Réseaux sociaux , technologisme et communication

Les courants, les théoriciens, les actes...

Réseaux sociaux , technologisme et communication

Messagepar douddu » Mercredi 07 Avr 2010 16:59

Sans être en daccord avec l'ensemble des points développés dans ce texte , dont certains me semblent erronnés ou ambivalents , je le mets en ligne ici car il a le mérite d' évoquer dans un cadre actuel l'interet de l'action psychologique
comme enjeu crucial de toute intervention politique

http://owni.fr/2010/04/06/reseaux-socia ... -generale/

Selon Dedefensa, site d’analyse consacré aux questions de défense et de géopolitique, la civilisation occidentale arrive en bout de course, signant l’échec d’un système basé sur le “technologisme” et la communication. La porte de sortie se trouve dans les réseaux alternatifs qui ont atteint une force et une maturité inédite grâce à Internet.

Nicolas Sarkozy et Barack Obama ont tous deux été élus sur un fort espoir de changement auquel a succédé une déception et un essoufflement rapide. En quoi leurs parcours similaires sont-ils symptomatiques de l’état de notre système politique ?

Nous ne vivons plus dans un monde diversifié, ni même dans un monde globalisé, ni même dans un monde tout court. Nous vivons sous l’empire d’un système qui a acquis, grâce à sa puissance, une complète autonomie, à un point où l’on peut se demander s’il ne s’agit pas d’un phénomène en soi, d’un artefact universel, qu’aucune entité humaine ne maîtrise et qui dispose sans doute d’une pensée automatique, voire peut-être plus, au demeurant tout à fait nihiliste dans ses ambitions.


Deux forces régissent ce système : l’une est le système du technologisme, cette dynamique d’une puissance extraordinaire qui est dispensée par les technologies et anime l’essentiel de ces choses qu’on persiste à nommer “des politiques”. L’autre est le système de la communication, qui régit un flot d’informations qui ont le plus souvent la forme de consignes dont le but est d’“habiller” d’une manière convenable pour l’esprit les effets du système du technologisme, de façon à le préserver de toute attaque et critique fondamentales.

Dans cet ensemble, les “hommes politiques”, ceux qui parlent et semblent être là pour accréditer l’idée qu’il existe encore des “politiques” diversifiées, sont nécessairement des créatures du système de communication, sinon ils ne seraient pas là où ils sont. Ils ne sont pas pour autant homogénéisés ; certains sont intelligents, d’autres cyniques, d’autres sentimentaux, certains sont très corrompus et d’autres beaucoup moins, et ainsi de suite. Mais une chose les réunit au moment de l’examen de passage (l’élection, ou la nomination à un poste de direction, etc.) : la nécessité d’en passer par le système de communication.

Le système de la communication est très divers et très habile. Ainsi peut-il susciter des apparences de critique contre certains effets du système du technologisme en brouillant le circuit de cause à effet, de façon à éviter la critique centrale.


Les “hommes politiques” sont nécessairement des créatures du système de communication.
Ainsi les hommes politiques peuvent-ils utiliser, en matière de communication, des arguments d’une critique extrêmement forte de la situation présente, mais qui doit rester extrêmement vague pour ne pas aller à la critique fondamentale du système. C’est donc “la réforme” implicitement radicale pour Sarkozy, le “changement” implicitement révolutionnaire pour Obama.


Mais nous avons décrit le système dans sa situation idéale. À côté de cela existe la réalité, et la réalité est caractérisée par deux faits : d’une part, ce système est en crise profonde, parce qu’il arrive au maximum de sa puissance, c’est-à-dire au maximum de l’oppression qu’il exerce sur nous alors qu’il a besoin de “nous” pour faire subsister une apparence de légitimité (élections, démocratie, liberté de parole, etc.) ; et, d’autre part, le “nous”, c’est-à-dire vous, moi, les peuples, etc., subsistent, subissent cette oppression systémique et la supportent de moins en moins. C’est pourquoi les candidats prônant “la réforme” implicitement radicale et le “changement” implicitement révolutionnaire sont élus, et qu’ils sont aussitôt l’objet d’une profonde désaffection. La promesse autorisée tactiquement par le système de la communication ne peut être tenue une seule seconde lorsque l’homme politique, installé au pouvoir, se trouve sous l’empire du système du technologisme.

Pour arriver à rompre cet enchaînement infernal, à l’instant où nous sommes, il faudrait un Gorbatchev, c’est-à-dire un homme qui joue le jeu du système pour arriver au pouvoir et qui, à un moment donné, alors qu’il est au pouvoir, entre en dissidence, “prend le maquis” si vous voulez, et attaque le système par l’extérieur, hors du système, en utilisant des moyens de l’intérieur que lui donne le pouvoir qu’il détient, exactement comme a fait Gorbatchev.

Parce que Gorbatchev, consciemment ou pas pour son but final peu importe, a agi exactement comme ça, dès l’automne 1985, six mois après son élection comme secrétaire général du PC de l’URSS en mars 1985, après avoir placé ses premiers hommes à lui (Chevardnadze à la place de Gromyko aux Affaires étrangères) dès mai 1985. Tous ceux qui vous font une description institutionnelle de l’action de Gorbatchev, seulement à partir de 1987, n’ont rien compris à l’essence historique de son action, en général parce qu’ils sont restés anti-communiste même après la mort du communisme et ne peuvent s’imaginer qu’un communiste puisse en avoir marre du communisme jusqu’à envisager de lui faire la peau. Encore une fois, qu’il ait voulu ou non l’effet final de son action n’importe pas ; Gorbatchev a été un instrument formidable de l’Histoire contre le système soviétique, un “dissident” du système, un “maquisard” entreprenant des actions de déstabilisation complètement hors des normes du système, intervenant auprès de groupes de citoyens et les incitant à mettre en cause puis en accusation la bureaucratie, – pour cela, grand homme, sans aucun doute. On a cru qu’Obama pourrait être cet “american Gorbatchev”, mais, jusqu’ici, on a été notablement, sinon irrémédiablement déçu.


