Soulèvements et processus révolutionnaires / Février 2011

La lutte est globale... Solidarité a-nationale !

Re: Soulèvements et processus révolutionnaires / Février 2011

Messagepar zebulon » Samedi 26 Fév 2011 9:54

Voilà, voilà !!
Voilà ce qu'il nous faut comme témoignages, c'est sûr que des dizaines et des centaines d'autres exemples d'auto-organisation sont en train d'être expérimentés dans ces territoires libérés par la population et par elle seule !

Cherchons ces témoignages !
Nous en avons besoin, c'est le processus en marche !

Face à ça, les soces-dem et les tous les démocratouilles ne peuvent rien ...

Nous avons besoin de ces témoignages, de ces faits, de cette propagande par le fait !


posting.php?mode=quote&f=13&p=44861

L'AFP publie le témoignage d'un Grec né en Libye, Stelios Bogiatzakis, au lendemain de son évacuation par bateau de Benghazi.

A Benghazi comme à Tobrouk, les insurgés libyens «s'organisent en comités» pour normaliser la situation «et n'ont rien à voir avec Al-Qaeda» comme le prétend Mouammar Kadhafi, affirme-t-il.

«A Benghazi, des comités ont été formés pour tout, l'eau, la douane, le marché aux poissons, je connais les gens qui tentent d'organiser ca, ce sont des ingénieurs, des avocats, des juges, beaucoup sont mariés avec des étrangères, aucun rapport avec les islamistes ou avec Al-Qaïda», poursuit ce Grec.

Dans cette région «les gens ont toujours été contre Kadhafi, ils se sont soulevés pour la liberté», explique-t-il.

posting.php?mode=quote&f=13&p=44861
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Re: Soulèvements et processus révolutionnaires / Février 2011

Messagepar Bobcatshom » Dimanche 27 Fév 2011 10:05

D'ailleurs les Libyens ont déjà l'expérience de l'auto-organisation. En effet, Kadhafi a bâti sa légitimité sur un système ou les comités auto-organisés à la base ont prétendument un pouvoir important (la "Jamahriya"). Il me semble qu'en réalité ils ont seulement un pouvoir consultatif via une grande réunion avec Kadhafi et ce... une fois par an, en début d'année.
Ou comment utiliser l'auto-organisation pour légitimer son diktat... Ca ne vous rappelle pas un certain Lénine ? :lol:
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Re: Soulèvements et processus révolutionnaires / Février 2011

Messagepar Lambros » Dimanche 27 Fév 2011 14:08

c'est vrai en plus... comme quoi 'sont prêt-e-s à tout en face...

mais Lénine a été plus loin, puisqu'il a saboté les soviets...

Celui de Kronstadt a titré "Lénine a dit: "Le communisme c'est les soviets plus l'électricité" mais le peuple a vite compris que c'est la commissariocratie plus les fusillades"

N'empêche on voit comment sont récupérés les principes d'autogestion, y compris chez les fascistes (le Bloc identitaire en ce moment) ou même chez les capitalos... Mais lorsque l'autonomie apparait, là c'est une autre histoire...
L'émancipation des chrétien-ne-s sera l'œuvre de Dieu lui même.
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Re: Soulèvements et processus révolutionnaires / Février 2011

Messagepar douddu » Dimanche 27 Fév 2011 18:10

Belle image en effet , de la pictoanalyse ?

Sinon voici ce qu'en pense les Anonymous sur facebook :

Nous sommes à un moment unique de notre histoire, l'avènement d'internet et de la technologie informatique ont contribué de manière sans précèdent à la prospérité du monde occidental. Nous nous sommes créés un empire à nul autre pareil, un réseau global d'échange et de communication permanents, un nouvel age technologique. Nous avons parcouru du chemin depuis la révolution industrielle. Nous sommes devenus les explorateurs des nouvelles frontières digitales, repoussant nos limites du monde quantiques aux extrémités de l'Univers.

Et pourtant, l'empire fait face à une crise: récession globale, paupérisation galopante, violence larvée, corruption politique, et libertés individuelles menacées. Comme en d'autres temps, l'Histoire se répète. Les demi-vérités nous sont rabâchées, depuis les journaux TV jusqu'à internet : l'empire est puissant, le changement est malvenu, la réponse est dans le business tel que nous le connaissons. En ces temps d'incertitude, il en est qui cherchent à ajouter à la confusion, qui se nourrissent de notre insécurité et de nos peurs, qui cherchent à nous diviser pour leurs propres desseins. Cette stratégie subversive a pris différents visages: gauche et droite, chrétiens et musulmans, noirs et blancs, athées et croyants.

Mais quelque chose d'inattendu s'est produit. Nous avons commencé à nous raconter nos propres histoires. Partageant nos vies, nos espoirs, nos rêves, nos craintes. Chaque seconde, à toute heure du jour et de la nuit, les petits détails de la vie sur Terre se répandent à travers le monde. Alors que nous voyons les vies de nos semblables défiler sur nos écrans, nous commençons à comprendre les conséquences de nos actions et des erreurs passées. Nous remettons en cause l'idée que nous sommes faits pour consommer, non pour créer, que le monde existe pour notre bon plaisir, que les guerres et la pauvreté sont inévitables. Au fur et à mesure que nous découvrons notre communauté globale, une vérité fondamentale refait son apparition : Nous ne sommes pas si différents les uns des autres. Chaque humain a ses forces, ses faiblesses, ses émotions propres. Nous cherchons tous l'amour, nous aimons tous rire, nous avons tous peur d'être seuls, nous rêvons tous d'une vie meilleure.



Vous devez créer une vie meilleure.

Vous ne pouvez pas rester assis à regarder la télévision ou à jouer à des jeux vidéos, en attendant une révolution. Vous êtes la révolution. A chaque fois que vous décidez de ne pas utiliser vos droits, à chaque fois que vous refusez d'entendre un autre point de vue, à chaque fois que vous ignorez le monde autour de vous, à chaque fois que vous dépensez un peu de votre argent dans un commerce qui ne verse pas un salaire équitable, vous contribuez à l'oppression du corps humain de la société et à la répression de la pensée humaine. Vous avez le choix, le choix de prendre le chemin le plus facile, le chemin familier, de marcher volontairement vers votre propre soumission. Ou le choix de vous lever, d'aller dehors et de parler à votre voisin, d'aller ensemble sur des nouveaux forums pour créer un changement durable et significatif pour l'humanité.



