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Anarchisme, nation, identité, culture (octobre 2008)

MessagePosté: Samedi 06 Sep 2008 23:34
par clown
"Anarchisme, nation, identité, culture - Régionalisme, nationalisme et anarcho-indépendantisme" , de Karim Landais paraîtra en octobre 2008 chez Orphéo Editions, 184 pages, au prix de 8 euros, frais de port compris.

« Un projet de longue haleine, commencé il y a près d’un an et demi, destiné à flétrir les notions d’identité et de culture comme valeurs politiques positives. Dans ce véritable ouvrage de presque 200 pages, l’auteur dénonce le phénomène multiculturaliste, qui transcende les clivages politiques et tente d’investir les courants les plus radicaux. » (Présentation du livre écrite par Karim Landais pour son site Internet)

Préface

Ce texte a déjà été publié en 2006, un an après la disparition de Karim Landais en juin 2005. Il était alors inclus dans deux gros volumes rassemblant presque tous les écrits de Karim. Cette anthologie (Passions militantes et rigueur historienne) étant désormais presque épuisée, nous avons choisi de republier, dans un ouvrage au format plus maniable, ce texte qui n’a pas pris une ride.

En effet, les questions liées à la « culture », à « l’identité », à la « nation », au multiculturalisme, à l’ « Europe des régions » (ou des « nations ») sont plus que jamais au cœur des débats politiques en France, comme en témoignent, à des niveaux différents, la création du mouvement des Indigènes de la République et du CRAN en 2005 ; les « émeutes » de Novembre 2005 ; les discours patriotards de Royale et Sarkozy lors de la campagne présidentielle de 2007 ; les multiples façons dont la droite et la gauche françaises instrumentalisent l’histoire de la France ; la désignation d’un ministre de « l’Immigration, de l’Intégration, de l’Identité nationale et du Développement solidaire » (ou « de la Rafle, de la Honte et du Drapeau », comme le dit justement le Réseau Education sans frontières) ; les contraintes de plus en plus fortes qui pèsent sur les travailleurs migrants, qu’ils soient ou non en « situation régulière » ; les débats sur le hijab et la place de l’islam dans un pays aux « racines chrétiennes » ; la nomination de personnalités « issues de la diversité » (en clair de personnes d’origine africaine et nord-africaine ») à des responsabilités gouvernementales, sans compter l’incapacité de la gauche et de l’extrême gauche à mobiliser, ne serait-ce que leurs électeurs, sur une base internationaliste, ou mieux anationale, lors des élections et référendums européens, et à mobiliser dans la rue contre la présence et les interventions des troupes françaises en dehors de l’Hexagone.

Ce petit livre, écrit par un jeune homme qui voulait devenir historien et avait une haute idée de cette discipline, défend un point de vue partisan, anarchiste (1), sans pour autant être un pamphlet idéologique. Il est solidement argumenté et fourmille de références utiles pour celui ou celle qui voudrait approfondir les questions ici abordées. Même si Karim prend pour cible un courant peu connu, celui de l’ « anarcho-indépendantisme (2) », et plus largement les anarchistes qui soutiennent les mouvements « régionalistes » ou indépendantistes, cet ouvrage est porté par une réflexion plus globale sur les liens réels ou imaginaires entre région, culture, nation et Etat ; les spécificités du nationalisme de gauche et les dangers du multiculturalisme.

On peut ne pas être d’accord avec telle ou telle formulation, hypothèse ou idée de l’auteur (je ne crois pas, par exemple, que l’Union européenne puisse être assimilée à une structure « d’inspiration néo-totalitaire » ou « corporatiste » comme l’affirmait Karim), mais on doit lui reconnaître un souci de rigueur, une clarté d’exposition, un sens de la nuance, qualités rares chez un auteur « révolutionnaire » et surtout une incitation à réfléchir par soi-même. Que demander d’autre à un bon livre ?

1. Karim Landais était engagé dans un processus d’évolution politique qui nous empêche de rattacher sa pensée à tel ou tel courant « labellisé » de l’anarchisme et de lui coller ainsi une étiquette indélébile. Rien ne nous permet de deviner quels auraient été, aujourd’hui, en 2008 ses choix politiques. Ce qui, en fin de compte, est plutôt positif et devrait inciter le lecteur à s’intéresser surtout au contenu de son livre et aux questions qu’il pose.

