Raymond Chauveau, un syndicaliste en rouge et noir

Faut-il vraiment en préciser le contenu ?

Raymond Chauveau, un syndicaliste en rouge et noir

Messagepar michel » Samedi 15 Sep 2007 15:47

Un article du Monde. Je m'interroge encore sur le lien entre le titre et l'article :lol:

Raymond Chauveau, un syndicaliste en rouge et noir
LE MONDE | 12.09.07 | 15h08

Parcours

1953
Naissance à Plessis-Grammoire (Maine-et-Loire).

1981
Entre comme ouvrier à la RATP et se syndique à la CGT.

1993
Licencié de la RATP pour faute grave.

1995
Adopte des jumeaux congolais.

2006
Obtient la régularisation de 22 travailleurs sans papiers de Modeluxe.

2007
Intervient dans le conflit du Buffalo Grill de Viry-Châtillon (Essonne).
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A son actif, près d'une cinquantaine de "camarades" régularisés - il ne prononce jamais les mots collègues ou amis. Des salariés sans papiers. Tous africains. En huit mois, Raymond Chauveau a fait céder à deux reprises le préfet de l'Essonne, Gérard Moisselin, ancien directeur adjoint du cabinet de Nicolas Sarkozy quand ce dernier était encore place Beauvau. Mais ce syndicaliste-là ne s'en vante pas. Ce n'est pas son style.





A 53 ans, Raymond Chauveau est secrétaire général CGT de Massy, dans l'Essonne. De ce département de la banlieue parisienne, il a eu à gérer deux conflits médiatisés. D'abord celui de la blanchisserie Modeluxe, à Chilly-Mazarin en octobre 2006, une PME classique. Puis en juillet, celui du Buffalo Grill de Viry-Châtillon, un établissement de la chaîne de restauration détenue par un important fonds d'investissement, Colony Capital.

Ces deux entreprises ont employé des salariés munis de faux papiers. Leurs dirigeants ont juré qu'ils ignoraient cette situation et se sont dits "contraints de les licencier". Les Africains ont clamé l'inverse. Raymond Chauveau a penché pour la seconde version. Après onze années à la tête de l'union locale, le cégétiste assure avoir vu "défiler des Blacks" - il ne prononce jamais le mot noir - employés "parce que sans papiers". Selon lui, les patrons abusent de cette main-d'oeuvre corvéable qui ne peut pas se révolter. "C'est purement un système d'esclavagistes", avance-t-il.

La direction de Buffalo Grill n'a pas apprécié cette comparaison et a menacé de l'attaquer en diffamation. La plainte n'a jamais suivi. "Faites attention à ce type-là. Il est fou !", a-t-elle averti. Cette mise en garde l'a fait rire. Et, pourtant, Raymond Chauveau reconnaît qu'il est "un peu fou". Aussi discret qu'une ombre, il a une allure de matheux mal réveillé, une voix à peine audible. Mais cela n'est qu'apparence. C'est un redoutable négociateur, remarquable dans le rapport de force.

"Ce n'est pas un homme de compromis", témoigne le préfet de l'Essonne, Gérard Moisselin. Le représentant d'un gouvernement qui n'a pas ses faveurs parle d'un "partenaire difficile, un syndicaliste inspiré de l'idéologie de l'ultra-gauche". Il est d'ailleurs membre du Parti communiste des ouvriers de France (PCOF), courant marxiste-léniniste qui a milité pour le non à la Constitution européenne et qui publie un mensuel, La Forge. Raymond Chauveau est un défenseur acharné des étrangers, quelle que soit leur situation. "C'est un militant qui a fait de la régularisation des travailleurs sans papiers une revendication de la CGT", affirme Marc Roumejon, secrétaire départemental CGT de l'Essonne.

"M. Chauveau est déconnecté de la réalité économique", affirme le PDG de Modeluxe. Le conflit sur la régularisation de travailleurs sans papiers qui l'a opposé à "ce syndicaliste d'un autre temps" a eu un impact négatif sur son entreprise. La médiatisation a fait fuir, assure-t-il, 37 % de sa clientèle; il affirme avoir dû, en conséquence, licencier 70 employés. "Son langage politique date des années 1970. Il est trop dans le dogme", déplore le patron de Modeluxe.

Pourtant rien ne prédestinait ce militant, qui a grandi dans la petite-bourgeoisie à Saint-Brieuc, en Bretagne, à consacrer sa vie à la lutte des classes. Avec un père employé dans une librairie, une mère directrice d'école, il baigne dans un monde où l'on se pose beaucoup de questions. A 15 ans, il s'en pose quand il voit des paysans se révolter et occuper, en mai 1968, la préfecture des Côtes-d'Armor. C'est le changement. Il s'engage dans un mouvement lycéen. S'enrage en cours d'histoire face au traitement de la guerre d'Algérie, passée sous silence. Il obtiendra son bac à... 28 ans en candidat libre.

