GRECE 2010

La lutte est globale... Solidarité a-nationale !

Re: GRECE 2010

Messagepar NOSOTROS » Jeudi 13 Mai 2010 2:12

Interessant

cependant dès le début le ton est donné : ainsi le problème c'est "La coalition de l’UE et du FMI" ... et non aussi le capitalisme grec .

On est en plein dans la position "anti-impérialiste" (cf les textes de TPTG qui décryptent bien les différentes tendances en grèce. L'assemblée des étudiants grecs à paris est plutot dans une position KKE (communiste) et trotskyste, du moins des souvenirs des assemblées de décembre 2008 sur Paris), qui peut se traduire par une "la grèce aux grec" et qui doit à mon avis être combattue fermement.
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Re: GRECE 2010

Messagepar AnarSonore » Jeudi 13 Mai 2010 11:39

C'est vrai, tu as raison.

Sinon, j'ai mis en ligne l'intervention de Rata et les échanges avec lui de dimanche dernier.
:arrow: http://anarsonore.free.fr/spip.php?article486
Compte tenu de sa visite surprise, je tiens à remercier ici la copine et le copain qui se sont improvisés traducteurs.
Nous tenterons une retrancsription/traduction plus fidèle dans les temps à venir.

En outre voici une analyse de la situation économique de la Grèce trouvée sur le blog Spartacus:
:arrow: http://spartacus1918.canalblog.com/arch ... 80889.html

FORCE ET FAIBLESSE DU MOUVEMENT SOCIAL EN GRECE.

Il est difficile dans ces quelques pages de donner dans le détail le déroulement des luttes en Grèce dans les deux années écoulées. Émeutes, manifestations, occupations, pillages alternent ou se chevauchent dans une grande variété d’actions, les unes bien encadrées et contrôlées qui toutes sont dirigées soit contre des mesures politiques ( l’austérité), soit contre les conséquences de ces mesures ( notamment pour lycéens, étudiants, chômeurs et immigrés), soit pour des groupes plus restreints contre la société capitaliste dans une radicalité qui se voudrait d’avant-garde.

Jusqu’à présent, toutes ces actions présentent un caractère commun : même si elles sont récurrentes, elles n’ont pas réussi à se généraliser et surtout elles n’ont pas touché l’ensemble des forces vives du pays dans une paralysie générale qui contraindrait le pouvoir ou à céder ou à sévir plus durement, ce qui, dans un cas comme dans l’autre pourrait avoir des conséquences imprévisibles, non seulement en Grèce, mais aussi en Europe. Même si l’on a pu voir comme le 5 mars dernier lors d’une manifestation un leader syndical attaqué par les manifestants contraint de fuir sous la protection de la police, il n’y a pas eu d’autres tentatives de concrétiser des oppositions aux atermoiements syndicaux dans des grèves sauvages prolongeant les journées d’action.

Pourquoi tout en reste là ? Il faut considérer que la moitié de l’activité économique de la Grèce ressort de l’économie souterraine qui n’est nullement touchée par les mesures d’austérité. D’autre part, les différents régimes, dictature et démocratie que la Grèce a connus ont développé un appareil d’Etat hypertrophié marqué par la clientélisme, la corruption et l’impéritie ce qui explique que ce soit l’ensemble des services publics qui soit au centre des résistances aux mesures drastiques envisagées. Enfin, l’économie déclarée repose essentiellement sur le tourisme et les transports maritimes. Ce sont des champs d’activité qui peuvent aisément échapper aux restrictions budgétaires et à de nouvelles ponctions fiscales : le tourisme peut aisément camoufler son activité réelle et les transports maritimes qui opèrent dans le monde entier peuvent aussi facilement échapper à toute réglementation du travail et financière.

La situation en Grèce ne peut pas être isolée de sa place dans l’Europe et dans le monde. Plusieurs éléments doivent être considérés, qui s’influencent mutuellement et expliquent à la fois les événements eux-mêmes et leur instrumentalisation :

- Les principaux créanciers de la Grèce sont l’Allemagne et la France qui ont tout intérêt à la fois au remboursement de cette dette et au contrôle de l’économie grecque. Il peut paraître à la fois étrange et normal qu’au moment où la Grèce est particulièrement endettée la France lui vende des frégates et que l’Allemagne, attisant la rivalité gréco-turque pour vendre des armes des deux côtés lui vende 4 sous-marins et d’autres armes lourdes. Les manipulations monétaires recouvrent souvent des pressions économiques bénéfiques pour les plus industrialisés.

- Il se joue à l’échelle mondiale une compétition économique dont les termes sont définis par les rapports entre les monnaies, ici, euro contre dollar. Faire baisser l’euro semble avoir été l’un des buts de l’énorme médiation de la dette grecque et de sa propagation éventuelle vers les pays « les plus fragile » de l’Union européenne.

- Enfin et non des moindres, l’exemple grec de l’imposition de strictes mesures d’austérité concernant l’ensemble des conditions de l’exploitation de la force de travail et de la marche en avant, jusqu’à présent, quelles que soient les résistances, ouvre la porte à ce que l’on annonce aujourd’hui de toutes les mesures restrictives dans chacun des Etats de l’Union .

Il reste au prolétariat de montrer que les résistances peuvent dépasser le stade de ce que nous voyons actuellement en Grèce.
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Re: GRECE 2010

Messagepar SOLIDARITE » Jeudi 13 Mai 2010 21:45

Fuck the Flag ! Merde au drapeau ! Liberté pour les militants grecs emprisonnés à Varsovie!

Le 12 mai, un piquet de grève a eu lieu à l'ambassade de Grèce à Varsovie, en solidarité avec les luttes sociales en Grèce. Le piquet a été rejoint par un groupe d'environ 10 personnes greques vivant en Pologne. Une banderole a été accrochée sur l'ambassade. En outre, les drapeaux de la Grèce et l'Union Européenne, qui étaient sur des mâts en face du bâtiment, ont été descendus et des drapeaux noirs ont été hissés à leur place.

Après le piquet, la police a poursuivi un groupe de personnes assises dans le parc. Six activistes grecs et un polonais ont été arrêtés et sont toujours détenus. Les policiers sont encore en train "d'enquêter" autour de l'incident, mais il qu'ils menacent d'accuser les gens d'avoir volé le drapeau et d'avoir pris part à une manifestation illégale avec l'intention de commettre un crime. Voler le drapeau peut valoir jusqu'à un an de prison.

La police n'a pas été très "coopérative" ni pour donner des informations [sur les emprisonnés] ni pour laisser un avocat voir les détenus. En relation avec cela, un piquet de solidarité d'urgence a été organisé pendant la journée en face du "palais de la Police". En conséquence, un porte-parole policier a finit par sortir et a donné un petit peu d'informations, promettant que quelqu'un pourrait au moins recevoir des informations sur la suite, sortie ou maintien en détention des compagnons.

Demain encore, nous allons essayer d'envoyer une aide juridique aux détenus et peut-être organiser une plus grande manifestation si elles ne sont pas libérés. Il peut y avoir un problème pour les étrangers retenus en Pologne, du fait que parfois la police considère qu'il y a un risque de fuite [hors de Pologne]. [NdT : concrètement, des cas similaires pour le passé se sont soldés par au moins 3 mois de détention "preventive", et une libération sous caution de 20 000 euros !].


http://zspwawa.blogspot.com/2010/05/fuc ... vists.html


Par ailleurs les compagnons anarchistes en Australie appellent à une manifestation à Melbourne ce dimanche, Melbourne étant la troisième plus grande ville grecque du Monde ! :-)
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Re: GRECE 2010

Messagepar SOLIDARITE » Samedi 15 Mai 2010 10:02

Les compagnons Grecs à Varsovie ont finalement été relâchés sans charge. Cependant la police leur a collé le statut de "témoins", ce qui veut dire qu'ils pourraient être de nouveau l'objet d'une enquête si de nouvelles arrestations avaient lieu en lien avec cette affaire (autrement dit ils sont fichés et doivent se tenir à carreau ...)
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Re: GRECE 2010

Messagepar douddu » Samedi 15 Mai 2010 14:38

D'aprés le journal "marianne "il y aurait eu un rassemblement d'officiers le 4 mai a Athénes qui aurait rejoint une manifestation nationaliste ce même jour .
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Re: GRECE 2010

Messagepar NOSOTROS » Samedi 15 Mai 2010 23:22

"souvenirs" ... [la dictature des Colonels dans les années 60-70] brrrrr ....
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Re: GRECE 2010

Messagepar SOLIDARITE » Mercredi 19 Mai 2010 23:51

Lu sur le site de l'OCL

De la mendicité à l’autogestion généralisée !


Les syndicats grecs ont appelé à une journée de grève le 5 mai prochain pour tenter de canaliser la révolte sociale. Pendant ce temps, le pays est placé sous le régime forcé d’une dette hypothécaire draconienne, aux multiples créanciers potentiels (UE, FMI, banques privées…), dette qui ne cesse de croître au gré des besoins ordinaires, d’opportunité (la spéculation en faisant partie), des “marchés financiers”. Mais, en transformant des “droits”, des capacités d’être en devoirs, en obligation, la dette n’a-t-elle pas toujours été un des plus puissant moyen d’assujettissement ? Le petit texte qui suit est tiré du site Athens Indymedia où il est publié en ce moment comme une sorte d’éditorial.

De la mendicité à l’autogestion généralisée !
Les peuples n’ont pas de dettes, ils ne doivent rien à personne. Nos vies et notre liberté ne sont pas hypothéquées ou en faillite !
La rébellion éclatera bientôt, tout ce que l’on “doit” est seulement de la transformer en révolution !

Le capital, tant local qu’international, serre le noeud coulant autour de nos cous, menace notre présent et notre avenir, pendant que l’État grec, officiellement et en toute franchise, a signé l’hypothèque. L’emballage de la communication quant à la prétendue nécessité du recours et les mesures qui suivront, ainsi que le thème de « l’effort national », est uniquement un maquillage afin d’échapper à la guerre sociale et de classe généralisée qui se rapproche.

