APPEL A LA SOLIDARITE AVEC HAITI

La lutte est globale... Solidarité a-nationale !

APPEL A LA SOLIDARITE AVEC HAITI

Messagepar SOLIDARITE » Dimanche 17 Jan 2010 8:54

Pour info, une initiative qui sort du cadre humanitaire pour entrer dans une perspective politique (et même révolutionnaire vu la situation) :

Appel à la solidarité

et à l’envoi de fonds pour les travailleurs d'Haïti !



Une catastrophe naturelle vient de s'abattre sur Haïti, dont nous n’entrevoyons encore que la surface. Les haitiens vont devoir lutter pour reconstruire leur vie et leurs maisons, et ce vraisemblablement pour des décennies considérant cet effondrement sans précédent, à la fois physique et social.

Pourtant, malgré les l'imprévisibilité des tremblements de terre, ce désastre est contre nature, une monstruosité de notre temps. L'ampleur des dégâts du tremblement de terre fait partie du coût de l'exploitation effrénée qui, à chaque moment, met le profit devant la santé, devant la sécurité et devant le bien être du peuple de Haïti.

Alors que le monde observe - prêt à aider, le pouvoir voit l’occasion de traiter une opportunité. Les travailleurs et paysans de Haïti ont lutté pendant des décennies pour leurs droits aux plus basiques niveaux de l’existence, tandis que les forces d’occupation de l’ONU, l’Etat et les élites dirigeantes maintenaient la misère sociale, sans fléchir. Maintenant que Port-Au-Prince n’est plus que gravât, de nouvelles opportunités s’offrent pour les dirigeants de reconstruire Haïti dans leurs seuls intérêts propres.

Mais de la même façon, les travailleurs et paysans haïtiens pourraient affirmer leur droit à leur Haïti ; un où ils ne seraient pas contraints de vivre dans des immeubles dangereux, ni de travailler uniquement pour remplir les poches des élites, étrangère ou locale.

Quand nous cessons de regarder l’horreur pour prendre des actions décisives, les progressistes nous pouvons offrir une alternative. Il ya un désir fort et beau de faire quelque chose, pour aider les autres en ce temps de besoin. Nos actions sont plus fortes lorsque nous nous organiser nous mêmes, et que nous faisons un effort concerté dans l'unité. Maintenant même, nous pouvons avoir l'impact le plus profond en nous engageant à agir en solidarité avec les mouvements sociaux autonomes d'Haïti directement. Ils représentent la meilleure option possible pour le peuple haïtien, et sont dans le plus grand besoin. Dans le même temps, nous sommes les mieux placés pour les aider, en tant que personnes engagées à lutter contre un système qui fonctionne à nous exploiter tous. Nous appelons à la solidarité des individus pour les individus engagés dans une lutte commune.

Ce n'est pas seulement une question d'argent pour aider mais aussi et surtout un acte autonome et indépendant de solidarité internationale qui illumine la faillite des forces d'occupation, des sociétés multinationales, et des élites haïtiennes qui sont les premiers responsables de l'état démembré de Haïti.

Il va couler des flots d’aide et de monnaie donnés comme forme de charité. Jusqu’à la prochaine catastrophe. Notre action de solidarité ne devrait, sous aucune forme que ce soit, être exclusivement un acte d'aide humanitaire. Il ne devrait pas être un acte a-politique, et nous ne devrions pas donner le feu vert à ceux qui souhaitent capitaliser sur les souffrance des autres.

Cela devrait être un acte de solidarité avec la population en lutte de Haïti et leurs organisations, tout en rejetant dans le même temps la élites haïtiennes totalement ineptes et leur appareil d'État qui a entraîné Haïti dans la faillite. Le tremblement de terre est une catastrophe naturelle, mais l'état de Haïti, l’abjecte pauvreté des masses et l’ignoble injustice de l’ordre social ne sont pas naturels.

Nous sommes en contact avec une de ces organisations, Batay Ouvriye, et nous mettons nos moyens et notre temps à les soutenir, pour aider à la reconstruction après la catastrophe et pour maintenir la lutte pour un meilleur Haïti et un meilleur monde.


Batay Ouvriye est une organisation ouvrière et paysanne combative et de base, avec des travailleurs organisés partout à Haïti mais plus spécialement dans zones d’extrême exploitation que sont les ateliers clandestins (où l’on gagne « le salaire de la sueur ») et les zones franches. Le groupe « Miami Autonomie et Solidarité » a mis en place une caisse de solidarité et un moyen d’envoyer de l’argent pour Batay Ouvriye. Si d’autres veulent également leur envoyer de l’argent, qu’ils se mettent en rapport en envoyant un mail à :

miamiautonomyandsolidarity@yahoo.com



Miami Autonomie et Solidarité et Réseau de Solidarité Haïti Batay Ouvriye

(traduction CNT AIT Paris)
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Re: APPEL A LA SOLIDARITE AVEC HAITI

Messagepar SOLIDARITE » Mardi 26 Jan 2010 12:31

BATAY OUVRIYE

APPEL À LA SOLIDARITÉ SUITE AU TREMBLEMENT DE TERRE DU 12 JANVIER 2010 À PORT-AU-PRINCE



Le tremblement de terre du 12 janvier 2010 à Port-au-Prince, Haïti, nous a lourdement frappé au niveau des masses populaires.

En effet, aux côtés des bâtiments publics effondrés en grand nombre, ce sont nos quartiers populaires qui ont été les plus détruits. Ceci n’est pas surprenant, ce sont les plus fragiles, les plus instables : c’est là que l’Etat n’a jamais su répartir les services minima, allez voir chercher à consolider nos maisons, allez voir s’en occuper sérieusement. Au contraire, nous avons toujours été menacé d’expulsion, de « déplacement », de sorte que nous-mêmes n’avons jamais su non plus, encore moins pu nous concentrer sur l’amélioration de notre propre habitat.

Pendant que certains capitalistes cherchent à forcer les ouvriers à retourner travailler dans des usines fissurées ; pendant que les propriétaires des grands magasins se refusent à distribuer gratuitement leurs marchandises et exigent même que leurs prix augmentent ; pendant que tout le monde peut constater l’absence flagrante et honteuse de l’État, son incapacité, son incompétence (lui qui, certainement, ne sait que voler, « magouyer », en ne défendant que les grands propriétaires fonciers, les bourgeois et autres multinationales) ; pendant que la police nationale, soi-disant là pour « protéger et servir », brille également par son absence devant la catastrophe d’une part, et, d’autre part, face aux gangs qui sévissent (certainement, elle ne sait que réprimer le peuple) ; pendant que les forces impérialistes profitent de l’aide qu’ils administrent pour, de manière éhontée, approfondir leur domination et transformer les relations en une véritable tutelle sans partage… les ouvriers, travailleurs de tous genres, masses populaires en général subissent cette situation catastrophique où elles se retrouvent les bras cassés.

Une certaine presse a favorisé le développement d’aspects franchement progressistes, permettant un minimum de coordination à partir du terrain même, des comités populaires conséquents travaillent sans relâche à porter aide et secours. Seulement, partout, les moyens font énormément défaut. En vérité, en plus de nous avoir frappé violemment, le tremblement de terre nous laisse sans recours autonome et nous dépasse complètement.

À Batay Ouvriye, même si la plupart de nos cadres et membres ont pu sauver leur vie, plusieurs d’entre nous ont perdu des membres de leur famille, leur maison, leurs rares biens… plusieurs sont blessés, estropiés et, en plus d’avoir à enterrer nos morts, la survie nous devient de plus en plus difficile.



Dans la mesure du possible, nous essayons d’éviter de passer par les circuits officiels dominants mais il est tout aussi vrai que la situation devient intenable ! C’est ce qui nous amène aujourd’hui à lancer cet APPEL À LA SOLIDARITÉ en direction de tous les ouvriers, travailleurs et progressistes conséquents du monde entier pour tâcher de nous aider à sortir de cette terrible passe.

Selon un inventaire provisoire rapidement réalisé, nos besoins les plus immédiats sont les suivant et s’élèvent à :

Maisons à réparer = US $ 50,000.00

Pertes de biens = US $ 20,000.00

Soins aux blessés et aux estropiés = US $ 10,000.00

Survie immédiate = US $ 30,000.00

S’occuper des morts = US $ 10,000.00

Total provisoire = US $ 120,000.00

A cela, il nous faut ajouter 40% d’inflation, étant donné que les prix ne cessent d’augmenter et que nous ne savons pas où cela nous mènera. Pour un TOTAL plus certain, d’alors : US $ 170,000.0

Maintenant, divers contacts que nous avons commencé à développer suite à la dernière grande mobilisation autour du salaire minimum sont eux aussi dans des conditions similaires. Nous devons les aider également. Ceci demande une somme additionnelle. D’un autre côté, dans les zones où vivent nos principaux militants, des mouvements de solidarité populaire ont été mis sur pied. Nous devons les intégrer résolument, tout en y apportant l’orientation que nous pensons nécessaire en ce moment. Immédiatement également, dans le cadre de la reconstruction que les classes dominantes commencent déjà à planifier, nous devons prendre l’initiative organisée de mettre sur pied nos propres orientations afin de faire face à la prochaine catastrophe qu’elles nous préparent. Ceci également exigera des dépenses.

En tout et pour tout, nos calculs s’élèvent alors à un GRAND TOTAL de US $ 300,000.00. C’est ce qui permettra à nos membres de survivre, d’aider nos divers contacts de tout genre et, enfin, de commencer déjà à construire et propager une orientation politique ample, forte et collective, aujourd’hui dedans la lutte de survie même mais déjà apte à prévoir et faire face de manière structurée à l’autre genre de catastrophe qui nous attend : la future domination impérialiste qui, conjointement avec les classes dominantes locales et leur Etat réactionnaire, prend déjà des formes extrêmes.

Nous remercions à l’avance tous ceux qui comptent contribuer. Le moment d’une telle débâcle demande non seulement une solidarité renforcée mais encore un rapprochement conscient, initial ou en approfondissement, pour une lutte commune internationale.

Pour ceux qui comptent nous faire parvenir de la nourriture, de l’eau ou encore des vêtements, des médicaments, des petits mobiliers… l’adresse de notre local principal à Port-au-Prince est : Batay Ouvriye, Delmas 16, # 13 bis. Pour ceux qui comptent envoyer du cash, notre compte bancaire est le :

Bank Name: City National Bank of New Jersey
Bank Address: 900 Broad Street, Newark, NJ 07102
ABA Number: 0212-0163-9 City of NJ Newark
For further credit to:
Account Number: 01 000 9845
Account Name: Batay Ouvriye
Account Address: FONKOZE, Ave. Jean Paul II, # 7, Port-au-Prince, HAITI

Naturellement, nous rendrons public toutes les sommes reçues et nous informerons de nos activités au fur et à mesure de leur déroulement.

BATAY OUVRIYE

Port-au-Prince, ce 20 janvier 2010


traduit par les compagnons de l'OCL : http://oclibertaire.free.fr/spip.php?article690
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Re: APPEL A LA SOLIDARITE AVEC HAITI

Messagepar SOLIDARITE » Jeudi 28 Jan 2010 0:18

Déclaration des compagnons Brésiliens à propos de Haiti ( à noter qu'il y a un ofrt contingent militaire du Brésil en Haiti dans la mission ONU et que les compagnons sont engagé depuis longtemps dans la campagne pour le retrait des troupes brésiliennes de Haiti)
Nota em solidariedade ao povo haitiano.

A ocupação do Haiti começou à partir do ano de 2004. Com a desculpa de “missão de paz” a ONU aprovou essa ocupação e o governo brasileiro visando uma posição definitiva no conselho da ONU atendeu prontamente as ordens e enviou várias tropas para a ocupação. A chamada “missão de paz” não passa de missão de repressão ao povo haitiano que saiu as ruas em protesto contra o golpe aplicado ao presidente Jean-Bertrand Aristide, que foi sequestrado por um comando militar estadunidense, e levado ao exílio na República Centro-Africana.

Desde o início da ocupação vários ataques foram feitos ao povo, matando e ferindo várias pessoas. Os “salvadores” do Haiti também agem estuprando meninas e mulheres batem e torturam os jovens, isso de acordo com investigações realizadas pela própria ONU.
Como se já não bastassem todas essas atrocidades cometidas pelos “salvadores” da “missão de paz”, após uma onda de terremotos que causaram grandes danos ao Haiti, a ONU (com o imperialismo estadunidense no comando) não perde a oportunidade de manter a repressão ao povo haitiano, mesmo frente a essas catástrofes naturais que aconteceram.

Com a desculpa de reconstrução do país, a ONU agora ordena que sejam enviadas mais tropas para o Haiti, alegando estar repondo as tropas que foram devastadas com os terremotos, e grande parte dessas novas tropas serão enviadas pelo Brasil.

Está mais do que na hora disso parar. O Haiti não está precisando de mais repressão e sim de solidariedade para que se inicie a reconstrução.

