[jérome, ce n'est pas tant le CCI que je visais que Lénine et les bolchéviks (quoique comme ils sont morts ça leur fait une belle jambe
Sinon la VRAIE avant garde, garantie label rouge, n'est pas Internationaliste mais Anationaliste, comme tu le préssent toi même en lançant le slogan "à bas toutes les nations !"]
les révolutionnaires sont ils indispensables ? J'aimerai bien m'en persuader, mais j'ai peur que parfois cela mette plus des oeillères et des carcans prédifinis ... (je m'inclus aussi dans le problème). Il faut donc essayer d'avoir toujours l'esprit ouvert, d'essayer de d'écouter et comprendre l'autre, parce qu'il n'a peut être pas tort (même si c'est parfois dur de rester zen quand tu passes ton temps à te faire insulter mais bon ...). Ca peut éviter de se retrouver dans des impasses, notamment au niveau tactique. Maintenant la nécessité (ou pas) n'a rien à voir avec l'inutilité (ou au contraire l'utilité). Il y a plein de choses qui sont utiles sans être nécessaires.
Tu définis par ailleurs l'avant garde notamment par son niveau de conscience plus élevé hérité d'un passé historique. Mais c'est le problème propre à tout héritage : tu hérites aussi des dettes pourries. Cette vision me parait assez effrayante : si tu te situes dans une "lignée" déviante (par rapport à la conscience), alors tu ne peux toi même que dévier ... C'est un déteminisme implacable ! Ainsi, être anarchiste aujourd'hui, c'est fatalement se mettre dans les rails de la participation de la CNT espagnole en 36 au gouvernement, et donc c'est être maudit jusqu'à la fin des temps ... Ca me parait complètement erroné comme approche. Heureusement que nous ne sommes pas la reproduction à l'identique des anciens, et que les idées et pratiques révolutionnaires sont plutôt de l'ordre de l'acquis (et donc de l'apprentissage, avec son lot normal d'erreur) que de l'inné ...
Enfin, sur la question du "désengagement". Je n'ai pas lu les textes en question d'Echanges, j'essairai de le faire, et donc je ne sais pas exactement dans quel sens il emploie ce terme.
Cependant j'ai souvenir que à l'AIT nous avons été souvent été attaqués par le mouvement libertaire (et notamment les Vignoles) au pretexte que nous pronons également une forme de désengagement. (je ne dit pas que Riveira ton intervention est dans ce sens. C'est plutot une association d'idée à la lecture du message).
En effet, à l'AIT aussi nous appelons à un désengagement des formes de médiations des luttes qui sont communément admises par les militants (à quelques exceptions près) et notamment libertaires. Par exemple, nous appelons au désengagement de la représentativité syndicale, par le boycott des élections profesionnelles. Pour beaucoup dans le milieu libertaire, qui n'imaginent pas que d'autres formes de faire soient possibles, cela revient à avoir une posture de refus du syndicalisme et de la lutte. Oui, il y a des formes d'actions que nous désertons (pour reprendre une autre expression
), car précisement pour nous ce ne sont pas des actions
positives dans le sens où elles ne produisent rien d'autre qu'un renforcement du système.
Enfin, d'un point de vue cette fois strictement tactique (et non plus politique ou stratégique), il est préférable de théoriser sur le "rien", dans le sens où "
celui qui est n'est prêt à rien est prêt à tout". Je veux dire par là que si tu as établis un plan préconçu pour l'attaque et que les choses se passent autrement que ce que tu as prévu, au mieux tu passes à côté des choses au pire tu te ramasses la gueule méchamment ... Celui qui à un plan de bataille super défini donne aussi à l'adversaire le moyen de déjouer son plan. Celui qui n'en a pas est imprévisible. (je sais pas si je suis clair ?)
Par contre, et là je me retrouve dans ce que tu écris Riveira, ce qui est important c'est que les individus ou les groupes soient des
producteurs. Que ce soit d'idée ou d'actes, peu importe, selon le bon vieux principe "de chacun selon ses capacités" je pense que toutes les contributions sont valables, du moment qu'on puisse les discuter, les critiquer éventuellement.
Comme tu le dis justement :
C'est le foisonnement de publications faisant la promotion d'un "autre monde possible", égalitaire... ce sont les multiples luttes menées dans la décennie précédente, luttes menées sur des bases idéologiques libertaires etc... [qui ont préparé la Révolution Espagnole]
Je ne suis pas sur que c'étaient les mêmes qui faisaient les publications, qui luttaient dans les boites ou qui faisaient le coup de feu contre les milices patronales. Je suis même sûr qu'ils s'engueulaient souvent entre eux. Mais tous participaient d'un même mouvement, où tous s'interfécondaient. Si en effet agir c'est tenter d'influencer le cours des choses, on influe autant par les idées que par les actes.
Cependant, je suis d'accord ave toi qu'il faut que les deux se nourrissent mutuellement, qu'il n'y a pas prééminence de l'un sur l'autre. Ce qui est important c'est que les aller/retour se fassent.
En ce qui me concerne, là où j'ai un peu de mal à comprendre avec le CCI (et je te rejoins surement même si je le dis avec mes mots), c'est que - si je vois bien l'aller (les analyses sur les mouvements) - j'ai du mal à comprendre comment s'effectue le "retour" (à part : on va prendre la parole en AG. Ok et après ?). Ou que les retours que j'ai vu me laissent plutot songeur (je pense à la condamnation systématique des actes de sabotage par exemple ...)