Notez que je parle en temps constant, “à l’instant où nous sommes”, car j’estime que la situation évolue à une rapidité absolument confondante, qui prend le système lui-même par surprise, sans parler de ces choses animées qu’on nomme “les hommes politiques”. La pression du système de la communication sur les psychologies, notamment, est considérable, et comme elle s’exerce souvent dans le sens d’une critique tactique pour éviter la critique fondamentale, elle joue constamment avec le danger pour le système d’ouvrir le champ à une échappée incontrôlée de la psychologie vers cette critique fondamentale. Des agitations comme le mouvement Tea Party aux USA, les dégringolades dans les sondages d’un Sarko, etc, sont aussi bien les effets pervers (pour lui) du système de la communication.


Il est bien possible, sinon probable, qu’en 2012, – ce sera une fameuse année parce que, outre le calendrier des Mayas, nous aurons les présidentielles russe, française et états-uniennes en quelques mois, – la situation sera notablement différente, et des choses très différentes pourront se manifester. La vérité est que nous sommes dans tous les domaines dans une situation de tension maximale, et du système, et des psychologies collectives contraintes par le système. Il est absolument impossible de prévoir de quoi demain, – disons 2012, pour le cas, – sera fait.


Comment expliquez-vous que leur maîtrise des médias, si forte pendant leurs campagnes, ait semblé les abandonner dès l’élection passée ?

Les médias que je nomme “officiels”, les médias classiques, répondant au conformisme des puissances économiques, suivent certes les consignes du système ; mais ils répondent essentiellement, dans ce système, beaucoup plus au ministère du Système de la communication qu’au ministère du Système du technologisme. On a vu que les candidats vainqueurs répondent au système de la communication et qu’en plus ils ont le rôle flatteur du réformiste, voire du révolutionnaire, donc ils sont soutenus. Ce sont les candidats du changement. Une fois au pouvoir, ils dépendent du système du technologisme, ce sont les exécutants de “la ligne du Parti”. Les médias, qui dépendent toujours du ministère de la communication, se mettent à tirer à boulets rouges contre les candidats devenus présidents.


Certes, il y a de temps en temps des corrections, mais d’une façon générale, dans le contexte de crise, la tendance est de plus en plus marquée. Les journalistes du système n’échappent pas au vertige que leur donne le système de la communication, dont le rôle est d’une pression constante sur la psychologie, en général dans le sens de “la ligne du Parti”, mais qui implique aussi une excitation de la psychologie en général pour les aménagements tactiques dont j’ai parlé plus haut. Cela leur donne, à ces belles âmes qui portent haut leur vertu, l’excitation de la croyance qu’ils peuvent écrire librement. Chaque fois, ils sont comme des adolescents puceaux qui vont à un premier rendez-vous amoureux.

Le système est certes au sommet de sa puissance déchainée, mais c’est aussi, parallèlement, comme je l’ai signalé plus haut, le paroxysme de la crise générée par cette puissance qui déstructure tout. Ce n’est pas l’ordre qui en résulte, mais de plus en plus le désordre. Les psychologies excitées des journalistes du système perdent de plus en plus souvent le sens des consignes, à mesure de l’affaiblissement, de l’usure des candidats triomphants devenus présidents en phase accélérée de dissolution. Alors, ces psychologies cèdent de plus en plus souvent à l’ivresse de la plume, et passent de plus en plus volontiers à la critique de ceux qu’elles ont été contraints par leur propre psychologie à adorer. D’autant que tout cela plaît au public, qui est tout de même le facteur qui fait rentrer des bénéficies.


Si je vous décris cette situation comme pleine de contradictions et de paradoxes, c’est que les choses bougent à une vitesse extraordinairement rapide, et que la puissance de la crise du système contrarie de plus en plus l’explosion de puissance du système. Il s’agit, sous nos yeux, d’une bataille titanesque. Mon interprétation générale est que cette crise est due à l’affrontement du système au terme de son explosion de puissance avec les grandes forces de l’Histoire qui s’élèvent de plus en plus contre le système. Je définis en général, dans la situation présente qui est celle d’un affrontement ultime, les forces du système comme déstructurantes, les forces de l’Histoire comme structurantes.


Cette situation qui touche déjà plusieurs pays considérés comme des démocraties avancées s’étendra t-elle à d’autres pays ?


Ce temps-là est passé. Les situations d’extension sont accomplies. L’invasion du système est globalisée, sa crise l’est aussi. Tous les pays sont plus ou moins dans cette situation décrite, d’affrontement grandissant et de chaos à mesure dans la bataille de la communication, et l’on ne peut plus analyser la situation en termes nationaux parce que c’est une situation générale et transversale ; mais il y a des différences nationales selon les pays, plus ou moins conscients de leur situation, de la situation de crise générale, plus ou moins prêts à la révolte.


Le concept de “démocraties avancées” est dépassé et je parlerais plutôt, justement, de “démocraties dépassées”, où l’idée de démocratie est devenue une sorte de bouillie pour les chats, qui n’est ni système de laxisme général ni système de pouvoir policier, mais un mélange chaotique de tout cela et de tentatives dans tous les sens, tout cela bouillonnant dans la dérisoire proclamation par les derniers perroquets du système des “valeurs morales” réduites au rang de détritus destinés aux poubelles de ce qu’il reste d’Histoire.


La situation décrite pour la France et les USA touche de diverses façons tous les pays du bloc central américaniste-occidentaliste, avec le cœur bouillonnant de la chose aux USA même, dont plus personne ne sait plus quoi penser de précis pour la raison impérative que ce monstre est en train de se transformer sous nos yeux en quelque chose d’autre, – nul ne sait encore en quoi… (Mon idée est que le monstre va se décomposer, le fameux danger de la sécession, de l’éclatement, mais je dis aussitôt que c’est plus une conviction intuitive qu’une prévision rationnelle. Pourtant, il y a des signes. Si cela survient, ce sera le plus grand événement depuis les Révolution américaine – et pour cause – et française, quelque chose qui bouleversa nos psychologies comme peut le fait un tremblement de terre cosmique avec la mort de l’influence maléfique de l’American Dream, qui oriente et police tout notre imaginaire politique depuis deux siècles.)