En tout cas, l’institutionnalisation des conquêtes ouvrières insuffisantes prend fin officiellement et l’impunité des patrons est officialisée et légalisée. Austérité sauvage pour le peuple, ventes intégrales des ressources produisant les richesses du pays, conditions de travail ramenées au Moyen Âge et un régime extrêmement répressif nous attendent.

Les masques sont tombés ! La nouvelle situation n’affecte pas seulement la classe ouvrière ou la paysannerie pauvre. Il s’agit d’une attaque générale portée à la société toute entière. Peut-être même que les premiers à perdre leurs privilèges supposés se trouvent parmi la “classe moyenne”.

Il est clair que les seuls à bénéficier de cette situation sont ceux qui ont créé la crise - en d’autres termes, le capital local et international qui récupèrent l’ensemble des biens et services publics qui devraient nous appartiennent à tous.

La syndicats traîtres et les “dirigeants” du mouvement ouvrier – au lieu de préparer les travailleurs à la prise des moyens de production du pays, à l’occupation des lieux de travail et à leur autogestion par les travailleurs eux-mêmes, à la fois manuels et intellectuels, rendant ainsi manifeste que c’est là la seule solution pour sauvegarder la dignité humaine – ont liquidé le rêve d’une société placée loin de la mendicité et du compromis.

La crise économique n’existe pas à cause de nous. Mais à cause de nous, grâce à nous, il y a des dizaines d’usines occupées, en Argentine, en Allemagne, au Mexique, où l’on travaille sans propriétaires et sans managers - avec comme seul principe la solidarité et comme seule devise le bien commun. A cause de nous, il y a des comités de quartier qui rapprochent les habitants les uns des autres, - sans représentants “politiques”, sans reptiles parlementaires.

Les peuples n’ont pas de dettes, ils ne doivent rien à personne. Nos vies et notre liberté ne sont pas hypothéquées ou en faillite ! La rébellion éclatera bientôt, tout ce que l’on “doit” est seulement de la transformer en révolution !
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Re: GRECE 2010

Messagepar SOLIDARITE » Jeudi 20 Mai 2010 11:36

Appel à une manifestation contre les élections étudiantes le 17 mai à la cité universitaire de Thessalonique lundi 17 mai.

Convoqué par : Collectif Autonome de la Fac.de Physique, Colectif Autonome de la Fac d'Agriculture, groupe Paranoia dans la Fac. de Psychologíe, Intervention Autonome dans l'Université de Macedoine, Mouton Noir de la Fac. de Pédagogíe, Erines avec une conscience de Classe de la Fac. de Théâtre, Autonomes-Autonomes


http://grecia-libertaria.blogspot.com/2 ... iones.html

Photo manif grève générale du 20 mai

http://grecia-libertaria.blogspot.com/2 ... -mayo.html
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Re: GRECE 2010

Messagepar Lambros » Jeudi 20 Mai 2010 12:21

C'est bien ça des manifs anti élection dans les facs. C'est marrant de voir tout-e-s ces étudiant-e-s "anarchistes" défendre les élections étudiantes sous pretexte qu'on ne vote pas pour un chef... Mais comprendre que ça légitime toute la machinerie des conseils ça c'est autre chose. A Clermont 2, on avait diffé un tract la veille et le jour des élections, et tenu une table de presse (avec un compagnon toulousain de passage): http://anarsixtrois.unblog.fr/2010/02/0 ... mascarade/
L'émancipation des chrétien-ne-s sera l'œuvre de Dieu lui même.
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Re: GRECE 2010

Messagepar Khlane 63 » Jeudi 20 Mai 2010 12:30

Lambros a écrit:C'est bien ça des manifs anti élection dans les facs. C'est marrant de voir tout-e-s ces étudiant-e-s "anarchistes" défendre les élections étudiantes sous pretexte qu'on ne vote pas pour un chef... Mais comprendre que ça légitime toute la machinerie des conseils ça c'est autre chose. A Clermont 2, on avait diffé un tract la veille et le jour des élections, et tenu une table de presse (avec un compagnon toulousain de passage): http://anarsixtrois.unblog.fr/2010/02/0 ... mascarade/


d'ailleur on a gagner a 94% ! :D
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Re: GRECE 2010

Messagepar CLN » Vendredi 28 Mai 2010 17:04

HFGPCW1D9V


Ug2m2S5NL- Des Nouvelles Du Front - http://dndf.org -

A propos de la guerre sociale en Grèce….

Posted By pepe On 28 mai 2010 @ 5:26 In Nouvelles du monde | Comments Disabled

Les voyages de Prométhée


A propos de la guerre sociale en Grèce et la fin d’un ici et d’un là-bas


LE MIROIR DE LA PAIX SOCIALE commence à se fissurer. La date limite de conservation de l’Etat-providence à l’européenne semble dépassée et l’une après l’autre, les classes politiques nationales en prennent acte. Tandis que dans certains pays les bases juridiques pour ce tournant ont déjà été posées dans les parlements dans une relative tranquillité, les hostilités en Grèce ont pris une ampleur inattendue. Même si cette conflictualité pourrait être placée dans la continuité de mouvements sociaux contre le démantèlement de l’« Etat social » auxquels nous sommes habitués, elle tend à prendre un caractère considérablement différent.
Un accord avec l’Etat dans la logique de l’ancien pacte social paraît de plus en plus improbable, car il n’existe plus les bases économiques, politiques et sociales pour cela. Nous sommes donc face à une nouvelle donne. Habitués à mener des luttes visant à briser la pacification sociale et le consensus autour, nous pourrions être rapidement confrontés avec une nouvelle forme de gestion qui tend plutôt à instaurer un climat de guerre. C’est pourquoi il est d’autant plus nécessaire de développer des nouvelles perspectives, de nous risquer à formuler quelque nouvelle hypothèse pour la guerre sociale.

D’autres horizons…

Au péril de trop schématiser la réalité mais dans le but d’esquisser quelques pistes analytiques permettant d’inciser plus précisément dans cette réalité, on pourrait dire que depuis la fin des années 70, une restructuration profonde de l’économie – mais pas seulement – a commencé. Une partie considérable du complexe industriel en Europe a été démantelée et décentralisée avec la transformation du procès de fabrication et les délocalisations. Les rapports de classe qui allaient de pair, en ont été sérieusement bouleversés et éclatés. Selon sa logique de pénétration toujours plus profonde de la marchandise dans tous les aspects de la vie, le capital a continué à explorer de « nouveaux » marchés, notamment liés aux nouvelles technologies et fortement connotés par l’aspect de « services ».

Les restructurations advenues au sortir de la Seconde Guerre mondiale ou après des phases de dictature ont joué pendant des années sur un Etat social capable d’accompagner cette refondation du capitalisme et d’en gérer les tensions. Cependant, depuis les années 80, les dits « acquis sociaux » ont été largement attaqués et au cours des années 90 leur déconstruction et leur morcellement se sont accélérés à un rythme déterminé par le contexte international et les rapports de force locaux. La flexibilisation du marché du travail, le démantèlement de la protection sociale comme du système de retraites, la libéralisation puis la privatisation de secteurs comme l’énergie, les communications et les transports ont signifié autant de remises en cause de ce que beaucoup considéraient comme des certitudes.

La « crise financière » de l’année passée, n’est en fait pas une crise, mais une conséquence de ces nouvelles restructurations. Au delà des sommes énormes provisoirement dégagées par nombre d’Etat pour le « sauvetage » de quelques banques, se sont surtout les ventes d’établissements et d’industries « publics » qui se sont poursuivis. Pour autant, les Etats restent en déficit colossal et ont déjà épuisé quelques unes des recettes susceptibles de renflouer leurs caisses. Ils doivent donc continuer à tailler dans le vif. La situation actuelle en Grèce nous donne un avant-goût de ce qui nous attend dans d’autres pays.

Les plans d’austérité qui se mettent d’ores et déjà en place en Angleterre comme en Espagne, en Italie, en Grèce ou dans bien d’autres pays européens vont diamétralement à l’encontre de ce qui a été pendant des décennies l’un des paradigmes de « l’Etat social » : l’augmentation de la consommation sur le marché intérieur. D’un côté, l’Etat grec réduit l’accès à la consommation (avec les réductions de salaires et des retraites) et de l’autre, il augmente drastiquement les impôts directs ou indirects pour récupérer encore de l’argent. L’objectif affiché n’est plus l’« inclusion des pauvres », il est assumé que toute une part de la population exposée à la misère doit se soumettre à une exploitation renforcée et s’en estimer heureuse. Depuis des années, cette direction a aussi été prise dans la politique d’immigration européenne. Face à une immigration toujours croissante, la prétendue Europe Forteresse gère les flux humains, toujours à coups de régularisations et de renforcements de la capacité d’expulsion, mais en lien étroit avec des contrats du travail de plus en plus précaires. L’existence d’une sous-couche de la population est donc clairement acceptée et appréciée selon les besoins du marché.

Certains conflits de ces dernières années ont déjà donné des signes (Argentine en 2001 ou Bangladesh notamment en 2006) d’une exacerbation de la guerre économique. Ce qui se passe actuellement en Grèce vient le confirmer en Europe. Quoique des temps toujours plus sombres s’annoncent, certainement vu la faiblesse actuelle de la critique sociale et révolutionnaire, nous avons l’intuition que pour nous aussi des temps nouveaux pourraient s’annoncer, des temps qui ouvrent des possibilités perdues de vue – et pas suivant des raisonnements « pire c’est mieux ». Il est vrai que la surprise est un sentiment plutôt agréable, mais nous devrions tout mettre en œuvre pour ne pas vivre les défis actuels en commentateurs impuissants, noyés dans la passivité que la domination essaye de nous faire avaler.

Au pays de Prométhée

Il faut revenir assez loin dans l’histoire pour retrouver un moment et un espace où le mouvement révolutionnaire – de plus en grande partie antiautoritaire – a été capable d’approcher les développements et la lutte sociale comme c’est le cas aujourd’hui en Grèce. C’est le résultat provisoire d’années de pollinisations croisées entre le mouvement anarchiste grec, dans toute sa diversité, et une certaine combativité sociale. Les anarchistes grecs se sont retrouvés souvent côte à côte avec des opprimés qui se soulevaient, tout en étant capables de mener des luttes quand tout le monde regardait de l’autre côté. De cela, nos ennemis en sont conscients, au moins tout autant que nous. Non seulement la Grèce a été le premier pays de la zone euro à devoir prendre des mesures drastiques contre les exploités ; non seulement elle a été et reste une base d’opérations militaires notamment vers les pays des Balkans, en même temps qu’une porte de l’Europe pour l’immigration venant de l’Est ; mais c’est aussi un pays confronté à des tensions sociales importantes et une activité révolutionnaire acharnée.

