ALGERIE, TUNISIE : SOULEVEMENT CONTRE LA MISERE

La lutte est globale... Solidarité a-nationale !

Re: ALGERIE, TUNISIE : SOULEVEMENT CONTRE LA MISERE

Messagepar Mala » Vendredi 18 Fév 2011 13:51

Lambros a écrit:Je vous transmet le "coup de gueule" d'un compagnon...


Hé bein voilà , c’est fait .

Après la Tunisie c’est le tour de l’Egypte. Le peuple est en liesse, il chante, il danse et rêve de jours meilleurs, et après…?

Après c’est la Démocratie avec un grand “D”. Ils vont avoir droit à cette mascarade que l’on nomme “Élection Présidentielle” et qui mettra en place un homme ou une femme aux ordres du grand capital. Car ne rêvons pas si Ben Ali et Moubarak sont partis c’est parce que tout à été orchestré par les Etas-Unis et leur nouvelle stratégie politique aux Proche et Moyen Orient.

Donc celui ou celle qui sera élu sera forcement redevable et soumettra le peuple au bon vouloir du Capital.



Mais nous Anarchistes qu’avons nous fait pour les aider : RIEN ou si peu .

Quelques communiqués de soutien, quelques rassemblements et voilà tout. Il est vrai que cela se passe un peu loin, que l’anarchie ne fait pas partie du paysage politique dans ces pays là, mais il y à quand même des compagnons qui militent dans la clandestinité la plus totale et qui on du se sentir bien seuls.

Nous qui nous prétendons A-nationalistes, pourquoi n’avons nous pas fait une souscription pour envoyer des compagnons et des compagnes sur le terrain pour les aider politiquement et stratégiquement ?!

Comment pouvons nous envisager un monde libertaire, si nous ne sommes pas capable d’être au combat chaque fois que l’occasion se présente.



Je pense qu’il est temps que nous arrêtions de nous regarder le nombril en se gargarisant d’être “Anarchiste” comme si cela faisait de nous des êtres exceptionnels. il nous faut passer à la vitesse supérieure et saisir chaque opportunité pour combattre le Capital démontrer nos théories , appliquer nos valeurs…. et ce où que ce soit dans le monde.

Si nous ne sommes pas capable de mettre une telle politique en place, nous ne resterons qu’une poignée de rêveurs accrochés à une utopie !

C’est pourquoi j’en appelle à tous et à toutes , que l’on se dise : Anarchiste, libertaire, Communiste Libertaire, Utopiste, Anarchosyndicaliste ou autre terme pompeux et ronflant mis en place pour mieux montrer nos différences, plutôt que nos valeurs communes, à travailler ensembles pour qu’un jour la société libertaire dont nous rêvons , devienne réalité sur toute la planète .



Salutations anarchistes.



Abel Paz de la FA


Il semble bien frustré ton copain il faudrait qu'il se mette a militer pour de vrai, et sa vision, si ils réalisent pas l'anarchie ca sert a rien ca me fait gerber. C'est un peu facile aussi quand on est bien au chaud devant son ordi.
Mala
 

Re: ALGERIE, TUNISIE : SOULEVEMENT CONTRE LA MISERE

Messagepar AnarSonore » Vendredi 18 Fév 2011 19:10

Poursuivre le mouvement tunisien sous d’autres formes
Entretien avec camarade tunisien.
Propos recueillis le 16 février par Le collectif Lieux Communs.
:arrow: http://www.magmaweb.fr/spip/spip.php?article450


Le signal lancé par la victoire de l’insurrection tunisienne n’a pas fini de produire ses effets à l’extérieur de ses frontières : La fin de Moubarak dans le centre de gravité du monde arabe qu’est l’Egypte est d’une importance capitale. En tant que révolutionnaires tunisiens, les moments que vous vivez depuis deux mois sont ex­trêmement rares et marquent toute une vie. En quoi ces événements sont-ils comparables aux grands mouvements d’indépendances de l’après-guerre ?


En ce moment, ce sont tous les peuples arabes qui se sentent libérées d’un lourd fardeau, bien que la chute de Moubarak soit loin d’avoir résolu tout les problèmes. Mais cette victoire importante est essentiellement symbolique car elle signifie que ces peuples ont rompu avec la peur et la servitude, volontaire et imposée. C’est un événement qui dépasse de loin l’époque des libérations nationales car il ouvre des perspectives de luttes qui n’ont pas de limites : c’est un processus démocratique qui s’est enclenché.

