Berneri - guerre de classe en espagne

Les courants, les théoriciens, les actes...

Berneri - guerre de classe en espagne

Messagepar riveira » Dimanche 01 Jan 2006 14:30

Dans Guerre de classe en Espagne, brochure CNT-AIT, dans le deuxième texte "Que faire ?", nous pouvons lire ceci :

"Il faut éliminer sans pitié et radicalement les résidus fascistes qui nous obligent à conserver un front intérieur, et recourir à des perquisitions systématiques, à l'arrestation en masse des non-syndiqués en âge et en condition physique de faire le service militaire, au contrôle sévère des nouveaux inscrits aux syndicats, etc."

Voilà mes interrogations :

1- que penser de l'embrigadement forcé pour la guerre de tous les non-syndiqués ?

N'est-ce pas une preuve de militarisme qui refuse à quiconque le droit à l'objection de conscience (comme en régime bourgeois) ?

N'est-ce pas une dérive vers un pouvoir absolu du syndicat sur le reste de la société. Deux poids, deux mesures. Les non-syndiqués n'ayant pas d'autre choix que de rejoindre le front ?

Ne peut-on parler dans ce cas, malgré les convictions anarchistes de Berneri, de dictature du prolétariat ? Les conditions étant ce qu'elles sont avec l'offensive fasciste, une ou des fractions organisées au sein du prolétariat se donnent le pouvoir d'imposer des mesures coercitives à tous(comme les bolcheviques en 17) ?
[/quote]
riveira
 
Messages: 74
Inscription: Vendredi 16 Déc 2005 13:40

Messagepar michel » Dimanche 01 Jan 2006 15:04

où as-tu vu qu'il s'agissait d'une brochure de la CNT-AIT ?
michel
 

Messagepar Paul Anton » Dimanche 01 Jan 2006 17:26

michel a écrit:où as-tu vu qu'il s'agissait d'une brochure de la CNT-AIT ?


C’est une brochure perspective libertaire. :wink:
"Salut Carmela, je suis chez FIAT ! Je vais bien... Si, si, nous pouvons parler tranquillement, c'est Agnelli qui paye !"
Paul Anton
 
Messages: 3191
Inscription: Lundi 01 Nov 2004 16:19

Messagepar Paul Anton » Dimanche 01 Jan 2006 18:02

Tes remarques sont justes Riveira…

Il est vrai qu’au moment de la révolution et de la guerre : l’autonomie ouvrière se caractérise par la syndicalisation et la collectivisation des moyens de productions, réalisables du fait d'un taux puissant de "syndicalisation des travailleurs". A la veille des évènements, il atteint plus de trois millions et Lorsque l’on parcourt la brochure "Espagne 1936 – Espagne autogestionnaire" : on apprend que les monarchistes rangeaient le 27 décembre 1934 leurs adversaires selon cet ordre :

CNT 1 577 000 membres
UGT 1 444 000 membres
PSOE 200 000 membres
PCE 13 000 membres

De plus, le cours de la guerre (tournant aux désavantages de la révolution) va intensifier la transformation de l’économie en économie de guerre, s’accompagnant de sa cohorte de lots : le rétablissement de la cadence et du travail à la pièce pour palier à la demande urgente du front…

En sachant que le prolétariat espagnol devait affronter la supériorité militaire de la réaction aidée par les régimes: nazi et fasciste d’hitler et de mussolini (se servant de l’Espagne comme lieu d’expérimentation de leur potentiel militaire)…

:wink: :arrow:
"Salut Carmela, je suis chez FIAT ! Je vais bien... Si, si, nous pouvons parler tranquillement, c'est Agnelli qui paye !"
Paul Anton
 
Messages: 3191
Inscription: Lundi 01 Nov 2004 16:19

Messagepar michel » Dimanche 01 Jan 2006 18:40

michel a écrit:
où as-tu vu qu'il s'agissait d'une brochure de la CNT-AIT ?