A contrario, dans des pays qui ne sont pas forcément considérées comme des démocratie en bonne et due forme, la Russie par exemple, la classe politique continue à se préoccuper de légitimité…


Effectivement, il y a des pays que je désigne comme “à la fois en dedans et à la fois en dehors” (du système). Les pays qui gardent certains attributs de régimes politiques forts, comme la Russie et la Chine, conservent à la fois une certaine identité et une certaine légitimité. Ils ne sont pas infectés par cette maladie ultime de notre civilisation finissante, qui se nomme “démocratie”, comme on parle de Guignol ou d’une organisation mafieuse, ou plutôt comme l’organisation du crime organisé, la Cosa Nostra aux USA, qui serait déchirée par une guerre entre gangs, ou entre “familles” différentes selon le vocabulaire de cette sorte d’organisation.



Ces pays comme la Russie et la Chine ne sont pas des alternatives, ils ne présentent pas un système alternatif. Ils préservent ce qui peut l’être pour affronter ce qui est l’inéluctable crise générale de la civilisation occidentale qui est incontestablement globale. Ils ont une certaine lucidité. C’est certainement chez les Russes, instruits par l’effondrement de l’URSS et avec un sens inné de l’apocalypse, que l’on trouve les analyses les plus précises de l’effondrement des USA et du système occidentaliste.



Curieusement, et malgré ce qu’on voit de la situation actuelle, je pense que la France est assez proche de ces pays, parce que c’est aussi un pays “à la fois en dedans et à la fois en dehors”, grâce à sa puissance tradition historique de “la Grande Nation”, son identité transcendantale très forte. La population, les Français, et un certain nombre de politiciens savent très bien, mieux qu’en aucun autre pays du système occidentaliste, que ce système est une calamité qu’il faut détruire.



Pensez vous que les médias hors système comme les sites d’analyse ou les réseaux sociaux, puissent infléchir cette évolution ?


Sans le moindre doute, la réponse est archi positive. Ils ont déjà eu des effets d’une extraordinaire puissance, bien que cela ne puisse être encore comptabilisé. La phobie des “théories complotistes” de 9/11, d’ailleurs largement alimentées par des éléments précis, est un cancer qui dévore le système de communication du système général. L’important n’est pas de prouver le complot mais qu’existe, depuis 9/11, le doute dévastateur sur cette affaire, – et je dirais, le doute est encore plus dévastateur que s’il y avait preuve reconnue du complot, qui expédierait quelques lampistes à la lanterne et donnerait un surcroît de vertu au système pour s’être débarrassé lui-même de ses branches pourries (opération de cette sorte réussie avec le Watergate en 1974). Ce sont les réseaux alternatifs qui ont créé ce cancer-là du doute, qui dévore le système et lui ôte toute légitimité.


Il y a une multitude d’autres cas, encore plus précis et, eux, menés à bien. Je suis de près depuis toujours l’affaire de l’avion de combat Joint Strike Fighter (JSF), ce programme de plus de 300 milliards de dollars qui est le plus grand scandale de l’histoire de l’aviation militaire et de la puissance militaire tout court, qui est parfaitement un artefact du système, et qui est en train d’ébranler la puissance du Pentagone lui-même, à un point qui peut conduire à l’effondrement de ce système-là. Internet, les réseaux alternatifs sont la cause à 100%, sans aucun doute, de l’éclatement du scandale comme une affaire publique dès 2008, alors que la réalité serait apparue sans doute deux ou trois ans plus tard, avec un effet infiniment moins dévastateur pour le système. Les réseaux ont empêché le système, qui ne s’était encore aperçu de rien, de prendre des mesures de cover up, de dissimulation du scandale. On peut tracer les jalons de l’intervention des réseaux dans cette affaire aux articles même, datés, sur les réseaux, et on peut retrouver les moments où ils ont obligé les autorités, l’industrie et le Pentagone, à reconnaître qu’il y avait un formidable problème, en septembre 2008 précisément, – tiens, au moment où Wall Street s’effondrait… Aujourd’hui, le système, affolé, impuissant, se déchire à propos du JSF. Ils y laisseront leurs culottes, étoilées cela va de soi.


La trouille formidable que les réseaux alternatifs créent au cœur du système est un facteur également formidable de pression sur le système. Il impose des limites terribles à l’action du système de communication, de crainte d’erreurs exploitées par les réseaux alternatifs ; le système en craint les révélations, les hypothèses, les accusations. La haine des journalistes officiels vis-à-vis des réseaux est quelque chose de formidable et de fascinant à la fois, comme la haine de la médiocrité institutionnalisée face à l’attaque extérieure. Les réseaux jouent le rôle des samizdat de l’opposition clandestine en URSS à partir des années 1970, qui participèrent largement à l’effondrement du régime. Mais ils sont mille fois, un million de fois plus puissants que les samizdat ; il faut dire que, dans l’ignominie et l’imposture, notre système est mille fois, un million de fois pire que celui de l’URSS, si on a le courage de décompter les choses en termes historiques, de cause, de conséquences, d’effets indirects, de dévastation d’une civilisation entière, d’abaissement et d’intoxication de l’esprit, de la culture…


Autre point de force des réseaux, le fait que certaines forces du système se servent des réseaux pour défendre leurs propres intérêts, au détriment de l’équilibre général du système. Les réseaux ont joué ce rôle avec le général Petraeus durant la récente et, à mon avis, très durable brouille entre Obama et Netanyahou. Ils ont joué un rôle essentiel dans ce qui pourrait être l’événement formidable de l’ébranlement de l’influence d’Israël sur la politique états-uniennes, surtout sur les militaires.


