La notion de classe

Les courants, les théoriciens, les actes...

Messagepar OgRuR » Mercredi 08 Oct 2008 19:51

Pourrais-tu Nosotros me donner les références de ce livre de Berneri?
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Messagepar anarced » Mercredi 08 Oct 2008 21:27

Salut,

Tu pourrais traduire ça , pour les ignares , qui à l'instar de Marx, n'ont pas écouté les cours de maths à l'école ( et ont raté toutes leurs chances d'ascension sociale, surtout quand ils en plus zappé l'économie et ne pourraient même pas écrire la suite du capital, et en sont réduits à l'anarchisme...)

Salut,

Je voulais juste signaler que Karl Marx n'a jamais été mathématicien ni physicien. Il se disait fin économiste, je lui accorde ça sans problème vu ce que j'en pense, sociologue aussi s'il veut mais la théorie marxiste des classes n'est absolument pas mathématique. Il existe en mathématiques une théorie des classes mais je ne pense pas qu'un fou l'ait déjà utiliser pour analyser la société. S'il faut expliquer en détail toute la construction de la théorie, cela devient vite très abstrait et très inutile mais un exemple très simple dit que l'ensemble des nombres pairs et celui des nombres impairs sont des classes. Ces classes sont induites par la relation d'équivalence "avoir même reste dans la division euclidienne par 2"

La relation d'exploitation entre le capitaliste et le travailleur n'est pas symétrique puisque le travailleur n'exploite pas le capitaliste, ce n'est donc pas une relation d'équivalence, c'est plutôt une relation d'ordre. Si on voulait construire une conception des classes sociales plus proche du modèle mathématique, il faudrait définir une relation d'équivalence qui lierait les membres de chaque classe, comme par exemple "avoir les mêmes habitudes"

Le problème est que chaque individu étant original, il est difficile de définir une relation d'équivalence qui ne nie pas cette originalité et qui ne conduise pas à réduire chaque classe à un individu.
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Messagepar OgRuR » Mercredi 08 Oct 2008 22:33

Ou vous vous êtes dédié. Ou la nuance du propos m'échappe.
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Messagepar NOSOTROS » Jeudi 09 Oct 2008 0:09

les mathématiques sont aussi une forme de poésie, impénétrable pour ceux qui n'y sont pas sensibles ...
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Messagepar anarced » Jeudi 09 Oct 2008 8:53

Je ne me dédie pas (à quoi?) j'essaye de m'expliquer le plus clairement possible. Il ne s'agit pas que de mathématiques mais de logique et concevoir des classes induites par une relation d'ordre est une erreur de logique.
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Messagepar OgRuR » Jeudi 09 Oct 2008 10:05

anarced a écrit:Je ne me dédie pas (à quoi?) j'essaye de m'expliquer le plus clairement possible. Il ne s'agit pas que de mathématiques mais de logique et concevoir des classes induites par une relation d'ordre est une erreur de logique.


C'est une approximation tout au plus. Parce que c'est cela écrire et penser. C'est aussi une exhortation utopique
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Messagepar anarced » Jeudi 09 Oct 2008 16:08

Si tu veux puisque de toute façon, d'un point de vue logique, une approximation est avant tout une erreur qu'il faut estimer et minimiser.
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Messagepar OgRuR » Jeudi 09 Oct 2008 16:19

anarced a écrit:Si tu veux puisque de toute façon, d'un point de vue logique, une approximation est avant tout une erreur qu'il faut estimer et minimiser.


Et que Marx estimait sans doute dans ses écrits. Je l'ai peu lu...
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Messagepar Souvafix » Samedi 11 Oct 2008 23:57

Je sais pas si ça a été dit, mais Jean Pierre Voyer, dont le texte fait l'ouverture du topic, a appelé à voter Le Pen en 2007... Est ce le role de ce forum de diffuser ce genre de gens ?
Faire éclater le pavé sous les pas des gavés.
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Messagepar NOSOTROS » Dimanche 12 Oct 2008 23:27

D'une part je suis partisan de l'anonymat des textes (afin qu'on se concentre vraiment sur ce qui est exprimé et non sur qui l'exprime ...)

'autre part, cela a permis un débat sur la notion de classe, ce qui est plus intéressant au fond que la diarrhée politicarde du dit Voyer en 2007 (ou avant ou après, je ne connais pas son CV à part ce que tu nous en dit)

Ensuite je suis partisan de la liberté d'expression. Ce forum est un des rares endroits libre d'internet. Il serait bien qu'il le reste autant que faire se peut.

Enfin on voit bien qu'une bande de salopards sont entrain d"essayer de faire un hold up idéologique sur une certain extreme gauche ou une certaine radicalité. Si nous n'en discutons pas nous risquons de nous retrouver à poil sans nous en rendre compte.

Ceci dit tu fais très bien d'attirer notre vigilance.
Dernière édition par NOSOTROS le Mardi 14 Oct 2008 17:54, édité 1 fois.
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Messagepar OgRuR » Mardi 14 Oct 2008 14:52

NOSOTROS a écrit:D'une part je suis partisan de l'anonymat des textes (afin qu'on se concentre vraiment sur ce qui est exprimé et non sur qui l'exprime ...)

