marxisme anti-autoritaire, conseillisme...

Les courants, les théoriciens, les actes...

Messagepar Léa » Vendredi 25 Aoû 2006 0:48

:lol: :lol: :lol: :wink:
Elu par cette crapule
Avatar de l’utilisateur
Léa
 
Messages: 2363
Inscription: Samedi 19 Fév 2005 21:16
Localisation: Pas très Loin. Derrière toi !

Messagepar goldfax » Vendredi 25 Aoû 2006 21:34

Génial la folle histoire de l'espace !!
"Que l'ashtuche soit avec toi !" :lol: :lol:
goldfax
 

Messagepar Laguigne » Vendredi 25 Aoû 2006 23:49

Bon, j'arrive un peu tard (il est minuit passé...) sur le topic. Goldfax à déja dégrossi la question.

Effectivement, les différences entre marxisme anti-autoritaire et anarchisme sont essentielement philosophiques, mais elles se traduisent nécéssairement dans les comportements et le positionnement axiologique. Faire un distinguo entre politique et éthique, justement, dans ses positionnements, est une différence notable. Avec tous le respect que je conserve pour les MAA et les conseillistes, les différences entre eux et les anars sont les même, à l'origine, qu'avec toute autres formes de marxisme.

Pour ne serait ce que survoler ces différences, la lecture des poncifs "Philosophie de la misère" de Proudhon et "Misère de la Philosophie" de Marx est incournable. Aprés bien d'autres textes sur le sujet, plus récement le "Lexique Philosophique de l'Anarchisme" de Colson permet de bien appréhender l'essentiel dans une élégante vulgarisation.

Pour faire vite, à défaut d'être simple, le marxisme découle de la pensée hégéliène dite de gauche croisée avec les premières théories libérales flamandes et hanséatique (je schématise, je sais, mais c'est bien la réalité). D'où là référence omnipotente et omniprésente du matérialisme et de sa dialectique. Celle ci permet d'établir des définitions analytiques, notament sur l'histoire et l'économie pour Marx, d'où d'écoule des prises de positions, qui, pour certaines d'entre elles (notament dans la mouvance anti-autoritaire) rejoignent celles des anars. Reste l'ensemble ouvre bien à la sociologie, cette science policière.
L'anarchisme est plus difficile à définir car rejetant dans un même élan matérialisme et humanisme, elle refuse le principe de définition pour privilégié celui de concept. On pourrait placer cette philosophie dans la continuité de Spinoza, de Diogène et d'Epicure autant que dans le Taoisme, l'utopie nivelers et les principes du potlach.
Dans les faits, les différences se retrouvent clairement dans les finalités. Là où les marxistes appellent à une société sans classe, voir sans état pour les plus sympathiques, les anars oeuvrent à la destruction de la société comme concept même. Là où les anti-autoritaires, notament les freudo-marxistes, prônent la révolution sociale sans oublier l'émancipation individuelle, les anars rêvent d'un "individu social" débarassé de l'hérmétisme matérialiste ou humaniste, d'une "puissance collective" étrangère au religus mysthique.
La nécessité de "jouissance", la négation d'avoir le droit au profit de conquérir sa liberté entrainent des polémiques autours de l'impérativité de tel ou tel luttes, de tel ou tel action comme effectivement les questions de sexes ou de genres... Mais les différences sont surtout palpables dans l'importance du ressenti et la portée de nos affects.
Etant de parti pris, j'avoue considérer les compagons conseillistes comme encore trop pris dans l'idéologie dominante et la recherche de Vérité. Reste que les positions prises, les pratiques misent en oeuvres ces dernières années me rassurent quant à leurs appétances à s'ouvrir parfois à l'entéléchie émencipatrice. (J'vais vraiment finir par me faire tatouer ce mot.)
[/u]
Comme disait Durruti, faut pas ce laisser abattre...
Avatar de l’utilisateur
Laguigne
 
Messages: 287
Inscription: Mardi 20 Sep 2005 12:56
Localisation: Le Bec Helloïn

Messagepar goldfax » Samedi 26 Aoû 2006 13:32

Le groupe Conseillisme
C'est assez évocateur... Lisez ce texte : Expulsion d'enfants sans-papiers et de leurs parents : inhumain et injuste... et vous verrez à quel point ils gardent une vision économiciste du système !

Ceci est aussi évocateur ! :shock:
http://conseillisme.info/index.php?option=com_content&task=view&id=1&Itemid=5
goldfax
 

Messagepar tomatok » Samedi 26 Aoû 2006 20:19

yes merci beaucoup pour toutes ces infos, je commence à y voir plus clair ! merci beaucoup ! :wink:
tomatok
 
Messages: 1851
Inscription: Vendredi 20 Jan 2006 1:48

Brève réponse

Messagepar Nico37 » Samedi 26 Aoû 2006 23:05

Hum, je crains à la lecture du site, que la ligue des conseillistes de France, ne soit pas... communiste de conseil... :wink: mais con...fuse :oops:
Et sinon Laguigne, toujours intéressant comme Paul Anton, mais aussi dur à comprendre que ma feuile d'impôt :lol: mais autrement stimulant :!: à condition d'avoir son tube d'aspirine :oops: à portée de main...

Nicolas
Dernière édition par Nico37 le Dimanche 27 Aoû 2006 12:13, édité 1 fois.
Nico37
 
Messages: 849
Inscription: Jeudi 12 Jan 2006 18:23

Re: Brève réponse

Messagepar tomatok » Dimanche 27 Aoû 2006 0:19

Nico37 a écrit:Hum, je crains à la lecture du site, que la ligue des conseillistes de Francec, ne soit pas... communiste de conseil... :wink:

ça c'est clair...
tomatok
 
Messages: 1851
Inscription: Vendredi 20 Jan 2006 1:48

Messagepar tomatok » Lundi 25 Sep 2006 17:03

Voici une "petite" :!: contribution d'Yves Coleman à notre discussion sur le Conseillisme ; merci beaucoup à lui ! ;-)

Quelques précisions d'abord: contrairement à ce que dit Nico 37, il n'existe pas des "dizaines de groupes" ni en France ni à l'échelle de la planète se réclamant du conseillisme; leur point fort n'est pas "l'économie" (le "marxisme" de Marx ne privilégie pas l'étude de l'économie) ; et l'économisme n'a rien à voir avec le primat de l'économie (chez Lénine, très grossièrement, c'est le fait de donner la priorité à l'action syndicale sur l'action politique); et LO n'est pas "économiste": au contraire elle privilégie l'action politique sur l'action syndicale...

