RÉVOLUTION... "COMMUNISATION", immédiateté, immédiatisme...

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RÉVOLUTION... "COMMUNISATION", immédiateté, immédiatisme...

Messagepar Paul Anton » Mercredi 19 Aoû 2009 12:40

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RÉVOLUTION... "COMMUNISATION", immédiateté, immédiatisme...
12 juillet 2005 - 6 janvier 2006

> Une concurrence démocratique sur le marché de la révolution Penser la révolution par Jean ZIN, décembre 2005

> La révolution est redevenue un sujet polémique, 1996, Théorie communiste n°13

Les notions d'immédiateté et d'immédiatisme renvoient à deux visions de la révolution : comme possible dès maintenant, moyennant une pratique militante qui sombre dans la surenchère politique gauchiste; comme produite le moment venu à l'occasion d'une crise économique majeure ou d'autres circonstances non prévisibles.

[...] La révolution est immédiateté du communisme

L’essentiel du concept de communisation tient en un seul point : la révolution comme abolition du capital n’est pas un préalable à l’instauration du communisme, elle ne peut réussir qu’en étant l’instauration immédiate du communisme.
Dire qu’il y a des problèmes qui ne se résoudront pas « du jour au lendemain » c’est vrai, ils sont bien réel. Que le communisme ait à résoudre dans un premier temps des problèmes que lui lègue le capitalisme (inégalités de développement, transformation qualitative des instruments de production, élimination d’installations dangereuses, déconcentration de la population, suppression dans ses formes matérielles - inscrites dans l’espace - de l’opposition entre villes et campagnes, « réhabilitation » d’anciens espaces agricoles ou « naturels ») ne crée pas pour autant une période ou des activités où il ne « fonctionnerait » pas selon ce qu’il est, d’après sa nature propre, et cela jusqu’à ce que soit atteint un certain niveau de développement qui est en définitive absolument infixable. Le communisme n’est pas la fin de l’histoire, il a des problèmes à résoudre hérités du mode de production capitaliste et peut-être même, en cette occasion de rupture avec toute l’histoire antérieure de l’aliénation, des problèmes hérités de mode de production antérieurs (la question mériterait d’être soulevée). Il posera lui-même ses propres problèmes, génèrera des antagonismes et des dynamiques, ces problèmes et cette dynamique relevant de la tension à l’autonomisation de la communauté dans la mesure où l’immédiateté sociale de l’individu est un ensemble de rapports et non une essence inhérente à chaque individu. C’est dans ce rapport entre la tension à l’autonomisation de la communauté et la diversité que le communisme existe et se projette comme histoire. Le communisme est la communauté humaine en construction permanente et en tension permanente entre l’universalité et la diversité parce qu’elle ne possède pas d’étalon abstrait entre les activités diverses (en cela également le communisme n’est pas une énième version de la « société transparente »). Mais quels que soient ces problèmes, ceux dont il hérite ou les siens propres, il fonctionnera d’emblée sur ses propres bases, sinon il ne sera pas. Avec la révolution, c’est toute détermination sociale préalable comme contrainte à reproduire (l’appartenance de classe), c’est toute présupposition antérieure à reproduire, antérieure aux rapports que les individus, en tant qu’individus, définissent entre eux, en même temps qu’ils définissent leurs besoins, la satisfaction de ceux-ci et les modalités de cette satisfaction, qui sont abolies. L’abolition des classes signifie tout autant l’abolition de l’activité comme subjectivité, que de son produit comme objectivité face à elle, c’est en cela que l’abolition du travail salarié est abolition du travail. L’abondance que crée la révolution communiste n’est pas de l’ordre de l’avoir mais de l’être ensemble, de la communauté. Tout cela se produit dans le mouvement même de la révolution, c’en est même le contenu.
Quand on a des problèmes avec les premiers temps du communisme et que l’on commence à faire le « réaliste timoré » avec des expressions du genre « ce n’est pas du jour au lendemain », c’est que l’on a des problèmes dans la conception de la révolution qui demeure conçue sur la base fournie par un développement objectif des forces productives, dont le prolétariat, et de leur libération de la mesquinerie capitaliste. En fait, ce que l’on considère la plupart du temps comme des questions à résoudre dans les premiers temps du communisme, ne sont le plus souvent que des mesures communistes que les prolétaires révolutionnaires devront prendre dans le cours de la révolution, en ce que cette dernière n’est pas le communisme contre le capital, mais la production du communisme médiée par son opposition réelle au capital. Mesures pragmatiques et tactiques dans le cours de la révolution. Abolir la valeur ou l’Etat, créer de nouveaux rapports ayant pour contenu l’immédiateté sociale de l’individu, c’est-à-dire la relation entre individus dans leur singularité, sont des mesures tactiques de combat des prolétaires en révolution contre le capital.