CHEGA DE REPRESSÃO!
TIREM SUAS MÃOS DE CIMA DO HAITI!
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Re: APPEL A LA SOLIDARITE AVEC HAITI

Messagepar SOLIDARITE » Samedi 13 Fév 2010 1:21

POur mémoire un article écrit en 2000 après la tempête de 1999 par des anarchosyndicalistes suisses :


Les damnés du 3e cercle

Aujourd'hui no 56 (14 janvier 2000)

Lothar a ravagé l'Europe. La France, par exemple, n'avait pas connu une telle catastrophe depuis le XVIIe siècle. Selon certains historiens, « il y a eu quelques tempêtes de grande envergure à la fin du XIXe siècle, mais elles n'ont accusé ni la même fréquence ni surtout la même intensité que celles qui se sont abattues sur le continent ces vingt-cinq dernières années »1.

Devant de tels phénomènes, une question se pose : savoir si oui ou non les activités humaines ont une influence sur l'évolution du climat. Les études prouvent que les climats changent : « ils s'inscrivent dans une tendance générale à l'accélération de la circulation atmosphérique, à laquelle correspond inévitablement une fréquence plus élevée et une force accrue des épisodes tempétueux »2, et un réchauffement de la terre a bien été constaté (il est, en Europe, de 0,8 °C depuis le début du siècle). Même si une grande majorité de spécialistes annoncent un réchauffement de 2° à 4,5 °C, lors du siècle prochain, effectivement directement lié au dégagement dans l'atmosphère des gaz à effet de serre, tous ne sont pas unanimes. Aussi, ce problème tourne à la querelle d'expert, suivant le fameux principe selon lequel, tant qu'une chose n'est pas scientifiquement prouvée, elle n'est pas vraie. Pourtant, s'il y a un risque que l'activité humaine mettent en péril l'équilibre écologique de la planète, le simple bon sens commanderait que l'on en tienne compte de façon urgente tant l'enjeu est d'importance pour la nature et les hommes.

Quoiqu'il en soit, que l'homme soit ou non à l'origine des déchaînements de la nature, ce qui est certain c'est que leurs conséquences sont directement liées à « l'occupation et l'exploitation du territoire [qui] obéissent désormais aux impératifs de la spéculation et du rendement » 3. En fait, on nie les réalités naturelles : on construit dans les lits des rivières, on endigue à tout va, on bétonne et advienne que pourra ! Des scientifiques ont relevé que « la politique de remembrement des terres agricoles de l'ouest de la France a été une catastrophe sur le plan écologique : elle a entraîné la suppression de milliers de kilomètres de haies et de bosquets, l'assèchement des marais, la disparition des tourbières… Des paysages contrastés, avec des pleins et des déliés qui freinaient naturellement les bourrasques dans leur avancée, empêchaient le ravinement des terres sous l'action des pluies diluviennes, servaient de réservoir d'eau naturel. »4.

Il est une autre vérité qui ne peut être contestée : tous les pays ne sont pas égaux devant les catastrophes naturelles et le mauvais état des infrastructures, la concentration de la population, le manque de moyens de secours des pays pauvres touchés alourdissent terriblement les pertes humaines. L'actualité nous en a livré plusieurs exemples dans l'année écoulée avec les tremblements de terre en Turquie ou les inondations du Venezuela. Qui plus est dans ces pays incapables de faire face, les catastrophes durent : « Des désastres comme les ouragans Mitch et George ont anéanti des systèmes sanitaires entiers ainsi que les économies sur lesquels ils reposaient. Le choléra, le paludisme, la dengue, les maladies respiratoires, la leptospirose, transmise par les rongeurs, règnent désormais au Honduras et au Nicaragua voisin »5. Si ces questions-là ne sont qu'à peine évoquées, c'est qu'elles sont très embarrassantes car elles concernent l'inégalité sociale, l'incurie des gouvernements, l'inhumanité du système économique.

Améliorer le sort des populations les plus exposées, comme prendre sérieusement en compte l'effet de serre, c'est obligatoirement remettre en cause les activités humaines et le système d'exploitation qui les sous-tend. Mieux vaut accabler la fatalité.

G. Amista et M. Chisal

1. A. Doll, Histoire des grandes tempêtes dans les forêts d'Europe occidentale, 1991.
2. Le Monde, 4 janvier 2000.
3. id.
4. Le Monde, 30 décembre 1999.
5. Gro Harlem Brundtland, Directrice générale de l'OMS.
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Re: APPEL A LA SOLIDARITE AVEC HAITI

Messagepar Peckam » Mardi 16 Fév 2010 0:20

Ouais avec les enculés d'américains implantés la bas elle va étre belle votre révolution, ah mais j'oubliais une révolution qui mêne a l'internationalisme ne mêne a rien ...
Sarko, une balle , les anars une rafale
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Re: APPEL A LA SOLIDARITE AVEC HAITI

Messagepar anarced » Mardi 16 Fév 2010 12:55

Il semblerait que le QG de campagne a remonté ses troupes contre les anars... Peut-être qu'un jour ils comprendront que cette tactique ne leur amènera jamais aucune voix.
Les jeux d'enfants finissent jamais.
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Re: APPEL A LA SOLIDARITE AVEC HAITI

Messagepar SOLIDARITE » Vendredi 26 Fév 2010 1:33

Un communiqué de Bataye Ouvrye à propos du séisme. Bien sur à la lecture on voit bien qu'ils sont issus d'un cadre de référence marxiste (d'après un copain connaisseur des mouvements révolutionnaires du coi en fait ils sont issus d'un groupe mao et pas du groupe de LO comme je le pensais). Mais c'est intéressant à lire et à comprendre


Entre les paroles creuses du gouvernement et les actes concrets d'imposition des impérialistes, le peuple abasourdi…
Chaos, douleur générale, soucis insurmontables et surtout la peine… dépassent le dicible.

De ce séisme du 12 janvier le 2010, resteront des images qui tortureront longtemps les esprits, et des souvenirs enfouis, irrécupérables: de morts tellement chéris, de villes déjà fantômes, de rires disparus…

Mais il est nécessaire, malgré tout, de maintenir la tête froide; il est obligatoire de poser les problèmes réels, pour visualiser une sortie.
Pour commencer, écarter l'interprétation qui voudrait faire croire que c’est Dieu qui aurait agi, qu'il s'agirait d'une « malédiction »… Cette perspective, très forte parmi ce peuple tellement croyant, occulte toutefois les véritables causes qui sont totalement naturelles et qui, grandement, avaient été prévues par des spécialistes. D'un côté, elle participe à augmenter la résignation face à un tel « acte divin », en nous laissant inaptes et en donnant lieu, donc, à un attentisme, une aliénation ; d'autre part, elle masque l'absence et l'irresponsabilité de l'État qui avait été dûment prévenu et aurait du faire ce qui lui était possible, même avec ses capacités réduites, pour tenter de résoudre au moins certaines des conséquences. De ce point de vue, rien n’a été fait !
Maintenir donc la tête froide - dans la mesure du possible - et poser les véritables problèmes pour, dès lors, déboucher sur des solutions réelles. Trois axes nous aideront à éclaircir la situation :
• Contexte et moment où survint le séisme ;
• Certains dangers qui se présentent à nous ;
• Que faire pour relever un défi si énorme ? À partir de l’intérêt de quelle classe ?

***



CONTEXTE ET MOMENT OÙ SURVINT LE SÉISME
On s’en rappelle, depuis un certain temps, le gouvernement, avec la bourgeoisie et ses technocrates, parlaient « d'une réactivation de l'économie du pays ». En réalité, ce sont ces mêmes personnes qui, durant les années '80 sous Jean-Claude Duvalier, avaient critiqué vertement « le Plan Américain pour Haïti » qui, aujourd'hui, viennent à le présenter comme planche de sauvetage, parlant de l'appliquer – sans y changer une virgule ! De ce « plan », il faut savoir que non seulement il a échoué complètement (nous conduisant au point où nous en sommes maintenant) mais, en outre, dans son échec complet, les classes dominantes et son État réactionnaire n’ont même pas pu l'appliquer correctement. Actuellement, avec l'approfondissement de la crise, la situation s'est aggravée. Ce marasme économique s’est empiré avec la dernière saison cyclonique de 2008 : non seulement la construction d'infrastructures annoncée n'a jamais été effectuée mais le gouvernement n'a pas non plus pu expliquer la disparition d'une quantité substantielle d'argent qui avait été rassemblée pour résoudre la situation.
Une autre caractéristique du moment était la conjoncture politique : nous étions toujours dans la même crise globale de représentativité et de légitimité au sommet de l'État. Les élections sénatoriales d'avril 2009 et le taux ridicule de participation (autour de cinq pour cent) le prouvent amplement. D'autres élections, pour les députés et maires, tout aussi démagogiques, devaient se tenir fin février. Aujourd'hui, elles ont été annulées, à point nommé ! Mais déjà de nombreux conflits se dessinaient avec l'exécutif qui tentait d'obtenir une majorité presque complète dans les deux chambres et ainsi assurer sa permanence, en préparant alors les élections présidentielles de fin d'année avec un appareil totalement acquis à sa cause. Un parti appelé « Unité », composé de vils représentants de la pire canaille mafieuse et criminelle, était désigné par Préval pour confirmer la « continuité » de ce processus de soumission totale au projet néo-libéral le plus abject de l'impérialisme où salarie du minimum cruel (moins de 2 dollars par jour !), chômage catastrophique et domination-répression extrême figuraient parmi ses caractéristiques les plus évidentes. Pour défendre et assurer la mise en œuvre de ce projet, face à l'incapacité chronique des classes dominantes haïtiennes et leur État réactionnaire, les forces militaires de l'ONU étaient ouvertement présentes et, sous prétexte d’ « avoir été appelées » par les dirigeants haïtiens, avaient déjà accompli 6 ans d'occupation concrète. Six ans ! où la répression n’a cessé d’augmenter et le rôle de ces forces d'occupation devenait chaque jour plus clair.
Cette « continuité » qu’assurait Préval venaient à atteindre un point d'antagonisme extrême entre les politiciens bourgeois qui défendaient les différentes fractions dominantes, à tel point que plusieurs organisations, partis ou plates-formes d'« opposition » projetaient de boycotter les prochaines élections de février en arguant les fraudes évidentes depuis le début du processus électoral. Le principal et véritable « chef » de ce processus dominant, l'impérialisme (particulièrement américain), avait certes quelques contradictions avec la forme d'Etat si mafieuse et criminelle atteint par l'exécutif prévaliste (surtout que ce dernier …visait encore plus!) mais au moment du tremblement de terre, il le soutenait encore clairement, assuré par la présence les militaires internationaux et de la soumission tacite du commandement brésilien.

Tout ceci nous rappelle donc que nous étions à un moment réellement explosif de véritable bataille politique entre les fractions dominantes. Le séisme du 12 janvier, bien que masquant, d'une certaine manière, ces contradictions, en réalité ne les élimine en rien. Plusieurs de ces plates-formes d'« opposition », demandent déjà en ce moment le renoncement de Préval ou, du moins, une « extension du gouvernement ».

Face à tout ceci, se trouvaient les masses populaires. En diverses occasions, elles ont démontré que l’objet de telles tractations et contradictions secondaires au centre ou autour du pouvoir n'étaient nullement de ses intérêts. Son absence dédaigneuse et forte dans les dernières élections d'avril le 2009 a été suprêmement claire. Elle démontrait ainsi une parfaite compréhension des divers « jeux » dominants, posés loin d'elles. Et, peu avant le 12 janvier, à l’exception de quelques opportunistes qui appuyaient le processus dominant, la grande majorité des travailleurs et des masses populaires en général se préparait, en silence, au boycott, pareillement.
Cette attitude, toutefois, portait certaines contradictions de poids. D'une part on voyait clairement que l'exécutif ne pouvait pas continuer à gouverner de cette manière, mais on comprenait aussi que l’engrenage où il se trouvait ne lui permettait pas de s’en sortir. Donc : Etat, impérialistes et classes dominantes n’avaient pas de solution ! Et ils étaient, conséquemment, finis ! Et cette putréfaction arrivait à être définitive. Mais, pour ce qui les concernait, les masses se rendaient en même temps bien compte que cette putréfaction poussait le pays - et elles surtout – vers l'abîme. Le manque d'une capacité subjective de s'opposer était alors manifeste.
Malgré cela, dans la mesure du possible, d'une manière certainement encore partielle et atomisée, mais décidée, elles combattaient. Et ceci était l’une des caractéristiques les plus importantes de ce moment : le renouveau de la MOBILISATION. Il y eut la mobilisation brutale de la faim en avril 2008, la forte mobilisation des travailleurs du textile pour l'augmentation du salaire minimum quotidien à 200 gourdes, celle des victimes ayant perdu argent et propriétés dans les coopératives frauduleuses, la mobilisation des employés des services publics pour salaires non-perçus depuis des mois, les fougueuses mobilisations des étudiants, et les fortes mobilisations générales, tant face au processus de privatisation des services publics que contre l'occupation… Face à toutes ces revendications aussi légitimes que justes, le pouvoir n'a eu d’autre réponse que, toujours : la répression ! Que ce soit par la police nationale, ou par la Minustah, une seule réponse : RÉPRESSION ! Une autre réaction de plus qui nous enseignait le degré d’aboutissement où se trouvait ce pouvoir, maintenant complètement réactionnaire. Et, immédiatement, réapparaissait à nouveau, l'époque des assassinats si liés à la période duvaliériste, les meurtres politiques de militants progressistes qui dirigeaient les différentes luttes de l’époque.
Nous devons clairement nous rappeler de ce contexte dans lequel se trouvait la formation sociale haïtienne quand survint le séisme du 12 janvier. Et savoir qu’actuellement, bien que toujours frappés par la douleur et la peine, le chaos et l’incapacité pour nous autres du peuple de voir… entrevoir la journée présente, voire parler du lendemain, il n’a pas pour autant disparu.
En même temps, nous devons être conscients des contradictions du camp ennemi qu’ils utiliseront à coup sur pour, encore une fois, pour tenter de nous mystifier, pour précisément, tenter d’étouffer les contradictions essentielles qui nous différencient fondamentalement d’eux. Bien que la contradiction Lavalas-GNB ait pratiquement complètement disparue, bien que celle Lavalas-Lespwa se soit évanouie, bien que la dite « opposition » bourgeoise n’est plus aussi active face a cette catastrophe « commune », bien qu’aujourd’hui l’ennemi a des difficultés pour en construire d’autre… ils auront toujours à en établir de nouvelles pour nous diviser. Et le populisme, naturellement, retournera à faire fonctionner ses tares.
Les contradictions des masses populaires face à ses ennemis de classe, malgré la déviation objective entraînée par le tremblement de terre, demeurent EXPLOSIVES au sein de la formation sociale haïtienne. A tout moment, un SOULÈVEMENT est POSSIBLE !
Dans ce cadre, tout comme le séisme a aplani le terrain pour permettre l’’emergence de NOUVELLES ALTERNATIVES POLITIQUES, similairement, sans même sans rendre compte, le pourrissement, s’il persiste, entraînera la formation sociale haïtienne vers des abîmes infinis. Le retard pourrait alors être fatal !
C’EST DANS CE CONTEXTE AUSSI COMPLEXE - ET COMPLIQUÉ - QUE, EN MOINS D’UNE MINUTE, LE SÉISME ET SA DÉVASTATION SURGIRENT… DOUBLE SITUATION.