Du point de vue de l’état d’esprit, les Américains sont en avance sur nous, je veux dire les Européens et surtout les Français. Eux, qui sont au cœur du système oppressif, ils croient à la puissance des réseaux comme seule arme de résistance sérieuse. Avec les réseaux, ils sont capables de monter un énorme truc comme le mouvement Tea Party, qui a déjà provoqué la défaite des Démocrates dans l’élection partielle du Massachusetts en janvier et qui a provoqué un désordre formidable à Washington, et autant pour les Républicains que pour les Démocrates.


Les Français n’y croient pas assez, alors qu’ils ont blessé à mort l’Europe institutionnelle avec leur référendum de mai 2005, où le “non” français l’a emporté grâce à Internet. Ils prennent trop peu au sérieux les réseaux, les considérant du point de vue “citoyen”, vaguement anarchiste, simplement comme un moyen d’expression avec le romantisme de la “démocratie citoyenne”, une façon d’exprimer son humeur, son dégoût, etc. Pas du tout, c’est bien plus que ça, c’est une force d’influence, une vraie ! Et c’est peut-être la plus grande force d’influence aujourd’hui ! C’est sur les réseaux qu’on trouve aujourd’hui les meilleurs journalistes, les meilleurs commentateurs, et de loin, – aux USA, c’est absolument indiscutable, les noms et les exemples fourmillent. Les écrivains peuvent se libérer du système, sur les réseaux, et les historiens aussi, et même les scientifiques. La seule chose qui manque aux réseaux, en Europe et surtout en France, c’est la prise de conscience de leur puissance générale, constante, organisée, et non pas seulement comme un moyen où l’on peut faire parfois des coups. Aux USA, c’est déjà fait. Ils savent bien que le seul moyen de démolir le système, la seule véritable dissidence, ce sont les réseaux alternatifs. C’est l’équivalent des barricades et de l’émeute devenant révolution au XIXè et au XXè siècles, de cette émeute et de cette révolution qu’on ne peut plus faire dans les rues aujourd’hui. C’est l’outil suprême et le seul outil de la révolte générale.
douddu
 

Re: Réseaux sociaux , technologisme et communication

Messagepar douddu » Dimanche 27 Fév 2011 18:01

Rupture psychologique

19 février 2011 — Il est hors de question de ne pas établir un lien serré entre tous ces événements qui déferlent à la vitesse d’un ouragan ou, comme disait l’avisée Hillary Clinton, à la vitesse-turbo d’un “perfect storm”… Tunisie, Egypte, Yemen, Bahrain, Libye, Iran, etc., sans compter les candidats (Jordanie, Arabie, etc.) qui se bousculent au portillon. Inutile de faire les comptes pour savoir qui l’emporte, inutile de chercher un sens politique, un sens géopolitique, un sens idéologique dans tout cela, car la chose reviendrait à se référer à des mesures d’un monde qui est en train de s’effondrer et de disparaître.

Vous ne pouvez pas ne pas ajouter à cette liste le cas du Wisconsin, parce que les protagonistes eux-mêmes en ont décidé ainsi («From Cairo to Madison Workers Unite», un des slogans des manifestations massives à Madison, capitale de cet Etat de l’Union). Le Wisconsin est essentiel pour sa formidable puissance symbolique d’un lien de révolte établi entre les pays marginaux, de seconde zone, les handicapés de la civilisation, les inaptes à la démocratie sinon à coups de bombes intelligentes et de leçons de morale politique d’Hillary Clinton, – et le cœur profond du phare de la démocratie de l’American Dream, qui se trouve plongé dans les mêmes tourments psychologiques… Peu nous importent les différences entre ces mondes, entre ces gens, entre leurs revendications, entre leurs modes de vie, entre leurs conceptions, toutes ces mesures qu’on a l’habitude depuis des décennies, et peut-être plus encore, de solliciter pour faire subsister des antagonismes arrangeants et éviter d’aborder les questions fondamentales de cette crise terminale, et pour éviter de décrire selon cette démarche dialectique tactique chère au Système l’état “d’un monde qui est en train de s’effondrer et de disparaître”. Quelque chose de plus puissant que tout cela les unit.

Selon cette approche, il ne nous importe guère de connaître les revendications des uns et des autres, et si elles seront satisfaites, et si telle ou telle “révolution” ira à son terme ou sera récupérée, etc. Il ne nous importe guère de savoir si, ici ou là, un grand mouvement réformiste ou révolutionnaire est en marche, ou bien si tel grand projet réformiste ou révolutionnaire n’a aucun chance. Il ne nous importe guère de savoir si celui-là est plus de gauche que de droite, celui-là plus conservateur que progressiste, celui-là plus zélé croyant que Tartempion. On ne bâtit pas un “monde meilleur” à partir des éléments fondamentaux d’un Système qui est “la source de tous les maux”, sans avoir mis à jour et détruit tous les composants de ce Système, sans avoir parfaitement identifié la structure et les fondements de ce Système maléfique. Ce n’est pas un travail d’expert, de politologue, ni même de philosophe de la modernité. C’est un travail de la psychologie du monde, atteignant une dimension collective sous l’empire de l’“intuition haute” pour ce cas, qui doit s’imprégner des enseignements fondamentaux des grands courants métahistoriques en train de souffler sous la forme du “perfect storm” d’Hillary, – et chacun en ayant sa part, y compris Madison, Wisconsin.

Dans cette phase de la crise, nous faisons grand cas du système de la communication. Ce Janus est un diabolus ex machina qui a trahi son camp, c’est-à-dire le Système. Sa représentation technique et technologique, c’est notamment le foisonnement des réseaux, d’Internet et tout ce qui va avec. Nous en avons parlé avant-hier pour commenter les mines hagardes des chefs des services de renseignement US devant les sénateur («We are not clairvoyant»). A notre raisonnement sur l’importance de ces choses, on opposerait des considérations techniques sur le contrôle d’Internet par les autorités contre les révoltés qui en useraient, paraît-il, pour développer et structurer leurs mouvements. C’est ne pas comprendre le sens de notre argument ; les raisonnements qu’on oppose ne sont pas faux mais ils sont, comme dit la langue de notre Système, “irrelevant” pour notre raisonnement. Ils parlent d’autre chose que ce dont nous parlons.

