QUAND LE CCI SE FAISAIT LE DEFENDEUR DES ACTIONS VIOLENTES

Les courants, les théoriciens, les actes...

Messagepar wiecha » Samedi 03 Jan 2009 20:55

Quand tu parles d’une organisation de « révolutionnaires professionnels, centralisée autour de son chef, dont les adhérents sont mus par une discipline de fer, soudés dans une obéissance aveugle à la hiérarchie (quelle qu'elle soit), et qui vont ensuite par un coup d'Etat imposer leur point de vue à tout le monde. Bref, s'organiser de façon bolchevique ». Là ce dont tu parles, c’est du stalinisme


Non. Le stalinisme n'est pas une organisation de révolutionnaires restreinte et élitiste mais au contraire une organisation de la société, de manière massive. Et cette forme d'organisation totalitaire, avec son armée, sa gestion hiérarchisée de l'entreprise, sa police ou plutôt ses polices, Staline ne la crée pas, il la trouve toute prête à l'emploi, et bien rodée après plusieurs années de prise et de gestion du pouvoir et de ses crises par l'ensemble des bolcheviks.

Staline et ses camarades se contentent de prendre le costume qui a été taillé pour eux, point barre. Il n'y pas de transformation profonde ni du parti , ni de la structure Etat, ni des structures de soi disant collectivisation économique quand les staliniens prennent le pouvoir.

Et c'est d'ailleurs ce qui fait que le discours trostkyste des années d'opposition va se heurter à un mur de passivité et d'incompréhension du prolétariat russe, qui voit avec raison un changement d'hommes , mais pas de politique et de mode d'exercice du pouvoir. Seuls ceux qui l'ont exercé et se retrouvent blackboulés datent le début de la Terreur du moment ou eux aussi ont commencé à avoir peur.

Mais c'est bien la structure bolchevik qui est en cause, l'idéologie de l'avant garde et du cercle restreint des hommes de fer, de la Révolution qui pourrait être guidée par quelques uns, de cette incapacité à comprendre que c'est l'aspect massif des soviets qui est révolutionnaire, cette réflexion collective démultipliée. Construire l'avant garde c'est renoncer au communisme pour une efficacité immédiate qui finit toujours par se retourner contre la Révolution.

Et ce n'est pas s'abriter derrière des slogans ou des recettes qui change la donne. Je suis entièrement d'accord avec toi sur le fait de ne pas rejeter la négociation MAIS en même temps, je ne me fais pas d'illusion sur les trucs du style "mandat révocable" ou "AG souveraines ". Tu peux inscrire ça dans le marbre, le proclamer haut et fort, comme c'est le cas dans la plupart des mouvements sociaux aujourd'hui, mais la question c'est surtout qui va révoquer ?

De fait, si les outils d'organisation développés par les masses sont assez développés pour propager une conscience globale, de toute façon, ils se révoquent d'eux même au sens ou la clique qui ne suit pas le mandat se retrouve révoquée par les faits, à savoir une base qui ne la suit pas.

A l'inverse, si des "avant garde" se sont organisées en petits groupes un peu malins, et qu'il n'y a pas à la base de réflexion horizontale, alors rien de plus facile que de fixer le mandat et et de n'avoir aucun risque de le faire révoquer.

Le léninisme et le trotskysme sont avant tout des théories de la concurrence avec les bureaucraties réformistes: comment faire en sorte que le mandat soit confié aux vrais Révolutionnaires ceux qui ne trahiront pas.Bien au contraire l'anarchisme est une théorie de la rupture, c'est à dire comment se passer au maximum de toute délégation de pouvoir, comment faire pour que la lutte de classes en arrive à un niveau de conscience telle qu'il n'y aiat plus besoin d'entrer dans le jeu concurrentiel, même avec un seul pied.

Pas évident, bien sûr. Pas simple de refuser à un moment donné la direction de tel ou tel mouvement, quand tes idées ont le vent en poupe, pas simple de préférer parfois être en butte à l'incompréhension du plus grand nombre: par exemple quand on te dit " mais tu devrais y aller à la place du gars de la CGt, tu nous défendras mieux ". Mais c'est dans ces moments là, ou tu dois te battre pour faire comprendre aux gens que personne ne fera lee boulot à leur place, et qu'au fond ce n'est absolument pas l'intelligence ou la combativité particulière de tel ou tel qui comptent dans une négo, mais celle de la masse qui est à la porte du bureau ou pas.
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Messagepar Gorter » Lundi 05 Jan 2009 8:46

Mes meilleurs voeux aux compagnons de la CNT-AIT en cette nouvelle année qui risque de ne pas être triste politiquement et socialement !

