressivité naturelle lui permettant de faire face aux difficultés de la vie. Son état d’impuissance totale l’incite à croire d’autant plus aux puissances surnaturelles chargés de le soutenir et de le protéger. Nous comprenons pourquoi il est capable, dans certaines situations, de faire preuve d’une puissance de conviction extraordinaire, d’un courage passif face à la mort. "
Wilhelm REICH, "La psychologie de masse du fascisme", 1933.

" Au départ bien sûr, cette résistance a bénéficié du soutien d’une partie des Irakiens. Mais il ne faut pas être dupe : ce n’en est pas une. Quand on cible des femmes pour les contraindre à porter le voile, quand on fait exploser des voitures piégées pour tuer de simples gens faisant la queue pour avoir du travail sous prétexte qu’il ne faut pas travailler chez l’ennemi, quand on empêche à coups de bombe des unités industrielles de redémarrer et quand on s’attaque aux syndicalistes, on ne peut pas appeler cela une résistance nationale. Les Irakiens se posent de plus en plus la question de savoir si cette guerre est dirigée contre les États-Unis ou contre le peuple. Force est de constater qu’elle se fait aussi contre le peuple. Dans le conflit actuel, nous estimons que l’islam politique tout comme les États-Unis qui occupent l’Irak sont deux pôles terroristes. "
Amjad AL JAWHAR, syndicaliste irakien, http://www.solidariteirak.org/article.php3?id_article=217

" Article I-52
Statut des églises et des organisations non confessionnelles
1. L'Union respecte et ne préjuge pas du statut dont bénéficient, en vertu du droit national, les
églises et les associations ou communautés religieuses dans les États membres.
2. L'Union respecte également le statut dont bénéficient, en vertu du droit national, les organisations philosophiques et non confessionnelles.
3. Reconnaissant leur identité et leur contribution spécifique, l'Union maintient un dialogue ouvert, transparent et régulier avec ces églises et organisations.
Article II-70
1. Toute personne a droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion. Ce droit implique la liberté de changer de religion ou de conviction, ainsi que la liberté de manifester sa religion ou sa conviction individuellement ou collectivement, en public ou en privé, par le culte, l'enseignement, les pratiques et l'accomplissement des rites. "

Traité établissant une constitution pour l’Europe, 16 décembre 2004.

" L'Eglise catholique est entrain de défendre la grande propriété des riches et non les intérêts sociaux. "
Jaime SOLARES, secrétaire de la Central Obrera Boliviana (COB), La Paz, 5 juin 2005

" On m’a prêté une vision utilitariste de la religion, on m’a soupçonné de vouloir instrumentaliser les Églises au service de l’ordre public. Je n’ai fait que constater que, lorsqu’il y a un prêtre ou un pasteur dans un village pour s’occuper des jeunes, il y a moins de laisser aller, de désespérance, et finalement de délinquance. Je n’ai fait qu’avouer, et je le revendique, qu’à mes yeux, c’était plutôt mieux de parler aux jeunes du respect de soi, du respect des autres, du respect de la femme, de l’importance de la vie, de son caractère unique, du sens de la mort en tant que passage, plutôt que de leur offrir comme seules perspectives l’argent, la drogue, la télévision, les réussites faciles. Je ne dis pas que la République ne peut pas le faire. Je constate que, malgré les ambitions de Jules Ferry, elle est mal à l’aise pour le faire et qu’elle ne le fait pas. C’est en ce sens que les religions sont un plus pour la République. Elles remettent constamment les hommes et les femmes de ce temps dans la perspective des questions fondamentales de l’existence humaine : le sens de la vie, le sens de la mort, le sens de la société, le sens de l’histoire. "
Nicolas Sarkozy, Intervention sur le thème "Dieu peut-il se passer de la République ?", Neuilly, le lundi 20 juin 2005.

La religion : une arme séculaire de destruction massive
Parmi les scandaleuses injures que le capital, dans sa marche suicidaire, jette au visage meurtri de l’intelligence, il en est une qui laisse une souillure indélébile parce que concoctée des poisons les plus néfastes que la stupidité a distillés dans l’Histoire.


Et cette saleté a la nauséabonde caractéristique de prospérer en moisissure étouffante de toute vitalité, défigurant toute salacité en monstre criminel. Cette peste de la déraison, ce germe létal du désespoir apeuré dans l’aveuglement, ce souffle de la mort qui glace la vie, c’est la religion.

La religion est intrinsèquement réactionnaire. Elle constitue une représentation du monde se fondant sur le mensonge et la haine de la liberté. Parole indiscutable parce que ne résistant pas à l’épreuve du dialogue libre et de la preuve scientifique, ineptie inversant objectivement les lois de la production du réel (ce que Bakounine appelle le salto mortale) en décrétant que le spirituel est créateur du matériel, le dogme religieux est le culte de l’arbitraire triomphant, l’apologie de l’incohérence écartant tout sens véritable. De ce fait, la foi, au-delà de tromper l’humanité, l’entraîne sur la voie des calamités.

Chienne de garde du pouvoir de classe, peu importe à l’idéologie religieuse de se mettre au service d’un chef de tribu asiatique, d’un patricien, d’un puissant bédouin, d’un latifundiste esclavagiste, d’un patron d’industrie ou d’un tribun nazi.

Partout où la domination existe, la religion veille. Et les idéologies léninistes fossoyeuses de dizaines de millions d’exploités n’ont pu remplir leur tâche immonde qu’en se consolidant en religion. Les symptômes de cette fatale défiguration des aspirations communistes ne pouvant conduire qu’à dresser cet évident et sinistre diagnostique : le culte du Prophète, le mysticisme de l’eschatologie, le dogme indiscutable s’érigeant sur l’éviction de la pensée critique, la sacralisation de la souffrance nécessaire.