CERTAINS DANGERS QUI SE PRÉSENTENT À NOUS
Dans le cadre de la situation générale que nous venons de rappeler, dans le cadre du projet de domination et d'exploitation sans limite qu’ont l'impérialisme et les classes dominantes (TOUJOURS LÀ!), malgré toutes les formes d'« aide » dont on parle, la misère ira en augmentant! Quelques usines textiles, par exemple, ont rouvert leurs portes et là, avec le même salaire, ont doublé les tarifs de production, car selon les propriétaires : « il y a du retard » ! Certains commerces, services et entreprises locales profitent de la situation pour ne pas payer le salaire minimal correspondant, en alléguant qu’ils « ne peuvent pas » !
Pendant ce temps, l'IMPÉRIALISME ENVAHIT CHAQUE JOUR PLUS ET AVEC DAVANTAGE DE FORCE, sous la providentielle couverture d'« aide humanitaire ». Certainement, dans les conditions où se trouve le pays, nous avons besoin d'une aide « humanitaire ». Toutefois, ce dont nous aurions besoin vraiment, c’est d’une SOLIDARITÉ réelle. De nos jours, tel qu’il est, le monde ne permet pas de se révéler à cette hauteur - si naturelle - d'humanité, mais, cependant, elle existe. De nombreux camarades de notre classe, de notre camp, sont mobilisés et continuent à se mobiliser dans le cadre de cette solidarité dont nous parlons. Celles-ci s’accompagnent de positions politiques claires sur ce qui globalement se passe, la manière dont cela arrive et, ainsi, elles prennent part activement davantage encore à la clarification de la situation.
L'« aide humanitaire » actuelle retrouve les morts, traite les malades, s’occupe des enfants… ; pour cela, envoyant médecins, médicaments, repas, eau… Mais ceci est la couverture. Sérieusement et à long terme, il s’agit d’une « aide » utilisée à la consolidation et l’approfondissement de leur domination. Les Etats-Unis, par exemple, principal protagoniste de cet « humanitaire », sont arrivés avec une force militaire extraordinaire ! Plus de 16 mille combattants ! Sur terre ou en navires de guerre, avec matériels de guerre ils arrivent, émergeant de porte-avions. Porte-avions ! - qui signifie, autrement dit : bombardement possible à tout moment… Ils patrouillent de jour comme de nuit et, sous prétexte de porter une « sécurité », ils contrôlent toutes les réunions dans les espaces publics, surtout les quartiers populaires.
En même temps, il est clair que cette « aide » - disons mieux, cette mainmise du contrôle territorial - correspond aux objectifs géopolitiques de ces impérialistes dans le cadre de leur plan de contrôle de la région, comme le laissent clairement comprendre tant la permanence des différentes bases en Amérique latine, que la réactivation de la Quatrième flotte, ou encore les derniers accords signés par Obama avec Uribe en Colombie. Haïti arrive à représenter un point clé inopiné (bien que depuis longtemps aspiré), central. En passant par la dépendance qu'ils développent dans le peuple au moyen de ce processus finalement si déshumanisant, ils transforment ouvertement l'occupation en une tutelle qu'ils prétendent définitive (le temps « utile », disent-ils maintenant). En ce sens, les mots du premier ministre fantoche : « c'est vrai, nous perdons ‘un peu’ de notre souveraineté », sont nettement mensongers. De nos jours, Haïti a tout simplement perdu TOUTE SA SOUVERAINETÉ !
Rappelons aussi que cette domination a déjà échouée entièrement et lamentablement. C’est ELLE précisément qui nous a conduit à la situation chaotique actuelle. Ainsi, devons-nous nous demander : la dite « reconstruction », dans quel intérêt sera-t-elle dirigée ? À la faveur de qui, de quels gens, de quelles classes ? Pour nous, clairement : cette « reconstruction » sera faite CONTRE NOUS ! Pour commencer, tout comme cela déjà se produit parmi les bourgeois-gérants d’ici, ces incontournables représentants des intérêts des multinationales, la « reconstruction » se réalisera sur la base des mêmes salaires de misère que nous connaissons. Clinton lui-même achève de se démasquer en clarifiant pour les capitalistes que « c’est le moment de faire de l'argent en Haïti ». ! ! ! … avec nos actuels salaires de misère et le pillage des dernières réserves naturelles restant sur ce territoire tellement détruit. Parallèlement, ils le feront en soutenant le sordide appareil étatique en place. Avec la présence renforcée de leur force militaire, c’est donc sur cette putréfaction extrême qu'ils s’appuieront, tout en mettant en œuvre rapidement son remplacement par des coordinations internationales. Combiné au souci moral qu'ils doivent ménager et soutenus par une propagande mystificatrice de haut degré, ils continuent à avancer dans ce projet historique qui participe de leur nature. Considérant les contradictions qu’ils ont avec l'État mafieux et criminel qu’à la fois ils supportent, on est alors à se demander : quels sont les ajustements concrets en cours, quels sont les intérêts précis articulés maintenant ? Sérieuse interrogation s’il en est.
Cette « aide » dispensée, avec l'agressivité tellement évidente de l’Américain, entraîne des contradictions entre les différents pays impérialistes. Certainement, l'hégémonie américaine tend à diminuer les contradictions présentes. Mais ceci ne doit pas nous distraire. Il faut les prendre pour ce qu’elles sont et se méfier d’elles. Danger d'ampleur égale : au-delà des décisions des Haïtiens, les impérialistes vont essayer de décider seulement entre eux, bien que chacun parle de le faire « avec les institutions légales en place ».
À côté de l'État putréfié précisément « en place», ceci nous emmène directement à l'utilisation des ONG. Elles, qui ont toujours dévié les masses populaires de leurs mobilisations de lutte ; elles, qui ont toujours eu une différenciation de salaire de leurs employés locaux, ce qui aidait à les séparer progressivement de leurs origines de classe ; elles, qui s’imposaient en tout, pour ce qui à trait à la santé, l'éducation… le social en général, représentent de nos jours une autre forme que prendra la tutelle.
Pour relever ce défi si énorme qui se présente à nous, il faudra prendre en considération tous ces dangers.