La bourgeoisie qui a hérité de la situation post-coloniale a bénéficié d’une trêve qui a duré des décennies en se faisant passer pour une classe qui représente les intérêts nationaux englobant toutes les différentes composantes de la société. Aujourd’hui chacun devient conscient que l’indépendance politique n’a fait que remplacer un colonisateur étranger par un représentant national de ce colonialisme et qu’une classe de mafieux locaux liée au capitalisme a usurpée le pouvoir à l’époque pour installer dans chaque pays un régime dictatorial.

Les très grandes similitudes entre le déroulement des soulèvement en Tunisie et en Egypte sont extrêmement frappants. Le monde arabe montre là une véritable unité : Cela peut-il être le début d’un rapprochement des peuples arabophones, voire d’un internationalisme politique qui n’ait plus rien de religieux ou de stalinien ?


Effectivement, ces deux soulèvements ont consolidé les liens entre les peuples arabes dans la lutte contre le despotisme et chaque victoire dans un pays est sentie comme une victoire dans l’autre.

Pour le futur, c’est une question que l’on développe dans un texte sur l’identité qui devrait sortir incessamment. Nous y explicitons la notion d’identité comme ne reposant pas seulement sur les liens de la langue ou de l’histoire mais puise surtout ses fondements dans un projet d’avenir : Ce que nous sommes est intimement lié à ce que nous voulons être dans le présent et dans l’avenir.

Justement. Dans les deux pays, du début à la fin des insurrections, aucune formation politique n’a été à la hauteur mais il n’y a eu surtout aucun véritable leader ou même porte-parole. Cela rend d’autant plus évidente et difficile les manœuvres de récupération par les appareils gauchistes et staliniens, l’UGTT en premier lieu pour la Tunisie. Mais parallèlement à cette tendance profondément libertaire n’y a-t-il pas aussi le signe d’une difficulté à élaborer un discours politique radical après l’effondrement des idéologies, qui risque d’entraver l’organisation d’un mouvement dans la durée, comme en France en Mai 68 ?


Autant le soulèvement est spontané, ce qui réduit beaucoup toute perspective de récupération stalinienne, nationaliste ou intégriste, autant les révoltés n’ont pas de projet clair. Ceci pose le problème difficile d’une « organisation » qui émanerait des luttes et qui romprait avec les méthodes staliniennes et bureaucratiques.

Par ailleurs il est important et urgent d’ouvrir un champ de réflexion sur toutes les questions de la vie quotidienne (chômage, travail, développement, éducation, santé….) et ce dans une perspective qui coupe court avec l’idéologie productiviste et hiérarchique. Nous réfutons l’idée de leaders mais ceci ne veut pas dire que les intellectuels (ceux qui s’intéressent aux questions qui dépassent leur spécialité et la chose publique) doivent se croiser les bras. Ils doivent parler à haute voix et exprimer leurs idées tout en sachant que lors des mouvements populaires, ils doivent s’y intégrer comme simples citoyens. Bien sûr ils peuvent proposer des formes d’organisations autonomes.

Un mois après sa victoire, le soulèvement tunisien semble continuer sous des formes différentes : ce sont aujourd’hui les populations les plus pauvres, dans les régions délaissées, qui mènent des actions et des grèves qui portent autant sur le maintien des cadres du RCD aux postes de direction que sur des revendications salariales. Ce phénomène est d’autant plus évident en Egypte. Cette alliance étroite du politique et de l’économique dans la tête des gens pourrait-elle déboucher sur des projets d’auto-gouvernement ?


Le mouvement continue effectivement sous forme des grèves sauvages, d’occupation de locaux, de revendications sociales, d’éviction de gouverneurs et de responsables du RCD, de directeurs corrompus et contre les formes serviles de travail (la sous-traitance et les sociétés privés de service….). En Egypte les ouvriers du canal Suez, de la Mahalla [ville spécialisé dans l’industrie textile dans le delta du Nil] et du transport ont accéléré significativement la chute de Moubarak.

Pendant que les frères musulmans et quelques fractions de libéraux et de la gauche traditionnelle commençaient des pourparlers avec le pouvoir en place, le nombre des manifestants doublait. Le mouvement indépendant « du 25 janvier » a alors refusé de faire marche arrière et les ouvriers des secteurs clefs ont entamé une grève sauvage. C’est à ce moment que ces formations politiques se sont retirées des négociations, et que les militaires ainsi que les USA, qui suivaient de très près les événements, ont imposés la démission de Moubarak. Comme en Tunisie, il faut s’attendre là-bas à la poursuite du mouvement sous d’autres formes, notamment sociales.