En accédant au pouvoir il y a plus de 2 siècles, la bourgeoisie n’a fait que remodeler les modes d’action des organisations religieuses. Elle a juste appris à adapter l’arme divine à ses propres impératifs, cet instrument abominable servant à justifier les fondements et les crimes de la société de classes : propriété privée, division biologique inégalitaire de l’humanité (la femme est inférieure à l’homme), répression sexuelle, totalitarisme comme but politique, guerre et massacre comme méthode de gouvernement. Les bourgeois ne sauront jamais assez remercier les mercenaires de la sainte parole qui ont assuré et continuent de remplir les fonctions décisives d’éradication de la révolte accompagnant la conquête capitaliste du monde. La bourgeoisie internationale ne serait rien sans ces missionnaires chrétiens qui ont permis d’établir efficacement les fondements de l’accumulation primitive du capital sur les charniers des peuples esclaves érigés en autels de l’ignominie une fois recrachés des mines de métaux précieux ou des champs de production agricole.

En se constituant en classe sociale potentiellement révolutionnaire, le prolétariat a très vite été identifié par les capitalistes comme l’ennemi principal, un ennemi organique dont l’existence requise par la production du capital en interdisait l’anéantissement. La contention de l’ouvrier s’est opérée par la répression, la paupérisation ici et l’abondance marchande là, la saignée massive quand les conditions d’exploitation l’exigeaient et le contrôle des consciences. Cette dernière tâche a longtemps incombé aux forces religieuses lorsque le capital n’était pas assez prégnant pour désintégrer la communauté prolétarienne en conquérant l’imaginaire et la culture propre des travailleurs. Faire accepter l’inacceptable des conditions de vie misérables et/ou atroces dictées par l’infamie de l’inégalité économique fut une mission longtemps monopolisée par les aboyeurs de croyances. Mais, si la religion est l’ancêtre de la société du Spectacle en tant que négation déformatrice de la réalité et mode de pensée anti-historique, son emprise sur les consciences a fortement périclité en Occident et sur l’ensemble de la planète tout au long du 20ème siècle. Comme le capital s’implantait à la base des rapports sociaux, la religion dévoilait son visage de parent pauvre de l’illusion marchande devenue si sophistiquée sous nos latitudes. A ce propos, il est tout à fait saisissant d’observer que, dans les pays dominants, les centres commerciaux ont petit à petit pris toute la dimension perdue par les cathédrales dans ce qu’elles avaient autrefois de lieux cérémoniels à la gloire de l’illusion.

Pourtant, croiser une femme enfermée dans une bourkha en pleine rue d’une ville de banlieue française, écouter un discours trempé dans la verve nauséabonde des sectes protestantes du XVIIème siècle de la bouche de G.W. BUSH, se faire sermonner, avec stupéfaction, par la voie ressuscitée d’un prosélytisme des plus infectes, sont quelques uns des multiples supplices caractéristiques d’un autre Age que le quotidien nous inflige. Aussi, force est de constater avec effroi que le monstre divin est loin de pourrir aux poubelles de l’Histoire et que partout les armées de Dieu ont entrepris une offensive de reconquête du pouvoir à l’échelle planétaire. Cet assaut majeur ne peut être compris et efficacement combattu que s’il est envisagé au travers d’une analyse critique de la transformation des conditions de la formation du capital social total, laquelle n’a pu avoir lieu que par les victoires historiques des capitalistes sur le camp prolétarien ces dernières décennies.

Redéploiement offensif des clivages religieux : stratégie terroriste de dernier secours au service du capital suicidaire
L’aggravation de la contradiction entre la reproduction sociale et l’auto valorisation de la valeur a provoqué depuis 30 ans une accélération vertigineuse de la tendance de l’impérialisme à la destruction des forces productives, et ce, dans le cadre d’une augmentation de la production capitaliste globale menaçant inexorablement d’une disparition proche l’humanité et son environnement.


Cette configuration calamiteuse engendre peu à peu la suppression des anciens cadres d’exploitation et impose dans le champ politique la nécessité de la systématisation de la gestion du prolétariat par la force. L’effondrement du capitalisme d’Etat à l’est est venu affermir les positions ultra réactionnaires que la bourgeoisie fut contrainte d’occuper pour mettre fin à l’assaut prolétarien des années 1960-70. En effet, avec la mort de son allié structurel, la bureaucratie léniniste, la classe impérialiste se trouve depuis 15 ans dans une situation stratégique paradoxale : elle fait face à des exploités sans organisation ni théorie révolutionnaires efficientes mais ne peut plus bénéficier de l’étouffement ample et efficace qu’exerçait le stalinisme. Partant, l’ennemi ne perçoit pas la révolution en tant que menace imminente mais n’en est pas moins convaincu que, les illusions du spectaculaire concentré s’étant désormais envolées, celle-la s’érige en alternative plus que jamais possible à son monde pourrissant. Et cette conviction est d’autant plus ancrée que la bourgeoisie sait que ses offensives massives menées planétairement ne peuvent laisser le camp adverse sans réaction.

Car face au règne du pillage mondial et de la dévastation exigés par la domination intégrale du capital, la classe prolétarienne exsangue organise difficilement mais sûrement une contre attaque dont on devine depuis quelques temps les signes. Malgré l’orchestration de la confusion par les gauches et leurs relais citoyennistes, le prolétariat s’oppose à l’organisation mondiale du carnage en réussissant même à remporter des demi victoires comme ce fut le cas en Argentine en 2001, quand, devant les désastres du vandalisme élaboré par les transnationales et leurs banques, sa colère chassa à deux fois un gouvernement bourgeois. Avec la même fureur et plus efficacement, les masses boliviennes dirigent actuellement une guerre sans merci contre les plans impérialistes visant à la spoliation des matières premières dans leur pays. Au Venezuela, un processus réellement révolutionnaire à l’œuvre dans le cadre d’une révolution bourgeoise à caractère souverainiste a démontré sa puissance fulgurante par la déroute qu’il inflige aux conspirateurs yankees depuis mai 2002. En Equateur, l’ire de la rue vient de chasser à nouveau un président de la République à la botte de l’Oncle Sam.