QUE FAIRE POUR RELEVER CE DÉFI ? A PARTIR DE L’INTÉRÊT DE QUELLE CLASSE ?
Dès les débuts de la période historique engagée au départ de Jean-Claude Duvalier en 1986, la gageure était déjà énorme pour les masses populaires, les travailleurs, la classe ouvrière. De nos jours, elle l'est encore plus. Il est ainsi indispensable de faire preuve de tout notre courage pour y faire face correctement.
Nous avons mentionné certains dangers importants. Pour les contrecarrer, nous devons permettre de les comprendre rapidement et bien. À l'heure actuelle, avec les conséquences terribles du séisme, cela ne sera pas facile. Nous devrons trouver la meilleure façon pour transmettre nos messages et les articuler avec la réalité vécue concrète de chaque lieu, à chaque moment. Articuler la compréhension de la situation avec l'obligation d’y faire face : aujourd'hui, plus que jamais, articuler le mieux possible l'agitation et la propagande. La meilleure manière trouvée devra viser à ce que les masses soient disposées à comprendre la situation, dans le but qu'elles soient disposées à y faire face.
Notre présence directe parmi les masses, la présence directe de tous les travailleurs, des ouvriers les plus conscients, de chaque progressiste conséquent, doit permettre d'avancer vers cet objectif. Il ne doit pas y avoir d’« attente » statique par rapport à la dite « aide », ni de découragement stérile. L'ennemi joue sur notre découragement, il joue sur notre attentisme, sur la dépendance des masses à leur égard, dépendance qui ne fera qu’augmenter si nous laissons s'échapper de nous le contrôle de ce processus.
Certainement, nous devons vivre, il nous faut VIVRE ! Plus encore après une catastrophe aussi terrible. Mais notre vie en tant que travailleurs, en tant que peuple, est aussi faite de LUTTE ! Plus encore après une catastrophe aussi terrible. Dans notre stratégie de vie, dans notre stratégie pour appliquer la ligne correcte du moment de lutte, nous devons donner une grande importance aux dangers que nous mentionnions précédemment. Nous devons permettre de comprendre les véritables « enjeux » qui y sont liés, de toutes les manières possibles, par notre présence directe dans les quartiers encore existant, dans les places publiques occupées, dans les usines et industries fonctionnant, dans la presse, au sein de nos familles … dans tous ces lieux nous devons faire savoir et dénoncer cette aussi terrible catastrophe qui nous attend et qui se propose de détruire ce qui reste de notre pays en tant que tel.
Comme nous le disions, beaucoup de choses négatives se trament. Pour leur faire face, il faut avoir comme axe central les intérêts des travailleurs, d'une manière positive. IL FAUDRA TRANSFORMER LE NÉGATIF EN POSITIF. Pour cela, encore une fois, les intérêts des travailleurs doivent être placés à l'avant-plan. Cela exige une compréhension de comment ces intérêts seront affectés par la catastrophe, ce qui nous exige d’étudier les conséquences matérielles, économiques et politiques du séisme, ainsi que comment les classes ennemies prétendent et s’organisent pour en tirer profit. Notre présence militante parmi les masses doit, enfin, s’exposer rapidement et avec beaucoup de force sur la scène politique même.
Entre-temps et durant tous les temps à venir, parmi nous des masses, il doit exister et se développer encore plus une SOLIDARITÉ continue et de forme diverse. Ceci nous dicte de prendre des INITIATIVES, à l’intérieur du pays comme à l’extérieur. Et, à son tour, ceci nous requiert de pouvoir recevoir la solidarité provenant de nos camarades, amis, alliés. Nous devons nous organiser à cette fin. Encore une fois, nous distinguerons très clairement cette solidarité de l'« aide » impérialiste. Sans aucun doute, cette solidarité représentera très peu par rapport à l'« aide » qui arrive mais elle reste fondamentale. Nous devons la considérer dans un esprit de LUTTE, avec l'objectif de construire le Camp du Peuple, seul camp capable de sortir le pays de l'abîme où il se trouve, unique camp capable de sortir notre formation sociale, tout comme l’humanité entière de la tragédie qui est la nôtre aujourd’hui.
Malgré tout, tout en sachant tous les problèmes qu’entraîne cette « aide », tout en étant conscients des déviations qu'elle véhicule, il nous faut trouver une manière pour qu’elle soit rentable pour nous autres des masses populaires. Là encore, il faut qu’on se batte pour qu'elle arrive dans les lieux où nous sommes, dans tous les lieux où elle est nécessitée. Puis nous devons être préparés à la recevoir nous-mêmes, la distribuer nous-mêmes et de la meilleure forme possible. Dans chaque lieu, il doit y avoir des comités à cette fin. Ces comités doivent être autonomes. Égrenant ainsi les bases pour la construction-développement d'organisations autonomes des masses populaires. Là aussi, nous devrons combattre ceux qui s’organisent pour leur bénéfice propre uniquement, ceux qui se sont toujours montrés être les voleurs de toujours. Dans les présentes circonstances tellement terribles, dans la mesure du possible, il faut convaincre ceux qui peuvent l’être d’avoir une certaine conscience, qu'il n'est pas correct d’intégrer de telles pratiques dans notre processus et, vis-à-vis de ceux qui insistent, les battre dans leurs actions, correctement. Nos comités doivent être honnêtes, sérieux, clairs, collectifs, organisés de la meilleure manière, fermes, dynamiques et combatifs. Combatifs puisque, outre les négatives tractations du moment entre des membres aliénés des masses elles-mêmes, nous devrons faire face, surtout, à l'offensive des classes dominantes, dans le cadre de leur projet de domination-exploitation qui ENCORE - et peut-être plus que jamais - EST SUR PIED. Pour cela, nos comités de réception de l'« aide », doivent consciemment se transformer en comités de LUTTE. Soit comme brigades de résistance face aux voleurs, soit, encore une fois et surtout, face aux manœuvres des classes dominantes et leur État réactionnaire qui, par exemple - nous le savons - projettent déjà de nous déplacer dans des « camps de sinistrés », loin de la ville, loin d'où nous vivions, sans préoccupation de comment ni où nous travaillerons, sans écoles, voire parler d'université ou autres centres sociaux nécessaires… sans aucune préoccupation de comment nous allons VIVRE.
Vu tout cela, en plus de mettre sur pied le plus rapidement possible nos comités, il faudra bien concevoir une coordination effective entre eux, dans le cadre de notre BATAILLE. Actuellement de même que pour le futur. Pour tout cela, les principaux responsables, dûment choisis par tous, auront à centraliser et synthétiser les requêtes, désirs et revendications de tous et les retourner de manière organisée, de nouveau, à tous, à présent plus avancés et en projets. Ainsi, nous rendrons notre pratique interne plus dynamique de telle sorte que, dès que mieux organisés et forts, nous puissions faire face correctement à l’ennemi et son projet adverse.
Il faut que nous soyons conscients aussi que, dans leur logique rachitique, les classes dominantes ont exprimé que : Port-au-Prince est détruit, cela veut dire que « le pays est détruit » ! Il ne faut pas s’y prendre ! Cette logique, en plus de se baser sur l’incapacité de l’Etat, tend à favoriser encore plus son désir de centralisation du pouvoir, son objectif de maintenir son pouvoir, grâce aux forces armées étrangères de tout type plus concentrées à la capitale. Il ne faut pas y croire ! Nous autres devons diffuser et appliquer notre compréhension de la situation et notre conception de l’action à travers le pays entier, sur tout le territoire ! Les militants et travailleurs conscients doivent profiter du mouvement centrifuge des grandes masses pour amener partout la compréhension et la mobilisation adéquate.
Conjointement, nous devons, le plus tôt possible, avancer à nouveau dans les luttes globales qui nous reviennent et qui plus que jamais doivent être en vigueur. Contre la privatisation, contre la domination… CONTRE L’OCCUPATION ! Parallèlement, et en même temps, retourner, dès que possible, avec les principales revendications de chaque classe de notre Camp, de chaque secteur des masses populaires. De fait, la réforme agraire doit s’effecteur dès à présent et solidement, les écoles doivent évoluer de manière totalement positive pour nous, de même l’université, nos quartiers, nos salaires, les salaires publiques que nous percevons… … … Et pour commencer : TOUS CEUX QUI LE SOUHAITENT DOIVENT POUVOIR TRAVAILLER ! De sorte que tous puissent trouver un revenu assuré, dans le cadre d’un plan général et bien articulé entre le travail agricole, industriel, de services et technique. Un plan général basé sur les intérêts des travailleurs assurés et de manière adéquate, SOUS LE CONTRÔLE DES TRAVAILLEURS, SOUS NOTRE CONTRÔLE.
Pour tout cela, nous devons clairement déjà savoir que : l’Etat actuel ne pourra pas le faire, ne voudra pas le faire ce n’est pas notre Etat, ce n’est pas l’Etat des travailleurs. Au contraire : c’est un Etat bourgeois, un Etat des classes dominantes, un Etat pro-impérialiste, un Etat ANTI-TRAVAILLEURS, ANTI-PEUPLE, ANTI-NATIONAL. Dans le contexte d’où nous tire le séisme et que nous avons rappelé plus haut, cela est clairement évident. Cet Etat n’existe pas pour réaliser nos intérêts, nous permettre d’atteindre nos objectif, même de façon minimale. Si nous voulons pouvoir concrètement réaliser nos intérêts à court, moyen et long terme, il nous faut UN AUTRE ETAT ! Il faut NOTRE ÉTAT À NOUS !
Tel qu’il est clair, tout ceci nous exige de nous BATTRE. La « reconstruction » dont on parle est un terrain politique national concret. Nous le disions déjà, les classes dominantes, liées à l’impérialisme, œuvrent à créer les conditions de consolidation de leur propre politique. Elles n’ont aucun intérêt à ce que la « reconstruction » se fasse en dehors de ce plan, avec nos intérêts à l’avant-plan. Ce sont ELLES qui, pendant déjà plus de deux cent ans, ont « construit » cette saleté d’aujourd’hui. Nous devons, nous autres, poser la construction de notre pays avec nos intérêts à l’avant plan, A PARTIR DES INTÉRÊTS DES MASSES POPULAIRES, DES INTERETS DES TRAVAILLEURS. Ceci n’a JAMAIS eu lieu dans ce pays. Et c’est CELA qui représente l’unique solution pour nous sortir de l’abime où ces sanguinaires nous ont entraîné.
Pour cela, nous devrons avoir et développer notre LIGNE stratégique et tactique. Sortir nos revendications du jour, indiquant nos objectifs à long terme, avec ligne tactique et articulation précise. Par exemple, si nous souhaitons obtenir le contrôle des travailleurs dont nous parlons et que nous tous désirons, est-ce que, après une si terrible catastrophe, nous pouvons accepter dans le textile de recevoir les misérables 125 gourdes qu’ils nous infligent ? Et les autres travailleurs : accepteront-ils de retourner aux misérables 200 gourdes imposés ? NON ! Dès maintenant, le salaire ne peut être de misère comme antérieurement ! Pour pouvoir nous sortir nous-mêmes de cette situation de calamité où nous nous trouvons, nous devrons LUTTER ! Lutter pour en sortir de nous-mêmes, sans attendre que nous parvienne « l’aide ». Bien que nous puissions, par nécessité extrême, accepter de la recevoir aujourd’hui, il ne faut pas que notre vie continue ainsi éternellement, sans salaire de vie minimale, où nous sommes réduits à la mendicité, où les bourgeois font de nous ce qu’ils veulent, où l’Etat est leur seul correspondant soutenu ! Et c’est pareil pour toutes nos autres revendications : LEVONS NOUS POUR LES REVENDIQUER. Ainsi et dans ce processus même, nous nous organiserons de mieux en mieux pour mieux affronter l’avenir.
Ouvriers, travailleurs et progressistes conséquents doivent œuvrer sans relâche pour que toutes les masses populaires s’intéressent à ces questions fondamentales et s’engagent, décidément, à les résoudre, en se dégageant, dès le départ, de la logique attentiste qui se développe chez nous bien que clairement nous nous rendions compte – nous le savons bien, car nous étions en train de le vérifier lors de la période antérieure au séisme – que leur plan, partiel ou général, n’était pas le nôtre.
En sachant clairement (et en le posant dès le départ) que notre construction-reconstruction réelle se situe principalement au plan stratégique, nous ne pouvons pas non plus ne pas être présents dans cette question IMMÉDIATE et laisser simplement que les impérialistes avec la putréfaction étatique en place se chargent de la développer eux seuls et, ainsi, facilement véhiculer uniquement leur point de vue.
Nous devons poser de suite que cette reconstruction doit être non seulement physique (infrastructures, services qu’on doit nous restituer, habitat convenable et correct, transport adéquat, relations étudiées et fluides entre les différentes parties de la ville qui nous touchent, nous travailleurs…) ; mais aussi et surtout de relations SOCIALES : le projet de reconstruction est avant tout un projet SOCIAL. Avec une nouvelle conception du développement agricole et industriel, ses articulations, où un État fort et capable décidera de manière autonome des formes concrètes de mobilisation du Capital, avec une politique étrangère aussi récemment et radicalement différente, en commençant par la DÉSOCCUPATION du pays, récupérant ainsi sa SOUVERAINETÉ COMPLÈTE : souveraineté administrative, alimentaire, souveraineté complète dans le cadre de nos décisions fondamentales… SOUVERAINETÉ POLITIQUE !
Dans et pour tout ceci, il est besoin de nouvelles relations sociales dans la production et dans la vie en général. Si le nouvel État alors en fonctionnement continue d’avoir besoin d'une « aide » qui pourrait, peut-être, devoir continuer à arriver, cela sera fait selon une nouvelle conception où la pratique en cours sera, comme nous l’avons déjà dit, de SOLIDARITÉ RÉELLE, celle qui existe entre les travailleurs, entre les peuples naturellement frères.
Sans cette BATAILLE, l'État au « pouvoir » sera toujours laquais et vil. Avec notamment celui en place actuellement, la « reconstruction » se fera dans le cadre d’une dépendance mortelle, sous une occupation effective, transformée peu à peu en tutelle objective, laquelle augmentera de jour en jour, malgré tous les mots mystificateurs des « dirigeants », lesquels expriment simplement qu'ils n'ont pas encore reçu la quantité attendue pour lubrifier leurs poches.
Avec les intérêts des travailleurs toujours à l'avant, nous du Camp du Peuple, effectuerons ensemble la reconstruction nécessaire. À Batay Ouvriye, c’est dans ce sens que nous travaillons. Notre pratique face à la catastrophe doit ensemble nous emmener sur la scène politique. De manière égale, nos pratiques face à la catastrophe doivent être intégrées dans celles que nous avions toujours, pendant que ces dernières doivent émerger à nouveau : double mouvement, seule manière d'envahir cette scène politique de manière réellement autonome. Prendre l'ennemi en tenaille : c’est de cela qu’il s’agit !
Avec la même conception dialectique, la pratique de lutte doit en même temps être portée au niveau international. Bien articulées, elles doivent toutes retrouver le rythme « en phase » qui commençait à être le leur. Toutes les organisations progressistes devraient considérer de faire de même, étudier les propositions transitoires que nous apportons aujourd’hui et, dans la mesure du possible, commencer à appliquer ce qu’elles trouveront adéquates. Une coordination effective sera alors nécessaire, respectant l’autonomie de chaque organisation mais clairement viser à effectuer un pas additionnel dans la construction du Camp du Peuple.
Nous devons préciser que cette pratique est déjà en cours, non seulement sur le terrain mais également au niveau international. La solidarité réelle est en marche en Amérique Latine, en Europe, en Afrique… et aux Etats-Unis mêmes. Elle se réalise, conjointement avec des rapprochements politiques, des débuts ou confirmant ceux déjà mis sur pied. Ensemble, avec tous nos camarades solidaires, nous avançons fermement.
Entre-temps, dans notre pays même, nous ouvriers, travailleurs de tout type, progressistes conséquents, IL NOUS FAUT AVANCER CONCRÈTEMENT ! Dans la LUTTE concrète actuelle, dans le cadre de notre objectif qu’alimentent nos aspirations les plus profondes.
La capacité répressive de l’ennemi a énormément augmentée, grâce à l’envoi de toutes ces forces armées qui nous ont envahi sans demander notre avis, avec le prétexte de l’ « aide humanitaire » que nous connaissons. Mais, justement, pour arriver à continuer d’exister politiquement, c’est seulement en avançant que nous garantirons cette capacité.

Sans relâche et avec force, nous devons clairement exposer ce que nous refusons !
Sans relâche et avec force, nous devons clairement exposer ce pour quoi nous luttons !
Sans relâche et avec force, MAINTENANT !
Rapidement et toujours, nous devons exposer clairement nos actions
Pendant que nous travaillions à ce que plus de gens y adhèrent
De manière structurée et bien organisée
Sans relâche et avec force, luttons pour la victoire !

VIVE LA LUTTE DU PEUPLE HAÏTIEN !
VIVE LA LUTTE DES TRAVAILLEURS !
VIVE LA LUTTE DE LA CLASSE OUVRIÈRE !
VIVE LA SOLIDARITÉ NATIONALE ET INTERNATIONALE ENTRE TRAVAILLEURS !

Si, réellement, nous subissons une situation atroce
Ajoutant à nos déboires déjà si indicibles
IL NOUS FAUT NOUS RELEVER
DEBOUTS !
AVEC NOS INTÉRÊTS COMME SEULE BOUSSOLE

Notre vie faite de travail et de lutte
Doit aujourd’hui avoir un objectif clair :
GUÉRIR LE PAYS UNE FOIS POUR TOUTES !






Port-au-Prince, ce 7 février 2010


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Re: APPEL A LA SOLIDARITE AVEC HAITI

Messagepar SOLIDARITE » Vendredi 26 Fév 2010 1:34

Un communiqué de Bataye Ouvrye à propos du séisme. Bien sur à la lecture on voit bien qu'ils sont issus d'un cadre de référence marxiste (d'après un copain connaisseur des mouvements révolutionnaires du coi en fait ils sont issus d'un groupe mao et pas du groupe de LO comme je le pensais). Mais c'est intéressant à lire et à comprendre


Entre les paroles creuses du gouvernement et les actes concrets d'imposition des impérialistes, le peuple abasourdi…
Chaos, douleur générale, soucis insurmontables et surtout la peine… dépassent le dicible.