C'est à cet âge-là qu'il s'installe dans l'Essonne. Se définissant comme un fils spirituel de Karl Marx, Raymond Chauveau - qui croit que la société ne peut changer que par la classe ouvrière - devient lui-même ouvrier, à la RATP. Mécano à l'atelier de réparation de la ligne du RER B à Massy. Il se syndique naturellement à la CGT. Ses camarades affirment que c'est par conviction qu'il est devenu "prolo", lui l'intellectuel. "Pas du tout, fallait que je mange", rigole-t-il.

Mais, tout au long des années 1980, il professionnalise son militantisme. Bataille pour la suppression de la première classe dans les lignes du RER. Prend, au bout de quelques années, la tête de la section syndicale (plus de 200 ouvriers). Et s'implique fortement dans les grandes grèves d'octobre 1988.

La direction de la RATP lui inflige une mise à pied de six mois en 1993. Elle lui reproche une attitude provocatrice et des fautes professionnelles, avec mise en danger de la sécurité de voyageurs. "Elle m'a fait payer mon militantisme", riposte le syndicaliste. L'inspection du travail requalifie cette sanction en licenciement. S'ensuivent alors deux années de bras de fer. Pendant ce temps-là, ses collègues de l'atelier se cotisent pour garantir le salaire du "camarade" Chauveau. Il est réintégré à la RATP le 1er janvier 1996 à la condition d'en être détaché. Depuis, il est permanent syndical de la CGT à Massy.

Si Karl Marx devait vivre aujourd'hui, Raymond Chauveau pense qu'il serait africain, un "Black". La lutte des classes mais aussi la lutte des peuples imprègnent les discours du syndicaliste, un amoureux de l'Afrique. Son appartement de Villejuif en est une annexe, avec masques et tapisseries aux murs. Son seul regret est de l'avoir découverte trop tard. C'est au début des années 1980 qu'il s'y intéresse, dans le cadre de sa vie de syndicaliste. Il rencontre, à Paris, des militants de la CGTB du Burkina Faso. Il prend alors conscience de la misère, de l'émigration, de la responsabilité des "Blancs colons" dans les guerres...

Il s'y rend, avec sa femme, pour la première fois en 1995, au Congo, pour adopter des jumeaux : une fille et un garçon âgés de 3 ans. Et, dès 1998, il organise des voyages au Burkina Faso pour les militants. Le but ? Casser les clichés sur les Africains et confronter les expériences syndicales dans les deux pays. "J'ai vu des militants qui risquaient leur vie là-bas", raconte Didier Sollier, 48 ans, "un camarade" qui a fait le voyage en 2005.

"Avoir des enfants blacks n'est pas un facteur amplificateur dans la lutte pour la régularisation des salariés sans papiers", précise Raymond Chauveau. Son "job", dit-il, c'est d'aider des travailleurs. C'est tout. Qu'importe qu'ils ne soient pas en règle. Il faut protéger l'ouvrier du patron quoi qu'il en coûte. C'est la base du syndicalisme. La sienne.
Mustapha Kessous
Article paru dans l'édition du 13.09.07.
michel
 

Messagepar Federica_M » Lundi 17 Sep 2007 11:06

Il rencontre, à Paris, des militants de la CGTB du Burkina Faso.


Le PCOF est un parti marxiste léniniste qui lors de la scission entre Albanais et Chinois en 64 est resté sur la ligne Albanaise (Enver Hoxha). Ce qui est assez paradoxal c'est que ce sont des staliniens pur jus et indécorttables, mais aussi qu'ils peuvent être très sympathiques ! (du moins les miltiants que je connais.) Ils te promettent le goulag, mais vec le sourire ! :-)

Le PCOF a une organisationsoeur au Burkina, le parti communiste révolutionnaire burkinabé, dont l'organisaiton de masse est la CGT-B. Les vignoles entretiennent (entretenaient ?) les meilleures relations avec la CGT-B ...