Ces nombreuses ripostes ouvrières et paysannes en Amérique latine, à l’instar de la grande insurrection en Kabylie, des grèves dures dans les usines chinoises, des manifestations fleuves contre la guerre aux U.S.A, des mobilisations populaires contre les contre-réformes en France, en Allemagne et en Italie, illustrent que les masses, sur tous les continents, se mettent en marche pour faire reculer l’ordre totalitaire de la prédation capitaliste.

Dans sa résistance contre les métastases du cancer marchand, le prolétariat est le déclencheur potentiel d’une bataille historique visant à la mort des maîtres d’un mode de production désormais kamikaze. Saisie par une telle menace, la classe suicidaire renonce à tout progrès social, qu’elle était jusque là capable de concéder, pour dévoiler son vrai visage de barbare sanguinaire. Malgré les maux toujours plus graves de la maladie industrielle qu’elle persiste à inoculer jusqu’à l’insupportable à la planète et à l’humain, la domination aménage son obstination de prisons, de manipulations génétiques, de militaires qu’elles croient invincibles, de prothèses marchandes annihilatrices de toute intelligence salvatrice...

En ces temps odieux, seules la violence paroxystique et la manipulation crue sont donc aux commandes. Aussi, n’est-il pas surprenant que les méthodes les plus aguerries de répression soient remises au goût du jour. Elites, parce que pionnières dans l’art particulier de castration anxiogène décliné à la dimension individuelle et collective, les églises, sentant l’asservissement définitif à portée de main, jettent toutes leurs forces dans cette guerre mondiale et décisive contre l’humanité. Les armées de la religion, positionnées dans toutes les classes et dans tous les secteurs de la société s’acharnent à ajuster la perception faussée du monde par les exploités à la situation toujours plus chaotique qu’elles façonnent sans relâche. Les attentats du 11 septembre 2001 sont venus confirmer cet état de fait et annoncer la consécration artificielle de l’acte religieux comme facteur déterminant de l’évolution historique. A défaut d’une fin de l’Histoire qui a déjà fait long feu, la négation de la praxis s’opère notamment par une tentative d’appropriation religieuse des événements. Succédant à une époque de multiplication des conflits régionaux sous l’étendard des croyances, l’avènement de la guerre totale du bien contre « l’axe du mal » trahit ce fait sidérant que, dorénavant, le temps historique irréversible de la bourgeoisie s’enlise dans les anachronismes les plus grotesques. Les gardiens paisibles du « village planétaire » voué au confort marchand globalisé se mutent soudain en fanatiques paranoïaques et belliqueux opérant le sauvetage de l’ordre capitaliste par une traque illimitée à la vie au son des prières et des prêches pour le « conflit de civilisation » et la « guerre sainte ».

Le pouvoir unitaire du mythe qui a été détruit par la bourgeoisie comme force de matérialisation de la réalité, est dès lors ravivé parce que l’insatisfaction engendrée par la domination parcellaire est devenue insupportable. Mais l’unité du mythe n’est ressuscitée qu’en tant que mythe de l’unité dans une des dernières tentatives de la classe capitaliste de sauver la société du Spectacle. Le retour des religions comme forces envahissantes de l’imaginaire populaire révèle que le bourgeois prétendument devenu situationniste au point de tout formater est présentement forcé de prioriser l’idéologie religieuse sur ses multiples concurrentes. C’est parce qu’exploiter en organisant le consentement a échoué que dominer en exigeant l’avilissement redevient l’option contrainte. Et cette décomposition porte en elle une menace auto exterminatrice : l’ordre divin spectaculairement réanimé n’en reste pas moins qu’un épouvantail de plus pour prolonger la domestication généralisée. Dieu faussement réintronisé sur le gouvernement du monde mais véritablement réduit en pantin de dernier secours à la valorisation du capital est condamné à être piétiné par les masses sous peine que la supercherie apocalyptique qui le manie en finisse des derniers vestiges de son sens par le suicide général.

Ainsi, la domination souhaite nous convaincre que l’humain est indéniablement religieux, que les conséquences engendrées par le pourrissement du capitalisme relèvent de la religion et que les solutions qu’elles appellent également.

Acteur stipendié d’un tel lavage de cerveau, l’idéologue et non moins ambassadeur peu probant des intérêts impérialistes en Haïti, le français Régis Debray, ne prétend rien de moins que démontrer la supériorité et la préséance du fait religieux sur le fait social. Sous couvert d’une verve suffisante mal dépoussiérée de considérations scientistes, ce falsificateur à la rescousse du dogme essaye opportunément de légitimer sur le terrain scientifique l’offensive majeure à l’œuvre contre la laïcité. A l’aide de son nouveau gadget pour intellectuels d’élevage, sa « Médiologie », Régis Debray entreprend d’étendre à l’infini le domaine de la croyance, y attribuant théoriquement toutes les dimensions de l’existence pour, au final, servir de fond idéologique aux exercices de communication laborieux des putes ministérielles justifiant les attaques en cours contre la liberté athée.

De ridicules arguties en palabres abscons et par le biais des crétins qu’elle a placés aux manettes des innombrables spécialisations nécessaires à son omnipotence, la classe au pouvoir diffuse un discours négationniste affirmant sa volonté d’en finir avec l’insupportable lutte des classes tout en annonçant l'ignominieuse pratique appropriée à ce dessein. Cela signifie concrètement la mort des libertés arrachées depuis 1789 en France et dans le monde entier. Sur les sentiers de l’abattoir, l’individu ne doit plus être apte à se considérer libre de penser et d’agir, mais se définir comme membre d’une communauté ethnique ou religieuse et ainsi se soumettre aux fatalités qu’on lui dicte, dès lors, si facilement. Dans des conditions de survie se dégradant à l’extrême, le contrôle des consciences est de cette sorte plus efficace qu’aucun autre.

