Surréalisme & Révolution

De l'Assiette au beurre à Rapaces...

Surréalisme & Révolution

Messagepar Léa » Jeudi 21 Avr 2005 0:56

En espérant faire plaisir (au moins), si ce n'est de lancé un débat ou de participer à une réflexion...
voilà un petit texte (pas de moi). Attention : le premier lien est au format pdf :
http://www.cavi.univ-paris3.fr/Rech_sur/astu/SAN%20JUAN%20I.pdf

:shock: Ben c'est pas évident à comprendre, et je ne pense pas y avoir réussi... Peut être qu'en seconde lecture ????......

Surréalisme et révolution
(Antonio Gramsci, Walter Benjamin, Aimé Césaire)
I. Perspectives historico-matérialistes : Gramsci et Benjamin

Au printemps 1919, André Breton et Philippe Soupault expérimentent l’écriture automatique. Ils essaient de décrire le murmure de l’inconscient, expérience inspirée par la soif d’aventure de Rimbaud, en quête d’une connaissance cosmique, et la condamnation de l’art en tant qu’entreprise collective par Lautréamont. Ce qui anime par-dessus tout ces expérimentateurs, c’est la prescription de Rimbaud dans la Lettre du Voyant (1871) : « Le Poète se fait voyant par un long, immense et raisonné dérèglement de tous les sens ». Selon le critique Georges Lemaitre, analyser l’automatisme psychique annonce le pathétique d’une pathologie décevante, alors que pour Albert Camus, cette expérience marque l’apogée du nihilisme anti-totalitaire moderne. Ces deux réactions ont chacune une part de vérité. Pour détruire la morale bourgeoise et l’inégalité entre les classes, pour soutenir la liberté de l’imagination et libérer les énergies libidinales refoulées dans le psychisme, le « super-réalisme » — terme inventé par Guillaume Apollinaire, contracté plus tard en « surréalisme »[1] — naquit des ruines nihilistes du mouvement Dada pour servir de fondement à la construction d’une société juste et libre.

Au cours de cette même année, le marxiste italien Antonio Gramsci fonde un journal novateur, l’Ordine Nuovo, et préconise la formation d’un Conseil d’usines (sur le modèle des soviets russes), préfigurant la formation d’une société sans classe, fondée sur les vestiges de l’hégémonie capitaliste. Ces initiatives novatrices défient les orthodoxies d’une culture bourgeoise moderniste, d’une politique et d’une philosophie fondée sur les axiomes de la rationalité, hérités du Siècle des Lumières, et d’une autonomie égocentrique et monadique.

À part une contemporanéité, quelles sont les « affinités non-électives » que le surréalisme et le matérialisme historique (d’une dérivation marxienne) possèdent, qui puissent permettre aux étudiants en études comparées de concevoir autrement les relations tendues, qui existent depuis toujours entre la vie et l’art, entre l’esthétique et la politique ? L’impact profond du surréalisme sur la culture du XXe siècle n’a pas besoin d’être prouvé, en témoignent les œuvres accomplies en littérature, en peinture, au cinéma, au théâtre, et dans d’autres medias par des artistes, tels que Salvador Dali, Pablo Picasso, Jean Cocteau, Luis Buñuel, Jean Genet, William Burroughs, et l’école new-yorkaise de « tachisme » ou d’expressionnisme abstrait.

Lorsque Breton publie en 1924 son premier Manifeste du Surréalisme, dans lequel les rêves et l’inconscient, matrice du fantastique et de l’extravagant dissimulée dans les plis du réel, ont une place privilégiée, Gramsci est le principal chef du Parti communiste en Italie. Il est alors le fer de lance d’une opposition s’insurgeant contre la prise du pouvoir par Mussolini. Deux ans après, Gramsci est arrêté et emprisonné jusqu’à sa mort en 1937. Dans Les Lettres de Prison qu’il rédige dans sa cellule, Gramsci, autant que je sache, ne fait aucune référence directe à Breton ou au surréalisme. Mais à partir de réflexions disséminées dans son oeuvre et portant sur l’art moderne et la culture, ainsi que de ses observations sur le futurisme italien (Marinetti) et Pirandello, nous pouvons supposer l’approche générale que Gramsci aurait faite du surréalisme, en tant que mouvement culturel d’opposition. Dans cet exposé, je comparerai l’évaluation révisionniste que fait Gramsci de ce phénomène « scandaleux » avec d’autres matérialistes historiques, principalement Walter Benjamin, et l’unique représentant « Tiers-Mondiste » de la tendance européenne, l’intellectuel caribéen Aimé Césaire. Depuis que les tentatives pour historiciser l’esthétique ont montré la voie, dix ans avant la fin de la Guerre froide, au fétichisme néo-kantien du sublime effréné dans tous les postmodernismes, cette réévaluation d’une vieille polémique démontrera peut-être que les engagements politiques et idéologiques de l’époque à venir sont en jeu.
.../....
http://www.cavi.univ-paris3.fr/Rech_sur/astu/surr_rev.htm#_ftn3
Avatar de l’utilisateur
Léa
 
Messages: 2363
Inscription: Samedi 19 Fév 2005 21:16
Localisation: Pas très Loin. Derrière toi !

Messagepar Paul Anton » Lundi 09 Mai 2005 18:03

Les surréalistes sont les premiers à vouloir établir une synthèse entre Freud et Marx au commencement des années folles. La devise de ceux-ci était « amour, poésie et liberté ». Je peux te conseiller de lire l’ouvrage suivant : « les surréalistes de Paul Audoin ».

:idea: 8)
"Salut Carmela, je suis chez FIAT ! Je vais bien... Si, si, nous pouvons parler tranquillement, c'est Agnelli qui paye !"
Paul Anton
 
Messages: 3191
Inscription: Lundi 01 Nov 2004 16:19

Messagepar lucien » Lundi 09 Mai 2005 19:25

Lire aussi Anarchisme et surréalisme d'Aurélien DAUGUET.
Image
Man Ray, "Retour à la raison"
Avatar de l’utilisateur
lucien
 
Messages: 3012
Inscription: Dimanche 31 Oct 2004 15:32
Localisation: Caen


Retourner vers Culture