Le "conseillisme" au départ ne s'appelait pas comme cela et d'ailleurs on parle plus de communisme de conseils que de conseillisme. Ce courant informe est né au sein de la Troisième Internationale. Donc au départ c'était des communistes, point barre. Il n'y a pas eu de conseils ouvriers avant 1917 (l'expérience de 1905 En Russie n'a été comprise que de très peu de gens avant la première Guerre mondiale et en tout cas jamais théorisée avant la révolution russe). Les conseils ouvriers sont apparus en Allemagne en 1918, puis il y eut des "soviets" dans différents pays d'Europe (Finlande, Hongrie en 1918, 1919) et hors d'Europe (Chine, 1927). Et sans doute d'autres expériences limitées dans le temps. Cela dit: il faut faire attention, il y a une différence entre un soviet (organisme territorial) et un comité d'usine, même si l'on range (et mélange) le tout sous la rubrique "conseils". Cela peut aboutir à des projets de société totalement différents. Ceux au sein du Parti communiste russe ou de la Troisième Internationale qui accordèrent une importance particulière aux soviets ou aux conseils ouvriers par rapport au Parti, avaient grand mal à se faire entendre au sein de l'IC et du Parti communiste russe puisque leurs "camarades" se déclaraient d'accord avec eux en théorie (cf. les Thèses de l'IC). C'est d'ailleurs toujours une des ambiguïtés encore aujourd'hui du trotskysme: se réclamer à la fois du Parti et des conseils ouvriers, ce qui permet de tromper un certain nombre de militants et de travailleurs sincèrement révolutionnaires. Ce n'est qu'après la purge de tous les partis communistes (staliniens) qui commença dans les années 20 mais dans certains cas (parti russe) bien avant pour les minorités communistes les plus radicales que se constituèrent des petites oppositions qui considérèrent que la révolution russe était pour schématiser une révolution bourgeoise menée par un parti jacobin qui avait instauré le capitalisme d'Etat en écrasant les conseils ouvriers (d'ailleurs en URSS, cf. le bouquin d'Oscar Anweiler Les soviets en Russie chez Gallimard, les bolcheviks s'appuyèrent sur les soviets territoriaux contre les comités d'usine). Et que cette tendance au capitalisme d'Etat était une tendance mondiale (d'où le rapprochement entre New Deal, fascisme et stalinisme) qui ne pouvait en aucun cas être considérée comme "progressive" (il faut rappeler que la social-démocratie puis le communisme stalinien considéraient l'étatisation partielle de l'économie comme un facteur positif, facilitant une future révolution; d'ailleurs les trotskystes continuent à le penser). Aucun des petits groupes marxistes non trotskystes et non staliniens qui se constitua à la gauche de la Troisième Internationale pendant l'entre-deux-guerres ne dépassa à ma connaissance quelques dizaines de personnes (et ce en étant très généreux). Les plus connus (au sens où leurs écrits sont disponibles dans le commerce) sont ceux qui animèrent une revue aux Etats-Unis (Living Marxism) où tu retrouves certains de ceux qui furent ensuite considérés comme "conseillistes" : Paul Mattick, Pannekoek, Korsch. Tu as un 10/18 qui s'appelle La contre-révolution bureaucratique qui reprend certains textes de cette revue. Plusieurs livres de Mattick (c'est le seul qui à ma connaissance se soit intéressé à l'évolution de l'économie capitaliste après la Seconde Guerre mondiale et a en tout cas écrit deux livres au moins sur la question, mais ce n'était en aucun cas un "économiste") ont été publiés par éd. Spartacus, etc. Le livre de Pannekoek, Les Conseils ouvrier", aussi, ainsi que quelques autres.
Tu as eu un groupe conseilliste (le RKD) pendant la Résistance composé d'Allemands et de Français ex-trotskystes (voir Georges Scheuer Seuls les fous ont peur de Mourir, Syllepse, et Les internationalistes du troisième camp de Pierre Lanneret où tu pourras glaner quelques rares infos). Après-guerre, les "conseils ouvriers" n'intéressèrent personne. Il fallut attendre la révolution hongroise de 1956 pour que l'intérêt pour les conseils ouvriers renaisse à partir d'une expérience concrète (cf. notamment Socialisme ou barbarie). Même Hannah Arendt s'intéressa à la révolution hongroise et à son aspect "conseilliste", chose que tous ses admirateurs bourgeois cachent soigneusement. La raison pour laquelle les conseils ouvriers ne furent guère populaires après-guerre fut aussi l'existence de conseils ouvriers dans la Yougoslavie titiste, "autogestion" qui sema la confusion.

Les situationnistes se sont intéressés aux conseils ouvriers, bien sûr, mais en dissimulant leurs sources intellectuelles et politiques (Pannekoek, Gorter, Mattick, Rühle, Korsch), un peu comme si la CNT d'aujourd'hui prétendait avoir inventé l'anarchosyndicalisme. Et je ne crois pas qu'on puisse les considérer comme "conseillistes" dans la mesure où ce n'était pas un courant qui prétendait se situer dans une continuité historique, et qu'en plus ce n'était pas avant-tout un mouvement politique mais une collection de fortes individualités ayant des prétentions artistico-politiques. Et leur évolution dans le système médiatique montre qu'ils n'ont pas attendu longtemps avant d'être récupérés par la société du spectacle qu'ils dénonçaient.
Il existe des groupes qui parlent des conseils ouvriers de temps en temps dans leur propagande, mais je ne crois pas qu'on puisse les qualifier de conseillistes. Par exemple, Révolution internationale peut être caractérisée autant comme une secte apocalyptique que comme une organisation "conseilliste". Elle ne passe pas l'essentiel de son temps à faire de la
propagande pour les conseils ouvriers et son mode de fonctionnement interne est aux antipodes des principes que défend le "conseillisme".
Un petit groupe comme Echanges pourrait être considéré comme "conseilliste" mais ce n'est pas un groupe politique mais un rassemblement sympa d'individus.
Un groupe comme De Fabel van de illegaal pourrait être considéré comme"conseilliste" mais bien que Hollandais ils n'ont jamais lu une ligne de Pannekoek et ne mettent pas non plus constamment les conseils ouvriers au centre de leur propagande !
Le Parti communiste ouvrier d'Irak (et ses scissions) se réclame des conseils ouvriers mais vu le culte de la personnalité qui règne à l'intérieur je me garderai bien de le ranger dans les groupes conseillistes. D'autant que ces militants ne connaissent pas le communisme de conseils européen de l'entre-deux-guerres et qu'aucun de leurs textes ne s'y réfère explicitement à ma connaissance.