'autre part, cela a permis un débat sur la notion de classe, ce qui est plus intéressant au fond que la diarrhée politicarde du dit Voyer en 2007 (ou avant ou après, je ne connais pas son CV à part ce que tu nous en dit)

Ensuite je suis partisan de la liberté d'expression. Ce forum est un des rares endroits libre d'internet. Il serait bien qu'il le reste autant que faire se peut.

Enfin on voit bien qu'une bande de salopards sont entrain d"essayer de faire un hold up idéologique sur une certain extreme gauche ou une certaine radicalité. Si nous n'en discutons nous risquons de nous retrouver à poil sans nous en rendre compte.

Ceci dit tu fais très bien d'attirer notre vigilance.


Pour ce que j'en sais Voyer est un debordien de la troisième heure. Il a publié aux Editions Champ libre de feu Lebovici. Son premier texte en 1976. Il était proche de Tiqqun. Sa quatrième heure est au lepenisme. Sa dernière heure dans une tombe selon toute vraisemblance.... Il fait parti de la cohorte du reniement; en cela il n'est ni original, ni courageux. Un médiocre...

Son parcours illustre bien ton propos Nosotros...
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Messagepar NOSOTROS » Mardi 14 Oct 2008 17:55

Pour ce que j'en sais Voyer est un debordien de la troisième heure.


Si je comprends bien, quand tu as le soutiens de Voyer c'est mauvais signe : c'est que ta fin est proche :-)
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Messagepar OgRuR » Mardi 14 Oct 2008 18:10

NOSOTROS a écrit:
Pour ce que j'en sais Voyer est un debordien de la troisième heure.


Si je comprends bien, quand tu as le soutiens de Voyer c'est mauvais signe : c'est que ta fin est proche :-)


1976... Debord a vécu 17 ans après Voyer... quand même...
Je doute d'en vivre autant après Nosotros :D
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Messagepar wiecha » Mercredi 15 Oct 2008 0:04

C'est intéressant en fait d'avoir débattu pendant tous ces mois sur ce texte sans savoir du tout qui était l'auteur, par ou il est passé et ou il a fini.

Pas mal comme blind test, je suis totalement d'accord avec Nosotros, l'anonymat des textes permet vraiment de se concentrer sur le contenu.

Parce qu'une des premières remarques, c'était "ou est ce qu'il veut en venir ? A quoi aboutit la critique de la lutte des classes menée de cette manière ?"

Alors, ce n'est évidemment qu'un destin individuel , il n'y pas lieu de généraliser bêtement.

Mais ce texte avait été posté suite à un premier débat sur les textes de Tycoon , notamment mais aussi sur la signification de l'émeute, aussi.

A ce moment du débat avait été pointée l'apologie du mode d'action en tant que tel, et le fait qu'une émeute puisse très bien être fasciste , pas au sens ou ce sont des fascistes qui la mènent, mais dans le type de rapports sociaux qu'elle peut développer.

Ce point avait d'ailleurs suscité des réactions assez violentes.

L'exemple de Voyer pourrait nous inciter à approfondir sur ce qui dans nos discours, et notamment l'hyper critique, le côté anti système , l'attention peut-être trop grande accordée au mode d'action plutôt qu'au contenu porté par ceux qui l'utilisent peut finalement donner le résultat inverse de ce que l'on souhaite.
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Messagepar miguelito » Mardi 10 Fév 2009 17:25

http://pagesperso-orange.fr/leuven/enqu ... _de_calsse

III. La lutte de classe existe, mais pas seulement comme on suppose.

34. À bas le prolétariat !