C'est notre défi :



Une révolution pacifique, une révolution des idées, une révolution de la création. La prise de conscience du vingt-et-unième siècle. Un mouvement global pour créer un nouvel âge de tolérance et de compréhension. D'empathie et de respect. Un âge de développement technologique libérateur. Un âge de partage des idées et de coopération. Un âge d'expression artistique et personnelle. Nous pouvons choisir d'utiliser de nouvelles technologies pour obtenir un changement radical positif ou bien cela sera utilisé contre nous. Nous pouvons choisir de garder l'internet libre, de garder ouverts des canaux de communication et de construire de nouveaux tunnels dans ces endroits où l'information est toujours surveillée. Ou bien nous pouvons laisser tout cela se fermer autour de nous. Tandis que nous nous mouvons dans ces nouveaux mondes digitaux, nous devons reconnaître les besoins d'information honnête et de libre expression. Nous devons nous battre pour conserver l'internet ouvert, comme un forum des idées où tous sont égaux. Nous devons défendre nos libertés face à ceux qui chercheraient à nous contrôler. Nous devons nous battre pour ceux qui n'ont pas encore les moyens de s'exprimer. Continuez de raconter votre histoire. Tout doit être entendu.
douddu
 

Luttes et révoltes dans les centres de rétention

Messagepar zebulon » Mardi 01 Mar 2011 9:25

Après réflexion, je mets ici ces infos concernant les luttes et révoltes du moment dans les Centres de rétention, car elles sont directement reliées au processus révolutionnaire mondial en marche :

_Reçu par mail :__________________________________________
LISTE DE DISCUSSION resistons_ensemble@rezo.net
[L'envoi doit avoir un seul destinataire, la liste]
Pour consulter le site: http://resistons.lautre.net/
___________________________________________



Des nouvelles des sans-papiers enfermés dans le camp de Vincennes, joints au téléphone.
Puis des nouvelles italiennes.


Centre de rétention de Vincennes, samedi 26 février 2011

"Je suis au CRA 1, cela fait 5 jours qu'on est en grève de la faim. je
parle pas de moi, on est tout le monde en grève, sauf deux ou trois
personnes qui sont allés manger. On fait cela parcequ'on en a marre.
Marre qu'on nous réponde toujours non à tout ce qu'on demande. Non, non,
non pour voir l'infirmière, non pour tout. Et surtout on est en grève de
la faim contre les expulsions. On est des algériens, des tunisiens, des
marocains, des lybiens, là bas y'a les dictatures, on veut pas partir.
Hier la police est venue en renfort, c'était la BRB. A un moment, on
était dans un endroit et ils nous ont demandé de bouger. Y'avait un mec
qui écoutait son mp4, alors il a pas entendu. Un flic super balaise,
alors que lui est tout maigre, s'est jeté sur lui, il l'a levé et il l'a
étranglé, ses yeux sortaient, et après il l'a jeté en l'air sur
plusieurs mètres, super loin. Le mec il lui ont cassé les côtes. Il
était trop mal, il est parti à l'hôpital ce matin. Je sais qu'hier il y
a eu un incendie dans une chambre du bâtiment, l'électricité était
coupée, les pompiers sont venus. Il y avait aussi un helicoptère de la
gendarmerie qui survolait le centre, je sais pas si il y a eu des
évasions ou des tentatives ou quoi. Je sais pas comment c'est dans les
autres bâtiments mais hier ils sont sortis comme nous dans la cour. On a
tous crié liberté, liberté."


Centre de rétention de Vincennes, dimanche 27 février 2011

"Hier on a parlé aux journalistes. On a parlé de la grève de la faim sur
un journal à télé 16 et sur beur FM."

On lui parle de la dépêche afp sortie hier*.

"C'est pas vrai que des gens arrêtent la grève de la faim. Y a des gens
qui sont au lit. Ils sont faibles. Y a pas le médecin, il n'y a que
l'infirmière et les policiers.

Ils nous interdisent les appareils photos et les cameras sur les
téléphones, pour qu'on mette pas des choses sur internet, pour pas que
l'info sorte.

Demain l'ASSFAM va venir parler avec nous. C'est pas une assistance, ils
sont d'accord avec les policiers. On parle avec eux, ils te disent
d'accord et puis ils font rien.

Le chef du centre, lui, il est pas venu. Il envoie juste les renforts de
police.

Ce qu'on veut c'est que ni Marocains ni Maliens ni Algériens ni
Tunisiens ni Sénégalais ni personne, ne parte en expulsion. On veut pas
de reconduite à la frontière. Y a eu des expulsions d'Algériens
avant-hier. Y en a qui doivent être expulsés demain.

C'est bien que vous soyez avec nous, faut continuer à nous soutenir. On
est solidaires."

fermeturetention@yahoo.fr

http://www.google.com/hostednews/afp/ar ... 58add8.5e1



Message du 25 février 2011


Alors que l'Italie tremble en attendant un "déferlement" de 100 à 200 000 "barbares" voir plus et que frontex vient d'y installer un camp de guerre baptisé Hermès 2011, lesdits barbares qui ont réussi à pénétrer dans la péninsule s'organisent :
Ainsi à Ragusa ce sont 33 personnes semi enfermées dans un centre dit d'accueil qui ont pu s'échapper la nuit dernière.
A Gradisca hier matin plusieurs dizaines de prisonniers du CIE (centre d'identification et d'expulsion) se sont révoltés, ont incendié plusieurs chambres et endommagé une partie du centre. 5 d'entre eux ont été inculpés pour ces faits et transférés de la prison pour étrangers à la prison pour tous.
Au CIE de Trapani plusieurs dizaines de personnes (des jeunes magrébins disent les autorités) ont égalemnt protesté énergiquement contre leur enfermement, endommageant sérieusement le mobilier de leur prison.
Dans les centres de rétention de Turin et Bari des tentatives d'évasion ont également eu lieu mais n'ont pu aboutir et ont malheureusement entrainé des inculpations.
A Bari une manifestation en solidarité avec les retenus en révole aura lieu demain devant le centre de rétention.