Sinon, je viens de lire le long débat ayant lieu entre les compagnons et le camarade jérôme du CCI et je dois dire qu'il me semble qu'il y a méprise sur le sens de l'action violente.

En effet, le CCI ne cautionne pas l'action pour l'action surtout quand celle-ci est totalement stérile et n'apporte rien à la lutte révolutionnaire. Ce qui a pu se passer avec la SNCF ne démontre en rien que ce fut l'oeuvre des actuels inculpés, pour autant ceux qui ont pu passer à l'acte si il est démontré que des anarchistes en sont vraiment à l'origine, n'aurait alors fait que renforcer le capital et ses forces de répression.

Nous savons tous que nombre de moyens permettent de bloquer les rouages de l'Etat. Pour autant, est-il nécessaire aujourd'hui d'en faire l'utilisation à des fins qui ne mènent à rien ?

Détruire le capitalisme, toute forme de capitalisme y compris celui d'Etat que la gauche et l'extrême gauche ne cessent de soutenir dans des versions keynésienne ou léniniste, seront une nécessité absolue quand la conjoncture au paroxisme de sa décadence poussera les masses à la révolution. La violence de classe sera alors un fait inéluctable !

Ce qui me fait écrire, pour terminer cette brève intervention, qu'à la fois Nosotros, Wiecha et Jérôme ont, à juste titre, raison sur l'analyse qu'ils projectent via leur corpus anarchosyndicaliste et/ou de Gauche communiste. Il n' y a de vérité absolue que par la réalité des faits !

Karl Marx dans le "18 Brumaire de Louis Bonaparte" ne parlait-il pas du communisme comme étant un anarchisme rouge opposé à l'étatisme moderne et bourgeois des réformistes sociaux-démocrates qui ne valaient pas mieux que le Parti de l'ordre (conservateurs et royalistes) ? Ce qui fait que pour ma part, je n'oppose pas les positions révolutionnaires de la CNT-AIT (anarchisme rouge et noir) à celles du CCI (potentiel anarchisme rouge tel que Marx a pu le définir et qui s'appelle communisme). :wink:
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Messagepar Gorter » Lundi 05 Jan 2009 10:28

Je partage ton analyse sur le stalinisme et ses dérivés gauchistes auto-proclamés communistes !

J'y ajoute que l'on peut considérer que le stalinisme et ses petis frères ne sont que des marxistes vulgaires n'ayant aucun rapport avec les écrits à vocation évolutive de Marx et Engels.

En effet, ce qui caractérise les marxistes vulgaires c'est qu'ils ont une vision figée et dogmatique du marxisme, quand ce n'est pas de la pure géométrie variable selon l'instant.

Marx était pour la destruction totale du capitalisme et des Etats-nations, pour le communisme international (ce que le corpus anarchiste pourrait identifier comme A-national), alors que les marxistes vulgaires font l'apologie d'une forme de confédération mondiale des Etats-nations socialistes. Du nationalisme de gauche de ce fait et du capitalisme d'Etat par ailleurs.

Marx luttait contre toute forme de salariat et s'opposait à la propriété individualiste; pour l'abolition pleine et entière de ces concepts bourgeois. Les marxistes vulgaires eux parlent de nationalisations et de petites entreprises solidaires, de la répartition des richesses issues des profits et ne parlent pas de mettre fin au diktat complet de l'argent-roi...

Concernant Lénine, j'invite les compagnons à lire ce qu'écrivait Rosa Luxemburg à ce sujet, dont on ne peut douter de la sincérité révolutionnaire et de l'anti-autoritarisme affirmé.

