pour ceux que cela interresse
Depuis plusieurs années, le Mouvement Piquetero est en crise pour des raisons externes et internes : la relative amélioration de la situation économique et sociale, accompagnée dune politique de répression et de cooptation de la part du gouvernement de Kirchner et un repli dans les quartiers. On peut, schématiquement (sans être exhaustif), classer le mouvement en trois catégories dorganisations :
# Les organisations liées aux partis politiques dextrême-gauche ou de gauche (PO, MST, MTL, CCC
) : ces organisations se caractérisent par une forte hiérarchisation, des structures verticales, les militants des partis touchent des plans (1) pour leurs fonctions organisatives. Les directions des partis ont décidé de délaisser ou même dabandonner la lutte revendicative (quand elles la menaient!) et les chômeurs à leur propre sort, en faisant le diagnostique que la lutte révolutionnaire avait changé de camp et était dorénavant du côté des travailleurs (la reprise économique sest accompagnée dune tendance à des conflits pour des augmentations de salaries) (2). On peut dire que ces partis politiques ont été caractérisé par un opportunisme politique, en effet à la naissance du mouvement piquetero, quand les chômeurs, de manière indépendante et autonome ont commencé les premiers barrages de route et que lEtat leur a octroyés les premiers plans, les partis ont, dans un premier temps critiqué cet « assistanat », ensuite ils ont créé leurs propres mouvements pour se constituer une base sociale. Leur projet politique est assez confus, de la participation électorale au discours révolutionnaire
. # Les organisations kirchneristes : une partie des organisations piqueteras (Barrios de Pie, FTV) a décidé de soutenir laction du gouvernement et en retour en sont grassement récompensées (postes au gouvernement, subventions, planes
). Figurent dans cette catégorie des organisations créées par le pouvoir. Ces organisations fournissent au pouvoir des troupes pour assister aux meetings ou à des actions contre les opposants. #
Les organisations indépendantes ou autonomes : lorganisation la plus représentative de cette catégorie était la Coordination Anibal Veron (fédération de plusieurs Mouvements de Travailleurs sans emploi, MTD) jusquà son éclatement en trois blocs en 2003 : - MTD Solano : mouvement connu pour son horizontalité et son projet dautonomie (mouvement ayant le plus de contacts et de relations avec létranger) mais savérant caractérisé par un leadership certain. Depuis lannée 2003, il a sest replié sur son projet et a fortement réduit en nombre. Il a subi un départ groupé de plusieurs quartiers lannée dernière (http://amerikenlutte.free.fr/index.php? ... &Itemid=42).- MTD dit Anibal Veron : mouvement encadré par JC dAffunchio (auto-déclaré marxiste-léniniste), un temps proche ou neutre par rapport au gouvernement, aujourdhui plus critique.- Front Populaire Dario Santillan (FPDS) : sorte de coordination de plusieurs MTDs, se caractérise par le leadership dun groupe de référents. En 2006, plusieurs groupes ont quitté le FPDS, critiquant le manque de démocratie interne, se sont regroupés pour former la Fédération dOrganisations de Base (FOB) (http://amerikenlutte.free.fr/index.php? ... &Itemid=39).
Dans cette catégorie figure également le Front dOrganisations en Lutte (FOL), de tendance « marxiste-léniniste » ou lUnion de Travailleurs sans emploi de Mosconi (nord de lArgentine).
Malgré une reprise économique qui na rien de surprenant vu le « trou » dans lequel était tombé le pays et un contexte économique mondial qui la favorise, le chômage, la précarité (environ 50 % des travailleurs argentins sont au noir), la misère (depuis larrivée de Kirchner, la brèche entre riches et pauvres a augmenté, des millions dargentins survivent avec des allocations ou des salaires largement inférieurs au seuil de pauvreté), continuent de faire des ravages dans les quartiers. Aujourdhui lArgentine affiche un taux de croissance de près de 8 %, les recettes fiscales battent des records, néanmoins au niveau du modèle économique rien na changé, il sagit dune politique fondamentalement libérale, aucune réforme structurelle na eu lieu et on ne peut écarter le retour dune crise économique et sociale. Malgré leur atomisation et leur effacement, lexpérience accumulée par les mouvements de chômeurs est loin dêtre négligeable et sera certainement très utile pour affronter celle-ci.
1- Planes trabajar o jefes y jefas : « contrats » de 2O heures par semaine payés 150 pesos (300 francs) par mois utilisés par les collectivités publiques. Ils furent obtenus grâce à la lutte des piqueteros (chômeurs qui coupent les routes). Les mouvements de piqueteros ont également obtenus la gestion directe dune partie de ces plans, les bénéficiaires travaillent donc « au service » des mouvements, ce qui dailleurs pose quelques problèmes de « clientélisme », surtout dans les mouvements de chômeurs des partis dextrême gauche. LEtat a décidé il y a peu de fermer le robinet des plans, ceux qui sortent du dispositif après avoir trouvé un emploi (50 % des travailleurs argentins le sont au noir) ne pourront plus y entrer. Le gouvernement a créé de nouveaux planes soumis à contrepartie (formation obligatoire). 2- le bureau politique du Parti Ouvrier a décidé en 2006 de faire entrer son mouvement de chômeurs (Pôle Ouvrier) dans le parti.
Buenos Aires, mai 2007. http://amerikenlutte.free.fr