Maintenant que la gauche institutionnelle est au pouvoir en Grèce, elle peut difficilement jouer de la même manière son rôle de récupérateur et de frein de la lutte sociale. Cette carte, elle l’a déjà jouée lors de son élection sur un « programme progressiste » suite à l’explosion de révolte en décembre 2008. La marge de la classe politique grecque s’est donc considérablement réduite et en cas d’extension et de durcissement du conflit deux voies – historiquement classiques– s’offrent : soit la droite dure, répondant aux exigences du capital national et international et s’appuyant sur un patriotisme latent, réussit à rétablir l’ordre à l’aide d’un gouvernement technique et d’une poigne de fer ; soit surgit à l’horizon la possibilité d’une insurrection. Il y a beaucoup en jeu.

Pendant quasi toute l’année 2009, la Grèce a été secouée par une longue série de grèves, de blocages, de manifestations et d’attaques contre les structures du pouvoir. Confronté à une hausse de la spéculation sur la dette de l’Etat (notons que la majeure partie de la dette grecque est dans les mains des banques « grecques ») et à l’explosion du déficit budgétaire, début 2010 le gouvernement socialiste est passé en cinquième vitesse provoquant également une accélération des mouvements de protestations. Il n’est pas exagéré de parler d’un « climat de guerre », tant au niveau économique qu’au niveau social et politique. De début 2009 jusqu’à maintenant, le gouvernement a tranché à la hache dans les salaires et les retraites (avec des réductions allant de 10 à 30 %), a augmenté les impôts directs et indirects, a restructuré l’enseignement et quasi aboli la santé publique. Pour pouvoir maintenir les structures de l’Etat, la classe politique grecque et l’élite économique doivent rapidement transformer la Grèce en paradis de l’exploitation, un fer de lance dans la zone euro. L’Etat grec déclare ouvertement la guerre aux classes d’en bas et son « préoccupation pour le peuple » prend clairement la forme du patriotisme et d’une mise en spectacle d’un « terrorisme révolutionnaire qui menace la société ».

La situation est plutôt critique pour les institutions existantes en Grèce et il y a longtemps qu’un Etat européen n’avait senti de nouveau dans son cou l’haleine chaude d’une possible insurrection. Mais n’allons pas trop vite en besogne. Malgré des échauffourées significatives mais circonscrites (lors de la manifestation du 5 mai à Athènes, le leader du syndicat GSEE n’a pu dire deux mots avant d’être chassé par des centaines de manifestants), une grande partie des protestations respectent les consignes des syndicats sociaux-démocrates, le parti stalinien KKE et quelques structures de gauche comme le PAME, notamment parce que ceux-ci se trouvent encore à la base de quelques initiatives formelles comme les grèves générales. Malgré de nombreuses expériences pratiques d’auto-organisation dans la rue (lors des manifestations, des occupations et des émeutes), les protestations négligent encore la confirmation nécessaire de leur autonomie. Combiné à une répression policière plutôt brutale et une terreur médiatique, le danger existe de se laisser entraîner dans une guerre d’usure. Sans vouloir prétendre que la grève générale illimitée (contrairement aux « journées d’action » de 24h) serait le présage d’un moment insurrectionnel, il est sans doute nécessaire de paralyser l’activité économique et la circulation de marchandises. Pour cela, il faudrait pousser vers une décentralisation des initiatives, ou, en d’autres termes, vers une auto-organisation assumée de la lutte. Pour arracher l’initiative aux syndicats et créer un espace qui résiste aux rappels à l’ordre et soit fertile pour les grains de l’auto-organisation. Une des possibilités semble être d’œuvrer de manière décentralisée et diffuse à la paralysie de l’infrastructure économique (communications, énergie, transports …). Cette question ne concerne pas que la minorité révolutionnaire comme certains pourraient croire, c’est au contraire une proposition pratique qui s’adresse à tout le monde, qui se nourrit de beaucoup d’expériences et dans laquelle la créativité et la diffusion l’emportent sur toute conception économiste ou militariste.

L’insurrection n’est pas l’oeuvre de révolutionnaires et d’anarchistes seuls. Elle est sociale non seulement dans le sens où elle implique une partie considérable des exploités, mais surtout parce qu’elle bouleverse les rôles sociaux existants en détruisant les structures qui les soutiennent. Tout comme elle ne tire pas sur des exploités pour mettre fin à l’exploitation, mais sur les structures et les hommes qui rendent l’exploitation possible, elle ne peut pas se laisser coincer dans une apologie du « peuple » ou « des exploités » dont la résignation, voire le consentement, sont au bout du compte les forces qui font tourner la machine.

L’hypothèse insurrectionnelle qui semble se dessiner actuellement en Grèce, suit en fait une toute autre logique que le paradigme de la guérilla urbaine. L’Etat a tout intérêt lors des moments de hausse de la conflictualité sociale à pouvoir présenter le conflit comme un combat singulier, comme un duel entre deux « factions » (dans ce cas-ci, l’Etat contre les adeptes de la guérilla urbaine avec la population en spectateur passif). Bien sûr, il est tout à fait capable d’utiliser le mouvement anarchiste dans son ensemble à cette fin et de le faire avaler dans un grand spectacle, mais il ne semble pas très malin de lui faciliter la tâche en appliquant nous-mêmes – plus ou moins explicitement – des hiérarchies aux différentes formes d’attaque contre les structures de l’Etat et du Capital. L’insurrection n’a pas besoin d’avant-gardes ou de protecteurs, elle ne demande rien d’autre que, ennemie de tous les fétichismes, la détermination de souffler la subversion à travers la société. Déjà maintenant, même si l’insurrection n’est encore qu’hypothétique, la question des armes doit être posée dans la perspective d’armer tout le monde, de la généralisation de l’offensive en armes, pas en refoulant le fait armé vers tel ou tel groupe, acronyme ou faction.

L’Etat grec commence à insister sur une rapide militarisation du conflit et il espère que les anarchistes en prennent l’initiative. L’Etat intensifie ainsi la répression spécifique et la terreur contre le mouvement anarchiste ; il a posé qu’il continuera à y avoir des morts, qu’il torturera désormais sous les yeux de tout le monde, qu’il ne hésitera pas à pousser toujours plus la militarisation par exemple d’un quartier comme Exarchia, qu’il utilisera ouvertement des escadrons paraétatiques et fascistes. L’Etat ne vise pas seulement à isoler les anarchistes de la lutte sociale, à briser leurs dynamiques mais aussi à les entraîner dans une spirale où règne la loi du talion, avec des représailles certainement justes et courageux de la part des anarchistes, mais dont le prix pourrait être le recul de la subversion dans d’amples strates de la société. L’Etat utilise sciemment les médias dans une optique purement contre-insurrectionnelle en tentant de diffuser la terreur, de terroriser la population (avec le spectre « des hordes d’immigrés déferlant sur la Grèce », « des terroristes anarchistes », « des braqueurs sanguinaires »,…). L’Etat ne se maintient plus en achetant la paix sociale et la réconciliation, mais en déclarant toujours plus ouvertement la guerre à tous ceux qui luttent. Il n’est pas facile de ne pas tomber dans le piège, de ne pas se trouver pris dans les filets d’un conflit militaire qui serait sans doute le fossoyeur de n’importe quel projet de subversion. Comprenons-nous bien, car la situation actuelle demande de se parler clair : ceci n’est pas un plaidoyer pour baisser les armes, pas un discours qui pose que « la violence insurrectionnelle fait peur aux prolétaires et qu’il faut donc la limiter ». Au contraire, c’est justement le moment pour chacun, chacune d’œuvrer à se fournir les armes qu’il ou elle veut utiliser ; de partager autant que possible la nécessité de l’attaque avec tous ceux qui refusent de s’incliner devant les autels de la Nation et de l’Economie ; de donner à l’attaque la place qu’elle devrait toujours occuper : un geste de destruction consciente d’une structure ennemie et non un moyen de véhiculer de l’autopromotion. La subversion recule quand les compagnons ne parlent qu’après avoir tiré une balle.

D’un ici et d’un là-bas

Maintenant qu’en Grèce des possibilités longtemps mises au placard tentent d’envahir l’existant avec toute leur violence, des questions s’imposent aux compagnons hors de Grèce, des questions qui ne tolèrent pas de remise. Non seulement parce que ce qui se joue en Grèce aura probablement un impact sur tous les anarchistes et révolutionnaires en Europe et ailleurs, mais surtout parce que la possibilité d’une contamination devient chaque jour plus imaginable. Nous ne voulons pas ressusciter une espèce de théorie domino, mais il nous semble clair qu’au vu de l’imbrication toujours plus étroite et profonde des structures économiques et étatiques sur le vieux continent (le projet de l’Union Européenne étant une de ses structures formelles), ce serait s’aveugler que d’intégrer les frontières des territoires où nous habitons, des Etats nationaux où nous menons nos luttes, comme des horizons infranchissables. La veille question de l’internationalisme s’impose aujourd’hui et exige de nouvelles réponses.

Ce sont en grande partie les mêmes questions qui sont venues frapper aux portes des compagnons en décembre 2008, seulement les enjeux sont aujourd’hui encore plus exigeants. Quoique voyager en Grèce vaille certainement la peine pour échanger et partager des expériences, nous préférons nous demander comment nous pouvons aller plus loin dans nos contextes qu’exprimer une solidarité internationale ; comment faire pour que nos activités aillent au-delà d’une tape encourageante et généreuse dans le dos de nos compagnons grecs qui ont aujourd’hui tellement à perdre, mais surtout à gagner.