Ceci dit les batailles menées à Modeluxe et Buffalo Grill sont à la fois intéressantes et importantes en terme de lutte de classe et aussi de batailles idéologiques (et de victoire !)
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Messagepar Nico37 » Jeudi 20 Sep 2007 9:07

Il n'allaient pas titré en rouge & jaune :lol: :!: Effectivement le PCOF est investi dans les luttes de l'immigration, l'UL CGT de Massy a lancé les collectifs CGT sans papiers avec un certain succès. Et puis en rouge & noir, c'est pas Jeanne Mas ? ok je :arrow:
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Messagepar peyo » Jeudi 20 Sep 2007 17:54

il faut savoir que le camp de travail en cas de revolution pour les ex-exploiteurs, ce n'est pas obligatoirement synonyme de camps d'extermination. mettre au travail les ennemis de classe et les concentrer pour cela dans un territoire donné pour qu'ils ne puissent nuire à la revolution, c'est une idée dont on peut débattre. c'est du moins la vision (d'aprés ce que j'en sais) qu'en ont les camarades de la cgt-b.
peyo
 

Messagepar goldfax » Vendredi 21 Sep 2007 21:14

:shock: :shock: :shock: :shock:

On peut pas le déporter dans un goulag, lui !!! Je vote pour ! :twisted:
goldfax
 

Messagepar kiddam » Samedi 22 Sep 2007 2:12

Juste en passant car je vois que vous parlez des goulags - et que ce n'est pas le sujet du topic, c'est vraiment un trait caractéristique des communistes ( et je sais de quoi je parle car je suis un repenti ). En fait dans toutes leurs théories fumeuses, ils ont juste oublier au moment de passer à la pratique de supprimer les classes sociales et le capitalisme. Si, lors de la véritable révolution nous supprimions les conditions matériels du capitalisme ( salariat / propriété privé ou d'état ), que resterai t'il à nos maîtres pour survivre... le travail libre ( entre autre, car on pourrait très bien les imaginer se découvrir une âme d'artiste ou de bohème)(Durant la révolution espagnole, beaucoup furent admis dans les rangs des travailleurs). En fait, les goulags ne sont que l'indice d'une révolution qui ne ferait que maintenir en l'état les rapports de productions actuels, avec à sa tête un unique patron au lieux de la multitude actuelle, avec d'un côté les salariés dans le rang et de l'autre les salariés à y remettre. D'ailleurs, il y a eu plus de contestataires que de blancs dans les goulags, mais dans la mythologie communiste on préfère y mettre les méchants patrons. Voilà, c'est tout, j'ai fini sur les goulags.

Pour revenir au sujet de départ, il serait bon que certains militant syndicalistes s'en inspire http://cnt31.ouvaton.org/spip.php?article568, car malheureusement c'est pas toujours une marque de fabrique de la CGT (entre autre).
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Messagepar Murgen » Samedi 11 Oct 2008 16:30

Pourquoi faut-il qu'à chaque fois que l'on parle du communisme la question des goulags prennent alors une place prépondérante, au point de parfois focaliser la discution sur ce point. Est-ce dont là la seule caractéristique du communisme où est-ce là ce à quoi l'on veut le réduire? Le communisme fait peur car il menace directement tous ceux qui ont un intérêt à ce que soit sauvegardée la propriété privée et la liberté d'exploiter son prochain; or qui sont ces personnes? Ni plus ni moins les dirigeants d'états capitalistes, d'entreprises et des grandes institutions "démocratiques" ainsi que les grands actionnaires.

Pour revenir a l'article je trouve dommage que seul son licenciement apparaisse dans la chronologie car a été réhabilité après plusieurs mois de mobilisation.
Murgen
 

Messagepar goldfax » Samedi 11 Oct 2008 16:50

Tout dépend de ce que tu appelles communisme. Si c'est l'URSS à quoi tu fais référence, je ne vois pas pourquoi l'on ne parlerait pas du goulag, puisque l'Union soviétique a basé son système répressif, justement, sur le goulag.
Après, si tu veux parler de communisme libertaire, anarchiste, là, y'a pas d'problème !
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Messagepar Murgen » Dimanche 12 Oct 2008 21:18

goldfax a écrit: si tu veux parler de communisme libertaire, anarchiste


Mais qu'appelles tu communiste anarchiste exactement?
Murgen
 
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Messagepar NOSOTROS » Dimanche 12 Oct 2008 23:30

le seul et vrai communisme qui soit, pas la dictature imaginée par Marx et mise en pratique par tous ses épigones ...

Pour plus d'info tu peux lire les textes ici :

Anarchosyndicalisme et autonomie populaire

http://cnt-ait.info/rubrique.php3?id_rubrique=91

Et aussi celui ci :

l'anarchosyndicalisme questionné

http://cnt-ait.info/article.php3?id_article=1329

Sinon, oui, le goulag est une caractéristique centrale du marxisme léninisme. Si tu veux qu'on continue à discuter n'essaie pas de nous convaincre du contraire tu perdras ton temps.
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