A cet égard, le conflit asymétrique à l’œuvre entre Israël et la Palestine est tout à fait instructif. N’en déplaise aux déchets du gauchisme qui s’attachent à focaliser tactiquement leur regard pseudo contestataire sur cet endroit du monde où la révolte est à ce point vérolée par la foi, c’est bien la manipulation religieuse qui capte la colère légitime du réservoir de main d’œuvre surexploitée par le colon israélien pour la conduire à l’impasse, condition vitale à la pérennisation de l’Etat sioniste. Si leur puissance numérique et financière assise sur le culte du salut dans la mort les a conduit à être de moins en moins contrôlables, les prêcheurs du Hamas ont été crées de tout pièce par le Mossad en vue de couper court à toute réelle perspective révolutionnaire du peuple palestinien. Le chaos actuel résulte de cette brigue, et les perspectives de la création d’un Etat palestinien, que toutes les composantes organiques du désastre sont désignées à gouverner, ne laissent présager qu’un renforcement des serviteurs de la désolation capitaliste dans cette région.

Ce schéma, par lequel la parole pieuse déforme, canalise et conduit les énergies nobles de la révolte à l’édification du pire, est appliqué dans le sang quand le peuple ne veut se soumettre aux impératifs insupportables dictés par l’oligarchie financière mondiale. L’Algérie est le martyr inconsolable de ce procédé barbare coinçant les masses dans le hachoir génocidaire actionné par les efforts combinés de la soldatesque et des barbus, et ce, dans le seul dessein d’accroître la dette et de multiplier les privatisations. Tous les fragments du pouvoir séparé, bureaucratie militaire, organisations d’opposition (FLN, FIS, FFS, MDA, PT…), fusionnent leurs forces dans la désinformation et la terreur. Contre le mouvement libérateur des masses exprimé violemment en 1980 et 1988, les saigneurs algériens mettent l’arme religieuse au service de la dislocation sociale, et d’abord en cantonnant la femme au rôle de résidu de la société. Le ""Code de la famille" s’appuyant sur les préceptes mahométans, et qui a été soutenu par toutes les représentations politiques lors de la signature du contrat national en 1995 sous l’égide de la vaticane communauté Sant’Egidio, a ainsi légalisé depuis 1984 les pires discriminations à l’encontre du sexe féminin.

On mesure à quel point la religion musulmane est redoutable en tant que dispositif d’accompagnement des méthodes les plus brutales du vandalisme porté par l’impérialisme quand on examine la situation de la classe ouvrière en Irak. Traqués et assassinés au quotidien par des bouchers en treillis posant les bases d’un futur IVème Reich, les prolétaires irakiens affrontent simultanément la terreur opportune de la racaille islamiste. Il faut être rôdé au contorsions pseudo théoriques abjectes éructées par l’International Socialist Tendency (voir http://www.istendency.net) (dont les relais sont en France : "Socialisme par en bas" de la LCR) ou faire semblant de continuer à défendre les libertés tout en étant un vecteur parallèle de la diplomatie française, à l’instar du piètre Réseau Voltaire (lire"La fin du Réseau Voltaire" sur www.amnistia.net), pour s’entêter à confondre les atrocités commises par les milices islamistes en Irak contre les femmes, les ouvriers et les étudiants, avec des actes de résistance libérateurs. Ceux qui agissent sous les ordres de Moqtadar Al Sadr pour briser les libertés fondamentales (voir http://www.solidariteirak.org) ne sont pas des petits-bourgeois récupérables utiles à un processus révolutionnaire eschatologique, mais bel et bien les féroces défenseurs d’un secteur parmi les autres du capitalisme mondial frénétique.

En outre, il est primordial que la lucidité libertaire identifie l’islamisme comme le monstre conçu et enfanté par la bourgeoisie planétaire en vue d’imposer une lutte globale face à un adversaire artificiel, caractérisé par l’archaïsme le plus grossier, permettant d’exhiber l’immonde empire de la marchandise suicidaire en refuge salutaire de la liberté humaine. A l’endroit de cette manipulation totale et éhontée réside les étranges alchimies servant à dessiner sur le visage d’un milliardaire saoudien l’expression privilégiée de la pauvreté révoltée. Une catégorie spectaculaire moderne, dont le trait principal est d’abolir superficiellement l’abîme séparant la haute bourgeoisie du sous prolétariat au nom d’un combat transcendé par Dieu, mobilise dès lors toute sa furie dans le seul but d’éliminer les obstacles éventuels sur le chemin de l’accumulation capitaliste dévastatrice. Au théâtre mondial de l’Horreur, des pantomimes djihadistes mettent en scène des prophètes fantômes jouant l’ennemi adéquat et essentiel à l’édification du totalitarisme planétaire. Les Abou Moussab Al-Zarqaoui et Oussama Ben Laden ne sont que des stars clandestines dont l’unique fonction est de justifier, via médias internationaux, que la Guerre Totale à l’œuvre nécessite l’état d’exception illimité en vigueur.

L’islamisme est le mauvais alibi du bourgeois coupable de l’assassinat de la démocratie partout en cours. Mais cette machination est si fragile que des sbires du Spectacle finissent par avouer qu’Al Qaida n’existe pas (lire l'article en anglais "Al Qaeda Itself Does Not Exist" sur www.twf.org), que les fonds servant à la Guerre Sainte sont étroitement liés aux capitaux des transnationales mettant à saque la Mésopotamie et l’Asie centrale (lire "Le groupe Carlyle" sur http://1libertaire.free.fr). Appuyant la marche mortifère du grand capital, les "fous d’Allah" ne sont que des mercenaires engrainés pour la victoire du coup d’Etat Mondial fomenté par les principaux opérateurs des marchés financiers dont nombreux ont bâti des fortunes sur les forfaits du NSDAP.