Considérons que, vu l’extension de la guerre sociale en Grèce, toutes les luttes et gestes de révolte prendront un poids plus lourd. Pas parce que ils exerceraient d’une manière ou d’une autre une pression directe sur les institutions grecques, mais justement parce qu’ils peuvent être les porteurs redoutés d’une contamination. En partie objectivement et en partie en s’y efforçant, il est possible d’enchevêtrer les différentes luttes « locales » avec la guerre sociale en Grèce, et vice versa, parce que c’est la conséquence logique d’un lien social, une similarité de la situation grecque qui, comme nous le suggère notre intuition, pourrait se passer dès demain dans « nos » contrées. Même si on peut constater que les forces subversives sont beaucoup plus faible dans beaucoup de pays qu’en Grèce et qu’elles doivent faire face à un certain consensus autour de la réaction (comme par exemple en Italie, où le racisme et la gestion politique prennent des allures totalitaires au travers de l’affreux consentement de larges couches de la population). S’impose alors la nécessité d’aller plus loin que la solidarité et de réellement tisser des liens entre les différentes luttes. Chaque combat qui est actuellement mené, pourrait avoir une signification qui le dépasse ; et il nous faut œuvrer dur dans ce sens. La logique d’un ici et d’un là-bas pourrait enfin prendre fin, aussi dans nos perspectives.

Quoique la restructuration économique en cours semble vouloir faire d’une instabilité généralisée son champ d’accumulation, une autre instabilité est possible qui ne profite pas à la domination. Il nous faut y réfléchir, sérieusement réfléchir. Serait-il impossible d’arriver à quelques analyses et hypothèses qui lieraient le contexte local avec ce qui touchera probablement toute la zone euro ; et ainsi de développer une capacité pour évaluer les luttes actuellement en cours en fonction de leurs effets possiblement déstabilisants ? Ce défi nous semble en tous cas valoir la peine d’être relevé ; de se renforcer là où un combat gagné dans cette guerre sociale délayée pourrait dépasser son premier résultat concret comme d’essayer de concevoir nos activités à la lumière de leur rapport aux activités à quelques centaines de kilomètres de distance. Tenter d’aller sur ces chemins pourrait nous aider à développer des hypothèses insurrectionnelles, à éviter d’être trop pris par surprise, à découvrir des possibilités de pousser le mécontentement et les rages présentes vers des perspectives émancipatrices, en direction d’une guerre sociale contre toute forme d’exploitation et d’autorité.

Le rêve

Une hypothèse insurrectionnelle n’a pas seulement besoin d’analyses et d’activités. Elle reste lettre morte ou un coup dans l’eau si elle ne sait pas communiquer son pourquoi. En ces temps, elle ne peut plus s’appuyer sur seule énonciation de quelques concepts qui restent vagues, même quand ils sont discutés, comme celui de libération. Les concepts rendus communicables à travers la lutte sociale n’existent plus. Nous devons oser nous poser la question de comment faire revivre un rêve, pas comme un mirage, pas comme un mythe, mais comme des intentions vivantes. La contribution révolutionnaire à la lutte sociale ne devrait pas se limiter à des suggestions destructives, à inciter à la révolte. Son caractère insurrectionnel devient plus tangible quand elle réussit non seulement à identifier l’ennemi et à mettre en œuvre une négativité qui donne certainement du courage à tous les enragés et à tous ceux qui voudraient briser les chaînes de la résignation, mais quand elle est aussi capable de garder vivant, de communiquer pour quoi elle lutte. En ce sens, deux décennies d’idéologisation des idées révolutionnaires ont causé beaucoup de dégâts. Nous sommes orphelins d’idées qui semblent avoir perdu leur pensabilité. Nous devons forcer un passage pour sortir du coin dans lequel nous avons été acculés et arrêter d’en faire l’apologie pathétique. La conflictualité qui monte pourrait prendre un caractère assez différent de ce que nous avons connu jusqu’alors ; elle nous offre de vraies possibilités d’expérimenter et de rompre l’encerclement idéologique. La contradiction de la subversion se cache dans la tension entre approcher la réalité et sortir de la danse, communiquer ce qui est considéré comme impossible.

Plutôt qu’une esquisse exacte de la situation dans laquelle nous nous trouvons, ces mots se veulent une invitation, on pourrait dire un appel à ouvrir nos têtes et à regarder droit dans les yeux les défis qui se posent. Beaucoup pourrait se jouer, et la seule certitude que nous avons, c’est que dans les temps qui viennent, l’inertie aura des conséquences plus lourdes encore.

Quelques amis de Prométhée

mai 2010

quelquesamisdepromethee@gmail.com

source [1]
CLN
 

Re: GRECE 2010

Messagepar douddu » Vendredi 28 Mai 2010 20:20

bonsoir ,

ce texte des "amis de Prométhé " dépasse le contexte grec et pose , sans la poser , la question de la stratégie révolutionnaire .
douddu
 

Re: GRECE 2010

Messagepar SOLIDARITE » Mardi 06 Juil 2010 1:26

http://cnt-ait.info/article.php3?id_article=1816

GRECE : UN MOUVEMENT QUI SE CHERCHE

mardi 6 juillet 2010

Grèce : un mouvement qui se cherche

La phase de la lutte des classes qui se déroule actuellement en Grèce est sûrement une préfiguration de ce qui attend le reste de l’Europe. Les insurgés de décembre 2008 en avaient déjà conscience, eux dont les banderoles proclamaient « Nous sommes une image du futur ». Dans le numéro 117 d’Anarchosyndicalisme ! [1], nous livrions une analyse du pourquoi de cette crise, des perspectives d’issues, mais aussi des écueils contre lesquels les révolutionnaires pouvaient s’échouer. Suite à cet article, un compagnon Grec membre d’un groupe anti-autoritaire de Thessalonique nous a transmis des informations sur des luttes en cours ainsi que son analyse de la situation « vue de l’intérieur ».

Loin des images médiatiques d’affrontement, ce compagnon nous dresse un tableau de la situation dans les lieux de travail. Si le sentiment d’injustice et le désir de révolte sont souvent présents, les travailleurs sont pour le moment entravés par leur incapacité actuelle (et espérons-le temporaire) à lutter autrement qu’à travers les structures classiques d’encadrement (syndicats, partis). Ils doivent tout réinventer par eux même, sans trop d’appui théorique ni d’expérience. Cependant des initiatives locales de lutte émergent (Interattica, pêcheurs égyptiens de Thessalonique, restaurant Banquet, etc. [2]), qui pourraient devenir les prémices de quelque chose de plus large.

Ces luttes de base, menées souvent avec - ou exclusivement même - par des immigrés (« non grecs »), montrent bien que le combat n’est pas - contrairement au discours « anti-impérialiste » du parti communiste grec, le KKE, souvent repris par le reste de la gauche européenne - celui des méchants (FMI et Banque Mondiale) contre les gentils (le « peuple grec » et, en sous-entendu, son non moins gentil Etat). Non ces luttes montrent que le visage de l’ennemi est celui du capitalisme sous toutes ses formes : qu’il soit mondialisé (celui des jumeaux FMI-Banque Mondiale et leurs plans de redressement et d’austérité), qu’il soit Européen (comme le groupe « La Poste » - oui notre bon service public français ! - qui a fermé brutalement sa filiale grecque Interattica), ou qu’il soit local (comme le sont l’État Grec et les patrons des petites et moyennes entreprises grecques). C’est contre eux tous que se mènent actuellement les luttes de base. Voici ce témoignage  :

TEMOIGNAGE

Jeudi le 20 mai a eu lieu une grève générale organisée par le GSEE [3] & l’ADEDY [4]. Pour la deuxième fois en mai, la participation à la manif au centre d’Athènes, mais aussi la grève dans tout le pays, a été massive. La manif a été sans affrontements avec la police, ce qui ne veut pas dire - contrairement à ce que pensent quelques militants - qu’elle n’était pas du tout importante. En effet, cette manifestation peut aussi s’analyser comme une réponse populaire au climat créé par l’Etat, les médias avec la complicité des syndicats eux-mêmes [5] à la suite de la mort des trois travailleurs de la Marfin Bank (dans l’incendie en marge de la manifestation du 5 mai). Tout a été fait par le pouvoir pour exploiter au maximum cet événement en essayant de « criminaliser » les manifestants, de soupçonner tout le monde (et avant tout, les anars) comme de potentiels « provos ». Par exemple, pour que l’information sur la mort des trois travailleurs soit retransmise immédiatement (et ait le maximum d’impact émotionnel), le syndicat bureaucratique des médias (ESYEA) n’a pas hésité à interrompre sa grève du 5 mai. Il a pris également position contre la participation à la grève du 20 mai, sous le prétexte des affrontements violents généralisés prévisibles... qui n’ont pas eu lieu, à sa grande déception !

Cependant il ne faut pas se faire d’illusions. Les mobilisations organisées par les bureaucrates, même si la décision d’appeler à la grève a été prise sous la pression sociale, ne sont, comme tout le monde le sait, que des mobilisations organisées d’en haut pour canaliser la rage et l’indignation de la société. Beaucoup de gens (je parle ici des gens non-militants) se demandent : «  Pourquoi une grève générale tous les dix ou quinze jours ?  », «  Pourquoi des mobilisations après la ratification des mesures d’austérité ?  », «  Quelle est la signification d’une « grosse » manif (même avec des affrontements) si on ne peut pas se battre contre les mesures le lendemain de la grève générale de 24 heures  ?  ». Pour moi, ces questions sont importantes, (je ne dis pas que ces questions sont « représentatives » de ce que pensent tous les manifestants) parce qu’elles montrent la situation réelle dans laquelle se trouve actuellement le mouvement. D’un côté, la tension réelle que ressentent les gens se manifeste par l’organisation de mobilisations dans les rues du centre d’Athènes presque chaque jour par des enseignants, des chômeurs du secteur public, des retraités etc., de l’autre, la situation dans le milieu du travail (et notamment dans le secteur privé) est bien différente. La colère et la rage exprimées dans la rue n’arrivent que rarement à s’exprimer sur les lieux de travail, parce qu’au niveau pratique il y a plein de questions non résolues : qu’est-ce qu’on peut faire ? Comment est-ce qu’on peut lutter  ?... A ce jour, les militants de gauche ou les anars n’ont pas véritablement de réponses, en partie parce que le mouvement « a/a » (anarchiste/antiautoritaire) n’a (re)découvert le « monde du travail » que récemment !