L’immmédiateté n’est pas un immédiatisme

Mais attention, lorsque du doigt nous traçons sur la carte le chemin à parcourir, nous ne sommes pas pour autant parvenus au but ; c’est dans la lutte des classes de ce cycle de luttes que l’énigme se pose et doit être résolue. L’immédiateté du communisme n’est pas son immédiatisme.
L’immédiatisme de l’alternativisme ou du « mouvement d’action directe » sait très bien que la lutte des classes est primordiale, mais il attend de cette lutte que les ouvriers n’agissent plus en tant que tels pour être révolutionnaires. Or, la communisation de la société ce sera des mesures communistes prises par des ouvriers parce qu’ils sont ouvriers, parce qu’en tant que tels ils existent définis dans et contre toutes les déterminations du capital. L’immédiatisme suppose que la transformation de la société ne serait possible qu’après que les prolétaires aient abandonné leurs vieux habits de prolétaires. Il envisage la communisation comme une « longue marche » dans le mode de production capitaliste. L’immédiatisme ne peut s’achever que dans l’alternative. On perd le concept même de communisation si l’on ne considère pas que la production du communisme s’effectue parce que les prolétaires, en lutte contre le capital comme prolétaires, abandonnent, dans cette lutte, leurs vieux habits de prolétaires, parce qu’ils sont immergés dans les contradictions du capital qui les constituent comme prolétaires. L’abolition de la condition prolétarienne est l’auto-transformation des prolétaires en individus immédiatement sociaux, c’est la lutte contre le capital qui nous fera tels, parce que cette lutte est une relation qui nous implique avec lui. La communisation ne se constitue pas en mode de vie face au capital, mais sera le dépassement des luttes revendicatives dans le cadre immédiat du travail ou de la reproduction de la force de travail, c’est-à-dire dans le cadre de l’exploitation. La révolution n’est ni la révélation d’une nature révolutionnaire du prolétariat toujours déjà là, ni le résultat du face à face de deux mondes : celui du capital et celui de l’alternative communiste se constituant face à lui. Si la révolution est le dépassement du mode de production capitaliste produit par le développement historique de la contradiction entre le prolétariat et le capital, cela signifie qu’elle est soumise au développpement des contradictions de classes de cette société, à leur histoire. La question de la communisation est sous sa forme la plus concrète celle de la relation entre ce cycle de luttes et la révolution.

[...] Extrait de Sur la communisation, mai 2004

> Réflexions critiques sur le texte intitulé "Après Gênes", Denis, novembre 2002

> Théorie et conscience : Sur les réflexions critiques de Denis, Roland SIMON, nov. 2002

> La production de la rupture Préface de François DANEL à Rupture dans la théorie de la révolution (Senonevero, 2002)

