Je me souviens que le vieux Vincent, charpentier menuisier, décédé il ya quelques années après plus de 70 ans d'anarchosyndicalisme actif (ilavait commencé à milité en 1933 à la CGT SR à l'age de 13 ans) il ne fallait pas lui parler de Léo Ferré :
en effet, pour l'aider à se lancer, dans les années 50, le mouvement libertaire organisait des "galas de soutien", qui lui permettait de jouer et de se faire connaitre, tout en permettant aux compagnons d'avoir un peu de solidarité financière au cas où il y resterait quelque chose une fois tout payé. D'habitude les autres chanteurs demandaient un simple défraiement ou un petit quelque chose, mais raisonnable. Selon Vincent, Ferré - alors qu'il n'était pas encore connu - avait exigé d'avoir un cachet de star.
Lors du gala "de soutien" à Toulouse il y avait eu des conditions météos terribles, si bien que le concert n'a pas pu avoir lieu. Les organisateurs, tous des ouvriers comme Vincent, se retrouvaient donc à payer les frais de réservation de la salle etc ... Plutot loupé comme action de soutien donc. Mais Monsieur Leo Ferré a exigé tout de même de recevoir son cachet, qu'il ait joué ou pas et qu'il n'y ait pas eu de recettes ce soit là il s'en foutait. Ce sont donc les compagnons qui ont payé Monsieur.
Il était peut être désespéré le Léo mais pas au point de lâcher son oseille ...
Tout ça c'est de la pose, du pathos existentiel qui fait vendre (le créneau youplaboum y a de la joie était déjà pris par Trenet
).
Et pourtant l'anarchie c'est pas la mélancholie (suffit de voir ce forum où l'on s'écharpe gentillement parfois
), mais la vie elle même !