Bonjour,
Après quinze jours de vacances et un virus d'un autre monde chopé au retour dont je me remets à peine alors qu'il faut impérativement reprendre le travail, je souhaitais faire un petit compte-rendu sur un des ouvrages que j'ai eu le temps de lire pendant ces moments libres et qui m'a particulièrement marqué.
Je le fais ici puisque, même si je ne suis pas d'accord avec la ligne défendue par la CNT-ait, ni même avec le principe même du syndicalisme quel qu'il soit, au moins, les messages ne sont pas censurés.
Ce témoignage, je l'ai lu d'une traite. Impossible pour moi de le lâcher avant la dernière page. Il s'agit de " Si c'est un homme " de Primo Levi .
Le livre nous emmène dans la vie d'un déporté à Auschwitz III - Monowitz. Le camp d'extermination nazi où les prisonniers avaient pour tâche de construire l'usine de caoutchouc synthétique de Buna ( qui n'a d'ailleurs jamais produit un seul kilo de caoutchouc ) : un projet décidé par Himmler.
Pourquoi je voulais parler de ce livre en particulier ?
D'abord parce Primo Levi a réussi à me faire prendre sa place dans ce qu'il vivait et, même si ça a été particulièrement désagréable, jamais je n'ai pu m'identifier de cette façon à ce que racontait quelqu'un dans un ouvrage.
Je suis allé visiter il y a quelques années les camps de Auschwitz-Birkenau. Je tenais à mettre une réalité matérielle sur l'horreur nazie dont on parle beaucoup sans forcément se rendre compte de ce que c'était. Et même peut-être que l'on en a tellement parlé que cela finit par se retourner en son contraire.
Le livre de Primo Levi a été, pour moi, encore plus significatif que les baraquements de bois de Birkenau, les latrines alignées, les montagnes de cheveux, les salles d'expérimentations "médicales"..
Mais il y a autre chose : c'est l'analyse qui en sort des réactions humaines dans les situations extrêmes telles que les déportés les ont subies. Je ne parle pas de celles des bourreaux.
Contrairement à ce que l'on pourrait espérer dans une position d'exploitation ultime telle que l'esclavage National-socialiste, horreur absolue, la réaction première n'est pas la solidarité entre les opprimés mais au contraire, le chacun pour soi poussé à l'extrême. Par exemple, il n'était pas possible pour un déporté à Auschwitz de laisser traîner sa gamelle ou sa cuillère plus de 30 secondes sans qu'elle soit immédiatement et invariablement volée pour être échangée contre un morceau de pain, un demi-litre de soupe.
Il y a eu certes quelques actes de solidarité dans les camps de la mort mais ils ont été rares, très rares, très isolés.
Tout cela n'est pas très encourageant parce que ça pose la question plus générale de ce qu'est, à ce stade, au notre, l'homme.
Ce message n'a pas vocation d'ouvrir une polémique. Je crois que les polémiques sur les forums internet ne servent pas à grand chose pour ne pas dire à rien. Et, ces forums qui se prétendent "anarchistes" ne sont que la reproduction virtuelle des rapports de domination de la société. Désormais, je les fuis.
C'est juste une information pour ceux qui voudraient savoir comment se passait la vie d'un déporté dans un camp de la mort en 1944 et les réactions de chacun de ces malheureux.
Une immersion dans l'enfer.
Attention : ce livre est très éprouvant .
En tous cas personnellement, il m'a profondément affecté.
Je me demande même s'il n'a pas participé à ce que j'attrape ce méchant virus.
Bonne continuation et bon courage.
http://www.amazon.fr/Si-cest-homme-Primo-Levi/dp/2266022504