Message d'aujourd'hui, 28 février 2011


En ces temps un peu mornes où les dispositifs guerriers de contrôle aux frontières sont en train de se renforcer en Mediterranée d'une façon qu'on nous présente comme temporaire mais qui sera sans doute durable et exponentielle, voici quelques nouvelles un peu rafraichissantes.
Elles nous viennent d'Italie, où, alors que des casernes ont été prévisionnellement réquisitionnées pour enfermer les personnes qui auraient réussi à franchir la mer méditerranée, les prisonniers des centres de rétention continuent de se révolter et de de nuire aux dispositifs d'enfermement qui leurs sont réservés.
Ainsi, à Gradisca on peut dire qu'à l'heure d'aujourd'hui, cage après cage, chambre après chambre, le centre de rétention a été complètement détruit. Une seule chambre avec 8 lits est utilisable et depuis hier les 105 prisonniers sont répartis à même le sol dans les parties communes du centre encore viables, en attendant certainement d'être transférés vers d'autres prisons ou relachés.
A Turin plusieurs personnes sont allées clamer la bonne nouvelle sous les murs du centre de rétention de la ville. Pétards, cris, slogans, battements contre les barreaux, poteaux et tout ce qui résonne , l'information a été fêtée conjointement à l'extérieur comme à l'intérieur.
A Modena, où une tentative d'évasion a malheureusement échoué dans la nuit de samedi à dimanche, un rassemblement a également eu lieu ce dimanche sous le centre de rétention aux cris de "Liberta ! Liberta !" Les manifestants et manifestantes ont pu entrer en contact avec les retenus parmi lesquels un important groupe de Tunisiens transférés de lampedusa. A l'intérieur une manifestation a également eu lieu avec la même clameur qui s'est élevée "Liberta !"et avec plusieurs départs de feu et le mobilier des chambres qui a été sorti dans la cour. Les flics et les gardiens sont intervenus 8 Tunisiens ont été emmenés on ne sait encore pas où.

En Italie comme ailleurs, un centre de rétention en moins c'est des centaines de gens qui ne seront pas arrêtés, enfermés, expulsés, c'est un petit air de liberté pour chacun et chacune d'entre nous.

Fait à partir de divers articles, notamment sur http://www.autistici.org/macerie/?p=28394





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Re: Soulèvements et processus révolutionnaires / Février 2011

Messagepar zebulon » Jeudi 03 Mar 2011 1:09

Une explication précise des logiques économiques et sociales en cours, desquelles découle le processus révolutionnaire mondial...
(Un texte qui plaira sans-doute aux anarchosyndicalistes économistes de Caen... :wink: )

On y notera à nouveau en passant, comme le signalait Nosotros plus haut, la critique qui y est faite contre les grèves à répétition organisées par les syndicats...

Source : http://juralibertaire.over-blog.com/art ... 83333.html

"Rien n’explose comme un puits de pétrole,
et les émeutiers ont tendance à mettre le feu…»

(Déclaration d’un économiste à Al-Jazeera.)




L’étape transitoire de la crise :
De la restructuration à la révolte




Jour après jour, le vent de la révolte qui balaie l’Afrique et le Moyen-Orient se fait de plus en plus sentir. L’un après l’autre, les pays font les gros titres de la presse internationale, mais le sujet reste identique : des heurts entre manifestants et la police et/ou les nervis para-étatiques de tel ou tel régime, généralement totalitaire. Malgré toute la peine que se donne le spectacle mondial pour dissimuler le caractère prolétarien des émeutes et pour mettre l’accent sur les contradictions internes, en présentant les évènements comme de simples mouvements politiques «pour la démocratie», ou comme des confrontations politiques entre les partisans de tel et tel politicien local, rien n’y fait : c’est classe contre classe. Dans les mains des prolétaires, des pierres, des cocktails molotov et des morceaux de bois ; les flics, eux, sont armés jusqu’aux dents et, pris de peur, tirent dans le tas, assassinant sans discrimination. Les prolétaires occupent des bâtiments, bloquent des rues et incendient des voitures, s’attaquent aux prisons pour libérer les prisonniers, sabotent les infrastructures, et le capital s’apprête à imposer une dictature encore plus dure. Les régimes transitoires auront beaucoup de mal à se stabiliser, se trouvant de fait dans l’impossibilité de satisfaire ne serait-ce qu’une des revendications fondamentales des insurgés quant au niveau de vie. L’Égypte et la Libye nous offrent pour le moment les expressions les plus sévères de cette phase insurrectionnelle de la crise. L’Égypte à cause de son importance économique et géopolitique dans la concurrence inter-capitaliste mondiale ; la Libye, mises à part les questions pétrolières, à cause de la fulgurante perte de contrôle de l’État sur la situation, semant la panique à l’échelle internationale.



La crise du régime d’accumulation actuel, résultant de la première restructuration des années 70 et 80, est l’envers du succès de cette restructuration. C’est l’approfondissement même du néolibéralisme qui a produit cette crise historique, précisément parce que le capitalisme est un système de rapports contradictoires. Tout modèle d’accumulation, bien qu’il paraisse à première vue stable, contient le développement de sa dynamique interne contradictoire qui mène au déclenchement de la crise. La réussite du capitalisme restructuré, en d’autres termes le triomphe de la subsomption de toute l’existence du prolétariat sous le capital, a assujetti à l’extrême la reproduction du prolétariat (et, partant, du capitalisme dans son ensemble) à la marche de l’économie, et l’a donc rendue plus vulnérable à la crise, en regard de n’importe quelle période historique précédente. À l’heure actuelle, nous nous trouvons dans l’étape transitoire de la crise capitaliste mondiale qui a débuté en 2008 et qui continue. Dans cette étape transitoire, le capital financier mondial tente d’éviter sa dévalorisation immédiate à travers l’imposition d’une deuxième phase draconienne de la restructuration à l’ensemble de la planète. Les conséquences de cette tentative sont visibles partout, mais l’intensité et le caractère de l’attaque subie par le prolétariat varient : premièrement, suivant la place de chaque État au sein de la hiérarchie capitaliste mondiale ; deuxièmement, selon le stade auquel se trouve la première phase de la restructuration ; et surtout, en fonction de l’histoire de la lutte de classe dans chaque région. Dans le monde entier (sauf en Chine), la restructuration implique la diminution du salaire direct et indirect (prestations non monétaires sous forme de services fournis par l’État) ; elle implique l’interdiction de fait de la revendication salariale ; elle implique aussi l’augmentation des prix des produits de première nécessité, qui est due, d’une part, au mécanisme objectif de la crise et, d’autre part, au fait que des fractions du capital mènent une spéculation ouverte sur les prix des aliments de base, profitant entre autres de la chute de la production mondiale de céréales cette année. Une conséquence spécifique de cette spéculation est que la partie la plus dévalorisée du prolétariat mondial n’a plus, littéralement, de quoi manger. «Les prix ont tellement augmenté que, si j’achète quelques citrons pour ma gorge irritée, je serai fauché pendant tout le mois», a déclaré un travailleur du ministère des Transports en Égypte.