2. Comme le précise Karim : « par le terme d’anarcho-indépendantisme, nous entendons désigner toutes les positions tendant à accorder une importance accrue au problème national dans la rhétorique anarchiste et à proposer son règlement par le mariage de l’idée d’indépendance nationale et de celle de société libertaire ».

Yves Coleman 3/09/2008

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Pour toute correspondance ou commande écrire à :

Guy Landais La Bastide des capucins 84 240 Cabrières d’Aigues

Ou

yvescoleman@wanadoo.fr

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Table des matières

Préface………………………………………………………………………………. 3

Introduction : de l’essence de l’anarchie……………………………….. 7

Mise au point : de quelques concepts nécessaires à la polémique 18

Théorie de la misère ou misère de la théorie ? ………………………..21
La stérilité, maladie sénile de l’anarchisme………………………………………. 21
Conception et repolitisation, remèdes à la maladie sénile de l’anarchisme…………………………………………………………………………………………31

Du flou et du moins flou de quelques définitions : culture, nation, ethnie, nationalisme ……………………………………………………………..36

À propos d’une éventuelle tradition anarchiste …………………….52

De la tradition marxiste (Luxembourg, Lénine, Bauer et Renner) ……………………………………………………………………………………………53

…À la tradition anarchiste ………………………………………………….60

De l’anticolonialisme………………………………………………………… 68
Les anarchistes et le colonialisme……………………………….…………….. 68
Du colonialisme dans l’Hexagone …………………………….………………..72

Eclaircissements : de la nation française et de quelques autres.. 78

Emergence de la nation française …………………………………………80

Passé et présent du régionalisme : Bretagne, Corse, Pays basque ……………………………………………………………………………………………93

De la nature des identités régionales ………………………………….103

Propositions : analyse et mise en évidence des contradictions de l’anarcho-indépendantisme…………….………………………………….. 119

De quelques contradictions ambiguës………………………………… 128
La revendication linguistique, miroir d’un projet de société………… 128
Eloge du « naturel » et ébauche d’une justice historique………………….133
La culture, valeur politique …………………………………………………..……138
Dangers du multiculturalisme et du communautarisme………………….…144

Présages d’une funeste évolution…………………………….………… 157
L’ « Europe des régions » : le régionalisme dans le vent …………………..157
Un mouvement à la dérive………………………………………………….……. 161
Anarcho-indépendantisme et national-anarchiste ……….………….…..167
Anarcho-indépendantisme et nationalisme …………………………….….172

Conclusion ………………………………………………………………………176

MessagePosté: Dimanche 07 Sep 2008 0:03
par NOSOTROS
Texte à lire en effet.

(je me souviens que lors des discussions avec Karim sur ce projet, je lui avais proposé d'utiliser le terme "anarcho identitaire" plutot que "anarcho-indépendantiste" ... Je reste persuadé que le terme "anarcho identitaire" correpond plus à la réalité)

Sinon, dommage que Yves, dans sa présentation et ses extrapolations amalgame "les « émeutes » de Novembre 2005 " avec le renouveau identitaire et communautariste. Parce que précisément, s'il ya bien eu un moment où le discours communautariste ne s'est pas fait entendre, c'est celui ci ...

l’Union européenne puisse être assimilée à une structure « d’inspiration néo-totalitaire » ou « corporatiste » comme l’affirmait Karim


Karim n'avait pas complètement rompu avec la cadre idéologique du PT dont il était issu quand il a rédigé ce texte...

MessagePosté: Dimanche 07 Sep 2008 10:04
par wiecha
’lUnion européenne puisse être assimilée à une structure « d’inspiration néo-totalitaire » ou « corporatiste » comme l’affirmait Karim


Karim n'avait pas complètement rompu avec la cadre idéologique du PT dont il était issu quand il a rédigé ce texte...


S'il y a bien un truc ou je trouve le "cadre idéologique " du Parti des Travailleurs assez pointu et assez juste, c'est leur analyse de ce qu'est l'Union Européenne, de ce que sont ses institutions et son mode de fonctionnement, et le fait qu'elle soit effectivement la superstructure juridique et politique d'un nouvel ordre, qui n'est pas l'ordre démocratique parlementaire.