Extrait « [...] Critiquer les anti-citoyennistes comme contestation interne au démocratisme radical n'empêche pas de reconnaître que leur pratique exprime la principale détermination réelle de la contradiction du capital dans le moment actuel : l'immédiateté du communisme. Nous sommes avec les black blocs et tous ceux qui, dans le mouvement d'action directe, ne prétendent « représenter » qu'eux-mêmes, contre tous les léninistes plus ou moins recyclés qui se posent comme « guides et organisateurs » du prolétariat mondial. Nous sommes avec tous les gens qui posent la révolution comme communisation immédiate des rapports sociaux contre tous les idéologues de la transition au communisme. Mais tous les anti-citoyennistes, y compris les plus théoriciens, confondent immédiateté (absence de transition au terme du cycle actuel) et immédiatisme (transcroissance des luttes actuelles à la communisation). Parce qu'ils posent la révolution comme subversion, ils ne comprennent pas que la contradiction entre classes qu'est la valorisation intensive se transpose en contradiction « purement » économique, explosant dans la crise comme particularisation de l'activité des deux classes du capital. Ils ne comprennent pas que la révolution qui vient se produira dans et contre la crise qui la rendra possible, puisque toute crise du système, en tant que telle, implique seulement sa restructuration.
C'est cette pratique immédiatiste - la révolution comme mode de vie, la révolution en marche dans nos vies, au quotidien - qui, née d'une mauvaise compréhension de ce qu'est le capital et nous dedans, reproduit en retour cette mauvaise compréhension comme idéologie de la révolte. Les anti-citoyennistes savent au fond qu'il n'y a pas d'alternative, pas de transcroissance des luttes quotidiennes à la révolution, pas d'extension continue dans l'espace et dans le temps de zones temporairement libérées du capital. Mais sous peine de se dissoudre comme mode de vie, milieu, et sujet « subversif », comme fraction « rebelle » d'un prolétariat perçu comme globalement « soumis », ils sont forcés de faire comme si les luttes en cours, à force d'interventions « subversives » toujours plus puissantes, pouvaient transcroître en révolution.
Ce « faire comme si » rend notre explication théorique avec eux aussi difficile que nécessaire. La republication de ces textes de l'après-1968 peut en tout cas aider à clarifier le débat, en le resituant dans sa dimension historique.»

> Dans Meeting

> «Théorie du communisme», 2001, Roland SIMON, présentation

« Comment le prolétariat agissant strictement en tant que classe peut-il abolir les classes? est la question fondatrice de toute réflexion théorique. La lutte des chômeurs et précaires de l'hiver 1997-1998 en France, a défini le chômage et la précarité au coeur du travail salarié, sa potentielle caducité était devenu le contenu même de la lutte des classes. Cette lutte permet d'aborder la question comme une question pratique de notre horizon historique, comme cours et enjeu de la lutte de classes dans ce cycle de luttes. Une activité de classe peut aller au-delà des classes. Avec la restructuration maintenant achevée du mode de production capitaliste, le prolétariat produit tout son être, toute son existence, dans le capital, plus aucune confirmation d'une identité prolétarienne dans la reproduction du capital n'est possible. La contradiction entre les classes se situe au niveau de leur reproduction, ce qui définit la capacité pour le prolétariat d'abolir le capital, de s'abolir lui-même. Ce cycle de luttes est alors la résolution pratique des limites et des contradictions de toute l'histoire passée de la lutte de classe, c'est-à-dire du programmatisme : la révolution comme montée en puissance et affirmation du prolétariat s'érigeant en classe dominante, même pour se nier ensuite. Le démocratisme radical et l'alternative sont la formalisation de toutes les limites de ce cycle. Contenu de la contradiction entre les classes, la reproduction du capital est devenue la dynamique et la limite intrinsèque de la lutte du prolétariat. La disparition de l'identité ouvrière ne nous laisserait comme avenir que le capitalisme à visage humain, la critique du libéralisme, la prise en mains de notre travail, de notre environnement, l'activité citoyenne. La recherche d'une identité et d'un "programme prolétarien" face au capital ne fait qu'entériner sa reproduction dont les prolétaires pourraient avoir le contrôle par une organisation sociale dont ils seraient les maîtres. C'est alors la question de la relation entre les luttes actuelles et la révolution qui doit à nouveau être posée. Si la révolution et le communisme sont bien l'oeuvre d'une classe du mode de production capitaliste, il ne peut plus y avoir transcroissance entre le cours quotidien de la lutte de classe et la révolution, celle-ci est un dépassement produit dans le cours de la contradiction entre les classes, l'exploitation. La révolution communiste est communisation des rapports entre les individus qui se produisent comme immédiatement sociaux. Au-delà de l'affirmation du prolétariat, c'est toute la théorie du communisme qui est à reformuler contre les limites inhérentes à ce cycle de luttes que sont le démocratisme radical et les pratiques alternatives, mais aussi contre toutes les théories qui font leur deuil du programmatisme au nom d'un humanisme théorique, de la critique du travail pour lui-même, ou de celle de l'économie.»