Donc pour répondre à ta question, je crois :

1) que le conseillisme en tant qu'idéologie développée et structurée n'a jamais existé,
2) qu'il n'y a pas ou presque pas de groupes conseillistes sur la planète pour la bonne raison qu'il n'y a jamais eu de groupe national important ni de courant international important. Après la Seconde guerre mondiale, ce sont surtout des revues, des cercles de discussion, rassemblant des intellectuels et des ouvriers autodidactes, en aucun cas des groupes ayant une activité politique régulière (Pouvoir ouvrier, issu de SOB, ou RI étant une exception pendant quelques années),
3) que la différence entre le conseillisme et "l'anarchisme" (le peu que j'en connais) c'est qu'il n'y a pas d'hostilité de principe
- ni au fait qu'il existe une ou des organisations politiques (voire même des partis)
- ni à l'existence d'une période de transition entre le capitalisme et le socialisme (les conseils ouvriers étant une sorte de demi-Etat).

De plus, effectivement, les conseillistes sont "marxistes"(je devrais dire étaient car on parle de gens qui ont surtout écrit entre les deux guerres), c'est-à-dire qu'ils ont une conception matérialiste du monde où non pas "l'économie" mais les rapports sociaux et la lutte des classes jouent un rôle déterminant dans leurs analyses.
En clair, un "conseilliste" fidèle à ses pères fondateurs ne s'amuserait pas à parler de "disparition de la classe ouvrière" ou de "l'Etat" dans le capitalisme mondialisé actuel, comme peuvent le faire Temps critiques ou Théorie communiste qui d'ailleurs se gardent bien de se dire "conseillistes".

L'article de Wikipedia consacré au conseillisme mélange tout et ainsi réussit à rassembler sous l'étiquette conseilliste des gens qui n'ont rien à voir entre eux. On dirait qu'il a été écrit par quelqu'un qui veut à la fois ménager Révolution Internationale (seul héritier du "conseillisme" et des infos confuses à la Bourseiller qui ne comprend rien à ce qu'il étudie.
En plus, contrairement à qu'affirme Indymedia, Union ouvrière n'est pas une scission de la LCR mais un groupe exclu de LO en 1975 (je le sais puisque je faisais partie de la même tendance qu'eux dans LO !). C'est te dire le sérieux des infos contenues dans cet article.

Il est intéressant de voir que les deux dernières fois où il y a eu des conseils ouvriers, ou des organismes y ressemblant, au Portugal (les commissions de travailleurs en 1974-75) et en Iran (en 1979), ce nouvel essor n'a nullement stimulé l'apparition ou même la croissance de groupes se réclamant de ces expériences. Cela démontre que si le "conseillisme" a eu une existence discrète ou fantomatique, il n'existe plus.
tomatok
 
Messages: 1851
Inscription: Vendredi 20 Jan 2006 1:48

Messagepar Paul Anton » Lundi 25 Sep 2006 21:13

je partage ton avis Tomatok. :wink:
"Salut Carmela, je suis chez FIAT ! Je vais bien... Si, si, nous pouvons parler tranquillement, c'est Agnelli qui paye !"
Paul Anton
 
Messages: 3191
Inscription: Lundi 01 Nov 2004 16:19

Messagepar Paul Anton » Dimanche 24 Déc 2006 12:33

:arrow:

http://mondialisme.org/rubrique.php3?id_rubrique=44

Voici la rubrique consacrée à l'ultra gauche...
"Salut Carmela, je suis chez FIAT ! Je vais bien... Si, si, nous pouvons parler tranquillement, c'est Agnelli qui paye !"
Paul Anton
 
Messages: 3191
Inscription: Lundi 01 Nov 2004 16:19

Messagepar Paul Anton » Dimanche 03 Juin 2007 9:47

Paul Anton a écrit::arrow:

http://mondialisme.org/rubrique.php3?id_rubrique=44

Voici la rubrique consacrée à l'ultra gauche...


Cet interview avec Paul Mattick Jr est disponible en brochure (passer commande à Echanges et Mouvement). Si l'on veut comprendre l'écroulement du Bolchevisme, "La contre-révolution bureaucratique" demeure un ouvrage de référence.

Image
"Salut Carmela, je suis chez FIAT ! Je vais bien... Si, si, nous pouvons parler tranquillement, c'est Agnelli qui paye !"
Paul Anton
 
Messages: 3191
Inscription: Lundi 01 Nov 2004 16:19

Messagepar goldfax » Samedi 09 Juin 2007 9:02

Bah tiens ! je l'avais trouvé chez un bouquiniste ce livre !
goldfax
 

Messagepar topaze » Lundi 02 Juil 2007 22:29

je prend en route se sujet. J'ai lu trés rapidement les interventions.
Pour ce que je sais du conseillisme (puisqu'il me semble que l'on parle de ça) je ne pense pas que ceux qui se sont opposés aux positions opportuniste développés dans le 3éme congrés de l'IC (a savoir le KAPD) doivent être considérés comme conseilliste. Il me semble que le programme du KAPD (1920) n'est pas conseilliste.
Il me semble que le conseillisme se développe sur la base de la défaite de la vague révolutionnaires (17/23). Les élements qui sont à l'origine de courant ne vont pas comprendre les raisons de cette défaite ou tout du moins analyser celle ci de maniére erroné. Analyse qu'ils les améneront a remettre en cause la révolution Russe (n'étant plus une révolution prolétarienne mais bourgeoise) et par là expliquant qu'il ne pouvait arriver que ce qui est arrivé a savoir le capitalisme d'Etat.
I me semble aussi que les conseilliste remette en cause la role de l'organisation, du Parti
En espérant ne pas être hors sujet
Topaze.
topaze
 
Messages: 256
Inscription: Dimanche 29 Oct 2006 10:48

Messagepar Federica_M » Mardi 03 Juil 2007 12:29

> I me semble aussi que les conseilliste remette en cause la role de l'organisation, du Parti

Oui, tout à fait. Ce pourquoi on trouve des convergences avec l'anarchosyndicalisme. (si ma mémoire est bonne, Lénine traitait d'ailleurs les courants de gauche tels pannekoek etc ... d'anarchosyndicalistesdans la maladie infantile du communisme ?)

> Les élements qui sont à l'origine de courant ne vont pas comprendre les raisons de cette défaite ou tout du moins analyser celle ci de maniére erroné. Analyse qu'ils les améneront a remettre en cause la révolution Russe (n'étant plus une révolution prolétarienne mais bourgeoise) et par là expliquant qu'il ne pouvait arriver que ce qui est arrivé a savoir le capitalisme d'Etat.

Tu n'es pas hors sujet, au contraire !

Par contre, ca m'interesserait de comprendre pourquoi de ton (votre) point de vue, cette analyse est erronée ? Merci.
Federica_M
 
Messages: 1146
Inscription: Dimanche 02 Oct 2005 12:19
Localisation: Paris (France)

Messagepar soleilnoir » Mardi 03 Juil 2007 21:50

merci pour les posts, je commence à y voir plus clair....

j'étais un peu largué sur ce sujet...