Au milieu de la tempête de la crise économique, toute aide d’État pour la survie de la main d’œuvre surnuméraire disparaît, avec comme résultat que le travail au noir et la misère se répandent. Les prolétaires sont obligés de travailler (surtout au noir) pour survivre, et en même temps, à cause de la crise, il leur est impossible de trouver un travail ou d’être payés pour leur force de travail autant qu’il leur faut pour leur reproduction élémentaire. Le prolétariat exige de survivre et donc demande la diminution du prix des denrées alimentaires, de l’emploi et une hausse des salaires — ce tribut qu’il paye à la faim. À travers ses revendications, il demande désespérément aux capitalistes de procéder au sauvetage du capitalisme. Quand les prolétaires demandent un travail stable et un salaire «décent», ils disent aux capitalistes : vous avez besoin de nous, sans nous il n’y pas d’extraction de plus-value, il n’y a pas de capital. De son côté, le capital répond par ses pratiques qu’il n’a pas le luxe de laisser le prolétariat survivre, il rend explicite par tous les moyens qu’une partie (importante) du prolétariat est en trop, et aussi, ce qui est le plus important, que la relance projetée ne contient pas la réintégration du prolétariat, que celui-ci représente une population structurellement excédentaire. Il s’ensuit que, historiquement, la revendication salariale du prolétariat est produite comme nécessaire et en même temps sans issue (ceci à un niveau structurel et non conjoncturel). La révolte de ce prolétariat excédentaire, et donc dépourvu d’avenir, rencontre la forme la plus ouverte et brutale de la domination du capital : la police. La sortie de crise poursuivie par les capitalistes ne comprend pas cette population prolétarienne excédentaire, et c’est précisément cela qui fait que la police devient la forme générale actuelle du capitalisme.



Partout dans le monde, les prolétaires vivent leur situation précaire comme une asphyxie. La pauvreté et la ghettoïsation définissent le cadre de cette situation asphyxiante. Les exemples les plus parlants de cette asphyxie imposée sont Frontex (la police des frontières de l’Union Européenne), la force militaro-policière analogue des États-Unis qui est déployée aux frontières avec le Mexique, les baraques à ouvriers en Chine qui sont gardées par l’armée, les gated communities de l’Amérique Latine et ce qui leur répond symétriquement, les immenses bidonvilles de favelas, et aussi la version grecque de cela avec la barrière de 12,5 km le long du fleuve Evros aux frontières avec la Turquie. Toute la planète se tourne peu à peu, mais irrésistiblement, vers un régime d’apartheid. Les bantoustans contemporains sont destinés à la classe ouvrière. Cette dynamique urbanistique de la répression provoque l’asphyxie des prolétaires et en même temps met en question une condition capitaliste de base : celle de la libre vente de la force de travail. Au Caire, cet urbanisme s’est réalisé à des rythmes effrénés (analogues aux taux de croissance économique) durant les dix dernières années. La dictature de la valeur et de l’économie dans son ensemble, dans toutes les régions de l’Afrique et du Moyen-Orient où le prolétariat se révolte, prend aussi la forme politique de la démocratie dictatoriale. La raison pour laquelle ces révoltes sonnent l’alarme chez les bourgeoisies du monde entier est que la dictature démocratique, le totalitarisme, captive dorénavant l’imagination des classes bourgeoises actuelles même dans les pays les plus développés, puisqu’elle paraît comme le seul moyen pour imposer la deuxième phase de la restructuration.



Les manifestations et les émeutes, dans tous ces pays, débutent dans le champ de la reproduction, et la question est si elles vont passer au champ de la production de la valeur, au cœur du capitalisme. Les grèves qui ont suivi la chute du dictateur socialiste [On a beaucoup parlé en Grèce du fait que les partis tant de Ben Ali que de Moubarak appartenaient à l’Internationale Socialiste, à la tête de laquelle se trouve le Premier ministre grec George Papandréou. — NdT.] Moubarak semblent montrer dans cette direction. Et partout les capitalistes regardent angoissés ce coin du monde avec le doigt sur la gâchette, puisque les «Eldorados» se sont soudain transformés en trappes à capital, en des régions instables à l’avenir extrêmement incertain. Les «immenses avantages concurrentiels» sont devenus pour eux, presque d’un jour à l’autre, un «danger incontrôlable». Les sous-traitances, le tourisme, la construction d’infrastructures, l’industrie textile et, surtout, le pétrole et les voies du commerce (Suez, Golfe) se trouvent dorénavant pris dans l’embrasement de la révolte prolétarienne. Après la Tunisie, l’Égypte et la Libye, des pays où la révolte est encore en marche, le Bahreïn, l’Iran et l’Algérie essayent de pratiquer la prévention par l’assassinat.



C’est préventivement, contre la révolte qui s’approche, que le régime grec essaye de fonctionner, et ce de deux façons : d’une part, il se prépare pour l’instauration officielle d’une forme de dictature (éventuellement à travers d’élections) et, d’autre part, pris dans les contradictions de ses antagonismes internes, il tente de canaliser les réactions dans une direction populiste-nationaliste, version de droite ou (dans un plan B en cas de difficultés majeures) de gauche. Les fonctionnaires du capital financier mondial, qui détiennent provisoirement le pouvoir dans l’État grec, espèrent maintenant, après leur succès quant à la réduction des salaires, avoir assez de temps pour brader le patrimoine de l’État. Cette liquidation n’est rien d’autre qu’une tentative de valoriser le capital potentiel qui se trouve coincé dans le système financier grec et (surtout) européen et menacé d’une dévalorisation massive. En revanche, les prolétaires refusent cette liquidation, parce qu’ils comprennent que cela signifie une diminution accrue de leur salaire indirect et une détérioration de leurs conditions de vie en général. Ils refusent de payer leurs tickets dans les moyens de transport et les péages, ils font des occupations, ils essayent d’alléger les effets de la crise en s’agitant le plus possible, mais pour le moment seulement dans la sphère de la circulation et de la reproduction. Les grèves qui ont été ou sont déclenchées dans les secteurs qui sont affectés par la restructuration ne sont pas à la mesure de l’attaque : le syndicalisme, en tant que médiation, tire là ses dernières cartouches.



L’histoire est enceinte. Toute stratégie que le capital tente d’appliquer en Grèce est à double tranchant. L’imposition d’une dictature en Grèce contient le risque que le virus de la rébellion traverse la Méditerranée et que Décembre 2008 ressemble alors à un jeu d’enfants, avec tout ce que cela implique pour les autres pays européens. De l’autre côté, ralentir la restructuration contient le risque que l’État grec rate le train de l’intégration dans l’Europe politiquement unifiée et soit relégué à la troisième zone du capital, avec comme résultat de mettre en danger les intérêts d’une fraction importante des secteurs capitalistes grecs les plus puissants.



