Rions un peu avec OLS

Faut-il vraiment en préciser le contenu ?

Rions un peu avec OLS

Messagepar douddu » Mardi 14 Oct 2008 16:02

http://offensive.samizdat.net/spip.php?article255

La révolution nationale de Pétain avait fait de l’enracinement un de ses thèmes de prédilection. C’est ainsi qu’on a longtemps, et surtout à gauche, refoulé le sujet. Pourtant, à l’ère de la virtualisation et de la dématérialisation numérique, on en vient à devoir s’interroger sur les conditions matérielles qui permettent ou facilitent la vie en société.
Enracinement et luttes
Vivre quelque part, c’est adopter, au moins en partie, le temps et l’espace commun à une collectivité : si je ne partage ni cardinalité ni calendarité avec autrui, je me sens étranger quelque part (comme lorsque je ne puis lire, à l’étranger, les panneaux indicateurs ou le nom des rues, lorsque les horaires de vie collective sont différents des miens, etc.) [1].

Mais si un temps et un espace communs sont nécessaires pour cimenter l’appartenance communautaire et sociétale, ils sont absolument indispensables à l’élaboration de toute lutte sociale. La révolte luddite [2] en est un exemple flagrant. La résistance acharnée qui s’est organisée dans les Midlands britanniques pendant les années 1811-1813 était fondée sur des communautés villageoises extrêmement soudées (quasiment aucun luddite n’a trahi ou vendu ses compagnons), qui partageaient un mode de vie et des savoir-faire précis. À une époque où le téléphone n’existait pas encore, des centaines de raids visant les implantations industrielles ont pu s’organiser, et ce, au sein d’une population largement acquise à la cause [3] (quand bien même les participant-e-s aux actions n’en représentaient qu’une infime part) qui couvrait les activistes face aux soldats.

Plus près de nous, le mouvement dit « anti-CPE » nous rappelle qu’aucune lutte d’ampleur n’émerge sans cardinalité et calendarité partagée. Si le mouvement a démarré dans les universités, c’est aussi parce que, face à la déferlante de précarisation (et donc d’atomisation) des travailleurs-ses, les facultés restent l’un des rares lieux de socialisation collective de masse et sur la durée. Que les AG aient été nombreuses et sans doute parfois poussives, c’est certain, mais il est indéniable qu’elles ont aussi participé à cet apprentissage du partage collectif de temps et de lieux, nécessaire à l’émergence de luttes.

Relations sociales = luttes sociales

Christopher Lasch théorise cette question [4]. Pour lui, « la persistance des appuis communautaires dans certaines régions et à certaines époques fut à la source de mouvements démocratiques originaux et salutaires » [5]. Il analyse ainsi la force du mouvement des Droits civiques au Sud des États-Unis dans les années 1970 (cohésion communautaire forte), en comparaison de son échec relatif au Nord (inexistence d’appuis communautaires autonomes).

L’enracinement ne peut donc pas être réduit au retour à la terre réactionnaire promu par Vichy. Il constitue une condition nécessaire (mais pas pour autant suffisante) à l’émergence de mouvements sociaux et de luttes politiques puissantes et durables. Si l’enracinement peut ne pas être l’avatar d’un pétainisme dégénéré, c’est aussi parce qu’il ne doit pas nécessairement figer l’identité, fermer l’individu-e sur une essence qui lui serait préexistante, mais bien parce qu’il est aussi la condition nécessaire d’une co-création, d’une transformation et d’un partage collectifs. Si mon identité est ouverte sur d’autres personnes, problématiques, cultures, etc., prétendre être Breton (ou Basque, ou…) ne fait pas de moi un fasciste en puissance. C’est toujours lorsque la lutte (et l’identité) s’enferme sur elle-même que la tentation réactionnaire se profile à l’horizon [6].

À l’inverse, penser la dissolution des communautés dans le creuset républicain, national, européen, etc., est en soi aliénant, puisque la tentative à l’origine même de la Ire République ne visait rien d’autre que la destruction des communautés politiques, autrement dit l’abdication de la puissance politique des groupes au profit de la souveraineté nationale.

Révolutionnaire, mais monarchien antidémocratique, le comte Stanislas de Clermont-Tonnerre voulait défendre à sa façon les juifs lors de la Révolution française, puisqu’il disait qu’il fallait leur accorder « tout comme individus, leur refuser tout comme nation ». Il dévoilait ainsi, dès les premières heures de la Constituante, la nature du pacte républicain : le pouvoir central est descendant, et les individu-e-s ne doivent s’adresser à lui qu’une fois ségrégués. Comme l’écrit Alèssi dell’Umbria [7], « c’est l’isolement de l’individu, qui, dans la République, fait de celui-ci un citoyen. La simple somme de tous ces individus isolés, accomplie dans l’élection [i.e. dans l’isoloir (sic)], constitue la République : autrement dit, la désintégration de toute communauté concrète entre ces individus fonde la communauté abstraite de la politique ».