Le stalinisme est le fruit et la convergence de la dégénérescence bureaucratique de la révolution d'Octobre et de la conjoncture "historique" de l'échec de la révolution mondiale via celui de la révolution allemande écrasée sous les ordres des socialistes du SPD réformistes et bourgeois comme Ebert et Noske avec la contribution de l'armée, des corps francs et des milices du lumpenproletariat (futurs SA).
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Messagepar Gorter » Lundi 05 Jan 2009 10:41

J'oubliais : sur la question de l'avant-garde, je trouve l'analyse anarchiste un peu tirée par les cheveux, sachant que Bakounine lorsqu'il ne voyait encore que par Marx n'y trouvait rien à redire et pour aller plus loin, lors de la rupture au sein de l'AIT, il avanca et théorisa la nécessité d'une minorité révolutionnaire agissante et éclairée. Si ça ce n'est pas la même chose, voire en plus restrictif et affirmé, que l'on m'explique concrètement le contraire ?!

On pourrait aussi décliner la sujet à propos de la "Dictature du prolétariat" qui actuellement fait bondir nombre d'anarchistes, ce qui n'était aucunement le cas au XIXème siècle et ce jusqu'à plus de la moitié du XXème siècle. :wink:
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Messagepar NOSOTROS » Lundi 05 Jan 2009 12:52

Salut Gorter,

Meilleurs voeux d'une année qu'on espère révolutionnaire !

l'argument que l'acte de sabotage
n'aurait alors fait que renforcer le capital et ses forces de répression.
est vaseux. En effet, tous les échecs révolutionnaires n'ont eu pour conséquence tangible que de renforcer le capital et ses forces de répression ... L'échec de la révolution russe, qui a enfanté le stalinisme, en est l'exemple le plus flagrant.

C'est précisément au nom de cet argument que les révolutions n'ont amené finalement qu'à un flot de sang et à un renforcement de la domination que certains courants, autant chez les libertaires que ches les marxistes, rejettent la notion même de révolution et appellent à la résignation et à l'intégration dans le jeu démocratique ...

Comme disait Liebkniecht, d'erreur en erreur nous avançons vers la victoire ... Il n'y a que ceux qui ne font rien qui ne se trompent jamais (sauf qu'ils ont tout faux sur le fond ...)
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Messagepar Gorter » Lundi 05 Jan 2009 13:54

Je trouve que ton point de vue n'est absolument pas en contradiction avec ce que j'avance... Il n'est pas question de dire que toute activité, même radicale, ne sert à rien si ce n'est le Capital, mais qu'il y a des moments qui justifient l'action directe, la violence de classe, et d'autres non.

A mes yeux, il n' y a pas de raisons de considérer qu'entre marxistes anti-autoritaires et anarchosyndicalistes, l'un ou l'autre de ces courants détiendraient une vérité unique en terme révolutionnaire.

La CNT-AIT et celles et ceux qui s'y associent pleinement sont des révolutionnaires. Idem du côté marxiste révolutionnaire avec le CCI et d'autres organisations de la Gauche communiste...

Fraternellement à toi. :wink:
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Messagepar NOSOTROS » Lundi 05 Jan 2009 22:20

A mes yeux, il n' y a pas de raisons de considérer qu'entre marxistes anti-autoritaires et anarchosyndicalistes, l'un ou l'autre de ces courants détiendraient une vérité unique en terme révolutionnaire.


Je suis bien d'accord. Ma propre perception politique s'est trouvée enrichie des lectures des marxistes anti autoritaires.

Maintenant je doute un peu de la capacité des militants du CCI à s'ouvrir à d'autres approches ... Il me paraissent un peu figés dans leur dogme.
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Messagepar wiecha » Mardi 06 Jan 2009 0:16

J'oubliais : sur la question de l'avant-garde, je trouve l'analyse anarchiste un peu tirée par les cheveux, sachant que Bakounine lorsqu'il ne voyait encore que par Marx n'y trouvait rien à redire et pour aller plus loin, lors de la rupture au sein de l'AIT, il avanca et théorisa la nécessité d'une minorité révolutionnaire agissante et éclairée. Si ça ce n'est pas la même chose, voire en plus restrictif et affirmé, que l'on m'explique concrètement le contraire ?!


Oui, mais peu m'importe ce que disait ou pas Bakounine, je ne suis pas bakouniniste, c'est là toute la différence entre les courants de pensée et d'action qui définissent leur "iste" par raport à un militant précis , Marx ou Lénine et ceux qui s'inscrivent dans un large courant traversé par de nombreuses contradictions et désaccords.