Cela ne signifie en rien que je souscrive ensuite aux conclusions du PT: la nation et la République comme conquêtes du mouvement ouvrier à préserver et à revendiquer sur tous les tons. D'ailleurs, je pense que c'est là leur talon d'Achille, au sens ou ça les conduit aujourd'hui, quoi qu'ils en disent, au même processus d'institutionnalisation progressive et d'alliance électorale au niveau municipal, notamment, que la LCR ou Lutte Ouvrière.

Mais je ne jetterai pas le bébé avec l'eau du bain, j'avoue ( tout en me fouettant avec des verges noires ) que les textes théoriques du PT sur la question, notamment sur l'articulation directives/ transposition en droit national me semblent assez corrects

MessagePosté: Dimanche 07 Sep 2008 12:36
par NOSOTROS
je n'ai jamais vraiment lu ça à fond, iol faudra que je le fasse. Mais ce que j'ai cru comprendre en effet c'est qu'ils opposent à l'UE l'Etat nation ... Ce qui est plus une régression qu'autre chose.

MessagePosté: Dimanche 07 Sep 2008 21:40
par wiecha
Oui, sur la Nation c'est une sacrée régression , au nom du front commmun avec tout ce que la Terre compte de chevènementistes rassis et de vieux communistes aigris.

Sur l'analyse de l'Union Européenne, c'est autre chose:mettre en avant le fait que plus de soixante pour cent des lois aujourd'hui sont simplement la transposition de directives européennes, c'est d'abord rétablir la réalité. C'est aussi démontrer que les élections n'ont vraiment aucune importance, et que telle ou telle réforme présentée comme le "résultat " du vote des électeurs, l'aboutissement d'une réflexion dans le cadre de tel ou tel "grenelle", vient en réalité d'une décision prise deux ou trois ans auparavant.

Et puis, comme pas mal de trostkystes, ils font un boulot de vulgarisation des mécanismes macro économiques pas inutiles quand on n'y connait rien. La crise des subprimes notamment, ils l'évoquaient au moins un an avant, parce qu'ils passent manifestement pas mal de temps à décortiquer les journaux financiers.

Après, dépassé le stade de la pure analyse des mécanismes économiques et institutionnels, évidemment rien à tirer en termes de solutions, pratiques ou théoriques.

MessagePosté: Dimanche 07 Sep 2008 23:07
par NOSOTROS
Justement, les bureaucrates européens ont bien analysé cette faille dans leur système. Avec le processus de codécision qui va monter en puissance, les décisions se prendront de plus en plus au parlement européen. On va avoir un déplacement du parlementarisme vers Strasbourg ... (pourquoi est ce que Cohn Bendit se donne tant de mal pour passer à la télé ?)

MessagePosté: Lundi 08 Sep 2008 20:12
par wiecha
Pas forcément, ou alors un parlementarisme de pure façade.

L'Union Européenne a généré un nombre assez grand 'institutions autonomes de financement, ou le contrôle parlementaire est purement formel ( genre vote du budget préparé à l'avance).

Aujourd'hui, ces institutions passent au dessus des Etats et financent directement les collectivités territoriales ou même des acteurs totalement privés sur la base de projets dont elles définissent les critères: c'est notamment le cas pour pas mal d'assos d'insertion mais aussi pour les chambres de commerce....

Donc influence immédiate sur les politiques menées directement en tirant les cordons de la bourse.

Ca permet quand même une unification et une coordination des politiques de régression sociales sans précédent dans l'histoire de l'Europe, et en même temps un système hyper flexible qu'on peut facilement adapter aux réalités locales.

D'ou l'importance du concept d'expérimentation , comme destruction totale d'une égalité des droits même formelle.

MessagePosté: Lundi 08 Sep 2008 20:16
par lucien
Suis un peu en décalage mais j'ai entendu parler d'un bouquin retraçant la construction européenne qui se serait faite sous l'impulsion des économistes libéraux allemands (sous couvert de paix entre les deux nations ennemies) : ça semblait expliquer pas mal de chose. Si quelqu'un a les références, suis preneur.

MessagePosté: Lundi 08 Sep 2008 23:16
par NOSOTROS
Pas forcément, ou alors un parlementarisme de pure façade.