Il est alors possible de penser (à l’inverse des technocrates et technophiles fanatiques qui jubilent à l’idée de voir disparaître le lien social et la confrontation politique) le fédéralisme anarchiste à la fois comme terreau pour l’utopie d’une société égalitaire et libertaire, mais aussi comme moyen concret et quotidien de lutter. L’existence de communautés où les individu-e-s se sentent enraciné-e-s est vectrice de sens, et sans doute aussi à l’heure actuelle d’émancipation et de démocratie. Exister quelque part, c’est aussi lutter. Pour lutter, il faut exister quelque part.

Guillaume Carnino


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[1] Bernard Stiegler, Aimer, s’aimer, nous aimer, éd. Galilée, 2003, et, pour plus de précisions : La Technique et le Temps (cinq tomes, dont deux à paraître), éd. Galilée.

[2] Kirkpatrick Sale, La Révolte luddite. Briseurs de machines à l’ère de l’industrialisation, trad. fr. Celia Izoard, L’échappée, 2006, voir article en p. 28.

[3] Tout au moins jusqu’aux premiers meurtres d’industriels.

[4] Christopher Lasch, Le Seul et Vrai Paradis. Une histoire de l’idéologie du Progrès et de ses critiques, Climats (Sisyphe), 2002.

[5] Julien Mattern, « Raison et démocratie chez Christopher Lasch », in Notes et Morceaux choisis. Bulletin critique des sciences, des technologies et de la société industrielle, n° 7, La Lenteur, 2006, p.61. À ce sujet, on ne peut que conseiller la lecture intégrale de cet excellent article.

[6] Voir article sur l’identité, p. 16.

[7] Alèssi dell’Umbria, C’est de la racaille ? Eh bien j’en suis !, L’échappée, 2006, p. 93.
douddu
 

Messagepar NOSOTROS » Mardi 14 Oct 2008 19:01

Misère de la réthorique à dix balle ...

C'est à sa capacité - ou pas - de résister à l'injonction de l'idéologie dominante de prendre position dans les débats qu'elle nous impose, qu'on détermine la capacité révolutionnaire - ou pas - d'une groupe.

Peut être révolutionnaire si on réfléchit dans le cadre prédéfini par l'adversaire ? Sun tzu rappelerait que celui qui choisit le terrain de l'affrontement à déjà la moitié de la bataille gagnée ... Car il s'agit bien de bataille, la manoeuvre décisive étant avant tout psychologique. Les moyens mis en oeuvre en ce moment par le gouvernement pour "gagner la bataille de la confiance" des "citoyens" en est la démonstration éclatante : c'est dans la bataille des esprits, l'occupation des minutes de cerveau disponible que se joue l'avenir. Le général Beauffre ne dit il pas que la stratégie c'est l'art de la dialectique des volontés employant la force pour résoudre leur conflit ?


Si mon identité est ouverte sur d’autres personnes, problématiques, cultures, etc., prétendre être Breton (ou Basque, ou…) ne fait pas de moi un fasciste en puissance. C’est toujours lorsque la lutte (et l’identité) s’enferme sur elle-même que la tentation réactionnaire se profile à l’horizon


Quel mélange !

Le problème avec nos "antifascistes radicaux" c'est qu'ils atxnet tout et n'importe quoi de "fasciste" si bien que cela n'a plus aucun sens.

Tout d'abord il y a une erreur fondamentale en terme historique : les fascistes n'étaient surement pas régionalistes ! Ils n'exaltaient pas les identités locales (sardes (1), sicilien, napolitain, ...et a fortiori encore plus quand il s'agissait de culture slave comme les slovènes : http://www.le-tigre.net/Italie-Slovenie.html Cf aussi cet article sur le friuol : http://www.liceopercoto.ud.it/SITOBLU/h ... frioul.htm)

Au contraire, le mouvement fasciste en tant que continuité du mouvement de l'unité italienne voulait gommer toute référence à des particularismes locaux.

Par ailleurs il est fait une assimilation entre "fasciste" et "réactionaire". Or c'est exactement l'inverse ! Politiquement, le fascisme n'est pas une politique réactionnaire mais au contraire une politique révolutionnaire.

Par contre, les mouvements régionalistes, au moins en France, étaient tous des mouvements d'inspiration réactionnaire et c'est au nom de ces valeurs communes (mise en cause de la classe politique dominante, appel à un redressement autoritaire, défense de la religion catholique, anticommunisme…) qu'ils se sont mis dans l'orbite de l'Etat français (Vichy) voire des Nazis (pour les bretons).