:wink:
No future? Future is now!
Avatar de l’utilisateur
soleilnoir
 
Messages: 433
Inscription: Dimanche 14 Mai 2006 9:08
Localisation: Dans le Human District....

Messagepar topaze » Mardi 03 Juil 2007 22:26

J'ai trouvé un article du CCI qui date de 1990 qui à mon avis et une réponse sur le pourquoi les positions conseilliste sont érronés concernant la révolution Russe le voici http://fr.internationalism.org/french/b ... llisme.htm
Topaze
topaze
 
Messages: 256
Inscription: Dimanche 29 Oct 2006 10:48

Messagepar goldfax » Mercredi 04 Juil 2007 9:29

Ça, c'est fort de café... Le CCI se base sur le courant conseilliste pour développer ses idées et voilà qu'il démonte le conseillisme... C'est ce qu'on appelle se faire hara-kiri (ou "ara qui rit", c'est plus joli ! :lol: )

NOTRE FILIATION

Les positions des organisations révolutionnaires et leur activité sont le produit des expériences passées de la classe ouvrière et des leçons qu’en ont tirées tout au long de l’histoire ses organisations politiques. Le CCI se ré­clame ainsi des apports successifs de la Ligue des Com­munistes de Marx et Engels (1847-52), des trois Interna­tionales (l’Association Internationale des Tra­vailleurs, 1864-72, l’Internationale Socialiste, 1884-1914, l’Inter­nationale Communiste, 1919-28 ), des frac­tions de gau­che qui se sont se sont dégagées dans les années 1920-30 de la IIIe Internationale lors de sa dégénéres­cence, en par­ti­culier les gauches allemande, hollan­daise et italienne.


C'est-à-dire les conseillistes. Puisque cette "idéologie" est issue de cette gauche communiste, qu'elle soit germano-hollandaise (Pannekoek, Korsch...) ou italienne (Bordiga, Gramsci...).
Et d'après ce que j'ai pu lire et discuter avec des amis, je ne crois pas que les conseillistes se soient trompés sur la Révolution russe...

Ah, mais c'est vrai, j'oubliais que le CCI était devenu marxiste-léniniste... :? :roll:
goldfax
 

Messagepar Invité » Mercredi 04 Juil 2007 10:51

Pour citer l'article du CCI toujours amusant de les entendre dire que les anacrhistes et les conseillistes sont des ennemis du prolétariat comme les staliniens :lol:

e mouvement ouvrier s'est affronté à trois adversaires principaux, l'anarchisme au siècle dernier, le réformisme social-démocrate au début du 20e siècle et au stalinisme entre les deux guerres mondiales, courants qui se sont d'ailleurs ligués contre lui pour parachever la contre-révolution à un des points culminants de celle-ci : la guerre d'Espagne.



Nous avons donc été amenés à rejeter les théories du courant "conseilliste" pour qui la révolution russe était bourgeoise en mettant en évidence qu'avec une telle analyse on est conduit à rejoindre :

* soit la conception des mencheviks et de Kautsky qui les a amenés à trahir la classe ouvrière,
* soit la conception de Staline sur la possibilité de construire "le socialisme dans un seul pays",

* soit la conception anarchiste pour laquelle le socialisme s'identifie à la gestion des entreprises par les ouvriers qui y travaillent,


Les fins analystes marxistes orthodoxes n'hésitent pas à faire des raccourcis caricaturaux : ça aide pas à prendre au sérieux vos idées ou plutôt votre science marxienne :lol:

* soit la conception de la social-démocratie de droite pour qui la révolution prolétarienne n'était à l'ordre du jour dans aucun pays en 1917.
Invité
 

Messagepar topaze » Mercredi 04 Juil 2007 16:39

Le CCI a mon avis ne démonte pas le conseillisme. Il met en évidence dans ce texte (c'est comme ça que le comprend) que le fait de tirer de fausses leçons de la défaite de la vague révolutionnaires de 17/23 peut conduire (ou on est conduit comme le dit le texte) si on pousse la logique jusqu'au bout à rejoindre des positions défendu par l'ennemi de classe
Le CCI ne dit pas que le courant conseilliste a trahit l'internationalisme prolétarien (en tout cas je ne l'ai jamais lu ni entendu) il dit qu'il se trompe sur les raisons de la défaite de la vague révolutionnaire
Dire cela ne veut pas dire qu'il y a contradiction avec la filiation du CCI avec la Gauche Germano Hollandaise comme tu le dit Goldfax. Le CCI se renvendique du combat mené et des positions défendues par la Gauche Germano Hollandaise notamment sur la question syndicale, sur la question du parlementarisme, sur le role des conseils comme organe unitaire de la classe ouvriére. Le livre de Gorter 'réponse au camarade Lénine' suite à la brochure de lénine 'le gauchisme la maladie infantile du communisme' reste une référence. Les positions sur le syndicalisme, sur le parlementarisme c'est un apport et un renforcement du programme communiste
Un dernier mot. Dans les années 70 il y a eu des conférences de la Gauche Communiste était invité entre autres le Spartakusbond de Hollande qui était un groupe conseilliste.
Donc à mon avis il ne faut pas faire de faux procés et réagir de façon épidermique.
La discussion peut étre mené sur la révolution Russe, sur le role du Parti. Du dit Goldfax je site:
'd'après ce que j'ai pu lire et discuter avec des amis, je ne crois pas que les conseillistes se soient trompés sur la Révolution russe... '
Peut tu développer
Topaze
topaze
 
Messages: 256
Inscription: Dimanche 29 Oct 2006 10:48

Messagepar Paul Anton » Jeudi 05 Juil 2007 12:37

PROGRAMME DU PARTI COMMUNISTE OUVRIER D’ALLEMAGNE (KAPD) MAI 1920

C’est dans le tourbillon de la révolution et de la contre-révolution que s’est accomplie la fondation du Parti Communiste Ouvrier d’Allemagne. Mais la naissance du nouveau parti ne date pas de Pâques 1920, moment où le rassemblement de l’ "opposition", qui n’était unie jusqu’ici que par des contacts vagues, trouva sa conclusion organisationnelle. L’heure de la naissance du KAPD coïncide avec la phase de développement du KPD (Ligue Spartacus), au cours de laquelle une clique de chefs irresponsables, plaçant ses intérêts personnels au-dessus des intérêts de la révolution prolétarienne, a entrepris d’imposer sa conception personnelle de la "mort" de la révolution allemande à la majorité du parti. Celui-ci se dressa alors énergiquement contre cette conception personnellement intéressée. Le KAPD est né lorsque cette clique, se fondant sur cette conception personnelle qu’elle avait élaborée, voulut transformer la tactique du parti, jusqu’ici révolutionnaire, en une tactique réformiste. Cette attitude traîtresse des Lévi, Posner et Compagnie justifie une nouvelle fois la reconnaissance du fait que l’élimination radicale de toute politique de chefs doit constituer la première condition du progrès impétueux de la révolution prolétarienne en Allemagne. C’est en réalité la racine des oppositions qui sont apparues entre nous et la Ligue Spartakus, oppositions d’une telle profondeur que la faille qui nous sépare de la Ligue Spartakus (=du KPD) est plus grande que l’opposition qui existe entre les Lévi, les Pieck, les Thalheimer, etc., d’un côté et les Hilferding, les Crispien, les Stampfer, les Legien de l’autre. L’idée qu’il faut faire de la volonté révolutionnaire des masses le facteur prépondérant dans les prises de position tactiques d’une organisation réellement prolétarienne, est le leitmotiv de la construction organisationnelle de notre parti. Exprimer l’autonomie des membres dans toutes les circonstances, c’est le principe de base d’un parti prolétarien, qui n’est pas un parti dans le sens traditionnel.

