Un petit résumé de la situation au Liban

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Un petit résumé de la situation au Liban

Messagepar Electron libre » Jeudi 22 Mar 2007 0:52

Un petit résumé de la situation au Liban

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En ce qui concerne la situation actuelle au Liban, pour simplifier les choses, bien que cela puisse être un peu réductionniste, ce pays est scindé en deux camps : il y a ceux qui sont appuyés par la coalition Etats-Unis / France / Grande-Bretagne et qui sont pour l’application intégrale et immédiate des deux accords des Nations Unies portant respectivement les numéros 1559 et 1701 qui insistent, en gros, sur le désarmement du Hezbollah (considéré comme une « milice ») comme condition de l’établissement de la paix, sinon la stabilité entre Israël et le Liban. Le deuxième camp est soutenu par l’alliance Syrie / Iran et refuse le désarmement de la guérilla islamiste.

Dans le premier camp se trouve « le groupe du 14 mars » qui contient principalement :
- le mouvement ultra-conservateur chrétien « les Forces Libanaises » dirigé par Samir Ja’ja’,
- le parti druze, le « Parti Socialiste Progressiste » (qui n’est ni socialiste ni progressiste) dirigé par Walid Joumblatt, et
- le « Courant du Futur » qui est majoritairement sunnite et qui est dirigé par Saed Hariri, fils de l’ancien premier ministre assassiné Rafic Hariri. Ce groupe est majoritaire dans le Parlement, soutient le premier ministre Fouad Sanioura, et récuse la légitimité du prolongement du mandat du présent président de la république Emile Lahoud, prolongement décrété par ordre de la Syrie. Le « groupe de 14 mars » insiste aussi sur l’établissement d’un tribunal international qui jugera les responsables de l’assassinat de Rafic Hariri.

Le second camp est constitué par le « groupe du 8 mars » qui comporte en son sein essentiellement :
- la milice intégriste islamiste créée par l’Iran en 1982, le Hezbollah dirigé par le fameux Hassan Nassrallah,
- le mouvement chiite « Amal » dirigé par Nabih Berri,
- le mouvement conservateur chrétien « Al Marada » dirigé par Souleimane Frangié,
- un rassemblement druze dirigé par Talal Irslan et Wiam Wahhab,
- l’ancien premier ministre sunnite Omar Karamé, et très récemment et contre toute attente
- le mouvement chrétien « le Courant Patriotique Libre » dirigé par Michel Aoun qui durant une quinzaine d’années passées en France été considéré comme l’ennemi le plus acharné du système politique syrien. Mais assoiffé d’accéder à la présidence du pays coûte que coûte, Aoun était prêt à faire n’importe quelle concession et n’importe quel compromis pour réaliser son rêve tant attendu.

Ce groupe pro-syrien, bien qu’il se prononce publiquement contre la tutelle syrienne, appuie le président Lahoud et veut destituer le gouvernement de Fouad Sanioura réclamant à sa place « un gouvernement d’unité nationale » qui représentera en son sein équitablement et véritablement les différents courants et mouvements politiques libanais sans en exclure aucun, et qui pourra, comme ce groupe le prétend, d’une part faire sortir le pays de l’impasse économique où il se trouve actuellement et d’autre part extirper la corruption qui sévit dans toutes les institutions étatiques. Il faut noter que cette clique refuse la création d’un tribunal international (pourquoi, de quoi ont-ils peur ?), en arguant qu’un tribunal national pourra bien faire l’affaire.

Concernant l’assassinat de Hariri, chacun des deux groupes a une position différente de l’autre : « le groupe du 14 mars » incrimine la Syrie, alors que le second groupe refuse catégoriquement cette prise de position et incrimine les Etats-Unis et Israël.

En ce qui concerne « la Guerre de juillet 2006 » qui a ravagé le Liban, « le groupe du 14 mars » considère le Hezbollah comme « un Etat à l’intérieur d’un Etat » du fait qu’il a pris seul la décision de déclencher l’offensive contre l’Etat hébreux sans prendre l’avis des responsables officiels libanais, et le considère comme le principal responsable de l’éclatement de la terrifiante guerre, ce qui signifie que le Hezbollah, aux yeux de ce groupe, n’est aucunement « résistant », mais qu’il mène sa propre guerre (ou plutôt la guerre des autres, tels que la Syrie et l’Iran par exemple) sur les territoires libanais. Les partisans de ce point de vue considèrent que le Liban est sorti de cette guerre meurtri, dévasté, déchiqueté, « perdant » et « vaincu » dans cette infernale invasion. De son côté « le groupe du 8 mars » considère le Hezbollah comme l’authentique et le véritable « Résistant », le « Libérateur », le « Victorieux » et le « Héros » qui a évincé l’armée israélienne. Selon ce groupe c’est Israël qui a déclenché la guerre et non pas la guérilla islamiste et c’est l’Etat hébreux qui a été vaincu par les martyrs de Hezbollah.

Comme ceci se voit, une profonde tension est établie entre les deux camps : « le groupe du 8 mars » veut faire changer de gouvernement en ayant recours « à la rue ». « Le groupe du 14 mars » lui répond que lui aussi peut mobiliser des milliers de personnes pour manifester et exprimer leur refus des prises de positions du groupe adverse. Pour éviter que les choses n’aillent pas dans ce sens qui déstabilise la sécurité intérieure du pays, des dialogues et des discussions ont été amorcés dès le début de cette semaine entre les représentants des deux camps.

En réalité c’est une mascarade qui se joue. Tout ceci ne va que dans la direction de l’enracinement le plus profond du confessionnalisme et du communautarisme au Liban. « Un gouvernement d’unité nationale » est une expression contradictoire car de tout gouvernement ne peut naître que la guerre, la corruption, la division et la perpétuation de l’enrichissement du riche et de l’appauvrissement du pauvre, que dire alors d’un gouvernement, voire d’un Etat confessionnel comme l’est le Liban ? Chaque dirigeant libanais voulait avoir sa part du Pouvoir et en effet c’est la raison pour laquelle « la table du dialogue » a été lancée ayant comme but principal la redistribution du pouvoir de façon à satisfaire tous les « éminents » chefs politico-religieux, alors que la condition socio-économique des opprimés, des exploités, des asservis, des humiliés, et des réprimés reste un sujet à traiter plus tard et cela en fonction des intérêts privés de ces assassins et méprisables capitalistes. Comme le Pouvoir (qui inclut en son sein le Capital) peut unifier des personnes à tendances extrêmement divergentes ! Mais aussi le Pouvoir génère l’établissement et l’opposition entre deux classes : la classe de ceux qui détiennent le pouvoir (sous toutes ses formes) et la classe qui combat pour le détruire.
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Messagepar Paul Anton » Vendredi 23 Mar 2007 13:17

je comprends mieux maintenant. 8)

Petit rappel: http://cnt.ait.caen.free.fr/forum/viewtopic.php?t=1802
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