En tant qu'anarchiste, je ne me sens pas obligée à certaines lectures plus qu'à d'autres, d'ailleurs j'ai moins lu Bakounine que Marx ( et assez peu des deux, il faut bien l'avouer.

Et concernant Rosa Luxembourg, que je connais un peu mieux, il me semble que sur la question nationale et l'analyse de la nature de l'impérialisme, elle se trouvait en contradiction avec Lénine justement.

Et puisqu'on sombre dans la politesse bourgeoise sur ce forum, bonne année à tous et qu'elle soit la dernière de ce maudit calendrier capitaliste chrétien.
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Messagepar NOSOTROS » Mardi 06 Jan 2009 0:21

:-)

Oui, heureusement que depuis Bakounine la pensée anarchiste a continué d'évoluer ...
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Messagepar Gorter » Mercredi 07 Jan 2009 10:31

Ce qui est important en effet, à la fois dans le cadre du marxisme anti-autoritaire comme de l'anarchosyndicalisme c'est de ne pas rester figer sur des principes ou des dogmes qui seraient déterminés pour toujours. Le CCI qui est la seule organisation se réclamant à la fois de la Gauche communiste germano-hollandaise (devenue plus généralement conseilliste) mais aussi de la Gauche communiste italienne (devenue bordiguiste), tire et continue de tirer les analyses et les leçons des points positifs comme négatifs de ces deux courants afin de ne pas remettre le couvert des erreurs de toutes les formations à l'extrême gauche et à la gauche du Capital (capitalisme d'Etat autoritaire ou capitalisme d'Etat keynésien : dans les deux cas une idéologie bourgeoise !). Wiecha a raison, Rosa Luxemburg a très rapidement pointé du doigt les risques de dérives autoritaire et bureaucratique (jacobine) de la révolution bolchévique tout en analysant avec Karl Liebnecht les problèmatiques liées à ce type de situation; au passage, l'échec de la révolution spartakiste allemande de 1918/1919 fut de n'avoir pas été aussi loin dans le déterminisme activiste des bolchéviques. C'est un paradoxe !
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Messagepar NOSOTROS » Mercredi 07 Jan 2009 11:20

Le CCI qui est la seule organisation se réclamant à la fois de la Gauche communiste germano-hollandaise (devenue plus généralement conseilliste) mais aussi de la Gauche communiste italienne (devenue bordiguiste),


Ca m'a toujours assez desespéré comme tentative tellement ces deux orientations sont en opposition ... Comment concilier les anti léninistes hollandais avec les ultra léninistes italiens ? Mystère et boulle de gomme ...
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Messagepar Gorter » Mercredi 07 Jan 2009 11:56

La Gauche communiste italienne dont se réclame le CCI n'est pas bordiguiste. Voir "BILAN" qui sera à l'origine en France après guerre en 1946 de la GCF (une petite fraction de BILAN sera même confondatrice de "SouB" avec Castoriadis qui lui venait du trotskisme), puis de Révolution internationale en 1969 et enfin en 1975 le CCI. Les bordiguistes eux se sont scindés en plusieurs PCint dont l'original (issu de Bordigua) est partie prenante du BIPR (Bureau international pour un Parti révolutionnaire) avec "Battaglia communista". Les bordiguistes dans toutes leurs composantes nient le caractère et l'apport révolutionnaires de la Gauche communiste germano-hollandaise et se sont enfermés dans un sectarisme léniniste affligeant ! :wink:
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Re: A NOSOSTROS

Messagepar goldfax » Jeudi 08 Jan 2009 15:58

Gorter a écrit:Les bordiguistes dans toutes leurs composantes nient le caractère et l'apport révolutionnaires de la Gauche communiste germano-hollandaise et se sont enfermés dans un sectarisme léniniste affligeant ! :wink:


Enfin, quand même, tu ne peux pas nier que le CCI se léninise et qu'il tend de plus en plus à s'inspirer de Bordiga (qui, d'ailleurs, n'a pas écrit que des choses inintéressantes...).
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Messagepar Gorter » Lundi 12 Jan 2009 13:08

Je ne suis pas en accord avec ton point de vue concernant le CCI.