Pourtant, pour le prolétariat qui vit en Grèce, il n’y a qu’une voie, quel que soit le scénario appliqué : des luttes de classe de plus en plus dynamiques. Peut-être qu’il n’y aura pas sous peu une nouvelle grève-artifice comme celle d’aujourd’hui [23 février], mais les fronts vont se multiplier d’un jour à l’autre et l’irruption de la révolte ne saurait être repoussée pour longtemps. Centrées sur l’existence même d’un salaire et plus généralement sur la détérioration du niveau de vie, les luttes revendicatives du prolétariat, à travers leur développement et leur échec patent, sont orientées vers une rupture avec leur contenu revendicatif. Cette rupture s’annonce déjà dans des cas comme celui de Keratea [Quartier pauvre d’Athènes, où les habitants se sont révoltés contre la décision d’y implanter une décharge (extrêmement polluante d’après l’expérience précédente). Leur lutte s’est trouvée renforcée par le mépris flagrant de toute obligation d’étude environnementale et de protection des sites archéologiques. Depuis des mois Keratea se trouve sous occupation policière massive et est un front de batailles quotidiennes très dures de pratiquement toute la population contre les flics.] et apparaîtra comme un fait spécifique dans tout affrontement localisé. Le contenu des ruptures rendra impossible une unification politique et donc la possibilité d’une médiation efficace dans les conflits. Par exemple, la répression qui va probablement s’abattre sur le mouvement «Nous ne paierons pas leur crise» pourrait conduire la confrontation jusqu’au point où l’existence même des moyens de transport serait mise en question. Ce développement dynamique des ruptures ne peut pas s’achever et se stabiliser en acquis pour la classe ouvrière ; il ne pourrait constituer que le commencement d’un processus historique révolutionnaire.



Agents du chaos
Tract diffusé le 23 février 2011 dans les manifestations de la journée de grève générale à Athènes et Thessalonique.
Traduit de l’anglais (Blaumachen)
et communiqué au Jura Libertaire le 1er mars.
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Re: Soulèvements et processus révolutionnaires / Février 2011

Messagepar zebulon » Jeudi 03 Mar 2011 1:44

Ici quelques nouveautés relevées et parfois fortes intéressantes, qui s'inscrivent activement dans le processus révolutionnaire mondial :
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Territoire-tunisie :

« Sous Ben Ali, les Tunisiens ne se mêlaient pas de politique, désormais c’est tout le contraire qui se passe: des groupes de discussion s’improvisent dans les rues, des orateurs exposent leurs vues, d’autres leur apportent la contradiction... », nous confie samedi un Tunisien qui s’était arrêté pour écouter un orateur sur l’avenue Bourguiba. On a en permanence l’impression, à Tunis, d’assister à une grande discussion publique sur tous les sujets du moment.
http://forum.anarchiste.free.fr/viewtop ... 380#p91307


« pendant les manifestations contre Ben Ali, la police était sans pitié. Elle tirait volontiers sur nous. Avant on la respectait, maintenant elle fait profil bas ! »
http://forum.anarchiste.free.fr/viewtop ... 380#p91307


Des soldats sont venus prêter main forte aux forces de police mais les manifestants demeuraient déterminés à pourchasser à leur tour les forces de police pour les pousser à se retrancher vers le ministère de l'intérieur
http://forum.anarchiste.free.fr/viewtop ... 380#p91074


Les médias de l’heure ne sont ni la presse écrite, ni même la télévision, malgré les efforts de la chaîne NESSMA pour rendre compte des débats politiques 24h/24… Ce sont les groupes Facebook qui servent de source d’information prioritaire aux citoyens tunisiens, et qui organisent les mobilisations successives et les rassemblements publics…
http://forum.anarchiste.free.fr/viewtop ... 380#p91307


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Excellent cet article-témoignage, excellent prequ'à chaque ligne ! Sauf quelques passages : « nouvelles lois », « pays démocratique », et le « mon pays a besoin de jeunes » ) :
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Tunisie focus - 01 mar 2011
http://www.tunisiefocus.com/20110301432 ... nisie.html

Manifester et protester, c'est bon pour le moral en Tunisie ?


Depuis la chute du président Ben Ali, les Tunisiens ont pris goût à la contestation. Et ils ne s'en privent pas. Jour après jour, les manifestations se succèdent pour réclamer le départ des pontes de l'ancien régime. Dans ce pays où tout est à reconstruire, on délaisse un peu le soccer pour découvrir les joies des débats politiques...

Le directeur d'une école secondaire de Zarzis avait opposé une fin de non-recevoir aux élèves qui voulaient descendre dans la rue. Alors ils ont mené leur propre micro-révolution entre les murs de l'école. En ce 24 février, ils sont réunis au centre-ville, pancartes à la main, à scander un seul mot - le plus populaire du printemps arabe: «Dégage!». Pour eux, la révolution du jasmin n'est pas terminée. «Nous n'allons pas nous taire, nous l'avons fait pendant trop longtemps, dit Youssna Milaoli, 18 ans. Aujourd'hui, tout a changé. Tout le monde peut parler, manifester.»

Depuis la chute du président Ben Ali, le 14 janvier, les Tunisiens ont pris goût à la contestation. Et ils ne s'en privent pas. «Il y a des manifestations chaque jour, dans chaque ville, chaque village», dit Moez Jumai, journaliste pour Radio Kalima. Clandestine jusqu'au départ du dictateur, sa radio diffuse maintenant sur la bande FM. Les Tunisiens appellent cela les «dégage parties». Ils manifestent pour obtenir la démission d'un diplomate ou d'un ministre jugé trop proche de l'ancien régime. Dimanche, après deux jours de violents affrontements qui ont fait six morts à Tunis, ils ont réussi à obtenir la tête du premier ministre, Mohamed Ghannouchi.

Deux autres ministres, qui faisaient aussi partie du cabinet du président déchu, ont remis leur démission hier. Mais ces départs ne suffisent pas à satisfaire une bonne partie des Tunisiens, qui souhaitent une rupture complète avec l'ancien régime. Dans la capitale, les protestataires qui réclament la démission du gouvernement de transition depuis une dizaine de jours campaient toujours, hier, sur la place de la Kasbah.
Pendant ce temps, à Zarzis, le militant Borhein Abichou s'affairait à peindre des pancartes pour la prochaine manif. «Tunisie, Égypte, Libye, même combat», disait l'une d'elles. «Freedom», disait une autre. Et, bien sûr, l'incontournable: «Dégage!»