Ah bon, parce qu'il existe un parlementarisme qui ne le serait pas ? ;-)

L'Union Européenne a généré un nombre assez grand 'institutions autonomes de financement, ou le contrôle parlementaire est purement formel ( genre vote du budget préparé à l'avance).


Ah tiens, et est ce si différent dans les Etats nations néo libéraux ? (je ne parle pas des Etats-providence modèle Keynes ...)

Aujourd'hui, ces institutions passent au dessus des Etats et financent directement les collectivités territoriales ou même des acteurs totalement privés sur la base de projets dont elles définissent les critères: c'est notamment le cas pour pas mal d'assos d'insertion mais aussi pour les chambres de commerce....


Sans parler d'un certain réseau UNITED auquel participe No Pasaran ... La boucle est bouclée ... :lol:

MessagePosté: Mardi 09 Sep 2008 12:20
par wiecha
Oui, à mon sens il y a une différence entre la démocratie parlementaire telle qu'elle a été pratiquée en France et le régime institué par l'Union Européenne.

Contrairement au parti des Travailleurs, ou à d'autres d'ailleurs, je n'en déduis pas qu'il faille défendre la bonne vieille démocratie et la bonne vieille nation, mais je trouve important d'analyser les changements en cours et la manière dont ils reflètent l'offensive capitaliste.

Savoir ou et comment les décisions sont prises au quotidien, ça permet notamment de démonter les discours et les pratiques des organisations prétendument de notre bord mais qui collaborent avec le camp d'en face, en nous faisant prendre les vessies pour des lanternes et adopter des stratégies condamnées d'avance.

Bon , on peut prendre l'exemple du RSA et la manière dont il va fonctionner par rapport au RMI

Dans le cadre Etat Nation, tu as une règle applicable à tous à situation égale, avec évidemment des exclus, la majorité des étrangers. Tu as une source de financement unique , l'Etat, et un financement voté par une seule instance le Parlement, élu. Et même si les élections sont un piège à cons, en attendant, le député est identifiable et a envie d'être réélu. Et s'il fait un truc du style voter un projet de loi qui réduit le RMi d'un quart , il sait qu'il y aura des gens pour lire le projet de loi, voir le résultat, alerter et éventuellement lui faire perdre pas mal de voix. Il sait aussi qu'il risque un mouvement d'une catégorie qui se reconnait comme semblable, les "Rmistes, ".

Ca c'était avant. Dans le cadre Europe des Régions, ce qui s'est passé et dont le RSA n'est que l'aboutissement, une fois que tout est déjà plié et en toute discrétion, c'est la chose suivante:

Le cadre juridique de l'Union Européenne autorise des collectivités territoriales à acquérir de plus en plus d'indépendance et d'autonomie, à privatiser une part du système RMI, notamment la gestion quotidienne des fonds : il crée une myriade d'interlocuteurs décisionnels, dont la plupart des gens ne connaissent même pas l'existence. Le Conseil général, les PLIE qui réunissent le MEDEF, des assos, des élus, des syndicats, des groupements d'intérêt économique qui réunissent des entreprises d'insertion...Pas mal de ces acteurs sont autorisés à "expérimenter " et les "expérimentations " sont encouragées par les institutions européennes, quand elles vont dans le sens de la régression sociale à coups de financement public. En même temps, le financement "légal " qui sous tend le "droit au RMI " est revu à la baisse, très légèrement, mais quand même.Donc la collectivité territoriale a intérêt à suivre la politique édictée par les nouveaux financeurs.

Mais ça se fait de manière éclatée, ça permet une flexibilité sans précédent: par exemple,le département Y assez riche, y va mollo parce que son taux de Rmistes est important, mais la résistance locale aussi, et qu'il préfère donc garder un peu de paix sociale. Par contre le département X , zone sinistrée par les licenciements, ou de toute façon, les gens sont à la gorge et accepteraient n'importe quoi, met la gomme en terme de dispositifs dérogatoires et de "programmes européens d'insertion .

Et donc le Rmiste du département Y et celui du département X ne sont plus soumis au même régime: et surtout ils ont du mal à identifier un adversaire, à comprendre la logique du truc, à y voir une direction globale impulsée de quelque part. Et le syndicat qui participe au PLIE n'a pas tellement intérêt à dévoiler cette logique, la manière dont l'argent des prestations sociales est détourné, reversé au niveau européen et réparti entre des institutions qui vont organiser la gestion de la misère.