Il est donc pour nous évident que le programme du parti, que nous transmettons ici à nos organisations et qui a été rédigé par la commission du programme mandatée par le congrès, doit rester un projet de programme jusqu’à ce que le prochain congrès ordinaire se déclare d’accord avec la présente version. Du reste des propositions d’amendements, qui concerneraient les prises de position fondamentales et tactiques du parti, sont à peine probables, dans la mesure où le programme ne fait que formuler fidèlement, dans un cadre plus large, le contenu de la déclaration programmatique adoptée à l’unanimité par le congrès du parti. Mais d’éventuels amendements formels ne changeront rien à l’esprit révolutionnaire qui anime chaque ligne du programme. La reconnaissance marxiste de la nécessité historique de la dictature du prolétariat reste pour nous un guide immuable; inébranlable reste notre volonté de mener le combat pour le socialisme dans l’esprit de la lutte de classe internationale. Sous ce drapeau, la victoire de la révolution prolétarienne est assurée.

Berlin. Mi-mai 1920.

*


* *



La crise économique mondiale, née de la guerre mondiale, avec ses effets économiques et sociaux monstrueux, et dont l’image d’ensemble produit l’impression foudroyante d’un unique champ de ruines aux dimensions colossales, ne signifie qu’une seule chose : le crépuscule des dieux de l’ordre mondial bourgeois-capitaliste est entamé.

Aujourd’hui il ne s’agit pas d’une des crises économiques périodiques, propres au mode de production capitaliste; c’est la crise du capitalisme lui-même; secousses convulsives de l’ensemble de l’organisme social, éclatement formidable d’antagonismes de classes d’une acuité jamais vue, misère générale pour de larges couches populaires, tout cela est un avertissement fatidique à la société bourgeoise. Il apparaît de plus en plus clairement que l’opposition entre exploiteurs et exploités qui s’accroît encore de jour en jour, que la contradiction entre capital et travail, dont prennent de plus conscience même les couches jusque là indifférentes du prolétariat, ne peut être résolue. Le capitalisme a fait l’expérience de son fiasco définitif; il s’est lui-même historiquement réduit à néant dans la guerre de brigandage impérialiste, il a créé un chaos, dont la prolongation insupportable place le prolétariat devant l’alternative historique : rechute dans la barbarie ou construction d’un monde socialiste.

De tous les peuples de la terre, seul le prolétariat russe a jusqu’ici réussi dans des combats titanesques à renverser la domination de sa classe capitaliste et à s’emparer du pouvoir politique. Dans une résistance héroïque il a repoussé l’attaque concentrée de l’armée de mercenaires organisée par le capital international, et il se voit maintenant confronté à une tâche qui dépasse l’entendement par sa difficulté : construire, sur une base socialliste, l’économie totalement détruite par la guerre civile qui lui a succédé pendant plus de deux ans. Le destin de la république des conseils russes dépend du développement de la révolution prolétarienne en Allemagne. Après la victoire de la révolution allemande, on se trouvera en présence d’un bloc économique socialiste qui, au moyen de l’échange réciproque des produits de l’industrie et de l’agriculture, sera en mesure d’établir un mode de production véritablement socialiste, en n’étant plus obligé de faire des concessions économiques, et par là aussi politiques, au capital mondial. Si le prolétariat mondial ne remplit pas à très court terme sa tâche historique, le développement de la révolution mondiale sera remis en question pour des années, si ce n’est des dizaines d’années. En fait, c’est l’Allemagne qui est aujourd’hui la clé de la révolution mondiale. La révolution dans les pays "vainqueurs" de l’Entente ne peut se mettre en branle, que lorsqu’aura été levée la grande barrière en Europe Centrale. Les conditions économiques de la révolution prolétarienne sont logiquement incomparablement plus favorables en Allemagne que dans les pays "vainqueurs" de l’Europe occidentale. L’économie allemande pillée impitoyablement après la signature de la paix de Versailles a fait mûrir une paupérisation qui pousse à bref délai à la solution violente d’une situation catastrophique. En outre la paix de brigands versaillaise n’aboutit pas seulement à peser au-delà de toute mesure sur le mode de production capitaliste en Allemagne, mais elle pose au prolétariat des fers qu’il ne peut supporter : son aspect le plus dangereux, c’est qu’elle sape les fondements économiques de la future économie socialiste en Allemagne, et donc, dans ce sens, également, remet en question le développement de la révolution mondiale. Seule une poussée en avant impétueuse de la révolution prolétarienne allemande peut nous sortir de ce dilemme. La situation économique et politique en Allemagne est plus que mûre pour l’éclatement de la révolution prolétarienne. A ce stade de l’évolution historique, où le processus de décomposition du capitalisme ne peut être voilé artificiellement que par un spectacle de positions de forces apparentes, tout doit tendre à aider le prolétariat à acquérir la conscience qu’il n’a besoin que d’une intervention énergique pour user efficacement du pouvoir qu’il possède déjà effectivement. A une époque de la lutte de classe révolutionnaire, comme celle-ci, où la dernière phase de la lutte entre le capital et le travail est entamée et où le combat décisif lui-même est déjà en train, il ne peut être question de compromis avec l’ennemi mortel, mais d’un combat jusqu’à l’anéantissement. En particulier, il faut attaquer les institutions qui tendent à jeter un pont au-dessus des antagonismes de classes et qui s’orientent ainsi vers une sorte de "commmunauté de travail" politique ou économique entre exploitateurs et exploités. Au moment où les conditions objectives de l’éclatement de la révolution prolétarienne sont données, sans que la crise permanente ne connaisse une aggravation définitive, ou bien au moment où une aggravation catastrophique se produit, sans qu’elle soit conçue et exploitée jusque dans ses dernières conséquences par le prolétariat, il doit y avoir des raisons de nature subjective pour freiner le progrès accéléré de la révolution. Autrement dit, l’idéologie du prolétariat se trouve encore en partie prisonnière de représentations bourgeoises ou petites-bourgeoises. La psychologie du prolétariat allemand, dans son aspect présent, ne montre que trop distinctement les traces de l’esclavage militariste séculaire, avec en plus les signes caractéristiques d’un manque de conscience de soi; c’est le produit naturel du crétinisme parlementaire de la vieille social-démocratie et de l’USPD d’un côté, de l’absolutisme de la bureaucratie syndicale de l’autre. Les éléments subjectifs jouent un rôle décisif dans la révolution allemande. Le problème de la révolution allemande est le problème du développement de la conscience de soi du prolétariat allemand.

