Présentation des éditions Altiplano

De l'Assiette au beurre à Rapaces...

Présentation des éditions Altiplano

Messagepar NOSOTROS » Mardi 12 Fév 2008 10:55

Oui je sais c'est la FNAC. Mais bon, j'ai pensé que ça pouvait en intéresser certains.

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L'Alpaga déjanté vous parle de l'actualité de L'Altiplano
http://actu.laltiplano.fr
http://www.laltiplano.fr
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Salut à toutes et à tous,


La Fnac.com a réalisé une interview de l'éditeur de L'Altiplano (on peut la retrouver directement sur leur site.)
L'Alpaga déjanté vous en fait un petit copier-coller :

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// Parmi l’actuelle floraison de nouvelles maisons d’édition en France, L’Altiplano se
distingue par des publications multi-genres très incisives sur le terrain politique et
social. Présentation de la maison par l’intrépide Mathieu Garriques, 24 ans… et plus
jeune éditeur de France. Editez jeunesse ! //


// Mathieu Garriques… Quel est votre parcours ?

Chaotique. Disons qu’il est loin d’être linéaire. Pour parler de la fin de mon parcours
universitaire, je suis diplômé de l’École des Hautes Etudes en Sciences sociales avec une
formation en ethnologie et anthropologie sociale.

// Comment devient-on le plus jeune éditeur de France ?

En créant sa maison d’édition à 23 ans ! Et puis quand on se dit au départ que l’on n’a pas
envie de faire des compromis en étant édité par d’autres, donc en voulant être libre de faire ce
que l’on veut en étant son propre éditeur. C’est un peu ça l’origine de l’affaire…

// Nom de code, L’Altiplano : vous êtes en quête de hauteur ?

Je pratique l’alpinisme et pourtant je n’accorde vraiment aucune symbolique au nom donné à
ma maison d’édition. Si ce n’est que j’aime beaucoup l’Amérique latine, même si je n’y suis
jamais allé ! À vrai dire, on me pose souvent la question, mais le choix du nom est vraiment
arbitraire, ne va pas chercher bien loin. C’est au plus une question sentimentale.

// Pourquoi exister dans le paysage éditorial français aujourd’hui ?

Il faut remonter à la réponse plus haut. Mais je ne peux m’en tenir là, car même si c’est
l’origine de la création de L’Altiplano, deux semaines après, ce n’était déjà plus le cas.
Pourquoi donc exister ? L’Altiplano est une maison d’édition politique, un outil de
propagande, dans le sens le plus noble du terme. C’est pour moi l’unique raison d’essayer de
survivre dans le paysage éditorial français.

// L’Altiplano est-elle une maison d’édition « engagée » ? Quel sens accordez-vous à ce
mot ?

Le terme « engagé » est devenu complètement galvaudé. Engagé pour quoi ? Engagé pour
qui ? Dans quel but ? Il y a de nombreux niveaux d’engagements et nombre d’entre eux
s’opposent. L’Altiplano se définit comme populaire et politique, c’est ça son engagement, sa
feuille de route.

// « Politique » aussi peut être pris dans de nombreux sens, aller également dans de
nombreuses directions opposées, non ?

Oui, c’est vrai. Mais L’Altiplano ne se positionne pas sur l’échelle politique. Les catégories
proposées ne sont pour aucune d’entre elles intéressantes. Il s’agit plutôt de se définir
négativement : antiautoritaire d’une part, anticapitaliste de l’autre. C’est déjà pas mal. Et puis,
comme il est dit, L’Altiplano tient son cap sans dogmatisme ni esprit de chapelle.

// Une maison d’édition généraliste populaire : est-ce là l’esprit de la maison ?

Oui, c’est un point important. L’Altiplano rejette toutes formes d’élitisme, d’avant-garde.
Quelles qu’elles soient. Je veux vraiment que l’accès aux livres de L’Altiplano, donc aux
questions et idées lancées, soient accessibles au plus grand nombre. C’est son principal
intérêt. Mais c’est loin d’être gagné…

// Combien de collections animez-vous ?

Six ! Bandes dessinées, romans, essais, enquêtes, documents, nouvelles, témoignages, guides,
albums jeunesse... L’Altiplano est une véritable maison d’édition généraliste. C’est ce qui
nous caractérise en plus du reste.

// Quelle est la place de la littérature dans votre maison ?

Elle a une place qui n’est pas évidente. Je trouve important de pouvoir questionner le monde à
travers différents formats, que ce soit un essai politique ou un roman. Mais le roman implique
pour exister d’avoir un style intéressant, une histoire qui tienne la route (ou pas d’ailleurs.)
Cependant, ceci n’est pas suffisant pour L’Altiplano, le lecture de loisir ne m’intéresse pas, il
faut que le roman soit politique dans le sens où il apporte quelque chose dans la
compréhension d’un segment de situation. Mais quand on arrive à cela, on a déjà perdu
beaucoup de monde en cours de route. C’est dur alors d’avoir sa place au sein du champ
littéraire.

// Vous publiez des manifestes sur des questions encore taboues en France, comme la
prostitution ou le lesbianisme : y a-t-il une radicalité de votre démarche et un désir de
changement de société ?

Toutes ces questions sont éminemment politiques. Rien qu’à voir comment les putes sont de
nos jour considérées, surtout par bon nombre de personnes qui se disent de gauche. Certaines
féministes me font bien rire…
Les questions de genre sont pour moi importantes, à intégrer dans la perspective de révolution
du système actuel. L’Altiplano a une démarche bien précise : prendre à la fois en compte les
réalités en ne se perdant pas dans des envolées lyriques intellectuelles complètement stupides
(je veux parler de l’ensemble des théories post-modernes en général et de la théorie queer en
particulier) et avoir une véritable vision radicale sur ces questions, vouloir qu’il y ait un
véritable changement et non se satisfaire de magouilles intellectuelles entre universitaires
autour d’une coupe de champagne !