Nous ne voyons nullement la puissance rupturielle d’Internet et de tout ce qui va avec dans la capacité d’organisation, de coordination, de contacts entre les citoyens, etc., de tous ces moyens techniques… En d’autres mots, l’aspect “démocratique” (même si on le veut antiSystème, certes) ne nous intéresse pas dans ses effets d’organisation et d’évolution politique, car c’est là aussi renvoyer à ce “monde qui est en train de s’effondrer et de disparaître”. (D’ailleurs, on notera que c’est bien le Système lui-même qui a inventé l’idée d’un système de communication “démocratique” avec le Net, avec tant d’idée derrière la tête ; s’affronter sur cet aspect de la chose, c’est encore jouer avec les règles du Système, donc lui céder d’une façon ou l’autre, à un moment ou l’autre.) C’est en amont comme l’on dit (ici, nous sacrifions à la dialectique du Système, par politesse), que l’action de la chose est essentielle.

Quand les chefs des SR américaniste croulant sous les dizaines de $milliards de leurs budgets annuels vous disent qu’ils n’ont rien vu venir, il faut prendre ce qu’ils disent au pied de la lettre. Ils n’ont rien entendu, rien senti, rien deviné, du “perfect storm” en train de lever, – parce que, disent-ils plaintivement, comment distinguer les signes précurseurs de la chose entre les centaines de millions de correspondants de Facebook, de Twitter ou de tel système Tartempion. (Parce que, pourrait-on dire, il n’existe effectivement aucun signe précurseur, sur ces réseaux, qui soit de l’entendement des analystes de la CIA ou de la NSA, pour prévoir ce “perfect storm”.) L’enquête dont ils parlent, et où ils ont échoué, ne se place pas lorsque le “perfect storm” souffle, – à ce moment, effectivement, où l’on peut intervenir, couper tel réseau, intervenir contre tel autre… Mais à ce moment, il est déjà trop tard, et l’action des réseaux n’a plus du tout d’importance décisive, et par conséquent les actions répressives sur ces réseaux n’ont plus qu’une efficacité effective également d’une faible importance. Les gens sont déjà dans la rue, et, surtout, les psychologies sont déjà décisivement bouleversées et transformées en ce que nous nommerions une “psychologie de la révolte possible”. (Ce que Robert Fisk, dans The Independent du 19 février 2011 désigne ainsi, – contentons-nous du titre, à propos de Bahrain comme pour les autres cas, et tout est dit lorsque l'on voit ces manifestants hurler en offrant leurs poitrines au tir des mitrailleuses : «“They didn't run away. They faced the bullets head-on” – After Egypt's revolution, the people have lost their fear.»)

L’analogie avec les pays d’Europe de l’Est en 1987-1989 est bonne, mais elle est bonne psychologiquement. Il n’était pas question d’Internet, de Facebook, de Twitter à ce moment… C’est Gorbatchev, ce très grand homme d’Etat qui, éventuellement “à l’insu de son plein gré” (mais pas sûr, cela…), fit office d’Internet, de Facebook, de Twitter à ce moment ; c’est lui qui déclencha la “rupture psychologique”, qui fut le détonateur génial et inconscient, en faisant avancer de façon inconsciente dans la psychologie des gens que ce qui paraissait impossible était devenu possible, – la révolte, l’insurrection contre un système (le communisme ne mérite pas la majuscule dont nous ornons notre propre Système, n’étant qu’un sous-produit, ou sous-système à cet égard). La différence, aujourd’hui, avec Internet et le reste, c’est la rapidité et la diffusion à mesure de la chose ; non la rapidité et la diffusion à mesure des consignes, de l’organisation, etc., mais la rapidité du basculement, puis de la rupture psychologique qui précèdent les événements puisqu’ils les font naître. Ainsi ne voit-on pas venir ces événements et, lorsque Internet et le reste imposent leur puissance rupturielle il n’y a aucune raison pour que les directions politiques du Système interviennent contre eux puisque le processus n’est identifié par personne (y compris par ceux qui en bénéficient et voient leur psychologie transformée), puisque le processus n'est pas réalisable en pleine conscience. En cela, l’analogie 1989 s’avère sans doute insuffisante et sollicite le concours de l’analogie 1789 selon notre conception de l’événement.

Ainsi l’événement-2011 a-t-il des éléments de 1989, mais dépasse infiniment 1989 en ampleur, en puissance, en conséquence, justifiant notamment d’en appeler à 1789 pour le comprendre. Grâce à ce système de communication-Janus tel qu’on l’a décrit, dans son action rupturielle au moment où on le situe, hors des critères d’efficacité opérationnelle traditionnels, la “rupture psychologique” est globale, totale, insaisissable, et toujours en avance sur toutes les prévisions et analyses, et éventuelles impuissances des services de renseignement. Elle précède la conscience qu’on peut avoir de l’événement, elle est totalement imprévisible. Pour cela, elle est un facteur puissant d’“eschatologisation” de la crise, totalement hors du contrôle humain même si elle utilise sans la moindre vergogne et peut-être avec une jubilation dont on entendrait presque des échos, les instruments (Internet et le reste) développés par ce qu’on nomme “le génie humain”, cette fameuse raison humaine, sous strict contrôle du Système et du Progrès.