De ce séisme du 12 janvier le 2010, resteront des images qui tortureront longtemps les esprits, et des souvenirs enfouis, irrécupérables: de morts tellement chéris, de villes déjà fantômes, de rires disparus…

Mais il est nécessaire, malgré tout, de maintenir la tête froide; il est obligatoire de poser les problèmes réels, pour visualiser une sortie.
Pour commencer, écarter l'interprétation qui voudrait faire croire que c’est Dieu qui aurait agi, qu'il s'agirait d'une « malédiction »… Cette perspective, très forte parmi ce peuple tellement croyant, occulte toutefois les véritables causes qui sont totalement naturelles et qui, grandement, avaient été prévues par des spécialistes. D'un côté, elle participe à augmenter la résignation face à un tel « acte divin », en nous laissant inaptes et en donnant lieu, donc, à un attentisme, une aliénation ; d'autre part, elle masque l'absence et l'irresponsabilité de l'État qui avait été dûment prévenu et aurait du faire ce qui lui était possible, même avec ses capacités réduites, pour tenter de résoudre au moins certaines des conséquences. De ce point de vue, rien n’a été fait !
Maintenir donc la tête froide - dans la mesure du possible - et poser les véritables problèmes pour, dès lors, déboucher sur des solutions réelles. Trois axes nous aideront à éclaircir la situation :
• Contexte et moment où survint le séisme ;
• Certains dangers qui se présentent à nous ;
• Que faire pour relever un défi si énorme ? À partir de l’intérêt de quelle classe ?

***



CONTEXTE ET MOMENT OÙ SURVINT LE SÉISME
On s’en rappelle, depuis un certain temps, le gouvernement, avec la bourgeoisie et ses technocrates, parlaient « d'une réactivation de l'économie du pays ». En réalité, ce sont ces mêmes personnes qui, durant les années '80 sous Jean-Claude Duvalier, avaient critiqué vertement « le Plan Américain pour Haïti » qui, aujourd'hui, viennent à le présenter comme planche de sauvetage, parlant de l'appliquer – sans y changer une virgule ! De ce « plan », il faut savoir que non seulement il a échoué complètement (nous conduisant au point où nous en sommes maintenant) mais, en outre, dans son échec complet, les classes dominantes et son État réactionnaire n’ont même pas pu l'appliquer correctement. Actuellement, avec l'approfondissement de la crise, la situation s'est aggravée. Ce marasme économique s’est empiré avec la dernière saison cyclonique de 2008 : non seulement la construction d'infrastructures annoncée n'a jamais été effectuée mais le gouvernement n'a pas non plus pu expliquer la disparition d'une quantité substantielle d'argent qui avait été rassemblée pour résoudre la situation.
Une autre caractéristique du moment était la conjoncture politique : nous étions toujours dans la même crise globale de représentativité et de légitimité au sommet de l'État. Les élections sénatoriales d'avril 2009 et le taux ridicule de participation (autour de cinq pour cent) le prouvent amplement. D'autres élections, pour les députés et maires, tout aussi démagogiques, devaient se tenir fin février. Aujourd'hui, elles ont été annulées, à point nommé ! Mais déjà de nombreux conflits se dessinaient avec l'exécutif qui tentait d'obtenir une majorité presque complète dans les deux chambres et ainsi assurer sa permanence, en préparant alors les élections présidentielles de fin d'année avec un appareil totalement acquis à sa cause. Un parti appelé « Unité », composé de vils représentants de la pire canaille mafieuse et criminelle, était désigné par Préval pour confirmer la « continuité » de ce processus de soumission totale au projet néo-libéral le plus abject de l'impérialisme où salarie du minimum cruel (moins de 2 dollars par jour !), chômage catastrophique et domination-répression extrême figuraient parmi ses caractéristiques les plus évidentes. Pour défendre et assurer la mise en œuvre de ce projet, face à l'incapacité chronique des classes dominantes haïtiennes et leur État réactionnaire, les forces militaires de l'ONU étaient ouvertement présentes et, sous prétexte d’ « avoir été appelées » par les dirigeants haïtiens, avaient déjà accompli 6 ans d'occupation concrète. Six ans ! où la répression n’a cessé d’augmenter et le rôle de ces forces d'occupation devenait chaque jour plus clair.
Cette « continuité » qu’assurait Préval venaient à atteindre un point d'antagonisme extrême entre les politiciens bourgeois qui défendaient les différentes fractions dominantes, à tel point que plusieurs organisations, partis ou plates-formes d'« opposition » projetaient de boycotter les prochaines élections de février en arguant les fraudes évidentes depuis le début du processus électoral. Le principal et véritable « chef » de ce processus dominant, l'impérialisme (particulièrement américain), avait certes quelques contradictions avec la forme d'Etat si mafieuse et criminelle atteint par l'exécutif prévaliste (surtout que ce dernier …visait encore plus!) mais au moment du tremblement de terre, il le soutenait encore clairement, assuré par la présence les militaires internationaux et de la soumission tacite du commandement brésilien.

Tout ceci nous rappelle donc que nous étions à un moment réellement explosif de véritable bataille politique entre les fractions dominantes. Le séisme du 12 janvier, bien que masquant, d'une certaine manière, ces contradictions, en réalité ne les élimine en rien. Plusieurs de ces plates-formes d'« opposition », demandent déjà en ce moment le renoncement de Préval ou, du moins, une « extension du gouvernement ».

Face à tout ceci, se trouvaient les masses populaires. En diverses occasions, elles ont démontré que l’objet de telles tractations et contradictions secondaires au centre ou autour du pouvoir n'étaient nullement de ses intérêts. Son absence dédaigneuse et forte dans les dernières élections d'avril le 2009 a été suprêmement claire. Elle démontrait ainsi une parfaite compréhension des divers « jeux » dominants, posés loin d'elles. Et, peu avant le 12 janvier, à l’exception de quelques opportunistes qui appuyaient le processus dominant, la grande majorité des travailleurs et des masses populaires en général se préparait, en silence, au boycott, pareillement.
Cette attitude, toutefois, portait certaines contradictions de poids. D'une part on voyait clairement que l'exécutif ne pouvait pas continuer à gouverner de cette manière, mais on comprenait aussi que l’engrenage où il se trouvait ne lui permettait pas de s’en sortir. Donc : Etat, impérialistes et classes dominantes n’avaient pas de solution ! Et ils étaient, conséquemment, finis ! Et cette putréfaction arrivait à être définitive. Mais, pour ce qui les concernait, les masses se rendaient en même temps bien compte que cette putréfaction poussait le pays - et elles surtout – vers l'abîme. Le manque d'une capacité subjective de s'opposer était alors manifeste.
Malgré cela, dans la mesure du possible, d'une manière certainement encore partielle et atomisée, mais décidée, elles combattaient. Et ceci était l’une des caractéristiques les plus importantes de ce moment : le renouveau de la MOBILISATION. Il y eut la mobilisation brutale de la faim en avril 2008, la forte mobilisation des travailleurs du textile pour l'augmentation du salaire minimum quotidien à 200 gourdes, celle des victimes ayant perdu argent et propriétés dans les coopératives frauduleuses, la mobilisation des employés des services publics pour salaires non-perçus depuis des mois, les fougueuses mobilisations des étudiants, et les fortes mobilisations générales, tant face au processus de privatisation des services publics que contre l'occupation… Face à toutes ces revendications aussi légitimes que justes, le pouvoir n'a eu d’autre réponse que, toujours : la répression ! Que ce soit par la police nationale, ou par la Minustah, une seule réponse : RÉPRESSION ! Une autre réaction de plus qui nous enseignait le degré d’aboutissement où se trouvait ce pouvoir, maintenant complètement réactionnaire. Et, immédiatement, réapparaissait à nouveau, l'époque des assassinats si liés à la période duvaliériste, les meurtres politiques de militants progressistes qui dirigeaient les différentes luttes de l’époque.
Nous devons clairement nous rappeler de ce contexte dans lequel se trouvait la formation sociale haïtienne quand survint le séisme du 12 janvier. Et savoir qu’actuellement, bien que toujours frappés par la douleur et la peine, le chaos et l’incapacité pour nous autres du peuple de voir… entrevoir la journée présente, voire parler du lendemain, il n’a pas pour autant disparu.
En même temps, nous devons être conscients des contradictions du camp ennemi qu’ils utiliseront à coup sur pour, encore une fois, pour tenter de nous mystifier, pour précisément, tenter d’étouffer les contradictions essentielles qui nous différencient fondamentalement d’eux. Bien que la contradiction Lavalas-GNB ait pratiquement complètement disparue, bien que celle Lavalas-Lespwa se soit évanouie, bien que la dite « opposition » bourgeoise n’est plus aussi active face a cette catastrophe « commune », bien qu’aujourd’hui l’ennemi a des difficultés pour en construire d’autre… ils auront toujours à en établir de nouvelles pour nous diviser. Et le populisme, naturellement, retournera à faire fonctionner ses tares.
Les contradictions des masses populaires face à ses ennemis de classe, malgré la déviation objective entraînée par le tremblement de terre, demeurent EXPLOSIVES au sein de la formation sociale haïtienne. A tout moment, un SOULÈVEMENT est POSSIBLE !
Dans ce cadre, tout comme le séisme a aplani le terrain pour permettre l’’emergence de NOUVELLES ALTERNATIVES POLITIQUES, similairement, sans même sans rendre compte, le pourrissement, s’il persiste, entraînera la formation sociale haïtienne vers des abîmes infinis. Le retard pourrait alors être fatal !
C’EST DANS CE CONTEXTE AUSSI COMPLEXE - ET COMPLIQUÉ - QUE, EN MOINS D’UNE MINUTE, LE SÉISME ET SA DÉVASTATION SURGIRENT… DOUBLE SITUATION.

CERTAINS DANGERS QUI SE PRÉSENTENT À NOUS
Dans le cadre de la situation générale que nous venons de rappeler, dans le cadre du projet de domination et d'exploitation sans limite qu’ont l'impérialisme et les classes dominantes (TOUJOURS LÀ!), malgré toutes les formes d'« aide » dont on parle, la misère ira en augmentant! Quelques usines textiles, par exemple, ont rouvert leurs portes et là, avec le même salaire, ont doublé les tarifs de production, car selon les propriétaires : « il y a du retard » ! Certains commerces, services et entreprises locales profitent de la situation pour ne pas payer le salaire minimal correspondant, en alléguant qu’ils « ne peuvent pas » !
Pendant ce temps, l'IMPÉRIALISME ENVAHIT CHAQUE JOUR PLUS ET AVEC DAVANTAGE DE FORCE, sous la providentielle couverture d'« aide humanitaire ». Certainement, dans les conditions où se trouve le pays, nous avons besoin d'une aide « humanitaire ». Toutefois, ce dont nous aurions besoin vraiment, c’est d’une SOLIDARITÉ réelle. De nos jours, tel qu’il est, le monde ne permet pas de se révéler à cette hauteur - si naturelle - d'humanité, mais, cependant, elle existe. De nombreux camarades de notre classe, de notre camp, sont mobilisés et continuent à se mobiliser dans le cadre de cette solidarité dont nous parlons. Celles-ci s’accompagnent de positions politiques claires sur ce qui globalement se passe, la manière dont cela arrive et, ainsi, elles prennent part activement davantage encore à la clarification de la situation.
L'« aide humanitaire » actuelle retrouve les morts, traite les malades, s’occupe des enfants… ; pour cela, envoyant médecins, médicaments, repas, eau… Mais ceci est la couverture. Sérieusement et à long terme, il s’agit d’une « aide » utilisée à la consolidation et l’approfondissement de leur domination. Les Etats-Unis, par exemple, principal protagoniste de cet « humanitaire », sont arrivés avec une force militaire extraordinaire ! Plus de 16 mille combattants ! Sur terre ou en navires de guerre, avec matériels de guerre ils arrivent, émergeant de porte-avions. Porte-avions ! - qui signifie, autrement dit : bombardement possible à tout moment… Ils patrouillent de jour comme de nuit et, sous prétexte de porter une « sécurité », ils contrôlent toutes les réunions dans les espaces publics, surtout les quartiers populaires.
En même temps, il est clair que cette « aide » - disons mieux, cette mainmise du contrôle territorial - correspond aux objectifs géopolitiques de ces impérialistes dans le cadre de leur plan de contrôle de la région, comme le laissent clairement comprendre tant la permanence des différentes bases en Amérique latine, que la réactivation de la Quatrième flotte, ou encore les derniers accords signés par Obama avec Uribe en Colombie. Haïti arrive à représenter un point clé inopiné (bien que depuis longtemps aspiré), central. En passant par la dépendance qu'ils développent dans le peuple au moyen de ce processus finalement si déshumanisant, ils transforment ouvertement l'occupation en une tutelle qu'ils prétendent définitive (le temps « utile », disent-ils maintenant). En ce sens, les mots du premier ministre fantoche : « c'est vrai, nous perdons ‘un peu’ de notre souveraineté », sont nettement mensongers. De nos jours, Haïti a tout simplement perdu TOUTE SA SOUVERAINETÉ !
Rappelons aussi que cette domination a déjà échouée entièrement et lamentablement. C’est ELLE précisément qui nous a conduit à la situation chaotique actuelle. Ainsi, devons-nous nous demander : la dite « reconstruction », dans quel intérêt sera-t-elle dirigée ? À la faveur de qui, de quels gens, de quelles classes ? Pour nous, clairement : cette « reconstruction » sera faite CONTRE NOUS ! Pour commencer, tout comme cela déjà se produit parmi les bourgeois-gérants d’ici, ces incontournables représentants des intérêts des multinationales, la « reconstruction » se réalisera sur la base des mêmes salaires de misère que nous connaissons. Clinton lui-même achève de se démasquer en clarifiant pour les capitalistes que « c’est le moment de faire de l'argent en Haïti ». ! ! ! … avec nos actuels salaires de misère et le pillage des dernières réserves naturelles restant sur ce territoire tellement détruit. Parallèlement, ils le feront en soutenant le sordide appareil étatique en place. Avec la présence renforcée de leur force militaire, c’est donc sur cette putréfaction extrême qu'ils s’appuieront, tout en mettant en œuvre rapidement son remplacement par des coordinations internationales. Combiné au souci moral qu'ils doivent ménager et soutenus par une propagande mystificatrice de haut degré, ils continuent à avancer dans ce projet historique qui participe de leur nature. Considérant les contradictions qu’ils ont avec l'État mafieux et criminel qu’à la fois ils supportent, on est alors à se demander : quels sont les ajustements concrets en cours, quels sont les intérêts précis articulés maintenant ? Sérieuse interrogation s’il en est.
Cette « aide » dispensée, avec l'agressivité tellement évidente de l’Américain, entraîne des contradictions entre les différents pays impérialistes. Certainement, l'hégémonie américaine tend à diminuer les contradictions présentes. Mais ceci ne doit pas nous distraire. Il faut les prendre pour ce qu’elles sont et se méfier d’elles. Danger d'ampleur égale : au-delà des décisions des Haïtiens, les impérialistes vont essayer de décider seulement entre eux, bien que chacun parle de le faire « avec les institutions légales en place ».
À côté de l'État putréfié précisément « en place», ceci nous emmène directement à l'utilisation des ONG. Elles, qui ont toujours dévié les masses populaires de leurs mobilisations de lutte ; elles, qui ont toujours eu une différenciation de salaire de leurs employés locaux, ce qui aidait à les séparer progressivement de leurs origines de classe ; elles, qui s’imposaient en tout, pour ce qui à trait à la santé, l'éducation… le social en général, représentent de nos jours une autre forme que prendra la tutelle.
Pour relever ce défi si énorme qui se présente à nous, il faudra prendre en considération tous ces dangers.


