Effectivement H. Gorter était un anti-léniniste convaincu et ses critiques furent particulièrement acerbes. Pour autant il n'a jamais confondu Lénine le révolutionnaire d'avant et pendant 1917 avec le léninisme fruit de la dégénérescence bureaucratique et partidiste de l'autorité progressivement en place. C'est là où entre certains anars et quelques amis nous ne sommes pas en accord. Nous reconnaissons comme Gorter, Pannekoek et d'autres les qualités "révolutionnaires" de Lénine mais ne tombons pas dans l'icône qu'est le léninisme menant à la fois au stalinisme conte-révolutionnaire, mais aussi à toutes les formes de gauchisme se disant marxistes (trotskisme, maoïsme, castrisme, jucheisme, etc.). Le bordiguisme, lui, est resté enfermé dans une forme de léninisme intransigeant alors que la Gauche communiste italienne, y compris Bordiga, n'étaient pas à la base sur cette logique (lire "Bilan" la revue de la Gauche communiste italienne en France pendant la seconde guerre mondial). On y retrouve des éléments d'une force et d'une lucidité extraordinaires , ce que furent bien incapables de faire les organisations bordiguistes qui suivirent ! Faire la synthèse entre Gauche communiste germano-hollandaise et le meilleur de la Gauche communiste italienne c'est un peu, sur le fil il est vrai, ce que nous essayons de défendre et ce hors des sentiers de l'autoritarisme étatiste léniniste. Franchement, ce n'est pas simple et est à l'origine de multiples questions internes comme externes. L'attitude de certains anarchistes sur le sujet est parfaitement compréhensible et c'est à nous d'être le plus clair possible, sans ambiguité et ce par un travail de fond et par le débat, y compris polémique !