Le CCI n'est absolument pas léniniste pas plus que bordiguiste.

Il y a une différence entre la rédaction de textes faisant référence à Lénine comme peut le faire le CCI et l'apologie totale, dogmatique, telle une icône, que les léninistes utilisent quotidiennement et ce à des fins idéologiques bourgeoises (capitalisme d'Etat).

C'est mon point de vue sur le sujet et je peux comprendre que tu ne le partage pas...
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Re: A Goldfax

Messagepar goldfax » Lundi 12 Jan 2009 14:42

Gorter a écrit:Je ne suis pas en accord avec ton point de vue concernant le CCI.

Le CCI n'est absolument pas léniniste pas plus que bordiguiste.

Il y a une différence entre la rédaction de textes faisant référence à Lénine comme peut le faire le CCI et l'apologie totale, dogmatique, telle une icône, que les léninistes utilisent quotidiennement et ce à des fins idéologiques bourgeoises (capitalisme d'Etat).

C'est mon point de vue sur le sujet et je peux comprendre que tu ne le partage pas...


Et visiblement, la personne du CCI avec qui je discutais ne semblait pas, à l'époque, partager ton point de vue sur la question de Lénine.
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Messagepar NOSOTROS » Lundi 12 Jan 2009 15:26

Il y a une différence entre la rédaction de textes faisant référence à Lénine comme peut le faire le CCI et l'apologie totale, dogmatique, telle une icône, que les léninistes utilisent quotidiennement et ce à des fins idéologiques bourgeoises (capitalisme d'Etat).


Mouaif ...

Lénine est quand même indissociable de la révolution (le coup d'état) d'octobre. Or le CCI est pour le moins acritique sur la révoluton d'octobre.

As tu lu le texte du CCI à propos du Que faire de Lénine ? On est en plein dans l'apologie ...
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Messagepar Gorter » Jeudi 15 Jan 2009 13:08

Le CCI, pour ce que je peux en lire, est parfaitement en accord avec la Révolution d'Octobre 17 où bolchéviks, socialistes révolutionnaires de gauche et anarchistes s'organisèrent en soviets libres et comités révolutionnaires et prirent le pas sur le gouvenement bougeois des menchévicks et socialistes révolutionnaires de droite.

Revendiquer des positions communes avec Lénine et les bolchéviks ce n'est pas absoudre les nombreuses fautes (Lénine était lui-même très auto-critique envers lui-même et ses proches), y compris criminelles, de la bureaucratie parti-Etat qui amènera à la dégénérescence totale de la Révolution sociale vers la contre-révolution et le stalinisme.

Je trouve que le livre " La rébellion de Krondstadt - 1921" avec les textes de Berkman, Goldmann et Voline est une référence sur le sujet, car ces écrits objectifs mettent en avant le positif et le négatif, les acquis indéniables d'Octobre 17 et les dérives du système vers l'autoritarisme.

Dans les discussions que je peux avoir avec mes petits camarades, il n'y a pas de doute sur le sujet... Après il y a toute une réflexion à avoir sur le pourquoi du comment, etc. :wink:
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Messagepar Gorter » Jeudi 15 Jan 2009 16:58

Il est réducteur et inobjectif de considérer l'échec de la révolution russe aux seules fautes de Lénine et des bolchéviks. Il faut prendre en compte tous les paramètres de ce qu'était la Russie, sa situation politico-économique, sociologique et géopolitique à l'instant "T".

Il est important aussi de comprendre l'état des choses au niveau international à la fin de cette première guerre mondiale, oeuvre criminelle par excellence de la décadence du capitalisme.

Surtout, l'échec de la révolution spartakiste ne permettait plus à la Russie de s'ouvrir vers une voie "indispensable" de solidarité prolétarienne internationale, avec toutes les conséquences intrinsèques que cela a pu impliquer.

Certains pourraient me dire : mais en Ukraine (grenier à blé) avec Makhno et la Confédération anarchiste du Nabat, 7 millions de personnes ont été capables de s'auto-organiser ? C'est vrai mais ce fut en économie de guerre avec le soutien de plusieurs dizaines de milliers de soldats révolutionnaires de l'Armée rouge et toute leur logistique.