Cependant, des petites luttes ont commencé à apparaître. Elles sont importantes car elles ont réussi à regrouper la mobilisation et la solidarité, non seulement des militants « connus », mais surtout l’implication active d’autres travailleurs et, parfois, de la société locale et, ainsi, à emporter des victoires. A mon avis la dynamique de ces luttes est plus importante que le nombre des gens mobilisés. Pourquoi ? Parce que, quand une lutte est gagnée dans un secteur (aussi mineur soit-il), il y a d’autres personnes à qui cela donne l’idée d’essayer de lutter et de s’organiser de façon similaire. Par exemple, une lutte menée par des travailleurs d’une entreprise de saisie informatique s’est étendue à une autre société du même type et toutes les deux ont gagné. Une lutte contre le licenciement d’un travailleur dans une maison d’édition a réussi à mobiliser des travailleurs dans le secteur du livre (malgré les intellos bien connus qui, eux, soutenaient l’éditeur) et a finalement été gagnée. Même dans la rue on commence à observer quelques tendances assez remarquables : par exemple, ce n’est pas par hasard que la majorité des gens qui sont descendus dans la rue pour manifester les 05 et 20 mai ne sont pas allés dans les cortèges du GSEE, ni de l’ADEDY, ni du KKE (qui traditionnellement réunissent des milliers de manifestants) mais ont préféré se retrouver dans ceux des syndicats de base, apparus ces deux ou trois dernières années et qui se sont multipliés.

Malheureusement, très peu des gens essayent d’analyser ces luttes (leurs limites, leurs problématiques, leurs niveaux d’organisation). Ce n’est pas seulement une question de manque d’information due au fait que le grec est une langue « minoritaire », ce qui ne facilite pas les échanges au-delà des frontières linguistiques, mais aussi une question de manque d’analyse. Les militants en Grèce reproduisent souvent un fatalisme en reprochant à la « société » de ne pas « se révolter ». Je veux dire qu’ils n’essayent pas de voir les choses dans une dynamique, comme un processus. Ils imaginent que tout va se faire spontanément, automatiquement etc. Mais, il est vrai d’autre part et heureusement qu’il commence à y en avoir d’autres (je parle surtout de compagnons d’après Décembre et d’après le mouvement étudiant de 2006-2007 qui ne parlent pas la langue de bois des militants -celle des anars et autonomes y compris) qui cherchent des réponses et qui essayent de faire un travail politique de fond.

En tout cas, le problème du manque d’infos doit aussi s’analyser comme un problème organisationnel (même-moi je ne trouve pas assez de temps pour écrire et avant tout pour expliquer le contexte et la situation actuelle), de conception et d’analyse. Il faut sortir du hiatus entre analyse et action, autrement que, comme cela se passe actuellement, en essayant de le combler soit par l’activisme soit par la spéculation théorique.

Anonymos

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Actualisation 5 juillet :

La lutte au restaurant Banquet se continue. Les patrons ont fait un "lock out" au restaurant parce qu’ils veulent épuiser écomiquement les travailleurs. Pour cette raison, une caisse de solidarité a éte crée pour les soutenir. (Le paradigme de cette lutte a inspire les travailleurs du Barthelonica, [qui ont repris en autogestion leur restaurant après l’annonce de sa fermeture par le patron. Traduction en cours. NdT])

Dans le secteur publique, comme je te disais, les syndicats bureaucratiques dominent. Mais quelques travailleurs ont trouve une solution: "la greve blanche": ils vont au boulot sans rien faire (au niveau judiciaire leurs "patrons" n’ont pas le droit les licencier pour cette pratique. En outre, le taux d’absentéisme est en constante augmentation depuis trois semaines). Je ne sais pas combien des travailleurs font la grève blanche, mais le président du syndicat bureaucratique du secteur publique (ADEDY) a condamne dans les medias cette pratique et il a dit qu il va prendre des mesures...

La manif de 29/06 contre le projet de loi pour l’assurance sociale (pension de base 360 euros apres 40 ans du travail!!) même si elle n’etait pas très nombreuse (40.000 manifestants), était assez dynamique.

photos: https://athens.indymedia.org/front....

https://athens.indymedia.org/front....

http://www.occupiedlondon.org/blog/...

En tout cas, le gouvernement a pris la décision de renvoyer la discussion pour la vote de la loi pour la semaine prochaine (il y a des députes qui sont contre, parce qu’ils voient les réactions sociales. A mon avis, tous les députés du PASOK [Parti socialiste] devraient normalement voter le projet de loi, parce que si non le premier ministre a dit qu’il allait organiser de nouvelles elections...)

Les membres du PAME (syndicat lié au KKE, Parti communiste) ont bloqué pour toute la journée (29/06) le port du Pirée en cassant le bloc des MAT (CRS). Les médias ont declenché un vrai délire contre le KKE en lui reprochant la chute du tourisme.

A suivre ....

=====================

Pour ceux qui souhaiteraient apporter une soldiarité financière aux compagnons grecs en lutte, et particulièrement au travailleurs du restaurant Banquet, il est possible d’adresser leurs donc sous forme de chèque à l’ordre de CNT-AIT (mention "solidarité Grèce-Banquet" au dos) à CNT-AIT 108 rue Damrémont 75018 PARIS

=====================

Forum rouge et noir : v...

Liste de diffusion Actualité de l’anarchosyndicalisme : http://liste.cnt-ait.info

Anarchosyndicalisme ! : http://www.cntaittoulouse.lautre.ne...

[1] 1] Anarchosyndicalisme ! n°117,

« Printemps grec : Dans la spirale infernale du capitalisme »

http://cnt-ait.info/article.php3?id...

et

« Printemps grec : Aux prises avec la stratégie étatique »

http://cnt-ait.info/article.php3?id...

[2] Sur la lutte des Interattica :

http://cnt-ait.info/article.php3?id...

Sur la lutte des travailleurs du restaurant Banquet :

http://cnt-ait.info/article.php3?id...

[3] Syndicat majoritaire, équivalent de la CGT. Son siège avait été occupé par les révoltés en décembre 2008

[4] Syndicat du secteur public

[5] Comme partout dans le monde, les centrales syndicales grecques sont dans un double jeu permanent : elles sont un des outils du pouvoir pour obtenir la soumission des foules et, pour cela, elles sont obligées de « faire un petit quelque chose » pour ne pas décevoir leurs adhérents et sympathisants (ce qui leur permet de conserver leur capacité d’encadrement des foules, et donc de remplir leur rôle d’outil du pouvoir). Ce texte est un extrait d’un courrier dont l’intégralité ainsi que d’autres textes en relations avec les luttes en ce moment peuvent être lus sur : http://cnt-ait.info.
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Re: GRECE 2010

Messagepar CLN » Jeudi 18 Nov 2010 18:01

article tiré du site le jura libertaire


Jeudi 18 novembre 2010 4 18 /11 /2010
LE JURA LIBERTAIRE

Manif anniversaire du soulèvement de l'École Polytechnique à Athènes

Brèves de la manif de ce soir à Athène
s
Il va nous falloir un petit peu de temps avant d'appréhender les évènements de la journée à Athènes — et ce n'est sûrement pas le meilleur moment pour le faire — écrivant ces lignes après avoir passé 12 heures dans les rues. Mais malgré ça, un premier brouillon est en ordre.

La police antiémeute devant le slogan mural

«La Troïka [id est le FMI, l’Union européenne et la Banque européenne]
n’est pas une image sur vos écrans de télévision ;
Notre réponse est dans la rue».
Athènes, le 17 novembre 2010.

Ce qui s'est passé aujourd'hui a été important. En premier lieu, il avait à la manif d'aujourd'hui un sentiment particulier. C'était la plus grande manif de célebration des émeutes de Polytechnique de 1973 depuis plus d'une décennie (30'000 selon la police, à peu près le double en chiffres réels). Un sentiment très tendu dans l'air. Avant même le départ de la manifestation, il a eu des confrontations avec les jeunes du PASOK — le parti social-démocrate qui est au pouvoir — qui ont eu l'effronterie d'essayer de joindre la manif. La police des deux côtés du cortège, avec leurs mains tout le temps sur les gâchettes de leurs armes lacrymogènes. Les gens attendaient que quelque chose arrive des deux côtés, le nôtre et celui de la police.
Et quelque chose s'est passé. La plus intense et nombreuse manifestation qui a eu lieu à Athènes depuis le 5 mai. Les flics chargeant à chaque opportunité, à chaque fois qu'ils parvenaient à isoler des manifestants du cortège. Les gens eux aussi ont chargé la police, pendant la manif et aussi plus tard dans la soirée, à Exarcheia. Mais ce sentiment particulier n'est pas parti, on attend toujours que quelque chose arrive… Ce soir c'était le dernier jour d'un long été. Demain c'est le premier jour d'un étrange hiver, un bel hiver — on espère.
Plus de 50'000 manifestants ; au moins 30 arrestations.
Traduit de l’anglais (From The Greek Streets), 18 novembre 2010.
Grèce : des milliers de Grecs commémorent la révolte contre les militaires
Des milliers de personnes ont défilé mercredi à Athènes et protesté contre les mesures d'austérité du gouvernement, à l'occasion de la commémoration de la révolte étudiante de 1973, réprimée dans le sang par le régime militaire de l'époque.
Selon la police, quelque 20.000 personnes, principalement des étudiants, des ouvriers et des membres de partis de gauche, ont participé à cette marche, rejoints par des retraités et même des enfants accompagnés de leurs parents.
Comme tous les ans, les manifestants ont défilé sur quelque 3 km pour commémorer la révolte étudiante. Mais cette année, ils ont également protesté contre les mesures d'austérité adoptées par le gouvernement pour faire face à la crise qui secoue le pays.
Devant l'ambassade américaine, point sensible du défilé, ils ont lancé des slogans contre les Etats-Unis mais la plupart des banderoles et des mots d'ordre concernaient en priorité l'actuelle crise financière.
À la fin de la manifestation, la police a interpellé plus de quarante personnes après avoir tiré des grenades lacrymogènes contre un groupe de manifestants qui lançaient des pierres et des bouteilles contre les policiers.
Cinq manifestants ont été également interpellés à Patras et rapidement relâchés lors d'une manifestation nettement moins importante.
Le gouvernement grec a adopté une série de mesures d'austérité destinées à redresser la situation économique et a été contraint de recourir à l'aide du Fonds monétaire internationale (FMI) et de l'Union européenne, des décisions vivement critiquées par une large partie de la population.
«Nous payons pour leurs profits, nous ne paierons pas pour leur crise», «Contre l'austérité et la soumission», pouvait-on lire sur de nombreuses banderoles de tonalité fortement anti-capitaliste. «Ils vous ont déclaré la guerre, il faut contre-attaquer», scandaient de nombreux manifestants.
Quelque 12.000 personnes ont défilé à Thessalonique, la deuxième ville du pays et comme à Athènes, des manifestants ont scandé des slogans contre les États-Unis devant la représentation américaine.
Les forces de l'ordre étaient d'autant plus en alerte que les mesures d'austérité du gouvernement socialiste ont provoqué de vives tensions sociales.
Un dispositif de quelque 7.000 policiers avait été déployé dans la capitale et les mesures de sécurité avaient été renforcées près des bâtiments publics et des ambassades.
Depuis que le gouvernement a adopté ses mesures de rigueur, six grèves générales et de nombreuses manifestations, parfois violentes, ont été organisées. Les syndicats ont prévu de nouvelles actions d'ici la fin du mois et le mois prochain.
La Grèce a obtenu au printemps un prêt total sur trois ans de 110 milliards d'euros de la part de ses partenaires de la zone euro et du Fonds monétaire international, pour faire face à de graves problèmes financiers. En échange, Athènes s'est engagée à restructurer son économie et à réduire de manière drastique les salaires, les retraites et les dépenses publiques.
La révolte étudiante de 1973 est une date très importante pour de nombreux Grecs car ce soulèvement est souvent considéré comme le prélude au rétablissement de la démocratie en Grèce.
La répression de la révolte par la junte militaire avait fait au moins 44 morts.
CLN
 