QUE FAIRE POUR RELEVER CE DÉFI ? A PARTIR DE L’INTÉRÊT DE QUELLE CLASSE ?
Dès les débuts de la période historique engagée au départ de Jean-Claude Duvalier en 1986, la gageure était déjà énorme pour les masses populaires, les travailleurs, la classe ouvrière. De nos jours, elle l'est encore plus. Il est ainsi indispensable de faire preuve de tout notre courage pour y faire face correctement.
Nous avons mentionné certains dangers importants. Pour les contrecarrer, nous devons permettre de les comprendre rapidement et bien. À l'heure actuelle, avec les conséquences terribles du séisme, cela ne sera pas facile. Nous devrons trouver la meilleure façon pour transmettre nos messages et les articuler avec la réalité vécue concrète de chaque lieu, à chaque moment. Articuler la compréhension de la situation avec l'obligation d’y faire face : aujourd'hui, plus que jamais, articuler le mieux possible l'agitation et la propagande. La meilleure manière trouvée devra viser à ce que les masses soient disposées à comprendre la situation, dans le but qu'elles soient disposées à y faire face.
Notre présence directe parmi les masses, la présence directe de tous les travailleurs, des ouvriers les plus conscients, de chaque progressiste conséquent, doit permettre d'avancer vers cet objectif. Il ne doit pas y avoir d’« attente » statique par rapport à la dite « aide », ni de découragement stérile. L'ennemi joue sur notre découragement, il joue sur notre attentisme, sur la dépendance des masses à leur égard, dépendance qui ne fera qu’augmenter si nous laissons s'échapper de nous le contrôle de ce processus.
Certainement, nous devons vivre, il nous faut VIVRE ! Plus encore après une catastrophe aussi terrible. Mais notre vie en tant que travailleurs, en tant que peuple, est aussi faite de LUTTE ! Plus encore après une catastrophe aussi terrible. Dans notre stratégie de vie, dans notre stratégie pour appliquer la ligne correcte du moment de lutte, nous devons donner une grande importance aux dangers que nous mentionnions précédemment. Nous devons permettre de comprendre les véritables « enjeux » qui y sont liés, de toutes les manières possibles, par notre présence directe dans les quartiers encore existant, dans les places publiques occupées, dans les usines et industries fonctionnant, dans la presse, au sein de nos familles … dans tous ces lieux nous devons faire savoir et dénoncer cette aussi terrible catastrophe qui nous attend et qui se propose de détruire ce qui reste de notre pays en tant que tel.
Comme nous le disions, beaucoup de choses négatives se trament. Pour leur faire face, il faut avoir comme axe central les intérêts des travailleurs, d'une manière positive. IL FAUDRA TRANSFORMER LE NÉGATIF EN POSITIF. Pour cela, encore une fois, les intérêts des travailleurs doivent être placés à l'avant-plan. Cela exige une compréhension de comment ces intérêts seront affectés par la catastrophe, ce qui nous exige d’étudier les conséquences matérielles, économiques et politiques du séisme, ainsi que comment les classes ennemies prétendent et s’organisent pour en tirer profit. Notre présence militante parmi les masses doit, enfin, s’exposer rapidement et avec beaucoup de force sur la scène politique même.
Entre-temps et durant tous les temps à venir, parmi nous des masses, il doit exister et se développer encore plus une SOLIDARITÉ continue et de forme diverse. Ceci nous dicte de prendre des INITIATIVES, à l’intérieur du pays comme à l’extérieur. Et, à son tour, ceci nous requiert de pouvoir recevoir la solidarité provenant de nos camarades, amis, alliés. Nous devons nous organiser à cette fin. Encore une fois, nous distinguerons très clairement cette solidarité de l'« aide » impérialiste. Sans aucun doute, cette solidarité représentera très peu par rapport à l'« aide » qui arrive mais elle reste fondamentale. Nous devons la considérer dans un esprit de LUTTE, avec l'objectif de construire le Camp du Peuple, seul camp capable de sortir le pays de l'abîme où il se trouve, unique camp capable de sortir notre formation sociale, tout comme l’humanité entière de la tragédie qui est la nôtre aujourd’hui.
Malgré tout, tout en sachant tous les problèmes qu’entraîne cette « aide », tout en étant conscients des déviations qu'elle véhicule, il nous faut trouver une manière pour qu’elle soit rentable pour nous autres des masses populaires. Là encore, il faut qu’on se batte pour qu'elle arrive dans les lieux où nous sommes, dans tous les lieux où elle est nécessitée. Puis nous devons être préparés à la recevoir nous-mêmes, la distribuer nous-mêmes et de la meilleure forme possible. Dans chaque lieu, il doit y avoir des comités à cette fin. Ces comités doivent être autonomes. Égrenant ainsi les bases pour la construction-développement d'organisations autonomes des masses populaires. Là aussi, nous devrons combattre ceux qui s’organisent pour leur bénéfice propre uniquement, ceux qui se sont toujours montrés être les voleurs de toujours. Dans les présentes circonstances tellement terribles, dans la mesure du possible, il faut convaincre ceux qui peuvent l’être d’avoir une certaine conscience, qu'il n'est pas correct d’intégrer de telles pratiques dans notre processus et, vis-à-vis de ceux qui insistent, les battre dans leurs actions, correctement. Nos comités doivent être honnêtes, sérieux, clairs, collectifs, organisés de la meilleure manière, fermes, dynamiques et combatifs. Combatifs puisque, outre les négatives tractations du moment entre des membres aliénés des masses elles-mêmes, nous devrons faire face, surtout, à l'offensive des classes dominantes, dans le cadre de leur projet de domination-exploitation qui ENCORE - et peut-être plus que jamais - EST SUR PIED. Pour cela, nos comités de réception de l'« aide », doivent consciemment se transformer en comités de LUTTE. Soit comme brigades de résistance face aux voleurs, soit, encore une fois et surtout, face aux manœuvres des classes dominantes et leur État réactionnaire qui, par exemple - nous le savons - projettent déjà de nous déplacer dans des « camps de sinistrés », loin de la ville, loin d'où nous vivions, sans préoccupation de comment ni où nous travaillerons, sans écoles, voire parler d'université ou autres centres sociaux nécessaires… sans aucune préoccupation de comment nous allons VIVRE.
Vu tout cela, en plus de mettre sur pied le plus rapidement possible nos comités, il faudra bien concevoir une coordination effective entre eux, dans le cadre de notre BATAILLE. Actuellement de même que pour le futur. Pour tout cela, les principaux responsables, dûment choisis par tous, auront à centraliser et synthétiser les requêtes, désirs et revendications de tous et les retourner de manière organisée, de nouveau, à tous, à présent plus avancés et en projets. Ainsi, nous rendrons notre pratique interne plus dynamique de telle sorte que, dès que mieux organisés et forts, nous puissions faire face correctement à l’ennemi et son projet adverse.
Il faut que nous soyons conscients aussi que, dans leur logique rachitique, les classes dominantes ont exprimé que : Port-au-Prince est détruit, cela veut dire que « le pays est détruit » ! Il ne faut pas s’y prendre ! Cette logique, en plus de se baser sur l’incapacité de l’Etat, tend à favoriser encore plus son désir de centralisation du pouvoir, son objectif de maintenir son pouvoir, grâce aux forces armées étrangères de tout type plus concentrées à la capitale. Il ne faut pas y croire ! Nous autres devons diffuser et appliquer notre compréhension de la situation et notre conception de l’action à travers le pays entier, sur tout le territoire ! Les militants et travailleurs conscients doivent profiter du mouvement centrifuge des grandes masses pour amener partout la compréhension et la mobilisation adéquate.
Conjointement, nous devons, le plus tôt possible, avancer à nouveau dans les luttes globales qui nous reviennent et qui plus que jamais doivent être en vigueur. Contre la privatisation, contre la domination… CONTRE L’OCCUPATION ! Parallèlement, et en même temps, retourner, dès que possible, avec les principales revendications de chaque classe de notre Camp, de chaque secteur des masses populaires. De fait, la réforme agraire doit s’effecteur dès à présent et solidement, les écoles doivent évoluer de manière totalement positive pour nous, de même l’université, nos quartiers, nos salaires, les salaires publiques que nous percevons… … … Et pour commencer : TOUS CEUX QUI LE SOUHAITENT DOIVENT POUVOIR TRAVAILLER ! De sorte que tous puissent trouver un revenu assuré, dans le cadre d’un plan général et bien articulé entre le travail agricole, industriel, de services et technique. Un plan général basé sur les intérêts des travailleurs assurés et de manière adéquate, SOUS LE CONTRÔLE DES TRAVAILLEURS, SOUS NOTRE CONTRÔLE.
Pour tout cela, nous devons clairement déjà savoir que : l’Etat actuel ne pourra pas le faire, ne voudra pas le faire ce n’est pas notre Etat, ce n’est pas l’Etat des travailleurs. Au contraire : c’est un Etat bourgeois, un Etat des classes dominantes, un Etat pro-impérialiste, un Etat ANTI-TRAVAILLEURS, ANTI-PEUPLE, ANTI-NATIONAL. Dans le contexte d’où nous tire le séisme et que nous avons rappelé plus haut, cela est clairement évident. Cet Etat n’existe pas pour réaliser nos intérêts, nous permettre d’atteindre nos objectif, même de façon minimale. Si nous voulons pouvoir concrètement réaliser nos intérêts à court, moyen et long terme, il nous faut UN AUTRE ETAT ! Il faut NOTRE ÉTAT À NOUS !
Tel qu’il est clair, tout ceci nous exige de nous BATTRE. La « reconstruction » dont on parle est un terrain politique national concret. Nous le disions déjà, les classes dominantes, liées à l’impérialisme, œuvrent à créer les conditions de consolidation de leur propre politique. Elles n’ont aucun intérêt à ce que la « reconstruction » se fasse en dehors de ce plan, avec nos intérêts à l’avant-plan. Ce sont ELLES qui, pendant déjà plus de deux cent ans, ont « construit » cette saleté d’aujourd’hui. Nous devons, nous autres, poser la construction de notre pays avec nos intérêts à l’avant plan, A PARTIR DES INTÉRÊTS DES MASSES POPULAIRES, DES INTERETS DES TRAVAILLEURS. Ceci n’a JAMAIS eu lieu dans ce pays. Et c’est CELA qui représente l’unique solution pour nous sortir de l’abime où ces sanguinaires nous ont entraîné.
Pour cela, nous devrons avoir et développer notre LIGNE stratégique et tactique. Sortir nos revendications du jour, indiquant nos objectifs à long terme, avec ligne tactique et articulation précise. Par exemple, si nous souhaitons obtenir le contrôle des travailleurs dont nous parlons et que nous tous désirons, est-ce que, après une si terrible catastrophe, nous pouvons accepter dans le textile de recevoir les misérables 125 gourdes qu’ils nous infligent ? Et les autres travailleurs : accepteront-ils de retourner aux misérables 200 gourdes imposés ? NON ! Dès maintenant, le salaire ne peut être de misère comme antérieurement ! Pour pouvoir nous sortir nous-mêmes de cette situation de calamité où nous nous trouvons, nous devrons LUTTER ! Lutter pour en sortir de nous-mêmes, sans attendre que nous parvienne « l’aide ». Bien que nous puissions, par nécessité extrême, accepter de la recevoir aujourd’hui, il ne faut pas que notre vie continue ainsi éternellement, sans salaire de vie minimale, où nous sommes réduits à la mendicité, où les bourgeois font de nous ce qu’ils veulent, où l’Etat est leur seul correspondant soutenu ! Et c’est pareil pour toutes nos autres revendications : LEVONS NOUS POUR LES REVENDIQUER. Ainsi et dans ce processus même, nous nous organiserons de mieux en mieux pour mieux affronter l’avenir.
Ouvriers, travailleurs et progressistes conséquents doivent œuvrer sans relâche pour que toutes les masses populaires s’intéressent à ces questions fondamentales et s’engagent, décidément, à les résoudre, en se dégageant, dès le départ, de la logique attentiste qui se développe chez nous bien que clairement nous nous rendions compte – nous le savons bien, car nous étions en train de le vérifier lors de la période antérieure au séisme – que leur plan, partiel ou général, n’était pas le nôtre.
En sachant clairement (et en le posant dès le départ) que notre construction-reconstruction réelle se situe principalement au plan stratégique, nous ne pouvons pas non plus ne pas être présents dans cette question IMMÉDIATE et laisser simplement que les impérialistes avec la putréfaction étatique en place se chargent de la développer eux seuls et, ainsi, facilement véhiculer uniquement leur point de vue.
Nous devons poser de suite que cette reconstruction doit être non seulement physique (infrastructures, services qu’on doit nous restituer, habitat convenable et correct, transport adéquat, relations étudiées et fluides entre les différentes parties de la ville qui nous touchent, nous travailleurs…) ; mais aussi et surtout de relations SOCIALES : le projet de reconstruction est avant tout un projet SOCIAL. Avec une nouvelle conception du développement agricole et industriel, ses articulations, où un État fort et capable décidera de manière autonome des formes concrètes de mobilisation du Capital, avec une politique étrangère aussi récemment et radicalement différente, en commençant par la DÉSOCCUPATION du pays, récupérant ainsi sa SOUVERAINETÉ COMPLÈTE : souveraineté administrative, alimentaire, souveraineté complète dans le cadre de nos décisions fondamentales… SOUVERAINETÉ POLITIQUE !
Dans et pour tout ceci, il est besoin de nouvelles relations sociales dans la production et dans la vie en général. Si le nouvel État alors en fonctionnement continue d’avoir besoin d'une « aide » qui pourrait, peut-être, devoir continuer à arriver, cela sera fait selon une nouvelle conception où la pratique en cours sera, comme nous l’avons déjà dit, de SOLIDARITÉ RÉELLE, celle qui existe entre les travailleurs, entre les peuples naturellement frères.
Sans cette BATAILLE, l'État au « pouvoir » sera toujours laquais et vil. Avec notamment celui en place actuellement, la « reconstruction » se fera dans le cadre d’une dépendance mortelle, sous une occupation effective, transformée peu à peu en tutelle objective, laquelle augmentera de jour en jour, malgré tous les mots mystificateurs des « dirigeants », lesquels expriment simplement qu'ils n'ont pas encore reçu la quantité attendue pour lubrifier leurs poches.
Avec les intérêts des travailleurs toujours à l'avant, nous du Camp du Peuple, effectuerons ensemble la reconstruction nécessaire. À Batay Ouvriye, c’est dans ce sens que nous travaillons. Notre pratique face à la catastrophe doit ensemble nous emmener sur la scène politique. De manière égale, nos pratiques face à la catastrophe doivent être intégrées dans celles que nous avions toujours, pendant que ces dernières doivent émerger à nouveau : double mouvement, seule manière d'envahir cette scène politique de manière réellement autonome. Prendre l'ennemi en tenaille : c’est de cela qu’il s’agit !
Avec la même conception dialectique, la pratique de lutte doit en même temps être portée au niveau international. Bien articulées, elles doivent toutes retrouver le rythme « en phase » qui commençait à être le leur. Toutes les organisations progressistes devraient considérer de faire de même, étudier les propositions transitoires que nous apportons aujourd’hui et, dans la mesure du possible, commencer à appliquer ce qu’elles trouveront adéquates. Une coordination effective sera alors nécessaire, respectant l’autonomie de chaque organisation mais clairement viser à effectuer un pas additionnel dans la construction du Camp du Peuple.
Nous devons préciser que cette pratique est déjà en cours, non seulement sur le terrain mais également au niveau international. La solidarité réelle est en marche en Amérique Latine, en Europe, en Afrique… et aux Etats-Unis mêmes. Elle se réalise, conjointement avec des rapprochements politiques, des débuts ou confirmant ceux déjà mis sur pied. Ensemble, avec tous nos camarades solidaires, nous avançons fermement.
Entre-temps, dans notre pays même, nous ouvriers, travailleurs de tout type, progressistes conséquents, IL NOUS FAUT AVANCER CONCRÈTEMENT ! Dans la LUTTE concrète actuelle, dans le cadre de notre objectif qu’alimentent nos aspirations les plus profondes.
La capacité répressive de l’ennemi a énormément augmentée, grâce à l’envoi de toutes ces forces armées qui nous ont envahi sans demander notre avis, avec le prétexte de l’ « aide humanitaire » que nous connaissons. Mais, justement, pour arriver à continuer d’exister politiquement, c’est seulement en avançant que nous garantirons cette capacité.

