Un petit extrait d'un Texte D'Otto Rühle "
La révolution n'est pas une histoire de parti" (version intégral
ici à partir de la page 81) qui montre qu'il était pas très loin de la pensée anarchosyncaliste (il reprochait avec raison au anarchosyndicalistes allemands leur organisation corporatiste)
Il faut bien-sûr replacer le texte dans son contexte historique : il a été écrit en 1920; et aussi qu'Otto Rühle reste marxiste et donc parexemple parle de de dictature du prolétariat qui est pour lui celle des structures de bases révolutionnaire : conseils libres, soviets libres, on pourrait y ajouter communes libres .... libres de toutes tutelles d'un parti ou d'une quelconque avant-garde; dont l'objectif d'exproprier les capitalos ....
Le KPD (Parti communiste d'Allemagne qui a été pris en main par les bolcheviques dès 1919) lui aussi est devenu un parti politique. Un parti dans le sens historique, comme les partis bourgeois, comme l’SPD et l’USPD (Parti social-démocrate indépendant d'Allemagne). Les chefs ont la parole en premier.
Ils parlent, promettent, séduisent, commandent. Les masses, quand elles sont là, se trouvent devant le fait accompli.
Elles ont à se mettre en rang, à marcher au pas. Elles ont à croire, à se taire, à payer. Elles ont à recevoir des ordres et des instructions et à les exécuter. Et elles ont à voter!
Leurs chefs veulent entrer au parlement. Ils sont donc à élire. Après quoi, les masses s’en tenant à une soumission muette et à une passivité dévote, ce sont les chefs qui font de la
haute politique au parlement. Le KPD lui aussi est devenu un parti politique. Le KPD lui aussi veut aller au parlement.
La centrale du KPD ment lorsqu’elle dit aux masses qu’elle ne veut entrer au parlement que pour le détruire. Elle ment lorsqu’elle certifie qu’elle ne veut accomplir au parlement
aucun travail positif* . Elle ne détruira pas le parlement, elle ne le veut pas, elle ne le peut pas. Elle fera un « travail positif » au parlement, elle y est contrainte, et elle le veut.
Elle en vit ! Le KPD est devenu un parti parlementaire comme les autres partis. Un parti du compromis, de l’opportunisme, de la critique et de la joute oratoire. Un parti qui a cessé d’être révolutionnaire.
(…)
L’organisation des premières lignes communistes de la révolution ne doit pas être un parti habituel, sous peine de mort, sous peine de reproduire le rôle qu’endosse le KPD.
L’époque des fondations de partis est passée, parce qu’est passée l’époque des partis politiques en général.
Le KPD est le dernier parti. Sa banqueroute est la plus honteuse, sa fin est la plus dépourvue de dignité et de gloire...
Mais qu’advient-il de l’opposition? Qu’advient-il de la révolution?
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La révolution n’est pas une affaire de parti. Les trois partis sociaux-démocrates* ont la folie de considérer la révolution comme leur propre affaire de parti
et de proclamer la victoire de la révolution comme leur but de parti. La révolution est l’affaire politique et économique de la totalité de la classe prolétarienne.
Seul le prolétariat en tant que classe peut mener la révolution à la victoire.
Tout le reste est superstition, démagogie, charlatanerie politique.
Ce dont il s’agit, c’est de concevoir le prolétariat comme classe et de déclencher son activité pour la lutte révolutionnaire. Sur la base la plus large, dans le cadre le plus vaste.
C’est pourquoi tous les prolétaires prêts au combat révolutionnaire, sans se soucier de la provenance ni de la base sur laquelle ils se recrutent, doivent être rassemblés dans
les ateliers et les entreprises en organisations révolutionnaires d’entreprises, et être réunis dans le cadre de l’Union Générale des Travailleurs.
L’Union Générale des Travailleurs, ce n’est pas « n’importe qui », ce n’est pas une salade, ni une formation fortuite.
C’est le regroupement de tous les éléments prolétariens prêts à une activité révolutionnaire, qui se déclarent pour la lutte de classe,
pour le système des conseils et pour la dictature.
C’est l’armée révolutionnaire du prolétariat.
Cette Union Générale des Travailleurs prend racine dans les entreprises, et s’édifie d’après les branches d’industries,
de bas en haut, fédérativement à la base et organisée au sommet par le système des hommes de confiance révolutionnaires. Elle pousse du bas vers le haut, à partir des
masses ouvrières. Elle s’élève en conformité avec elles : c’est la chair et le sang du prolétariat ; la force qui la pousse, c’estl’action des masses ; son âme, c’est le souffle brûlant de la révolution.
Elle n’est pas une création de chefs. Ce n’est pas une construction subtilement agencée. Pas un parti politique
avec bavardage parlementaire et bonzes payés. Pas non plus un syndicat. C’est le prolétariat révolutionnaire.
(…)
Le but ne saurait être de démolir, d’anéantir le colosse d’argile des centrales syndicales avec leurs 7 millions de membres, pour les reconstruire après sous une autre forme.
Le but c’est de s’emparer des leviers de commande dans les entreprises prépondérantes pour l’industrie, pour le processus social de production, et, de cette manière, emporter
la décision dans le combat révolutionnaire. De s’emparer du levier qui peut mettre en l’air le capitalisme dans des branches et des régions industrielles entières.
C’est là que la disponibilité résolue à l’action d’une organisation unique peut, le cas échéant, l’emporter en efficacité sur toute une grève générale.
C’est là que le David de l’entreprise abat le Goliath de la bureaucratie syndicale.