On voit bien le résultat: en 98, le processus n'est pas encore opérationnel, résultat, mouvement de masse des chômeurs longue durée qui se "reconnaissent " entre eux. Depuis quelques années, des mouvements sporadiques , dans tel ou tel département, avec des gens qui s'identifient comme " salariés en contrat aidé", "licenciés soumis à une convention de reclassement pourris ", " seniors oubliés du marché du travail ".

A mon avis, autant il est absurde d'opposer la belle "Nation "à l'Union Européenne, autant se réclamer de l'"égalité des droits " contre les "expérimentations " qui sont le principe qui fonde à l'échelle Européenne, le versement de telle ou telle aumône a de l'importance.

Concrètement, là ou s'intéresser au fonctionnement concret du système nouveau ( ce qui ne veut pas dire encenser l'ancien ) est important et essentiel, c'est au niveau de ton action au quotidien. Nous, c'est aussi à partir de ces analyses qu'on a pu organiser nos résistances au RMI , comprendre le rôle clé des départements , des entreprises d'insertion, qu'on nous présente comme des petites structures artisanales fondées par des gens de bonne volonté, et totalement indépendantes les unes des autres.

Et se préparer au RSA, ne pas tomber dans la critique qui a été celle de toute la gauche, des syndicats, des assos classiques ( " c'est vraiment super, mais il faut l'argent pour expérimenter surtout dans les zones sinistrées ), et ne pas attendre le projet de loi final pour crier "oh là là mais c'est horrible en fait ", alors qu'il est déjà appliqué dans bon nombre de départements, la loi en elle même étant presque superflue

Re: Anarchisme, nation, identité, culture (octobre 2008)

MessagePosté: Jeudi 09 Jan 2014 14:33
par jeannetperz
clown a écrit:"Anarchisme, nation, identité, culture - Régionalisme, nationalisme et anarcho-indépendantisme" , de Karim Landais paraîtra en octobre 2008 chez Orphéo Editions, 184 pages, au prix de 8 euros, frais de port compris.

« Un projet de longue haleine, commencé il y a près d’un an et demi, destiné à flétrir les notions d’identité et de culture comme valeurs politiques positives. Dans ce véritable ouvrage de presque 200 pages, l’auteur dénonce le phénomène multiculturaliste, qui transcende les clivages politiques et tente d’investir les courants les plus radicaux. » (Présentation du livre écrite par Karim Landais pour son site Internet)

Préface

Ce texte a déjà été publié en 2006, un an après la disparition de Karim Landais en juin 2005. Il était alors inclus dans deux gros volumes rassemblant presque tous les écrits de Karim. Cette anthologie (Passions militantes et rigueur historienne) étant désormais presque épuisée, nous avons choisi de republier, dans un ouvrage au format plus maniable, ce texte qui n’a pas pris une ride.

En effet, les questions liées à la « culture », à « l’identité », à la « nation », au multiculturalisme, à l’ « Europe des régions » (ou des « nations ») sont plus que jamais au cœur des débats politiques en France, comme en témoignent, à des niveaux différents, la création du mouvement des Indigènes de la République et du CRAN en 2005 ; les « émeutes » de Novembre 2005 ; les discours patriotards de Royale et Sarkozy lors de la campagne présidentielle de 2007 ; les multiples façons dont la droite et la gauche françaises instrumentalisent l’histoire de la France ; la désignation d’un ministre de « l’Immigration, de l’Intégration, de l’Identité nationale et du Développement solidaire » (ou « de la Rafle, de la Honte et du Drapeau », comme le dit justement le Réseau Education sans frontières) ; les contraintes de plus en plus fortes qui pèsent sur les travailleurs migrants, qu’ils soient ou non en « situation régulière » ; les débats sur le hijab et la place de l’islam dans un pays aux « racines chrétiennes » ; la nomination de personnalités « issues de la diversité » (en clair de personnes d’origine africaine et nord-africaine ») à des responsabilités gouvernementales, sans compter l’incapacité de la gauche et de l’extrême gauche à mobiliser, ne serait-ce que leurs électeurs, sur une base internationaliste, ou mieux anationale, lors des élections et référendums européens, et à mobiliser dans la rue contre la présence et les interventions des troupes françaises en dehors de l’Hexagone.