Re: GRECE 2010

Messagepar lucien » Mercredi 15 Juin 2011 22:52

Assemblée populaire, occupation d'un hotel de ville ou d'une préfecture... :

- [Grèce] Grève Générale du 15 Juin 2011 : les nouvelles du front !

- Indymedia Athens (photos)
Le monde ne se compose pas d'anges révolutionnaires, de travailleurs généreux d'une part, de diables réactionnaires et de capitalistes cupides de l'autre.
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Re: GRECE 2010

Messagepar AnarSonore » Samedi 27 Aoû 2011 20:28

Athènes : "Nous sommes à un stade embryonnaire de la démocratie directe"
:arrow: http://www.magmaweb.fr/spip/spip.php?article520

Propos recueillis à Athènes courant juillet 2011, par le Collectif Lieux Communs.

Ce texte fait partie d’un travail préparatoire sur le mouvement grec en vue d’une brochure qui devrait sortir mi-septembre.


Sp. a 33 ans. Il milite depuis 15 ans dans les milieux anarchistes-autonomes et dans le syndicat de base de sa filière (travailleurs des librairies, imprimeries et maisons d’édition). Il n’a pas participé intensivement aux activités du mouvement de la place de la Constitution, à l’exception de quelques assemblées générales et des trois journées de grève.


Commençons par les soulèvements arabes. Comment penses-tu qu’ils ont influencé le mouvement de la place de la Constitution ?

En termes d’événements et de résultat final, il n’y a aucun rapport entre les deux. En termes de représentation, les soulèvements arabes ont influencé le mouvement actuel de manière positive. Dans les pays du Maghreb et en Egypte, le peuple s’est affronté à des régimes corrompus, autoritaires, et à des gouvernements illégitimes. Mais alors qu’ici le pacifisme était présenté comme un trait fondamental du mouvement et comme une attitude face à la répression, lors des soulèvements arabes, il y a eu de la violence, ça a été la guerre. Et ce qui est étonnant, c’est que ces peuples ont été intransigeants, prêts à aller jusqu’au bout. Ils n’auraient pas reculé s’ils n’avaient pas réussi à chasser les dictateurs. Ils ont affronté l’armée, il y a eu des morts, mais ils n’ont pas reculé. Et l’essentiel, c’est précisément cela. Ils ont réussi à atteindre leurs buts déclarés : les régimes se sont effondrés, les classes dominantes ont été chassées. Cela a laissé l’impression d’un peuple, d’hommes et de femmes ordinaires, qui se battent à mort et qui triomphent. En Grèce au contraire, on a échoué.

Une idée répandue veut que toute cette histoire ait commencé par des appels de citoyens « indignés » lancés à travers les réseaux sociaux. C’est aussi ton impression ?

Ecoute, les choses sont un peu complexes. En Grèce il y a depuis un certain temps une attitude assez courante de rejet des partis qui traduit une crise, disons, de confiance vis-à-vis du régime politique en général. Les gens n’ont pas confiance dans les politiciens, même s’ils votent pour eux. C’est la logique du bras d’honneur [assez typique en Grèce, le geste de la main ouverte est très insultant] devant le Parlement. Ils accusent les députés de tous les maux et votent pour eux en même temps. C’est problématique, parce que ça vise aussi des gens qui ne sont pas directement impliqués dans les affaires. Les députés du PC et de Synaspismos [gauche réformiste] n’ont pas la même participation au pouvoir et la même implication dans les scandales, la corruption, etc. Je veux dire que cette attitude obéit à la logique du « tous pourris ». En ce qui nous concerne, nous qui sommes contre le parlementarisme, qui mettons en avant la démocratie directe et qui visons toujours une société autonome et libertaire, cela ne nous réjouit pas : c’est très ambivalent et ça peut se retourner contre nous : cette mentalité antipolitique peut s’attaquer aussi à des initiatives qui essaieraient d’articuler un discours politique concret. Je veux dire que cette aversion pour l’organisation, pour l’engagement politique en général, et pour l’activité politique dans le cadre d’un parti cache deux pièges. Le premier c’est que ça pourrait conforter l’idée selon laquelle on pourrait se passer de toute logique d’organisation comme mode d’action politique en général. Autrement dit, qu’on pourrait quand même avancer sans engagement, sans prise de responsabilité et sans respect de procédures et de décisions collectives. Et le second, c’est que ça risque d’assimiler tous ceux qui forment des organisations, des collectivités politiques à des tricheurs, des imposteurs qui visent à instaurer un régime identique ou proche de celui en place actuellement.

Je dirais donc qu’il n’y a pas une disposition, une volonté des gens d’intégrer toutes ces petites contre-structures qui sont en train de naître actuellement sur les places publiques, dans une logique d’organisation à grande échelle. Il est peut-être d’ailleurs trop tôt, vu que pour moi, en Grèce, tout cela ne fait que commencer. Je veux dire qu’il y a des germes, des choses qui ont surgi et qui pourraient peut-être conduire à des évolutions qu’on n’imagine pas. D’ailleurs, le fait qu’on ait mis en avant la démocratie directe est peut-être un signe.

C’est très intéressant. Comment penses-tu que la société perçoit cela ? Et pourquoi la démocratie directe ?

C’est un peu complexe. Et intriqué. Les mouvements des places publiques mettent en avant plusieurs choses. Ils demandent que le mémorandum soit supprimé [le Mémorandum désigne l’accord entre le gouvernement grec et la troika (FMI, BCE, Commission Européenne) qui dicte la politique financière de l’Etat grec afin qu’il puisse rembourser sa dette], que le FMI et la troïka s’en aillent, que le gouvernement s’en aille aussi, que le pays sorte de l’UE. En tout cas, quand bien même le projet positif serait vraiment la démocratie directe, il ne saurait y avoir démocratie directe sans travail du local vers le global, l’universel. Ce travail au niveau du local (des quartiers) cette élaboration et cette articulation n’ont pas encore été faits. Et cela parce que les assemblées de quartiers, par exemple, se bornent à une posture d’opposition. Les gens s’y rassemblent, discutent et font des choses mais n’ont pas encore essayé d’aller plus loin. Pour moi, s’orienter vers la démocratie directe, cela présuppose des structures qui fassent remonter le mouvement du local vers le global. Donc, pour commencer, les assemblées de quartiers devraient passer à une logique d’action plus étendue et plus profonde.

Tu peux développer, donner des exemples ?

Oui. Les assemblées de quartiers pourraient, par exemple, décider d’entreprendre des actions dans des domaines désertés par l’Etat, corriger les lacunes, les défauts, non dans une logique d’action complémentaire, mais à la racine. L’Argentine est un exemple en la matière. Quelques domaines de la fonction publique ainsi qu’une partie de l’activité privée sont passés à l’autogestion, à l’auto-organisation. Sans cela, dans un premier temps, il ne saurait y avoir de démocratie directe ; il ne saurait y en avoir, même sous la forme partielle et obscure dont les gens la conçoivent actuellement. Et puis, la démocratie directe doit être réalisée, structurée et déployée du bas vers le haut. Mais il est trop tôt. Nous sommes à un stade embryonnaire. Les gens commencent à peine à se parler, à discuter entre eux et à réfléchir à ces questions. Qui plus est, je ne sais pas vraiment ce qu’ils entendent par démocratie directe, ni si ceux qui en parlent la veulent vraiment ; j’ai quelques réserves là-dessus.

Comment comprends-tu cette contradiction entre les mots d’ordre radicaux comme « démocratie directe », « tout le pouvoir aux assemblées populaires », et les revendications réformistes ?

D’un certain point de vue, c’est normal. Cette contradiction reflète le caractère hétéroclite du mouvement. Ceux qui étaient déjà dans des organisations politiques mettent en avant les projets politiques de leur organisation. Ceux qui militaient dans le mouvement social en général mettent en avant leur idéologie. Ceux qui sont descendus dans la rue pour la première fois l’ont fait surtout pour dénoncer tout ce qui se passe et s’extérioriser. Il y a quand même une frange qui n’appartenait jusque là à aucune organisation ou structure, qui ne militait pas, mais qui veut prendre les choses au sérieux et qui se pose des questions, des gens qui veulent aller plus loin. Et sur ces gens-là, il est trop tôt pour se prononcer. Je dirais seulement que beaucoup de choses dépendront de la volonté de ces gens d’élucider ces questions et d’entreprendre une action politique.