Sans relâche et avec force, nous devons clairement exposer ce que nous refusons !
Sans relâche et avec force, nous devons clairement exposer ce pour quoi nous luttons !
Sans relâche et avec force, MAINTENANT !
Rapidement et toujours, nous devons exposer clairement nos actions
Pendant que nous travaillions à ce que plus de gens y adhèrent
De manière structurée et bien organisée
Sans relâche et avec force, luttons pour la victoire !

VIVE LA LUTTE DU PEUPLE HAÏTIEN !
VIVE LA LUTTE DES TRAVAILLEURS !
VIVE LA LUTTE DE LA CLASSE OUVRIÈRE !
VIVE LA SOLIDARITÉ NATIONALE ET INTERNATIONALE ENTRE TRAVAILLEURS !

Si, réellement, nous subissons une situation atroce
Ajoutant à nos déboires déjà si indicibles
IL NOUS FAUT NOUS RELEVER
DEBOUTS !
AVEC NOS INTÉRÊTS COMME SEULE BOUSSOLE

Notre vie faite de travail et de lutte
Doit aujourd’hui avoir un objectif clair :
GUÉRIR LE PAYS UNE FOIS POUR TOUTES !






Port-au-Prince, ce 7 février 2010


http://www.batayouvriye.org/Francais/Accueil.html
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Re: APPEL A LA SOLIDARITE AVEC HAITI

Messagepar zebulon » Lundi 01 Mar 2010 15:27

En lisant ce texte on a l'impression de revoir la stratégie réactualisée et condensée des bolchéviques de 1917 qui ont manoeuvré en utilisant et récupérant à leur compte la ferveur révolutionnaire des paysans et des ouvriers dans le seul but de s'accaparer le Pouvoir et l'appareil d'État .

J'ai séléctionné quelques morceaux de choix :

Bataye Ouvrye a écrit:
Notre présence militante parmi les masses doit, enfin, s’exposer rapidement et avec beaucoup de force sur la scène politique même.

[...]

SOUS LE CONTRÔLE DES TRAVAILLEURS, SOUS NOTRE CONTRÔLE.

[...]

Si nous voulons pouvoir concrètement réaliser nos intérêts à court, moyen et long terme, il nous faut UN AUTRE ETAT ! Il faut NOTRE ÉTAT À NOUS !

[...]

Nous devons, nous autres, poser la construction de notre pays avec nos intérêts à l’avant plan, A PARTIR DES INTÉRÊTS DES MASSES POPULAIRES, DES INTERETS DES TRAVAILLEURS.

[...]

le projet de reconstruction est avant tout un projet SOCIAL. Avec une nouvelle conception du développement agricole et industriel, ses articulations, où un État fort et capable décidera de manière autonome des formes concrètes de mobilisation du Capital,

[...]

Si le nouvel État alors en fonctionnement continue d’avoir besoin d'une « aide » qui pourrait, peut-être, devoir continuer à arriver, cela sera fait selon une nouvelle conception où la pratique en cours sera, comme nous l’avons déjà dit, de SOLIDARITÉ RÉELLE, celle qui existe entre les travailleurs, entre les peuples naturellement frères.
Sans cette BATAILLE, l'État au « pouvoir » sera toujours laquais et vil.

[...]

À Batay Ouvriye, c’est dans ce sens que nous travaillons. Notre pratique face à la catastrophe doit ensemble nous emmener sur la scène politique. De manière égale, nos pratiques face à la catastrophe doivent être intégrées dans celles que nous avions toujours, pendant que ces dernières doivent émerger à nouveau : double mouvement, seule manière d'envahir cette scène politique de manière réellement autonome. Prendre l'ennemi en tenaille : c’est de cela qu’il s’agit !




Vous croyez qu' OCL aurait effectué ce "rapprochement politique" ?
Avec ces marxistes ?

Bataye Ouvrye a écrit:Nous devons préciser que cette pratique est déjà en cours, non seulement sur le terrain mais également au niveau international. La solidarité réelle est en marche en Amérique Latine, en Europe, en Afrique… et aux Etats-Unis mêmes. Elle se réalise, conjointement avec des rapprochements politiques, des débuts ou confirmant ceux déjà mis sur pied.



Y-a-t-il quelqu'un qui connaisse des ou ungroupe anar sur haïti ?
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Re: APPEL A LA SOLIDARITE AVEC HAITI

Messagepar Mala » Lundi 01 Mar 2010 15:50

zebulon a écrit:

Y-a-t-il quelqu'un qui connaisse des ou ungroupe anar sur haïti ?



je me posais la meme question
Mala
 

Re: APPEL A LA SOLIDARITE AVEC HAITI

Messagepar NOSOTROS » Mardi 02 Mar 2010 0:39

IL n'y a pas de groupe anar en Haiti.

mais dans les textes de Bataye Ouvrye - et ses méthodes de lutte - il y a des ferments anarchistes indéniables (leurs ennemis trotskystes ou communistes orthodoxes les accusent d'ailleurs d'anarchosyndicalistes ...). Lire leurs textes sur les syndicats, l'autonomie des travailleurs, le fait qu'ils ont refusé de faire l'alliance avec tout parti politique étant toujours contre le parti au pouvoir et contre ceux d'opposition même quand les positions ont changé (les communistes leur en veulent d'ailleurs à mort de n'avoir pas soutenu le camp "progressiste" en 2004), les textes anti-parlementaires etc ...

Bien sur que dans ce texte la référence est essentiellement marxiste. Quoi de surprenant ? POur 99% des organisations politiques révolutionnaires dans le monde, le cadre de référence n'est pas l'anarchisme, vu l'absence de notre mouvement dans l'histoire récente et la relative nullité théorique du mouvement. (les seuls qui ont un peu d'audience depuis une dizaine d'année au niveau international sont des réformistes type Bookchin, Chomsky, Albert etc ... Ils bénéficient de l'avantage de la diffusion de leurs idées via les médias type internet, où la prime est donnée aux anglophones ...)

La bouteille on peut soit la considérer à moitié pleine, soit à moitié vide ... A nous de voir ...
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Re: APPEL A LA SOLIDARITE AVEC HAITI

Messagepar zebulon » Mardi 02 Mar 2010 8:58

Ce n'est pas parce qu'il y aurait "des ferments anarchistes" dans leurs déclarations qu'on ne doit pas voir aussi les "il nous faut un état fort" et autre "envahir la scène politique", avec en clair une stratégie séparatiste entre la masse et une pseudo-élite, eux.

Désolé, j'aurais bien aimé voir comme tu dis une bouteille moite-moite, mais la partie pleine est plutôt imbuvable !
Les alliance avec ce genre de groupe sont à mon avis très vivement déconseillées...
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Re: APPEL A LA SOLIDARITE AVEC HAITI

Messagepar Mala » Mardi 02 Mar 2010 10:09

donc si j'ai bien compris Bataye Ouvrye sont des marxistes a tendence mao.
est ce que quelqu'un peut expliquer un peu leurs pratiques militantes.est ce qu'ils se présentent aus éléctions ou sont ils abstentionistes. et sont-ils conseillistes.
pardon pour mon ignorance.
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Re: APPEL A LA SOLIDARITE AVEC HAITI

Messagepar NOSOTROS » Mardi 02 Mar 2010 17:28

En fait ce ne sont pas des maos mais d'anciens maos (dans les années 70 / 80).

Par la suite, avec la chute du mur, de la maison pékin et l'évolution de l'histoire , ils ont évolué de façon autonome, c'est à dire sans référence idéologique extérieure, se créeant leur propre idéologie qui allie une bonne dose de pragmatisme avec des restes d'idée révolutionnaire.