Aucuns sentiments anti-français n’ont été relevé lors des événements en Tunisie, alors que les étroits liens mafieux entre les deux pays étaient de notoriété publique. Même chose avec les Etats-Unis en Egypte, même si l’intelligence diplomatique américaine marque une différence profonde d’avec le ridicule d’Alliot-Marie... On sait que l’occident est devenu le modèle incontestable pour le monde entier, mais les soulèvements arabes peuvent-ils ouvrir à un avenir qui ne soit pas calqué sur le mode de développement suicidaire de l’occident ?


Il faut dire que les peuples arabes savent faire la différence entre le peuple français et ses dirigeants et c’est la même chose pour les égyptiens et les américains. A part les courants nationalistes chauvins ou les jihadistes, nos peuples se souviennent bien du soutien des populations occidentales au peuple irakien contre l’invasion américaine. Quant à Alliot-Marie tout le monde est au courant de l’affaire de l’envoi à Ben Ali de matériel de répression et de ses relations avec certains milieux financiers et politiques tunisiens.

Pour l’avenir : on ne peut rien prédire mais ce qui est sûr c’est que la population n’acceptera plus les types de relation qui ont prévalu dans le passé. L’UGTT promet aux habitants des régions intérieures l’arrivée d’investisseurs étrangers et chante que l’avenir sera radieux : des usines de câbles pour les voitures américaines destinées à l’exportation ! Quel développement ! Mais la population se fout de ces promesses. Dans les milieux politiques et financiers, on lance le mot d’ordre : « Invest in Democracy ». Voici une forme inédite de récupération : Vous voulez du travail ? On vous le ramènera sous forme d’entreprises de sous-traitance qui produiront pour le marché mondial... La bourgeoisie n’a qu’un seul projet : jouer l’intermédiaire entre la population et le capital étranger.

Le problème israëlo-palestinien condense énormément les rapports de forces géopolitiques mondiaux, et les régimes despotiques arabes l’ont toujours instrumentalisés pour détourner les masses populaires des problèmes internes à leur société. En quoi les insurrections populaires d’aujourd’hui pourraient aider à y trouver une issue humaine ? Et n’y a-t-il pas un risque que les populations arabes confrontées à de profondes difficultés politiques, sociales et économiques trouvent dans ce conflit un dérivatif à leurs frustrations ?


A notre avis il n’y aura pas de solutions dans l’immédiat à la question palestinienne et elle sera peut-être la dernière à être résolue car elle est la résultante de toutes les contradictions mondiales.

Sur ce point, nous sommes contre deux Etats séparés mais pour un Etat unique aux israéliens et aux palestiniens, laïque, démocratique et intégrée à la région - c’est-à-dire qui ne soit pas un moyen de contrôle des peuples arabes. Des jeunes palestiniens ont appelé à Gaza et en Cisjordanie à un soulèvement contre les deux dirigeants palestiniens actuels, et contre cette scission du pouvoir. Ils ont été immédiatement arrêtés par M. Abbas et le Hamas... La question palestinienne est intimement liée aux conditions socio-économiques et politiques des peuples arabes. Car il faut dire que la bourgeoisie arabe alliée au capitalisme mondial est aussi l’allié du régime sioniste. Donc les deux questions sont très imbriquées.

Les sociétés arabes sont confrontées à de grands problèmes culturels, politiques, démographiques et économiques, et les tendances géopolitiques lourdes vont certainement les aggraver : fin programmée du pétrole, sous-productions agricoles mondiales et crise économique. Quelles sont les pistes que pourraient suivre les pays arabe face à ces défis ? Les soulèvements du monde arabe pourraient-ils malgré tout marquer la fin de l’islamisme, voire de l’Islam politique ?


Les deux soulèvements ont été spontanées et les courants politiques particulièrement intégristes ont été complètement dépassés par le mouvement populaire. Mais le fait nouveau, c’est que notre jeunesse n’a pas connu les moments de la montée du courant intégriste. L’Iran n’est plus un modèle d’autant plus qu’il n’est en rien immunisé contre un éventuel soulèvement à la tunisienne et à l’égyptienne. Par ailleurs, et pareillement à ce qui se passe pour les mouvements gauchistes, on assiste au morcellement de ces mouvements intégristes.