Comme je l’ai dit, le mouvement est hétéroclite. Il y a des petit-bourgeois qui ne veulent pas faire le deuil de la consommation. Il y a des gens « à sec », en situation précaire, qui se rendent compte que ca ne peut plus durer ainsi. Il y en a d’autres qui ne veulent plus de ce régime politique et qui réalisent que le monde ne changera pas sans leur participation effective et active. Pour moi, il y a quatre éléments qui, globalement, caractérisent ce mouvement.
D’abord, la lutte contre le mémorandum et les nouvelles mesures d’austérité.
Ensuite, le succès rencontré par l’assemblée en tant que telle, l’assemblée comme institution si j’ose dire – et l’idée que la participation et la procédure en elles-mêmes sont des questions importantes, majeures.
Troisièmement, une volonté de parler librement, de s’exprimer et, en même temps, une volonté que tous les points de vue, les opinions soient entendus.
Et enfin, la mise en avant paradoxale de la démocratie directe. Il est paradoxal parce qu’une grande partie des gens impliqués dans le mouvement, et bien sûr de la société elle-même, n’est pas du tout dans cette logique, dans cet esprit et que, malgré ça, il a rencontré un succès stupéfiant ! Imagine-toi bien qu’il s’agit de toute une frange qui ne participait à rien, de gens qui n’avaient jamais – ou quasiment jamais – milité, qui étaient « exclus » – au sens où il manquait les structures qui auraient pu les intégrer, et où tout un système social concourait à leur non-participation. Et cela est d’autant plus contradictoire que les gens posent dés le début ce qui est le but final, le projet final. Et cela il ne faudrait pas le prendre comme quelque chose de négatif. Parce que les choses commencent à bouger maintenant, je pense.

Durant ce mouvement, il y a eu deux moments importants : le 15 juin et les 28-29 juin, ces trois jours ayant été des journées de grève générale. Quel a été l’héritage de ces trois journées ? Ont-elles contribué à faire avancer les choses, ou ont-elles constitué un recul ?

Je dois d’abord ajouter un mot à ce que je disais tout à l’heure. En un certain sens, les « indignés » proprement dits, c’est toute cette « masse cruciale », qui n’est ni les déjà-politisés, ni les syndiqués, ni les militants en général, ni les petit-bourgeois qui veulent revenir à leur niveau de vie antérieure, ni une partie des précaires. Je veux dire par là que les « indignés » d’aujourd’hui ne sont pas les « indignés » d’autrefois – qui ne se satisfaisaient ni de la situation ni du système politique en général et qui voulaient autre chose, ce qui, pour eux, était concret et clair (leur propre programme ou idéologie politique par exemple). Ceux d’aujourd’hui ne veulent pas de ce qui se passe actuellement mais ils ne savent pas non plus ce qu’ils veulent ni quoi faire.

Je dis cela parce que c’est lié à la réponse à ta question. En fait, et c’est pour cela que les deux dates sont importantes, cette « masse cruciale » n’est pas descendue dans la rue pendant les jours de grève générale. Le 15 juin surtout, jour le plus important à mes yeux, les gens en grève et dans la rue étaient ceux qui participent régulièrement aux mobilisations. Je veux dire que cette « masse cruciale », lors de ces trois jours, a fait ce qu’elle faisait auparavant. Elle n’y a pas participé. C’est pour cela que toute cette histoire de blocage a abouti à un échec, ça n’a été qu’une fanfaronnade déconnectée du mouvement, de ses limites, de l’état d’esprit des gens. Bref, je dirais que durant ces trois jours les indignés ont déserté les initiatives des franges les plus mobilisées et les plus combatives de la société.

A cela s’ajoute le fait que lors des rassemblements paneuropéens, les dimanches [où l’assemblée appelait les autre peuples à se mobiliser], il y avait énormément de monde sur la place de la Constitution. Les indignés étaient là le dimanche 12 juin, chahutant et dénonçant tous azimuts, mais ils étaient absents le mercredi 15, jour de la grève générale et du blocage du Parlement. Idem pour les événements des 28-29 juin, qui ont tourné en défaveur du mouvement parce que d’un côté les indignés étaient absents, et que de l’autre, la répression a accéléré sa dégénérescence.

Est-ce que cela est dû au fait que l’objectif du blocage était peut-être trop ambitieux ?

Je pense que l’objectif lui-même n’était peut-être pas trop ambitieux. Le problème c’est que les gens, lors des assemblées avant le 15 juin, ont voté pour le blocage, puis ont laissé les autres aller s’affronter aux flics. Et là surgit le problème principal de l’engagement et de la responsabilité. La démocratie directe exige une participation active et un investissement personnel. Cela n’a pas été compris.

C’est un problème majeur. Penses-tu que cette attitude est courante dans la société grecque actuellement ?

La culture politique du régime représentatif est précisément de produire des individus, des attitudes, des comportements « irresponsablo-responsables ». A travers la violence de toute la structure sociale, à travers le modèle de représentation qu’il propose, le régime actuel oblige, ou incite, soit à la non-participation, soit à la participation partielle. Je pense que ce qu’on a vu de l’attitude des indignés est un produit, un résultat du système. Elle est « normale », habituelle. Et la situation actuelle, vue globalement, est en quelque sorte l’expression en creux de la crise du système représentatif. En conséquence, si les gens veulent dépasser les limites du mouvement de la place de la Constitution, ils devront combler cet écart entre leurs mœurs politiques actuelles et l’attitude qu’exige un régime vraiment démocratique.

Pourrais-tu nous parler un peu de la provenance de classe des gens qui ont participé dans ce mouvement ?

C’était assez hétérogène. Il y avait des gens de presque toutes les couches moyennes. Il y avait même des patrons de PME. Il y avait aussi beaucoup de petit-bourgeois avec tout ce que cela comporte de négatif. Il y avait aussi clairement des jeunes « précaires » et des gens issus de couches plus populaires. Mais pas d’immigrés, ni de gens issus des couches les plus basses ou à la limite de la pauvreté, ni les marginaux ou les lumpen. Contrairement à décembre 2008, ces gens-là étaient exclus. De plus, je ne pense pas que les structures et les procédures du mouvement auraient pu les intégrer. Il y avait une distance culturelle qui n’a pas pu être comblée.

Le programme de moyen terme a été voté [il s’agit du paquet de nouvelles mesures d’austérité pour la période 2011-2015 afin que l’Etat grec puisse équilibrer ses finances publique], et le mouvement de la place est en train de s’essouffler. Comment vois-tu l’évolution des choses dans les mois à venir ?

Je pense que dans la société, il y aura, en gros, deux tendances : celle qu’on appelle le cannibalisme social, et celle qui mettra en avant la solidarité et l’entraide. Et je pense que la première l’emportera, étant donné la culture et le type anthropologique dominants. De la part des gens du mouvement social, il y aura un effort pour continuer le combat, sous de formes qui restent à définir. Ce qui est sûr, pour moi, c’est que la violence va augmenter. Je parle de la violence sociale, interclasse, interpersonnelle, dans la vie quotidienne, au travail. L’enjeu consistera en la disposition, en la volonté des gens de contribuer à la solidarité sociale et à l’entraide. Au niveau local, dans les quartiers, l’enjeu principal sera l’attachement des gens à la participation active aux luttes collectives et à la solidarité.

Compte tenu de l’histoire particulière de la Grèce moderne, penses-tu qu’une guerre civile est probable ?

C’est sans doute la question la plus pertinente et la plus cruciale. Je ne pense pas d’ailleurs que la guerre civile soit finie. Je te rappelle qu’un des slogans écrits sur les murs lors des événements de décembre 2008 était : « L’accord de Varkiza n’est plus valide, on est en guerre (1) ». De plus, lors du mouvement, il y avait aussi une logique de Varkiza, si j’ose dire : c’est dans ce sens que j’interprète l’appel à l’unité, selon lequel on serait « tous ensemble », on serait « unis », on aurait un ennemi « commun », notre but « commun » serait de chasser la troïka et d’abolir le programme de moyen terme, etc. Mais ce n’est pas vrai. La guerre civile n’est pas finie. Et j’ose dire qu’elle est déjà là, dans un certain sens : depuis plusieurs années, il y a une frange de la société grecque dont les dominants se fichent, même s’ils n’arrêtent pas de répéter les âneries sur « la participation aux élections, etc ». Et cette frange pourrait atteindre entre dix et vingt pour cent de la population. Alors qui sont ces gens-là ? Ce sont peut-être des électeurs du PC ou de Synaspismos. Ce sont peut-être aussi ces gens qui ne participent à rien et qui l’admettent cyniquement. Je veux dire qu’il y a une partie de la population qui est négligée, dont on se fout, mais aussi dont on ne parvient pas à cerner l’état d’esprit. Je peux seulement dire que beaucoup parmi les indignés appartiennent à cette catégorie-là, et donc que les indignés ont aussi été, entre autres, ceux dont on ne voulait pas entendre la parole. Il y a aussi la mouvance anarchiste-antiautoritaire-autonome qui a beaucoup augmenté en nombre depuis décembre 2008. Ce qui pourrait déclencher une guerre civile ouverte, ce serait une dictature, modérée ou brutale. Bien sûr, une telle dictature est déjà là, sous la forme du régime parlementaire. C’est la démonstration de ce que nous disions depuis toujours, à savoir que le parlementarisme est, essentiellement, une dictature – mais on nous prenait pour des extrémistes.

En tout cas, la possibilité d’une dérive dictatoriale est une des raisons pour lesquelles je pense qu’il faudra quitter le modèle centraliste de la place de la Constitution et se tourner vers le local, les quartiers. Ce centralisme reproduit en creux celui du Parlement.

Comment comprends-tu cet appel constant et obsessionnel à l’unité et ce rejet des partis politiques ? Cet appel pourrait-il cacher le danger d’une évolution vers des phénomènes de manipulation de masse ?