Le "authentiques fascistes" ou "authentiques nazi" français, et autres chantres du fascisme à la française (RNP, PPF) étaient sommes toute assez peu nombreux et souvent critiques de la politique de l'Etat Français (qui n'allait pas assez loin pour eux !). Par ailleurs en tant que jacobins radicaux ils étaient pour un centralisme fort et s'opposaient donc au provincialisme des monarchistes à la Maurras (n,epas oublier que tout le staf autour de Pétain était imbibé de la doctrine de l'Action française).

Donc il est ridicule de taxer de "fascisme" quelqu'un qui se crispe sur son identité ethnique.


Cette confusion, plus ou moins savamement entretenue, sur ce qu'est réellement le fascisme permet aux identitaires flamands de Lille de contre manifester contre leurs opposants avec une banderole "le fascisme ne passera pas" ... et d'argumenter sur le thème "non au racisme, oui à l'identité" ...

Par contre là où le texte ne nous éclaire pas - et pourtant c'est à la que la bât blesse - c'est quand il affirme justement :

"C’est toujours lorsque la lutte (et l’identité) s’enferme sur elle-même que la tentation réactionnaire se profile à l’horizon

Ainsi on peut se dire Breton, voire Français, sans pour autant être enfermé sur soit même ?

Mais si l'identité ethnique est ouverte, elle n'est plus.

Peut on imaginer une identité Bretonne sans religion catholique ? L'identité bretonne est elle compatible avec le bouddhisme ou la méditation souffi ? Si on répond oui, alors l'identité bretonne n'a aucun sens ...


Par ailleurs se réclamer d'un enracinement n'est pas utiliser un vocabulaire anodin : qui dit racine dit "sol" ... qui dit racine dit "tige" et "sève" ... donc "sang" ...

La tache des révolutionnaires n'est pas de prendre position dans ce faux débat (du style l'identité ethnique est elle de droite ou de gauche ?), mais de le dépasser.

A suivre ...





(1)
http://64.233.183.104/search?q=cache:LH ... cd=2&gl=fr


En Corse, le souvenir du Parti Corse d´Action est assez vague. A l´instar des mouvances bretonnes et alsaciennes qui s´associeront avec l´envahisseur nazi, le PCA s´orientera vers le discours irrédentiste du fascisme mussolinien. Qu´en est-il de ce rapprochement entre régionalisme et totalitarisme ? Le terme de « rapprochement » ne signifie pas assimilation. Le but des muvristes n´était pas d´instaurer un régime totalitaire ! Mais il y eut deux points de rencontre. D´abord la culture, avec des autonomistes corses qui disaient reconnaître la part d´hérédité culturelle et historique italienne dans leur île et des nationalistes de la Péninsule qui considéraient depuis longtemps la Corse comme une « terra irredente ». Ensuite et surtout, il y avait des affinités politiques assez nettes (mise en cause de la classe politique dominante, appel à un redressement autoritaire, défense de la religion catholique, anticommunisme…). Dans ce registre, on se situe là à l´extrémité droite de l´échiquier politique. D´ailleurs, le PCA naît huit jours après la marche sur Rome. Cela explique que, contrairement à ce que l´on croit, l´intérêt du régime fasciste a été immédiat. Cependant, les sources françaises et italiennes montrent que l´entreprise n´a pas fonctionné. Sans même parler de l´échec bien connu auprès de la population, on constate qu´il y a des degrés d´adhésion variable au projet chez les muvristes eux-mêmes : pour certains, l´identité corse semble en effet n´être que le prétexte pour la récupération d´une identité nationale italienne dont la Corse serait l´une des composantes, tandis que pour d´autres, les lires du Duce apparaissent plus importantes que l´annexion effective de l´île à l´Italie. Santu Casanova a ainsi incarné, dans ses derniers moments, le choix de l´option irrédentiste tandis que Petru Rocca, bien qu´ayant incontestablement un rôle de leader, apparaissait avoir une position plus ambiguë vis-à-vis de la Péninsule. Que pouvez-vous dire sur le cas du Partito Sardo d´Azione ( PSA) et de ses liens avec le PCA ? Le PSA – le plus vieux parti autonomiste d´Italie – naquit presque un an et demi avant le PCA, en avril 1921. Il était très bien implanté dans l´île (près de 30% des voix lors des législatives de 1921). On retrouve dans son discours des éléments partagés avec le corsisme comme par exemple : le rejet du centralisme de l´Etat, la dénonciation d´une classe politique locale subordonnée, le clientélisme et enfin la mise en cause de l´incurie des pouvoirs publics. Toutefois, on note des différences importantes tenant notamment à la quasi-absence de revendications culturelles et à un positionnement idéologique des leaders sardistes (comme Camillo Bellieni ou Emilio Lussu) dans l´opposition au fascisme.
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