C’est une brochure perspective libertaire. Wink


oui, c'est exactement a cause du passage releve par riviera que la brochure n'est pas publiee par la CNT AIT. Les propos de Berneri ne constituent donc pas une position d'un syndicat de la CNT (le post de rieviera est un peu ambigu sur ce point).
michel
 

Messagepar Paul Anton » Dimanche 01 Jan 2006 18:46

N’empêche que ces positions de Berneri doivent être débattues à mon avis… :wink:
"Salut Carmela, je suis chez FIAT ! Je vais bien... Si, si, nous pouvons parler tranquillement, c'est Agnelli qui paye !"
Paul Anton
 
Messages: 3191
Inscription: Lundi 01 Nov 2004 16:19

Messagepar michel » Dimanche 01 Jan 2006 19:00

ha ça, après libre a quiconque de débattre de ce qu'il veut :lol:
michel
 

Messagepar riveira » Dimanche 01 Jan 2006 20:49

Pardon Michel pour la confusion que j'ai faite... involontairement.

Ca fait 4 brochures que je télécharge allègrement sur le site de perspective libertaire et j'en remercie chaleureusement les éditeurs :wink:

J'avais cru comprendre que Perspective libertaire était la branche éditoriale de la CNT-AIT en France. Ou en sympathie avec.

Mes excuses.

Ce que j'en pense, à partir d'autres exemples similaires (par exemple un texte sur CNT-AIT info qui parle des collectivisations en Espagne à travers l'expérience de Frederic Marin Abad), c'est que quel que soit le nom qu'on lui donne, il y a bien, au moment de la crise révolutionnaire, une prise de pouvoir des fractions révolutionnaires (et non par le peuple lui-même).

FMA dit bien que le pouvoir se partage à Terrassa entre la CNT, l'UGT, le POUM, le PSUC et les républicains... et il se partage à la "proportionnelle" des forces militantes présentes sur le terrain.

Ce n'est donc pas le "prolétariat" ou le peuple, dans une pleine autonomie, qui dirige, mais ses fractions "avancées". A moins qu'il y ait eu des personnes non "encartées" à des postes clés durant la révolution espagnole. Mais en tous cas ce ne doit pas être la majorité.

Il y a donc prise de pouvoir par les orgas et pouvoir "dictatorial" dans la mesure où il opère dans des conditions difficiles, contre les fascistes et au détriment des classes possédantes.

Ce que j'en comprends (d'après Berneri) c'est que ce n'est pas tant le concept de dictature du prolétariat qui doit être combattu mais les formes de cette dictature : délibération en AG ou petit comité révolutionnaire autoproclammé, élection et révocation des délégués ou enracinement d'une bureaucratie de spécialistes qui se distribue les privilèges. Et surtout cette forme de pouvoir se distingue par ses fins : donner la parole et le pouvoir à tous, ou bien le garder aux seules mains d'un parti unique censé représenter le peuple à lui tout seul et à sa place.
riveira
 
Messages: 74
Inscription: Vendredi 16 Déc 2005 13:40

D'accord avec Riveira

Messagepar Federica_M » Lundi 02 Jan 2006 12:09

En ce qui concerne PL, il ne fait pas non plus se cacher derrière son petit doigt, il est évident qu'il ya une proximité avec la CNT AIT ...

Ceci étant dit, les questions que soulève Riveira sont très juste.

Depuis quelques années, sous certaines influences extérieures à l'anarchosyndicalisme espagnol classique (=private joke par rapport à un autre post ;-) ), la CNT AIT a tiré un bilan critique du syndicalisme révolutionnaire. La syndiclaisation des moyens de production, telle qu'elle était prévue par la Chartes d'Amiens puis par la CNT espagnole, aboutit en effet à la dictature du syndicat sur la société.

La FORA argentine avait une conception totalement différente, beaucoup plus proche de ce que nous pouvons penser aujourd'hui je pense. Je t'invite donc à télévharger cette brochure sur le site de PL.

La révolution se sera pas l"ouvre des syndicalistes, sous peine de se transformer en nouvelle dictature.
Federica_M
 
Messages: 1146
Inscription: Dimanche 02 Oct 2005 12:19
Localisation: Paris (France)


Retourner vers Sur la pensée révolutionnaire