Je répondrai en commençant par la fin de ta question : heureusement qu’il n’y a eu, jusqu’à présent, aucun leader charismatique capable de regrouper les gens autour de lui. D’un autre côté, il est évident que le PASOK n’a pas besoin de leaders, de dictateurs. Le PASOK est un dictateur collectif et il s’en sort très bien. Dans quelque temps, il aura peut-être recours à un gouvernement de coalition. Et quand ce gouvernement ne pourra plus continuer, alors là, on verra peut-être un gouvernement de technocrates universellement acceptés. Cela est déjà mis en avant par quelques libéraux. Ils proposent un gouvernement de spécialistes qui ne se sont pas mêlés de politique auparavant – et qui sont, donc, incorruptibles.

Lors des premiers jours du mouvement, on a aussi entendu cette idée, exprimée par des participants, de remplacer les politiciens corrompus actuels par une oligarchie de spécialistes.

Cette idée a surtout été élaborée et diffusée par la nomenklatura grecque. Tous ceux, de droite ou du PASOK qui ont participé au mouvement l’ont bien accueillie, je pense. Mais il me semble qu’un tel régime serait un régime d’état d’urgence. Ce serait une version modérée de la dictature, molle si je puis dire. Mais je reviens à mon idée centrale qui veut que le régime représentatif est déjà cela. On a pu le constater lors des événements du 29 juin, en termes de répression et de « gestion » d’une foule enragée.

Sur la question de l’unité : ça pourrait être une sorte de prise de conscience collective de la situation merdique dans laquelle nous nous trouvons « tous ensemble ». Ca pourrait aussi dissimuler un apolitisme sous-jacent, dans le sens où ça nous évite de parler du fait qu’on n’a rien fait depuis longtemps et qu’actuellement nous nous unissons derrière un projet commun que, cependant, nous n’explicitons ni n’essayons de réaliser. Il est vrai que l’invocation de l’unité était constante lors des grands moments révolutionnaires du passé, mais pas du tout sous la forme qu’elle a prise lors de ce mouvement. Enfin, l’unité est invoquée par les indignés les plus atypiques, si je puis dire : des gens de droite, une partie des gens du PASOK, en général les gens les mieux intégrés au système actuel. Et ils le font afin de maintenir dans la société la mentalité apolitique, et de faire reculer les dispositions radicales. Bref, je trouve que la logique de l’unité devient une arme contre les idées politiques, contre les propositions politiques concrètes et les projets, qu’on y souscrive ou pas.

Notes

1 - L’accord de Varkiza fut signé en février 1945, après les affrontements sanglants de décembre 44 entre les forces armés des communistes d’un côté et l’armée britannique et les forces du gouvernement officiel de l’autre. Il imposait le désarmement des communistes qui, après avoir mené la résistance contre les nazis et gagné un soutien social considérable, aspiraient au pouvoir. En contrepartie, leur intégrité physique devait être garantie. Ce dernier terme ne fut respecté ni par l’Etat ni surtout par les milieux de droite et, un an plus tard, la guerre civile éclatait
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Re: GRECE 2010

Messagepar lucien » Mercredi 05 Oct 2011 22:36

La journée de "grève générale" de ce 5 octobre en Grèce, en texte et images :

http://verba-volant.info/es/5-de-octubr ... esalonica/

Les syndicats officiels et le parti "communiste" ont tenu leurs propres rassemblements et marches dans une grande hâte. La marche vers le Parlement s'est précipitamment terminée.
Le monde ne se compose pas d'anges révolutionnaires, de travailleurs généreux d'une part, de diables réactionnaires et de capitalistes cupides de l'autre.
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Re: GRECE 2010

Messagepar AnarSonore » Samedi 22 Oct 2011 18:18

Sur le mouvement social en Grèce
http://anarsonore.free.fr/spip.php?article535

http://anarsonore.free.fr/IMG/mp3/vls15 ... n-1h08.mp3

L’occupation de la place Syntagma à Athènes, décidée dans le sillage du mouvement des « indignés » espagnols et en réaction aux plans d’austérité du gouvernement grec, a duré deux bons mois (du 25 mai 2011 à l’expulsion des occupants fin juillet). Elle a été l’occasion d’expérimenter des formes d’organisation, de débat et de résistance qui ont donné un sens concret immédiat à l’idée de démocratie directe défendue par les occupants. Deux participants à l’occupation, membres du collectif Lieux communs, nous racontent les grands moments, les difficultés et les limites de cette expérience. Réalisé le 15.09.2011 par l’équipe de l’émission Vive la Sociale sur radio FPP

Le mouvement grec pour la démocratie directe
Le « mouvement des places » du printemps 2011 dans la crise mondiale - Première partie - Brochure n°18 - Collectif Lieux Communs - Septembre 2011
http://anarsonore.free.fr/IMG/pdf/Mouve ... Partie.pdf
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Re: GRECE 2010

Messagepar Lambros » Samedi 22 Oct 2011 20:59

Euh quelqu'un-e aurait des infos sur l'affrontement entre le KKE marxiste-léniniste et les anarchistes, qui aurait fait 16 blessé-e-s (un sympathisant nous a dit ça tout à l'heure...) ?
L'émancipation des chrétien-ne-s sera l'œuvre de Dieu lui même.
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Re: GRECE 2010

Messagepar lucien » Dimanche 23 Oct 2011 22:48

On a reçu la traduction de ceci :

http://baruda.net/2011/10/23/un-comunic ... comunista/

Une déclaration de la place Syntagma sur le "Parti communiste grec"
23 octobre 2011 Baruda

Après Varkiza [1], l'École polytechnique [2], l'Ecole de Chimie (1979) [3] Décembre 2008 [4] et un certain nombre d'autres cas, la réalité révèle encore une fois le rôle du parti qui trahit systématiquement les luttes populaire. Et si jusqu'à présent, ils ont étranglé par leurs charges politiques et chacun des élans déterminés vers la grève générale durant toutes ces années, si ils ont insulté toutes les révoltes comme autant de "provocations", l'histoire montre à partir de maintenant que ne sont pas «de simples erreurs politiques "mais une position consciente et coordonnée pour défendre la dictature parlementaire des rapports capitalistes et financiers et sociaux.
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C'est ce qu'ils ont fait hier (20/10), aussi, même si jusqu'à ce moment qu'ils ont appelé le peuple à l'événement pour le renversement du gouvernement. Au lieu de protéger ceux qui entouraient le parlement est d'avoir protégé le bon fonctionnement, a agi plus brutalement par la police, brisant la tête des manifestants et la livraison aux forces de répression. La pire chose qu'ils firent fut de légitimer l'État, qui a tué un de leurs compagnons,en accusant du meurtre des milices privées.
Depuis hier, de façon définitive et irréversible, le soi-disant "Parti communiste" n'est rien de plus une barrière contre toute tentative d'enterrer le cadavre du Parlement. Tout être humain libre qui lutte pour sa dignité en ces jours cruciaux doit l’identifier politiquement comme une cible. Cette phrase ne doit pas être lue comme une scission dans le mouvement. Nous avons des problèmes et des objectifs communs avec les électeurs, «parti communiste», mais les politiques et les pratiques de leadership dont les lèvres pendent suivant les ordres du gouvernement et le FMI et l'UE émissaires de la BCE. Nous n'avons jamais défilé côte à côte avec eux, et ils ne seront jamais avec nous. Nous devons tous garder à l'esprit que le "Parti communiste" agira comme une cinquième colonne du régime dictatorial, espérant encore une fois attraper quelques miettes de la table de parlement, comme il l'a fait en 1990 [5].
La position de tous les groupes politiques, parlementaires ou non, qui ont soutenu les actes du "Parti communiste", ou indirectement par leur silence, ou directement avec leurs déclarations, sont tout aussi condamnables. Tant que ces partis restent dans un Parlement composé de bénéficiaires de l'ordre de la Troïka et continuent à recevoir leurs salaires confortables, portent la responsabilité pleine et entière de ce qui est arrivé jusqu'ici et de ce qui s'en vient. Leur vote négatif au Mémorandum et les lois votées long précision révéler leur rôle dans la dictature, fournissant avec l’alibi de la démocratie et de la pluralité des formations en lice, le plein soutien aux représentants au Parlement, afin que le peuple pauvre continue de compter les votes exprimés lors de chaque séance à date fixe prédéterminée et d’entériner le vote de lois au Parlement qui décident de son avenir - et dans le même temps, ces mêmes gens pauvres sont nourris par l'illusion que quelqu'un parle en leur nom et dans leur intérêt. C’est ainsi qu’ils laissent l'opposition à des politiciens professionnels, et ne ressentent plus le besoin de réagir immédiatement et en personne. Tout vote, même de partis extra-parlementaires de l’ «extrême gauche» aux élections nationales et locales n'est rien d'autre que de l’ huile dans les engrenages [machine] et une légitimation de la «justesse» de la dictature parlementaire.
Depuis le 25 mai, quand nous nous sommes rassemblés sur la place, nous avons constaté que la démocratie directe est la capacité de chacun d'entre nous de participer, de se consulter mutuellement, à façonner nos idées ensemble de manière autonome, loin des étiquettes idéologiques parlementaires. Nous allons rester ici, contre leur bureaucratie parlementaire et de leur faillite.
Nous prenons nos vies dans nos mains
DÉMOCRATIE DIRECTE MAINTENANT
L'Assemblée populaire de la place Syntagma, 21/10/2011
1. Référence au Traité de 1945 Varkiza, où le Parti communiste a trahi les milliers de lutte des combattants armés et la guerre civile, en échange de sa légalité sous le nouveau régime
2. La référence à la position initiale du Parti communiste contre le soulèvement Polytechnique de 1973 qui a conduit au début de l'effondrement de la junte fasciste. Puis il a appelé les étudiants, dont beaucoup ont été tués "provocation policière"
3. La référence à l'accident de 1979 à l'Ecole de Chimie d'Athènes, où les membres du Parti communiste ont brisé l'occupation de l'école, en travaillant directement avec la police
4. Une référence, bien sûr, à la condamnation la plus récente de la révolte de Décembre 2008


Et puis :

http://athens.indymedia.org/front.php3? ... id=1346025
http://verba-volant.info/es/una-vez-mas ... a-general/
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