Aujourd’hui 4 partis islamistes ont demandé leur légalisation en Tunisie : leurs leaders sont tous des anciens dirigeants du mouvement intégriste Ennahdha et des divergences importantes les séparent. Le défi intégriste est réel mais pas immédiat et l’islamisation (la mode du port du Hijab par exemple) n’a jusqu’ici pas été politique en Tunisie. La majorité des femmes qui portent le Hijab, par exemple, affirment qu’elles ne voteront pas pour Ennahdha car elles considèrent que celle-ci est foncièrement contre les droits des femmes.
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Re: ALGERIE, TUNISIE : SOULEVEMENT CONTRE LA MISERE

Messagepar zebulon » Samedi 19 Fév 2011 8:44

camarade tunisien a écrit:
Par ailleurs il est important et urgent d’ouvrir un champ de réflexion sur toutes les questions de la vie quotidienne (chômage, travail, développement, éducation, santé….) et ce dans une perspective qui coupe court avec l’idéologie productiviste et hiérarchique.


Cette question sur la vie quotidienne est fondamentale !
Évidemment la réflexion est indispensable mais dans la pratique sur le terrain que se fait -il de concret ?

Ici, de l'autre côté de la Méditerranée, nous avons besoin de témoignages sur les nouvelles pratiques quotidiennes qui se s'inventent à la base, dans les quartiers, les villages, les campagnes, etc...

Que les "intellectuels" se penchent sur ces question, très bien, mais pour partager nous sommes tout à fait capables à la base de nous auto-organiser !
Nous avons besoin d'exemple concrets, que nous puissions par la suite relayer à notre tour.
Il nous faut du concret, il y en a c'est sûr. Vu comment les soulèvements se sont spontanément mis en marche à la base, il parait évident que cet élan n'a pas pu s'arrêter brutalement. Il est certain que partout fleurissent des expériences auto-organisatrices !... Nous avons besoin de connaitre la nature de ces nouvelles expériences. Les idées sont importantes certes, mais les pratiques, qui portent les idées en elles, sont notre force en marche ! Sans elles le mouvement s'essoufflera ou se pervertira. Sachons les relayer.

Apprenons à devenir forts !
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Re: ALGERIE, TUNISIE : SOULEVEMENT CONTRE LA MISERE

Messagepar zebulon » Dimanche 20 Fév 2011 17:26

Thala solidaire, un site d'infos bien fourni : http://thalasolidaire.over-blog.com

Description : Thala solidaire est un site dédié à la ville de Thala. Thala étant une petite agglomération du centre-ouest de la Tunisie. Cette ville est connue pour son histoire, sa résistance et sa misère. Thala solidaire a pour objectif de rassembler toutes les forces créatives pour donner à cette terre un droit à la vie...
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Coup de gueule sur Toulouse...

Messagepar zebulon » Dimanche 20 Fév 2011 21:50

Salut,

un coup de gueule posté sur Indy Toulouse :
viewtopic.php?f=25&t=6515&p=44767#p44767

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Re: ALGERIE, TUNISIE : SOULEVEMENT CONTRE LA MISERE

Messagepar zebulon » Lundi 21 Fév 2011 10:00

Salut,

Quelqu'un sait-il traduire ce qui est dit dans cette video svp.
https://www.facebook.com/video/video.ph ... nts&ref=mf

Merci.

D'après le titre (tiré de Thala Solidaire ) il s'agit de revendications (apparemment de la rue ?) qui seraient les mêmes à Tunis et à Sfax...
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Re: ALGERIE, TUNISIE : SOULEVEMENT CONTRE LA MISERE

Messagepar zebulon » Lundi 21 Fév 2011 19:28

Anecdotique mais je le poste quand même car en tant qu'agitateur je participe là à l'instabilité :) :

L'ambassadeur de fRance en tunisie sur un plateau des merdias en 2010, à propos de Kadhafi :

http://www.dailymotion.com/video/xh4wkh ... afi-c_news
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Re: ALGERIE, TUNISIE : SOULEVEMENT CONTRE LA MISERE

Messagepar lucien » Jeudi 06 Oct 2011 20:47

TEXTE DE L'INTERVENTION DE DEUX COMPAGNONS DE LA CNT AIT Toulouse au Meeting Transnational en Tunisie.

"Bonjour à tous,

Nous sommes membres de la CNT-AIT de Toulouse, une organisation anarchosyndicaliste qui fonctionne en réseau fédéral.


L’anarchosyndicalisme s’est concrétisé, voici plus de cent ans, avec la création de l’AIT, Association internationale des travailleurs.

C’est la première internationale ouvrière.

Son objectif est l’émancipation de toute l’humanité, c’est-à-dire l’abolition des classes sociales et par conséquent l’abolition de toutes les formes d’exploitations et d’oppression.

L’anarchosyndicalisme s’inscrit ainsi dans la lutte que des hommes et des femmes conscients de leur rôle historique ont mené en divers lieu et divers temps contre l’oppression.

