A vrai dire, je considère que la métropole est partout.
Donc on est d'accord sur ce point, et c'est en ce sens que la désertion dont parle l'Appel, qui la considère physiquement possible est problématique.
Car ou commencent les vacances ? Dans quelle mesure le nomadisme vécu comme allant de soi dans le cadre de la lutte ( je vais à tel contre sommet, je monte à Paris ou dans telle ou telle autre métropole parce qu'il s'y déroule telle ou telle lutte ) est-il subversion, refus de l'identité qui t'attache à tel ou tel lieu, et dans quelle mesure est il finalement une illusion de liberté illimitée dans la mesure ou il n'est possible que pour une infime partie de la population mondiale ?
Dans le cadre du blocage total que nous appelons tous , à notre manière, tout ceci s'arrête en tout cas
Le capitalisme pour tous interdirait le communisme pour les communistes ? Non, je crois qu'il faut considérer les choses autrement : laisser le capitalisme à ceux qui l'aiment et à ceux qui pensent qu'on n'y peut rien. Et expérimenter le communisme entre communistes. Sachant que la vocation du capitalisme est de tout coloniser, il ne nous laissera jamais tranquilles. Donc, c'est la guerre.
C'est étrange, car tu refuses le classement, et en même temps ton monde est peuplé de catégories figées, ou les humains font parce qu'ils sont, bien plus qu'ils ne sont ce qu'ils font.
Les communistes, les syndicalistes, qui sont toujours ce qu'ils sont parce qu'ils aiment ou pas quelque chose.
Mais alors, on nait communiste, ou pas ? J'ai le même problème avec ta conception qu'avec celle des avants gardes. Ca en devient parfois presque religieux, il y a des communistes et il y a des capitalistes et on ne sait pas pourquoi, certains ont choisi un chemin et d'autres un autre, voilà tout.
Bien sûr que le capitalisme ne nous laisse jamais tranquilles. Parce que nous sommes le capitalisme. Et c'est lorsque nous lui faisons la guerre, parce que nos intérêts immédiats sont menacés, que nous devenons, parfois, des Autres, ce n'est pas le cheminement inverses, d'abord communistes avant d'entrer en guerre défensive.
Comment pourrait-on être communiste seulement dans l'entre soi de nos affinités ? Peut-on être déjà communiste lorsqu' inévitablement on croise sur le chemin de nos fêtes partagées , un semi cadavre qui crève dehors et qu'on passe ? Peut-être serons nous communistes plus tard dans la soirée, mais à ce moment précis ou on regarde le corps inerte, et ou l'on ne s'identifie pas assez pour hurler , que sommes nous d'autre qu'un être séparé par les rapports capitalistes des autres êtres qui l'entourent, qu'un "individu libéral ", un de ceux qui se disent qu'ils n'y peuvent rien , pas maintenant, pas ce soir, pas avec lui.
Qu'est ce qui distingue, dans ce moment là , notre réaction de celle des autres. Rien.
Et même nos auto justifications, qu'il s'agisse du remords qui console un peu ou du rejet " il n'avait qu'à faire comme moi, venir à ma permanence, ou expérimenter le communisme avec ses amis" ne nous distinguent guère du quidam.
Ce n'est pas de l'auto flagellation, car je ne me place pas d'un point de vue moral. Je suis, nous sommes des contradictions vivantes, à la fois ceux qui maintiennent le système et ceux qui peuvent le détruire. Et avant la destruction totale, il n'y a que l'accumulation des moments de contradiction , ces moments ou je est un autre. C'est l'occasion qui fait le larron, et quand les occasions se diffusent, quand les affrontements se propagent et s'accélèrent dans le temps et l'espace, nous sommes de plus en plus nombreux , à être de plus en plus souvent des communistes.
Mais lorsque nous retombons dans les creux, alors nous redevenons des rouages, et toutes nos fausses consciences n'empêchent pas la machine de tourner et de coloniser