L'Armée noire et l'Armée rouge ne faisaient alors qu'un face aux russes blancs ! Nous connaissons malheureusement la suite...

Ce qui est arrivé en Russie est aussi arrivé en Espagne en 36.

En effet, si la CNT et la FAI avait écouté dès le début Durruti, le combat révolutionnaire aurait permis de renverser la République bourgeoise socialo-stalinienne afin de conforter toutes les forces auto-organisées contre le seul front du fascisme franquiste et de la réaction catholico-droitière... Mais la CNT et la FAI firent le choix "majoritaire" dans ce contexte précis, de suivre la politique bourgeoise du gouvernement de gôche avec des ministres à la clé (sic).

Ce qui confirme que toute période de transition (avec les exemples de la Russie et de l'Espagne), démontre qu'il n'est pas simple de faire les bons choix quand l'isolement "politique, géopolitique et économique" est de rigueur et ne permet aucune perspective d'ouverture révolutionnaire...
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Messagepar NOSOTROS » Jeudi 15 Jan 2009 17:17

Tu as raison de dire qu'il faut prendre en considération tous les facteurs.

or il y a un que tous les analystes révolutionnaires, qui sont en très grande partie occidentaux - oublient de prendre en compte.

Ce facteur se retrouve également dans les deux tentatives révolutionnaires.

Avec des si on peut metre paris en bouteille. Mais bon, essayons malgré cette grande limite de faire quelques hypothèses :

Si au lieu d'avoir les yeux rivés sur l'Europe, les bolchéviks avaient aidé les révolutionnaires d'Asie, et je pense notamment à la révolution du Gilan en Iran, au lieu de les sacrifier sur l'autel de l'entente avec l'Empire britannique, peut être les choses eut elles été différentes.

de même si les révolutionnaires espagnols, comme les en pressaient certains, avaient donné l'indépendance au Maroc espagnol ...

Dire que ce qui différencie les bolchéviques des staliniens c'est que ces derniers sont pour la révolution dans un seul pays est faux. La guerre de 14-18 est aujourd'hui considérée comme une guerre civile, l'Europe est un seul "pays" au sens historicoculturel. Se focaliser uniquement sur le front Ouest, c'était faire la révolution dans un seul pays ...
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Messagepar Gorter » Jeudi 15 Jan 2009 18:26

Tu as raison concernant l'Espagne. En effet, il y avait une ouverture possible au Maghreb mais... elle ne fut pas exploitée et elle restait par ailleurs sur fond de nationalisme de libération.

Je suis moins certain que du côté de l'Asie et à propos de la Russie le potentiel fut le même, mais c'est à étudier et ta réflexion est intéressante et à suivre.

La paix de Brest-Litovsk n'est en effet pas simple et fut même très discutée au sein des différentes composantes issues de la révolution d'Octobre.

Pour autant, Lénine allait avec mûre réflexion dans le sens que la première guerre mondiale était une absurdité totale uniquement militaro-capitaliste et que le devoir de tout révolutionnaire était alors de refuser un camp face à l'autre : "Les prolétaires n'ont pas de patrie !".

Précisons qu'entre 1914 et 1917 il n' y avait pas foule dans les milieux révolutionnaires pour refuser de s'engager dans l'impérialisme des uns ou des autres avec la fleur au fusil et la bêtise avec...

La majorité des socialistes, de nombreux anarchistes dont Kropotkine en tête, furent d'intransigeants partisans de la guerre et de "l'unité nationale" dans leurs choix patriotiques (sic) !

Quid du pacifisme et/ou des idéaux révolutionnaires alors ? Rien !

Il n' y eu à cette époque que des minorités pour dire non à la barbarie sous toutes ses composantes et nationalités.

Les bolchéviks, avec à leur tête Lénine, furent de ceux qui n'acceptèrent pas la dite barbarie; idem en Allemagne avec Luxemburg et Liebnecht mais aussi Berkman et ses amis anrchistes aux USA; idem en Espagne où les anarchistes furent profondément solidaires des bolchéviks en 1917, y compris sur la question de Brest-Litovsk (relire "Buenaventura Durruti d'Abel Paz") !!! :wink:
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