la pensée libertaire dans le magazine littéraire

De l'Assiette au beurre à Rapaces...

la pensée libertaire dans le magazine littéraire

Messagepar lucien » Lundi 06 Déc 2004 16:14

Je ne l'ai appris que hier et je ne l'ai pas trouvé dans les kiosques aujourd'hui (et pour cause !), le Magazine littéraire, dans son numéro de Novembre (...), a réalisé un dossier sur la pensée libertaire ("altermondialistes" !! pffff) :

Image

LA PENSÉE LIBERTAIRE – LE REFUS DU POUVOIR DE DIOGÈNE AUX ALTERMONDIALISTES

Refuser tout pouvoir pour enfin régner sur soi et maîtriser ses passions, sa vie, son quotidien : tel est l’esprit libertaire. Comme l’écrit Michel Onfray en ouverture de ce dossier, la pensée libertaire place « la construction de soi comme une singularité souveraine ». À travers une analyse critique du pouvoir, qu’il soit religieux, politique ou économique, il s’agit de libérer l’individu de toutes les formes d’assujettissement. Vaste programme, que l’on réduit trop souvent à la cause anarchiste. De Diogène aux libertariens et aux altermondialistes, la résistance au pouvoir a su prendre des formes multiples. Révolte, action directe, désobéissance, non-agir, stratégies locales de contre-pouvoir : autant de manières de changer le monde et de faire face à des maîtres qui, au fil de l’Histoire, changent de visage. Les libertaires ne luttent plus aujourd’hui contre l’État impérialiste mais contre une société de contrôle globale. À l’heure des révolutions introuvables, tout reste à inventer.

Depuis l’Antiquité, les philosophes se partagent en deux familles : ceux qui refusent l’exercice du pouvoir, sous toutes ses formes, et ceux qui tentent, tant bien que mal, de le concilier avec leurs idéaux. Aux sources de ce divorce philosophique, des esprits incompatibles, Diogène et Platon.
Diogène n’aimait pas Platon, et l’auteur de La République qui commença sa carrière par la lutte et le théâtre, sans jamais vraiment y renoncer, le lui rendait bien. Entre ces deux-là, ce fut la haine leur vie durant. Normal, ils campent chacun aux deux extrémités idéologiques, métaphysiques, philosophiques. L’homme au Chien aime la vie, la joie, le réel, le rire, la liberté, l’indépendance, l’individu ; l’homme aux Idées chérit exactement l’inverse : la mort – voir la thanatophilie du Phédon ! –, l’ascétisme, les arrière-mondes, la servitude, la dilution des subjectivités dans la communauté. Au-delà des siècles, Diogène et Platon incarnent deux façons d’appréhender le pouvoir, de le considérer et d’en user. Deux anecdotes ramassent leurs conceptions. L’une, célèbre, participe de l’iconographie philosophique classique et met en présence un Diogène qui bronze au Cranéion, une colline de Corinthe couverte de cyprès, et Alexandre, le Prince aux pouvoirs absolus. Alexandre s’adresse à Diogène et lui demande un souhait afin de jouir de l’exaucer. Réponse de Diogène : « Ôte-toi de mon soleil » – ce qui, dans une traduction moins faite pour le marbre de la postérité donne : Tire-toi, tu me fais de l’ombre…
Avatar de l’utilisateur
lucien
 
Messages: 3012
Inscription: Dimanche 31 Oct 2004 15:32
Localisation: Caen

Retourner vers Culture

cron