Une telle proximité d’intérêt n’est pas nouvelle puisque nazisme et islamisme ont tissé des liens puissants, et ce, dès les premières années d’existence de la Confrérie de Frères Musulmans. Il est d’ailleurs frappant de relever les similitudes idéologiques qu’entretiennent ces mouvements politiques. Ces deux délires criminels prolifèrent sur l’idée de la communauté menacée : le premier considère que le danger vient du sang souillé tandis que le second redoute la corruption de l’âme. La femme musulmane est la gardienne de l'intégrité de la communauté comme la femme allemande était la gardienne de la pureté de la race. Si elle trahit, toute la rigidité de la umma est susceptible de voler en éclat. Dans cette optique, réduite à l’état de femelle par des règles carcérales, la femme est la clef de voûte idéologique et politique du système musulman (lire "Femmes sous lois musulmanes" sur http://www.wluml.org/french/). Objet d’une surveillance intempestive parce que particulièrement zélée, celle-ci est le cobaye pour des expériences de contrôle social et idéologique qui ont pour vocation de s’étendre à l’ensemble des individus.
Nazisme et islamisme partagent la même haine d’une partie du genre humain et appliquent respectivement des méthodes d’asservissement marquées d’un raffinement à la mesure de l’état d’avancement du mode de production qui les nourrit : l’un organise le massacre industrialisé, l’autre systématise les ignominies prescrites par la tradition coranique. Car le Coran, tout comme la Torah et la Bible, dont il est la continuité, est un ramassis de préceptes médiocres appelant à l’écrasement de la vie et prônant la soumission absolue à l’absurde d’un ordre divin fabriqué sur l’angoisse primaire de la peur de mourir.
Dans cette folle logique, le prix à payer pour accéder au paradis céleste n’est rien d’autre que l’acceptation de la réalisation de l’enfer dans toutes les dimensions de l’existence. En ce sens, les religions, et en particulier le monothéisme, portent une responsabilité directe dans l’entreprise gigantesque d’instauration et de perpétuation des conditions abominables dans lesquelles se noie le monde.

Loin de renoncer à leur mission criminelle, les églises mettent à exécution leur mot d’ordre consistant à imposer actuellement un formatage irréversible des cerveaux à la barbarie cataclysmique dont on perçoit chaque jour plus distinctement les signes. C’est dans ce souci que la secte catholique apostolique romaine vient de désigner comme digne représentant de la parole divine un inquisiteur machiavélique élevé au sein hitlérien, proche des fascisants "Légionnaires du Christ" et ancien préfet de la « Congrégation pour la doctrine de la foi » (héritière de la sinistre « Sacrée Congrégation de l'Inquisition romaine et universelle »).

C’est toute une époque de politiques de déprédation des libertés démocratiques et d’appui au capital financier furibond menées jovialement par l’Opusien Karol Wojtyla que le Vatican s’engage à aggraver. Et on a pu déguster dans l’effarement l’avant goût des temps chaotiques que nous réserve la puissance temporelle croissante du Saint Siège quand, pendant un supplice de 15 jours, le vomi médiatique catéchisé a inondé l’espace public du monde entier. Il fallait faire comprendre aux peuples que la suprématie religieuse reprenait ses droits, le temps d’un passage de pouvoir institutionnel où mort et sacralisation se sont jointes pour marquer le marasme historique d’un sceau chrétien lorgnant l’éternel. Chacun a ainsi été sommé de participer à la célébration de la piété ostentatoire et arrogante dans une communion obscène où les indigents et leurs bourreaux, de Bush à Poutine en passant par Berlusconi et Chirac, se sont enlacés par la prière. A ce culte hystérique de l’inversion du réel par la foi décomplexée il faut estimer combien les coups portés à la liberté athée sont graves et durables. Car c’est bien contre les non croyants que les cérémonies papales ont été conduites stratégiquement. Et cela a consisté à jeter brutalement à la face des sans Dieu le spectacle conquérant de leur négation en acte. Rien n’a manqué à l’arsenal de cette attaque idéologique, ni les deuils nationaux imposés jusqu’en Inde, ni la consigne faite aux préfets républicains de se rendre aux églises d’un pays qui ont servi jadis de lieux de débauche et de débats révolutionnaires.

Dieu en mission spéciale : la colonisation religieuse de la question sociale en soutien à la reconquête bourgeoise du bastion prolétarien français
Et c’est justement dans cette contrée impie, fief des colonnes infernales et du premier gouvernement prolétarien de l’Histoire que la pourriture religieuse entreprend prioritairement un assaut revanchard sur les conquêtes libératrices arrachées victorieusement, et bien souvent dans le sang, par les exploités.


La propagation internationale du raisonnement athée, laïc et anti-clérical a d’autant été appréhendée par les gardiens de la foi comme une insupportable malédiction qu’elle eu pour origine et pour terre de ses réalisations les plus abouties la "fille aînée de l’Eglise". Depuis 200 ans les clergés n’en reviennent pas d’être tenus en échec par un peuple dont la force révolutionnaire a d’abord contraint sa propre bourgeoisie à décapiter le tenant du pouvoir du droit divin sur son sol puis à séparer l’Eglise de l’Etat via une loi spécialement élaborée pour désamorcer un possible soulèvement déicide. Aussi, galvaudés par les exigences belliqueuses de refondation sociale imposées par la furie capitaliste contemporaine, les religieux souhaitent-ils faire du triomphe sur l’infidèle français l’exemple de leur puissance indiscutable retrouvée. Non contente de pouvoir étaler à la face de tous sa vénération inextinguible envers le divin, la haute bourgeoisie ordonne que ses esclaves formatés ne conservent aucune trace des exploits héroïques que leurs ancêtres pourraient avoir laissés comme autant de balises vers le chemin de la libération. Favorisée par la décomposition sociale sciemment établie par le pouvoir dans le but lucratif de morceler le prolétariat, la peste religieuse se répand alors par le biais d’un communautarisme propice à l’extension du marché liberticide.

