Avant-Garde & Mission...
...la Tiqqounnerie
Destiné, courant 1999, à un groupe restreint de personnes, le texte qui suit se proposait de décrire dans leur généralité les filiations philosophiques et religieuses auxquelles, explicitement ou implicitement, se rattachaient les membres de la revue Tiqqun (alors à son premier numéro). Tiré à un nombre ridicule d'exemplaires, ce texte ne visait aucune diffusion publique. Une fuite (heureuse ?) lui a assuré depuis lors une diffusion notable, raison pour laquelle nous le livrons ici publiquement
Le projet de Tiqqun repose essentiellement sur trois sources, chacune d'elles composant dans ce texte une partie : la pensée de Heidegger, celle-ci renvoyant à l'ensemble de la pensée métaphysique occidentale ; la réflexion Kabbalistique juive ; le mouvement philosophique et politique nihiliste. Pour les têtes bien farcies de la Tiqqounnerie, leur parfaite correspondance s'accomplit dans une fusion achevée. Ce n'est donc que pour les besoins de l'explication que nous les séparons ici. C'est toutefois en simplifiant au maximum des doctrines et une histoire à la fois riches et complexes que nous avons pu dégager, au milieu d'un fatras d'érudition et de citations plaquées, une cohérence théorique certaine ; inutile de souligner ici que cohérence ne signifie en rien vérité...
Ce que nous disions alors du but de ce texte n'a pas non plus changé : s'il apparaît comme centralement didactique, c'est qu'il doit être lu avant tout comme une fiche de lecture critique. Seule sa conclusion, sous forme de thèses, peut servir de tremplin à une critique plus directement politique. Beaucoup à ce propos ont pu décrier la dernière thèse comme relevant d'une attaque aussi peu sérieuse qu'infamante. C'est pourtant bien dans cette réalité illuminée de « potacherie » et de pauvre ambition littéraire que Tiqqun a trouvé son meilleur public. Qu'on se rassure, elle n'en aura pas d'autre. L'époque a beau favoriser, dans sa décomposition, l'attente de gourous qui manient « l'essence » avec bouillie rhétorique comme d'autres jouaient auparavant de l'encensoir, elle n'en redonne pas moins envie à d'autres de critiquer ad hominen toute la curetaille moderne qui entend aujourd'hui se faire passer pour révolutionnaire.
Les rédacteurs – 2002
http://cerisier.f2g.net/tiqqun.html