Un siècle de mouvement anarchiste international.

De l'Assiette au beurre à Rapaces...

Un siècle de mouvement anarchiste international.

Messagepar douddu » Samedi 15 Sep 2007 10:37

Congrès anarchiste d'Amsterdam: un siècle de mouvement anarchiste international.

Le congrès qui se déroula à Amsterdam du 26 au 31 août 1907, peut être considéré comme le premier congrès anarchiste international. Ce congrès est fondateur à plus d'un titre et marque un tournant dans l'évolution de notre courant de pensée.

Les anarchistes sont alors dans une situation particulière, ils sont mis en minorité dans le courant socialiste international. La majorité des socialistes, se réclamant de Marx, connaissent une évolution social-démocrates au sein de la seconde internationale. La question de la prise du pouvoir avait scellée le sort de la première internationale, quand Marx et ses partisans profitèrent de l'absence de nombreux délégués pour mettre en minorité la tendance anti-autoritaire et exclure ses deux membres les plus éminents: James Guillaume et Michel Bakounine. Dans la dernière décennie du XIX° siècle, la tendance social-démocrate est suffisamment forte pour exclure la minorité anti-autoritaire et révolutionnaire de la deuxième internationale. C'est lors des congrès de Zurich (1893) et Londres (1896) que se mena la bataille qui entraîna l'exclusion assumée des minoritaires. A l'occasion de ces rendez-vous, les militants anti-autoritaires menèrent des conférences parallèles où ils commencèrent à s'organiser. Mais ce n'est que 11 ans plus tard (après l'échec du congrès interdit de Paris en 1900) que les révolutionnaires se retrouvèrent, à Amsterdam, pour ce congrès qui fut le premier à se déclarer congrès international anarchiste.
A l'initiative de militants belges et hollandais, le congrès réunit des délégués allemands, anglais, tchèques, italiens, autrichiens, américains, suisses, russes, français tandis que des représentants sud-américains et espagnols étaient excusés. Parmi les participants, on compte des personalités importantes du mouvement anarchiste international comme Malatesta, Rudolf Rocker, Luiggi Fabbri, Alexandre Schapiro, Pierre Ramus, Christian Cornelissen, Emma Goldmann, Pierre Monatte et Benoit Broutchoux ou encore Amédée Dunois. Plusieurs débats marquent l'histoire de notre pensée. Le premier concerne le thème de l'organisation. Alors que les tendances anti-organisatrices sont encore vives, le congrès parvient à faire admettre la validation d'un bureau de l'Internationale anarchiste dont sont membres Malatesta, Rocker, Wilquet, Schapiro et Turner. Cette première tentative d'organisation internationale anarchiste n'a pas connu le succès espéré. Un nouveau congrès aurait dû se tenir en 1909 mais il fut repoussé constamment, pour être finalement fixé du 28 août au 5 septembre... 1914. Mais elle aura eu le mérite de dépasser la question de l'organisation et marquer la nécessité de l'internationale anarchiste. Il n'est d'ailleurs pas étonnant de retrouver deux membres de ce bureau, Rudolf Rocker et Alexandre Schapiro, dans le premier secrétariat de la nouvelle Association Inetrnationale des Travailleurs, en 1922.
C'est que le second débat qui marqua le congrès d'Amsterdam concerne les relations entre anarchisme et syndicalisme. Nous retenons souvent la confrontation entre Monatte qui représente le syndicalisme révolutionnaire français et Malatesta qui défend les conceptions anarchistes insurrectionalistes italiennes. L'affrontement idéologique qui les oppose est très significatif de deux mouvements emblamétiques à l'époque. Il est aussi d'une grande qualité tant sur la forme que sur le fond. D'un coté, Monatte défent l'idée que le syndicalisme se suffit à lui même, il est par essence révolutionnaire et doit rester neutre sur le plan politique. Le syndicalisme révolutionnaire est considéré comme la continuité du socialisme et de l'anarchisme qui l'ont précédé. Il renoue avec la tendance anti-autoritaire de la première internationale en reprennant les idées de fédération et de grève générale. Face à lui, Malatesta conteste l'idée que le syndicalisme est révolutionnaire. Pour lui, c'est un organisme réformiste par essence. Nécessaire pour les ouvriers, car l'appétit vient en mangeant, mais qui n'est pas suffisant dans le cadre d'un processus révolutionnaire. Il défend l'unité du mouvement syndical, qui doit resté neutre, en prônant une intense activité anarchiste en son sein, bien entendu que ces derniers ne doivent en aucun cas devenir permanent syndicaux, sous peine de « perdre leur âme ». Mais, d'autres interventions, moins longues et qui ne posent pas le problème en ces termes, sont également présentes. C'est Cornelissen qui résume le mieux son point de vue: pour lui, il est difficile de constater, au niveau international, un syndicalisme neutre et avance l'idée qu'il faut parler de syndicalismes, au pluriel. De cette réflexion va naître la pensée anarcho-syndicaliste qui est bien réelle au moment du congrès, mais sans base idéologique. Quelques années plus tard, théorisée, elle est un élément essentiel qui procède à la reconstition de la première internationale, en réaction à la création de l'internationale des syndicats rouges.
La CNT-AIT de Pau par le biais de sa section étudiante, la Coordination Libertaire Etudiante et en collaboration avec les Editions du Temps Perdu, a décidé d'organiser une commémoration du centenaire du Congrès Anarchiste d'Amsterdam, à l'université de Pau, les 25 et 26 octobre prochain.
Outre les interventions de Gaetano Manfredonia (« le débat Malatesta Monatte revisité »), d'Ariane Miéville (« Congrès Anarchiste d'Amsterdam (1907), le syndicalisme en débat ») et d'Hélène Finet (« étude comparative des débats sur le syndicalisme au Congrès d'Amsterdam et dans la Fédération Ouvrière de la Régionale Argentine (F.O.R.A.) »), elle comprendra une exposition sur le thème « 1907-2007, un siècle d'anarcho-syndicalisme » et la projection du film « Malatesta », pour la première fois en version STF. La CNT-AIT de Pau invite tout le mouvement libertaire à profiter de ce moment pour nous retrouver, débattre et ne pas oublier.
douddu
 

Messagepar michel » Samedi 15 Sep 2007 11:48

Outre les interventions de Gaetano Manfredonia (« le débat Malatesta Monatte revisité »), d'Ariane Miéville (« Congrès Anarchiste d'Amsterdam (1907), le syndicalisme en débat ») et d'Hélène Finet (« étude comparative des débats sur le syndicalisme au Congrès d'Amsterdam et dans la Fédération Ouvrière de la Régionale Argentine (F.O.R.A.) »)


pourquoi ce sont toujours des universitaires qui parlent dès qu'il s'agit d'anarchisme? L'anarchisme serait-il si mort ? :lol:
michel
 


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