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Contre François Jullien

MessagePosté: Mercredi 11 Fév 2009 14:00
par neiluan
Un livre de Jean-François Billeter que j'ai beaucoup aimé car il montre comment le pouvoir tente d'asseoir sa légitimité en imposant sa propre histoire comme étant la seule possible.

A travers les livres qu’il publie année après année depuis vingt ans sur la pensée chinoise, François Jullien exerce une influence considérable, en France aussi bien qu’à l’étranger. Jean François Billeter ouvre ici un débat qu’il juge indispensable sur la vision de la Chine qu’il propage par ses ouvrages. Cette vision repose sur un mythe, dit-il, celui d’une Chine qui formerait par son histoire, ses traditions, sa culture un monde entièrement différent du nôtre, mythe qui a pour corollaire l’idée d’une “pensée chinoise” foncièrement différente de la “pensée occidentale”. Jean François Billeter reconstitue brièvement l’histoire de ce mythe et remonte jusqu’à sa source, qui est chinoise, contemporaine de la formation de l’empire. Il analyse les fonctions idéologiques et politiques qu’il a remplies en Chine, puis en Europe depuis xviiie siècle, et montre à partir de là le caractère mystificateur des thèses répandues par François Jullien. Il critique aussi sa méthode, qui consiste à construire des oppositions arbitraires en négligeant les rapprochements qui montreraient, au contraire, le sol commun d’une expérience partagée. Connaissant lui-même parfaitement les textes anciens, Billeter montre, exemples à l’appui, que les traductions de François Jullien, comme celles d’autres sinologues d’ailleurs, confèrent souvent à la pensée des auteurs traduits un caractère exotique qu’elle n’a pas en elle-même. Il montre aussi, d’une plume alerte, à quelles erreurs de jugement cela mène sur la Chine actuelle. Au lieu d’informer ses lecteurs sur certains débats fondamentaux qui ont lieu en Chine aujourd’hui, François Jullien crée des obstacles au dialogue entre Européens et Chinois. “Il œuvre, conclut Billeter, dans le sens de l’enfermement mental auquel travaillent en ce moment, de leur côté, les forces de la restauration idéologique chinoise.” Pamphlet dans sa forme, ce petit ouvrage pose, aux non sinologues autant qu’aux sinologues, des questions de fond : il s’agit de nous interroger sur ce que la Chine représente dans notre imaginaire et quel rapport – critique ou non critique – nous voulons entretenir avec elle.

MessagePosté: Mercredi 11 Fév 2009 14:38
par goldfax
Bonjour et bienvenue sur le forum !

Pourrais-tu indiquer le titre de l'ouvrage, s'il te plaît ?

Merci et à bientôt de te lire.

MessagePosté: Mercredi 11 Fév 2009 19:14
par NOSOTROS
Bonjour et bienvenue

D'autres participants ont déjà mentionné ici la critique de l'oeuvre de jullien, soulignant notamment son côté réducteur et simplificateur... (comme évoqué ailleurs sur ce forum, les Grecs aussi connaissaient le biais, via la mètis). Quoiqu'il en soit, merci de relancer ce topic !

Cf notamment :

L'inscription corporelle de l'esprit.

http://cnt.ait.caen.free.fr/forum/viewtopic.php?t=1862