Tout est à faire

Ce bouillant désir de changement des jeunes et des militants se heurte aux objections des entrepreneurs et d'une partie de l'élite tunisienne, qui préféreraient une transition en douceur. Alors que le pays plonge dans l'incertitude, les tenants de la modération appellent les révolutionnaires à tolérer le gouvernement de transition jusqu'aux élections de juillet.

D'ici là, les Tunisiens découvrent les joies des débats politiques. «Avant, on discutait sans cesse de soccer. C'était des discussions à n'en plus finir. Juste à propos du soccer. Maintenant, c'est de politique que l'on parle toute la journée!», s'esclaffe Mohamed Latif, chauffeur de taxi de Zarzis.
Il y a de quoi débattre pendant des heures. Zarzis, comme d'autres villes, doit démanteler les structures de l'ancien régime et apprendre à bâtir une démocratie naissante. Ici comme ailleurs, tout est à faire. Les habitants ont fait «dégager» le maire et ses conseillers à coups de manifestations devant l'hôtel de ville. Aujourd'hui, c'est le «comité populaire provisoire de Zarzis» qui a pris les choses en main. «Nous devons tout reconstruire», dit le porte-parole du comité, Bouzoumista Hechmi. «Il faut même créer de nouvelles lois. Celles de Ben Ali avaient été pensées en fonction de son propre bien, et non de celui de son peuple.»

Génération Facebook

Walid Fellah, 27 ans, est de cette génération d'internautes qui a participé activement à la révolution arabe. Dès les premières manifestations à Zarzis, il a filmé «l'acharnement du régime» sur les protestataires pour tout mettre en ligne sur sa page Facebook, qu'il a nommée Zarzis TV. «Pour que tout le monde sache ce qui se passe», explique-t-il. Ses vidéos se sont répandues comme une traînée de poudre sur la Toile. Le sang a coulé, aussi, dans les rues de Zarzis. La veille de la chute de Ben Ali, deux jeunes manifestants ont été abattus devant le poste de police. L'un d'eux était un ami de Walid. C'est un sacrifice que le jeune homme n'est pas près d'oublier. «La Tunisie ne peut plus reculer, dit-il. On fait l'apprentissage de la liberté. Et c'est à partir des régions que l'on pourra tout changer. Que l'on pourra bâtir un pays démocratique.»
Walid a fait des études en architecture, mais il n'a pas eu les moyens de les terminer. Alors, il travaille comme animateur dans les hôtels de Zarzis. Pour le moment. Ce ne sont pas les projets qui manquent. «Avant, je n'avais pas d'espoir. Je voulais partir. Mais aujourd'hui, je veux rester. Mon pays a besoin de jeunes pour le reconstruire.»
http://forum.anarchiste.free.fr/viewtop ... 380#p91307


Territoire-usa :

D'après des états-uniens bien informés de la situation aux usa, les mouvements de foule et de protestations qu'il y a dans les rues (Wisconsin) sont directement liés à la dynamique populaire en cours depuis plusieurs mois dans plusieurs parties du monde...


Camps de réfugiés de Tindouf :
Les réfugiés du Sahara occidental dans les camps de Tindouf (algérie) se rebellent, en solidarité avec la population libyenne, contre la hiérarchie en place (Front polisario). Le front polisario en question serait à l'initiative, avec le pouvoir algérien, de l'envoi des miliciens qui aident en ce moment le pouvoir à décimer la population.
http://forum.anarchiste.free.fr/viewtop ... 370#p91370


Territoire-egypte :

Les habitants de Salloum et du gouvernorat côtier voisin de Marsa Matrouh [en egypte] ont rempli plusieurs camions de médicaments, de denrées alimentaires et de couvertures dans le but de les acheminer en Libye. Préoccupée par la possibilité d’une crise humanitaire en Libye, la population locale lance un appel aux dons de sang.
http://forum.anarchiste.free.fr/viewtop ... 120#p91073


Territoire de nigéria :

Préventivement le pouvoir double le salaire minimal.
http://forum.anarchiste.free.fr/viewtop ... 364#p91166
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Re: Soulèvements et processus révolutionnaires / Février 2011

Messagepar zebulon » Jeudi 03 Mar 2011 1:51

Ici, les nouveaux territoires à être touchés par la vague : burkina faso, cameroun, (plutôt conflit entre orgas politiques), camps de réfugiés de la ville de Tindouf, irak...
La liste devient très longue et s'allonge toutes les semaines, et le texte "L’étape transitoire de la crise : De la restructuration à la révolte " posté plus haut en explique parfaitement les raisons économico-sociales.
D'autres territoires suivent...
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Re: Soulèvements et processus révolutionnaires / Février 2011

Messagepar douddu » Lundi 07 Mar 2011 11:16

PM spécialiste en déminage :

http://endehors.net/news/la-grande-frustration
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Re: Soulèvements et processus révolutionnaires / Février 2011

Messagepar douddu » Lundi 07 Mar 2011 19:14

Soutien à la révolution libyenne !
Khadafi dégage !
Déclaration de la IVe Internationale


L’onde de choc des révolutions tunisienne et égyptienne continue à se diffuser dans tout le monde arabe et au-delà. Depuis plusieurs jours, c’est la Libye qui est au centre de la tourmente révolutionnaire. Les évènements évoluent de jour en jour, d’heure en heure, mais tout dépend aujourd’hui de l’extraordinaire mobilisation du peuple libyen. Des centaines de milliers de Libyens sont montés, souvent à mains nues, à l’assaut de la dictature de Khadafi. Des villes et des régions entières sont tombées aux mains du peuple insurgé. La réponse de la dictature a été sans pitié : répression impitoyable, massacres, bombardements des populations à l’arme lourde et par de frappes aériennes. Aujourd’hui, c’est une lutte à mort entre le peuple et la dictature.
Une des particularités de la révolution libyenne par rapport aux révolutions tunisienne et égyptienne, c’est l’éclatement de l’appareil policier et militaire, ce sont les affrontements au sein même de l’armée, la division territoriale de la confrontation entre régions et villes contrôlées par les insurgés et la région de Tripoli s’appuyant sur la force militaire de la dictature. La dictature libyenne représente trop d’injustices sociales et démocratiques, de répression, d’atteinte aux libertés et aux droits élémentaires. Elle doit être chassée.
La révolution libyenne s’intègre dans tout un processus qui couvre tout le monde arabe, et au-delà en Iran ou en Chine. Les processus révolutionnaires en Tunisie et en Egypte se radicalisent. En Tunisie, les gouvernements tombent les uns derrière les autres. La jeunesse et les organisations ouvrières poussent toujours plus loin leur mouvement. Toutes les formes de continuité avec l’ancien régime sont remises en cause. La revendication d’une assemblée constituante opposée à toutes les opérations de sauvetage du régime devient de plus en plus forte. Dans les deux pays, Tunisie et Egypte, le mouvement ouvrier se réorganise à la chaleur de vagues de grèves pour la satisfaction des revendications sociales vitales. Cette montée révolutionnaire prend des formes particulières et inégales selon les pays : confrontations violentes au Yémen, à Bahreïn, manifestations en Jordanie, au Maroc et en Algérie. L’Iran est même, de nouveau, touché par une flambée de luttes et manifestations contre le régime d’Ahmadinejad et pour la démocratie.