Ce qui désole le sénile, imbécile et universitaire Marcuse, nous réjouit : le prolétariat a enfin disparu de la scène de l'histoire. Le prolétariat spectaculaire a disparu. Merde pour le prolétariat spectaculaire. Merde pour le spectacle du prolétariat. Mais de toute façon, à bas le prolétariat réel, à bas les conditions qui sont faites par ce monde aux prolétaires. À bas le monde. Qui peut bien avoir intérêt à se demander où sont passés les prolétaires, sinon quelque manipulateur en chômage qui désespère de mettre la main dessus afin de leur apprendre à vivre à la russe ou à la chinoise dans quelque « période de transition », ou bien encore quelque fonctionnaire du ministère de la police. Les prolétaires sont entrés en clandestinité. Ils sont de ce fait, essentiellement anti-spectaculaires, ils sont ce qui ne paraît pas. Ils sont définitivement à l'abri de toute représentation, de tout spectacle et de toute police. D'aucuns regrettent le bon vieux temps du prolétariat spectaculaire. Et ce progrès est le fait du spectacle lui-même. Le but du spectacle est la suppression spectaculaire du prolétariat. I1 n'est parvenu qu'à supprimer le spectacle du prolétariat. Le spectacle triomphant de la satisfaction a scié la branche sur laquelle il était assis. Maintenant, tous les pouvoirs, amis et admirateurs des pouvoirs, se démènent comme de beaux diables pour remplacer ce regretté disparu par le spectacle de l'insatisfaction. L'I.S. a fini de ruiner le spectacle du prolétariat. Elle fut la première à déceler la clandestinité des prolétaires modernes, et à y voir leur force nouvelle. Le prolétariat comme classe est le spectacle du prolétariat. Le prolétariat n'est pas une classe. De même que l'herbe est la condition d'existence des herbivores, le prolétariat est la condition d'existence des prolétaires. Un prolétaire est un homme qui se nourrit uniquement de marchandises, c'est-à-dire un homme qui n'a pas d'autre activité que le portage de marchandises. La marchandise est la condition d'existence des prolétaires modernes. La condition d'existence des prolétaires modernes est la privation achevée d'humanité, c'est-à-dire la privation achevée de toute existence sociale. Le prolétariat ne saurait donc être une classe, puisque la classe est encore un mode d'existence sociale. La classe est le mode d'existence sociale de la bourgeoisie, des hommes qui pratiquent le commerce, des hommes qui veulent — chacun pour soi — réaliser l'argent sans le supprimer, des hommes qui pratiquent la suppression universelle du travail d'autrui, des hommes qui accaparent toute la fonction sociale de l'échange, des hommes qui parlent pour les autres. La dissociation de l'échange en achat et vente, moments indifférents l'un à l'autre, crée la possibilité d'acheter sans vendre (accumulation de marchandises) et de vendre sans acheter (accumulation d'argent). Elle permet la spéculation, l'accumulation, c'est-à-dire le pillage marchand. Elle fait de l'échange une affaire particulière, un métier, bref, elle crée la classe des marchands. La classe est le mode d'existence sociale des hommes qui font de l'échange (qui font de la pratique de l'humanité) leur métier. La classe n'est pas un mot creux de la taxinomie. On ne peut l'entendre comme la classe des bourgeois, la classe des prolétaires, la classe des invertébrés, un sac de billes blanches, un sac de billes noires, c'est-à-dire comme classe qui existe seulement pour un autre. Une existence sociale qui n'est pas un pur mot creux de la taxinomie est une existence pratique. La classe en tant qu'être social des bourgeois est aussi bien un rapport des bourgeois entre eux qu'un rapport de tous les bourgeois à ce qui n'est pas eux. La conscience de classe est le moment essentiel de la classe, ce qui lui donne sa consistance, non pas seulement la conscience individuelle du bourgeois mais tous les moyens pratiques que se donnent les bourgeois pour combattre ce qui est extérieur à leur classe. La conscience de classe est la conscience typique du commerçant. Non seulement la seule classe possible est la classe des commerçants, mais la seule conscience qui soit une conscience de classe est la conscience des commerçants. La conscience de classe c'est la conscience de gens qui sont concurrents entre eux, qui se combattent ; mais qui se serrent les coudes face à l'extérieur, face à ce qui n'est pas leur classe. La conscience de classe est ce qui unit les bourgeois comme bourgeois séparés pratiquement et unis idéalement, unis en pensée. La classe est l'union des concurrents dont l'intérêt général est identique et les intérêts particuliers opposés. C'est la guerre de tous les bourgeois contre tous les bourgeois mais la guerre de tous les bourgeois contre tout le reste. La classe a ceci de particulier par rapport à toute autre existence sociale, qu'elle est constituée contre un extérieur par des gens qui sont eux-mêmes extérieurs les uns aux autres. La classe, comme formation sociale unique dans l'histoire est l'extériorité absolue. Extérieure à tout, elle est extérieure à elle-même. Contrairement à la hiérarchie, c'est-à-dire à l'État, à la féodalité, la classe est composée de pairs, d'égaux. Marchands riches et marchands moins riches ne sont pas moins égaux, et ce, parce que, l'argent ne développant aucune qualité individuelle, l'argent pouvant être trouvé ou perdu, l'individu qui le porte demeure inaltéré dans sa nullité, égal à lui-même et aux autres. Ensuite, contrairement à l'État et à la féodalité, la classe est ce qui tolère un extérieur. L'État, de même que la philosophie hégélienne, ne tolère aucun extérieur, il veut tout englober dans sa grande pyramide. Dès l'origine, la classe des marchands se définit contre le reste du monde. L'argent occasionnant la ruine des sociétés qu'il touche, il est haï, craint et rejeté. Les marchands, ces pratiquants de l'universel, se trouvent rejetés par les communautés et sillonnent le monde, ce qui est d'ailleurs nécessité par leurs affaires. Quand le commerce s'empare de l'exploitation il est toujours la sphère qui pratique la suppression du travail, la sphère de l'échange social, face aux prolétaires, face aux salariés dont il supprime le travail. Enfin, il est faux que la lutte de classe soit une lutte entre plusieurs classes. La lutte de classe est la lutte de la seule classe qui ait jamais existé pour dominer et maintenir sa domination. I1 n'y a de lutte de classe que la lutte des commerçants pour dominer et pour maintenir leur domination une fois qu'ils ont déclenché le processus catastrophique du salariat. La bourgeoisie est prométhéenne. Elle arrache aux hommes leur humanité pour la restituer, inaccessible mais universelle. Sa domination et les catastrophes qu'elle déchaîne a quelque chose d'une malédiction : ce n'est pas à elle qu'il appartiendra de réaliser ce qu'elle a dérobé à la particularité pour en faire quelque chose de chimérique mais d'universel. Bien entendu, la lutte de classe est aussi la lutte des propriétaires du prolétariat, de ceux qui font du prolétariat une classe, un spectacle, la lutte de tous les Staline et de tous les Mao pour maintenir une domination qu'ils ont chèrement payée. Le prolétariat comme classe est un spectacle du prolétariat organisé par les propriétaires de ce nouveau Bolchoï, et tous les petits impresarii gauchistes et leurs maigres troupes de bateleurs faméliques. Le prolétariat moderne a ceci de particulier qu'il ne constitue pas une classe et ne peut en constituer une. Les prolétaires ne peuvent se combattre entre eux et ne peuvent combattre un extérieur. Ils sont absolument séparés et cette séparation ne laisse rien à l'extérieur d'elle-même. Quand les prolétaires combattent, ils ne combattent pas un extérieur, une autre classe, ils combattent cette séparation, ils combattent le prolétariat. La classe dominante lutte, elle, pour qu'ils n'y parviennent pas car elle est propriétaire de cette séparation, elle est propriétaire du prolétariat. Le vœu le plus cher de la classe dominante est que les prolétaires combattent sur son propre terrain : le terrain de la lutte de classe et de l'État. L'État et la bourgeoisie redoutent par-dessus tout qu'un jour ou l'autre, les prolétaires les plantent là où ils sont, dans les poubelles de l'histoire, dans le musée des horreurs préhistoriques, et vaquent paisiblement à leurs propres affaires. Mais la lutte de la classe bourgeoise pour dominer coûte que coûte, produisant une aliénation croissante, contraint les prolétaires à s'en prendre enfin au prolétariat et non plus à la bourgeoisie. Voilà le vrai malheur de la bourgeoisie. Déjà des gouvernements se mettent en grève, ils boudent comme de mauvais garnements qui estimeraient que l'on ne prête pas assez d'attention à leurs grossièretés.
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Messagepar miguelito » Mardi 10 Fév 2009 17:28