L’anarchosyndicalisme est une pratique de lutte populaire.

Pour nous, c’est dans les assemblées regroupant toutes les personnes concernées, qu’après avoir pris le temps nécessaire aux discussions et aux débats, se prennent les décisions nécessaires, des décisions qui doivent être mises en œuvre sans intervention de médiateurs ou d’intermédiaires quels qu’ils soient.

C’est en mettant en œuvre la solidarité active, en se regroupant sur tous les lieux où ils peuvent s’exprimer, en élaborant des perspectives pour tous et toutes que les populations écriront l’histoire.

C’est pourquoi, dans l’immédiat, et s’agissant de notre action en France, nous nous sommes fortement impliqués dans les mouvements d’assemblée populaire depuis leur apparition.

Nous soulignons que ces assemblées populaires représentent un renouveau des luttes sociales en France. Ces assemblées populaires bousculent toutes les structures politiques et syndicales, totalement sclérosées et compromises avec le patronat et le pouvoir. Nous, anarchosyndicalistes nous nous reconnaissons dans cette forme d’auto-organisation qui aspire à un fonctionnement horizontal.

Dans les quartiers, dans les usines, dans ces assemblées populaires, les corporatismes, les traditions et les frontières qui nous divisent s’effacent naturellement. A l’inverse, il émerge de la dynamique assembléiste une volonté de s’autoorganiser pour construire un autre futur, un futur meilleur pour toutes et tous.

Nous ne sommes pas naïfs cependant.

Face à ces aspirations naturelles de femmes et d’hommes qui affirment leur liberté et leur solidarité, les partis politiques, les syndicats, les églises tentent d’infiltrer ces assemblées pour y jouer leur éternelle partition, une partition qui veut maintenir à flot les structures hiérarchiques de l’Etat, satisfaire des ambitions personnelles, conserver le pouvoir ; une partition qui brandit, tous les égoïsmes, toutes les peurs, toutes les superstitions, pour nous diviser.

C’est pourquoi la dynamique assembléiste est encore fragile. Pour nous anarchosyndicalistes, il s’agit de la défendre, de la renforcer, de la développer. C’est ce que nous avons essayé de faire pour notre part ces dernières années, par exemple, en suscitant des assemblées populaires lors de la lutte contre la réforme des retraites, et plus récemment encore en nous impliquant fortement dans celles du mouvement dit des indignés du 15 mai.

* - -


Nous avons répondu avec enthousiasme à votre appel à la réunion de ce jour, car pour nous, le 14 janvier 2011, la population tunisienne est rentrée avec force et panache dans le grand livre de l’Histoire qui s’écrit aujourd’hui et qui est notre présent. Pour notre part, nous ne nous sommes pas trompés sur l’importance des événements survenus.

Il se trouve qu’au même moment, nous étions réunis en congrès national. Les délégués, séance tenante, sans hésitation et unanimement ont adopté la motion de solidarité dont je vais vous lire l’essentiel :

« L’action de la population tunisienne est un signal fort dans la lutte mondiale contre le capitalisme et l’Etat ; elle nous montre que la résistance
autonome des exploités peut faire tomber les pires dictatures. Nous souhaitons que cette lutte pour la justice sociale et l’émancipation puisse se développer, que les travailleurs et la jeunesse tunisienne puisse développer leurs propres moyens de décision, malgré toutes les tentatives de récupération et de division politicienne ou religieuse qui risquent d’avoir lieu.

Seule la résistance autonome des exploités, unis dans une perspective de lutte de classe pourra s’opposer victorieusement à la barbarie du système »
Voilà ce qu’ont voulu exprimer les délégués au congrès national de la CNT AIT le 15 janvier 2011

Oui, les habitants de cette planète sont capables par eux-mêmes de gérer leur vie tout comme ils sont capable de gérer l’ensemble de la société. Des exemples historiques l’ont largement prouvé, dont celui de la révolution autogestionnaire et libertaire de l’Espagne en 1936 qui reste, de notre point de vue, l’exemple le plus accompli à ce jour. Nous espérons vivement que le processus qui a été enclenché ici, en Tunisie, s’étendra et dépassera toutes les réalisations du passé.


Pour finir en quelques mots, je reprendrais ce que disait un militant anarchosyndicaliste de XIXème siècle, qui résume ce que nous pensons encore aujourd’hui : « Nous sommes des hommes sans dieu, sans maître et sans patrie, les ennemis irréconciliables de toutes les dictatures y compris la dictature du prolétariat »

(Fernand Pelloutier, fondateur des bourses du travail.) "
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