Cette premiére partie du communiqué est juste , d'ailleurs elle ressemble a ce que nous écrivons ici depuis deux mois ;

La deuxiéme partie est carrément contradictoire quand ils expliquent que les insurgés lybiens ,qui selon la IV ménent une bataille d'une importance stratégique capitale, doivent se debrouiller tout seuls (sans l'aide des "impérialistes occidentaux" ) et cela sombre dans le ridicule avec l'évocation de "chavez "

C’est dans ce contexte que la situation de la Libye revêt une importance stratégique. Cette nouvelle montée porte déjà en elle des changements historiques, mais ses développements peuvent dépendre de la bataille de Libye. Si Khadafi reprend le contrôle de la situation avec des milliers de morts, le processus sera freiné, contenu voire bloqué. Si Khadafi est renversé, c’est tout le mouvement qui sera d’autant stimulé et amplifié. Voilà pourquoi, toutes les classes dominantes, tous les pouvoirs, tous les régimes réactionnaires du monde arabe soutiennent peu ou prou la dictature libyenne.
C’est aussi dans ce contexte que l’impérialisme états-unien, l’Union européenne et l’OTAN multiplient les manœuvres pour essayer de contrôler le processus en cours. Les révolutions en cours affaiblissent, au-delà des discours des uns et des autres, les positions des impérialismes occidentaux. Alors, comme souvent, l’impérialisme prend prétexte d’une « situation de chaos », comme il la nomme, ou de « catastrophe humanitaire » pour préparer une intervention et reprendre le contrôle de la situation. Nul ne doit être dupe des visées des puissances de l’OTAN : elles veulent confisquer les révolutions en cours aux peuples de la région, et profiter même de la situation, pour occuper de nouvelles positions, notamment dans le contrôle de régions pétrolières. C’est pour cette raison fondamentale qu’il faut rejeter toute intervention militaire de l’impérialisme nord-américain. C’est au peuple libyen qui a commencé le travail de le finir (!) avec le soutien des peuples de la région et toutes les forces progressistes à l’échelle internationale doivent y contribuer par leur solidarité et leur soutien.
De ce point de vue, nous sommes en total désaccord avec les prises de positions de Hugo Chavez, Daniel Ortéga et Fidel Castro. Fidel Castro a dénoncé le risque d’une intervention de l’impérialisme nord-américain au lieu de soutenir la lutte du peuple libyen. Quant à Hugo Chavez il a réitéré son appui au dictateur Khadafi. Ces prises de positions sont inacceptables pour les forces révolutionnaires, progressistes et anti-impérialistes du monde entier. On ne s’oppose pas à l’impérialisme en soutenant des dictateurs qui massacrent leurs peuples en révolution. Cela ne peut que le renforcer. La tâche fondamentale du mouvement révolutionnaire, à l’échelle internationale, est de défendre ces révolutions et de s’opposer à l’impérialisme en soutenant ces révolutions pas les dictateurs.
Nous sommes aux côtés du peuple libyen et des révolutions arabes en cours. Notre solidarité inconditionnelle doit s’exprimer pour les droits civiques, démocratiques et sociaux qui émergent dans cette révolution. Une des priorités consiste à appuyer toutes les aides au peuple libyen (!) —aides médicales venant d’Egypte ou de Tunisie, aide alimentaire nécessaire —, à exiger la rupture de tous les contrats commerciaux avec la Libye et la cessation de toute livraison d’armes. Il faut empêcher le massacre du peuple libyen. (!)

Solidarité avec les révolutions arabes !
Soutien au peuple libyen !
Pas d’intervention impérialiste en Libye ! Pas touche à la Libye !

Le 2 mars 2011
Bureau exécutif de la IVe Internationale
douddu
 

Re: Soulèvements et processus révolutionnaires / Février 2011

Messagepar j » Lundi 14 Mar 2011 20:09

Les soulèvements populaires et les manifestations massives en Tunise, Egypte et ailleurs constituent une lame de fond, un véritable encouragement à la lutte. C'est vrai, comme le dit Zébnulon, ça fait peur à la bourgeoisie. C'est vrai aussi que cela préfigure des affrontements plus importants, notamment dans les pays les plus industrialisés. Ceci étant (et sans parler ici d'Octobre 17 !) je ne pense pas qu'il s'agisse d'une révolution mondiale en marche : je sais que Zébulon n'est pas d'accord, ce que je respecte, cela fait partie du débat. Pourquoi pas révolution ? Pas seulement parce que dans les pays les plus développés la classe ouvrière n'est pas à l'offensive révolutionnaire (elle résiste, certe, mais les mouvements sont loins d'être à la hauteur). C'est surtout qu'on voit dans les soulèvements actuels, malgré l'expérience de prise de parole, les initiatives et le courage, la solidarité réelle, des illusions très importantes et très graves sur l'armée, qui serait « celle du peuple », pour le « protéger ». Cela fait partie de toutes les illusions sur la « démocratie » ou l'état est censé « se mettre au service de la population » grace à la « révolution ». Il n'y a pas de conseils ouvriers. De plus, on voit , malgré des sympathies mutuelles réelles (qui ne sont pas de l'internationalisme ou anationalisme) le poids du nationalisme : c'est le « peuple egyptien », le « peuple Tunisien », le peuple truc muche.. Enfin, on constate que les réunions de travailleurs restes interdites et réprimés par les agents de la nouvelle « révolution ». Des centaines de militants continuent d'être arrêtés et torturés par les nouvelles insitutions « populaires » et pas seulement par les anciennes troupes déchues ! Quant à la Lybie, les insurgés ont été littéralement dépossédés de leur luttes et carrément embrigadés dans la guerre civile derrière une clique bourgeoise avec des massacres".
j
 

Re: Soulèvements et processus révolutionnaires / Février 2011

Messagepar zebulon » Mardi 15 Mar 2011 8:30

Salut J,

C'est quoi dans ton esprit une révolution ?
Comment tu la matérialise ?
Arrive-t-elle comme ça d'un coup de baguette magique ?
Arrive-t-elle du jour au lendemain ?
Y-at-il un processus qui fasse qu'on arrive à ce que tu matérialise comme étant une révolution ?
N' y-a-t-il qu'un seul chemin pré-programmé et pré-validé dans ce processus ?