> «Théorie communiste» : Qui sommes-nous ?

« La révolution est à partir de ce cycle de luttes un dépassement produit par celui-ci. Il ne peut y avoir transcroissance des luttes actuelles à la révolution pour la simple raison que celle-ci est abolition des classes. Ce dépassement c'est le moment où, dans la lutte des classes, l'appartenance de classe devient elle-même une contrainte extérieure imposée par le capital, c'est un procès contradictoire interne au mode de production capitaliste. En attendant, ni orphelins du mouvement ouvrier, ni prophètes du communisme à venir, nous sommes dans la lutte de classe telle qu'elle est quotidiennement et telle qu'elle est productrice de théorie.»

> L’auto-organisation est le premier acte de la révolution, la suite s’effectue contre elle, Roland SIMON, 1er juillet 2005

> L'écart, Roland SIMON, 10 avril 2005

> Prolétaires, encore un effort pour être comunisateurs... Joachim Fleur, mai 2005

> La révolution sera communiste ou ne sera pas, Roland SIMON, 7 janvier 2005

> Trois thèses sur la communisation, Denis, 31 mai 2004

> Sur la communisation, Roland SIMON, 31 mai 2004

> Faire de la théorie, Théorie communiste n°14, décembre 1997

[...] La révolution est un dépassement produit. Si nous qualifions cependant ce dépassement d’abstraction théorique, c’est que dans le stade actuel de la contradiction, il n’y a rien qui soit un embryon de ce dépassement, aucun élément que l’on puisse dégager de l’ensemble de la contradiction et du cours des luttes pour dire : "voilà ce sur quoi positivement nous devons nous fonder".[...] L’éditorial de T.C.13 définit pratiquement ce qu’implique faire la théorie de ce cycle de luttes. Le problème, et qui le restera longtemps, c’est que si la révolution communiste est un dépassement produit par la structuration et le contenu de ce cycle, cela signifie simultanément que ses limites lui sont intrinsèques (l’existence de la classe dans la reproduction du capital fonde les deux de façon indissoluble). L’existence de la production théorique de ce cycle n’échappe pas à ce processus, et il nous faudra sans cesse "recadrer nos initiatives". Dans ce cycle, la difficulté pratique réside dans l’inscription de la théorie de ce cycle comme la propre critique de celui-ci. [...] Il faut que nous considérions que la production théorique est un élément réel de ce cycle de luttes. Considérer qu’il n’y a aucune transcroissance entre le cours actuel des luttes et la révolution, en ce que celle-ci est dépassement produit de ce cycle de luttes, ce n’est pas considérer la production théorique comme une pure extranéité par rapport à ce cycle, par rapport au cours contradictoire du mode de production capitaliste. C’est même considérer réellement que ce cours contradictoire est producteur de théorie, et y produire de la théorie. Y être en théoricien et non en tant que théoricien, la distinction est d’importance. Dans le premier cas, on considère le cours des luttes comme réellement productif de leur dépassement et donc productif de théorie, dans le second cas, on aurait un discours tout prêt, une abstraction du but, préalable à sa production, quelque chose à appliquer ou à conserver par devers soi pour des jours meilleurs. On ne peut pas sauter par dessus le fait que la contradiction entre les classes est production de son dépassement dans le même mouvement où elle est reproduction de la société existante.

"Salut Carmela, je suis chez FIAT ! Je vais bien... Si, si, nous pouvons parler tranquillement, c'est Agnelli qui paye !"
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