Ce qui se passe en ce moment, est-ce la poussée finale, – disons “la lutte finale”, pour faire délicieusement rétro ? Eh bien, figurez-vous que nous n’en savons rien, que nous serions bien en peine de faire une projection qui aurait la gloire d’être une divination en cas de réussite, et que finalement cela ne nous importe en aucune façon. Ce qui nous importe, c’est d’observer l’avancement extrêmement efficace du processus de destruction par déstructuration du Système, de l’identifier, de la mesurer, pour faire en sorte qu’on ne se trompe pas sur le sens des choses et qu’on ne prenne pas quelques vessies maquillées pour autant de lanternes de bon aloi, et une bataille manipulée par nos préjugés pour “la lutte finale”. Certains nous reprocheraient peut-être ce refus de la prévision ou cette attitude vis-à-vis de la prévision, – qui pour manque d’audace, qui pour impuissance à donner “de l’espoir” à ceux qui nous lisent en ne décrivant pas pour eux “les lendemains qui chantent”. Cette sorte d’argument nous confondrait par sa faiblesse et son obsolescence. Serait-ce manquer d’audace qu’annoncer, commenter et observer sans crainte l’effondrement d’un Système d’une telle puissance et d’une telle concentration maléfique en lui, au point qu’on peut en faire le Mal lui-même ? Serait-ce priver les autres d’espoir qu’annoncer, commenter et observer sans crainte ce qu’on juge être l’effondrement de ce que notre univers, aussi bien physique que métaphysique, peut nous offrir de plus maléfique ? Serait-ce manquer d’audace que de reconnaître qu’un événement d’une telle puissance bouleversera si radicalement tout ce qui forme notre univers, et particulièrement et par-dessus tout notre psychologie, qu’il est absurde et insensé de vouloir décrire ce qui lui succédera ?


Du fortuit à l’inéluctable

Répétons-le, – “Inutile de faire les comptes pour savoir qui l’emporte, inutile de chercher un sens politique, un sens géopolitique, un sens idéologique dans tout cela, car cela reviendrait à se référer à des mesures d’un monde qui est en train de s’effondrer et de disparaître.” L’aspect psychologique, qui est le caractère essentiel de ces événements (cf. l’ère psychopolitique), s’impose comme d’une importance infiniment plus grande que les autres aspects mentionnés ci-dessus, au point qu’on peut parler d’une nature différente. Plutôt que de proposer d’autres solutions à une situation de crise, comme ferait une évolution géopolitique ou économique qui resterait dans le cadre initial du modèle détruit, l’aspect psychologique ouvre une voie vers des attaques supplémentaires du Système et justifie de plus en plus la pensée de la destruction totale du Système. Grâce à cette évolution psychologique nous approchons, si nous ne l’avons atteint, du moment où l’argument TINA (There Is No Alternative) qui soutient le Système contre toutes les attaques se retourne absolument contre le Système : si vous avez des doutes dans votre jugement sur le Système, donc avec quelques appréciations encore favorables et par conséquent sans envisager qu’une condamnation complète et sans appel soit possible, vous êtes encore vulnérable à l’aspect totalitaire de l’argument TINA et vous y cédez ; si vous n’avez plus que des appréciations négatives sur le Système, TINA devient tout à coup, a contrario, un argument total de révolte et de destruction du Système (du type : “Puisque ce Système nous conduit à l’effondrement et qu’il affirme qu’il n’y a pas d’alternative à lui-même dans le cadre où il évolue, eh bien il faut le détruire, et le cadre où il évolue avec lui, pour ne pas être emporté dans son effondrement”). Soulignons bien qu’il n’est pas nécessaire d’avoir conscience de ce renversement complet de TINA pour y être soumis…

La question cruciale, centrale, fondamentale qui se pose est de savoir pourquoi cette rupture psychologique fondamentale, qui conduit à envisager des arguments aussi expéditifs (“ce Système nous conduit à l’effondrement”), aurait-elle lieu maintenant. D’abord, ces arguments expéditifs n’existent pas à l’origine de ces mouvements mais ils se créent, presque comme d’une génération spontanée, à mesure que ces mouvements se développent. Or, ces mouvements se développent comme s’ils avaient de très forts liens de situation entre eux alors qu’ils n’en ont guère qui justifient de tels phénomènes de “génération spontanée” d’une appréciation catastrophique du Système. Le seul lien est effectivement psychologique, et l’événement originel, tout déplorable qu’il soit (une immolation par le feu, par exemple), est souvent d’une importance extraordinairement faible par rapport à l’effet généré. D’autre part, on ne voit pas que la situation justifie plus, aujourd’hui qu’hier, l’une ou l’autre réaction qui se développe, même dans les événements les plus compréhensibles. (Par exemple, la révolte de Madison n’intervient pas parce que l’Etat du Wisconsin s’effondre, – collapsus du à sa dette publique, une des catastrophes annoncées par l’une ou l’autre prospective économique, – mais parce que l’Etat du Wisconsin, après tant d’autres pouvoirs publics et avant d’autres, et de la même façon, veut commencer à réduire son déficit public.) Il y a un extraordinaire aspect fortuit dans l’origine ou les origines du phénomène général et un extraordinaire aspect inéluctable dans l’enchaînement des conséquences pourtant sans liens apparents entre elles. C’est à ce point que, “techniquement” si l’on veut, nous rappelons notre hypothèse du développement du processus, – ou comment le fortuit peut créer l’inéluctable :

«[L]information a abandonné sa définition réduite à son seul caractère informatif, elle est devenue un acteur même de la bataille où s’affrontent la subversion du Système et la recherche de la vérité par la résistance au Système, et un acteur créateur de l'événement. Ainsi devient-elle formatrice des “révolutions” par le biais des flots extraordinaires institués par le système de la communication au nom du Système, et retourné contre le Système. En quelque sorte, l’information devient créatrice de l’événement dont on jurerait pourtant qu’elle n’a pour seule fonction que de le décrire… […]

»En face [du Système] s’est constituée, cette fois avec des conséquences immédiates redoutables, et qui s’enchaînent les unes après les autres (Tunisie, Egypte, Yemen, etc.), une dynamique autonome qui semble avoir sa propre spécificité, qui poursuit son propre but. Même ceux qui en profitent et qui l’animent semblent en être les instruments bien plus que les manipulateurs, et ainsi en arrive-t-on à des “révolutions” sans tête, sans véritable but, sans véritable prise de pouvoir et ainsi de suite, dans tous les cas selon les normes humaines de ces différents aspects, dont l’effet est une déstructuration de l’architecture du Système.»