http://www.bellesemotions.org/naggh/partie3/N3_ar1.html

Critique de l’économie

1. L’économie est la théorie de la gestion. La gestion est l’activité de gérer. Gérer c’est administrer, organiser, répartir, distribuer, dépenser, « utiliser au mieux » ce qui est là. On ne gère pas en soi : on gère quelque chose qui est là. L’objet de la gestion est indispensable à la gestion.

Puisque gérer dépend de l’objet qui est géré, et qu’il s’agit d’employer cet objet de la manière la plus efficace, ou la plus profitable, l’activité de gérer comprend une tendance systématique à vouloir conserver l’objet de la gestion au point que gérer est parfois utilisé en tant que synonyme de conserver. De ce fait, la gestion est une activité qui a tendance à s’autonomiser par rapport au but qu’on pouvait attribuer à son objet, à occulter la question du but : conserver l’objet tend à devenir le but de la gestion.

La gestion peut se caractériser par une sorte de tempérance, de raison, de maîtrise sur ce qui est géré. Il s’agit de comprendre en entier des possibilités et des réalités de l’objet à gérer qui vont au-delà de la perception immédiate. La gestion procède donc, en principe, d’une planification ou d’un calcul ou d’une forme de préméditation, et c’est pourquoi elle est souvent associée à la raison. C’est une somme d’opérations destinée à maîtriser une somme de possibilités complexes. Cette cristallisation de l’objet et de l’activité de son exploitation en a fait une activité particulière, autonome, qui tend à être en soi.

Contrairement au travail, auquel elle est souvent associée à tort, la gestion n’est pas une activité nécessaire. Elle participe d’une façon de considérer l’objet. On peut la rapprocher de la dialectique, qui est une autre façon de considérer l’objet, une autre logique de l’observation. Mais tout comme la dialectique, la gestion n’est qu’une proposition sur la façon de considérer les objets ; elle peut être utilisée ou non. Tout comme la dialectique fait partie du monde, la gestion fait partie du monde, et tout comme le monde n’est pas dialectique, le monde n’est pas gestion.



2. L’économie est une théorie récente. Elle semble, selon les économistes eux-mêmes, n’apparaître qu’au XVIe siècle, et prendre son essor au moment où le débat sur le monde est déménagé vers le salon, après 1650. Si le mercantilisme peut être considéré comme le premier courant de pensée qu’on peut appeler économiste, l’économie naît donc de la prise pour objet, dans la théorie, du rapport de la gestion à l’Etat. C’est la réflexion d’une profession spécialisée dans une activité qui s’autonomise, la gestion, sur l’Etat et la société. En même temps que se pose la question de l’Etat comme gestionnaire, sous forme de question de la richesse des « nations », se pose la question du rapport de l’Etat aux particuliers, comme défenseur de la gestion des particuliers, qu’on n’appelle pas encore citoyens, ou individus.