Ce petit livre, écrit par un jeune homme qui voulait devenir historien et avait une haute idée de cette discipline, défend un point de vue partisan, anarchiste (1), sans pour autant être un pamphlet idéologique. Il est solidement argumenté et fourmille de références utiles pour celui ou celle qui voudrait approfondir les questions ici abordées. Même si Karim prend pour cible un courant peu connu, celui de l’ « anarcho-indépendantisme (2) », et plus largement les anarchistes qui soutiennent les mouvements « régionalistes » ou indépendantistes, cet ouvrage est porté par une réflexion plus globale sur les liens réels ou imaginaires entre région, culture, nation et Etat ; les spécificités du nationalisme de gauche et les dangers du multiculturalisme.

On peut ne pas être d’accord avec telle ou telle formulation, hypothèse ou idée de l’auteur (je ne crois pas, par exemple, que l’Union européenne puisse être assimilée à une structure « d’inspiration néo-totalitaire » ou « corporatiste » comme l’affirmait Karim), mais on doit lui reconnaître un souci de rigueur, une clarté d’exposition, un sens de la nuance, qualités rares chez un auteur « révolutionnaire » et surtout une incitation à réfléchir par soi-même. Que demander d’autre à un bon livre ?

1. Karim Landais était engagé dans un processus d’évolution politique qui nous empêche de rattacher sa pensée à tel ou tel courant « labellisé » de l’anarchisme et de lui coller ainsi une étiquette indélébile. Rien ne nous permet de deviner quels auraient été, aujourd’hui, en 2008 ses choix politiques. Ce qui, en fin de compte, est plutôt positif et devrait inciter le lecteur à s’intéresser surtout au contenu de son livre et aux questions qu’il pose.

2. Comme le précise Karim : « par le terme d’anarcho-indépendantisme, nous entendons désigner toutes les positions tendant à accorder une importance accrue au problème national dans la rhétorique anarchiste et à proposer son règlement par le mariage de l’idée d’indépendance nationale et de celle de société libertaire ».

Yves Coleman 3/09/2008

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Guy Landais La Bastide des capucins 84 240 Cabrières d’Aigues

Ou

yvescoleman@wanadoo.fr

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Table des matières

Préface………………………………………………………………………………. 3

Introduction : de l’essence de l’anarchie……………………………….. 7

Mise au point : de quelques concepts nécessaires à la polémique 18

Théorie de la misère ou misère de la théorie ? ………………………..21
La stérilité, maladie sénile de l’anarchisme………………………………………. 21
Conception et repolitisation, remèdes à la maladie sénile de l’anarchisme…………………………………………………………………………………………31

Du flou et du moins flou de quelques définitions : culture, nation, ethnie, nationalisme ……………………………………………………………..36

À propos d’une éventuelle tradition anarchiste …………………….52

De la tradition marxiste (Luxembourg, Lénine, Bauer et Renner) ……………………………………………………………………………………………53

…À la tradition anarchiste ………………………………………………….60

De l’anticolonialisme………………………………………………………… 68
Les anarchistes et le colonialisme……………………………….…………….. 68
Du colonialisme dans l’Hexagone …………………………….………………..72

Eclaircissements : de la nation française et de quelques autres.. 78

Emergence de la nation française …………………………………………80

Passé et présent du régionalisme : Bretagne, Corse, Pays basque ……………………………………………………………………………………………93

De la nature des identités régionales ………………………………….103

Propositions : analyse et mise en évidence des contradictions de l’anarcho-indépendantisme…………….………………………………….. 119

De quelques contradictions ambiguës………………………………… 128
La revendication linguistique, miroir d’un projet de société………… 128
Eloge du « naturel » et ébauche d’une justice historique………………….133
La culture, valeur politique …………………………………………………..……138
Dangers du multiculturalisme et du communautarisme………………….…144

Présages d’une funeste évolution…………………………….………… 157
L’ « Europe des régions » : le régionalisme dans le vent …………………..157
Un mouvement à la dérive………………………………………………….……. 161
Anarcho-indépendantisme et national-anarchiste ……….………….…..167
Anarcho-indépendantisme et nationalisme …………………………….….172

Conclusion ………………………………………………………………………176