Mais dans l’hexagone, plus difficilement qu’ailleurs, l’exacerbation de la division sur des conflits de croyance et de communautés doit abattre les pans entiers de liberté et d’égalité construits sous l’impulsion de la puissance du mouvement ouvrier. Pendant des années, à mesure que l’armée de réserve s’accroissait et s’affirmait en problème structurel du Capitalisme, des mouvements religieux se sont implantés dans les zones ghéttoïsées afin de seconder activement les milices du maintien de l’ordre, là où le pauvre exclu est une menace constante de subversion. Profitant de l’absence d’organisations révolutionnaires et du soutien en sous main de la classe dominante, des forces aux bases internationales sont parvenues à embrigader une partie de la jeunesse prolétarienne. Les salafistes, tablirs, wahabites, évangélistes et autres chiens de Dieu ont su tirer avantage des effets ravageurs occasionnés par les dernières mutations de la marchandise, celles qui ont ouvert au profit les larges avenues de tous les domaines de la vie par la consommation transgressive. S’adressant d‘abord aux millions de dépouillés dont l’incapacité à réaliser les modes de vie bourgeois dégrippés (et supposés contrebalancer la destruction foudroyante des formes de vie sociale traditionnelle) atteint l'intolérable d’une frustration paroxystique, ces vautours du misérable s’attachent à amalgamer les dégâts de la calculatrice modernité marchande avec les progrès du règne de la Raison. Au chevet du démantèlement social, les moines soldats du sabordage capitaliste n’ont plus eu qu’à répandre parmi les miséreux un prosélytisme paternaliste ultra périmé pour couper le lien de classe entretenu avec les autres exploités, et ce, au nom du rejet d’un Occident perverti et d’un retour aux sources fantasmé. La révolte exprimée religieusement n’en sert alors pas moins qu’à consolider les bases matérielles qui l’ont produite.

En d’autres termes, la persistance insupportable du règne sans partage du quantitatif jusqu’aux régions reculées de l’intime n’a cessé d’engendrer la propagation de sa négation spectaculaire.
Et comme la mutilation de ses aptitudes à la réalisation totale a fait de l’Homme un infirme, la religion, expression aliénée du qualitatif, se substitue en prothèse rassurante à l’intelligence amputée. L’inquiétant accroissement de la contagion religieuse témoigne du progrès atteint par le système dans sa capacité à empêcher que les contradictions qu’il crée ne l’inquiètent en se formulant sur des bases révolutionnaires. La méthode utilisée à cette fin est d’autant plus brutale que les conditions d’oppression l’exigent.

La restauration violente de l'autorité, avec son cortège de répression sexuelle et d'hégémonie patriarcale, s’avère être une base indispensable d’un mouvement plus large de destruction du prolétariat comme classe organisée. Les fronts communautaires ouverts et l’anéantissement de la conscience de classe chez les plus pauvres achevé, la phase d’offensive par encerclement peut intervenir.
Par le haut : Des politiques livrant la classe ouvrière au déchaînement du patronat et à la dictature.
Par le bas : Des relais populaires de la barbarie oeuvrant pour la division et appelant à l’accélération de la catastrophe. Dans cette configuration effrayante, les appareils formés par les résidus de la social-démocratie et du stalinisme pèsent de tout leur poids pour aggraver le morcellement d’une réelle résistance populaire et ainsi faire triompher le corporatisme accompagnateur de l’impérialisme frénétique. On assiste même à une fusion entre ces derniers et les islamistes, afin de garantir un désarmement total des exploités en des moments cruciaux d’attaques portées par le capitalisme aux points vitaux du prolétariat.

C’est ainsi que Tarek Ramadan, salafiste fortuné et proche de la CIA, fut accueilli à bras ouverts lors de réunions « citoyennes » à l’occasion du Forum Social Européen de 2003. En parallèle à la consécration institutionnelle de l’autorité religieuse de l’Union des Organisations Islamiques de France par la création du Conseil Représentatif du Culte Musulman, les défenseurs de la « société civile » et de la « démocratie participative », en fidèles thuriféraires du Foucault pro-ayatollah, s’agitent à appuyer la désintégration des acquis ouvriers en exacerbant l’ethnicisation de la question sociale.
A cet effet, vient de naître une entente large pour la défaite prolétarienne qui s’est constituée autour du manifeste « appel des indigènes de la République ». Des prêcheurs du Collectif des Musulmans de France aux "rappeurs de rue" rôdés à la pleurniche « contestataire » sur les plateaux de télévision, en passant par des bureaucrates du PCF, des opportunistes de la LCR, des « antiracistes » du MRAP et autres spécialistes de l’aménagement de la séparation s’efforcent à diviser pour faire mieux régner les intérêts de la domination.

Par le biais d’une verve virulente travestissant la radicalité en caricature grossière, ce contingent d’agents expérimentés du contrôle social ne prétend rien moins que d’imposer brutalement une analyse négatrice de tout intérêt de classes en attisant une lutte artificielle d’intérêts contradictoires dans le camp même des prolétaires entre catégories inventées pour la cause : les fils de colonisateurs d’un côté et les descendants de colonisés de l’autre. Sous couvert d’un combat contre le « neocolonialisme », chacun doit acquiescer devant le mensonge attestant d’un colonialisme interclassiste (comme si les prolétaires des pays colonisateurs ne subissaient pas eux-mêmes les outrages de la colonisation). Dans le même élan, il faudrait renoncer à la lutte de classe pour réclamer le droit élémentaire, et déjà concédé de longue date dans les faits, de se soumettre aux commandements des imams, et si possible de ceux proches de l’UOIF. Car en défendant le carcan traditionaliste musulman comme le cadre approprié à un modèle de vie indiscutable, ces partisans de la stigmatisation n’en sont pas moins les souteneurs du totalitarisme en marche. Et la normalisation qu’ils revendiquent avec véhémence n’est pas envisagée autrement qu’en se pliant aux règles de foi strictes préconisées par les barbus dans tous les domaines de la vie : de l’habillement à la sexualité sans oublier l’interdiction de penser hors du sacré ni le respect absolu des coutumes. Tous ces codes que le riche suisse Tarek Ramadan sait si banalement marteler aux milliers de pauvres disciplinés venus l’écouter durant ses plates conférences. La régularisation quémandée n’est en définitive rien d’autre que la reconnaissance de l’enrégimentement d’une couche sophistiquée d’esclaves aptes aux impératifs d’un système capitaliste soucieux d’en découdre avec les restes de la démocratie.

