Nicolas
Bientôt le message électronique qui fait 'pschitt'?
Associated Press (AP)
26/09/2006 10h47
Dans la série «Mission Impossible», un message s'autodétruisait juste après avoir été écouté par un espion. Aujourd'hui une startup américaine promet le même degré de confidentialité avec un système de messagerie électronique qui ne laisse pas de traces.
Le système VaporStream de la société Void Communications est envisagé en complément des courriels et messageries instantanées, deux moyens de communications qui génèrent d'abondantes archives électroniques. VaporStream devait être dévoilé mardi au salon des technologies Demofall à San Diego et pourrait être commercialisé dès le mois d'octobre.
Un exemple concret permet de mieux comprendre son fonctionnement. Alice veut par exemple discuter d'une affaire privée avec Bob. Elle ouvre une page Web VaporStream cryptée et sélectionne ensuite Bob sur une liste de correspondants.
Une fenêtre s'ouvre, où elle peut taper un message. Son nom et celui de Bob n'apparaissent nulle part à ce stade et les messages individuels ne peuvent être copiés ou collés dans d'autres programmes.
Après son envoi, le message n'est plus visible sur l'ordinateur de l'expéditrice. Il est transmis à un serveur géré par VaporStream, où il est conservé temporairement en mémoire. Lorsque Bob ouvre sa page Web VaporStream, il peut voir qu'il a un message d'Alice et n'a qu'à cliquer pour le lire. Une fois transmis au destinataire, le message quitte définitivement le serveur de VaporStream.
Lorsque Bob répond, le message original d'Alice disparaît de son ordinateur. Les deux parties poursuivent le dialogue selon le même principe que dans une conversation où chacun doit se souvenir des derniers messages pour ne pas perdre le fil.
«L'expéditeur et le destinataire n'ont pas de copie» des messages, souligne Amit Shah, co-fondateur du système avec Joseph Collins. Les deux hommes espèrent que le concept et le prix modique de VaporStream, 40 dollars par an, séduiront les entreprises confrontées au défi de trier de grandes quantités de courriels pour ne garder que les messages importants.
Une entreprise pourrait ainsi demander à ses employés d'utiliser VaporStream pour toutes leurs communications informelles. Outre les ordinateurs, le service sera également proposé pour des outils de télécommunication mobiles comme le Blackberry.
VaporStream pourrait toutefois ne pas convaincre tout le monde. Les sociétés américaines de services financiers par exemple sont susceptibles de le rejeter en raison de la réglementation sur la rétention des communications électroniques. D'autres pourraient tout simplement ne pas faire suffisamment confiance à leurs salariés pour leur permettre d'utiliser une moyen de communication qui ne laisse pas de traces.
«Je n'ai pas l'habitude de voir des clients qui me demandent un système de messagerie où ils peuvent dissimuler toute trace de leurs propos», souligne Matt Brown, de la société Forrester Research. Il se dit "très sceptique" sur l'avenir de VaporStream.
Mais Nancy Flynn, fondatrice de l'ePolicy Institute, qui conseille les entreprises dans l'utilisation du courriel, estime que le système pourrait séduire des sociétés. De nombreux courriels doivent être gardés pour des audits, des raisons réglementaires ou judiciaires, mais les messages personnels constituent souvent une gêne, sans parler du coût de leur stockage, ajoute-t-elle.
VaporStream n'est pas réservé uniquement aux entreprises. Les particuliers pourront également s'y abonner pour 40 dollars par an.
La confidentialité du système aura toutefois des limites: aux Etats-Unis, VaporStream se conformera aux lois autorisant des écoutes mandatées par la justice. Les messages précédents n'étant pas conservés, ils ne pourront être retrouvés par les autorités, mais elles pourraient obtenir des mandats pour surveiller des conversations à venir, par exemple pour lutter contre la criminalité.