Depuis la « révolution » anglaise, les marchands et les commerçants arrivent au pouvoir, dans l’Etat. Les marchands et les commerçants sont des gestionnaires. Dans la société organisée autour du besoin alimentaire, ce sont eux qui gèrent le besoin alimentaire. Les seigneurs discutent ou non, les pauvres mangent ou non. L’élimination de ceux qui discutent (et parfois de ceux qui ne mangent pas), à la suite des grandes discussions qui semblent avoir eu lieu jusqu’aux environs de 1650, s’est faite au profit de ceux qui gèrent. Cela a eu pour conséquence, d’une part que la discussion sur le monde n’a plus lieu dans le monde, qui est la rue, mais dans une partie du monde, qui est le salon, d’autre part que cette discussion a tendu à devenir une discussion sur la gestion, une discussion de comptoir. Par un renversement qui marque bien la croyance dans l’éternité de l’organisation du moment, le monde est désormais cru salon, et pas seulement depuis le salon. Les gestionnaires, eux, le peuple domestique de la cuisine, viennent d’investir la salle à manger. Ils vont alors se raconter le monde, autour de la grande table, comme si le monde était, non plus le salon, mais cette salle à manger ; salle à manger et salon vont, du reste, bientôt fusionner, l’un se déversant dans l’autre par la discussion de comptoir. L’économie devient ce délire de la gestion qui prend la gestion pour l’activité générique du monde. Ce glissement à la fois nombriliste et pharaonique intervient au moment où l’athéisme commence à apparaître publiquement dans la pensée occidentale. Comme lors du passage du polythéisme au monothéisme, le passage du déisme à la religion athée peut se raconter comme une crise de l’infini : l’univers du monde gestionnaire est plus grand que l’univers expliqué par le déisme, l’en et pour soi est un infini plus grand que l’infini de Dieu. Ce qu’on peut dire encore ainsi : la représentation dominante, déiste, de la totalité a explosé dans le mouvement de l’aliénation ; une autre représentation de la totalité, un nouveau système du monde devient nécessaire devant les progrès de la marchandise, d’un côté, et devant l’imprévisible colère des gueux, de l’autre.

A partir d’Adam Smith, 1776, on trouve, de manière accrue, dans l’économie, la tentative de prétendre que des hypothèses gestionnaires seraient des réalités. Ces sortes d’usurpations se sont multipliées et maintenues jusqu’à aujourd’hui. Un certain Jérôme de Boyer peut par exemple affirmer, dans l’Encyclopædia Universalis de 2002 : « Pour Smith, la nature de la richesse est réelle. » Ce qui ne veut absolument rien dire : aucune nature n’est réelle ; la richesse n’a pas de « nature » à moins d’utiliser une allégorie ; et Adam Smith ignore évidemment tout de la richesse, si on en croit de Boyer : « La richesse se compose des marchandises tant industrielles qu’agricoles, qui sont produites par le travail » ; ou plus exactement : Adam Smith ramène seulement la richesse à la richesse dans la gestion.

Cette violente colonisation des termes et des idées, pour leur conférer une permanence, provient aussi de l’essor des « sciences ». La tendance à transformer la gestion en science contient la tentative de prétendre immuables certains objets de la gestion : valeur, usage, échange, monnaie, prix, offre et demande, croissance, travail, changent de « nature » et, de catégories éphémères de la conscience, hypothèses de travail en quelque sorte, ils sont importés dans la gestion, où ils sont traficotés par les économistes, après quoi ils sont réexportés, ainsi transformés, en catégories économiques éternelles du monde. Si bien que les différentes opérations de la gestion ne sont pas des opérations secondaires et endossées seulement par ceux qui gèrent, mais la gestion, devenant l’activité du haut de la hiérarchie sociale, prétend désormais trouver ses fondements dans la réalité et dans le monde.



3. Marx a été le principal accélérateur dans la mise en place d’une religion économiste. C’est Jean-Pierre Voyer le premier qui avait fait remarquer que ce que Marx avait appelé la critique de l’économie politique n’était en rien une critique de l’économie politique. C’est en effet seulement la mise en cause d’une économie politique particulière au profit d’une autre. Prétendre, par contre, qu’on fait la critique de quelque chose en voulant simplement réformer cette chose, comme l’a fait Marx avec l’économie politique, renforce généralement cette chose : comme avec Luther la religion chrétienne – au moment où elle allait cesser d’être religion – s’était scindée pour rester religion dominante, la religion économique – au moment où elle devient religion – s’est scindée pour devenir religion dominante : d’un côté, l’économie politique classique, de l’autre, l’économie politique de Marx, qui prend pour objet le monde. Marx a non seulement ramené la négation sociale dans la religion économiste, il a étendu l’économie à l’ensemble de la société, puis à l’histoire entière. A partir de Marx, qui lui-même a tenté de réécrire l’histoire selon la gestion, comme si le débat de l’humanité était déterminé par la gestion, non seulement en son temps, mais de tout temps, à partir de Marx donc, on peut dire que l’économie devient une religion.