Reconnaissant cette situation ainsi que la nécessité d’accélérer le rythme du développement de la révolution dans le monde, fidèle également à l’esprit de la 3e Internationale, le KAPD combat pour la revendication maximale de l’abolition immédiate de la démocratie bourgeoise et pour ladictature de la classe ouvrière. Il rejette dans la constitution démocratique le principe, doublement absurde et intenable dans la période actuelle, qui veut concéder à la classe capitaliste exploiteuse elle aussi des droits politiques et le pouvoir de disposer exclusivement des moyens de production.

Conformément à ses vues maximalistes, le KAPD se déclare également pour le rejet de toutes les méthodes de lutte réformistes et opportunistes, dans lesquelles il ne voit qu’une manière d’esquiver les luttes sérieuses et décisives avec la classe bourgeoise. Il ne veut pas esquiver ces luttes, au contraire, il les provoque. Dans un Etat qui porte tous les symptômes de la période de décadence du capitalisme, la participation au parlementarisme appartient aussi aux méthodes réformistes et opportunistes. Exhorter, dans une telle période, le prolétariat à participer aux élections au parlement, cela signifie réveiller et nourrir chez lui l’illusion dangereuse que la crise pourrait être dépassée par des moyens parlementaires; c’est appliquer un moyen utilisé autrefois par la bourgeoisie dans sa lutte de classe, alors que l’on est dans une situation où seuls des moyens de lutte de classe prolétariens, appliqués de manière résolue et sans ménagements, peuvent avoir une efficacité décisive. La participation au parlementarisme bourgeois, en pleine progression de la révolution prolétarienne, ne signifie également en fin de compte rien d’autre que le sabotage de l’idée des conseils.

L’idée des conseils dans la période de la lutte prolétarienne pour le pouvoir politique est au centre du processus révolutionnaire. L’écho plus ou moins fort que l’idée des conseils suscite dans la conscience des masses est le thermomètre qui permet de mesurer le développement de la révolution sociale. La lutte pour la reconnaissance de conseils d’entreprise révolutionnaires et de conseils ouvriers politiques dans le cadre d’une situation révolutionnaire déterminée naît logiquement de la lutte pour la dictature du prolétariat contre la dictature du capitalisme. Cette lutte révolutionnaire, dont l’axe politique spécifique est constitué par l’idée des conseils, s’oriente, sous la pression de la nécessité historique, contre la totalité de l’ordre social bourgeois et donc aussi contre sa forme politique, le parlementarisme bourgeois. Système des conseils ou parlementarisme? C’est une question d’importance historique. Edification d’un monde communiste-prolétarien ou naufrage dans le marais de l’anarchie capitaliste-bourgeoise? Dans une situation aussi totalement révolutionnaire que la situation actuelle en Allemagne, la participation au parlementarisme signifie donc non seulement saboter l’idée des conseils, mais aussi par surcroît galvaniser le monde capitaliste bourgeois en putréfaction et, par là, de manière plus ou moins voulue, ralentir le cours de la révolution prolétarienne.

A côté du parlementarisme bourgeois, les syndicats y forment le principal rempart contre le développement ultérieur de la révolution prolétarienne en Allemagne.

Leur attitude pendant la guerre mondiale est connue. Leur influence décisive sur l’orientation principielle et tactique du vieux parti social-démocrate conduisit à la proclamation de l’ "union sacrée" avec la bourgeoisie allemande, ce qui équivalait à une déclaration de guerre au prolétariat international. Leur efficacité social-traître trouva sa continuation logique lors de l’éclatement de la

révolution de novembre 1918 en Allemagne : ils attestèrent leurs intentions contre-révolutionnaires en constituant avec les industriels allemands en pleine crise une "communauté de travail" (Arbeitsgemeinschaft) pour la paix sociale. Ils ont conservé leur tendance contre-révolutionnaire jusqu’à aujourd’hui, pendant toute la période de la révolution allemande. C’est la bureaucratie des syndicats qui s’est opposée avec le plus de violence à l’idée des conseils qui s’enracinait de plus en plus profondément dans la classe ouvrière allemande; c’est elle qui a trouvé les moyens de paralyser avec succès des tendances politiques visant à la prise du pouvoir par le prolétariat, tendances qui résultaient logiquement des actions de masses économiques. Le caractère contre-révolutionnaire des organisations syndicales est si notoire que de nombreux patrons en Allemagne n’embauchent que les ouvriers appartenant à un groupement syndical. Cela dévoile au monde entier que la bureaucratie syndicale prendra une part active au maintien futur du système capitaliste qui craque par toutes ses jointures. Les syndicats sont ainsi, à côté des fondements bourgeois, l’un des principaux piliers de l’Etat capitaliste. L’histoire syndicale de ces derniers 18 mois a amplement démontré que cette formation contre-révolutionnaire ne peut être transformée de l’intérieur. La révolutionnarisation des syndicats n’est pas une question de personnes : le caractère contre-révolutionnaire de ces organisations se trouve dans leur structure et dans leur système spécifique eux-mêmes. Ceci entraîne la sentence de mort pour les syndicats; seule la destruction même des syndicats peut libérer le chemin de la révolution sociale en Allemagne. L’édification socialiste a besoin d’autre chose que de ces organisations fossiles.

C’est dans les luttes de masses qu’est apparue l’organisation d’entreprise. Elle fait surface comme quelque chose qui n’a jamais eu ne serait-ce qu’un équivalent, mais là n’est pas la nouveauté. Ce qui est nouveau, c’est qu’elle perce partout pendant la révolution, comme une arme nécessaire de la lutte de classe contre le vieil esprit et le vieux fondement qui lui est à la base. Elle correspond à l’idée des conseils; c’est pourquoi elle n’est absolument pas une pure forme ou un nouveau jeu organisationnel, ou même une "belle nuit mystique "; naissant organiquement dans le futur, constituant le futur, elle est la forme d’expression d’une révolution sociale qui tend à la société sans classes. C’est une organisation de lutte prolétarienne pure. Le prolétariat ne peut pas être organisé pour le renversement sans merci de la vieille société s’il est déchiré en métiers, à l’écart de son terrain de lutte; pour cela il faut que la lutte soit menée dans l’entreprise. C’est là que l’on est l’un à côté de l’autre comme camarades de classe, c’est là que tous sont forcés d’être égaux en droit. C’est là que la masse est le moteur de la production et qu’elle est poussée sans arrêt à pénétrer son secret et à le diriger elle-même.