Si le fortuit (l’origine factuelle nullement décisif du phénomène) crée l’inéluctable (l’enchaînement décisif du phénomène), c’est qu’il y a quelque chose de fondamental, de propre à l’inéluctable, hors des logiques rationnelles des événements, et que la psychologie en est le véhicule. Cette explication, qui fait effectivement la part essentielle à l’évolution de la psychologie, – à sa rupture et à son collapsus par rapport à l’attitude réclamée par le Système, – ne fait que rendre plus pressante la question, ou plutôt les questions en une : pourquoi maintenant et à cause de quoi ? Nous en sommes réduits aux hypothèses et rien d’autre puisque nous pouvons nettement écarter la cause événementielle comme facteur fondamental et que le processus d’enchaînement est psychologique et nullement lié à des contraintes de situations. C’est là que nous estimons que nos hypothèses sur l’existence de forces supérieures, métahistoriques, qui se heurtent à la dynamique du Système pour l’affronter, qui font jouer leurs effets essentiellement par le biais des psychologies, ont toute leur place. La référence à une intuition haute, – notamment parce que cette intuition a toutes les raisons de choisir la psychologie comme véhicule de son inspiration, – comme inspiratrice de ces forces, et des événements que ces forces déclenchent, nous paraît tout à fait justifiée, alors que les appréciations rationnelles, éventuellement celles sur “le hasard et la nécessité”, se trouvent aujourd’hui en pleine débâcle en même temps que le Système avec lequel elles ont eu trop partie liée.


http://www.dedefensa.org/article-ruptur ... _2011.html
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Re: Réseaux sociaux , technologisme et communication

Messagepar zebulon » Mercredi 09 Mar 2011 14:04

On explique ici de manière volontairement tordue un phénomène très simple qui est celui de la réaction d'une population mondiale face à une oppression et une répression globale mondiale, c'est-à-dire la domination globale mondiale des capitalismes...

Même si ce texte est certes un des rares à évoquer clairement un des critères fondamentaux déclencheurs du processus en cours, c'est-à-dire la psychologie et la rupture psychologique, il est surtout carrément obscurantiste et donc totalement contre-révolutionnaire :

Si le fortuit (l’origine factuelle nullement décisif du phénomène) crée l’inéluctable (l’enchaînement décisif du phénomène), c’est qu’il y a quelque chose de fondamental, de propre à l’inéluctable, hors des logiques rationnelles des événements, et que la psychologie en est le véhicule. Cette explication, qui fait effectivement la part essentielle à l’évolution de la psychologie, – à sa rupture et à son collapsus par rapport à l’attitude réclamée par le Système, – ne fait que rendre plus pressante la question, ou plutôt les questions en une : pourquoi maintenant et à cause de quoi ? Nous en sommes réduits aux hypothèses et rien d’autre puisque nous pouvons nettement écarter la cause événementielle comme facteur fondamental et que le processus d’enchaînement est psychologique et nullement lié à des contraintes de situations. C’est là que nous estimons que nos hypothèses sur l’existence de forces supérieures, métahistoriques, qui se heurtent à la dynamique du Système pour l’affronter, qui font jouer leurs effets essentiellement par le biais des psychologies, ont toute leur place. La référence à une intuition haute, – notamment parce que cette intuition a toutes les raisons de choisir la psychologie comme véhicule de son inspiration, – comme inspiratrice de ces forces, et des événements que ces forces déclenchent, nous paraît tout à fait justifiée, alors que les appréciations rationnelles, éventuellement celles sur “le hasard et la nécessité”, se trouvent aujourd’hui en pleine débâcle en même temps que le Système avec lequel elles ont eu trop partie liée.



Ce texte est un texte totalement mystique. Limite témoin de Jéhova.

Avec un procédé digne des meilleurs gourous, il manipule par contorsions et transforme ainsi la réalité, et par un tour de passe passe grossier il conclue à l'opposition du psychologique et du rationnel. C'est une insulte obscurantiste de plus à l'intelligence...

S'il est certes parfois difficile d'expliquer toutes les dimensions psychologiques d'un phénomène, de surcroît mondial et global, et ce dans l'immédiateté même de l'évènement, cette difficulté, volontairement amplifiée, ne permet à aucun moment de nier la dimension rationnelle de cette évènement pour le mettre précipitamment et malhonnêtement au profit de mystiques mystérieuses et merveilleuses forces supérieures. Alléluia...

Je pense qu'en ces temps de bouleversements, nous devons continuer d'être très vigilants et dénoncer toutes les forces révolutionnaires mystiques (obscurantistes), fascistes, trotskystes, capitalistes ( c'est dans sa nature... ), tribalistes, différentialistes, etc, etc, etc, etc... qui s'opposent à la pensée révolutionnaire humaniste, qui a beaucoup d'ennemis !

Voici d'après moi un texte de référence expliquant beaucoup plus rationnellement les évènement en cours : "L’étape transitoire de la crise : De la restructuration à la révolte" ( viewtopic.php?f=13&t=6521&p=44895#p44883 )
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Re: Réseaux sociaux , technologisme et communication

Messagepar douddu » Mercredi 09 Mar 2011 17:30

Oui, encore que je pense que l'auteur se place dans ce qu'il nomme une vision metahistorique et non religieuse au sens obscurantiste que tu lui prêtes , j'avais donc en début de fil émis quelques réserves pour essayer de n'en discuter que des apports positifs

sans être en daccord avec l'ensemble des points développés dans ce texte , dont certains me semblent erronnés ou ambivalents , je le mets en ligne ici car il a le mérite d' évoquer dans un cadre actuel l'interet de l'action psychologique comme enjeu crucial de toute intervention politique



Par contre je pense qu'une analyse qui comportait des points comme ci dessous écris en avril 2010 méritait d'être lue pour une compréhension minimale de ce qui se passe maintenant dans le monde