C’est parce que, depuis Marx, tout devient objet de gestion, c’est parce que la gestion peut désormais prendre pour objet la totalité même, que l’économie est apparue comme religion. C’est à la fois un croire infini dans la gestion et une gestion infinie du croire. C’est, après la faillite du déisme, une nouvelle gestion du croire, mais qui prend en compte un infini plus grand que celui du déisme. Croire et gérer peuvent enfin être posés dans un rapport réciproque infini. Tout a toujours été économique et sera toujours économique. La moindre chose est économique, et tout devient la somme algébrique des moindres choses. Les « concepts » économistes sont maintenant présentés comme des réalités du monde : de la valeur d’échange à la valeur d’usage, en passant par l’accumulation du capital, ou la force de travail, on oublie qu’il s’agit d’une façon de diviser ce qui est perçu par l’observation, et on prétend qu’il s’agit de la réalité. Dans cette croisade, la réalité elle-même est transformée d’un aboutissement de la pensée en un donné essentiel, du non-pensé en une pensée de la substance, de la matière. La matière elle-même devient la nouvelle hypostase divine, l’équivalent du Dieu monothéiste transplanté dans l’économie, son principe du monde. Et même les classes sociales, qui sont la division de l’humanité jusque-là dépendant du mode d’organisation politique hérité de la Grèce et de Rome, sont reformées en fonction de l’analyse économiste : bourgeoisie et prolétariat sont des divisions économistes de l’humanité, que les gestionnaires ont ensuite tenté de réaliser, c’est-à-dire de rendre vraies dans le monde, en organisant les pauvres en prolétariat, et en appelant bourgeoisie ceux qui possédaient la richesse d’Adam Smith et étaient opposés à cette organisation économiste des pauvres, qui ne la possédaient pas.

Alors que la contre-révolution en France avait mis en cause la religion déiste, la contre-révolution en Russie a intronisé l’économie en religion dominante. C’est pourquoi le léninisme est la véritable restauration, qui a mis fin à la crise de la religion, pendant tout le siècle pragmatique de la bourgeoisie triomphante et du prolétariat mal encadré. La division spectaculaire entre un monde capitaliste et un monde socialiste est l’unité enfin réalisée par la division, dans la gestion économiste du monde.



4. La critique de l’économie comme religion commence à l’époque de la révolution en Iran. La critique en Iran est d’abord la critique du monde de la gestion comme projet pour l’humanité. C’est pour refuser cette insuffisance que les anciennes religions déistes ont dû reprendre du service partout, de l’Iran chiite à la Pologne catholique en passant par le bouddhisme pour middleclass occidentale. Car les domestiques de la gestion, arrivés au pouvoir, n’ont pas véritablement de projet pour l’humanité, à part le très improbable paradis sur terre qu’est le communisme, qui fait un pendant au bien-être pour tous de la propagande capitaliste, aussi peu probable, mais si minable et peu attractif qu’il a mieux soutenu le socialisme que toutes les rêveries communistes ; les vieilles religions déistes, au contraire, ont les tiroirs pleins de métahistoires, de félicités infinies, d’orgasmes spirituels collectifs. C’est parce que les pauvres ne se suffisent pas des débats sur la gestion que les vieux déismes peuvent s’imposer comme l’apparence de la critique : leurs discours et leurs programmes vont au-delà. Cette révolution qui, au sens large qui est le sien, va de 1967 à 1993, dans le monde entier, est une tentative de critique encore informe de la religion. En cela elle reprend le projet de ses deux devancières modernes, la révolution en Russie et la révolution en France.

La contre-révolution iranienne est en cours. En théorie elle s’est manifestée de deux manières, contrefaisant une division spectaculaire, comme cela semble être le schéma de chaque contre-révolution. La contre-révolution officielle est celle qui affirme la victoire de l’économie sur la révolution en Iran. C’est la voix qui affirme non seulement que tout est économie, laissant même croire que l’économie serait une réalité, mais que l’échec de la révolution iranienne en est la preuve. Cette croyance, en la réalité de l’économie, est très largement partagée aujourd’hui par les pauvres, qu’ils soient gestionnaires ou non.