Parlons, si tu veux bien, en terme de processus révolutionnaire et tout ira mieux...
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Re: Soulèvements et processus révolutionnaires / Février 2011

Messagepar k » Mardi 15 Mar 2011 22:17

[quote="zebulon"]Y-at-il un processus qui fasse qu'on arrive à ce que tu matérialise comme étant une révolution ?
N' y-a-t-il qu'un seul chemin pré-programmé et pré-validé dans ce processus ?[/quote]Oui et oui : celui du CCI ?
k
 

Re: Soulèvements et processus révolutionnaires / Février 2011

Messagepar j » Lundi 21 Mar 2011 19:43

Salut à tous,
Je trouve le débat très intéressant.
« C'est quoi dans ton esprit une révolution ? » Je vais essayer de te répondre Zébulon.
A mon avis, un processus révolutionnaire correspond à un haut niveau de conscience dans la classe ouvrière internationale. C'est un processus ou la classe ouvrière est capable d'affirmer nettement une perspective mondiale de renversement du capitalisme. Cela veut dire une remise en cause directe de l'état bourgeois. Or, que ce passe t-il dans les pays du maghreb ? Un mouvement social qui provoque une crise de régime. C'est une crise de ces régimes, très importante, significative, mais l'état bourgeois n'est absolument pas menacé. L'armée verouille complétement le truc et tiens les rennes de l'état : c'est elle derrière les paravents démocratiques et les nouvelles cliques "révolutionnaires". De plus, en europe, aux Usa etc, le prolétariat n'en est pas a mettre en perspective la question de la destruction de l'état bourgeois (n'oublions pas qu'il n'a pas eu la force de faire reculer l'état face a la réforme des retraites !, alors la révolution ... on en est encore loin !). C'est la différence avec la vague des années 20 ou internationalement était clairement posée la question de détruire l'état bourgeois et impulser une révolution mondiale (partout dans le monde se sont développés les conseils ouvriers : avec donc une révolution, même si elle a été in fine un échec).
Comment tu la matérialise ?
Par des revendications et des gréves de masse très politisées, des conseils vivants créatifs et des initiatives diverses venant des masses (Rosa Luxemburg parle d'un océan de phénomènes)
« Arrive-t-elle comme ça d'un coup de baguette magique ? »
Non, il faut un rapport de force international et une dynmaique qui se matérialise par un changement d' état d'esprit qualitativement élevé, une réelle offensive consciente. Pas une juxtaposition de mouvements comme dans les pays du Maghreb, encadrés nationalement, certes importants, spectaculaires, avec des expressions radicales je te l'accorde, mais insuffisants pour parler de révolution mondiale.
Arrive-t-elle du jour au lendemain ?
Non, il y a toujours des indices au niveau international. Mais cela peut aller très vite. Tout dépend de la maturation, de la profondeur de la conscience et combativité qui lui est liée.
« Y-at-il un processus qui fasse qu'on arrive à ce que tu matérialise comme étant une révolution ? »
Le processus est celui de la gréve de masse, qui passe par de multiples canaux, avec, encore une fois, un contenu qui doit être clairment révolutionnaire et pris en main par les travailleurs eux mêmes.
N' y-a-t-il qu'un seul chemin pré-programmé et pré-validé dans ce processus ?
Non. Il n'y a pas de schéma préétabli : il faut faire vivre la lutte dans la rue, les conseils ouvriers, les assemblées, les meeting etc. La lutte est un processus vivant, pas écrit d'avance.

« Parlons, si tu veux bien, en terme de processus révolutionnaire et tout ira mieux... »
Parler de « processus révolutionnaire ». Si c'est pour dire que la révolution mondiale est enclanché, je ne vois franchement pas (comme toi, j'aimerai bien !). C'est vrai qu'_il ya un processus de lutte au niveau international. A terme, ce sera sûrement la révolution, il faudra au moins quelques années avant cela. Peut être moins, mais si tu penses que c'est demain matin, ou maintenant, là je ne vois pas. Mais c'est à débattre, bien entendu
j
 

Re: Soulèvements et processus révolutionnaires / Février 2011

Messagepar douddu » Mardi 22 Mar 2011 11:12

J . crois tu que les prolétaires de petrograd qui manifestaient en 1905 derriére le pére gapone et les icones exprimaient si clairement le "un haut niveau " de conscience tel que tu le définis ?

il faut être sérieux , ce qui s'exprime là actuellement c'est une aspiration a une vie libre et juste avec tout ce que cela contient de confus

Aucun mouvement populaire , fût il "ouvrier" , ne peut être exempt au départ d'une telle confusion , vos camarades de "Bilan " écrivaient a ce sujet que quand les exploités entament la lutte il se regroupent derriére des drapeaux qui leur sont étrangers et ce n'est que dans le developpement de cette lutte qu'ils s'en rendent compte .

N'oublions donc pas cette évidence . Sinon on écrit des communiqués du CCI, OCL et autre anarco ou gauchistes , voire hélas AIT, qui sont tellement décalés , tant au regard de la réalité que de l'expérience historique , que le mieux qu'on puisse leur souhaiter c'est qu'ils ne parviennent jamais aux mains des intéréssés
douddu
 

Re: Soulèvements et processus révolutionnaires / Février 2011

Messagepar j » Jeudi 24 Mar 2011 20:44

Ok avec toi Douddu, comme tu le dis «  ce qui s'exprime là actuellement c'est une aspiration a une vie libre et juste avec tout ce que cela contient de confus ». Ce que tu dis sur 1905 et gapone et aussi à propos de Bilan est valable. Je souligne simplement que je pense que la « révolution mondiale » n'a pas commencé du fait du rapport de force global entre les classes sociales. Mais sinon, il y a bien sûr une dynamique prometteuse. Une simultanéité importante de luttes au niveau international, avec des minorités qui se dégagent partout dans le monde et qui réfléchissent sur comment développer la lutte. Il y a des regroupements pour tirer les leçons de ces luttes. Tout cela est évidemment très positif. Je crois que les discussions qui existent ici participent de cette réflexion et c'est très bien.
j
 

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