La trouille formidable que les réseaux alternatifs créent au cœur du système est un facteur également formidable de pression sur le système. Il impose des limites terribles à l’action du système de communication, de crainte d’erreurs exploitées par les réseaux alternatifs ; le système en craint les révélations, les hypothèses, les accusations. La haine des journalistes officiels vis-à-vis des réseaux est quelque chose de formidable et de fascinant à la fois, comme la haine de la médiocrité institutionnalisée face à l’attaque extérieure. Les réseaux jouent le rôle des samizdat de l’opposition clandestine en URSS à partir des années 1970, qui participèrent largement à l’effondrement du régime. Mais ils sont mille fois, un million de fois plus puissants que les samizdat ; il faut dire que, dans l’ignominie et l’imposture, notre système est mille fois, un million de fois pire que celui de l’URSS, si on a le courage de décompter les choses en termes historiques, de cause, de conséquences, d’effets indirects, de dévastation d’une civilisation entière, d’abaissement et d’intoxication de l’esprit, de la culture


Des passages comme celui-ci , ou d'autres sur l'action psychologique sont évidents pour toi et tu as raison c'est effectivement du b a ba . Mais comme je n'ai rien lu de la sorte par ailleurs je crains que cela ne soit pas aussi évident dans le milieu militant .....
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Re: Réseaux sociaux , technologisme et communication

Messagepar zebulon » Mercredi 09 Mar 2011 18:09

Oui en fait bien sûr que je me doutais bien de ta position là-dessus.
Mais comme tu le dis depuis quelques années, "c'est toujours mieux en le disant" et comme là tu as posté sans repréciser ta mise en garde, alors ben je m'en suis occupé...

C'est sûr que sous bien des aspects certaines explications du textes sont très intéressantes, mais c'est justement pourquoi il nous faut être d'autant plus prudents en citant de tels textes et bien en souligner les dangers. Car comme nous le savons la pertinence de certains propos peut servir par juxtaposition à tenter de légitimer certains autres qui non seulement ne sont pas pertinents mais en plus peuvent être douteux et parfois carrément ennemis des idées communistes libertaires...

Encore une fois par les temps qui courent, c'est-à-dire les capitalismes qui se cassent la gueule triomphants, ouvrant de multiples et béantes brèches en leurs flans, et bien il n'y a pas que nous qui nous enfonçant dans ces failles énormes, et malheureusement mais c'est une réalité toutes les idéologies dominatrices et mortifères sont aussi de la partie. La guerre sera rude ! Fini les années guimauves de la paix sociale qu'on pouvait connaitre sous les latitudes de cette 5° puissance mondiale qu'est la fRance où jusqu'à aujourd'hui encore on ne se bat pas pour sa survie. Il se pourrait bien que ça change d'ici peu.

Quant à ce texte, un tri minutieux des éléments et arguments à retenir est absolument nécessaire et pour le reste, ben poubelle... car après avoir fait preuve de tant de précision dans la description d'un phénomène complexe, ce n'est pas à mon sens "fortuit" cette totale imprécision et du coup ambivalence généré par des termes si connotés comme "forces supérieures", "haute intuition", "appréciations rationnelles" "en pleine débâcles", etc...

Voili voilou, maintenant s'il s'agissait simplement d'une maladresse, que l'auteur démente toute sensibilité mystique à l'écriture de ce texte, et qu'il prenne le temps de reformuler son propos, alors oui là le critique que je suis ici (je parle pour moi pour le coup) reformulera sa critique...

Encore une fois gardons les parties intéressantes, et parfois même plus, de ce texte et le reste ben poubelle recyclable mais avec l'étiquette fluorescente "risque de contagion radioactive" collée dessus...

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Re: Réseaux sociaux , technologisme et communication

Messagepar zebulon » Mercredi 09 Mar 2011 18:35

Non définitivement non !

Quand on relie ce passage :
alors que les appréciations rationnelles, éventuellement celles sur “le hasard et la nécessité”, se trouvent aujourd’hui en pleine débâcle en même temps que le Système avec lequel elles ont eu trop partie liée.


il n'y a pas l'ombre d'un doute que ce gars est un mystique !

Ce qui se passe en ce moment est justement dû à un phénomène type "hasard et nécessité" !
Comme il est dit dans son pervers de texte, les raisons de ces soulèvements étaient là déjà avant janvier 2011, et c'est justement une rencontre simultanée à une période P de pleins de facteurs cruciaux et fondamentaux qui ont fait que cette fois la mayonnaise à commencer de prendre en janvier et pas avant !...

Le gars saute sur l'occase de dire "ben voyez ça arrive maintenant c'est pas dû au hasard ça non non non..."
Ben si et pourquoi sa force supérieure elle s'est pas secouée plus tôt alors ? Encore une garce de force ben 'supérieure" le mot est clair, et nous là-dedans on est que de la merde et on continue de regarder faire c'est ça... Archi pervers le gars je te jure, c'est du pure jus de la perversion 5 étoiles !

Y'a des gourous qui glanent en ce moment, j'en ai vu un autre qui glane en ce moment sur l'outil Ponzan si tu vois ce que je veux dire...

Allez zou je lâche le clavier...
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Re: Réseaux sociaux , technologisme et communication

Messagepar zebulon » Mercredi 09 Mar 2011 18:44

Coucou je suis re-là...

D'ailleurs y'a pas que des gourous, on reçoit des mails de partout de pleins de site fesse de bouc et autre bidulo machin choses qui te propose une ribambelle de nouveaux collectifs et autres mouvements à la mord moi le nœud pour faire du bougisme pseudo-citoyen...

Je sais pas qui sont ces bouffons et bouffonnes qui sont à l'origine de ces petits gremlins de merde mais ça ressemble fortement à une vaine volonté de noyer nos beaux petits poissons révolutionnaires dans une marée nauséabonde...
En gros la technique de la division générée par le brouillage de pistes, du style du "trop d'informations tue l'information".

Mais c'est sans compter sur la nouvelle détermination d'une partie grandissante de la population mondiale qui veut plus qu'on l'embrouille et qui commence à mordre sérieux !....

Là faudrait poster l'image du banc de petits poissons qui poursuivent une saloperie de gros poisson :wink:
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