C’est bien à la prolifération de ce genre de prises de positions parasitaires que le pouvoir s’est employé en légiférant sur l’interdiction des signes religieux ostensibles, et notamment l’infâme voile islamique.
La manœuvre a consisté, après 20 ans d’encouragement à la propagation de groupes fascistes musulmans dans les zones d’entassement de population pauvre, à servir sur un plateau les causes objectives d’une transformation organisée de la religion en mode d’expression privilégiée de la révolte, avec, à la clef, une situation propice aux conflits manipulés sur des bases ethniques et religieuses.

En s’évertuant à déceler un peuple, au sein du prolétariat, regroupé en communauté de croyants et prioritairement victime de l’exploitation, c’est l’exploitation comme base des rapports de classe que les fervents « anti-néocolonialistes » nient crûment. Et leur programme visant à se libérer de la République sans s’affranchir du capitalisme correspond exactement et très bizarrement aux plans de guerre antiouvrière défendus par les plus hautes sphères de la classe dirigeante. On ne saurait voir que cette charge opportune contre la République s’attaque en réalité à ce que la dite République peut encore contenir de droits ouvriers et de propriété sociale : services publics, salaire différé, laïcité… On comprend en quoi ces militants impatients de la venue d’un ordre théocratique vautré dans la liberté spectaculaire marchande tiennent à rappeler que "les mots ont un sens" : ils sont avant tout les « indigènes » volontaires d’une dictature en construction.
Leur hâte a failli être soulagée puisque le chantier qui allait donner jour au système tyrannique sur le continent européen en était à ses dernières finitions. Il ne restait plus qu’à réussir le coup de maître permettant d’obtenir l’aval démocratique des citoyens français pour entériner l’autoritarisme en Europe. A la gloire du prolétariat, le piège s’est finalement refermé sur ceux-là même qui l’avaient tendu. Mais, bien que provisoirement défaits, les plans d’instauration de la barbarie inscrits dans la Constitution européenne ne sont pour autant pas abandonnés par la classe dominante. Repliés dans un fanatisme aveugle, les oligarques européens n’ont d’autre choix que celui d’achever la mise en œuvre des plans totalitaires dessinés par leurs aînés, fidèles soldats de la foi.

L’Edification en cours de la dictature théocratique européenne
Les spectateurs ont donc été sommés d’aduler l’amnésie qui allait faire disparaître, le temps d’un plébiscite pour la catastrophe, la réalité ignoble que la bourgeoisie leur jette à la gueule sans relâche.


Le référendum sur la Constitution européenne a servi d’abord à vérifier l’état d’avancement inouïe dans la servilité auquel étaient supposées être parvenues les masses et dont on se félicitait déjà fièrement d’une inébranlable confiance dans les sphères dominantes.
Là a résidé tout l’enjeu d’une telle prouesse : changer l’assassinat capitaliste en suicide désiré.

Afin de chasser à jamais les exploités de l’Histoire, il était nécessaire de les y convier une dernière fois. Une manœuvre aussi fructueuse ne pouvait comporter que des risques élevés et, malgré la disparition croissante des aptitudes à l’authentique critique sociale et à la réflexion émancipatrice, il semble que l’intelligence fut encore en mesure d’opposer une résistance menaçante. Le déferlement de mensonges d’Etat sans bornes, par une propagande agressive, a peiné à fabriquer le consensus nécessaire à l’adoption du programme d’anéantissement définitif du prolétariat européen. Pendant la campagne, les capitalistes se sont alors tenus dans une posture paradoxale chancelant entre la panique d’un refus populaire qui annoncerait le retour d’une offensive prolétarienne et l’euphorie d’atteindre la suprématie invulnérable en rabaissant les travailleurs à l’état d’esclaves. Car le système démoniaque planifié dans la Constitution européenne allait être la machine de guerre au service du capital en phase terminale, celui qui allait abattre toutes les avancées de la civilisation humaine au point de saper ses propres conditions de survie biologique à court terme. Dans cette société de l’abîme, qui côtoierait sur le diagramme civilisationnel de l’Histoire celle des cavernes, la religion servirait en permanence de cadre carcéral mental inversant constamment la perception d’une réalité invivable. Des cadavres en sursis qu’on aurait vidé de leur liberté jusqu’au sang s’attelleraient à produire machinalement le paradis consommatoire des nocivités et des nuisances ou agoniseraient en chômant animalement, le tout avec la bénédiction divine.

Bien que camouflé derrière les illusions grotesques répandues depuis 60 ans sur la fraternité pacifiste et humaniste de la construction des institutions européennes, ce cauchemar terrifiant qui vient de frapper à la porte du présent n'a été en rien une surprise due à un bouleversement d’optique politique. Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale les élites ont méticuleusement bâti pierre par pierre l’édifice du totalitarisme qu’elles présentent aujourd’hui en sauveur face à l’effondrement du monde. Les forces puisées dans les fascismes ont réussi à construire l’instrument qui cette fois leur permettront de vaincre sans coup férir et pour des dizaines d’années la classe ouvrière. Les premiers forgerons d’une telle arme de destruction massive présentaient la singulière caractéristique de concentrer l’essence de ce qui fait de nos jours les maîtres de l’enfer européen : fascistes, ils se distinguaient par leur appartenance à l’Opus Dei, au capital financier et à la technocratie naissante. Tel fut le cas de Robert Schuman, Alcide de Gasperi et Konrad Adenauer, les pères de l’Europe. De l’instauration de la Communauté du Charbon et de l’Acier jusqu’à l’élaboration du Traité Constitutionnel par la Convention de l’opusien Valérie Giscard d’Estaing, chaque étape de la marche vers l’absolutisme fut bénie de l'action chrétienne.