C’est là que la lutte idéologique, la révolutionnarisation de la conscience se fait dans un tumulte permanent, d’homme à homme, de masse à masse. Tout est orienté vers l’intérêt de classe suprême, non vers la manie de fonder des organisations, et l’intérêt de métier est réduit à la mesure qui lui revient. Une telle organisation, l’épine dorsale des conseils d’entreprise, devient un instrument infiniment plus souple de la lutte de classe, un organisme au sang toujours frais, vu la possibilité permanente de réélections, de révocations, etc. Poussant dans les actions de masse et avec elles, l’organisation d’entreprise devra naturellement se créer l’organisme central qui correspond à son développement révolutionnaire. Son affaire principale sera le développement de la révolution et non pas les programmes, les statuts et les plans dans les détails. Elle n’est pas une caisse de soutien ou une assurance sur la vie, même si — cela va de soi — elle ne craint pas de faire des collectes pour le cas où il serait nécessaire de soutenir des grèves. Propagande ininterrompue pour le socialisme, assemblées d’entreprise, discussions politiques, etc., tout cela fait partie de ses tâches; bref, c’est la révolution dans l’entreprise.

En gros, le but de l’organisation d’entreprise est double. Le premier but, c’est de détruire les syndicats, la totalité de leurs bases et l’ensemble des idées non prolétariennes qui sont concentrées en eux. Aucun doute bien sûr que dans cette lutte l’organisation d’entreprise enfoncera comme ses ennemis acharnés toutes les formations bourgeoises; mais elle fera de même aussi avec les partisans de l’USPD et du KPD, soit que ceux-ci se meuvent encore inconsciemment dans les vieux schémas de la social-démocratie (même s’ils adoptent un programme politique différent, ils s’en tiennent au fond à une critique politico-morale des "erreurs " de la social-démocratie), soit qu’ils soient ouvertement des ennemis, dans la mesure où le trafic politique, l’art diplomatique de se tenir toujours "en haut" leur importe plus que la lutte gigantesque pour le "social" en général. Devant ces petites misères, il n’y a aucun scrupule à avoir. Il ne peut y avoir aucun accord avec l’USPD tant qu’elle ne reconnaît pas, sur la base de l’idée des conseils, la justification des organisations d’entreprises, lesquelles ont sûrement encore besoin de transformation et sont aussi encore capables d’être transformées. Une grande partie des masses les reconnaîtra avant l’USPD comme direction politique. C’est un bon signe. L’organisation d’entreprise, en déclenchant des grèves de masses et en transformant leur orientation politique, se basant chaque fois sur la situation politique de moment, contribuera d’autant plus rapidement et d’autant plus sûrement à démasquer et à anéantir le syndicat contre-révolutionnaire.

Le deuxième grand but de l’organisation d’entreprise est de préparer l’édification de la société communiste. Peut devenir membre de l’organisation d’entreprise tout ouvrier qui se déclare pour la dictature du prolétariat. En plus il faut rejeter résolument les syndicats, et être résolument libéré de leur orientation idéologique. Cette dernière condition devra être la pierre de touche pour être admis dans l’organisation d’entreprise. C’est par là que l’on manifeste son adhésion à la lutte de classe prolétarienne et à ses méthodes propres; on n’a pas à exiger l’adhésion à un programme de parti plus précis. De par sa nature et sa tendance l’organisation d’entreprise sert le communisme et conduit à la société communiste.
Son noyau sera toujours expressément communiste, sa lutte pousse tout le monde dans la même direction. Mais, alors qu’un programme de parti sert et doit servir en majeure partie à l’actualité (au sens large, naturellement), alors que des qualités intellectuelles sérieuses sont exigées chez les membres du parti et qu’un parti politique comme le Parti Communiste Ouvrier (KAPD), progressant en avant et se modifiant rapidement en liaison avec le processus révolutionnaire mondial, ne peut jamais avoir une grande importance quantitative (à moins qu’il ne régresse et se corrompe), les masses révolutionnaires, au contraire, sont unies dans les organisations d’entreprises par la conscience de leur solidarité de classe, la conscience d’appartenir au prolétariat. C’est là que se prépare organiquement l’union du prolétariat; alors que sur la base d’un programme de parti cette union n’est jamais possible. L’organisation d’entreprise est le début de la forme communiste et devient le fondement de la société communiste à venir.
L’organisation d’entreprise résout ses tâches en union étroite avec le KAPD (Parti Communiste Ouvrier).

L’organisation politique a comme tâche de rassembler les éléments avancés de la classe ouvrière sur la base du programme du parti.
Le rapport du parti à l’organisation d’entreprise résulte de la nature de l’organisation d’entreprise. Le travail du KAPD à l’intérieur de ces organisations sera celui d’une propagande inlassable. Les cadres révolutionnaires dans l’entreprise deviennent l’arme mobile du parti. De plus il est naturellement nécessaire que le parti lui aussi prenne un caractère toujours plus prolétarien, une expression de classe prolétarienne, qu’il satisfasse à la dictature par en bas. Par là le cercle de ses tâches s’élargit, mais en même temps il acquiert le plus puissant des soutiens. Ce qui doit être obtenu, c’est que la victoire (la prise du pouvoir par le prolétariat) aboutisse à la dictature de la classe et non pas à la dictature de quelques chefs de parti et de leur clique. L’organisation d’entreprise en est la garantie.

La phase de la prise du pouvoir politique par le prolétariat exige la répression la plus acharnée des mouvements capitalistes-bourgeois. Cela sera atteint par la mise en place d’une organisation de conseils exerçant la totalité du pouvoir politique et économique. L’organisation d’entreprise elle-même devient dans cette phase un élément de la dictature prolétarienne, exercée dans l’entreprise par le conseil d’entreprise ayant pour base l’organisation d’entreprise. Celle-ci a en outre pour tâche dans cette phase de tendre à se transformer en fondement du système économique des conseils.

L’organisation d’entreprise est une condition économique de la construction de la communauté (Gemeinwesen) communiste. La forme politique de l’organisation de la communauté communiste est le système des conseils. L’organisation d’entreprise intervient pour que le pouvoir politique ne soit exercé que par l’exécutif des conseils.