// Un mystérieux Michel Gama a signé chez vous "Rencontres au sommet", une stimulante
étude sur les cercles de pouvoirs internationaux et singulièrement le groupe
Bilderberg… Comment êtes-vous entré en relation avec Michael Gama ?

Ne tournons pas autour du pot. Michael Gama est le pseudonyme que j’ai utilisé pour la
publication de mon livre. Comme je le sous-entends plus haut, c’est lui qui est à l’origine de
la création de L’Altiplano, mais il est vite passé en arrière-plan. Il a été publié en septième
position, pour dire !

// Quel a été l’impact de ce livre ?

L’impact du livre est intéressant. Je me rends compte de plus en plus comment de nombreuses
personnes, outre celles qui sont carrément dans les théories hallucinantes de LA théorie du
complot, estiment que les maux de notre société sont simplement dûs à quelques poignées
d’individus, d’hommes d’affaire et de politiques pourris (c’est ce qui est d’ailleurs sous-entendu
par le Monde Diplo ou une organisation telle qu’ATTAC)…. Cela signifie que nos
maux ne seraient qu’une question de personnes, que cela pourrait changer à l’intérieur du
système avec des gens différents. On rejoint ici le sens religieux du vote. On croit que le
miracle va se produire alors que l’on se retrouve toujours devant le même spectacle.
Beaucoup de ces personnes ne comprennent pas que le véritable problème, c’est le système
capitaliste dans son intégralité (et qui comprend bien sûr toutes ces pratiques de magouilles,
d’intérêts individuels et bien d’autres choses...) En bref, que s’il y a quelque chose à pointer
du doigt, c’est bien lui et ses composantes : la classe capitaliste, les moyens de production, le
travail… la société toute entière en définitive. C’est tout ça qu’il faut remettre radicalement
en cause, pas quelques conséquences prises de manière arbitraire, sorties du contexte. On a
trop tendance à renverser les causalités et les conséquences.

// Quelle est la place du web dans votre fonctionnement au quotidien ?

L’Altiplano s’est faite connaître plusieurs mois avant la sortie du premier livre en librairie.
Une pratique ovni dans la profession ! On reçoit des centaines de manuscrits envoyés par
email (on accepte de les recevoir par ce biais, contrairement à la majorité des éditeurs.) On
entretient aussi un rapport constant avec une partie de nos lecteurs sur le net. Sans compter
bien sûr l’outil utilisé à titre professionnel, pour les correspondances par email, etc. Oui, on
peut dire qu’Internet occupe une place non négligeable dans le fonctionnement de
L’Altiplano.

// Financièrement, vous vivez ou survivez ?

La survie, toujours la survie…

// Votre « best-seller » à ce jour ?

Ce type de concept ne fait pas partie des plans de L’Altiplano… Mais "Face à la police
/ Face à la justice" est un titre qui ne marche pas trop mal.

// Vous étudiez sérieusement tous les projets qui vous parviennent ?

Absolument. Après, dans la mesure où L’Altiplano se caractérise par une politique éditoriale
assez précise, cela va dès fois très vite pour savoir si un manuscrit peut convenir ou pas. En
tout cas, à ce jour, pour les trois romans, le récit et l’album jeunesse que nous avons publiés,
tous nous ont été envoyés par courrier électronique ou par la poste, sans être en aucun cas
recommandés. Tous sont des jeunes auteurs qui n’avaient rien publié auparavant. Pour les
autres livres, il s’agit de projets que j’ai initiés ou pour lesquels j’ai proposé une publication.
Bref, la démarche s’est alors effectuée en sens inverse.

// Avez-vous des collaborateurs ?

Oui et je ne sais pas ce que je ferais sans eux ! Il s’agit de Serge Bourdin et de Xavier
Garnerin qui m’épaulent avec un professionnalisme sans faille pour les questions de
correction (ils sont tous deux correcteurs professionnels), mais aussi de maquette en ce qui
concerne Serge. Et puis ils me donnent aussi parfois leur avis sur les choix éditoriaux. Ce sont
devenus de vrais amis, mais surtout des piliers sans lesquels L’Altiplano pourrait difficilement
continuer à fonctionner. Si L’Altiplano en est-là, c’est aussi grâce à eux.

// Que vous souhaiter pour les années à venir ?

À court et moyen terme, pouvoir faire en sorte que L’Altiplano puisse continuer sa route. À
plus long terme, pouvoir être content de savoir que L’Altiplano n’existe plus parce qu’il n’y
en aurait plus alors la « nécessité. » Je ne fais pas partie de ceux qui croient au livre comme
nécessite absolue ad vitam aeternam. Le livre est pour moi une arme, mais n’a certainement
pas une nécessite d’existence. Là aussi je fais office d’ovni dans la profession sur cette
question. Pas très politiquement correct d’afficher cela en tant qu’éditeur, mais je l’assume.


_____

C'est en abordant les situations de manière systématique,
par tous les fronts possibles,
sans dogmatisme ni esprit de chapelle,
que L'Altiplano tient son cap antiautoritaire et anticapitaliste.

Il est question d’agir
pour comprendre.
Puis, ayant compris, d’agir.
Du haut de L’Altiplano, on relève le pari.

_____


A bientôt,
L'Alpaga déjanté

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