La contre-révolution officieuse est celle qu’on trouve dans la théorie de Voyer. Voyer a été le premier à montrer qu’il n’y a rien de réel dans le monde qui soit « économie ». Mais il a voulu réduire l’économie à ce qui serait hypostasié dans l’économie. En prétendant que « l’économie n’existe pas », il veut faire croire ensuite que l’économie serait seulement une superstition, comme Dieu pris comme lieu commun, et non une façon de voir le monde, de gérer le croire, de se résoudre à l’infini, c’est-à-dire de résigner sur le tout accomplir, comme toutes les religions. La suppression de l’économie comme « hypostasie » ne supprime pas l’économie, parce que l’économie n’est apparue comme cette « hypostasie » que parce qu’elle est la religion dominante. L’essence de l’économie est d’être la religion de la gestion et non pas d’être aussi une « hypostasie », qui n’est qu’un de ses périphénomènes caractéristiques. Pour parler comme Reich, le fait de croire en la réalité de l’économie dans le monde est la tumeur, non l’origine de cette maladie qu’est la religion. On l’a vu avec la négation de Dieu : on renforce la religion quand on pense avoir fait la critique de la religion en affirmant seulement que Dieu n’existe pas. C’est pourquoi, en faisant fort justement remarquer qu’il n’y a pas d’économie qui puisse être considérée comme une réalité, et en affirmant seulement que l’économie n’existe pas, Voyer ne critique pas davantage l’économie que Marx ne l’avait fait avec ce qu’il appelait, à la suite des économistes de son temps, l’économie politique. Et, comme la théorie communiste de Marx, la théorie que Voyer a fait de la communication infinie, où le principe du monde de la gestion est seulement privé d’économie, n’est qu’une proposition de réforme de la religion dominante, une scission spectaculaire, une tentative pour réformer et sauver la religion dominante.

L’idéologie dominante depuis la révolution en Iran, notamment à travers les progrès de l’information dominante, correspond davantage à un monde qui pense que tout est communication plutôt que tout est économique. La révolution en Iran a vérifié la dissolution du prolétariat, la fin de la guerre froide (qui était la cristallisation spectaculaire de la révolution russe), la montée d’une information dominante, véritable parti de la communication infinie. Mais le fait de savoir si tout est plutôt économique, ou si tout est plutôt communication, procède de la même vision du monde où la matière serait la réalité, où la réalité serait un donné, équivalent à l’existence, et où le croire et l’infini procèdent l’un de l’autre à travers un concept cohérent, que ce soit économie ou communication. La communication infinie de Voyer n’est que le nouvel habillage de l’économie, débaptisée et désacralisée, en apparence. En réalité, c’est le même discours, dans lequel est introduit le négatif produit par la critique sociale. La négation de l’économie de Voyer déniaise l’économie et renforce son principe, en mutant son concept. L’écran visible de la communication est entré dans le « living » qui associait salle à manger et salon, sous forme de téléviseur, spectacle, puis d’ordinateur, communication « totale ». Que l’infini puisse être maîtrisé par le concept d’économie ou par celui de communication est la même croyance. Que l’infini puisse étendre l’économie ou la communication en soi et pour soi est la même croyance.

Dans ces théories de la contre-révolution, officielle comme officieuse, le monde ne change plus. La révolte, forcément condamnée à échouer éternellement, n’est plus que le révélateur d’un principe. Toute révolte est ramenée à une simple révélation d’un dysfonctionnement, ou moquée comme une pseudo-révolte. Le négatif devient imaginaire, est refoulé dans l’imagination. L’histoire, qui devient perpétuelle préhistoire, s’évapore dans l’oubli et dans le cynisme, ou se cristallise dans le fait divers, qui est bien l’histoire, sans majuscule, selon la middleclass, où se manifeste par intermittence sa ferveur sous-économiste, sa dévotion à la communication, son fanatisme religieux.

Si la révolution en Iran a laissé peu de traces dans les consciences, il n’en va pas de même dans le monde : les classes sociales économiques ne se sont pas maintenues face aux furieuses offensives gueuses, et n’ont pas été restaurées. La critique du travail comme activité dominante, parce que le travail est l’activité fétiche de la gestion, est apparue. Le besoin de parler est réapparu, malgré la débauche de sons coupe-son et de bruits coupe-bruit, malgré la censure, malgré la falsification, malgré l’instauration d’une troisième unité de gestion, à côté de l’Etat et de la marchandise, l’information dominante, qui gère la parole mais qui ne la contrôle plus parce que son contenu lui échappe. L’aliénation ridiculise désormais l’individu à tous les coins de rue. La matière commence à être mise en doute en tant qu’unité de ce qui est. Et la critique de l’économie, comme dernière religion, est commencée.
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Messagepar NOSOTROS » Mardi 10 Fév 2009 18:09

La gestion peut se caractériser par une sorte de tempérance, de raison, de maîtrise sur ce qui est géré.


exemple : la gestion de la communication, la gestion des relations avec la presse et les journalistes, qui peut faire preuve de plus ou moins de tempérance selon le contexte. Dans un contexte de répression, on sera économe de ses émotions, au profit d'une approche raisonnée (pour ne pas dire raisonnable) et maîtrisée.

Par contre, on pourra trouver un dérivatif pour évacuer le trop plein d'émotions contenues qu'on a pas pu, pour des raisons évidentes de gestion, déverser à qui de droit en allant vomir dans le bottes des amis. Ce qui dénote un sens balancé de la gestion, même s'il est désequilibré.

Le besoin de parler est réapparu,


Ah ça ... Surtout ici !


La matière commence à être mise en doute en tant qu’unité de ce qui est.


Qui dit mieux ?
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Messagepar NOSOTROS » Mercredi 11 Fév 2009 1:21

Du mysticisme :

la gestion est souvent associée à la raison.

la gestion n’est pas une activité nécessaire.