Le KAPD lutte donc pour la réalisation du programme révolutionnaire maximum, dont les revendications concrêtes sont contenues dans les points suivants:


I. Domaine politique

Fusion politique et économique immédiate avec tous les pays prolétariens victorieux (Russie des Soviets, etc.), dans l’esprit de la lutte de classe internationale, dans le but de se défendre en commun contre les tendances agressives du capital mondial.
Armement de la classe ouvrière révolutionnaire politiquement organisée, mise en place de groupes de défense militaire locaux (Ortswehren), formation d’une armée rouge; désarmement de la bourgeoisie, de toute la police, de tous les officiers, des "groupes de défense des habitants" (Einwohnerwehren), etc.
Dissolution de tous les parlements et de tous les conseils municipaux.
Formation de conseils ouvriers comme organes du pouvoir législatif et exécutif. Election d’un conseil central des délégués des conseils ouvriers d’Allemagne.
Réunion d’un congrès des conseils allemands comme instance politique constituante suprême de l’Allemagne des Conseils.
Remise de la presse à la classe ouvrière sous la direction des conseils politiques locaux.
Destruction de l’appareil judiciaire bourgeois et installation immédiate de tribunaux révolutionnaires. Prise en charge de la puissance pénitenciaire bourgeoise et des services de sécurité par des organes prolétariens adéquats.
II. Domaine économique, social et culturel
Annulation des dettes d’Etat et des autres dettes publiques, annulation des emprunts de guerre
Expropriation par la république des conseils de toutes les banques, mines, fonderies,de même que des grandes entreprises dans l’industrie et le commerce.
Confiscation de toutes les richesses à partir d’un certain seuil qui doit être fixé par le conseil central des conseils ouvriers d’Allemagne.
Transformation de la propriété foncière privée en propriété collective sous la direction des conseils locaux et des conseils agraires (Gutsräte) compétents.
Prise en charge de tous les transports publics par la république des conseils.
Régulation et direction centrale de la totalité de la production par les conseils économiques supérieurs qui doivent être investis par le congrès des conseils économiques.
Adaptation de l’ensemble de la production aux besoins, sur la base des calculs économiques statistiques les plus minutieux.
Mise en vigueur impitoyable de l’obligation au travail.
Garantie de l’existence individuelle relativement à la nourriture, l’habillement, le logement, la vieillesse, la maladie, l’invalidité, etc.
Abolition de toutes les différences de castes, des décorations et des titres. Egalité juridique et sociale complète des sexes.
Transformation radicale immédiate du ravitaillement, du logement et de la santé dans l’intérêt de la population prolétarienne.
En même temps que le KAPD déclare la guerre la plus résolue au mode de production capitaliste et à l’Etat bourgeois, il dirige son attaque contre la totalité de l’idéologie bourgeoise et se fait le pionnier d’une conception du monde prolétarienne-révolutionnaire. Un facteur essentiel de l’accélération de la révolution sociale réside dans la révolutionnarisation de tout l’univers intellectuel du prolétariat. Conscient de ce fait, le KAPD soutient toutes les tendances révolutionnaires dans les sciences et les arts, dont le caractère correspond à l’esprit de la révolution prolétarienne.
En particulier le KAPD encourage toutes les entreprises sérieusement révolutionnaires qui permettent à la jeunesse des deux sexes de s’exprimer elle-même. Le KAPD rejette toute domination de la jeunesse.
La lutte politique contraindra la jeunesse elle-même à un développement supérieur de ses forces, ce qui nous donne la certitude qu’elle accomplira ses grandes tâches avec une clarté et une résolution totales.
Dans l’intérêt de la révolution, c’est un devoir du KAPD que la jeunesse obtienne dans sa lutte tout le soutien possible.
Le KAPD est conscient qu’également après la conquête du pouvoir politique par le prolétariat, un grand domaine d’activité revient à la jeunesse dans la construction de la société communiste : la défense de la république des conseils par l’armée rouge, la transformation du processus de production, la création de l’école du travail communiste qui résout ses tâches créatrices en union étroite avec l’entreprise.
Voilà le programme du Parti Communiste Ouvrier d’Allemagne. Fidèle à l’esprit de la Troisième Internationale, le KAPD reste attaché à l’idée des fondateurs du socialisme scientifique, selon laquelle la conquête du pouvoir politique par le prolétariat signifie l’anéantissement du pouvoir politique de la bourgeoisie. Anéantir la totalité de l’appareil d’Etat bourgeois avec son armée capitaliste sous la direction d’officiers bourgeois et agraires, avec sa police, ses geôliers et ses juges, avec ses curés et ses bureaucrates — voilà la première tâche de la révolution prolétarienne. Le prolétariat victorieux doit donc être cuirassé contre les coups de la contre-révolution bourgeoise. Lorsqu’elle lui est imposée par la bourgeoisie, le prolétariat doit s’efforcer d’écraser la guerre civile avec une violence impitoyable. Le KAPD a conscience que la lutte finale entre le capital et le travail ne peut être enfermée à l’intérieur des frontières nationales. Aussi peu que le capitalisme s’arrête devant les frontières nationales et se laisse retenir par quelque scrupule national que ce soit dans sa razzia à travers le monde, aussi peu le prolétariat doit-il perdre des yeux, sous l’hypnose d’idéologies nationales, l’idée fondamentale de la solidarité internationale de classe. Plus l’idée de la lutte de classe internationale sera clairement conçue par le prolétariat, plus on mettra de conséquence à en faire le leitmotiv de la politique prolétarienne mondiale, et plus impétueux et massifs seront les coups de la révolution mondiale qui briseront en morceaux le capital mondial en décomposition. Bien au-dessus de toutes les particularités nationales, bien au-dessus de toutes les frontières, de toutes les patries brille pour le prolétariat, d’un rayonnement éternel, le fanal: PROLETAIRES DE TOUS LES PAYS, UNISSEZ-VOUS.
Berlin. 1920.


(Traduction tirée de La Gauche allemande (Textes), avec une étude de Denis Authier, "Pour l’histoire du mouvement communiste en Allemagne de 1918 à 1921; "La Vecchia talpa", Naples, 1973; supplément au numéro 2 d’Invariance, revue de Jacques Camatte.)


Chacun pourra se faire son avis.

Pour répondre au camarade Topaze : il faut poser avant toute chose les conditions sociaux historiques de la Russie à cette période. Car celles-ci ont pu nous éclairer en autre sur la cause de la révolution qui n’était pas ouvrière comme on l’entend mais essentiellement paysanne. D’autre part, cela dépend de quel point de vue idéologique on se place pour qualifier la nature et l’essence des événements de Février et d’Octobre 17, ainsi que de l’édification du régime.
"Salut Carmela, je suis chez FIAT ! Je vais bien... Si, si, nous pouvons parler tranquillement, c'est Agnelli qui paye !"
Paul Anton
 
Messages: 3191
Inscription: Lundi 01 Nov 2004 16:19

PrécédenteSuivante

Retourner vers Sur la pensée révolutionnaire