Dans leur pragmatisme : le fait que de totue façon ils sont dans un pays super pauvre, qu'ils ont besoin de moyens pour développer leurs activités, et que par conséquent tout est bon à prendre. Ils ont par exemple accepté des subventions de groupes notoirement liés aux intérêts diplomatiques USA, mais tout en leur crachant dessus (ils n'ont d'ailleurs eu le droit à ces aides qu'une seule fois ... ils en ont ensuite été privés)

Dans leur côté révolutionnaire : le fait d'appeler à l'abstention électorale, de ne soutenir aucun des camps politiques en présence (ni le Pouvoir ni l'opposition, et idem quand les places ont été inversées), le fait de mettre l'emphase sur l'autonomie de l'organisation ouvrière - qui doit être à distance des appareils politiques, le fait aussi que leurs luttes étaient essentiellement dans les secteurs des zones franches c'est à dire plutôt à rebours des intérêts à court terme des US et cie (1)

Les textes qu'il sont écrit avant le tremblement de terre sont beaucoup moins orientés vers l'Etat et cie, et mettent beaucoup plus l'accent sur l'autonomie ouvrière. Ce sont ces textes là qui me paraissent intéressants de notre point de vue.

le texte ci dessus qui fait référence à l'Etat est écrit dans un contexte très particulier : une manne de fric va tomber sur Haiti via les ONG et l'Etat haitien. La question c'est comment ce fric va être réparti, à qui va t il être distribuer. BO part du principe - très pragmatique - que c'est l'Etat haitien qui va organiser la répartition de la manne. Donc ils n'attaquent pas l'Etat en tant que tel mais disent que l'Etat devrait être au service de tous. C'est bien entendu un voeu pieu, et une illusion de plus. Et ils pourraient en effet se faire les prophètes de la catastrophe annoncée en disant que de toute façon, comme d'habitude, l'Etat ne va rien faire car il n'est pas au service de tous.

A mon avis, du point de vue du résultat, on arrive grosso modo à la même conclusion : l'état n'est pas au service de tous. Cependant plutôt que de partir d'une point de vue peut être lucide mais défaitiste, et donc démobilisateur, ils essayent de partir d'adopter un point de vue plus accessible - du moins au public visé.

Là où je nunace mon propos c'est qu'il faut bien avoir conscience que le discours sur l'Etat s'adresse à une classe ouvrière SALARIEE, c'est à dire intérgée (en un mot l'aristocratie ouvrière) qui est marginale dans un pays comme Haiti où les salariés font figure d'exception dans un pays où c'est l'économie souterraine qui est la règle, et où le rapport de la classe de l'économie souterraine avec l'Etat est déjà de toute façon marquée par le sceau de la violence. Pour des vendeurs à la sauvette ou des ouvriers (agricoles ou industriels) clandestins, de toute façon l'Etat n'existe déjà pas ... si ce n'est la police). BO se place d'un point de vue syndicaliste, c'est à dire pour une certaine frange de la population.

Mais on peut se poser la même question en ce qui nous concerne : le rapport au quotidien à l'Etat entre un professeur, un fonctionnaire ou un salarié en CDI avec son CHSCT, son CE et son inspection du travail, et celui qu'en a un précaire ou un chômeur longue durée (sans parler des jeunes non diplômé d'un quartier populaire ...) n'est pas non plus le même. Dès lors "la défense du service public" sera plus ou moins molle selon la personne. Les premiers seront plutôt enclin à vouloir un Etat avec toutes ses prérogatives au bénéfice de tous (étant assumé que dans leur tête tous sont comme eux ...) alors que les seconds seront plutôt dans le "nique l'état qui nous en fait baver tous les jours".

Cependant ni l'une ni l'autre des positions ne me semble un e position révolutionnaire. Le débat est lancé si ça vous chante. (Caen l'avait ouvert avec son très bon texte autour de la notion de service public ... )

En attendant, que ce soit pour BO ou pour d'autres groupes, ici ou là bas, il ne s'agit pas de faire des "alliance" mais plutôt d'être solidaires (ou pas), afin de créer les conditions d'un échange éventuel. On peut attendre que par eux même les individus ou les groupes, plus ou moins spontannément, s'alignent sur nos positions et n'accepter de discussion que si on est à 99,99% en accord. On peut aussi se dire qu'il y a des croisement féconds, ce que Douddu appelait dans un autre message antérieur sur un autre sujet la persuasion.

Quelle politique d'influence les anarchosyndicalistes se donnent ils dans le mouvement social ? (à moin squ'on y ai renoncé et qu'on ne soit plus qu'un vestige de témoignage en attendant des jours meilleurs ?)

On observe depuis plusieurs années maintenant globalement une montée du radical réformisme aussi bien ici que partout dans le monde, car les vieilles formes de médiation (cogestion syndicale, parlementarisme) ne sont pssu nécessaires dans un monde capitaliste débarrassé du spectre "communiste". Le retour en force du capitalisme le plus cynique et brutal, qui s'est débarrassé des oripeaux "démocratique"s de la négociation (à part pour des secteurs de plus en plus réduit d'emplois "privilégié" qui savent ce qu'ils ont à perdre et donc ne se battent plus que pour le "maintien de leurs acquis" dans un corporatisme le plus étroit) s'accompagne d'une montée en force de laissés pour compte, sur le mode radical (dans les moyens d'actions : séquestrations, occupations etc ...) mais réformiste quant au but (l'idéal à atteindre étant d'intégrer l'Eldorado des secteurs corporatistes : d'où p.ex. les demandes qui sont de nationaliser les entreprises occupées). Devons nous accompagnzr ces mouvements, au moins dans leur phase radicale tout en dénonçant leur portée réformiste, en espérant que des franges vont s'en détacher (surtout en cas d'échec de leurs revendication), ou bien devont nous attendre à l'extérieur qu'ils fassent l'expérience amère de l'échec cuisant qui leur pend au nez, sur l'air du "on vous l'avait bien dit" ? Le problème (de mon point de vue) c'est que si tu n'es pas là, au côté des gens, au moment où ça barde pour eux, tu peux toujours la ramener après, tu es inaudible ... (Ca me faisait penser à un gars du centre de tri du Mans qui ne se mettait jamais en grève parce que c'était des grèves corpo etc ... Ce qui était vrai. Cependant ses tracts sur l'appel à la grève générale insurrectionnelle faisaient rire (jaune) et partaient direct à la poubelle de la part des autres salariés ...)

(maintenant si on analyse que la position initiale est trop éloignée de la position d'arrivée, le ratio énergie investit / résultat excompté ne vaut surement pas la peine d'être investit, entièrement d'accord).

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(1) même si on peut aussi dire que ça participe de l'explitation à visage humain ... faut il défendre le salariat comme un progrès face à l'esclavage ... vaste question ... qui risque de se poser aussi à nous très vite avec les stattus de travailleurs indépendant etc ... On voirt de plus en plus dans d'autres pays (argentine mais aussi pologne, grande bretagne etc ...) que les revendication stournent non plus vers l'abolition du salariat - qui de fait est réalisée par le statut d d'entreprise individuelle ... sic ... mais au contraire vers une i ntérgation des travailleurs dans des statuts salariés (avec les protections sociales qui vont avec). Comment l'anarchosyndicalisme actuel se situe dans ce mouvement ? Renvoyer tout le monde dos à dos parce que tout cela c'est la même merde me parait être une position politique peut être juste, mais d'un poitn de vue stratégique et tactique erronée ... en tout cas qui ne peut que continuer à notre isolement superbe ...
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Re: APPEL A LA SOLIDARITE AVEC HAITI

Messagepar zebulon » Jeudi 04 Mar 2010 10:15

Le débat que tu soulèves avec précision est intéressant mais il me semblait être dépassé depuis longtemps par le mouvement anarchiste : aucun compromis avec ceux qui revendiquent le droit à un État, qui plus est un État fort. Point barre.

J'ai toujours eu un dégoût profond pour la stratégie politicienne. Pour moi une des qualités fondamentales du mouvement anarchiste c'est justement son franc-parler, sa franchise, sa volonté de clarifier dés le début, à la base, sans circonvolutions.
Car après de tels rapprochements, que j'estime être compromettant, seuls des initiés possèdent les codes de ces alliances improbables, c'est-à-dire qu'ils possèdent du pouvoir.
Alors que la force de l'anarchisme et des anarchistes repose justement sur la force morale qui repose elle-même sur une énonciation simple et sans compromis des fondamentaux Liberté, Égalité, Solidarité et Justice Sociale. Point Barre. Le reste étant laissé à l'initiative individuelle ou collective (groupe), force créatrice nécessaire au processus révolutionnaire.

Pour moi aucune alliance politique ou solidaire n'est possible avec des groupes qui sont capables selon tels ou tels évènements, même extraordinaires, de clamer : "Ce qu'il nous faut c'est un État fort ! "

Ce qui ressort du texte "Solidarité Oui, Unité Non" écrits il y a quelque temps par les copains de Toulouse, c'est justement que tant qu'il n'y a pas eu clarification et adhésion réelle à ces fondamentaux libertaires cités plus haut et bien qu'il ne peut poindre aucune ombre d'alliance ou de rapprochement aucun.
Cela ne veut pas dire la mort du dialogue ou du débat contradictoire avec des groupes qui serait peut-être (ou peut-être pas) en évolution positive vers ces fondamentaux, Ça veut dire on garde, on défend et on promeut de manière ferme et claire ces fondamentaux.

Quant à la solidarité, c'est avec des exploités en lutte autonome et non autoritaires qu'elle veut s'exprimer et pas avec des "exploités" en lutte prétendument autonome et en tout cas explicitement avant-gardiste et autoritaires, et qui dans un moment justement extraordinaire se révèlent être ce qu'il me semble qu'ils sont...


Donc il n'y aurait pas de contact avec qui que soit d'intéressant en Haïti ?
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Re: APPEL A LA SOLIDARITE AVEC HAITI

Messagepar Mala » Jeudi 04 Mar 2010 11:01

NOSOTROS a écrit: Renvoyer tout le monde dos à dos parce que tout cela c'est la même merde me parait être une position politique peut être juste, mais d'un poitn de vue stratégique et tactique erronée ... en tout cas qui ne peut que continuer à notre isolement superbe ...


ce point me parait important depuis mes débuts de militant. Il me semble que si on rejete tout le monde, meme avec de très bonnes raisons, on finit entre nous et la lutte n'en est plus une.
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Re: APPEL A LA SOLIDARITE AVEC HAITI

Messagepar anarced » Jeudi 04 Mar 2010 12:45

Je crois qu'on peut critiquer les gens sans les rejeter. Ce n'est pas la même chose!
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Re: APPEL A LA SOLIDARITE AVEC HAITI

Messagepar NOSOTROS » Vendredi 05 Mar 2010 8:47

Zéulon, pour qu'il ný ait pas de malentendu pour les gens qui ne lisent que le forum (parce que comme nosu nous connaissons dans la vraie vie je pense pour pouvoir dire que nous sommes d'accord ), discuter avec quelqu'un avec qui on n'est pas d'accord ce n'est pas faire un compromis. On peut être solidaire avec des gens dont on ne partage pas tous les points de vue (cf. le texte oui à la solidarité non à l'unité).

Je suis farouchement anti-unitaire dans le sens du compromis sur le plus petit dénominateur commun réformiste.

Je suis par contre pour la solidarité, mais en effet comme tu le dis, sans cacher ni qui on est ni les désaccords qu'on a. Ca me semble être une question en effet d'éthique , chose qui manque malheuresement bien souvent dans le milieu révolutionnaire ...

Si on prend le cas de BO, je fais une analyse, pour lire leurs textes depuis plusieurs années maintenant, qu'ils sont un peu plus autonomes que tu ne le penses. Mais je peux me tromper. C'est aussi la force du fédéralisme (réseau) de permettre à des points de vue différents (mais pas divergents sur le fond) de s'exprimer, à des initiatives de se lancer sans attendre nécessairement que tout le monde soit complètement en phase (et donc de laisser la place à l'expérimentation), et ensuite de revenir pour en faire le bilan collectivement (c'est souvent cette dernière étape qui manque, ce qui fait que je trouve un intérêt à l'AIT c'est que nous essayons tant bien que mal de faire ces bilans pour avancer).
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Re: APPEL A LA SOLIDARITE AVEC HAITI

Messagepar Mala » Mercredi 17 Mar 2010 10:14

zebulon a écrit:Le débat que tu soulèves avec précision est intéressant mais il me semblait être dépassé depuis longtemps par le mouvement anarchiste : aucun compromis avec ceux qui revendiquent le droit à un État, qui plus est un État fort. Point barre.



je cite un texte de Malatesta qui pourra faire avancer ce débat.

"Nous ne pouvons pas tout seuls en finir avec le fascisme et encore moins abattre les institutions.Il nous faut donc soit nous unir avec ceux qui, tout en n'étant pas anarchistes, ont en commun avec nous des buts immédiats; soit laisser les fascistes continuer à tyranniser l'Italie avec la complicité du gouvernement, et la monarchie régner sans être inquiétée.
Mais dans les "alliances révolutionnaires", on est toujours trahis! C'est bien possible; mais nous préférons risquer d'être trahis par les autres plutôt que de trahir nous-mêmes en poussant a l'inaction.
Même les éventuelles trahisons ne seront pas inutiles: elles montreront aus travailleurs quels sont ceux qui veulent réellement les servir, et aux révolutionnaires quels sont ceux qui veulent vraiment faire la révolution."
Umanita Nova, 25 juin 1922
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Re: APPEL A LA SOLIDARITE AVEC HAITI

Messagepar anarced » Mercredi 17 Mar 2010 11:41

On peut très bien, contre un ennemi commun, lutter à côté de gens différents sans faire aucun compromis avec eux.

Je trouve que Malatesta a écrit des trucs bizarres, le terme "alliance" me choque. Je ne comprends pas comment on peut s'allier sans s'aliéner, sans renier son existence propre. S'allier, c'est se tuer. S'associer, c'est être plus fort.
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