Des intérêts indissociables unissent étroitement hommes d’affaires, commissaires et parlementaires européens, avec agents du Vatican et de l’Eglise protestante. Par le biais de la Commission des Episcopats de la Commission Européenne et de la Conférence des Eglises européennes, les curés pèsent de tout leur poids en faveur des politiques de ravages sociaux dont ils récoltent les bénéfices en vautours expérimentés. Mais c’est principalement grâce à la foi des bureaucrates européens eux-mêmes que les sectes religieuses gouvernent toujours plus puissamment l’Europe, le quasi monopole de ce pouvoir revenant au Saint Siège. Ainsi, la majorité des mesures dictées par la Commission européenne et prises sur les bases des traités de Maastricht et d’Amsterdam ont suivi les recommandations des principaux réseaux des transnationales. Quand l’European Round Table (ERT), composée à majorité de membres de l’Opus Dei, commande aux fonctionnaires européens d’en finir avec la protection sociale et le droit du travail, ceux-ci s’exécutent. Quand l’Union des confédérations industrielles et patronales européennes (UNICE) opte pour un abaissement d'ampleur du coût du travail en Europe, ses vœux sont exhaussés par une commission aux ordres. Lorsque le TransAtlantic Business Dialogue (TABD) émet des recommandations, 80% d’entre elles sont appliquées sans broncher par ses valets à Bruxelles. Le même privilège est réservé aux propositions formulées par le très discret groupe de Bilderberg et la Trilatérale. A l’instar de leurs coreligionnaires, ni le très pieux Jacques Delors, ni les fidèles Pascal Lamy et Jacques Santer, n’hésitent une seconde avant de mettre en œuvre les assauts dévastateurs sur les salariés ordonnés par les états majors de la haute bourgeoisie internationale.

Les mêmes ont donc conçu la constitution européenne, et ce bien loin du cadre bourgeois mais quelque peu démocratique de l’assemblée constituante. Il fallait laisser faire les "spécialistes" de la domination, en bons ingénieurs missionnés à l’élaboration d’un outil de guerre ultra-moderne contre les peuples en Europe au service des intérêts fanatiques et suicidaires de la pourrissante propriété privée des moyens de production. Au programme l’enfoncement des faibles lignes que l’ennemi prolétarien tient encore : privatisation des derniers services publics, marchandisation de tous les domaines de la vie, fin des droits sociaux et politiques au profit d’une "concurrence libre et non faussée", militarisation effrénée de la société mais aussi systématisation du pillage des pays dominés, dévastation sans plus aucune limite de l’environnement par l’enlisement dans la croissance, le tout dans un régime à tendance théocratique. Le pôle impérialiste qui se constitue sur le continent européen avec l’aide tactique des églises n’en restera pas moins soumis aux impératifs des firmes et organismes financiers états-uniens dont la suprématie s’exprime par le fait que la Banque Centrale Européenne, indépendante de tout pouvoir politique, continuera de se plier aux décisions prises par la Réserve Fédérale Américaine et par le Sénat américain. Les tarés christiques qui exaltent leur âme de seigneurs nazillons, en bons propriétaires repus du complexe militaro-industriel yankee, ont donc tout intérêt à voir se bâtir sous leurs yeux admiratifs et encourageants le bastion de la furie capitaliste en Europe.

Jeter la religion à l’abîme avant qu’elle n’y plonge l’humanité
Au nom d’un au-delà paradisiaque, les forces religieuses invitent chacun à accepter la réalisation de l’enfer qu’elles appellent de leurs vœux et stimulent de leurs actes.


Dans le chaos des calamités par lesquelles la domination aménage un monde en chute libre, la posture religieuse ne fait qu’accélérer la descente vers un précipice dont on ne revient pas.
Le redéploiement des croyances ne risque pas seulement de plonger une fois de plus l'Humanité dans l'obscurantisme. Bien pire : dans le crépuscule du capitalisme, il l'entraîne vers les ultimes ténèbres.

Plus fondamentalement, au même titre que la tentative de réhabilitation de l’idéal républicain par le biais du citoyennisme, le retour en force de la pollution religieuse est un des symptômes de l’état de décomposition avancée du mouvement ouvrier international et de ses fondements idéologiques. Même s’il ne faut jamais oublier qu’elle a systématiquement été écrasée militairement, la révolution prolétarienne n’a jusqu’à présent pas su se relever en inventant une théorie et une pratique assez efficaces pour envoyer la bourgeoisie au cimetière. Le bannissement de l’idée de progrès social en est une des conséquences les plus paralysantes et favorables au fléau religieux. Avec le recul du mouvement révolutionnaire, c’est la conception d’une humanité en progrès social qui vacille, et avec elle, les fondements philosophiques voyant en l’Homme le maître de son destin. La religion est alors de nouveau prétendante à sa fonction de captation et de transformation en facultés divines de tout ce qui caractérise l’Humain dans son devenir historique. En ces temps de régression de l’intelligence et de la conscience collective, les richesses terrestres de la liberté sont à nouveau susceptibles d’être pillées par les cieux en vue d’un asservissement vengeur.

Face à l’offensive de la barbarie capitaliste triomphante, contre l’ordre théocratique que renferme en son sein l’édification du totalitarisme planétaire, la classe des exploités, des vaincus, des opprimés, doit opposer une contre offensive majeure et exemplaire.
Celle-ci ne sera victorieuse que si elle s’exprime au travers d’une révolution prolétarienne aux outils réactualisés se doublant d’un bouleversement ontologique.
Le futur que nous voulons s’érigera sur les cendres fertiles de toutes les églises. L’humanité affranchie de Dieu aura su apprendre à surmonter le néant de son absurde condition par l’instauration d’un univers sans classes ni Etat.

A BAS LA RELIGION.
ABOLITION DE LA SOCIETE DE CLASSES.
A BAS LA DICTATURE
THEOCRATIQUE EUROPENNEE.



Image

Format HTLM
Image


Format PDF
Image
Elu par cette crapule
Avatar de l’utilisateur
Léa
 
Messages: 2363
Inscription: Samedi 19 Fév 2005 21:16
Localisation: Pas très Loin. Derrière toi !

Retourner vers Fourre-tout

cron