Elle participe d’une façon de considérer l’objet.

la représentation dominante, déiste, de la totalité a explosé dans le mouvement de l’aliénation [l'apparition de l'aliénation est datée historiquement ?]


De l'aristocratie :

L’élimination de ceux qui discutent (et parfois de ceux qui ne mangent pas [Les seigneurs discutent ou non, les pauvres mangent ou non. ] ), à la suite des grandes discussions qui semblent avoir eu lieu jusqu’aux environs de 1650, s’est faite au profit de ceux qui gèrent. [ailleurs : manger n'est pas l'essentiel ...]

Les gestionnaires, eux, le peuple domestique de la cuisine, viennent d’investir la salle à manger

la contre-révolution en France avait mis en cause la religion déiste




La critique en Iran est d’abord la critique du monde de la gestion comme projet pour l’humanité. C’est pour refuser cette insuffisance que les anciennes religions déistes ont dû reprendre du service partout, de l’Iran chiite à la Pologne catholique en passant par le bouddhisme pour middleclass occidentale. Car les domestiques de la gestion, arrivés au pouvoir, n’ont pas véritablement de projet pour l’humanité, à part le très improbable paradis sur terre qu’est le communisme, qui fait un pendant au bien-être pour tous de la propagande capitaliste, aussi peu probable, mais si minable et peu attractif qu’il a mieux soutenu le socialisme que toutes les rêveries communistes ; les vieilles religions déistes, au contraire, ont les tiroirs pleins de métahistoires, de félicités infinies, d’orgasmes spirituels collectifs.



Les domestiques de la gestion occidentale qui n'ont pas de projet pour l'humanité qu'un paradis improbable (comme leur messie prophétique ?) , critique du " monothéisme" et de la dégénerescence morale des élites occidentales (illustré par leur passage au bouddhisme) ... On croirait lire une certaine prose, qui date les malheurs de l'humanité du monothéisme des peuples du désert, opposés au polythéisme des peuples de la forêt, peuples déistes par excellence structurés autour de mythes orgasmiques (opposés à l'ascétisme des peuples du désert et de leur religions monothéiste ...)

On peut comprendre ce texte comme le souhait d'un retour aux vieux déisme, d'avant l'aliénation, d'avant la raison ...

Contrairement à ce qu'il laisse croire, ce qui est dit ici n'est pas nouveau. Tous les ouvrages des contre-révolutionnaires 'anti matérialistes" (non catholiques) du XIXème siècle ne disent rien d'autre ... (qui ont d'ailleurs convergés déjà à l'époque avec la révision anti-matérialiste du marxisme [je maintiens que vous n'êtes que des néo soreliens ...] ... pour donner ce qu'on sait). L'auteur connait il ces courants ?

En tout cas il y a des analogies et des convergences qui laissent pantois ...
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Messagepar miguelito » Mercredi 11 Fév 2009 8:59

On croirait lire une certaine prose

On peut comprendre ce texte comme le souhait


On est un con.

ce qui est dit ici n'est pas nouveau.


Ah merde ? Putain, c'est pas vrai ! Caramba, encore raté !
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Messagepar miguelito » Mercredi 11 Fév 2009 9:58

la « négation de l'existence de Dieu » n'est évidemment pas le « préalable à la critique de la religion ». Le préalable à la critique de la religion est la révélation du principe de la religion. Dieu n'est évidemment pas le principe de la religion puisque, depuis deux siècles qu'on ânonne le Dieu n'existe pas des matérialistes, la religion (économie, communication infinie) continue tranquillement sans Dieu. Dieu est donc au mieux une des formes sous laquelle apparaît le principe de la religion. Prétendre encore aujourd'hui que la négation de l'existence de Dieu serait le préalable à la critique de la religion est un réformisme de la religion, au sens où Voyer affirme que la critique de l'économie politique de Marx est un réformisme de l'économie politique. Le principe de la religion est le croire en l'infini et l'infini du croire. Les concepts de Dieu, d'économie et de communication infinie font parfaitement l'affaire pour gérer ce principe, et pour maintenir la religion comme pensée dominante dans le monde.

La religion n'est pas un mode de croyances parmi d'autres. Et la religion n'est pas une superstition, pas davantage, d'ailleurs, mais pour d'autres raisons, que Dieu. Dieu justement est l'objet d'une croyance, qui dans certains cas peut être une croyance simple. La religion n'est pas une « croyance » ni un « mode de croyances » parmi d'autres, comme le croit Voyer, la religion est un système de croyances universel, c'est-à-dire un système de croyances qui prétend contenir toutes les croyances, ce qui est tout autre chose. De même, religion ne peut pas être une religion, comme l'a dit Voyer par maladresse. Fruit n'est pas un fruit. Il n'y a pas de religion de la religion. Le terme générique n'est pas l'une de ses applications particulières. La croyance et la religion sont deux pensées très différentes : la croyance est l'unité d'un mouvement particulier du croire et de son objet particulier ; la religion est la tentative de conserver en maîtrisant, et de maîtriser en conservant l'ensemble des mouvements particuliers du croire, et en particulier l'infini du croire et le croire en l'infini.
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